82% des français estiment qu'on ne peut pas parler sereinement de l'immigration - Sondage IFOP
Avec Frédéric Dabi et Eric Naulleau
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Transcript
00:00 - Il est 9h moins le quart, parlons vrai ensemble sur Suedradio, vous pouvez nous appeler et réagir au 0 826 300 300
00:06 sur tous les sujets que nous allons aborder comme cette question par exemple du service national universel.
00:11 Est-ce que c'est une bonne idée de mettre 12 jours, alors c'est sous évidemment il faut être volontaire
00:18 à la fois dans les établissements et puis les jeunes, 12 jours mais sur le temps scolaire
00:22 ce qui provoque une levée de bouclier du monde de l'éducation, là vous pouvez réagir.
00:27 Et puis il y a un sondage ce matin assez intéressant, c'est notre balise avec l'IFOP fiducial
00:33 donc autour de l'immigration, nous sommes avec Frédéric Dhabi, bonjour Frédéric.
00:38 - Bonjour à tous.
00:39 - Frédéric Dhabi avec deux questions autour de l'immigration dans la balise ce matin,
00:44 nous la commenterons aussi avec vous donc et puis Éric Nolot.
00:48 Tout d'abord sur l'idée d'un référendum sur la politique migratoire en France,
00:53 eh bien vous êtes majoritairement favorable à 75% c'est ça Frédéric Dhabi ?
01:00 - Oui tout à fait, 75% des français est favorable à la tenue d'un référendum sur la politique migratoire,
01:05 c'est majoritaire Patrick dans toutes les catégories, toutes les catégories politiques,
01:09 y compris à gauche, y compris à la France insoumise,
01:13 ça on dit non sur le sentiment qu'il y a un enjeu sur ces questions
01:19 et qu'il y a un problème d'ordre, il y a un problème de contrôle des frontières en France
01:24 et clairement les français en est dans un moment où de plus en plus ils souhaitent être consultés,
01:29 il n'y a pas eu de référendum en France depuis le 29 mai 2005,
01:33 enfin de référendum national et clairement sur cette question qui est de moins en moins clivée
01:38 entre la gauche et la droite, nous avons maintenant des véritables convergences de but,
01:41 c'est ma première question, on va s'en parler,
01:45 sur cette question où les français sont plus équilibrés qu'on le dit,
01:49 où l'impact du terrible drame d'Annecy n'a pas fait bouger les lignes,
01:53 notamment vers plus de répression, les français veulent être consultés
01:57 et surtout veulent avoir une politique devant eux claire et maîtrisée.
02:01 - Oui, évidemment les sympathisants de tous les partis sont favorables,
02:07 61% la France insoumise, Europe Écologie des Verts 67%
02:11 et puis les Républicains beaucoup plus, 88% et le Rassemblement National 93%,
02:15 sauf les socialistes, 45% favorables simplement et pas favorables à 55%,
02:21 il y a une petite nuance quand même.
02:22 - Voilà, il y a une petite nuance, c'est beaucoup plus partagé,
02:24 mais ce qui est très intéressant, c'est le décalage entre la difficulté
02:28 qu'a une partie des élus de gauche de parler d'immigration
02:32 et un discours beaucoup plus décomplexé s'agissant des sympathisants de gauche
02:36 qui sont favorables au global à 59%.
02:40 Vous l'avez vu sur notre question historique d'indicateur sur l'immigration,
02:44 le fait que l'immigration économique permet au patronat de tirer les salaires par le bas,
02:49 le fait qu'il faut mettre en place en France une immigration choisie
02:52 en fonction des besoins économiques et par exemple majoritaire à gauche.
02:55 - Oui, c'est ça, on va y revenir dans un instant,
02:58 on va commenter en fait évidemment, tout ça c'est intéressant avec toutes les questions en détail.
03:02 Un mot de commentaire tout de même par rapport au référendum avec vous Eric Nolot
03:06 et ce que vient de dire Frédéric Dhabi.
03:08 - On observe une forme de consensus puisque à gauche et même assez nettement
03:13 on est favorable à ce référendum sur l'immigration.
