Masia, mercato, Messi tout-puissant : Comment le Barça a dilapidé son fantastique héritage

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FC STREAM TEAM - Comment le Barça en est-il arrivé là ? Au sommet de l'Europe et du jeu sous Pep Guardiola, le FC Barcelone n'est aujourd'hui que l'ombre de lui-même Nos journalistes Martin Mosnier et Maxime Dupuis tentent de vous expliquer pourquoi. Retrouvez le podcast de l'émission sur toutes les bonnes plateformes d'écoute.

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Transcript
00:00 On reste évidemment dans les grands clubs européens.
00:04 Après Marseille, on va passer de l'autre côté des Pyrénées et du côté du FC Barcelone.
00:09 Parce que la Liga a repris depuis maintenant quelques jours
00:13 et elle a repris aussi mal qu'elle s'était achevée pour le FC Barcelone.
00:17 Alors ce n'est pas forcément des défaites, ce n'est pas forcément des matchs nuls,
00:20 mais il y a quand même un Barcelone qui se cherche,
00:22 un Barcelone qui n'est plus que l'ombre de lui-même,
00:25 un Barcelone, Maxime, qui fait presque peine à voir.
00:28 Il y a deux manières de voir les choses, de dire que le Barça ne prend pas de but.
00:31 Et il y a aussi l'autre manière, c'est de dire que le FC Barcelone en marque très peu.
00:35 Et on peut prendre évidemment le dernier exemple en date,
00:38 qui était le match face à Bilbao au Camp Nou.
00:42 C'était d'une tristesse absolue et comme tu l'as dit, Martin,
00:45 on retrouve un peu le FC Barcelone tel qu'on l'avait quitté.
00:48 C'est rassurant et inquiétant en même temps,
00:51 parce que ça prouve que les choses n'ont pas changé
00:53 et qu'on ne peut pas changer non plus les choses en claquant des doigts
00:56 ou en mettant les joueurs de côté pendant deux mois, deux mois et demi.
01:00 Là, ce match contre Bilbao, franchement, qu'il se termine à un zéro,
01:04 on ne va pas dire que c'est un miracle, mais on n'en est pas loin.
01:06 Et notamment le but, parce que déjà c'est un but de Rakitic
01:09 qui n'avait pas encore marqué cette saison.
01:11 Et si vous voyez l'action, c'est ce qu'on a vu à peu près pendant la globalité du match.
01:15 C'est-à-dire un entonnoir, ça va dans l'axe
01:18 et le ballon se retrouve dans les pieds de Rakitic
01:20 parce que Messi est en temps de dribble, qui est contré, qui est mal ajusté.
01:24 Voilà, donc c'est difficile d'être optimiste pour ce FC Barcelone,
01:30 parce qu'en face il y a le Real, alors le Real n'est pas forcément non plus sur des matchs dingues.
01:33 Il y a toujours des polémiques autour de ces matchs ces derniers temps.
01:37 Mais quand même, il y a de quoi être inquiet parce que le Barça,
01:39 de toute manière, quoi qu'il advienne cette fin de saison,
01:43 ça n'est qu'une lente descente sinon aux enfers, une lente décrépitude,
01:47 ce qui est quand même inquiétant.
01:48 Et on se demande, Martin, à quel moment l'FC Barcelone va enfin se réinventer ?
01:54 Ce qui est sûr, c'est que depuis le départ de Pep Guardiola, globalement, si on schématise,
01:58 c'est un Barça qui ne fait que descendre une pente.
02:02 Alors, il y a eu effectivement des titres entre-temps, notamment en Espagne,
02:05 une Ligue des Champions aussi.
02:07 Malgré tout, on est sur un Barcelone qui s'est complètement coupé de ses racines.
02:12 On va prendre trois époques, parce que pour moi, ça se joue en trois temps.
02:16 Il y a la première époque avec Villanova, l'ancien adjoint de Guardiola,
02:20 qui prend les rênes juste après que Pep s'en aille.
02:22 Puis, Tata Martino, avec Villanova, on a un Barça qui reste sur du tiki-taka,
02:28 beaucoup de jeux de passes de la possession, mais ça devient stérile.
02:31 Je me souviens d'un match face au Celtic Glasgow, une défaite face au Celtic Glasgow,
02:35 où le Barça avait eu le ballon 89% du temps,
02:38 ce qui signifiait quand même une certaine inefficacité dans ce jeu très horizontal.
02:44 Ensuite, Tata Martino prend les rênes.
02:45 Alors, il y a aussi une défaite en demi-finale de la C1, un 7-0 sur deux matchs face au Bayern Munich.
02:51 C'est un traumatisme pour le FC Barcelone.
02:53 Tata Martino arrive et la révolution !
02:55 Pour la première fois depuis 316 matchs,
02:58 le FC Barcelone termine une rencontre de Liga avec 49% de possession,
03:04 donc moins que son adversaire.
03:05 C'était lors d'une victoire face au Rayo Vallecano,
03:08 mais bref, il y a quelque chose qui se brise.
03:11 On met fin à l'héritage.
03:12 On est loin de Cruyff, on est loin de Guardiola, on est même loin de Reichskardt.
