• l’année dernière
Les députés examinent une proposition de loi pour faciliter la mise en oeuvre des objectifs de "zéro artificialisation nette » (ZAN), mesure phare de la loi « Climat et résilience » votée en 2021, qui vise à réduire progressivement la consommation des terres agricoles et d'espaces naturels. Cet objectif « ZAN » demande aux territoires de réduire de 50 % le rythme d'artificialisation et de la consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers d'ici 2030 par rapport à la consommation mesurée entre 2011 et 2020. Retrouvez l'essentiel de cette discussion sur LCP Assemblée nationale

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Transcription
00:00:00 L'ordre du jour rappelle la discussion après engagement
00:00:02 de la procédure accélérée de la proposition de loi
00:00:05 adoptée par le Sénat visant à renforcer l'accompagnement
00:00:07 des élus locaux dans la mise en oeuvre de la lutte
00:00:09 contre l'artificialisation des sols.
00:00:12 La parole est à M. Christophe Béchut,
00:00:13 ministre de la Transition écologique
00:00:15 et de la Cohésion des territoires.
00:00:17 (Applaudissements)
00:00:19 (...)
00:00:26 -Bonjour, madame la présidente. Vous allez bien ?
00:00:28 Pardonnez-moi, parce que quelqu'un est de retard.
00:00:30 La porte.
00:00:31 Madame la présidente,
00:00:34 messieurs les rapporteurs,
00:00:40 mesdames et messieurs les députés,
00:00:44 je suis très heureux de vous retrouver ce matin
00:00:48 dans cet hémicycle pour l'examen de cette proposition
00:00:50 qui vise à renforcer l'accompagnement des élus locaux
00:00:52 dans la mise en oeuvre de la lutte
00:00:55 contre l'artificialisation des sols.
00:00:58 Peu de sujets concentrent finalement autant d'enjeux.
00:01:02 Lutter contre l'artificialisation des sols,
00:01:06 c'est lutter contre l'érosion de la biodiversité.
00:01:12 L'artificialisation n'est la 1re cause.
00:01:16 Lutter contre l'artificialisation des sols,
00:01:19 c'est lutter contre le dérèglement du cycle de l'eau
00:01:22 qui fait qu'un sol artificialisé ne joue plus son rôle,
00:01:26 ne permet pas à l'infréatique de se remplir
00:01:29 et accélère les phénomènes de ruissellement.
00:01:33 Lutter contre l'artificialisation des sols,
00:01:35 c'est s'inscrire dans un combat
00:01:38 contre le dérèglement climatique,
00:01:39 puisqu'un sol artificialisé ne stocke pas de CO2.
00:01:43 Lutter contre l'artificialisation des sols,
00:01:45 c'est préserver la souveraineté de notre pays
00:01:47 en faisant précisément en sorte que nous puissions conserver
00:01:50 des espaces pour notre agriculture,
00:01:52 pour notre souveraineté alimentaire,
00:01:55 dans un contexte où on voudrait lui faire porter
00:01:57 beaucoup de choses, mais où la réalité est différente.
00:02:00 Depuis 1981,
00:02:02 ce sont 2 millions d'hectares
00:02:06 qui ont été artificialisés.
00:02:08 Dit autrement, nous avons plus artificialisé notre pays
00:02:11 en 50 ans qu'en 500 ans.
00:02:13 Et ça n'est pas corrélé à une hausse de la population.
00:02:16 Nous l'avons tant achevé que nos voisins,
00:02:18 quand on regarde le nombre de mètres carrés artificialisés
00:02:20 rapportés par habitants.
00:02:22 Face à cette urgence,
00:02:24 le Parlement, votre Assemblée et le Sénat
00:02:28 ont adopté une trajectoire de zéro artificialisation nette
00:02:31 dans le cadre de la loi Climat et Résilience,
00:02:34 avec un double engagement.
00:02:36 Divisé par 2 sur la décennie dans laquelle nous sommes
00:02:40 d'ici 2031, la consommation d'espaces naturels,
00:02:43 agricoles et forestiers,
00:02:46 ce qui veut dire prolonger une baisse déjà observée
00:02:50 de la consommation d'espaces naturels
00:02:51 avec un effort supplémentaire pour s'en tenir
00:02:53 à un objectif moyen de consommation
00:02:55 de l'ordre de 12 500 hectares par an.
00:02:59 Et je veux souligner que la loi n'a pas créé une rupture
00:03:05 dans les pratiques d'aménagement.
00:03:07 Elle amplifie une tendance
00:03:09 et demande un effort supplémentaire,
00:03:11 mais un effort limité.
00:03:13 La marche d'après, ce sera bien celle qui consistera
00:03:17 à partir de 2050, dans 30 ans,
00:03:21 de parvenir à un usage des sols de zéro artificialisation nette,
00:03:25 donc à faire le solde entre les surfaces
00:03:27 nouvellement artificialisées, les surfaces rendues à la nature,
00:03:30 mais j'ai parfois l'impression, à la lumière de certains débats,
00:03:34 que certains font comme si cet objectif était déjà entré
00:03:38 en vigueur.
00:03:39 Je précise aussi que nous ne sommes pas seuls,
00:03:42 que bon nombre de nos partenaires européens
00:03:45 ont d'ores et déjà adopté des mesures
00:03:47 pour limiter cette artificialisation
00:03:50 et que cet objectif de l'horizon 2050
00:03:54 d'une zéro artificialisation nette
00:03:58 est partagé.
00:04:00 Notre objectif constant depuis le début,
00:04:01 c'est garantir l'application et le respect de cette trajectoire,
00:04:05 à la fois parce qu'elle est issue d'un vote
00:04:07 de la représentation nationale, un vote large,
00:04:10 et garantir l'application et le respect de cette trajectoire
00:04:12 parce qu'elle est indispensable pour toutes les raisons
00:04:14 que je viens d'évoquer.
00:04:16 Mais le faire en privilégiant le dialogue
00:04:19 et la concertation avec les élus locaux.
00:04:21 Vous le savez, c'est l'esprit que nous avons suivi
00:04:24 depuis le début, et en particulier
00:04:26 lors du 1er passage de ce texte,
00:04:29 souhaité par le Sénat pour défendre
00:04:31 les mesures de bon sens et de facilitation.
00:04:35 Avec, dans le même temps,
00:04:38 la volonté que cette Assemblée puisse éviter des dispositions
00:04:42 qui videraient de leur substance
00:04:45 la trajectoire de sobriété foncière.
00:04:48 De ce point de vue, le texte qui a été voté au Sénat
00:04:51 nous paraît améliorable.
00:04:55 Trop de dispositions incluses viennent
00:04:58 compromettre la crédibilité de cette trajectoire.
00:05:01 Nous nous sommes efforcés, avant que ce texte
00:05:03 ne commence son examen à l'Assemblée nationale,
00:05:05 de mener de nouvelles concertations approfondies
00:05:08 avec les associations d'élus, en particulier
00:05:10 avec l'Association des maires de France,
00:05:12 pour tenter de trouver le chemin du consensus
00:05:15 dont notre pays a besoin sur cette question.
00:05:18 Je tiens à rappeler les mesures de bon sens,
00:05:21 de facilitation avec lesquelles nous sommes en accord
00:05:23 depuis le début, mais qui nécessitent
00:05:27 que nous puissions remettre sur le métier
00:05:30 l'ouvrage législatif.
00:05:31 D'abord, la prise en compte de la renaturation avant 2031.
00:05:35 Ensuite, la mise en place de nouveaux outils
00:05:38 pour aider les communes à pouvoir mieux maîtriser
00:05:42 les projets dans cette même décennie.
00:05:44 A délai d'une extension du droit de préemption,
00:05:47 ou grâce à la mise en place de périmètres de sursis estatués.
00:05:50 Communiquer les données pour que les communes puissent
00:05:54 mieux mesurer les effets de l'artificialisation
00:05:57 et réagir.
00:06:00 Donner la possibilité aux communes littorales
00:06:02 d'anticiper le recul du trait de côte.
00:06:05 Et puis, 2 dispositions,
00:06:07 cruciales dans ces discussions législatives,
00:06:10 la prise en compte des grands projets nationaux
00:06:11 et le principe d'une garantie rurale.
00:06:14 La 1re difficulté est que certains grands projets de l'Etat,
00:06:17 je pense à des infrastructures majeures,
00:06:19 comme le canal Seine-Nord-Europe,
00:06:21 consomment beaucoup d'espace à l'échelle d'une région
00:06:23 et de très nombreuses demandes convergent
00:06:26 pour compter à part ces grands projets.
00:06:28 J'y suis favorable, à la condition que cela ne remette pas en cause
00:06:32 l'objectif de réduction de 50% de consommation
00:06:36 d'espaces naturels, agricoles et forestiers.
00:06:40 Pour tout cela, il me semble nécessaire
00:06:42 que cette liste de grands projets reste définie par l'Etat,
00:06:46 qu'une péréquation entre les régions
00:06:47 permette globalement de s'assurer du respect de l'objectif.
00:06:50 Et puis, j'allais dire à l'autre bout du spectre,
00:06:54 il convient, en ce qui concerne la garantie rurale,
00:06:58 que les communes puissent bénéficier
00:07:01 d'une sorte d'espérance ou de droit au projet.
00:07:06 Le principe de la garantie rurale est partagé par le gouvernement.
00:07:09 La question qui se posera ici,
00:07:11 ce sera la manière dont elle doit être ciblée,
00:07:12 notamment pour faire en sorte qu'elle bénéficie
00:07:14 de manière effective aux communes rurales
00:07:16 et aux communes peu denses, de manière générale.
00:07:23 L'examen du texte en commission a permis de rééquilibrer
00:07:25 le texte qui était parvenu du Sénat,
00:07:27 en révoyant au décret les dispositions
00:07:29 qui relevaient du réglementaire afin de pouvoir centrer
00:07:31 nos discussions sur les dispositions
00:07:34 qui relèvent strictement du domaine de la loi
00:07:36 et pour lesquelles nous avons besoin d'un texte
00:07:39 si nous considérons que le ZAN est perfectible.
00:07:42 Mesdames et messieurs les députés,
00:07:45 le texte issu de la commission est un texte de compromis
00:07:48 qui permet à la fois d'adopter les dispositions
00:07:51 et les ambitions de la loi Climat et Résilience,
00:07:53 mais d'essayer de mieux tenir compte
00:07:54 de la réalité des territoires
00:07:55 et des remontées de terrain que nous avons eues.
00:07:58 Parvenir à un consensus sur un sujet aussi ambitieux,
00:08:01 c'est en rien un annoncement,
00:08:03 c'est assumer l'idée qu'une ambition écologique forte
00:08:06 doit passer par une capacité à entraîner
00:08:09 la majeure partie de nos concitoyens
00:08:10 et de nos territoires.
00:08:11 Ca va être toute l'ambition des heures qui nous attendent
00:08:15 et du chemin que nous avons à construire avec un objectif,
00:08:18 qui est de ne pas quitter cet hémicycle sans accord,
00:08:22 parce que l'enjeu, c'est bien d'avoir un dispositif
00:08:24 qui soit opérant avant le milieu du mois de juillet
00:08:28 avec une CMP conclusive qui permette de faire en sorte
00:08:30 de répondre aux attentes de ces milliers de maires
00:08:32 partout sur le territoire,
00:08:34 qui nous demandent quelques assouplissements
00:08:35 et qui ont été relayés par la Haute Assemblée,
00:08:38 pour lesquels nous allons faire en sorte
00:08:39 de trouver une réponse appropriée.
00:08:40 Merci beaucoup pour votre attention
00:08:42 et je me réjouis de ces débats qui commencent.
00:08:44 -Merci, M. le ministre.
00:08:47 La parole est à M. Bastien Marchiv,
00:08:49 rapporteur de la Commission des affaires économiques,
00:08:51 et pour 5 minutes.
00:08:53 ...
00:09:06 -Madame la présidente, M. le ministre,
00:09:10 M. le rapporteur pour avis, chers collègues,
00:09:13 depuis plusieurs décennies, la France construit chaque année
00:09:16 l'équivalent de 2 à 3 fois la ville de Paris
00:09:17 sur ses espaces naturels.
00:09:19 Ca fait de nous le plus mauvais élève européen
00:09:21 en termes de sobriété foncière.
00:09:23 A titre de comparaison,
00:09:25 nous avons consommé 15% de terres en plus que l'Allemagne,
00:09:27 qui est pourtant bien plus peuplée,
00:09:29 57% de plus que le Royaume-Uni
00:09:31 qui a une population semblable.
00:09:34 On pourrait se dire "et alors ?"
00:09:36 Mais ce serait renier le réchauffement climatique
00:09:38 et la capacité qu'ont nos sols à capter le CO2.
00:09:41 Ce serait aussi ne pas tenir compte
00:09:42 de l'érosion de la biodiversité
00:09:44 ou de la perturbation du cycle de l'eau
00:09:46 que l'artificialisation implique.
00:09:48 Sans oublier que ce sont nos terres
00:09:50 qui sont les garantes de notre souveraineté alimentaire.
00:09:53 Alors, quand il y a 2 ans,
00:09:54 notre Assemblée a voté la loi climat
00:09:57 et une trajectoire de réduction de l'artificialisation,
00:09:59 elle a fait preuve d'un esprit de responsabilité.
00:10:02 Il ne s'agit pas aujourd'hui de revenir sur ses ambitions
00:10:05 qui ne sauraient que demeurer intactes.
00:10:07 Nous voilà donc à cap clair.
00:10:10 Diminuer par 2 la consommation des espaces naturels,
00:10:13 agricoles et forestiers sur les 10 prochaines années
00:10:15 et aboutir à ce qu'on appelle désormais
00:10:17 le zéro artificialisation net à horizon 2050.
00:10:21 Mais des questions se posent.
00:10:23 Comment garantir que les grands projets de demain aboutissent ?
00:10:27 Comment mieux accompagner les communes,
00:10:28 en particulier rurales, pour atteindre ces objectifs ?
00:10:31 En bref, comment faire pour que construire mieux
00:10:33 ne soit pas synonyme de ne plus construire ?
00:10:36 C'est tout l'enjeu de ce texte d'y répondre
00:10:38 en permettant de décliner ces objectifs
00:10:40 au sein des territoires.
00:10:41 Car ce sont bien eux qui sont compétents pour le faire
00:10:43 et en sont les chevilles ouvrières
00:10:45 dans leurs documents d'urbanisme
00:10:47 que sont les SRADET, SCOT, PLU, PLUI, PADUK et autres
00:10:50 dont nous parlerons beaucoup aujourd'hui dans nos débats.
00:10:54 Nombre de collectivités locales ont pu faire part de leurs craintes,
00:10:57 à la fois de ne plus pouvoir se développer,
00:10:59 mais aussi que la ruralité soit la grande oubliée,
00:11:02 que les bons élèves soient pénalisés
00:11:04 ou encore d'un déficit d'ingénierie
00:11:05 qui ne leur permettrait pas de faire face
00:11:07 aux coûts et à l'expertise
00:11:09 qu'implique la mise en oeuvre de ces objectifs.