03:16 Pourquoi est-ce que ce consensus s'impose ?
03:18 Pour deux raisons, d'abord les français ont le sentiment,
03:20 c'est même pas un sentiment c'est une réalité,
03:22 qu'ils ne contrôlent plus qui peut entrer sur le territoire,
03:24 donc nous sommes un pays qui de ce point de vue là a perdu une partie de sa souveraineté
03:28 et quand on laisse entrer n'importe qui en fait on retrouve ces gens malheureusement
03:31 dans des conditions indignes en bordure du périphérique,
03:34 sous le métro parisien ou à Calais.
03:35 Donc nous avons perdu à la fois notre souveraineté et notre humanisme.
03:39 Mais les éléments que vous avez repris, l'immigration économique,
03:43 tir, les salaires vers le bas, c'est le discours que tenait qui ?
03:47 Monsieur Georges Marchais, secrétaire du parti communiste dans les années 70,
03:51 c'est une idée de gauche en fait.
03:53 Donc il y a une certaine logique dans ce qu'on observe aujourd'hui.
03:55 - Et sur l'immigration, parce qu'il y a d'autres questions que vous avez posées Frédéric Dhabi
03:59 qui sont intéressantes, par exemple, est-ce qu'on peut en parler facilement ?
04:03 Vous dites que l'immigration est un sujet dont on ne peut pas parler sereinement en France
04:06 et là, 82% des français disent que oui, on ne peut pas en parler sereinement.
04:12 C'est difficile quoi.
04:13 - Oui, c'est clair.
04:15 Dans l'opinion publique, on a le sentiment que c'est un sujet tabou,
04:17 c'est un sujet infamal, c'est un sujet compliqué,
04:19 c'est majoritaire dans toutes les familles politiques.
04:22 Mais dans cette question, on voit que les français n'ont pas peur de se positionner
04:28 avec un point de vue beaucoup plus équilibré que la moyenne,
04:32 souvent en décalage avec des stéréotypes présents sur l'agenda politique,
04:36 sur l'agenda médiatique, opposant artificiellement les français.
04:41 On trouve, et je reprends le mot de Thierry Smolleau, un véritable consensus.
04:45 Consensus sur l'idée qu'il faut mettre en place une immigration choisie, 67%.
04:49 Consensus à également de dire que la France, pourtant déjà beaucoup d'étrangers,
04:53 il ne faut pas accueillir pour le moment des immigrés supplémentaires.
04:57 Consensus sur l'idée que l'accueil des migrants est compliqué
05:00 du fait de valeurs trop différentes et que ça pose des problèmes de cohabitation.
05:04 - 61% - 61%, mais les français sont très rocardiens.
05:08 Le rocard des années 80 qui dit "la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde,
05:13 mais elle doit en prendre sa part" puisque malgré le drame d'Annecy,
05:18 on a encore 60% des français, c'est un peu moins qu'au mois de novembre,
05:22 moins 4 points, mais ça reste très majoritaire,
05:23 qui considèrent, tenez-vous bien, que c'est le devoir de notre pays
05:27 que d'accueillir des migrants qui fuient la guerre et la misère.
05:30 La tradition d'accueil est toujours, fait l'objet d'un consensus,
05:35 c'est majoritaire dans toutes les familles, sauf au Rassemblement National où ce n'est qu'à 23%.
05:40 - Oui, c'est ça. Assez éclairant quand même ce sondage sur les français,
05:45 leur regard sur l'immigration qui a un peu bougé, Éric Nolot, non ?
05:49 - C'est une révolution, vous voulez dire, par rapport à il y a quelques années,
05:53 à gauche il y avait presque interdiction d'évoquer la question de l'immigration,
05:57 sinon pour tenir des propos angéliques,
06:00 l'immigration est une chance pour la France, point barre, fin du débat,
06:03 et là on voit que c'est beaucoup plus ouvert,
06:06 et que les gens veulent récupérer la parole et la décision sur quelque chose qu'ils jugent crucial.
06:11 Qui peut entrer sur notre territoire ?
