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00:00 Ce matin on reçoit un invité exceptionnel sur France Bleu Périgord, l'ancien président français François Hollande.
00:04 Il vient d'Ordogne ce week-end pour le Festival du Livre Joséphine Baker.
00:08 Il est en direct avec nous ce matin, il répond à vos questions Louis de Bergevin.
00:11 Bonjour François Hollande.
00:12 Bonjour.
00:13 Alors on va parler de Joséphine Baker évidemment, mais avant ça, les papeteries de Conda ferment définitivement une de leurs deux lignes de production.
00:21 Il n'y a plus assez de commandes, 187 postes pourraient être supprimés sur plus de 400, malgré le plan de réindustrialisation.
00:28 Est-ce que c'est une fatalité ça ?
00:30 Il y a des difficultés sûrement compte tenu de la perte d'usage du papier, mais cette grande entreprise que je connais bien,
00:39 qui est à peu près de la Corrèze en Ordogne, doit être défendue pour ce qu'elle peut produire, c'est-à-dire une diversification.
00:47 Il y a encore des prouesses technologiques qui sont possibles, donc tout doit être fait pour maintenir autant qu'il est possible l'activité.
00:55 Parce que nous savons très bien que lorsqu'un emploi industriel est supprimé, d'autres emplois sont également un jour ou l'autre supprimés.
01:04 Il y a aussi des salariés corréziens dans ces papeteries.
01:08 Bien sûr.
01:09 C'est un drame notamment pour ces salariés, pour tous les emplois, pour le territoire aussi ?
01:13 Oui, parce que ce sont des emplois qualifiés, ce sont des emplois qui sont depuis longtemps occupés par les salariés,
01:21 et donc les reconversions sont délicates. Je ne sais pas à quel plan social on se peut présenter,
01:28 mais je suppose que les salariés doivent exiger qu'il y ait des plans de reconversion,
01:33 pour qu'il y ait encore des entreprises qui puissent les accueillir.
01:36 C'est tout le paradoxe qu'on connaît dans la situation économique d'aujourd'hui.
01:39 Il y a des emplois qui ne sont pas pourbus, mais il y a des emplois qui sont extrêmement difficiles à occuper,
01:46 parce que ça suppose des qualifications, donc des reconversions, alors qu'il y a aujourd'hui des licenciements qui arrivent.
01:54 On le sait dans le bâtiment et les travaux publics, compte tenu de ce qu'est le marché immobilier, des taux d'intérêt,
02:00 on le voit dans d'autres domaines. Donc la reconversion, la requalification, la formation,
02:05 c'est ce que j'avais lancé lorsque j'étais président, c'est la priorité essentielle.
02:10 - François Hollande, vous venez donc à la fin de la semaine en Dordogne au festival du livre Joséphine Baker.
02:16 Que représente Joséphine Baker pour vous ?
02:19 - C'est des souvenirs d'enfance, Joséphine Baker, parce que je me rappelle à la télévision, je la voyais,
02:26 elle venait chanter avec son accent américain, elle était une héroïne, elle avait participé à des actions de résistance,
02:37 donc voilà, c'était une figure. En plus, elle avait accueilli de nombreux enfants, notamment en Dordogne,
02:44 et donc nous suivions ce parcours de générosité, d'hospitalité qu'elle avait manifesté tout au long de sa vie.
02:53 Donc ensuite, quand il y a eu sa disparition, vous savez qu'elle est morte presque en scène,
02:58 nous étions jetés, très affligés, parce que c'était une personnalité très attachante.
03:05 Et je me félicite qu'il y ait maintenant, grâce au conseil départemental de la Dordogne,
03:10 Germinal Perrot, qui a voulu qu'il y ait des activités autour de Joséphine Baker,
03:16 et ça va être finalement aussi une conséquence de sa présence en Dordogne,
03:20 une attractivité supplémentaire pour le territoire.
03:23 - 7h47 sur France Bleu Périgord, l'ancien président français François Hollande vient en Dordogne ce week-end,
03:28 et il est d'ici là l'invité du 6/9 ce matin sur France Bleu Périgord.
03:31 Il répond à vos questions, Louis de Bergevin.
03:33 François Hollande, Joséphine Baker a eu presque plusieurs vies, plusieurs rôles,
03:37 c'est laquelle, la Joséphine Baker, la plus importante pour vous ?
03:40 Est-ce que c'est la résistante, la maman de la tribu arc-en-ciel, la militante des droits de l'homme ?
03:45 - Je pense qu'une vie, elle peut être multiple, mais elle a un sens.