00:11:12 C'est pour répondre à ces alertes
00:11:13 que le ministre a pris la décision
00:11:15 de suspendre les décrets d'application,
00:11:16 s'ouvrir alors une période de réflexion et de concertation
00:11:20 avec l'ensemble des acteurs concernés
00:11:22 que nous avons rencontrés, auditionnés,
00:11:24 au premier rang desquels les associations d'élus, évidemment,
00:11:26 mais aussi les associations environnementales,
00:11:28 nos agriculteurs, nos promoteurs,
00:11:29 acteurs du logement, du monde économique
00:11:31 et plus globalement tous ceux qui sont concernés
00:11:34 par ces objectifs ambitieux que nous portons.
00:11:37 Alors à nous de faire en sorte qu'avec ce texte,
00:11:39 il soit entendu.
00:11:41 Et comme rapporteur, j'aimerais vous partager
00:11:42 les 3 grands principes qui ont guidé mes travaux.
00:11:45 D'abord, maintenir le cap des ambitions environnementales
00:11:48 voulues par la Convention citoyenne pour le climat
00:11:51 lorsqu'elle nous inspirait le texte du 22 août 2021 dernier.
00:11:55 La protection des sols constitue en effet
00:11:56 l'un des piliers de la transition environnementale
00:11:58 et l'heure n'est plus à revenir sur de tels objectifs
00:12:00 seulement 2 ans après les avoir adoptés
00:12:02 et alors même qu'ils commencent seulement à être déclinés.
00:12:06 Ensuite, tenir compte de la particularité française.
00:12:08 Je veux parler de ces villages et de ces paysages
00:12:10 auxquels nous sommes tous attachés
00:12:11 en veillant à la justice territoriale
00:12:13 dans la répartition des droits à construire.
00:12:16 Ce n'est qu'ainsi, en confiance et dans le respect
00:12:18 de la liberté des élus locaux que nous y parviendrons.
00:12:21 Et c'est pourquoi il vous sera proposé
00:12:22 de consacrer une garantie rurale, un sursis à statuer
00:12:25 ou encore d'accompagner la mise en oeuvre
00:12:27 de projets d'intérêts régionaux ou intercommunaux.
00:12:30 Enfin, pour la transition environnementale
00:12:32 et pour notre souveraineté, garantir la réalisation
00:12:35 des grands projets d'envergure nationale
00:12:37 qui justifient de par leur objet et leur ampleur
00:12:40 que l'effort en découlant soit solidairement partagé
00:12:43 sans que cela ne se fasse au dépens du cap fixé.
00:12:47 Le travail que nous avons mené conjointement
00:12:48 en Commission des affaires économiques
00:12:50 s'inscrit dans cette logique et j'appelle de mes voeux
00:12:52 qu'il en soit également ainsi dans le cadre de nos débats.
00:12:55 Alors, chers collègues, à ceux qui s'inquiéteraient
00:13:00 pour l'atteinte de nos objectifs environnementaux,
00:13:03 je veux dire que nos ambitions sont intactes
00:13:06 et qu'ils sont bel et bien respectés.
00:13:08 A ceux qui redouteraient le blocage des projets décisifs
00:13:11 pour l'avenir de notre pays,
00:13:12 je veux dire qu'ils sont ici sécurisés.
00:13:15 Et à ceux qui craindraient pour le développement
00:13:16 des communes rurales,
00:13:18 je veux dire que nous l'avons ici garanti.
00:13:21 La proposition de loi telle que nous l'avons adoptée
00:13:22 en commission et qui vous est ici présentée
00:13:24 respecte ces grands équilibres.
00:13:26 Il nous appartient désormais collectivement
00:13:28 de les préserver. Je vous remercie.
00:13:30 -Merci, monsieur le rapporteur.
00:13:35 La parole est à monsieur Lionel Causs,
00:13:38 rapporteur pour avis de la Commission
00:13:40 du développement durable et de l'aménagement
00:13:41 des directoires, et pour 5 minutes.
00:13:43 -Merci, madame la présidente, monsieur le ministre,
00:13:53 mesdames, messieurs les présidents de commission,
00:13:55 monsieur le rapporteur, cher Bastien,
00:13:57 chers collègues.
00:13:58 La proposition de loi visant à renforcer
00:14:01 les élus locaux dans la mise en oeuvre
00:14:03 de la lutte contre l'artificialisation
00:14:04 que nous examinons à partir de ce matin
00:14:07 s'inscrit dans la trajectoire que nous sommes fixées
00:14:11 concernant la sobriété foncière.
00:14:13 Je tiens à vous rappeler qu'en 2011,
00:14:15 la Commission européenne a inscrit
00:14:17 dans sa feuille de route la sobriété foncière,
00:14:19 en particulier le ZAN en 2050,
00:14:21 comme étant un objectif pour tous les Etats membres.
00:14:25 En 2016, la loi biodiversité a transféré
00:14:28 la compétence sobriété foncière aux régions
00:14:30 à travers les stradètes.
00:14:32 Et enfin, en 2021, dans la loi climat et résilience,
00:14:36 nous avons revalidé ces objectifs
00:14:38 et nous avons commencé à définir un 1er calendrier.
00:14:42 Calendrier basé sur une décennale 2021-2031
00:14:45 avec un objectif, comme ça vient d'être dit,
00:14:48 de diviser par 2 la consommation des ZNF
00:14:51 que nous avons, je dirais, consommé entre 2011 et 2021.
00:14:55 Entre 2011 et 2021, nous avons consommé 250 000 hectares,
00:14:59 ce qui veut dire quasiment un petit peu plus
00:15:00 de 2 fois la ville de Paris par an.
00:15:03 Il est donc demandé aujourd'hui, sur la décennale en cours,
00:15:05 d'en consommer 125 000,
00:15:07 c'est-à-dire encore un petit peu plus d'une fois
00:15:09 la ville de Paris par an.
00:15:10 Donc ce projet de loi s'inscrit dans les modalités,
00:15:13 les déclinaisons, la territorialisation,
00:15:16 afin d'atteindre ces objectifs.
00:15:18 Je tiens à rappeler, si on prend des durées
00:15:20 un petit peu plus longues, que depuis 1982,
00:15:24 l'artificiation des sols a augmenté de 72 % dans notre pays,
00:15:27 tandis que la population elle-même a augmenté de 19 %.
00:15:31 On voit bien donc aujourd'hui
00:15:33 qu'en matière d'aménagement du territoire,
00:15:35 nous devons et nous avons la responsabilité
00:15:37 de nous poser des questions pour les années à venir,
00:15:40 surtout que l'artificiation des sols
00:15:42 est la 1re cause de perte de biodiversité.
00:15:46 Alors aujourd'hui, cette EPPL, qui vient du Sénat,
00:15:50 qui a été travaillée par 2 commissions,
00:15:52 la Commission Développement Durable,
00:15:54 Aménagement du Territoire
00:15:55 et la Commission des Affaires Économiques,
00:15:57 permet d'apporter de nouveaux outils aux décideurs locaux
00:16:00 et en particulier aux élus locaux,
00:16:02 quels que soient leur niveau,
00:16:05 communes rurales, communes urbaines, départements,
00:16:08 régions, scottes, intercommunalités.
00:16:11 C'est le résultat d'un long travail
00:16:13 élaboré avec le Sénat, bien entendu, le gouvernement,
00:16:17 merci, monsieur le ministre,
00:16:19 les associations d'élus et aussi l'Assemblée,
00:16:23 je remercie tous mes collègues parlementaires
00:16:25 qui se sont, depuis de nombreuses années,
00:16:27 de nombreux mois, mobilisés sur ce sujet.
00:16:30 Il en résulte un équilibre, un équilibre nécessaire,
00:16:34 mais je tiens à vous le dire qu'il ne sera pas une fin en soi.
00:16:37 La trajectoire d'Usanne pour 2050 nécessitera
00:16:41 d'autres projets de loi ou propositions de loi,
00:16:43 ne serait-ce pour préparer la 2e décennale 2031-2041,
00:16:48 à laquelle nous devrons, le moment venu, ici, débattre.
00:16:53 Chers collègues, plus tôt, nous protégerons nos sols,
00:16:57 et plus grande sera notre adaptation face aux risques
00:17:00 et aux crises écologiques à venir.
00:17:03 Il ne s'agit pas de figer nos territoires,
00:17:05 mais de les transformer, de les embellir,
00:17:08 en gérant au mieux l'existant.
00:17:11 Je vous le dis avec conviction,
00:17:15 il ne suffit pas de voir les...
00:17:18 Enfin, il suffit de voir les villes
00:17:20 qui, aujourd'hui, s'inscrivent dans cette trajectoire,
00:17:22 on peut penser à petites villes de demain,
00:17:24 pour voir que ces enjeux peuvent être réalisés.
00:17:28 Et on peut se le dire aussi, le zéro artificialisation,
00:17:33 ne veut pas dire le zéro construction.
00:17:36 Chers collègues, notre responsabilité législateure
00:17:39 nous impose d'accompagner nos territoires.
00:17:43 Il ne serait pas sérieux de faire croire aux élus locaux
00:17:46 que la trajectoire fixée et les objectifs de sobriété foncière
00:17:50 pourraient être remis à plus tard.
00:17:52 Je vous invite donc à aborder ce débat
00:17:55 avec sérieux et détermination. Merci.
00:17:58 -Merci, monsieur le rapporteur.
00:18:03 J'ai reçu de M. Marc Le Fur une motion de rejet préalable
00:18:07 déposée en application de l'article 91,
00:18:10 alinéa 5 du règlement.
00:18:12 La parole est à M. Marc Le Fur
00:18:15 et pour une durée de 15 minutes maximum.
00:18:29 -Madame la présidente, monsieur le ministre,
00:18:32 messieurs les rapporteurs, mes chers collègues,
00:18:36 cette motion de rejet porte très explicitement
00:18:39 contre le principe même du ZAN, zéro artificialisation nette,
00:18:43 et contre l'idéologie sous-achante qui le soutend.
00:18:47 Le texte que nous examinons aujourd'hui
00:18:51 apporte certes des améliorations,
00:18:54 mais l'ins ne remet pas en cause l'essentiel du dispositif
00:18:57 que je juge contraire aux intérêts de nos territoires.
00:19:01 Derrière ce sigle se cache un dispositif
00:19:04 que nos élus locaux découvrent,
00:19:07 effrayé et dont ils mesurent déjà
00:19:10 les incidences redoutables pour leur commune.
00:19:13 Si chacun comprend la nécessité de la sobriété,
00:19:16 il faut bien admettre que le ZAN nous fait passer
00:19:18 dans un système de rationnement.
00:19:21 Le but est d'arriver en 2050, vous l'avez dit, monsieur le ministre,
00:19:25 à zéro artificialisation nette,
00:19:27 c'est-à-dire à la glaciation de notre territoire,
00:19:30 mais dès maintenant, ceci a des incidences
00:19:33 tout à fait redoutables sur la capacité de construire.
00:19:37 Quelle est la demande initiale qui nous a amenés au ZAN ?
00:19:41 C'est la protection de la terre agricole, demande légitime.
00:19:45 Mais aujourd'hui, ce qui menace l'élevage,
00:19:49 certains d'entre nous connaissent bien cette filière agricole,
00:19:52 dans ma région ou dans d'autres,
00:19:54 ce n'est ni le logement ni l'industrie,
00:19:56 c'est la végétalisation,
00:19:58 la transformation d'exploitation d'élevage,
00:20:00 notamment laitier, en culture,
00:20:02 quand ce n'est pas en jachère.
00:20:06 Comme trop souvent, une intention vertueuse
00:20:10 quand la protection de la terre agricole
00:20:12 se transforme en monstre technocratique.
00:20:16 Nous aurons les dispositions les plus exigeantes d'Europe,
00:20:21 alors que nous disposons d'espace.
00:20:24 Nous avons les densités les plus basses
00:20:26 des grands pays européens,
00:20:28 avec 117 habitants au kilomètre carré.
00:20:30 Je rappelle que l'Allemagne compte 239 habitants
00:20:33 au kilomètre carré, le double.
00:20:34 La Grande-Bretagne, 277, plus du double.
00:20:38 L'Italie, 200.
00:20:39 Et je ne parle pas des Pays-Bas
00:20:40 avec 519 habitants au kilomètre carré.
00:20:42 L'un des avantages relatifs de la France en Europe,
00:20:45 c'est de disposer d'espace.
00:20:47 Un tel degré d'exigence voulu par le ZAN
00:20:51 aurait pu s'imaginer,
00:20:53 et je crois qu'il aurait été pertinent,
00:20:55 s'il n'avait concerné que les métropoles et leurs périphéries,
00:20:58 c'est-à-dire la même où le problème
00:21:00 de l'excès de consommation d'espace s'est posé.
00:21:04 Hélas, au nom d'un principe jacobin absurde,
00:21:08 la même règle va s'appliquer à la Lozère et à l'Ile-de-France.
00:21:12 Ils vont être concernés la Haute-Loire,
00:21:15 le Cantal, la Manche, et bien des départements
00:21:18 qui n'ont pas été atteints par le phénomène métropolitain.
00:21:23 L'avantage relatif du monde rural, c'est son espace.
00:21:28 Lui interdire l'utilisation de cet espace,
00:21:32 c'est lui interdire tout développement.
00:21:35 C'est lui faire perdre son attractivité.
00:21:37 Quand on est dans le monde rural, on est plus loin
00:21:40 que les urbains pour un certain nombre de commerces,
00:21:44 pour un certain nombre de services.
00:21:46 On est obligé d'utiliser un système de transport plus coûteux,
00:21:51 parce qu'on est parfois plus loin de son emploi.
00:21:53 Il n'en demeure pas moins qu'on peut disposer d'espaces
00:21:56 plus grands, plus libres,
00:21:58 et cet avantage relatif, vous allez le faire disparaître.
00:22:02 C'est bien pour cela que le ZAN est ruralicide.
00:22:06 Il ne faudrait pas pleurer demain, M. le ministre,
00:22:09 sur la fermeture des écoles faute d'enfants,
00:22:13 puisqu'on aura interdit à leurs parents
00:22:16 de s'installer, de construire, de bâtir
00:22:20 dans la commune qui est la leur.
00:22:22 Il faudra assumer toutes ces conséquences,
00:22:24 M. le ministre, demain.
00:22:27 Et tous les effets pervers que nous craignons lors du débat
00:22:31 et que nous avions mis en avant lors du débat législatif
00:22:33 sur la loi climat voient désormais le jour concrètement.
00:22:37 Prenons l'exemple de la nécessaire réindustrialisation.
00:22:42 Et là, on est en pleine injonction contradictoire,
00:22:44 mes chers collègues.
00:22:45 Le président de la République nous dit
00:22:47 qu'il faut réindustrialiser le pays.
00:22:49 J'y adhère.
00:22:50 Et j'imagine ne pas être le seul dans cette enceinte.
00:22:53 Cette réindustrialisation est indispensable.
00:22:56 Il faut reconquérir notre souveraineté industrielle.
00:22:59 10% de notre PIB, simplement, est lié à l'industrie.