06:13 Il y a un sentiment d'insécurité culturelle et un sentiment d'insécurité tout court
06:18 qui doit être tranché, parce que c'est le peuple qui les prouve,
06:21 qui doit être tranché par le peuple.
06:23 Cela dit, chaque fois qu'il y a une question d'un référendum,
06:27 il faut s'attendre à des débats peu apaisés, ça va être extrêmement violent, malheureusement.
06:32 - Au 0826-300-300, pour commenter aussi, c'est Guillaume de Carcassonne qui est avec nous.
06:37 Bonjour Guillaume. - Bonjour Patrick.
06:39 - Ce sondage vous fait réagir, comment le prenez-vous, le percevez-vous ?
06:45 Si vous avez bien entendu ce que l'on a dit à l'instant.
06:48 - Je suis d'accord sur le principe du tabou, c'est vrai que ce n'était jamais évident de parler d'immigration.
06:52 On avait toujours la sensation d'être accusé un peu de racisme simbolé.
06:57 - Patrick ! - Pardon ?
06:59 - Non, non, allez-y. - Ah oui, non, non, c'était...
07:01 Voilà, et puis du coup, comme la parole se libère, oui,
07:04 on a tendance à dire que l'immigration, il faut pouvoir la contrôler,
07:08 et ça éviterait surtout le drame d'hier.
07:11 C'est épouvantable d'entendre que des gens risquent leur vie pour venir chez nous.
07:18 - Oui, les migrants avec ce naufrage en Grèce, c'est ça.
07:21 78 morts, je le dis, et des centaines encore de disparus,
07:25 c'est le Titanic au large de la Grèce avec des migrants.
07:29 - Et puis il y en aura tout le temps.
07:32 Alors ce que j'aimerais juste préciser, c'est que ce qu'il faudrait arrêter pour stopper l'immigration,
07:37 c'est surtout d'arrêter de payer la prix,
07:39 parce que le problème est toujours là, je veux dire,
07:42 on pille la fric de ses matières premières,
07:44 du coup l'Afrique veut venir dans des pays développés,
07:48 on s'est développé grâce aux matières premières de l'Afrique,
07:50 et on refuse ces gens-là de venir.
07:52 Donc je pense qu'il faut arrêter vraiment de piller la fric,
07:55 et puis qu'il soit un petit peu plus souverain, quoi.
08:00 - Oui, c'est vrai, équation un peu complexe.
08:03 C'est sans doute le cœur du sujet, là vous mettez le point dessus, Guillaume,
08:08 Eric Nolot.
08:10 - Oui, Guillaume, un point très important, c'est quelle est la question qu'on va poser dans ce référendum ?
08:14 Parce que ce n'est pas pour ou contre l'immigration, il va falloir un peu raffiner la question,
08:18 et Guillaume montre bien qu'il y a beaucoup d'implications,
08:20 donc la question risque d'être complexe, et est-ce que la réponse sera claire ?
08:25 - Oui, c'est vrai. Merci en tout cas Guillaume, merci Frédéric Dhabi pour ce sondage
08:29 que vous pouvez retrouver sur notre site sudradio.fr bien sûr,
08:32 et sur les réseaux sociaux.
08:34 Il y a une autre question, il nous reste trois minutes sur Sud Radio,
08:36 là ce matin, avant de retrouver Valérie Exper,
08:38 c'est autour du service national universel.
08:40 Donc ça a été annoncé hier, ce sera confirmé ce matin chez Jean-Jacques Bourdin à 10h30,
08:45 puisque la ministre en charge de ce dossier, Sarah El Haïry, sera notre invitée.
08:50 Le service national universel va être modifié et allongé en quelque sorte
08:58 avec de nouvelles propositions à partir du mois de mars prochain.
09:01 12 jours de proposer aux élèves en seconde sur le temps scolaire.
09:07 Alors les syndicats enseignants ne sont pas d'accord.
09:10 François dans les Yvelines est avec nous, bonjour François.
09:13 - Bonjour à tous les éditeurs de Sud Radio.
09:16 - François, qu'en pensez-vous de cette idée ?
09:18 - Je suis désolé, je ne veux pas être contre le gouvernement systématiquement,
09:23 mais je trouve que c'est une mauvaise idée.
