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Dans DiP Impact nouvelle formule, Arnaud Di Pasquale, Bertrand Milliard et Laurent Vergne se posent une question : Novak Djokovic a-t-il sabordé son image pour de bon ? Ou peut-il encore sortir grandi de cette histoire en marge de l'Open d'Australie s'il parvient finalement à le jouer ? Le débat est posé dans ce nouveau podcast, à retrouver sur toutes les plates-formes d'écoute.

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Transcription
00:00 La question qui fâche, messieurs, pour cette deuxième partie,
00:03 a-t-il définitivement s'abordé son image ?
00:06 On se souvient tous des larmes de Novak Djokovic en finale de l'US Open
00:09 avec cette ovation du public alors qu'il s'apprêtait à passer à côté de son grand chelem.
00:15 Un amour inattendu qui lui avait été apporté,
00:18 que lui-même avait reconnu comme étant un des plus grands moments de sa carrière.
00:21 Et puis quelques mois plus tard, voilà, cette affaire avec l'Open d'Australie,
00:24 appelons-la comme ça,
00:26 est-ce qu'il n'a pas définitivement s'abordé son image ?
00:29 Arnaud ?
00:30 Moi, j'ai l'impression que ça fait partie de son personnage.
00:34 Alors après, encore une fois, je me trompe peut-être.
00:36 C'est ce que je disais un peu dans la première partie.
00:39 J'ai le sentiment qu'il s'en nourrit, en fait, de tous ces problèmes,
00:44 de tous ces sujets, de cette haine aussi, finalement, d'une certaine partie,
00:49 enfin des anti-Djoko.
00:51 Mais en fait, ça ne fait que, finalement,
00:54 encore une fois, grandir cette espèce de rivalité avec les autres,
00:59 et qui sont beaucoup plus rangés que lui.
01:02 Mais moi, je ne crois pas.
01:05 Moi, je crois que son image,
01:06 je ne sais pas s'il l'avait redorée récemment,
01:09 je n'en sais rien.
01:10 Un petit peu comme ?
01:11 Oui, oui, oui, mais enfin,
01:13 il y en a beaucoup qui pensent que c'est fake,
01:15 il y en a beaucoup qui savent que c'est beaucoup de com derrière tout ça.
01:19 Et moi, j'ai le sentiment, non, que,
01:22 mais presque que ça va le rendre plus fort.
01:25 Je ne sais pas, il y a un truc,
01:26 un moment, et puis de toute façon, quand tu te marginalises un peu comme ça,
01:29 tu deviens, non pas parano, mais tu te sens persécuté.
01:31 Il y a une sorte de persécution, tu te dis,
01:33 de toute façon, tout le monde m'en veut,
01:34 j'ai toujours eu ce parcours, on m'en a toujours voulu.
01:37 Et tu te complais, tu continues,
01:40 on fait finalement d'avancer avec cette impression,
01:44 ce sentiment, finalement, d'être mis à l'écart.
01:47 Alors que la mise à l'écart, au départ,
01:49 ça vient souvent de ceux qui se sentent persécutés.
01:51 C'est lui qui se met à l'écart d'emblée,
01:52 en étant totalement contre la vaccination et que la règle, elle est là.
01:56 Point. C'est premier point.
01:58 Mais ça fait partie, je trouve, depuis toujours,
02:00 on a toujours rencontré dans le système des gens anti-système
02:04 qui finalement se disent en marge,
02:05 mais ce sont eux qui se marginalisent les premiers.
02:07 C'est ça, en fait, le truc.
02:09 Et à un moment, ça va,
02:10 ils pourraient très bien rentrer dans le rang,
02:13 classiquement, sans faire de vagues, sans faire de bruit,
02:16 en en faisant en tout cas beaucoup moins.
02:17 Et en effet, moi, je reviens encore sur le fait que la com lui joue des tours.
02:23 Cette com, elle lui joue des tours.
02:25 Et c'est terrible d'avoir pris ces photos avec des gamins
02:28 alors que tu as été positif de continuer ces interviews.
02:31 Dans le contexte actuel, c'est terrible.
02:34 Alors oui, elle éternit encore une fois son image,
02:36 mais un petit peu comme quand il avait organisé, c'était quoi le tournoi ?
02:39 - Adria Tour. - Adria Tour.
02:41 C'est exactement la même histoire.
02:43 C'est-à-dire qu'on est dans un contexte terrible
02:45 et on fait la teuf les uns sur les autres,
02:47 sans aucune distanciation,
02:48 pendant que la terre entière s'est arrêtée, en fait,
02:51 de bouger, de respirer.
02:54 C'est ces décalages-là qui sont terribles et qui font du mal.