00:23:03 Contre 20% en Allemagne, 15% en Italie.
00:23:06 Vertes ou parvertes, notre industrie a besoin de foncier.
00:23:11 Je viens d'un territoire, l'un des rares en France,
00:23:14 qui a su préserver l'emploi industriel,
00:23:17 où le secteur secondaire a vu ses effectifs s'accroître,
00:23:21 où la population avrière s'est développée.
00:23:24 L'un des arguments qui a permis la création
00:23:26 de ces emplois industriels,
00:23:28 c'est l'existence de zones d'activité spacieuses,
00:23:31 capables d'accueillir des sites industriels conséquents.
00:23:34 On n'installe pas une usine
00:23:36 comme on installe des bureaux d'assurance.
00:23:38 Il faut de l'espace.
00:23:40 On peut pas se mettre à côté immédiatement des voisins.
00:23:43 Voilà quelques éléments de bon sens
00:23:45 qui, semble-t-il, ont échappé à certains.
00:23:47 Mais les effets de rationnement foncier
00:23:49 commencent à se faire sentir dès aujourd'hui.
00:23:51 Un cas a récemment défrayé la chronique.
00:23:54 Il se trouve qu'il se passe dans le département d'Île-et-Vilaine.
00:23:58 Le projet d'usine Bridor, à l'Ifré.
00:24:03 C'était un projet qui permettait la création de 500 emplois.
00:24:08 C'était dû à l'initiative d'un créateur véritable,
00:24:11 capitaine d'industrie, Louis Luduff,
00:24:13 auquel je souhaite rendre hommage ici, aujourd'hui.
00:24:16 Ce projet est à l'abandon.
00:24:18 Multiplicité de contraintes administratives,
00:24:21 difficultés liées à l'espace.
00:24:22 C'était un projet sur 21 hectares.
00:24:25 Je ne suis pas sûr qu'on puisse trouver,
00:24:27 en Bretagne ou dans d'autres régions,
00:24:30 des capacités pour accueillir un tel projet aujourd'hui
00:24:33 avec les réglementations que vous nous imposez.
00:24:38 Au-delà des industries se pose également la question
00:24:40 des bâtiments agricoles.
00:24:42 En intégrant les bâtiments agricoles
00:24:47 dans les surfaces artificialisées,
00:24:49 c'est-à-dire dans la contrainte du ZAN,
00:24:51 nous allons poser à nos agriculteurs bien des problèmes.
00:24:55 Nos éleveurs en particulier ont besoin de moderniser
00:24:59 leurs bâtiments d'élevage.
00:25:01 C'est indispensable en termes de compétitivité.
00:25:04 Ils ne pourront pas le faire.
00:25:06 Et le monde paysan est en train de se rendre compte
00:25:08 qu'il a été utilisé pour mettre en avant
00:25:10 les exigences de non-artificiation
00:25:13 et qu'aujourd'hui, il est parmi les premières victimes de ce ZAN.
00:25:17 Les injonctions contradictoires portent également sur le logement.
00:25:21 Certaines régions rurales attirent des populations,
00:25:25 ne serait-ce que parce qu'on y trouve du travail.
00:25:28 Encore faut-il des logements.
00:25:30 Le coût du logement n'a cessé de se renchérir.
00:25:33 N'aguerre une population au revenu moyen,
00:25:36 voire modeste, parvenait en faisant des efforts
00:25:39 à accéder à la propriété,
00:25:40 au moins dans des petites villes et dans des zones rurales.
00:25:42 Ce n'est plus le cas aujourd'hui.
00:25:44 L'une des raisons, c'est la montée du prix du foncier.
00:25:48 Et le ZAN, en rendant artificiellement rare
00:25:51 le foncier constructible,
00:25:53 va encore renchérir le coût de la construction.
00:25:56 Combien de maires ne nous ont-ils pas dit ?
00:25:58 "Chez moi, je peux construire, j'ai des espaces.
00:26:01 "Je préfère un hectare de maïs,
00:26:03 "7 ou 8 maisons qui vont accueillir des familles
00:26:06 "et où des enfants pourront grandir."
00:26:08 Eh bien, ils ne pourront plus le faire, demain.
00:26:10 Comment le gouvernement et la majorité
00:26:12 peuvent-ils être aussi sourds
00:26:13 devant les besoins qu'exprime la population ?
00:26:16 La population française,
00:26:17 je sais que ça ne plaît pas de ce côté-ci du périphérique,
00:26:20 aspire à l'accession à la propriété
00:26:23 et aspire à la maison individuelle.
00:26:26 Tous les sondages le confirment.
00:26:28 C'est l'aspiration de nos concitoyens.
00:26:30 Et cette aspiration n'a cessé de croître
00:26:32 ces dernières années du fait des effets du Covid.
00:26:35 Le Covid a renforcé le besoin de bulles
00:26:39 en quelque sorte de protection que permet la maison individuelle.
00:26:42 Après l'épisode du Covid, ça s'est considérablement renforcé.
00:26:46 Et pour la maison individuelle que vous décriez,
00:26:49 je me dois de rappeler que les équipements
00:26:51 que vous souhaitez voir se développer
00:26:53 dans le sens du respect de l'environnement
00:26:55 se font plus facilement en maison individuelle.
00:26:57 Le branchement de la voiture électrique ou hybride
00:26:59 se fait plus facilement en maison individuelle
00:27:01 que dans des imlobes.
00:27:03 L'implantation de pompes à chaleur
00:27:05 se fait plus facilement dans des maisons individuelles.
00:27:07 Le compostage nécessaire et de bon sens
00:27:10 se fait plus facilement dans une maison individuelle
00:27:12 disposant de jardins.
00:27:14 Logement toujours, il nous faut du logement social.
00:27:19 -C'est sûr.
00:27:21 -Tout le monde en convient.
00:27:24 Or, au vu des textes en débat,
00:27:26 le logement social ne bénéficiera pas a priori...
00:27:30 Ne bénéficiera a priori d'aucune dérogation
00:27:32 permettant d'échapper aux ânes.
00:27:35 Le logement social sera soumis aux mêmes contraintes.
00:27:39 Aux mêmes contraintes.
00:27:41 Le ZAN va donc priver des logements sociaux
00:27:43 dont nous avons besoin.
00:27:45 Nous avons d'autant plus besoin des logements sociaux
00:27:47 que le pouvoir d'achat de nos concitoyens s'est effondré.
00:27:50 C'est partiellement dû à votre politique, M. le ministre.
00:27:52 Pardonnez-moi de vous le redire.
00:27:53 Nous avons d'autant plus besoin de logements sociaux
00:27:56 que le prix des logements et le prix de l'accession
00:27:58 à la propriété s'est accru.
00:28:00 C'est ça, la réalité.
00:28:01 -Seul M. le Sur a la parole, s'il vous plaît.
00:28:03 -Eh oui, oui.
00:28:05 -Seul M. le Sur a la parole. M. Jumel, s'il vous plaît.
00:28:07 -Merci, Mme la présidente.
00:28:09 -On vous entend plus que l'orateur.
00:28:10 -La population aspire à arriver
00:28:15 dans un certain nombre de zones
00:28:17 pour lesquelles elle sollicite des logements sociaux
00:28:20 qui, aujourd'hui, ne sont pas possibles,
00:28:22 qui, demain, ne pourront plus être construits.
00:28:28 Également, jusqu'à il y a peu,
00:28:31 au moins dans les secteurs ruraux et les petites villes,
00:28:33 un certain nombre de résidents de logements sociaux
00:28:36 l'ai quitté pour accéder à la propriété.
00:28:38 C'était le parcours résidentiel.
00:28:39 Ce parcours résidentiel n'est plus possible aujourd'hui
00:28:42 du fait de la montée du prix de l'accession à la propriété,
00:28:46 qui était possible encore hier.
00:28:49 Comment vont faire les communes
00:28:51 qui n'ont pas encore atteint la norme de la loi SRU
00:28:54 et qui ne pourraient pas construire ?
00:28:57 Elles vont être soumises à pleine injonction contradictoire.
00:29:00 On exigera d'elles la construction au titre de la loi SRU
00:29:04 et on les soumettra à l'amende si elles ne le font pas.
00:29:06 Et pour autant, les logements sociaux
00:29:08 ne bénéficieront pas de la dérogation du ZAN.
00:29:11 Alors au moins là-dessus, on devrait pouvoir évoluer.
00:29:13 Avec du ZAN, nous allons rentrer
00:29:14 dans les arcanes technocratiques et administratives
00:29:17 ubuesques et absurdes.
00:29:19 Nombre de communes sont déjà soumises
00:29:21 à des contraintes multiples.
00:29:23 La loi Montagne, la loi littoral,
00:29:26 la réglementation sur les zones humides,
00:29:28 la réglementation sur les zones immondables.
00:29:31 Quand un maire se voit accumuler toutes ces difficultés,
00:29:34 il lui est difficile, voire impossible de construire.
00:29:37 Avec le ZAN, le maire, l'élu, qui, naguère,
00:29:41 pouvait destiner sa ville dans les 20 ou 30 ans.
00:29:44 C'était toute la noblesse de cette mission.
00:29:47 Eh bien, cette noblesse lui est désormais interdite.
00:29:49 Il ne sera plus que l'exécutant du ZAN.
00:29:52 C'est également les arbitrages multiples
00:29:55 que l'on va exiger des maires et des élus
00:29:57 vont occasionner des difficultés, des querelles
00:29:59 au sein des intercommunalités pour se partager
00:30:01 le petit élément de rationnement possible.
00:30:04 Ca va poser aussi des problèmes en droits privés,
00:30:06 puisqu'aujourd'hui, un certain nombre de terrains
00:30:08 sont constructibles et ne le seront plus demain.
00:30:10 Un président d'intercommunalité me disait
00:30:12 que plus de 80% de ces territoires
00:30:15 aujourd'hui constructibles ne le seront pas demain.
00:30:17 C'est-à-dire que des gens vont perdre un patrimoine.
00:30:19 Ils iront s'adresser aux maires, qui leur dira
00:30:21 que je n'y peux rien.
00:30:24 Ils viendront vous voir, M. le ministre,
00:30:25 et vous leur direz l'idéologie
00:30:28 que vous nous développez régulièrement.
00:30:29 Il n'empêche que ces gens-là auront perdu de l'argent
00:30:33 et auront perdu des éléments de patrimoine.
00:30:36 Bon courage aux désuléocaux qui devront expliquer tout ça.
00:30:40 Comme toujours, on multiplie les règles,
00:30:43 et comme toujours, quand on a des règles,
00:30:44 on cherche des exceptions.
00:30:46 D'où les grands projets nationaux.
00:30:48 Mais qu'est-ce qu'il y aura dans les grands projets nationaux
00:30:50 qui dérogeront aux ZAN ?
00:30:52 Alors, j'ai vu dans les gazettes, M. le ministre,
00:30:54 que vous vous querellez avec votre collègue, le maire.
00:30:57 L'un défendant l'industrie, l'autre défendant l'idéologie.
00:31:00 Chacun aura compris le rôle de chacun.
00:31:03 J'espère, et vous savez l'affection que je vous porte,
00:31:05 nous avons fait des campagnes ensemble, M. le ministre,
00:31:08 j'espère que vous ne gagnerez pas ces arbitrages
00:31:10 et qu'au contraire, la capacité de construire l'industrie
00:31:13 sera toujours possible.
00:31:16 Ces arbitrages vont être très pénibles.
00:31:19 Je prends un cas très concret,
00:31:21 puisqu'on va déroger, par exemple, pour les zones d'atterrage,
00:31:23 des câbles sous-marins pour les éoliennes.
00:31:25 Alors c'est vrai que les éoliennes, elles ont droit à tout.
00:31:28 Toutes les exceptions, tous les privilèges,
00:31:31 tous les avantages pour les éoliennes en terre et en mer.
00:31:35 Et là, ça sera possible, paraît-il.
00:31:37 Alors que ce ne sera pas possible pour un hôpital.
00:31:40 Ce ne sera pas possible de déroger aux ZAN pour un hôpital.
00:31:43 Ce sera possible pour des prisons, nous dit-on,
00:31:46 mais pas pour un hôpital.
00:31:47 Quelle hiérarchie implicite cela révèle ?
00:31:50 Tout cela me semble relever de l'absurdistant.
00:31:53 Avec le ZAN, vous allez interdire le développement des secteurs ruraux
00:31:57 et encourager la métropolisation de notre pays.
00:31:59 Le ZAN est bien un dispositif ruralicide.
00:32:03 Vous l'avez compris, mon propos ne porte pas sur le texte
00:32:07 que nous étudions, qui est un texte
00:32:10 non pas dépourvu d'intérêt, mais malgré tout mineur,
00:32:13 mais bien sur le principe de zéro artificialisation nette.
00:32:17 Le texte que nous éminons s'efforce de limiter les dégâts.
00:32:21 Mais je ne voudrais pas qu'il cache l'essentiel.
00:32:24 En tout état de cause, nous ne cautionnons pas le ZAN.
00:32:29 Pas plus que l'ensemble des processus de décroissance
00:32:32 qui sont inhérents à cette logique.
00:32:37 Parce que c'est bien le cas.
00:32:38 Si le mot "décroissance" n'apparaît pas dans le ZAN,
00:32:42 il introduit cette notion.
00:32:44 Il introduit cette notion de décroissance
00:32:47 sous une forme sous-jacente et implicite.
00:32:50 Et ceci est d'autant plus hypocrite.
00:32:53 Parce qu'il ne s'agit pas d'un rejet du texte du Sénat,
00:32:57 mais bien d'un rejet du ZAN lui-même,
00:33:00 et que je me devais d'exprimer les convictions
00:33:04 que le règlement de l'Assemblée m'a permis d'expliciter ici,
00:33:07 à cette tribune,
00:33:08 je retire mon projet de rejet préalable.
00:33:15 -Merci, monsieur Le Fur.
00:33:17 Je prends donc acte du retrait de votre motion de rejet préalable.
00:33:21 Nous allons maintenant entamer la discussion générale
00:33:25 avec monsieur Sébastien Jumel
00:33:26 pour le groupe gauche, démocrate et républicaine du PS.
00:33:29 C'est pour 5 minutes.
00:33:30 ...
00:33:53 -Mme la présidente, monsieur le ministre,
00:33:55 monsieur le rapporteur, chers collègues,
00:33:57 je veux remercier notre collègue Marc Le Fur
00:34:00 de nous avoir fait un beau cours de dialectique marxiste.
00:34:03 Une opposition radicale et puis une pirouette
00:34:07 pour, au bout du compte, renoncer à assumer sa position,
00:34:13 mais je veux, moi, exposer une position
00:34:14 un peu plus pragmatique du groupe communiste sur ce sujet.
00:34:18 La préservation du foncier est un enjeu de la transition écologique.
00:34:21 C'est aussi un enjeu majeur de la souveraineté alimentaire.
00:34:25 Cause massive de l'érosion de la biodiversité,
00:34:27 l'artificialisation des sols est un phénomène
00:34:30 qui serait irresponsable de ne pas prendre en compte.
00:34:35 Personne ici ne peut en nier la nécessité vitale.
