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Pique dans la nuque, banderilles dans la plaie, puntilla pour la mise à mort, voici quelques-unes des armes utilisées par un matador lors d’un combat avec un taureau. La corrida, une tradition venue d’Espagne qui a débuté en France en 1853 dans la ville de Bayonne. Depuis, il y en a près de 200 organisées chaque année dans l’Hexagone.

Cette pratique est légalement autorisée, grâce à un régime dérogatoire, mais suscite davantage d’opposition, comme c’est le cas à Pérols où le Tribunal administratif de Montpellier suspendu le retour de la corrida en mai.

Dans ce nouveau numéro d’Animaux 2.0, 20 Minutes s’est rendu aux Arènes de Nîmes à la rencontre du matador Marc Serrano, également Président de l’association des matadors français. Il défend une tradition et un patrimoine culturel immatériel français. A notre micro, il évoque l’amour et le respect du toro et les spécificités de cet animal du combat.

Une hypocrisie et un rite sanglant dénoncé entre autres, par Claire Starozinski, présidente de l’association « l’Alliance Anticorrida ». Invoquant le Code pénal sur les sévices graves et actes de cruauté infligés aux animaux, elle milite pour l’abolition de la tauromachie, évoquant aussi le changement de l’opinion publique en France.

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https://www.20minutes.fr/4041610-20231606-animaux-2-0-faut-interdiction-corrida-france

