Etes-vous capable de fredonner les musique des films Star Wars, Indiana Jones, Jurassic Park ou Harry Potter ? A priori oui, car les mélodies en question résonnent encore aujourd’hui dans bien des têtes. Mais en plus de cette célébrité quasi universelle, ces thèmes musicaux partagent un autre point commun : le compositeur John Williams. Il est celui qui se cache derrière toutes ces bandes originales de films… et tant d’autres : E.T., Les Dents de la mer, Superman, c’est lui aussi. La liste semble ne jamais s’arrêter. John Williams est même devenu l’artiste vivant ayant récolté le plus de nominations aux Oscars (53).
Il faut dire que son style a séduit les réalisateurs les plus populaires d’Hollywood. Georges Lucas l’a sollicité pour créer l’univers sonore de La Guerre des étoiles et Steven Spielberg (Indiana Jones, Rencontres du troisième type, Arrête-moi si tu peux…) lui a confié la composition de tous ses films (à l’exception de La Couleur pourpre).
Comment expliquer une telle popularité ? Quel est le secret de John Williams ? Le début de la réponse se trouve chez les grands musiciens du XIXe siècle comme Wagner, Strauss ou Debussy et elle tient en un mot : leitmotiv.
Attention, cette vidéo contient des spoilers pour Harry Potter et Star Wars.
Sources :
John Williams, un alchimiste musical à Hollywood (A. Tylski, 2011) : https://www.editions-harmattan.fr/livre-john_williams_un_alchimiste_musical_a_hollywood_alexandre_tylski-9782296548077-34214.html
Film Music, A Very Short Introduction (K. Kalinak, 2010) : https://academic.oup.com/book/933
Star Wars and John Williams: A Rediscovery of the Classical Film Score - (R. Van Vleck Sweet, 2016) : https://digitalcommons.bard.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1141&context=senproj_s2016
Why is this music so catchy ? - Inside the score https://www.youtube.com/watch?v=gnJmflV-oYQ
Harry Potter, hidden messages in the music - Good Blood : https://www.youtube.com/watch?v=JQR6rkT1guo
Il faut dire que son style a séduit les réalisateurs les plus populaires d’Hollywood. Georges Lucas l’a sollicité pour créer l’univers sonore de La Guerre des étoiles et Steven Spielberg (Indiana Jones, Rencontres du troisième type, Arrête-moi si tu peux…) lui a confié la composition de tous ses films (à l’exception de La Couleur pourpre).
Comment expliquer une telle popularité ? Quel est le secret de John Williams ? Le début de la réponse se trouve chez les grands musiciens du XIXe siècle comme Wagner, Strauss ou Debussy et elle tient en un mot : leitmotiv.
Attention, cette vidéo contient des spoilers pour Harry Potter et Star Wars.
Sources :
John Williams, un alchimiste musical à Hollywood (A. Tylski, 2011) : https://www.editions-harmattan.fr/livre-john_williams_un_alchimiste_musical_a_hollywood_alexandre_tylski-9782296548077-34214.html
Film Music, A Very Short Introduction (K. Kalinak, 2010) : https://academic.oup.com/book/933
Star Wars and John Williams: A Rediscovery of the Classical Film Score - (R. Van Vleck Sweet, 2016) : https://digitalcommons.bard.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1141&context=senproj_s2016
Why is this music so catchy ? - Inside the score https://www.youtube.com/watch?v=gnJmflV-oYQ
Harry Potter, hidden messages in the music - Good Blood : https://www.youtube.com/watch?v=JQR6rkT1guo
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Court métrageTranscription
00:00 En mai 1999, c'est le retour de Star Wars.
00:05 15 ans après le dernier opus, les fans se précipitent à l'avant-première de la menace
00:09 fantôme.
00:10 L'émotion est palpable, et dès les premières secondes du film, il suffit d'un accord pour
00:19 déchaîner le public.
00:20 Cette musique est indissociable du succès de la saga.
00:32 C'est la meilleure vente de l'histoire pour un disque de musique symphonique, avec
00:36 4 millions d'exemplaires.
00:38 Son compositeur, l'américain John Williams, a gagné 5 Oscars, et compte plus de 50 nominations
00:48 sur l'ensemble de sa carrière.
00:49 Et il est le premier à avoir gagné un Oscar.
00:54 Alors comment expliquer un tel succès ?
00:56 Pour le comprendre, il faut écouter les dernières secondes de cette avant-première.
01:01 A la fin du générique, le compositeur cache un message dans sa partition.
01:14 Ces trois notes peuvent paraître anodines, mais elles illustrent parfaitement la formule
01:20 utilisée par Williams pour dominer Hollywood pendant plus de 50 ans.
01:24 Quelle que soit l'époque, John Williams se sépare rarement d'une chose, un orchestre
01:36 symphonique.
01:37 Alors, faisons pareil.
01:41 Ça n'a pas été simple de rassembler tous ces musiciens sur une même scène, mais on
01:49 y est arrivé.
01:50 Bonjour, je m'appelle Daniel et j'ai l'immense honneur de diriger Curieux, un orchestre de
01:58 jeunes musiciens et musiciennes professionnels.
01:59 Grâce à cet orchestre, nous allons pouvoir décortiquer la fameuse formule John Williams
02:06 et comprendre pourquoi sa musique est si populaire.
02:09 Ça commence par ceci.
02:11 Cette musique est celle des dents de la mer.
02:26 Sur le tournage, le requin mécanique, pourtant au cœur de l'intrigue, ne fonctionnait presque
02:35 jamais.
