Belmadi, obsession, Mahrez : Comment l'Algérie a-t-elle pu en arriver là ?
COUPE D'AFRIQUE DES NATIONS - L'Algérie, tenante du titre, a été éliminée dès le premier tour de la Coupe d'Afrique des Nations. Pourquoi un tel fiasco ? Qui est responsable ? Pour évoquer le sujet, Naïm Beneddra, journaliste à Goal, est l'invité du FC Stream Team. Il fait le point sur les failles des Fennecs. L'intégralité de l'émission est à retrouver en podcast.
Transcript
00:00 l'Algérie tenante du titre a été sortie dès le premier tour de la Coupe d'Afrique des Nations.
00:04 Alors pour analyser tout ça, on a invité Naïm Benedra qui est journaliste à Gaulle
00:09 et qui va nous faire un peu le point sur l'association pour essayer de comprendre comment l'Algérie en est arrivée là.
00:14 Salut Naïm.
00:16 Salut Maxime.
00:18 On va démarrer simplement. Alors moi je veux dire, ce crash de l'équipe d'Algérie me fait penser à quelque chose,
00:24 c'est-à-dire la France 2002 avant la Coupe du Monde. Elle arrive belle, on se dit
00:28 mais rien ne peut l'arrêter. Sauf qu'il y a quelque chose qu'on n'avait pas vu,
00:32 qu'on a vu après coup sur l'équipe de France de 2002, c'est que finalement,
00:36 il y avait des signes avant-coureurs de ce qui allait arriver.
00:39 Alors j'ai envie de te poser la question avec l'Algérie, est-ce que c'était complètement imprévisible
00:42 ou est-ce qu'on pouvait trouver quand même des signes avant-coureurs à ce qui est arrivé au Cameroun durant la Cannes ?
00:49 Alors si je me rappelle bien, en France, avec la France en 2002, il y avait un problème quand même disciplinaire,
00:57 il y avait un manque de rigueur, un petit relâchement après l'Euro.
01:00 Et de ce côté-là, je ne pense pas que l'Algérie a failli parce que je pense que l'état d'esprit n'a pas été défaillant.
01:07 Par contre, au niveau de jeu, je peux dire que ça fait une belle année où on n'est pas vraiment à la hauteur des attentes.
01:14 Les 11 derniers matchs, je crois qu'on n'en a gagné que 4 ou 3. Donc voilà, de ce côté-là, il n'y a pas eu de signes.
01:21 De ce côté-là, il y a eu des signes avant-coureurs. Par contre, au niveau de l'état d'esprit, au niveau du professionnalisme, il n'y a pas eu de problème.
01:32 Est-ce qu'il n'y a pas eu un autre problème pour moi ? C'est qu'avant de se concentrer sur la Cannes,
01:36 moi, de ce que j'ai lu avant la compétition et même parfois pendant, c'est qu'on a l'impression que cette équipe-là était aussi avant tout aveuglée
01:43 par son record d'invincibilité, que ça, c'était une espèce d'obsession.
01:49 Je ne me souviens jamais de Belmady qui disait qu'on voulait planter le drapeau algérien, etc.
01:53 Est-ce que finalement, ils n'ont pas oublié l'essentiel ?
01:56 Oui, c'est vrai parce qu'il ne restait que 3 matchs pour atteindre le record de l'Italie.
02:01 Et ça fait un bon moment qu'on en parlait. Après, étirer la langue, cirer l'invincibilité, ça va de pair aussi avec les objectifs.
02:10 Donc, je ne pense pas que ça a pu se répercuter sur le moral des joueurs.
02:14 Je crois que même si c'était une motivation supplémentaire, je ne pense pas que c'était le principal facteur qui a fait que l'Algérie a failli dans cette compétition.
02:25 Mais est-ce que, par ricochet, la défaite lors du deuxième match, ça n'a pas cassé ce ressort ?
02:33 Parce que du coup, le record n'était plus atteignable.
02:35 Et on a vu quand même une équipe d'Algérie face à la Côte d'Ivoire qui était cassée, qui était brisée.
02:43 Exact. Le dernier match, c'était vraiment catastrophique.
02:47 Après, si on regarde les problèmes qui n'ont pas démarré avec le match contre la Côte d'Ivoire, ça a été dès la première rencontre.
02:55 Je crois que dès le début, on n'a pas su assumer notre statut de favori, notre statut de prenant du titre.
03:01 On avait beaucoup de sélections au 21e siècle qui ont failli dans ce domaine.
03:07 Et c'était un peu la même malédiction.
03:09 Donc, je ne crois pas qu'il y a eu un problème au niveau de la motivation.
03:14 Il n'y a pas eu de nonchalance.
03:16 Par contre, là, on a failli.
03:18 Je pense qu'on n'a pas su répondre lorsqu'on était dans le mur.
03:22 Parce qu'il y a une chose qu'il faut savoir, c'est que l'Algérie n'a pas été menée au score avant la Coupe d'Afrique depuis trois ans.
03:30 Depuis le match contre le Bélin en éminatoire de la Coupe d'Afrique 2019, en match officiel.