00:34:38 Or, une stratégie n'est valable,
00:34:41 moi, je considère que l'écologie ne peut pas être punitive,
00:34:43 une stratégie n'est valable que si elle emporte avec elle
00:34:47 les acteurs, ces gages d'efficacité et de partage.
00:34:51 Ce qui, dès les 1ers jours du ZAN, n'a pas été le cas.
00:34:55 Bien au contraire, sa mise en place s'est apparue très rapidement,
00:34:58 pour beaucoup, comme une usine à emmerdement,
00:35:01 comme le refus d'une ruralité vivante.
00:35:05 Déjà malmenée par des décennies d'abandon en tout genre,
00:35:08 fermeture de services publics, baisse de leurs moyens,
00:35:11 les communes ont exprimé leur refus de payer à elles seules
00:35:15 les efforts, les effets de bord,
00:35:18 de décision bancale venue d'en haut.
00:35:21 En décidant de renvoyer l'effectivité du ZAN
00:35:24 à l'élaboration de 2 décrets,
00:35:26 publiés dans la précipitation entre les 2 tours des présidentielles,
00:35:31 sans concertation,
00:35:32 le pouvoir s'est offert une occasion de plus
00:35:35 de marquer sa distance, voire sa déconnexion
00:35:39 avec la France d'en bas.
00:35:41 C'est vrai, pour le ZAN, comme pour le reste,
00:35:44 une décision n'est acceptée
00:35:47 que lorsque les parties prenantes sont respectées.
00:35:50 Pour les élus du groupe GDR,
00:35:53 contrôler l'artificialisation des soldes est synonyme
00:35:55 de recherche d'un équilibre,
00:35:57 d'une ligne de crête difficile à obtenir,
00:36:00 mais nécessaire à préserver.
00:36:02 Cet équilibre, il tente d'être atteint aujourd'hui
00:36:04 avec la proposition de loi en discussion
00:36:06 issue du travail transpartisan du Sénat.
00:36:09 Un texte qui concilie les enjeux de préservation du foncier
00:36:12 avec la libre administration des collectivités
00:36:14 à laquelle nous sommes profondément attachés.
00:36:17 Le droit au projet n'est pas seulement une pétition de principe,
00:36:19 mais doit, pour les communes, être un droit réel.
00:36:23 Nous considérons en effet que les maires doivent demeurer souverains
00:36:25 dans leurs communes sur la question des aménagements.
00:36:28 Les maires, nombreux dans mon territoire,
00:36:30 entre terre et mer, sont intelligents,
00:36:32 attachés à préserver la beauté de leur paysage,
00:36:35 toujours soucieux des équilibres de leur territoire.
00:36:39 Ils ne supportent pas ni la tutelle de l'Etat,
00:36:43 ni la tutelle des régions.
00:36:46 Et pour que nous avionssons sur ce sujet
00:36:48 ô combien crucial pour l'avenir,
00:36:49 il faut respecter la démocratie,
00:36:51 c'est-à-dire ceux qui la font vivre.
00:36:54 L'instance de démocratie vivante que représente la commune.
00:36:56 Cette question de principe étant posée,
00:36:59 la discussion a pu être menée à bien.
00:37:01 La version du Sénat nous semblait plus protectrice
00:37:04 que le texte adopté en commission,
00:37:06 qui fait la part belle à des renvois au domaine réglementaire
00:37:08 pour près de la moitié des articles initiaux.
00:37:11 M. le ministre, je vous l'ai dit en tête à tête,
00:37:12 il ne faudra pas trop vous habituer à cette manière de légiférer,
00:37:15 même si nous avons perçu la nécessité
00:37:18 pour être rapide, efficace, de procéder de la sorte.
00:37:21 Si ce texte avance, par exemple,
00:37:25 en garantissant aux communes un droit d'aménagement
00:37:27 avec la garantie rurale,
00:37:28 ou en prenant en compte le retrait du trait de côte,
00:37:32 c'est en Normandie un sujet important,
00:37:35 il demeure des points d'amélioration.
00:37:38 Pour les grands projets, par exemple,
00:37:39 nous considérons que nous devons encore donner
00:37:41 des garanties plus fortes aux territoires qui vont en accueillir.
00:37:44 Je me réjouis que mon amendement sur l'EPR,
00:37:46 pour faire reconnaître l'EPR comme projet d'intérêt national et européen,
00:37:50 ait été retenu en commission.
00:37:52 Mais je compte sur mes collègues,
00:37:54 attachés à la relance de cette filière,
00:37:56 pour aller plus loin en intégrant, par exemple, M. le ministre,
00:38:01 les hectares de parking nécessaires
00:38:03 pour un chantier comme l'EPR à Penly, 12 hectares,
00:38:06 c'est réversible, les parkings,
00:38:07 pour intégrer les hectares nécessaires
00:38:09 aux hébergements temporaires,
00:38:11 c'est réversible, les hectares nécessaires
00:38:14 aux hébergements temporaires,
00:38:16 pour intégrer les dizaines d'hectares nécessaires
00:38:18 pour les postes des lignes à haute tension,
00:38:20 pour le parc éolien offshore du Tréport,
00:38:24 dont je me suis transformé en opposant fort.
00:38:29 Il faut donc avancer sur cette question des grands projets,
00:38:33 si nous voulons qu'ils soient exemplaires
00:38:35 au plan social et au plan environnemental.
00:38:37 C'est notamment... Je veux aller vite,
00:38:39 mais je veux porter la parole de mes collègues ultramarins.
00:38:42 Il faudra prendre en compte dans les discussions
00:38:44 la question de la spécificité des Outre-mer,
00:38:46 sinon, ils ne pourront pas envisager
00:38:49 un développement harmonieux, cohérent de leur territoire.
00:38:52 On compte sur vous, évidemment, là-dessus.
00:38:54 Il faudra aussi, M. le ministre,
00:38:56 concrètement accompagner les maires sur les fonds friches,
00:38:59 sur l'ingénierie dont ont besoin les petites communes
00:39:02 pour s'occuper des friches industrielles.
00:39:03 Voilà l'état d'esprit constructif
00:39:05 dans lequel le groupe GDR se trouve pour apprendre ce texte.
00:39:08 -Merci, M. le député.
00:39:10 La parole est à M. Luc Lamiroux
00:39:12 pour le groupe "Horizon et apparenté"
00:39:14 pour 5 minutes.
00:39:15 -Merci, madame la présidente, M. le ministre,
00:39:30 messieurs les rapporteurs, mes chers collègues.
00:39:32 Les 10 dernières années
00:39:36 ont été marquées par une diminution progressive
00:39:40 des surfaces artificialisées,
00:39:43 passant de 40 000 hectares par an dans les années 2000
00:39:48 à 20 000 en 2021.
00:39:52 La consommation de terres agricoles et naturelles
00:39:55 a un impact désormais reconnu sur notre réchauffement climatique.
00:40:00 Il nous faut donc être volontaristes
00:40:03 pour diminuer les risques qui pèsent sur notre environnement,
00:40:06 notre biodiversité,
00:40:09 et pour diminuer...
00:40:11 et se lier au risque de ruissellement,
00:40:15 comme en témoignent les images des inondations
00:40:18 dans de nombreux territoires.
00:40:20 Cependant, nous ne pouvons pas changer de modèle de vie
00:40:23 aussi rapidement.
00:40:25 Nous avons donc fait le choix,
00:40:27 au sein de la loi "Climat et résilience",
00:40:29 de réduire de 50% de notre consommation d'ici 2031
00:40:33 et une absence de consommation totale de nos terres
00:40:36 a compté de 2050.
00:40:39 Une accélération aussi violente de nos pratiques
00:40:41 a suscité inquiétude et incompréhension.
00:40:44 Ce texte examiné aujourd'hui
00:40:46 est le fruit d'un travail réalisé entre les sénateurs,
00:40:49 nos deux rapporteurs, Lionel Causse et Bastien Marchive,
00:40:53 et le ministre Christophe Béchut,
00:40:55 afin de surmonter les difficultés de mise en oeuvre
00:40:58 rencontrées par les élus locaux.
00:41:01 L'article 1er de cette proposition de loi
00:41:03 améliorera le dialogue et permettra de trouver localement
00:41:07 les objectifs partagés.
00:41:09 Les conférences régionales du ZAN
00:41:11 ouvrira ces portes à plus de représentativité
00:41:15 et donnera davantage la parole aux élus locaux.
00:41:19 Dans le cadre de cette conférence,
00:41:21 les régions devront faire preuve de conviction et de pédagogie
00:41:25 pour expliquer leurs positions, parfois plus strictes que la loi.
00:41:30 A titre d'exemple, la région Centre-Val-de-Loire
00:41:32 a fait le choix, dans son schéma régional,
00:41:36 d'une réduction de 50 % d'ici 2025
00:41:39 et un objectif de zéro artificialisation net d'ici 2040.
00:41:44 Comme le défend l'Association des maires ruraux de France,
00:41:48 ce sont les projets qui définissent l'espace à mobiliser
00:41:52 et non l'inverse.
00:41:53 C'est avec cette logique que le dialogue avec les régions
00:41:56 doit être mis en place.
00:41:59 La garantie rurale et la mutualisation des projets
00:42:01 permettront à chaque commune et à leurs conseils municipaux
00:42:05 d'agir concrètement sur leur développement
00:42:08 tout en discutant au sein de leur intercommunalité
00:42:12 de la possibilité de mutualiser les droits à construire
00:42:15 afin de permettre la réalisation de projets de plus grande ampleur.
00:42:19 Les territoires ruraux, littoraux,
00:42:24 impactés par la montée des eaux et le recul du trait de côte,
00:42:27 verront leurs zones inutilisables considérées comme renaturées.
00:42:31 Afin de comptabiliser les efforts déjà réalisés par les communes
00:42:35 sur la renaturation,
00:42:36 nous avancerons leur prise en compte de 2031 à 2021.
00:42:42 Toujours dans l'objectif d'apporter une meilleure articulation
00:42:46 avec les régions,
00:42:47 la définition des projets d'ampleur nationale et européenne
00:42:50 a été clarifiée, comme c'est ceux issus de l'industrie verte.
00:42:55 Leur emprise ne remettra pas en cause
00:42:58 les objectifs fixés par la loi.
00:43:01 La réduction de consommation foncière
00:43:04 nous oblige à porter une attention particulière
00:43:06 au programme de restauration du bâti
00:43:10 au coeur de nos villages et de nos centres-bourgs.
00:43:12 La restauration sera un enjeu majeur
00:43:15 pour accompagner nos besoins de logement.
00:43:18 Concernant le développement économique,
00:43:20 les efforts financiers de l'Etat
00:43:21 dans le cadre du Fonds VR et du Fonds Friche
00:43:24 ont été réalisés, devront être poursuivis
00:43:27 et devront également concerner les projets de renaturation.
00:43:32 Comme évoqué au début de mes propos,
00:43:34 ce texte sera complété par plusieurs projets de décret
00:43:37 dont les principaux nous ont déjà été présentés
00:43:39 le 13 juin dernier.
00:43:41 L'un portant sur la nomenclature du ZAN
00:43:43 et l'autre sur la mise en oeuvre via les SRADET.
00:43:47 Vous l'avez bien compris, au groupe Horizon Apparenté,
00:43:53 nous considérons que ce texte améliorera le dialogue
00:43:56 et répond aux besoins de nos villes et de nos centres-bourgs.
00:43:59 Il dialogue et répond aux questions de nombreux élus,
00:44:03 tout en maintenant notre volonté de répondre aux défis climatiques,
00:44:08 mais avec progressivité.
00:44:11 Donc le groupe Horizon Apparenté votera pour ce texte.
00:44:15 Merci.
00:44:17 -Merci, monsieur le député.
00:44:18 La parole est à madame Lisa Bellucco
00:44:20 pour le groupe écologiste NUPES et pour 5 minutes.
00:44:23 (Applaudissements)
00:44:25 (...)
00:44:37 -Merci.
00:44:38 Merci, madame la présidente.
00:44:49 Monsieur le ministre, messieurs les rapporteurs,
00:44:50 chers collègues,
00:44:53 nous avons toujours sous les pieds la même planète,
00:44:55 mais plus tout à fait la même terre.
00:44:57 Car depuis 2 siècles, cette terre,
00:44:58 nous ne l'avons regardée que comme une simple surface.
00:45:02 Les terres étaient à découvrir, à conquérir, à cultiver, à bâtir.
00:45:07 Le monde n'avait que 2 dimensions, la longueur et la largeur,
00:45:10 ceux de la parcelle cadastrale.
00:45:13 À quoi nous a conduit cette vision plate ?
00:45:17 À la mise à mort de nos sols,
00:45:19 dont nous avons oublié qu'ils étaient vivants.
00:45:21 Alors même que la population croît à peine,
00:45:23 nos artificialisations encore aujourd'hui
00:45:25 à raison de 25 000 hectares par an.
00:45:29 L'équivalent de 2,5 fois la surface de Paris
00:45:31 est ensevelie chaque année sous le béton dans notre pays.
00:45:35 Mais au XXIe siècle, il nous faut atterrir,
00:45:36 comme dirait Bruno Latour,
00:45:38 quitter cette vision littéralement hors sol,
00:45:41 pour considérer les sols non plus comme de simples supports,
00:45:43 mais comme des écosystèmes qui assurent
00:45:45 les fonctions indispensables
00:45:46 au bon fonctionnement de notre société et du vivant.
00:45:50 Car ces sols vivants retiennent l'eau,
00:45:52 lui permettent de s'infiltrer et de recharger les nappes.
00:45:54 Ils réduisent les risques d'inondation
00:45:56 et assurent notre résilience face aux sécheresses.
00:45:58 Ils abritent des millions de micro-organismes,
00:46:00 sources de fertilité, de régulation des ravageurs.
00:46:04 Ils limitent le lessivage des sols
00:46:05 et retiennent jusqu'à 80 tonnes de carbone par hectare.
00:46:09 Leur existence et leur préservation
00:46:10 sont les conditions de possibilité de notre souveraineté alimentaire,
00:46:14 puisqu'ils constituent l'outil de travail
00:46:16 des paysans et paysannes qui nous nourrissent au quotidien.
00:46:20 Il y a eu peu d'avancées dans la loi Climat et Résilience
00:46:22 votée à l'issue de la Convention citoyenne pour le climat,
00:46:24 mais cette assemblée a voté ici
00:46:26 pour organiser la fin de l'artificialisation des sols
00:46:29 en réduisant par deux cette artificialisation d'ici 2031
00:46:32 et en la conditionnant à une renaturation d'ici 2050.
00:46:37 Aucun ni aucune élue ne peut prétendre défendre
00:46:39 ni l'environnement ni nos agriculteurs
00:46:41 si cet élu vote ici pour revenir sur ses acquis.
00:46:44 C'est pourtant la ligne commune de la droite et de l'extrême droite
00:46:48 qui dépose des amendements identiques
00:46:50 pour supprimer tous les objectifs et tous les leviers
00:46:52 pour garder nos sols vivants
00:46:53 et préserver notre souveraineté alimentaire.