02:36 Résultat, il n'est visible que 4 petites minutes dans le montage final.
02:41 Pourtant, dans le film, il semble omniprésent.
02:45 Et ça, c'est grâce à la musique.
02:50 Ces deux notes sont ce qu'on appelle un leitmotiv.
02:54 L'idée est d'associer une courte mélodie à un élément du scénario, ici le requin.
03:01 Chaque fois que cet élément est évoqué, on joue son leitmotiv.
03:07 A force, il devient possible de l'évoquer rien qu'avec la musique.
03:11 Cette technique n'est pas nouvelle.
03:26 Au 19e siècle, le compositeur Richard Wagner l'utilisait déjà dans ses très longs opéras,
03:32 pour identifier les nombreux personnages.
03:34 Plus tard, dans les années 30, ce sont les compositeurs d'Hollywood qui reprennent
03:39 cette idée.
03:40 Et dans les années 70, John Williams en fait sa marque de fabrique.
03:44 E.T., Indiana Jones, Jurassic Park, tous ont un thème iconique, construit autour d'un
03:59 leitmotiv.
04:00 Parfois, il y a même un motif par personnage.
04:02 Celui que vous entendez, c'est celui de la princesse Leia, dans Star Wars.
04:08 Pour que l'effet fonctionne, Williams doit imprimer durablement ces mélodies dans notre
04:13 esprit.
04:14 Et il y arrive très bien, grâce à une technique redoutable.
04:18 Ecoutez bien.
04:19 En seulement quelques secondes, ce rythme est répété trois fois.
04:34 Juste ce qu'il faut pour qu'il devienne familier.
04:36 Cette répétition incessante inscrit très vite le motif dans la tête des auditeurs.
04:42 Et une fois qu'on y est attentif, on se rend compte que cette formule est utilisée
04:46 dans absolument tous ses thèmes les plus connus.
04:49 Mais ce n'est pas tout.
05:17 À cette répétition, Williams ajoute une autre répétition.
05:21 Le thème est lui-même répété tout au long du film.
05:25 Ce motif apparaît 24 fois rien que dans le premier Harry Potter.
05:30 Et dans Star Wars, le motif de la force est évoqué au moins à 20 reprises dès le premier
05:35 épisode.
05:36 Les réalisateurs apprécient cette technique, car elle permet d'associer une musique et
06:01 un personnage à une même émotion.
06:03 Et crée un lien très fort entre le film et son public.
06:07 Dans cette scène de la chambre des secrets, le film introduit un nouveau personnage.
06:33 Gilderoy Lockhart.
06:37 Williams l'accompagne de ce motif.
06:41 A priori rien de particulier, mais si on garde les notes et qu'on en change légèrement
06:47 le rythme, ça donne ceci.
06:49 Dans Harry Potter, ce thème symbolise le courage et l'héroïsme.
07:01 En l'évoquant dans une version plus saccadée, presque déséquilibrée, John Williams nous
07:07 souffle dès sa première apparition que Gilderoy Lockhart est à l'opposé de cet héroïsme.
07:12 Une information centrale que le film lui ne révèle que deux heures plus tard.
07:17 Dans cet exemple, la variation du motif raconte une histoire parallèle à ce qui se déroule
07:32 à l'écran.
07:33 Et ça, ça fonctionne particulièrement bien avec un orchestre symphonique.
07:38 Car le motif peut alors être décliné et passer d'instrument en instrument pour évoquer
07:43 des émotions très différentes.
07:45 Prenons un exemple, que vous connaissez peut-être.
07:48 La marche impériale est le motif du célèbre Dark Vador.
08:00 Vous allez voir, c'est du grand Williams.
08:03 Tout y est.
08:04 D'abord, la répétition dans l'écriture.
08:07 Ensuite, la répétition dans le film.
08:16 J'ai compté, on l'entend au moins 30 fois dans le cinquième épisode de la saga.
08:21 C'est en moyenne une apparition toutes les 4 minutes.
08:25 Enfin, Williams utilise l'orchestre pour accompagner l'évolution du personnage.
08:29 À la fin de l'épisode 6, Dark Vador s'oppose à l'empereur et entame sa rédemption.
08:37 Dans la partition, le motif change d'instrument.
08:41 Il est d'abord joué par les violons, très haut, quand Luke ôte le masque de Vador.
08:51 Alors que père et fils échangent leurs premiers regards, le motif passe à la flûte.
08:59 Enfin, la harpe le reprend une dernière fois, alors que le personnage rend son dernier souffle.
09:14 Dark Vador est pardonné, il abandonne sa part d'obscurité et redevient Anakin Skywalker.
09:30 15 ans plus tard, quand John Williams compose la musique de la nouvelle trilogie, il poursuit
09:42 sa série de clin d'œil.
09:44 Ce morceau s'appelle "Thème d'Anakin", en référence au jeune Dark Vador.
09:49 Écoutons juste la fin.
09:51 Ces trois notes, répétées plusieurs fois par les cordes, sont directement tirées de
10:01 la marche impériale, et évoquent déjà la barre d'ombre du jeune Anakin.
10:06 À travers sa musique, Williams adresse un message aux spectateurs les plus attentifs.
10:12 Même si c'est à peine perceptible, c'est bien ce garçon qui deviendra quelques épisodes
10:18 plus tard l'un des méchants les plus célèbres de l'histoire du cinéma.
10:22 *Musique*
10:51 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org