03:50 Ce qu'avait voulu Joséphine Baker, c'est pas simplement chanter, se produire,
03:56 vous vous souvenez de ces images de la danseuse à la banane, etc.
04:00 Je pense que tout ça c'était un moyen de changer l'existence des autres.
04:05 Donc c'est ça le sens de sa vie.
04:07 Et donc lorsqu'elle a accueilli des enfants, elle faisait ce choix,
04:11 non pas parce qu'elle était au terme de sa carrière,
04:14 mais parce que ça correspondait à sa volonté de femme,
04:17 de faire en sorte que les plus pauvres, les plus fragiles, les moins dotés dans l'existence
04:23 puissent être au moins accompagnés, aimés, tout simplement aimés.
04:27 Je pense que c'est une femme qui était profondément généreuse,
04:30 et sa générosité est allée jusqu'à s'engager dans la résistance
04:34 pour un pays qui n'était pas le sien au départ,
04:37 et qui pour elle représentait l'essentiel, le pays qu'il avait accueilli.
04:41 - Il y a un an et demi, Joséphine Baker était entrée au Panthéon.
04:44 Avant ça, je crois qu'on vous l'avait proposé.
04:46 Vous regrettez de ne pas vous l'avoir fait entrer au Panthéon ?
04:50 - Si j'avais fait rentrer toute celle auquel je pensais,
04:54 ou toute celle auquel je croyais que c'était leur place,
04:58 j'aurais passé tout mon mandat à accueillir.
05:01 C'est la même référence pour Manucchio.
05:05 Bien sûr que je souhaitais que Manucchio rentre au Panthéon,
05:08 mais j'avais déjà fait rentrer deux hommes, deux femmes.
05:11 Donc j'allais dire, mon quota de président était épuisé.
05:15 Chaque fois qu'il y a une entrée dans le Panthéon,
05:20 il faut que ça corresponde à une période et un sens.
05:23 Pour moi, c'était le sens de la résistance.
05:25 C'est pour ça qu'il y avait eu deux hommes et deux femmes
05:28 qui avaient joué un rôle majeur dans la résistance,
05:31 même si c'était souvent anonyme.
05:33 Et c'est bien qu'aujourd'hui, le président Macron
05:37 ait fait rentrer Joséphine Baker,
05:39 une femme qui n'était pas au départ française,
05:42 et qui l'est devenue, et qui a participé à la résistance.
05:45 Et puis Manucchio, qui lui, homme étranger,
05:49 venu très jeune d'Arménie,
05:52 suivi par les suites du génocide,
05:56 et qui a donné sa vie pour la libération du pays.
05:59 C'est un message, je crois, qu'il faut entendre
06:01 dans la période qui est la nôtre.
06:03 Et c'est pour ça que chaque entrée dans le Panthéon
06:05 correspond à une période où il faut défendre des valeurs.
06:09 - François Hollande, je voudrais terminer
06:11 avec une question politique.
06:13 Votre ancien Premier ministre, Bernard Cazeneuve,
06:15 estime qu'il y a une voie pour l'élection présidentielle de 2027
06:18 entre Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron,
06:21 entre la NUPES et la République En Marche.
06:23 Vous le pensez aussi ?
06:25 - Ah oui, je pense qu'il y a la voie qui a toujours été,
06:27 d'ailleurs, tracée depuis François Mitterrand.
06:30 C'est-à-dire les socialistes, les sociaux-démocrates,
06:34 la gauche réformiste, elle a vocation
06:37 à être la principale famille de la gauche,
06:40 la rassembler, pour ensuite la porter au pouvoir.
06:43 Quand la gauche est sur une aile trop radicale,
06:46 ce qu'elle a aujourd'hui avec El-Effi,
06:49 qui est elle-même une famille politique divisée,
06:52 il n'y a pas de possibilité de victoire.
06:54 La gauche, ce n'est pas simplement, c'est déjà important,
06:56 une contestation, une protestation.
06:58 La gauche, ça doit être une réalisation.
07:00 C'est pour ça qu'il y a un espace,
07:02 mais faut-il encore le constituer ?
07:04 Il faut une force politique qui se remette en marche,
07:07 comme c'était le cas dans l'histoire avec le parti socialiste,
07:09 on peut porter un autre nom ou le même,
07:11 mais il compte que c'est la force politique
07:13 qui après l'incarnation viendra tout naturellement.
07:17 - François Hollande, ancien président de la République,
07:20 vous serez donc en Dordogne à la fin de la semaine
07:22 au festival du livre Joséphine Becker.
07:24 Merci beaucoup d'être venu sur France Bleu Péricord ce matin.
07:27 - Bonne journée.

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