00:46:57 C'est la ligne de ceux qui votent
00:46:59 pour que des autoroutes traversent nos terroirs
00:47:01 qu'ils affirment pourtant chérir.
00:47:03 C'est la ligne de ceux qui clament un droit du sol
00:47:05 sans jamais penser au droit des sols qui nous nourrissent.
00:47:08 Quand on aime son pays, on ne l'ensevelit pas sous le béton.
00:47:13 A l'inverse, monsieur le ministre,
00:47:15 et bien que vous souteniez main dans la main
00:47:17 avec les bétonneurs destructeurs
00:47:19 et la dissolution de groupes écologistes
00:47:20 qui luttent contre cette bétonnisation,
00:47:24 je salue tout de même votre engagement
00:47:25 de tenir ces objectifs
00:47:27 malgré les assauts de votre collègue Bruno Le Maire
00:47:30 pour ne pas comptabiliser l'artificialisation
00:47:32 due au projet industriel.
00:47:34 Le travail que nous avons mené en commission
00:47:36 a déjà permis de supprimer du texte
00:47:37 les dispositions les plus inquiétantes.
00:47:40 Néanmoins, il reste beaucoup à faire pour protéger nos sols.
00:47:43 Il y a d'abord le blanc-seing
00:47:45 pour les grands projets inutiles et imposés.
00:47:48 Les pharaons ont érigé les pyramides,
00:47:50 Louis XIV a fait construire son facieux château de Versailles.
00:47:53 Vos grands projets, aujourd'hui, ce sont les autoroutes,
00:47:56 les centrales nucléaires, la LGV, les gigafactories.
00:48:00 Quel que soit le système politique,
00:48:01 le pouvoir manifeste et assure sa domination
00:48:04 par la grande illoquence d'infrastructures
00:48:05 supposées recueillir l'accueil enthousiaste de citoyens flattés.
00:48:11 Pour se convaincre de leur caractère délétère...
00:48:14 -Seule l'oratrice a la parole, s'il vous plaît.
00:48:17 -Pour se convaincre de leur caractère délétère,
00:48:19 du point de vue de la destruction des sols,
00:48:21 je rappelle juste quelques chiffres.
00:48:23 1 500 pour le Lyon-Turin,
00:48:25 400 pour l'autoroute Castre-Toulouse,
00:48:27 6 300 pour la ligne Bordeaux-Toulouse.
00:48:29 C'est la surface en hectares de sols irréversiblement artificialisés
00:48:33 par ces infrastructures d'un autre temps.
00:48:35 15 000 hectares seront détruits par ces projets.
00:48:38 C'est une estimation, car il est déjà prévu
00:48:40 que ce plafond puisse être dépassé dans le texte.
00:48:43 S'il doit y avoir une artificialisation réduite
00:48:45 dans les années à venir, elle doit être planifiée
00:48:47 à l'échelle locale pour bénéficier à des projets locaux.
00:48:51 Construction de pistes cyclables pour relier les bourgs,
00:48:53 réouverture de lignes ferroviaires du quotidien,
00:48:56 développement d'unités de production artisanale,
00:48:58 infrastructures accueillant des services publics.
00:49:01 Ce sont des éléments qui assureront un développement rural
00:49:03 plutôt que la mesure simpliste, pour ne pas dire démagogique,
00:49:06 qui consiste à garantir une artificialisation rurale
00:49:09 pour tous et sans conditions.
00:49:11 Toutes les communes n'ont pas les mêmes projets,
00:49:13 quels 40 habitants ou 10 000.
00:49:15 L'approche doit être équitable plutôt qu'égalitariste.
00:49:20 Nous n'avons aucune étude d'impact sur les effets
00:49:21 qu'aurait une telle mesure, ni sur l'état des sols,
00:49:24 ni sur la planification à l'échelle intercommunale.
00:49:26 Il faut au moins s'assurer que seules les communes
00:49:28 ayant fait preuve d'une sobriété foncière
00:49:30 pourront en bénéficier et que cette garantie sera plafonnée.
00:49:34 Si ces mesures contre-productives ne sont pas supprimées
00:49:36 ou si d'autres venaient à être adoptées,
00:49:38 nous ne pourrons pas nous prononcer en faveur de ce texte.
00:49:41 A l'inverse, si nous le saisissons collectivement
00:49:44 comme une opportunité de faire planifier
00:49:46 la transition écologique à l'échelle des territoires
00:49:49 et rehausser les mesures de protection de nos sols,
00:49:51 nous pourrons le soutenir.
00:49:54 -Merci, madame la députée.
00:49:56 La parole est à monsieur Stéphane Delautret
00:49:58 pour le groupe socialiste et apparenté.
00:50:00 Et pour 5 minutes.
00:50:01 (Applaudissements)
00:50:03 (...)
00:50:27 -Mme la présidente, monsieur le ministre,
00:50:30 messieurs les rapporteurs, mes chers collègues.
00:50:33 La transition écologique est une urgence
00:50:35 qui repose sur plusieurs piliers dont les effets se croisent.
00:50:38 Transition énergétique par la décarbonation et la sobriété,
00:50:42 transition agroécologique
00:50:44 ou encore préservation de la biodiversité
00:50:47 et de la ressource en eau.
00:50:48 Le constat est que nous artificialisons
00:50:51 l'équivalent de 4 terrains de football par heure,
00:50:54 soit l'équivalent en 20 ans de la surface totale
00:50:57 de mon département de la Haute-Vienne.
00:50:59 Ce rythme est en outre 3 fois et demi
00:51:02 plus dynamique que celui de la démographie.
00:51:05 Or, l'artificialisation des sols
00:51:07 porte considérablement atteinte à la biodiversité,
00:51:10 contribue au réchauffement climatique
00:51:12 en réduisant la capacité de stockage de carbone du sol
00:51:16 et perturbe le bon écolement des eaux
00:51:19 en augmentant ainsi le risque naturel.
00:51:22 Convaincu que ce rythme n'était plus tenable,
00:51:24 notre groupe a soutenu et voté
00:51:26 dans la loi dite "Climat et résilience" en 2021,
00:51:30 un objectif national visant à atteindre
00:51:32 un rythme d'artificialisation net nul d'ici 2050,
00:51:38 avec une 1re réduction de moitié de celui-ci
00:51:41 entre 2021 et 2031.
00:51:44 Ce sont les conditions de la mise en oeuvre de cette 1re phase
00:51:47 qui nous réunissent aujourd'hui.
00:51:49 Malheureusement, nous sommes collectivement à côté du sujet.
00:51:52 En effet, cette proposition de loi
00:51:54 qui se voulait corriger des insuffisances du ZAN
00:51:57 ne répond pas aux besoins de mesures de programmation
00:52:00 sur la maîtrise foncière et l'usage des sols,
00:52:03 alors que nous prévoyons leur arréfaction.
00:52:05 En nous donnant l'objectif de diviser par 2
00:52:07 la consommation d'espaces naturels, agricoles et forestiers
00:52:10 sur la décennie à venir,
00:52:12 nous engageons une course au foncier
00:52:14 qui appelle à une double régulation.
00:52:17 Une régulation d'usage, tout d'abord,
00:52:19 en veillant à ce que les autres objectifs de politique publique
00:52:22 qui sont les nôtres,
00:52:23 comme la production de logements
00:52:24 ou la réindustrialisation, par exemple,
00:52:27 n'entrent pas en conflit.
00:52:29 Ensuite, une régulation économique,
00:52:31 en nous donnant les outils d'une maîtrise
00:52:32 de la valeur du foncier
00:52:34 afin de limiter la spéculation et la rétention foncière
00:52:37 qui ne ferait que rendre plus complexe
00:52:40 l'équilibre économique de certains projets
00:52:42 au détriment de l'intérêt général.
00:52:44 Cela vaut également pour les surfaces déjà artificialisées
00:52:47 qu'il faudra densifier, recycler, réhabiliter
00:52:51 et parfois renaturer pour atteindre les objectifs.
00:52:54 Il est donc urgent, M. le ministre,
00:52:56 que nous puissions disposer
00:52:58 d'une grande loi de programmation foncière,
00:53:00 maintes fois annoncée, mais désormais essentielle.
00:53:03 La prochaine loi de finances devra par ailleurs
00:53:05 mettre en oeuvre des crédits et des mesures fiscales
00:53:07 volontaristes pour accompagner nos collectivités
00:53:10 et en particulier les plus petites d'entre elles
00:53:13 dans la réhabilitation d'immeubles,
00:53:15 la transformation de friches
00:53:17 et la préservation des sols et naves constructibles.
00:53:20 Sans ces outils,
00:53:21 nos objectifs resteront d'éveu pieux.
00:53:24 Pour en venir au fond de ce texte,
00:53:26 n'ayant ni les moyens de réhabiliter
00:53:28 ou de transformer leur espace déjà urbanisé,
00:53:31 ni parfois de réaliser des documents d'urbanisme,
00:53:34 les petites communes rurales lancent une forme d'appel à l'aide
00:53:38 en demandant à conserver une perspective de développement.
00:53:41 C'est ainsi qu'il faut comprendre la demande de garantie rurale.
00:53:45 Dans l'attente d'autres outils pour se développer
00:53:47 à l'intérieur des zones urbanisées,
00:53:50 nous proposerons donc de continuer à donner de la flexibilité
00:53:54 et de l'agilité à cette garantie rurale,
00:53:56 de favoriser la mutualisation intercommunale
00:53:59 et de ne pas pénaliser les communes relevant du RNU
00:54:03 sans pour autant revenir sur le principe
00:54:05 de constructibilité limitée.
00:54:07 Autrement dit, une garantie rurale souple
00:54:10 et intelligente est possible.
00:54:12 Nous proposerons également de préciser le périmètre des projets
00:54:15 relevant de la définition de projets d'intérêt national
00:54:19 ou européen.
00:54:20 C'est une condition du respect de l'enveloppe
00:54:23 du forfait national et donc de celle disponible
00:54:26 pour les projets régionaux et locaux.
00:54:28 Nous veillerons également à bien préciser
00:54:30 l'articulation de ces enveloppes
00:54:32 afin que leur agrégation se traduise effectivement
00:54:36 par le respect de l'objectif de réduction de moitié
00:54:38 du rythme d'artificialisation.
00:54:41 Enfin, nous veillerons à préciser les mesures applicables
00:54:44 dans la bande littorale,
00:54:46 tant pour éviter les abus que pour assurer
00:54:49 une meilleure intégration des spécificités
00:54:51 de nos territoires ultramarins.
00:54:53 Monsieur le ministre, messieurs les rapporteurs,
00:54:56 ce texte a connu une évolution favorable en commission
00:54:59 sur les délais, la définition des projets
00:55:02 et leur comptabilisation.
00:55:04 Nous pouvons encore améliorer ce texte
00:55:06 et donner des raisons aux sénateurs
00:55:08 de se rallier à sa rédaction.
00:55:10 Alors saisissez notre main tendue. Merci.
00:55:13 -Merci, monsieur le député.
00:55:15 (Applaudissements)
00:55:17 La parole est à monsieur Paul Molac
00:55:20 pour le groupe Libertés indépendantes Outre-mer et Territoire
00:55:22 et pour 5 minutes.
00:55:23 (Applaudissements)
00:55:24 (...)
00:55:27 -Madame la présidente, monsieur le ministre,
00:55:30 madame la rapporteure,
00:55:31 messieurs les rapporteurs, madame la présidente,
00:55:34 commission, mes chers collègues,
00:55:37 nous considérons au sein de notre groupe
00:55:39 que ce texte est nécessaire et bienvenu.
00:55:42 Evidemment, l'artificialisation continue de nos terres,
00:55:45 la réduction de la consommation des espaces naturels,
00:55:48 agricoles et forestiers est une nécessité.
00:55:51 Toutefois, nous ne parviendrons à lutter
00:55:54 contre l'artificialisation des sols
00:55:56 qu'à condition d'assurer la faisabilité
00:55:58 et l'acceptabilité de l'objectif
00:56:01 zéro artificialisation nette.
00:56:04 Celui-ci doit pouvoir être concilié avec les enjeux locaux,
00:56:07 notamment économiques,
00:56:08 mais aussi avec une politique d'habitat
00:56:11 et d'accueil des populations nouvelles.
00:56:13 Nous avons tous été destinataires des remontées de terrain
00:56:16 d'élus locaux et d'acteurs du territoire.
00:56:19 Ils nous ont fait part de leurs inquiétudes
00:56:21 face au risque de ne plus pouvoir construire
00:56:23 ou aménager leur territoire.
00:56:25 Sont aussi remontées à nos oreilles des difficultés
00:56:27 résultantes d'un manque de visibilité
00:56:30 sur les règles applicables,
00:56:31 que ce soit sur la nomenclature des sols artificialisés,
00:56:35 actuellement en réécriture,
00:56:37 ou le manque de données sur l'artificialisation passée.
00:56:42 Les sénateurs ont saisi la nécessité
00:56:44 d'apporter davantage de flexibilité
00:56:46 à un principe aujourd'hui inadapté aux réalités territoriales.
00:56:51 Ils ont eu bien raison.
00:56:53 Le développement et la vitalité des zones rurales
00:56:56 est au coeur de nos préoccupations.
00:56:58 C'est en ce sens que notre groupe accueille favorablement
00:57:01 la garantie rurale visant à permettre aux plus petites communes
00:57:04 de pouvoir dégager des marges de manoeuvre
00:57:07 afin de pouvoir générer les infrastructures de service,
00:57:11 développer leur capacité d'habitat,
00:57:13 notamment dans les zones tendues,
00:57:15 ou encore procéder à des constructions nécessaires,
00:57:17 par exemple à l'activité agricole.
00:57:21 Le ZAN ne doit pas se traduire
00:57:23 par une application purement mathématique et rigide,
00:57:26 mais au contraire, permettre la prise en compte
00:57:28 de la diversité de nos territoires et de leur structuration.
00:57:33 Par exemple, dans la Bretagne administrative,
00:57:37 celle qui compte 4 départements,
00:57:38 contrairement à la Bretagne qui en compte 5,
00:57:41 la population augmente de plus de 20 000 habitants chaque année.
00:57:46 La pression foncière due à cette dynamique démographique
00:57:48 provoque de fortes tensions économiques et sociales
00:57:51 qui ne sauraient être négligées.
00:57:54 C'est pourquoi mon groupe proposera de prendre en compte
00:57:56 ces évolutions démographiques dans la territorialisation
00:57:59 du zéro artificialisation net.
00:58:01 Je souhaite par ailleurs attirer l'attention du gouvernement
00:58:04 sur un point fondamental
00:58:06 qui pourrait constituer un effet de bord.
00:58:08 Vous le savez, la dotation globale de fonctionnement
00:58:11 versée aux collectivités est corrélée de manière directe
00:58:14 par rapport à la croissance et au développement de la collectivité.
00:58:18 Plus d'infrastructures, plus de logements,
00:58:22 plus d'artificialisation égale plus de DGF.
00:58:26 Cela pose quand même un problème.
00:58:29 Donc, il sera nécessaire à un moment donné
00:58:31 de revoir évidemment
00:58:33 la façon dont nous donnons finalement
00:58:37 des dotations à ces communes
00:58:40 qui préservent la terre agricole et les espaces naturels.