03:15 Vous voyez cette filiation sur les plus belles heures du Barça
03:20 et on voit que le football se construit sur cette filiation-là.
03:22 Et là, on rompt cet héritage-là et on va vers autre chose, Maxime,
03:27 avec la période 2014-2017 qui, elle, est plus marquée par la MSN,
03:33 par l'arrivée de Neymar et de l'individualisme.
03:35 Voilà, et à ce moment-là, on sait que le point d'or, c'est 2015,
03:39 victoire en finale de la Ligue des Champions à Berlin face à la Juventus.
03:42 Et c'est quoi ce FC Barcelone ?
03:44 C'est un FC Barcelone qui finalement, on se dit à ce moment-là,
03:47 il a su se réinventer et il a su se réinventer.
03:49 Si on ne gagne pas la Ligue des Champions par hasard,
03:51 c'est-à-dire qu'il y a l'héritage de Guardiola qui est là,
03:53 évidemment, parce que c'est l'ADN du club depuis Cruyff.
03:56 Ça, ça ne peut pas complètement changer,
03:58 surtout que les joueurs, finalement, ne changent pas beaucoup.
04:00 On a toujours les mêmes têtes pensantes du jeu.
04:02 Mais Luis Henrique a l'intelligence de s'adapter à sa MSN
04:06 et de rendre le jeu un peu moins horizontal et beaucoup plus vertical.
04:10 Donc, c'est une équipe beaucoup plus tueuse,
04:12 ce qui ne l'empêche pas de jouer formidablement bien.
04:14 Donc, ça fonctionne et on se dit,
04:16 ils ont réussi à avoir une deuxième jeunesse,
04:20 parce que ce n'est pas forcément évident.
04:22 Le FC Barcelone de Guardiola, ça démarre à l'été 2008.
04:25 On est en 2015 à ce moment-là.
04:27 Sept ans, c'est énormissime.
04:29 Et pourtant, une réussite.
04:30 Et malheureusement, les lendemains vont un peu déchanter,
04:33 parce qu'on sait aussi que la suite, c'est, au niveau européen,
04:35 le seul qui compte vraiment et qui est vraiment révélateur.
04:39 Parce qu'au niveau de la Ligue, que le Barça,
04:41 je vais être un peu caricatural,
04:44 il y a beaucoup plus de matchs qu'il en perd.
04:46 C'est normal, vu les écarts qu'il y a entre les deux équipes.
04:48 Mais au moment du révélateur, il se trouve que c'est le Real Madrid
04:51 qui met la main sur la Ligue des Champions
04:53 et ce Barça qui commence à peiner au plus haut niveau européen.
04:56 Et ce n'est pas pour rien, Martin.
04:58 Mais même dans la période où ils ont gagné la Ligue des Champions,
05:02 il y a quand même deux ou trois petits indicateurs
05:04 qui nous font dire que le Barça ne file pas forcément du mauvais coton.
05:10 Déjà, il y a beaucoup moins de joueurs qui sortent de la Masia,
05:13 non plus.
05:14 Sergi Roberto, c'est un des derniers.
05:16 C'est un arrière-droit, donc ce n'est pas vraiment l'ADN du club catalan.
05:19 Ce n'est pas l'arrière-droit non plus flamboyant.
05:21 Il y en a qui s'en vont.
05:23 Thiago Alcantara, il vende Thiago Alcantara,
05:25 il vende Seix Fabregas.
05:27 Et le centre de gravité de Barcelone qui avance,
05:29 c'était Xavi, Iniesta, Busquets, c'était Signeau de terrain,
05:31 se déplace vers l'attaque, vers beaucoup plus d'individualisme.
05:34 Et donc, on est moins dans une symphonie,
05:36 on est plus dans du solo.
05:38 Et alors, 2017, là c'est le pompon.
05:40 On rentre dans l'ère des transferts records.
05:42 Neymar s'en va, Coutinho arrive, Dembele arrive,
05:45 puis il y aura Griezmann après,
05:47 donc des transferts à coups de centaines de millions.
05:49 Le Barça ne forme plus, mais va acheter les meilleurs joueurs du monde
05:52 dans les clubs extérieurs.
05:54 Ça ne marche pas parce qu'il y a une greffe à faire avec le FC Barcelone.
05:57 Si certains y arrivent, comme Daniel Alves ou Luis Suarez,
06:00 ça ne marche pas pour tout le monde, loin de là.
06:02 Et puis, on entre dans l'ère des joueurs tout-puissants
06:05 avec des entraîneurs qui démissionnent complètement.
06:08 Je suis un peu dur avec Valverde, mais c'est un peu ce qui s'est passé.
06:11 On donne les clés à Messi, on donne aussi les clés à Piqué,
06:14 c'est-à-dire qu'on ne va pas recruter un défenseur central de très grosse envergure.
06:17 On va chercher des petits Frenchies, des Umtiti, des Langlès,
06:19 mais on ne va pas chercher le défenseur central qui fera autorité
06:21 pour ne pas faire ombre à Piqué,
06:23 qui connaît des moments ultra compliqués,
06:25 mais qui restent malgré tout sur le terrain.