03:36 Et en match amical, il y a eu juste le Mexique où on a été menée au score.
03:40 Donc, de ce côté-là, on n'a pas trop su trouver les ressorts nécessaires pour réagir.
03:45 Il n'y a pas eu les mêmes ressources mentales que durant la Coupe d'Afrique 2019.
03:50 Donc, voilà, je pense que le problème vient surtout de là.
03:54 Et les problèmes sont apparus, encore une fois, dès le premier match contre le Sierra Leone.
03:59 Après, la Côte d'Ivoire, c'est un peu le bouquet final, si je puis dire.
04:03 C'est un peu le coup de grâce.
04:04 C'est le Danemark de 2002.
04:07 Oui, il y a beaucoup de similitudes par rapport à la France au niveau des mathématiques.
04:11 On a réussi à éviter de zéro-pointer par rapport au but.
04:17 Mais sinon, il y a beaucoup de choses qui sont comparables.
04:21 Après, je me rappelle que la France, il y avait aussi l'absence de Zinzida.
04:27 Donc, voilà, et nous, c'est un peu collectivement qu'on a failli.
04:30 Et la France, pour faire le lien, il y avait aussi un problème avec son sélectionneur.
04:35 Pour l'Algérie, il n'y avait pas de problème avec Belmadie.
04:37 J'ai envie de dire, où en est le regard, je pense, sur le technicien ?
04:42 Alors, on sait qu'il y a les barrages pour la Coupe du Monde qui arrivent vite.
04:46 Mais est-ce que Sakote en a pris un coup ?
04:49 Est-ce que tu penses aussi, tout simplement, que s'il n'y avait pas les barrages à venir,
04:54 il pourrait être dehors ou non ?
04:57 Non, je ne pense pas.
04:58 Je pense qu'il a suffisamment fait monter Sakote pour qu'on puisse tout remettre en question
05:04 dès le premier tournoi raté.
05:07 Après, là où je te rejoins, c'est qu'avant, il n'était pas trop contesté.
05:11 On n'osait pas vraiment critiquer ses choix.
05:14 Là, après cette Coupe d'Afrique, on ne va pas s'en priver parce qu'on a aperçu
05:20 qu'il y a un problème de régénération de l'effectif.
05:23 Il y avait des statuts qui étaient figés, il y avait des cadres qui n'étaient pas assez remis en question.
05:31 Il manquait d'émulation, il manquait de concurrence pour que ceux qui avaient triomphé en 2019
05:37 puissent un peu se remettre en question.
05:39 Donc Belmady les a protégés, les a couverts.
05:44 Et en fin de compte, on s'est rendu compte qu'il s'est un peu trompé.
05:47 Donc là, on attend de lui que lui aussi se remette en question dans ses choix de dom.
05:54 Et donc voilà, là, il n'a plus le droit à l'erreur parce que la Coupe du monde,
05:59 il ne faut pas la rater.
06:00 C'est le principal objectif.
06:02 Et alors, dans ce que tu dis, celui qui incarne ça, c'est quand même Riyad Mahrez qui est passé à compter de son tournoi.
06:06 On peut parler quasiment de tout le secteur offensif puisque l'attaque était complètement éteinte.
06:12 Tu l'as dit, un seul but en trois matchs.
06:14 C'est un but cinématique et catastrophique.
06:17 Mais bon, Mahrez, il incarne peut-être tout ça.
06:20 Quand tu parles de statut, de joueurs qui ont été protégés, de ceux qui ont gagné la dernière canne,
06:24 à qui est manqué peut-être un peu de concurrence.
06:28 Est-ce que Mahrez, il va être remis en cause aussi en Algérie, plus peut-être qu'un Belmady ?
06:34 Est-ce que c'est plutôt les joueurs qui vont prendre ?
06:36 Non, je ne pense pas.
06:38 Mahrez, il fait partie d'un groupe.
06:40 Il fait aussi partie d'un groupe de Tauliers.
06:43 La faillite de ces Tauliers n'a pas été de saut.
06:47 Il y a aussi Bouneja, Slimani, la plupart des joueurs offensifs.
06:53 Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, c'était par rapport à ce qu'ils ont fait en Coupe d'Afrique 2019
06:59 et qu'ils ont été méconnaissables.
07:01 Je ne pense pas qu'on va le pousser dehors.
07:05 Cela dit, il y a quand même eu le fait que Belmady n'a jamais osé le renclasser.
07:10 Il avait une sorte de statut qui était assez à part.
07:16 Mais là, avec ce que tu l'as montré durant cette Coupe d'Afrique,
07:20 lui aussi, il a vu son crédit baisser quelque peu.
07:25 J'ai envie de dire que ce qu'on lui a pardonné par le passé, là, ce n'est plus possible.
07:31 Il faut que lui aussi se remette en question.
07:34 Mais bon, ça reste un joueur qui est un grand joueur.
07:39 Un joueur de niveau mondial.
07:42 On peut parfois passer à côté d'un tournoi.
07:44 L'essentiel, c'est que sur la durée, il puisse être performant.
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