00:58:43 Autre sujet, source de préoccupation dans mon territoire,
00:58:46 celui de la prise en compte des projets d'envergure nationale.
00:58:50 Vous proposez aujourd'hui la mise en place
00:58:51 d'un forfait national de 15 000 hectares
00:58:54 qui sera décompté des 125 000 hectares
00:58:56 qui représentent l'enveloppe nationale.
00:58:59 Le reste de l'enveloppe, 110 000 hectares,
00:59:01 donc, devra être réparti entre les régions
00:59:04 selon un système de pondération.
00:59:06 Nous avons toujours des doutes
00:59:08 quant au caractère opérant de cette proposition.
00:59:11 Les régions qui accueillent peu de projets d'ampleur
00:59:13 accepteront-elles de porter le poids du collectif
00:59:17 alors qu'elles n'en perçoivent pas les retombées ?
00:59:20 N'oublions pas enfin que nous sommes ici en train de légiférer,
00:59:23 mais que nos élus locaux seront en 1re ligne
00:59:26 face à nos concitoyens afin d'entendre leur doléance
00:59:28 en matière d'urbanisation.
00:59:31 L'Etat doit être au rendez-vous et doit accompagner les élus locaux
00:59:33 afin que cet objectif louable de préservation des terres agricoles
00:59:38 ne finisse pas par des manifestations massives
00:59:40 face à des situations de crise.
00:59:42 Je dis cela à dessein, je vis dans un territoire
00:59:45 qui subit actuellement une crise majeure du logement
00:59:48 avec une colère qui monte et se fait sentir.
00:59:51 Pour toutes ces raisons, nous serons favorables
00:59:53 aux mesures d'adaptation des objectifs
00:59:55 du zéro artificialisation net aux réalités territoriales
00:59:59 et les assouplissements bienvenus au service des élus locaux
01:00:03 et de finalement...
01:00:05 Puisqu'il me reste quelques secondes.
01:00:09 On a souvent parlé de l'Allemagne, on a souvent parlé du Royaume-Uni,
01:00:13 mais ce sont des pays qui sont beaucoup plus industrialisés
01:00:16 et qui sont beaucoup plus urbanisés que nous.
01:00:19 Or, l'INSEE a choisi 2 000 habitants agglomérés
01:00:22 pour définir ce qu'est un milieu urbain.
01:00:26 L'Italie a choisi 5 000 habitants agglomérés.
01:00:29 On voit bien que, quelque part, on surjoue
01:00:33 et que la France reste un pays rural.
01:00:35 Et c'est important parce que ça fait partie aussi
01:00:38 de ce que nous sommes et qu'il ne faudrait pas l'oublier.
01:00:40 Je vous remercie.
01:00:42 -Merci, M. le député.
01:00:43 La parole est à M. Pascal Lavergne
01:00:45 pour le groupe Renaissance et pour 5 minutes.
01:00:48 -Merci, Mme la présidente. M. le ministre.
01:00:56 M. les rapporteurs, Mme la présidente de commission,
01:00:59 les enjeux environnementaux de la protection de la biodiversité
01:01:02 ont été pleinement pris à bras le corps
01:01:04 par notre groupe et notre majorité présidentielle.
01:01:09 Ces enjeux, par leur transversalité,
01:01:11 touchent tous les secteurs des politiques publiques.
01:01:14 Le débat qui s'ouvre aujourd'hui est un débat
01:01:16 qui me parle tout particulièrement
01:01:18 en tant qu'ancien maire d'une commune rurale,
01:01:20 mais aussi vice-président de communauté de communes
01:01:22 en charge de l'urbanisme.
01:01:24 J'ai pu mesurer toute la passion
01:01:26 qui entoure les sujets de construction
01:01:28 d'un projet d'urbanisme commun.
01:01:30 C'est évidemment l'avenir des territoires qui se joue,
01:01:33 mais j'ai pu également constater à quel point on se rangeait
01:01:36 trop facilement à admettre que développer un territoire,
01:01:39 c'était l'équivalent du fait de grignoter des terres agricoles,
01:01:43 souvent les plus fertiles sur le plan agronomique,
01:01:47 au profit d'un désir de maisons individuelles
01:01:50 et d'un jardin de 2 500 m2,
01:01:52 enfermant souvent les populations
01:01:53 dans des contraintes pendulaires non anticipées.
01:01:56 Entre 2011 et 2021, ça a été dit à plusieurs reprises,
01:01:59 c'est plus de 250 000 hectares qui ont été consommés,
01:02:02 soit l'équivalent du département des Yvelines.
01:02:04 Le foncier renvoie à des enjeux multiples
01:02:07 qui sont finalement au coeur des politiques
01:02:09 d'aménagement du territoire,
01:02:10 c'est-à-dire la répartition équilibrée
01:02:13 entre les hommes et les activités.
01:02:15 Je pense ici effectivement aux enjeux agricoles
01:02:17 et à la souveraineté alimentaire,
01:02:19 mais aussi à la production énergétique verte
01:02:21 ou encore au développement d'infrastructures,
01:02:22 de transports, de services ou industriels.
01:02:26 Notre pays est riche de ces territoires
01:02:29 où les modes d'urbanisation rivalisent d'ingéniosité.
01:02:32 Je pense ici aux Bastides.
01:02:33 Il en existe 64 en Aquitaine,
01:02:36 8 dans le département de la Gironde,
01:02:38 et j'ai eu la chance d'être maire de la plus belle d'entre elles.
01:02:41 Cet urbanisme,
01:02:44 vieux de 750 ans, je pense à celui évidemment des Bastides,
01:02:48 dévoile toute sa pertinence aujourd'hui.
01:02:51 Peu gourmand en consommation foncière,
01:02:54 le Bastide s'organise autour d'une place centrale,
01:02:57 d'un plan à quadrillage
01:02:58 sur des lots d'une largeur pour trois profondeurs.
01:03:00 Le pourtour de la place, c'est le lieu
01:03:02 où s'établissent les commerces et les services.
01:03:05 Le coeur de la place, c'est le lieu du marché, des foires,
01:03:08 là où la vie culturelle s'épanouit.
01:03:10 Cette place, c'est aussi l'agora.
01:03:12 C'est là où on s'engueule le lundi avec son beau-frère insoumis,
01:03:16 mais c'est aussi là où, le mercredi soir,
01:03:18 au marché nocturne, on partage une entrecôte
01:03:20 et on se réconcilie.
01:03:22 Ce propos nous encourage à être aussi inventifs et audacieux
01:03:27 dans nos projets urbains, en les rendant plus humains,
01:03:30 en les ouvrant sur le vivre ensemble
01:03:32 et en étant moins dispendieux de notre terre.
01:03:36 En ce sens, la loi Climat et Résilience du 22 août 2021
01:03:39 a formulé un double objectif,
01:03:42 celui de réduire de moitié l'artificialisation nouvelle
01:03:45 entre 2021 et 2031 par rapport à la décennie précédente
01:03:49 et d'atteindre d'ici 2050 une artificialisation nette
01:03:52 de 0 %, le ZAN,
01:03:54 c'est-à-dire, au moins, autant en refusant de surfaces renaturées
01:03:58 que de surfaces artificialisées.
01:04:01 Disons-le nous, tout ceci va dans le bon sens.
01:04:03 Les objectifs de ce texte sont clairs.
01:04:06 Favoriser le dialogue territorial
01:04:07 et renforcer la gouvernance décentralisée
01:04:10 en permettant le dialogue des collectivités
01:04:12 au sein d'une conférence régionale.
01:04:14 On encourage les coopérations fertiles
01:04:16 et les regards croisés,
01:04:18 et on renforce l'action locale à laquelle je suis pleinement attaché.
01:04:22 Accompagner les projets structurants de demain,
01:04:24 la comptabilisation des projets nationaux et régionaux
01:04:28 permet à chacun de prendre ses responsabilités
01:04:31 et d'être en phase avec son besoin de développement
01:04:34 sans obéir à celui du territoire supra ou infra.
01:04:38 Mieux prendre en compte les spécificités des territoires,
01:04:41 la garantie rurale donnera un minimum de superficie urbanisable
01:04:45 pour respecter chaque commune,
01:04:47 même si je pense, dans mon fort intérieur,
01:04:49 que ce minimum ne dépend pas d'un nombre d'habitants,
01:04:52 mais d'autres critères,
01:04:53 comme nous avons pu les définir dans le cadre du PLUI
01:04:56 dont j'avais la charge,
01:04:57 tel que la disponibilité en eau
01:04:59 et la présence des services publics structurants.
01:05:02 Mais là aussi, faisons confiance au territoire
01:05:05 pour coopérer, pour trouver les bonnes solutions
01:05:08 à partir des projets construits collectivement,
01:05:11 prévoir les outils de transition vers le ZAN.
01:05:14 Le texte issu des travaux parlementaires du Sénat
01:05:17 et des commissions économiques et développement durable
01:05:20 de l'Assemblée nationale
01:05:21 permettent d'avoir un meilleur équilibre
01:05:24 entre les projets nationaux, régionaux et locaux,
01:05:26 comme je viens de l'indiquer.
01:05:28 Sur ces sujets, la tentation électoraliste est forte.
01:05:31 Pour autant, c'est l'intérêt national
01:05:33 de ce dispositif qui doit être apprécié.
01:05:36 Face aux défis qui nous guettent,
01:05:37 nous avons le devoir de produire un texte
01:05:39 le plus consensuel possible,
01:05:41 qui tienne compte de tous les enjeux,
01:05:43 en répondant aux inquiétudes du monde rural,
01:05:46 qui, dans la version précédente du texte en vigueur,
01:05:48 s'estimait dépossédé de toute capacité de manoeuvre
01:05:51 pour se développer.
01:05:52 Le fait régional, le fait territorial,
01:05:54 le fait communautaire existent bel et bien.
01:05:57 Et chacun doit prendre ses responsabilités.
01:06:00 -Merci, monsieur le député.
01:06:04 La parole est à madame Christine Angrand
01:06:07 pour le groupe Rassemblement national et pour cinq minutes.
01:06:10 (Applaudissements)
01:06:11 -Merci.
01:06:17 Madame la présidente, monsieur le ministre,
01:06:19 messieurs les rapporteurs et chers collègues.
01:06:21 Le législateur devrait cesser d'ériger en dogme,
01:06:24 en recette miracle, en vérité absolue,
01:06:26 des notions telles que le renouvellement urbain
01:06:28 ou la densification,
01:06:30 qui peuvent s'affairer pertinentes ici ou là,
01:06:32 selon la qualité des projets urbains qui les concrétisent,
01:06:35 mais ne peuvent prétendre de constituer
01:06:36 la seule pierre de touche de la politique urbaine.
01:06:39 Ces mots justes, écrits en 2012,
01:06:41 ne sont pas ceux du Rassemblement national,
01:06:43 mais d'un article intitulé
01:06:44 "La densification, une vérité devenue folle",
01:06:47 de Sylvain Pérignon, ancien directeur de recherche
01:06:49 au Cridon de Paris.
01:06:51 9 ans plus tard, en 2021, vous adoptiez ici même
01:06:54 la loi "Climat et résilience",
01:06:56 un texte bardé de contraintes normatives,
01:06:58 relevant davantage de la pensée magique
01:07:01 que d'une réflexion politique équilibrée
01:07:03 sur la densification.
01:07:04 Nos députés n'étaient alors pas suffisamment nombreux
01:07:07 pour s'opposer à l'application de ces objectifs inadaptés
01:07:10 à nos territoires,
01:07:11 auxquels, chers collègues LR,
01:07:13 vous ne trouviez alors rien à redire.
01:07:14 Il faut dire que les élections sénatoriales
01:07:16 avaient déjà eu lieu.
01:07:18 Pourtant, déjà à cette même place,
01:07:19 notre présidente de groupe prédisait l'échec
01:07:21 de l'écologie punitive,
01:07:23 dont le fameux zéro artificialisation net,
01:07:25 plus communément appelé le ZAN,
01:07:27 détient incertainement la palme d'or.
01:07:29 De ces objectifs les plus drastiques d'Europe,
01:07:31 la plupart des maires ne retiennent d'ailleurs
01:07:33 que l'iniquité qui en découle.
01:07:35 Les communes qui ont le plus artificialisé ces dernières années
01:07:38 peuvent toujours le faire,
01:07:39 tandis que les communes rurales ou peu peuplées,
01:07:41 qui n'artificialisent que très peu,
01:07:43 sont d'ores et déjà condamnées.
01:07:45 Dans votre frénésie normative,
01:07:47 vous ne voyez pas de problème à contraindre
01:07:48 indistinctement nos communes de quelques centaines d'habitants
01:07:52 de la même manière que nos immenses métropoles.
01:07:55 Avec toutes les conséquences que l'on connaît
01:07:56 pour l'installation de services essentiels,
01:07:58 qu'il s'agisse d'infrastructures sportives,
01:08:00 de centres de soins ou même de services publics,
01:08:03 dont pléthore de communes qui n'ont pas attendu le législateur
01:08:06 pour faire preuve de sobriété foncière.
01:08:09 En outre, on retrouve dans les zones de revitalisation rurale
01:08:13 une véritable éthique foncière chez les élus,
01:08:16 souvent issus d'un milieu agricole,
01:08:17 qui ne nécessite que de contraintes particulières.
01:08:20 Les chiffres parlent d'eux-mêmes.
01:08:21 28% des communes françaises
01:08:23 représentent seulement 5% de la consommation foncière du pays
01:08:27 entre 2009 et 2021.
01:08:29 Mais parce que votre sens de la justice
01:08:31 est voilé d'indifférence, vous allez au hasard,
01:08:33 et chacun de vos tâtonnements
01:08:35 sont comme des coups d'épée dans notre société exsangue,
01:08:37 qui ne relèvent pas de votre inconséquence,
01:08:39 mais d'un véritable projet d'affaiblissement
01:08:41 de la cellule communale
01:08:42 et de la stigmatisation des petits propriétaires.
01:08:45 Sinon, comment interpréter la réaction de M. Marchive,
01:08:48 qui assume pleinement le renchérissement des prix du foncier
01:08:50 et la crise du logement ?
01:08:51 Même repeinte en vert fluo,
01:08:53 votre politique antisociale est trahie
01:08:55 dans vos choix d'aménagement.
01:08:57 Aux aspirations à l'horizontalité pavillonnaire
01:08:59 de 80% des Français, d'après l'UFOP,
01:09:01 vous opposez une fois de plus la verticalité,
01:09:04 celle de vos immeubles fade et de vos décisions de cabinet,
01:09:07 comme s'il n'existait pas un juste milieu
01:09:09 entre la réduction du mitage et l'entassement métropolitain,
01:09:13 comme s'il fallait forcément choisir
01:09:15 entre artificialiser partout ou n'artificialiser nulle part.
01:09:18 Quand certains appelaient à construire des Versailles
01:09:20 pour le peuple,
01:09:22 aujourd'hui, vous proposez des Grigny dans la Creuse.