09:25 Arrêtons d'empiler des choses sur le temps scolaire des adolescents,
09:30 déjà que la France a beaucoup de mal à se maintenir au niveau du classement PISA
09:34 pour la qualité de son enseignement.
09:36 Séparons les choses, le service national universel,
09:40 c'est pour faire une cohésion sociale avec des jeunes issus de tout milieu.
09:45 Je rappelle qu'au début le président disait que ça allait être obligatoire,
09:48 c'était pour renforcer la relation armée-nation.
09:52 Là on voit qu'on en est complètement éloigné.
09:54 En plus, moi j'ai fait mon service militaire, si je retiens une chose,
09:59 c'est que j'étais complètement dépaysé de ma vie d'étudiant,
10:04 donc j'étais dans un autre milieu, donc il faut être aussi "déraciné",
10:07 et pas dans un établissement ou dans une maisonnée à proximité de son lycée.
10:11 Et surtout, j'ai pu côtoyer des gens que je ne reverrai plus jamais de ma vie,
10:14 des gens issus d'autres milieux sociaux, d'autres opinions politiques,
10:18 et c'est cette mixité qui donne toute une richesse à une nation,
10:21 et le ciment pour former la France de demain.
10:24 Et ça, c'est pas dans le cadre de l'école,
10:26 l'école c'est l'école, et le SNU c'est hors de l'école.
10:28 - Oui, mais il faut trouver du temps quoi !
10:30 - Les enfants, vous savez, ils ont, entre nous,
10:33 avant on trouvait 10 mois, c'était 12,
10:36 je pense, sans m'attirer les foudres de mes enfants,
10:39 qui m'écoutent peut-être, qu'on pourrait raccourcir aussi le temps des vacances,
10:43 au moins qu'ils font 2 mois, voire 2 mois et demi l'été,
10:46 ils peuvent passer 2 semaines dans un camp ou autre pour ça.
10:50 Je pense que le prix de la nation, et surtout les services qui vont leur être rendus plus tard,
10:55 vaut bien ce petit sacrifice.
10:57 - D'ailleurs, c'est tout l'enjeu, est-ce que le SNU sera un jour obligatoire,
11:01 et sous une forme peut-être un petit peu différente,
11:04 c'est-à-dire en dehors du temps scolaire ?
11:06 Mais ça a été extrêmement difficile, les discussions,
11:09 ça fait des semaines et des semaines, voire des mois,
11:12 que ce projet était en chantier,
11:14 et l'annonce n'est intervenue qu'il y a quelques jours,
11:18 c'est dire s'il y a des blocages.
11:19 Eric Nolot.
11:20 - Oui, mais François a tout dit,
11:22 il faut que l'école revienne à son cœur de mission,
11:25 qui est d'éduquer nos jeunes têtes et de transmettre les savoirs fondamentaux.
11:31 François l'a très bien dit, l'école échoue.
11:34 Arrêtons de leur mettre des bâtons dans le verrou,
11:36 ce n'est pas leur mission.
11:37 Pourquoi ? C'est sur le temps scolaire.
11:39 Pourquoi encore amputer l'année de précieux jours d'enseignement ?
11:43 L'école n'est pas là pour ça,
11:44 l'école n'est pas là pour assurer toutes les missions de la société.
11:47 Elle en a certaines, laissons-la se concentrer sur ses missions en question.
11:51 - Déjà qu'elle a beaucoup de difficultés.
11:52 Merci mon cher Eric Nolot,
11:54 vous pouvez écouter à ce sujet l'édito d'Eric Nolot
11:57 sur notre site sudradio.fr ou sur la chaîne YouTube.
12:01 Vous êtes plus de 800 000 abonnés.
12:04 Dans un instant c'est Valérie Expert,
12:06 Jean-Jacques Bourdin, André Bercoff et toute l'équipe,
12:08 les vrais voix ce soir et ce week-end Jean-Marie Bordry.
12:12 Et aussi le rugby, la finale du top 14,
12:15 compte à rebours demain matin et à vivre en direct demain soir.
12:19 Bon week-end.