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Transcription
00:00 Dans ce nouveau numéro d'Animaux 2.0, je me trouve à Nîmes.
00:04 Vous pouvez apercevoir derrière moi les arènes.
00:08 Il se déroule en ce moment même des corridas.
00:12 Spectacle vivant pour les uns, massacre pour les autres.
00:15 On va faire le point ensemble aujourd'hui.
00:17 Petit avertissement, certaines images dans ce reportage peuvent heurter votre sensibilité.
00:21 Il y a près de 200 corridas organisées chaque année en France dans une quarantaine de villes.
00:29 Une tradition venue d'Espagne.
00:31 Et c'est en 1853 que la toute première corrida s'est tenue en France dans la ville de Bayonne.
00:36 Une tradition et un patrimoine culturel immatériel français.
00:40 C'est ce que nous explique le matador Marc Serrano.
00:43 Il est aussi le président des matadors français.
00:46 C'est une tradition, une culture française qui était d'abord nationale.
00:51 Le taureau, il y a un taureau bien spécifique.
00:54 C'est ce qu'il faut comprendre.
00:55 Le taureau de corrida est une race bien à part.
00:57 C'est un animal sauvage qui a été combattu dans tous ces amphithéâtres de notre région il y a de nombreuses années en arrière.
01:04 C'est un animal qui après a été chassé de manière traditionnelle.
01:09 Parce que c'était un animal qu'on retrouvait à l'état de liberté en Camargue, en Aquitaine.
01:16 Et au fil des ans, ça a évolué à ce qu'est la corrida que l'on connaît à l'heure actuelle.
01:21 C'est bien évidemment un spectacle, mais c'est un spectacle qui amène au sacré, à la sacralisation d'un animal, à la sacralisation d'un art.
01:30 C'est un rite d'amour, c'est un rite de passage, c'est un rite de partage.
01:35 Évidemment, du côté des associations de défense des animaux, le vocabulaire utilisé est bien différent.
01:41 Elles dénoncent un rite sanglant et absolument pas une tradition française.
01:45 On écoute Claire Starowinski, présidente de l'association l'Alliance Anti-Corrida.
01:50 Évidemment, la corrida est un rite sanglant, il faut être un peu sérieux.
01:53 Qui aujourd'hui peut prétendre qu'élever un animal pendant 4 ans à seule fin, de le voir supplicier, mis à mort dans une arène, ça peut être une tradition française ?
02:02 Bien sûr que non. Il ne faut surtout pas oublier qu'on apprend aux enfants dès leur plus jeune âge comment blesser le taureau et comment le mettre à mort.
02:11 Est-ce que c'est soutenable ? Non, bien sûr que non.
02:14 La corrida n'étant rien évidemment une tradition française.
02:16 La tradition, c'est chez nous la course camargaise, les abrivades, les ancières, la bouvine.
02:22 La corrida n'a rien à voir avec la France puisque d'ailleurs, quand on lit un reportage de corrida, il faut un dictionnaire pour pouvoir décrypter les termes.
02:29 Donc évidemment que ce n'est pas une tradition française.
02:33 La France reste l'un des 8 pays du monde à toujours organiser des corridas avec l'Espagne, le Portugal, le Mexique, la Colombie, l'Équateur, le Pérou et le Venezuela.
02:44 La cause animale progresse et pourtant, aficionados et anti-corrida partagent le même argument, l'amour du taureau.
02:52 Comme taureau, bien évidemment qu'on aime le taureau, ça peut paraître paradoxal pour certaines personnes qui ne sont pas habituées.
02:59 Tout comme le taureau joue sa vie sur l'arène, le matador joue sa vie.
03:05 J'ai 40 ans, j'ai reçu 7 ou 8 coups de corne, j'ai 3 prothèses au cervical et je continue à mettre ma vie en danger et de me mettre devant cet animal par amour et par respect pour lui.
03:18 Oui bien sûr, la corrida c'est l'amour du taureau.
03:21 Prendre un animal, l'élever pendant 4 ans, le supplicier avec des armes puissantes et de façon intentionnelle, ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les attendus des tribunaux de Nîmes et de Dax.
03:33 Et ça c'est l'amour du taureau ?
03:35 Quand on aime, on ne tue pas, quand on aime, on ne blesse pas, quand on aime, on ne fait pas mal.
03:40 Pour moi, il n'y a pas de plus belle manière que de le respecter et d'égal, malgré ce que nos détracteurs veulent dire,
03:49 quand on est devant un animal avec des cornes et qu'on le se met dans son berceau, il n'y a pas de tromperie.
03:57 Alors moi je ne vais pas vous parler de torture, je vais comme les magistrats vous parler de sévices et d'actes de cruauté, comme au tribunal et comme dans le code pénal.
04:05 D'abord il y a ce qu'on appelle la pique qui peut pénétrer jusqu'à 30 cm de profondeur, c'est dans les revues taurines, qu'on ne dise pas que je dis des mensonges.
04:14 Cette pique a pour objet de cisailler le ligament nucle, le ligament de la nuque, pour contraindre l'animal à baisser la tête.
04:22 Ensuite, dans la plaie, on va y ficher 6 banderilles, ce sont des harpons colorés, mais au bout il y a du fer, 7 cm.
04:32 Et ça va entrer dans le dos de l'animal, juste là où, en général, on a piqué le taureau.
04:41 Comme je le disais, c'est l'exemple du taureau qui se bat entre eux dans les champs.
04:46 Je veux dire, à ce moment là, la douleur est secondaire, parce qu'il est dans l'action, parce qu'il est dans le combat.