01:09:24 La caricature est à peine exagérée.
01:09:26 Avec un déficit annoncé de 850 000 logements en 2030,
01:09:29 d'évidence, le renouvellement urbain
01:09:33 qu'il passe par la réhabilitation des friches
01:09:35 ou la renaturation
01:09:36 ne suffira pas à absorber la demande.
01:09:38 Pour respecter le ZAN, éloger les citoyens,
01:09:41 que la hausse du prix des fonciers
01:09:42 privera de l'accès à la propriété, même en ruralité,
01:09:45 il faudra plus d'immeubles collectifs
01:09:47 et redécouper les bâtisses existantes
01:09:48 pour loger plus de monde dans moins d'espace.
01:09:51 Les écolos en ont rêvé, vous l'exaucez.
01:09:53 Le logement individuel avec jardin,
01:09:55 le rêve pour de nombreux Français,
01:09:57 devient maintenant un vrai luxe.
01:09:59 De cet échec collectif, vous êtes tous comptables,
01:10:01 autant que vous êtes.
01:10:02 Nous sommes ici les seuls présents
01:10:04 qui n'avions pas eu notre mot à dire.
01:10:06 Alors cette fois-ci, disons-le franchement,
01:10:08 le ZAN ne saurait être l'alpha et l'oméga
01:10:09 de l'aménagement du territoire.
01:10:11 Une politique de réduction de l'artificialisation des sols
01:10:13 réussie passe nécessairement par une déclinaison
01:10:17 adaptée de ses objectifs aux spécificités territoriales,
01:10:20 conciliant à la fois la densification
01:10:22 et le développement local nécessaires à la démétropolisation.
01:10:25 A ce titre, le ZAN doit être recalibré
01:10:27 pour peser principalement sur les mauvais élèves
01:10:29 et recompenser, ou du moins ne pas handicaper,
01:10:31 les très nombreuses communes
01:10:33 qui ont toujours respecté la terre et ceux qui en vivent.
01:10:36 La mise en place d'une politique de réduction
01:10:38 de l'artificialisation des sols,
01:10:40 cohérente territorialement et raisonnable,
01:10:42 juridiquement, est possible.
01:10:43 C'est ce que nous défendrons contre votre demi-mesure.
01:10:47 Mais elle ne pourra faire l'économie d'une réappropriation
01:10:49 de ses objectifs par les élus municipaux,
01:10:51 desquels, chers collègues, vous devez cesser de vous défier.
01:10:54 La régionalisation ne saurait se substituer
01:10:56 au bon sens de nos élus municipaux.
01:10:58 Il enleva de l'avenir de nos communes
01:11:02 et des aspirations des Français.
01:11:04 En fonction de l'avance des débats,
01:11:06 nous nous positionnerons sur le texte. Merci.
01:11:09 -Merci, madame la députée.
01:11:11 La parole est à madame Catherine Couturier
01:11:15 pour la France Insoumise-Nuppes. C'est pour 5 minutes.
01:11:38 -Merci, madame la présidente, monsieur le ministre,
01:11:40 messieurs les rapporteurs, collègues.
01:11:42 4 terrains de foot artificiels laissés par Heure.
01:11:46 Voilà l'image à retenir de notre territoire
01:11:48 avec l'explosion de la bétonisation et du tout voiture.
01:11:52 Si ce texte garde l'objectif de réduire de 50% brut
01:11:55 l'artificialisation à l'horizon 2031,
01:11:59 à environ 125 000 hectares et zéro net en 2050,
01:12:03 avec 170 000 hectares de friches,
01:12:06 nous avons largement la capacité de viser
01:12:08 une neutralité foncière dès 2040,
01:12:10 objectif que nous porterons dans un amendement.
01:12:14 Alors que de très nombreuses communes
01:12:16 ont joué le jeu de la sobriété foncière,
01:12:18 alors que les communes rurales les plus vertueuses
01:12:21 vivent Lausanne comme une injustice,
01:12:24 le gouvernement, lui, s'autorise à l'article 4
01:12:26 une liste interminable des projets d'ampleur nationale ou européenne.
01:12:31 Elle inclut tout projet d'utilité publique
01:12:33 fixé par décret et non par la loi.
01:12:37 Le pire, cette liste comporte des projets écocides
01:12:40 qui ne contribuent pas à l'intérêt général.
01:12:43 Quand M. le ministre nous affirme en commission
01:12:45 que les autoroutes du Bas-Chablais pour 16 km,
01:12:48 le Lyon-Turin, la 69 Toulouse-Castre,
01:12:51 ou les projets nucléaires,
01:12:53 font partie de ces projets d'envergure nationale,
01:12:56 où est donc l'intérêt général ?
01:12:58 La sobriété environnementale ne peut pas être
01:13:01 à géométrie variable.
01:13:03 J'attire votre attention sur le fait que le Sénat a voté le 15 juin
01:13:08 pour exclure les projets d'industrie soi-disant "vertes"
01:13:11 de l'enveloppe d'artificialisation, comme le souhaitait M. le maire.
01:13:16 Encore une fois, la droite sauve la Macronie
01:13:18 par des petits arrangements en sous-main.
01:13:21 M. le ministre Béchu, Messieurs les rapporteurs,
01:13:24 vous avez affirmé vouloir inclure les grands projets d'Etat
01:13:28 dans l'enveloppe globale à ne pas dépasser.
01:13:32 Et vous avez eu raison.
01:13:34 Allez-vous plier devant Bercy ?
01:13:36 Allez-vous céder aux sénateurs en quête de réélection ?
01:13:39 Ou prenez-vous vos responsabilités devant le scénario à +4 degrés ?
01:13:45 Le groupe LFI-NUPEST restera vigilant.
01:13:48 Sur la garantie rurale à l'article 7,
01:13:51 la version de votre texte est encore trop incertaine
01:13:53 et ne répond pas aux attentes de la ruralité
01:13:56 ni à la préservation des terres agricoles et des forêts.
01:14:00 En fonction de la taille des communes,
01:14:02 un hectare, cela peut être très peu ou trop.
01:14:05 C'est pourquoi nous préférons le principe en pourcentage.
01:14:08 Et nous proposons de conditionner la garantie rurale
01:14:11 sur la base d'indicateurs
01:14:13 tels que le taux de logement vacant,
01:14:15 le respect environnemental ou les normes SRU.
01:14:18 Ce n'est pas la garantie rurale qui redénamisera nos campagnes,
01:14:22 mais bien une volonté politique d'aménagement du territoire
01:14:26 par plus de services publics, des transports du quotidien,
01:14:29 des écoles, des petits commerces en centre-bourg,
01:14:32 des médecins et de l'emploi local.
01:14:35 Au-delà du contenu de ce texte, parlons de ce qui n'y est pas.
01:14:39 Sur les Outre-mer, monsieur le ministre,
01:14:41 vous aviez clairement affirmé en commission
01:14:43 qu'il fallait des dispositions spécifiques à ces territoires.
01:14:47 Ils n'y sont pas.
01:14:48 Vous avez encore la possibilité d'y remédier.
01:14:51 Comme le préconise l'Association des maires ruraux,
01:14:54 la France a besoin d'un véritable plan Marshall
01:14:57 pour le bâti vacant.
01:14:59 La vacance de logement est aujourd'hui de 1 sur 10.
01:15:02 Un droit de préemption et faciliter l'acquisition
01:15:04 des biens vacants sans maître pour les communes sont indispensables.
01:15:09 Ce texte ne revient pas sur le cas des friches industrielles,
01:15:12 170 000 hectares.
01:15:14 Ils se contentent de répartir le gâteau
01:15:16 et de donner des directives aux collectivités
01:15:19 sans leur en donner les moyens.
01:15:21 Aucun levier de procédure, aucune simplification administrative,
01:15:25 aucun moyen supplémentaire à louer.
01:15:27 Votre gouvernement se défausse encore sur les collectivités,
01:15:32 et cela alors même que nos communes souffrent déjà
01:15:35 de la suppression des impôts locaux et de la CVAE,
01:15:38 d'une DGF en dessous de l'inflation.
01:15:40 Ne me dites pas que c'est faux.
01:15:42 Toutes les associations d'élus ont boycotté vos assises
01:15:45 des finances publiques.
01:15:47 Finalement, rien sur les leviers fiscaux.
01:15:49 Aujourd'hui, la fiscalité locale encourage encore les communes
01:15:53 à bâtir toujours plus,
01:15:54 car leur recette dépend notamment de la taxe d'aménagement
01:15:57 et de la taxe foncière.
01:15:59 D'autant plus que Lausanne risque de créer
01:16:01 une augmentation des prix du foncier
01:16:03 et davantage de spéculations.
01:16:05 Les groupes de la NUPES ont donc proposé des amendements
01:16:08 visant à combattre ce fléau.
01:16:10 Encore une fois, l'Assemblée nationale,
01:16:13 Chambres du peuple et Expression de la volonté populaire
01:16:16 n'ont pas pu s'exprimer au regard de désormais fameux articles 40.
01:16:20 Monsieur le ministre, vous nous avez envoyés en commission au PLF
01:16:24 pour parler de la transition fiscale.
01:16:26 Nous vous y attendrons avec de nombreuses propositions,
01:16:30 si vous choisissez le débat et pas le 49-3.
01:16:33 Collègues, ce texte est donc loin d'être à la hauteur
01:16:36 des ambitions que nous devons nous fixer.
01:16:39 Nous avons proposé des amendements pour plus d'équité territoriale
01:16:42 et d'ambition environnementale.
01:16:44 Leur adoption ou pas définiront notre position finale sur ce texte.
01:16:49 - Merci, madame la députée.
01:16:53 La parole est à madame...
01:16:55 Aude Luquier, pour Les Démocrates.
01:16:59 Mais c'est pas...
01:17:00 Ah, pardon, excusez-moi.
01:17:03 Monsieur Roland, pour Les Républicains et pour 5 minutes.
01:17:06 ...
01:17:23 - Madame la présidente, monsieur le ministre,
01:17:26 monsieur le président de la Commission des affaires économiques,
01:17:28 messieurs les rapporteurs,
01:17:31 l'Assemblée nationale examine aujourd'hui
01:17:33 une proposition de loi particulièrement importante
01:17:36 pour nos concitoyens.
01:17:38 Un texte d'apparence technique,
01:17:40 mais qui, en réalité, concerne tous les Français,
01:17:44 puisqu'il traite à la fois de l'aménagement du territoire,
01:17:47 des répercussions sur la construction de nouveaux logements
01:17:51 et sur le développement économique dans son ensemble.
01:17:55 La question du foncier est à ce titre un sujet brûlant.
01:18:00 Oui, l'utilisation plus vertueuse de nos terres
01:18:03 est une ambition partagée par tous.
01:18:06 Mais encore, faut-il que cette ambition soit réaliste
01:18:10 et qu'elle ne vienne pas tuer toute initiative
01:18:13 de développement dans nos communes.
01:18:15 Or, c'est ce à quoi nous assistons, mes chers collègues.
01:18:19 La réalité, c'est que depuis des décennies,
01:18:22 la France s'est désindustrialisée
01:18:25 et que nous avons besoin de faire revenir
01:18:27 les emplois sur notre territoire,
01:18:29 ce qui implique, évidemment, de trouver du foncier.
01:18:33 Je profite de cette tribune pour rappeler
01:18:35 à toute personne soucieuse de la préservation de l'environnement
01:18:39 qu'au-delà même de l'intérêt économique
01:18:41 que cela engendre pour nos emplois,
01:18:44 nous devrions tous nous réjouir
01:18:46 de retrouver des productions plus locales
01:18:49 plutôt que de fermer les yeux sur le bilan carbone
01:18:52 de nos importations.
01:18:54 Et d'ailleurs, nous ne pouvons que regretter
01:18:57 les contestations des minorités radicales
01:19:00 qui, quand bien même les implantations d'entreprises
01:19:04 serviraient à la transition écologique de notre économie,
01:19:08 préfèrent s'opposer à tout, tout le temps.
01:19:11 Pour notre groupe, les défis climatiques
01:19:14 méritent mieux que les coûts de communication.
01:19:17 Porter une ambition ne doit pas se traduire
01:19:19 par des politiques publiques hors sol.
01:19:22 C'est le cas pour le ZAN,
01:19:24 comme ça peut l'être pour l'instauration
01:19:27 des zones à faible émission, dites ZFE.
01:19:31 Sans aide massive des ménages,
01:19:32 cette politique consistera tout bonnement
01:19:35 à exclure les familles modestes de nos agglomérations.
01:19:39 Nous l'affirmons, pardon,
01:19:41 l'écologie punitive est socialement insoutenable.
01:19:45 Alors, autant dire qu'après avoir fait ce constat édifiant,
01:19:50 appliquer le zéro artificialisation net
01:19:54 tel que voté en 2019 dans la loi Climat et Résilience
01:19:59 issue de la Convention citoyenne
01:20:01 porterait un rude coup à toutes les initiatives
01:20:04 soutenues par nos élus locaux.
01:20:08 Proposé par nos collègues sénateurs,
01:20:10 le texte qui est désormais devant nous
01:20:12 a fait l'objet de plusieurs modifications en commission,
01:20:16 avec un principe simple, celui du travail en confiance.
01:20:21 Fruit d'un travail mené de manière transpartisane
01:20:24 des sénateurs LR aux sénateurs communistes
01:20:27 et en réponse aux injonctions irréalisables
01:20:30 votées sous le mandat précédent
01:20:32 qui nous conduisaient à une logique de décroissance,
01:20:35 notre groupe entend agir pour chercher des améliorations
01:20:39 à défaut de pouvoir revenir sur la philosophie générale.
01:20:43 L'attente est forte.
01:20:45 Il faut dire que dans les territoires de montagne
01:20:48 comme partout dans les territoires ruraux,
01:20:51 l'inquiétude pèse de plus en plus
01:20:53 sur l'application de cette mesure.
01:20:55 Les risques sont multiples.
01:20:58 Stopper net tout développement économique de nos territoires
01:21:02 au profit des pôles urbains
01:21:04 et surtout mettre à mal
01:21:07 la construction d'habitats permanents
01:21:10 au moment où les Français n'arrivent déjà plus à se loger.
01:21:14 Car ces mécaniques, en raréfiant le frontier
01:21:18 avec une ambition zéro artificialisation nette
01:21:22 d'ici 2050 par tranche de -50% tous les 10 ans,
01:21:26 les prix vont continuer d'augmenter indéniablement
01:21:30 pour les Français.
01:21:31 La question est désormais de répartir l'effort territorialement
01:21:36 sans que nos petites communes soient pénalisées.
01:21:39 Tout l'enjeu sera donc de préserver l'équilibre
01:21:43 entre le développement rural et urbain.
01:21:47 Des communes du littoral en passant par celles plus rurales,
01:21:49 sans oublier nos territoires de montagne,
01:21:52 auxquels vous connaissez mon attachement,
01:21:54 ces déclinaisons territoriales doivent prendre en compte
01:21:58 nos spécificités afin de préserver leur attrait touristique et économique.
01:22:02 Monsieur le ministre, mes chers collègues,
01:22:05 nous préférerons toujours les avancer,
01:22:07 même à minima, qu'au statu quo.
