Le Gros Edito, médecins et transidentités

  • l’année dernière
Pourquoi on a choisi de vous parler de transidentités en santé ? Qu'est ce qu'on a appris en préparant ce numéro 61 du magazine What's up Doc ? Qu'est ce que ça nous évoque en tant que médecins dans nos propres exercices ? Regardez le Gros édito du Dr Alice Deschenau, rédactrice en chef du magazine.

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Transcript
00:00 Bonjour à tous, je suis là pour vous annoncer la sortie du dernier numéro de What's Up Doc,
00:03 avec un gros dossier sur les transidentités en santé.
00:06 On souhaitait parler de ce terme parce qu'au sein de la communauté médicale,
00:09 pour ce qui concerne l'accueil des personnes trans, on pense qu'on a encore évidemment du travail,
00:14 que ce soit de ce qui peut encore être de l'ordre de maladresse, voire de méconnaissance,
00:18 et voire même jusqu'à de la transphobie.
00:20 Ce gros dossier est là pour aider à reposer des questions,
00:23 à réapporter quelques notions de base, et peut-être un peu plus pour certains.
00:28 Et pour vous en parler, je voulais vous reparler d'une expérience que j'avais eue
00:31 avec la première personne trans dont je me suis occupée en tant que tout jeune médecin en formation,
00:36 en tant que psychiatre, et c'était une femme trans, donc née homme,
00:40 prise en charge aux urgences pour quelques jours.
00:43 Plusieurs choses qui m'ont marquée à cette prise en charge et que j'ai gardées pour la suite.
00:46 La première chose, c'est l'amalgame qu'il peut y avoir entre la transidentité et la pathologie mentale.
00:52 Il faut dire que si on est un spécialiste en santé mentale, les personnes trans dont on va s'occuper
00:56 sont là, souvent hors les demandes d'évaluation, peut-être pour les transitions,
01:01 mais sinon sont là pour des soins en santé mentale.
01:03 Et donc on peut facilement se conforter ou se créer l'idée que c'est donc de la pathologie mentale.
01:09 Et je me souviens qu'à l'époque, en parallèle, j'avais un enseignement avec un prof qui nous disait ça,
01:14 qui disait, de mon point de vue, la transidentité c'est de la psychose, c'est du délire.
01:18 Donc c'est quelque chose que j'ai encore entendu à l'époque.
01:21 Alors que dans le parcours de vie d'une personne trans,
01:23 il y a plus de vulnérabilité pour avoir des souffrances à titre personnel,
01:28 au regard de la société et de ce à quoi on va se confronter.
01:31 Et donc que c'est un facteur de vulnérabilité, mais non pas une pathologie.
01:34 Et d'ailleurs, il n'est plus dans les classifications des pathologies mentales.
01:38 La deuxième chose que ça m'a aussi appris, en tout cas,
01:42 j'ai surtout réalisé que j'avais peut-être encore dans mon esprit une forme de confusion,
01:46 puisque cette femme trans a fait son coming out lors d'une vie de couple avec une autre femme,
01:51 avec laquelle elle était mariée, et m'expliquait que ça ne changeait en rien pour elle
01:55 son souhait de rester avec sa femme et en couple.
01:58 Et d'ailleurs, pour avoir rencontré sa compagne, c'est aussi ce qu'elle m'avait confirmé.
02:03 Et je me souviens de cette forme de surprise et surtout du coup d'avoir réalisé que,
02:08 probablement que j'associais la question de la orientation sexuelle avec la transidentité.
02:13 Et donc là aussi, je me suis rendu compte que je n'étais pas tout à fait
02:17 bien au courant de ces questions et de ces distinctions.
02:21 Et donc, depuis oui.
02:23 Et bien sûr que le troisième point, c'est justement ça,
02:25 c'est à quel point cette rencontre m'a aussi permis de me rendre compte
02:31 que j'étais un peu au niveau zéro sur la question des transidentités.
02:34 Ce qui m'a fait aussi me questionner, réinterroger ça, essayer de mieux comprendre.
02:38 Et bien sûr, après, au fil des années, puis au fil des prises en charge avec des personnes trans,
02:41 d'essayer de faire mieux, sans peut-être toujours y parvenir, mais en tout cas, en essayant toujours.
02:47 Et aussi pour accueillir ces histoires qui nous aident à nous rappeler à cette vigilance
02:52 et à cette bienveillance de pouvoir être dans une approche intégrative des patients.
02:57 Des exemples comme ça qu'on garde précieusement pour essayer de s'améliorer.
03:01 Et finalement, en préparant ce gros dossier, je dois dire que j'ai encore appris des choses.
03:05 Et ce qu'on a dû bien sûr le préparer, travailler, échanger des idées, des axes,
03:10 des points qu'on voulait dégager, rédiger, relire, mettre en forme sur le plan graphique.
03:16 Et à chaque étape, des questions se sont posées sur notre approche et les messages qu'on voulait renvoyer.
03:21 J'ai encore beaucoup appris.
03:22 Et ce que je vous souhaite surtout à tous, c'est d'en apprendre aussi avec ce dossier autant que possible,
03:27 d'aussi loin que vous partiez.
03:28 Je vous souhaite une très bonne lecture et je vous donne rendez-vous sur notre site www.whatsapp.com-lemag.fr.
03:36 [Musique]

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