02:57 Cette volonté d'essayer de redorer, comme on dit, son image,
03:00 tout ça, pour vous, c'est faux.
03:01 Il y a quand même une part d'humanité.
03:03 Ces larmes, on les a bien vues en finale du US Open.
03:05 Oui, là, je suis d'accord avec ce que j'allais dire.
03:06 Je pense que ça, ce n'était vraiment pas fake
03:08 parce que tout simplement, pour une fois, il avait tout un public derrière lui.
03:11 - Et vraiment... - Ça ne tombe pas au bon moment.
03:13 Ça ne tombe pas au bon moment, mais c'est un personnage clivant.
03:16 Et on s'en rend compte ces derniers jours, il a toujours été clivant.
03:19 Là, c'est pire que tout.
03:20 Déjà, vous savez que la nuance sur les réseaux sociaux,
03:23 ce n'est pas vraiment ce que l'on ressent le plus.
03:26 La nuance actuellement, en règle générale, dans la société,
03:30 ce n'est pas non plus une notion que l'on voit très souvent.
03:32 Donc, il y a les pros, il y a les anti.
03:34 Mais là, ça devient...
03:36 Il y avait déjà les pros et les anti au niveau de tennis.
03:38 T'es pro machin, t'es anti truc.
03:40 Si t'es pro Djoko, tu détestes les deux autres, etc.
03:43 Là, ça devient n'importe quoi.
03:46 C'est-à-dire que les pros de Djoko, ses fans,
03:48 seraient capables de lui pardonner n'importe quoi.
03:51 Il est un martyr, c'est une victime, c'est une honte.
03:54 Il est victime de...
03:55 Il a été martyrisé par le gouvernement australien, etc.
03:59 Et les anti Djoko, c'est l'inverse.
04:01 Il est arrivé illégalement.
04:04 C'est le pire personnage du monde, décidément.
04:07 Il ne fait que des horreurs et il devrait être banni à tout jamais du tennis,
04:11 comme l'a dit, je crois, un de nos confrères, notamment, il y a deux jours.
04:17 La vérité est sûrement entre les deux,
04:19 mais c'est vrai que c'est un personnage clivant, on ne peut pas dire autrement.
04:22 Et là, forcément, il arrive dans cette période de crise sanitaire
04:29 à l'être aussi sur ce sujet-là, pas uniquement sur le tennis,
04:32 ce qui est quand même dingue.
04:33 C'est-à-dire que là, ça fait deux ans que tout le monde s'écharpe
04:36 sur cette problématique du Covid, avec notamment le vaccin.
04:41 Et là, il va y avoir...
04:42 Moi, je pense, là, que sur le début de tournoi, s'il joue,
04:45 ça va être terrible pour avoir déjà assisté à quelques bagarres,
04:48 notamment entre Croates et Serbes, dans les travées du stade à Melbourne.
04:54 Les Grecs, parfois très chauds aussi, un peu alcoolisés, etc.
04:56 Là, on va avoir d'un côté les antivax,
04:59 il devient le porte-parole des antivax qui vont l'adorer, etc.
05:03 Les Serbes, la communauté serbe, à fond derrière lui,
05:06 il a forcément raison, c'est leur idole, etc.
05:08 Et d'un autre côté, on va avoir des gens,
05:10 des habitants de l'État du Victoria, de Melbourne, des melbourniens,
05:13 qui, eux, ont été confinés presque une année complète
05:16 et qui vont voir ce joueur avoir le droit de jouer
05:19 avec une exemption médicale alors qu'il n'est pas vacciné.
05:21 Vous imaginez les tensions que ça peut créer ?
05:24 Mais des vraies tensions, peut-être même dans le stade et peut-être même physiques.
05:28 Là, on va arriver à un moment où il est tellement clivant
05:32 que ça va peut-être mal se finir.
05:34 Donc, bon, voilà, peut-être qu'il y a eu aussi trop d'atterroiement
05:36 par rapport à son cas, mais...
05:39 On va carrément plus loin.
05:41 Son image, je veux dire une chose,
05:43 son image auprès de ceux qui l'aiment,
05:45 elle sera toujours la même, c'est-à-dire que c'est une idole,
05:47 il n'a jamais rien fait de mal, c'est quelqu'un de fabuleux.
05:49 Et auprès de ses attracteurs, elle va être de plus en plus dégradée, évidemment.
05:52 Il a quand même mis en danger la vie d'autrui en se présentant sans masque
05:55 devant les journalistes de l'équipe, devant les jeunes enfants.
05:58 Ça va au-delà de...
05:59 Oui, mais si tu regardes les réseaux sociaux,
06:01 les fans de Jokov, ils vont dire "mais il ne le savait pas,
06:05 il a eu le résultat actuel d'ici huit heures du soir".