01:22:10 Nous aurons à coeur de faire valoir nos arguments
01:22:13 lors de nos débats qui arrivent.
01:22:15 Mais ces arguments, j'espère, permettront de...
01:22:20 L'adhésion du gouvernement et peut-être de notre vote.
01:22:24 Je vous remercie.
01:22:25 -Merci, monsieur le député.
01:22:27 Et cette fois, la parole est à madame Aude Luquet
01:22:30 pour le groupe Démocrate et pour 5 minutes.
01:22:33 (Applaudissements)
01:22:35 -Madame la présidente, monsieur le ministre,
01:22:44 messieurs les rapporteurs, mes chers collègues,
01:22:47 à la fin de notre discussion générale,
01:22:49 nous aurons en France artificialisé l'équivalent
01:22:51 de 8 terrains de football.
01:22:53 "Guidée artificialisation" dit des terres naturelles
01:22:55 que l'on grignote avec les conséquences que l'on connaît,
01:22:58 des conséquences non seulement sur le vivant
01:23:00 et notre biodiversité, mais aussi pour nos concitoyens
01:23:03 que l'on éloigne toujours un peu plus des centres
01:23:06 et des services qui les accompagnent.
01:23:08 Divisé par 2 l'artificialisation des sols d'ici 2031
01:23:11 pour aller vers le zéro artificialisation net en 2050,
01:23:14 c'est donc une mesure à la fois environnementale,
01:23:16 sociale et économique.
01:23:18 Environnementale d'abord, car elle nous permet de lutter
01:23:21 contre la fragmentation des espaces naturels
01:23:23 et de replacer la nature et ses vertus
01:23:25 pour le commun au coeur de nos projets d'aménagement.
01:23:28 Dans des territoires carencés en espace vert
01:23:30 où la biodiversité est en déclin, refaire la ville sur elle-même
01:23:33 doit permettre de développer de nouvelles formes
01:23:35 d'intégration de la nature.
01:23:37 C'est un enjeu fondamental pour faire face aux conséquences
01:23:40 du changement climatique et renforcer le bien-être
01:23:43 de ceux qui y vivent ou y travaillent
01:23:45 en ne considérant plus le sol comme une simple surface,
01:23:48 mais en prenant en compte pleinement ses fonctions écologiques,
01:23:51 réduction des îlots de chaleur, captation des pluies,
01:23:54 filtration des polluants, refuge de biodiversité, par exemple.
01:23:58 Sociale ensuite, car lutter contre l'artificialisation déraisonnée
01:24:01 s'est limité létalement urbain et ses effets négatifs
01:24:04 sur le quotidien de ceux qui le subissent.
01:24:06 Difficulté d'accès aux services publics,
01:24:08 insuffisance de commerce de proximité
01:24:11 ou encore absence de transport collectif.
01:24:13 Tout cela entraîne bien souvent une paupérisation
01:24:15 des ménages concernés, condamnés à un usage contraint
01:24:17 de la voiture individuelle avec un coût enrulemental et financier.
01:24:21 Économique enfin, car rapprocher les habitants
01:24:23 des lieux d'activité sévivifie un territoire
01:24:25 en favorisant...
01:24:27 en favorisant, pardon, et facilitant les interactions.
01:24:30 L'enjeu de la proximité est en effet central.
01:24:32 Il nous faut redonner du lien entre habitat, emploi
01:24:35 et lieu de consommation par des rééquilibrages,
01:24:37 notamment à l'échelle régionale,
01:24:39 grâce à un redéploiement de certaines activités,
01:24:42 petites industries et artisanats,
01:24:43 et en renforçant les polarités locales.
01:24:46 Raisonner notre façon d'artificialiser,
01:24:48 c'est donc avant tout mieux construire
01:24:49 en optimisant les zones déjà artificialisées.
01:24:52 Il nous faut aller vers une plus grande densification,
01:24:55 une réduction de la fragmentation urbaine.
01:24:58 Surélévation des bâtiments,
01:25:01 transformation des sous-sols, changement d'usage,
01:25:03 mobilisation des bâtiments vacants et des friches
01:25:05 qui représentent 170 000 hectares à elles toutes seules,
01:25:08 autant de solutions à privilégier pour optimiser l'existant.
01:25:12 Attention, il ne s'agit pas ici d'entasser et d'étouffer
01:25:15 les populations dans les villes cloisonnées,
01:25:17 mais de repenser notre façon d'aménager
01:25:19 qui a prévalu jusqu'à aujourd'hui.
01:25:20 Comment ? En travaillant sur la qualité architecturale
01:25:23 des bâtiments et leur multifonctionnalité,
01:25:26 en répondant aux besoins d'espaces verts
01:25:27 et en préservant les espaces verts de pleine terre,
01:25:30 en développant les équipements et les mobilités de proximité,
01:25:33 en réalisant de véritables trames vertes
01:25:35 qui doivent être le support de mobilité active,
01:25:38 de connexion entre les espaces d'urban dense
01:25:40 et les espaces verts périphériques,
01:25:42 ainsi que de véritables corridors écologiques
01:25:44 qui agissent comme des poumons.
01:25:46 Des villes et des villages plus compacts,
01:25:47 c'est l'assurance d'un accès facile
01:25:49 et à l'ensemble des besoins du quotidien
01:25:51 avec une moindre dépendance à la voiture individuelle.
01:25:55 Entendons-nous bien, je ne suis pas en train d'opposer
01:25:56 la ville à la ruralité.
01:25:58 Chacun doit pouvoir préserver les conditions
01:26:00 de son attractivité.
01:26:01 Cependant, il nous faut insister sur la nécessité
01:26:03 de renforcer la planification de l'aménagement
01:26:05 de nos territoires à l'échelle régionale et locale.
01:26:08 Les élus locaux savent que ces enjeux sont fondamentaux.
01:26:11 Ils ne sont pas réfractaires à mieux prendre en compte
01:26:13 la lutte contre l'artificialisation.
01:26:16 Suite à l'adoption de la loi Climat et Résilience votée en 2021,
01:26:19 ces élus ont cependant exprimé des craintes
01:26:21 quant à un éventuel impact négatif sur le développement
01:26:24 et l'attractivité de leur commune.
01:26:27 Ces craintes, nous les avons entendues,
01:26:28 tout comme leur besoin d'être mieux accompagnés.
01:26:30 C'est pourquoi, sans revenir sur nos engagements,
01:26:32 la proposition de loi d'initiative sénatoriale
01:26:34 qui nous intéresse aujourd'hui doit nous permettre
01:26:36 d'apporter des réponses concrètes avec un meilleur encadrement,
01:26:39 une facilitation à la mise en oeuvre des objectifs du ZAN.
01:26:42 Dans ce texte, nous nous sommes fixés des objectifs forts
01:26:45 et ambitieux pour parvenir à un juste équilibre
01:26:47 qui concilie protection de la biodiversité
01:26:50 et attractivité de nos territoires,
01:26:51 notamment face aux enjeux de la réindustrialisation.
01:26:54 Nos débats en commission ont permis d'évoquer des enjeux majeurs,
01:26:57 que ce soit concernant les projets d'intérêt national,
01:26:59 régional ou intercommunal, le droit minimal à construire
01:27:02 ou encore la prise en compte des efforts passés
01:27:03 de sobriété foncière.
01:27:05 Pour ce qui est du groupe démocrate,
01:27:06 nous nous félicitons de l'adoption en commission
01:27:09 de nos amendants, que ce soit sur la création
01:27:11 d'un forfait national de 15 000 hectares décomptés du ZAN
01:27:14 en listant les projets concernés,
01:27:16 sur la mise en oeuvre d'une enveloppe
01:27:17 de projets d'intérêt régional
01:27:19 ou encore sur la possibilité pour les maires
01:27:21 de mutualiser leurs garanties rurales.
01:27:23 Vous l'avez compris, le groupe démocrate
01:27:25 défend l'impérieuse nécessité de conserver le cap fixé sur le ZAN
01:27:29 tout en étant favorable aux ajustements et précisions
01:27:31 sur sa mise en oeuvre qui doivent nous donner les moyens
01:27:34 de satisfaire nos objectifs en respectant nos élus
01:27:37 et nos territoires. Je vous remercie.
01:27:39 -Merci, madame la députée.
01:27:41 La discussion générale est close
01:27:43 et je passe la parole à monsieur le ministre.
01:27:45 -Merci, madame la présidente. Mesdames et messieurs les députés,
01:27:52 je vais être bref puisque l'essentiel des réponses
01:27:54 à cette DG, elle se fera tout au long des heures
01:27:56 que nous allons passer ensemble.
01:27:58 Mais j'aimerais remercier le député Le Fur
01:28:00 d'avoir fait un plaidoyer aussi vibrant
01:28:01 pour le texte qui vous est présenté.
01:28:04 Parce qu'après avoir dit que le risque du ZAN,
01:28:07 c'était de ne pas permettre la réindustrialisation
01:28:10 et de menacer la ruralité, il a finalement expliqué
01:28:13 de manière très cohérente la raison pour laquelle
01:28:15 il a retiré une mention de rejet qui visait à mieux souligner
01:28:18 la nécessité d'avoir un texte comme celui qui vous est présenté
01:28:20 aujourd'hui.
01:28:22 Je voudrais simplement vous alerter sur certaines facilités.
01:28:27 Le talent n'excluant pas le travail sur ces sujets
01:28:30 quand on regarde la réalité objective des chiffres.
01:28:35 On peut rendre le ZAN responsable de beaucoup de choses,
01:28:38 mais il faut un minimum d'objectivité
01:28:40 pour être sûr de ne pas se tromper de constats.
01:28:42 Nous avons aujourd'hui une crise du logement
01:28:45 qui vaut dans plein de pays d'Europe,
01:28:47 dont certains qui n'ont pas de ZAN,
01:28:49 parce qu'on a une inflation des matériaux,
01:28:51 une montée des taux d'intérêt qui complique partout
01:28:53 pour des raisons de pouvoir d'achat,
01:28:54 une partie des difficultés.
01:28:56 Et donc ce serait une forme de facilité
01:28:57 et un risque d'erreur de diagnostic de laisser penser.
01:29:01 Je me permets de dire que ça a été évoqué
01:29:04 par plusieurs orateurs ce matin,
01:29:05 et de peur que ça revienne de manière trop régulière
01:29:07 pendant nos débats,
01:29:08 je préfère le dire de manière immédiate.
01:29:10 De la même manière que laisser penser que le ZAN
01:29:13 voudrait dire la fin de la maison individuelle,
01:29:15 ce serait là aussi une caricature qui ne correspond pas à la réalité.
01:29:20 Tenir une trajectoire foncière de division par deux,
01:29:23 ça veut juste dire passer d'une moyenne de 8 pavillons hectares
01:29:27 à une moyenne de 16 pavillons hectares
01:29:29 dans plus de la moitié de l'artificialisation,
01:29:30 c'est-à-dire des jardins de 1 200 à des jardins de 600 m2,
01:29:34 je parle d'une moyenne,
01:29:35 parce que je pourrais faire exactement la même chose
01:29:38 avec la moyenne des jardins à plus de 2 500 m2,
01:29:41 puisqu'il y en a également.
01:29:43 Nous n'imposons pas un modèle,
01:29:45 nous nous inscrivons dans une trajectoire de sobriété.
01:29:49 Laisser penser qu'il s'agirait d'un texte de décroissance,
01:29:51 ça va à la fois à l'encontre de la réalité des chiffres
01:29:53 qui seront devant nous, et ça va là aussi, je le redis,
01:29:57 à l'encontre de la réflexion que nous devons avoir
01:29:58 sur ce qu'est la réalité de notre patrimoine.
01:30:01 Nos paysages, nos forêts, nos sols, nos espaces agricoles,
01:30:07 c'est une partie de nos biens communs,
01:30:09 et c'est une partie de ce qui nous permet précisément
01:30:12 d'avoir ces espaces de développement,
01:30:14 d'avoir cette vitalité touristique,
01:30:16 d'avoir cette réalité d'atouts pour notre pays.
01:30:20 Alors j'ai bien noté la multiplicité des champs
01:30:22 sur lesquels nous aurions à discuter,
01:30:24 entre ceux qui considèrent que la liste des grands projets
01:30:27 d'envergure nationale serait trop large,
01:30:30 ceux qui la considèrent comme étant trop restrictive,
01:30:33 ceux qui souhaitent qu'on se préoccupe
01:30:34 des territoires littoraux, des territoires de montagne,
01:30:37 et je pourrais multiplier les propos qui ont été tenus.
01:30:40 Mesdames et messieurs les députés, notre intention,
01:30:43 et ça, je l'ai entendu sur tous ces bancs,
01:30:46 c'est à la fois de tenir cet objectif
01:30:49 de sobriété foncière et de redonner de la souplesse
01:30:52 en faisant confiance aux élus de terrain.
01:30:54 C'est ce qui est au coeur du texte,
01:30:56 c'est ce qui est au coeur de toute une partie des dispositifs,
01:31:00 et précisément, je me réjouis
01:31:03 que nous n'ayons pas été au terme d'une motion
01:31:05 qui aurait consisté à laisser penser
01:31:06 que le droit existant est préférable
01:31:08 aux adaptations qui vont vous être présentées,
01:31:10 sur lesquelles le travail en commission
01:31:12 a déjà été extrêmement conséquent
01:31:13 et sur lequel nous allons pouvoir,
01:31:15 tout au long des heures qui viennent,
01:31:17 faire en sorte de faire oeuvre utile
01:31:19 pour concilier cette ambition et le pragmatisme
01:31:21 dans sa mise en oeuvre.
01:31:23 -Merci, monsieur le ministre.
01:31:25 La parole est à monsieur le président de la commission.
01:31:29 -Merci beaucoup, madame la présidente,
01:31:31 monsieur le ministre, madame la vice-présidente,
01:31:33 messieurs les rapporteurs, chers collègues.
01:31:35 Nous débutons l'examen des articles sur cette proposition-là
01:31:37 qui a fait l'objet de plus de 600 amendements.
01:31:40 C'est beaucoup.
01:31:41 Et je souhaiterais que l'examen des articles débute
01:31:43 comme cela est prévu aux articles 1er et 2,
01:31:47 mais pour que les débats essentiels puissent se tenir
01:31:49 en présence du plus grand nombre d'entre nous
01:31:51 une fois que nous aurons achevé l'examen
01:31:52 des additionnels après 2,
01:31:54 il me semble nécessaire d'appeler en priorité
01:31:56 les 2 articles ayant suscité le plus de discussions en commission,
01:31:59 à savoir l'article 4 sur les projets d'ampleur nationale
01:32:02 et l'article 7 sur la garantie rurale.
01:32:05 Et donc, en application de l'article 95
01:32:07 aliné à 4 de notre règlement,
01:32:09 je demande l'examen en priorité des articles 4 et 7
01:32:12 de la proposition de loi,
01:32:13 ainsi que des amendements portant articles additionnels
01:32:16 avant ou après chacun de ces deux articles.
01:32:18 Je vous remercie, Mme la présidente.

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