06:27 Je sais que c'est ton grand combat à un moment, Maxime,
06:30 ça a été ton grand combat.
06:31 C'est vrai que Piqué a complètement baissé la tête.
06:33 On a un axe Piqué-Busquets-Messi qui gère le terrain,
06:36 et ce n'est pas bon quand ce ne sont que les joueurs qui dirigent le club.
06:42 On a un recrutement complètement foireux.
06:44 On pense à Malcom.
06:45 Au-delà de Griezmann, Coutinho, Dembélé,
06:47 on a des Malcom, on a des Brest-Waite,
06:49 on a des Paulinho, des Vidal,
06:51 qui ne correspondent pas du tout à l'archétype du milieu barcelonais.
06:55 Et finalement, on fait le deuil de cette équipe du Barça,
06:58 avec Valverde, avec là aussi un jeu quasiment de contre.
07:01 C'est quasiment un jeu de contre, l'UFC Barcelone,
07:03 c'est-à-dire qu'on donne la balle à Messi pour qu'il fasse un peu ce qu'il veut.
07:05 Et aujourd'hui, on se retrouve face à tout cet héritage depuis quelques années,
07:10 avec un Messi qui est absolument seul sur le terrain,
07:12 qui est très bon, il n'y a pas de problème,
07:14 mais il était déjà très bon sous Guardiola.
07:16 Et si vous voulez, c'était la finalité.
07:17 Il y avait un collectif qui était absolument parfait,
07:19 avec Messi qui le sublimait,
07:21 et là on a un Messi avec au-dessus de lui une chape de plomb,
07:24 un collectif qui ne s'en sort pas, les torts sont partagés.
07:26 On a un président qui est complètement absent des débats,
07:28 qui fait n'importe quoi.
07:29 Une direction sportive qui fait n'importe quoi au niveau des transferts.
07:31 Griezmann, c'est le meilleur exemple.
07:33 Bref, on arrive à ce constat que le FC Barcelone n'est plus que l'ombre du génial club,
07:37 du plus grand club qu'il était au XXIe siècle,
07:39 et aujourd'hui il commence la nouvelle décennie très très mal.
07:42 Et du coup, ce qui se passe, c'est que tu parlais de Messi,
07:45 il devient un petit peu, à sa manière, j'exagère sur le terme, un peu toxique.
07:49 C'est-à-dire qu'il prend moins bien ce qui se passe,
07:51 on sait qu'il voulait Neymar, il a eu Griezmann,
07:54 ce qui lui allait sans doute bien, mais il n'y avait pas Neymar.
07:58 Donc c'était vraiment le problème.
07:59 Donc en gros, il s'enfonce un peu dans sa bouderie, sa manière de penser,
08:03 par rapport à une direction, comme tu l'as dit, qui est absente aujourd'hui.
08:06 Et c'est un peu comme disait un ancien président de la République française,
08:09 qui s'appelle Jacques Chirac, qui disait que les emmerdes, quand elles volent,
08:12 elles volent en escadrille.
08:13 C'est exactement ça.
08:14 Il n'y a plus rien qui va.
08:15 Il ne sort plus un jeune, il se plante sur le marché des transferts.
08:18 Sur le terrain, les joueurs vieillissent.
08:21 Tu donnais l'exemple de Piqué.
08:22 Moi je l'aime beaucoup, j'ai adoré ce joueur-là,
08:24 mais à un moment, il faut aussi penser à la suite,
08:26 et on a l'impression que ça ne bouge pas tant que Piqué n'aura pas décidé.
08:29 Mais c'est quand même Piqué qui allait récupérer Rakuten sur le maillot du Barça.
08:33 C'est quand même lui qui est à l'origine de cette énormité.
08:35 C'est dire tout le pouvoir qu'il a.
08:36 Et ce n'est pas bon !
08:37 Parce que comment le sortir du 11 après ?
08:39 Comment tu veux le sortir ?
08:40 Le mec qui te ramène un sponsor à 55 millions d'euros sur le maillot.
08:43 Le problème, c'est que chacun fait son métier.
08:45 C'est-à-dire que peut-être que l'année prochaine, il deviendra président du UFC Barça.
08:48 Mais c'est ça, c'est ça son objectif.
08:49 Mais c'est peut-être la meilleure solution.
08:51 Et puis, vous vous souvenez-vous de cette histoire sur les réseaux sociaux
08:56 avec la présidente du Barça et les joueurs ?
08:58 C'est une histoire complètement dingue.
09:00 Ils auraient payé quelqu'un, une agence je crois, pour dénigrer les joueurs et surveiller.
09:05 Il y a un truc qui ne va pas dans cette histoire de A à Z et le lien est rompu.
09:10 En fait, la meilleure chose qui pourrait arriver au Barça, c'est des élections anticipées.
09:14 Parce qu'il faut encore attendre un an, et un an c'est très long.
09:17 J'ai du mal à imaginer qu'il se passe quelque chose de formidable cet été sur le marché transfert.
09:22 Parce qu'on va rentrer dans une période électorale où ce n'est jamais très propice au changement.
09:27 [Générique]
09:30 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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