06:06 Il le savait, il l'a reconnu face aux journalistes de l'équipe.
06:08 Il l'a reconnu.
06:09 On n'est même plus là dans le rationnel.
06:11 On n'est pas dans le rationnel.
06:12 Les gens qui l'aiment, il n'a aucun tort.
06:15 Aucun.
06:16 Laurent, ton avis sur la question ?
06:18 Quelle image ?
06:19 Comment va ressortir Djokovic de tout ça ?
06:22 J'allais dire exactement ce que Bertrand vient de dire à la fin de son propos,
06:26 c'est-à-dire que pour moi, ça ne changera pas grand-chose.
06:29 En tout cas, on va dire pour la communauté tennis, les fans de tennis.
06:32 C'est-à-dire que ceux qui détestaient déjà Novak Djokovic vont être confortés
06:38 dans l'image qu'ils ont du numéro un mondial.
06:43 En gros, plus que Clivent, c'est un mec pas clair, bidouilleur, tricheur, menteur,
06:53 pas franc du collier et inversement, ceux qui sont les pros de Joko,
06:58 ils vont également être confortés dans leur position,
07:02 qui est une position un peu presque clanique.
07:07 C'est-à-dire que ce côté "tout le monde lui en veut, le monde est contre lui,
07:14 il est seul contre tous, c'est un complot, il est persécuté".
07:18 C'est un petit peu le discours de la famille Djokovic,
07:22 alors qu'il est cent fois plus prononcé.
07:25 Je ne sais plus si c'est Arnaud ou Bertrand tout à l'heure
07:27 qui disaient que ce n'était pas une chance en termes de com'
07:29 d'avoir un entourage comme le sien.
07:31 C'est le moins qu'on puisse dire.
07:33 Cette conférence de presse, tout le jour, était surréaliste.
07:35 Et les prises de position notamment du père, mais aussi de la mère.
07:38 Son père qui a quand même comparé son fils à la crucifixion de Jésus-Christ,
07:44 là on crucifie Novak.
07:46 Et à Spartacus.
07:48 À Spartacus, il est le nouveau défenseur du monde libre.
07:52 Ce sont des propos qui sont quand même surréalistes.
07:54 Mais il a dit aussi clairement, son père, que pour lui,
07:56 si l'Australie faisait ça, c'est parce qu'il était Novak Djokovic
08:01 et parce qu'il était serbe, parce que la Serbie est un petit pays,
08:04 un pays pauvre, c'est ce qu'a dit son père.
08:06 Donc là, on est dans une forme de complot limite international.
08:10 La grosse différence là, et ce qu'on a vu entrer dans le jeu,
08:14 dans le débat pour ou contre Djokovic, c'est les antivax.
08:17 Parce que là, effectivement, il est sur un sujet qui dépasse le cadre du tennis.
08:21 C'est ça qui est incroyable, c'est que depuis des années,
08:23 il suscitait parfois la polémique, il est clivant.
08:26 Mais ça restait, même quand il se fait expulser, exclure à l'US Open,
08:31 ça reste des faits qui se passent sur un cours de tennis.
08:34 Là, on parle de tout, sauf de jeu, sauf de tennis.
08:38 Et donc là, je vois beaucoup de gens, effectivement,
08:40 chacun peut penser ce qu'il veut de cette histoire de Djokovic et du vaccin,
08:44 mais qui se foutent complètement du tennis et du joueur Novak Djokovic,
08:47 mais qui viennent clairement essayer de le récupérer.
08:50 Lui, je pense qu'il est trop intelligent pour entrer dans ce jeu-là.
08:54 Lui, son discours, c'est de dire, voilà, moi, j'ai mes convictions,
08:56 ma conception, mon rapport au vaccin, à la science d'une manière générale,
09:01 ce qui aurait beaucoup à dire aussi là-dessus.
09:03 Je pense qu'il restera en dehors de ça.
09:05 Moi, si j'ai un regret, c'est que je pense que Novak Djokovic,
09:08 c'est une personnalité qui est très complexe,
09:10 et c'est ce qui rend le personnage passionnant.
09:14 Et il mérite mieux que cette vision très binaire de ce qu'il est,
09:19 de ce qu'il peut faire et de ce qu'il peut dire,
09:21 c'est-à-dire où c'est une ordure,
09:23 où c'est le défenseur du monde libre qui est persécuté.
09:25 Donc malheureusement, c'est vrai que c'est difficile d'avoir de la nuance,
09:29 et ça l'est d'autant plus là qu'encore une fois,
09:31 je pense que toute la lumière n'a pas été faite sur tous les éléments de ce dossier.
09:36 dossier.

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