04:53 Le taureau c'est avant tout un animal de combat.
04:57 Et donc, tout ça, comme on le disait, c'est pour ça qu'on le défend, c'est une tradition.
05:03 La pique, c'est des moments qui permettent de voir justement la bravoure du taureau et de mettre en avant cette bravoure là.
05:10 L'épée, c'est la façon la plus noble pour nous de pouvoir mettre fin à ce combat.
05:17 Et en nulle main, comme je le disais, il n'y a que du respect, il n'y a que de l'amour à travers ça.
05:21 Et puis ensuite, il y a les stocades, c'est l'épée.
05:24 Mais la plupart du temps, un taureau ne meurt pas au premier coup.
05:29 Donc il s'y reprend à plusieurs fois.
05:31 Moi, personnellement, j'ai vu 7 tentatives, c'était à Saint-Gilles.
05:34 Et puis, quand ça ne suffit pas, et bien sûr, quand le taureau est à terre et qu'il bouge encore,
05:38 et bien il y a la poutille et on essaye de le décérébrer en mettant ce couteau, ce poignard,
05:49 dans le cervelet, dans le cerveau et de gauche à droite, on va faire un geste comme ceci pour achever l'animal.
05:58 C'est une manière, comme on le disait, traditionnelle.
06:04 Et le taureau est mis à mort avec une épée parce que c'est la manière pour nous la plus ancestrale et la plus traditionnelle de le faire.
06:15 Aujourd'hui, si la notion, si vous voulez, il y a quelque chose qui est important, on parle beaucoup de souffrance.
06:30 Je crois que surtout il y a un amalgame qui est fait entre la souffrance et la douleur.
06:35 La souffrance, elle est morale, la douleur, elle est physique.
06:38 Le taureau est un animal qui a une spécificité, c'est qu'il produit plus de bêta endorphine que n'importe quel animal.
06:48 Et donc à ce moment-là, la notion de douleur, pas de souffrance,
06:52 la notion de douleur n'est pas celle que l'on peut voir par rapport à l'image que l'on s'en fait visuelle.
06:58 On va faire un point sur la loi.
07:00 En France, la Corrida est légalement autorisée depuis 1951 dans une dizaine de départements du sud de la France,
07:07 où elle représente une tradition locale ininterrompue.
07:10 Deuxième point, je vous rappelle qu'en France, le code pénal puni de trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende,
07:17 tout acte de cruauté et sévices graves infligés aux animaux.
07:21 En cas de mort de l'animal, ses peines sont portées à cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende.
07:26 Mais la Corrida bénéficie donc en France d'un régime dérogatoire.
07:30 Et pour être tout à fait complet, un troisième point.
07:33 En novembre 2021, le député LFI, Emre Caron, avait dû retirer sa proposition de loi
07:40 demandant l'interdiction de la Corrida en France suite à des débats très houleux à l'Assemblée nationale.
07:45 Enfin, chaque année, les associations saisissent les tribunaux pour tenter de stopper les Corridas.
07:51 Ça fonctionne rarement, mais le 16 mai dernier, le tribunal administratif de Montpellier a suspendu le retour de la Corrida à Pérol.
07:59 Il n'y en avait pas eu depuis 2003. Une petite victoire pour les associations.
08:03 À Pérol, bien sûr, l'alliance anticorrida a gagné.
08:06 C'est une immense victoire, puisque enfin, au bout de 20 ans, le juge administratif a reconnu qu'il n'y avait pas de tradition locale ininterrompue.
08:16 Et en 20 ans, les choses évoluent.
08:18 Les temps changent, les magistrats aussi changent, le point de vue de la société change, le point de vue de tout le monde change.
08:24 Et tout ça, c'est un indicateur extrêmement intéressant qui montre que la fin de la Corrida est proche,
08:30 qui montre que les gens n'en veulent plus, même les magistrats interprètent maintenant le droit au pied de la lettre.
08:37 Bien évidemment, on est dessus. Comme on le disait à juste titre, ce n'est que suspensif.
08:42 Je pense que sur le fond, le jugement donnera raison à la ville de Pérol et au retour de la Corrida.
08:50 D'abord, je pense que la France, on est dans un pays de liberté.
08:54 Après, sur les faits, et si je dois en tirer un enseignement de tout ce qui s'est passé,
09:01 j'ai envie de dire que quelque part, M. Caran nous a rendu service, parce qu'il nous a permis de sortir de notre réserve.
09:07 Il nous a permis d'expliquer ce que l'on était, d'expliquer ce qu'est notre tradition, d'expliquer ce qu'est notre culture.
09:15 Et je crois que finalement, on n'a jamais autant parlé de Corrida en France que ce mois-ci, ce mois de novembre 2022,
09:23 et force est de reconnaître que depuis la proposition de loi Caran, sur les premiers spectacles qu'il y a eu en France,
09:29 il n'y a jamais eu autant de monde depuis 20 ans.
09:31 Alors, est-ce que selon vous, la France devrait complètement interdire la Corrida au profit du bien-être animal,
09:36 ou au contraire, il faut maintenir cette tradition dans certaines villes de France ?
09:40 N'hésitez pas à donner votre avis dans les commentaires,
09:43 et si vous avez d'autres questions sur des sujets de société concernant les animaux, n'hésitez pas à m'envoyer un message.
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