Thierry Ardisson ressuscite Coluche

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"Ce qui m'intéresse, c'est d'avoir des archives et le sujet, Coluche en l'occurence, qui parle des archives." Un hôtel où résident Dalida et Jean Gabin ? C'est le concept de l'"Hôtel du Temps", imaginé par Thierry Ardisson. Pour neo, il parle de sa rencontre avec Coluche. ⏳
Transcript
00:00 Colu c'est un excessif.
00:01 Quand il a goûté aux pétards, il a fumé beaucoup de pétards.
00:04 Quand il a goûté à l'héros, il a pris beaucoup d'héros.
00:06 Ils lui disent "comment tu t'en es sorti ?"
00:08 Et lui, bizarrement, il était parti en Thaïlande.
00:10 Alors ça, c'est très incompréhensible parce que c'est quand même l'endroit où il y en a plein.
00:12 Thierry, vous êtes déjà revenu ?
00:15 Vous étiez en train de parler de Michel Delquet.
00:18 - Ah ouais ? - Comment va-t-il celui-là ?
00:20 Michel ? Il a failli emménager ici il y a quelques mois.
00:23 Oh !
00:24 Et au dernier moment, il a changé d'avis.
00:25 Bonjour, c'est Thierry Hardisson. Je viens vous parler du Hôtel du Temps consacré à Coluche.
00:30 Après celui consacré à Dalida.
00:32 L'Hôtel du Temps, c'est un hôtel.
00:34 Dans cet hôtel vivent des légendes disparues.
00:37 J'ai déjà interviewé Jean Gabin, Dalida.
00:39 Donc voilà, ils vivent là. Personne n'a le droit d'y aller sauf moi.
00:42 C'est un métaverse, c'est un univers que j'ai imaginé, dans lequel je me promène.
00:46 Et voilà.
00:48 *Musique*
01:04 Qu'est-ce qui vous étonne, en rire, tous les deux ?
01:05 Ah bah je lui disais que si on est soi-même touché par la mort, on a intérêt à en rire.
01:10 Et puis si on n'est pas touché par la mort, on n'a pas de raison pour en rire.
01:13 En fait, c'est la technique du deepfake.
01:15 C'est-à-dire que le deepfake, ça existait avant moi.
01:18 Moi, j'ai pas inventé le deepfake.
01:19 Ce que j'ai fait en premier, c'est d'utiliser le deepfake
01:23 pour des raisons positives, nobles, culturelles.
01:26 T'as un précurseur, ça, moi, si.
01:27 Je faisais marrer sur tous les sujets qui étaient pas drôles, quoi.
01:30 Tu sais, le rire, c'est une arme formidable contre la misérie et la connerie.
01:34 Jusque-là, le deepfake, c'était...
01:36 Je sais pas, Obama dans une partouze,
01:38 ou Hitler et Staline qui chantent du Haba sur YouTube.
01:41 Moi, j'ai fait du deepfake positif, voilà.
01:43 On n'a pas à craindre l'intelligence artificielle.
01:45 Le tout, c'est d'avertir les gens.
01:47 Oui, c'est du deepfake.
01:48 Là, on arrive à une certaine perfection.
01:50 La preuve, c'est que les Américains de Warner Brothers
01:52 nous ont racheté l'émission
01:54 et qu'ils nous appellent pour savoir comment on fait.
01:55 Donc, c'est pas mal.
01:56 Colu, c'était celui qui disait ce que personne n'avait le courage de dire.
02:01 C'est une grande gueule.
02:02 C'est un type qui avait d'abord beaucoup de rébellion contre la société.
02:05 Au début, il était assez sénilien, disons,
02:07 mais pas au sens antisémite du terme,
02:09 mais au sens "les pauvres sont des cons", quoi.
02:11 Il supportait pas la pauvreté, il supportait pas son enfance à Montrouge.
02:16 Ensuite, il a fait la carrière qu'on connaît.
02:17 Et sur la fin de sa vie, il est devenu une espèce de saint laïque.
02:21 Il a pris conscience, en fait, un jour, il faisait une émission.
02:23 Il y a un type qui l'appelle et il lui dit, vous savez,
02:25 vous occupez beaucoup de ce qui se passe au bout du monde,
02:27 parce que c'est l'époque du concert pour les Tchoupis, etc.
02:30 Mais vous occupez pas de ce qui se passe au coin de la rue.
02:32 Et au coin de la rue, il y a des Français qui meurent de faim.
02:35 Là, ça l'a transfiguré.
02:37 Il est devenu ce personnage pour lequel, aujourd'hui,
02:40 70 000 personnes par an se donnent du mal pour animer les restos du cœur.
02:44 C'est quelqu'un qui est toujours vivant, en fait, Coluche.
02:46 À Coluche, c'est plus l'abbé Pierre que des proches,
02:51 parce que Coluche, il avait le sens de la formule, effectivement.
02:53 D'ailleurs, on voit dans l'émission, dès qu'il ouvre la bouche,
02:56 c'est une punchline, quoi.
02:57 Ce qu'il dit, d'ailleurs, sur la retraite, sur le temps de travail,
03:00 c'est des choses qui pourraient être dites en ce moment.
03:02 Maintenant, au-delà de son sens de la formule
03:05 et de son côté provoque qu'il y avait évidemment des proches,
03:07 lui, c'est l'abbé Pierre.
03:09 Dans le film, on le voit rencontrer l'abbé Pierre.
03:10 C'est-à-dire qu'à un moment, il va voir l'abbé Pierre
03:12 et il lui apporte un énorme chèque.
03:13 Il aurait pu garder l'argent sur le compte des restos,
03:15 mais comme il y avait du rab, il l'a donné à l'abbé Pierre.
03:18 La rencontre est absolument magique entre les deux.
03:20 -On va penser à vous associer, parce qu'on a eu du rab.
03:23 On en a eu un peu plus qu'a prévu.
03:26 Alors, on vous a amené le reste.
03:28 -Du fil. -Voilà.
03:29 -Du fil.
03:30 -Les documentaires d'archives, il y en a déjà eu plein.
03:34 Moi, ce qui m'intéresse, c'est pas d'avoir des archives
03:37 et des gens qui parlent des archives.
03:39 Ce qui m'intéresse, c'est d'avoir des archives
03:41 et le sujet, donc Coluche, en l'occurrence,
03:43 qui parle des archives.
03:44 C'est complètement différent et c'est même révolutionnaire.
03:47 Je sais pas s'il y a un personnage aujourd'hui qui serait aussi fort,
03:52 parce que Coluche, quand même, ce qu'il a fait,
03:53 c'est qu'il est allé voir tous les dirigeants,
03:55 à commencer par Mitterrand, évidemment.
03:57 Il est allé à Bruxelles,
03:58 parce qu'il y avait des stocks de beurre, des stocks de lait
04:01 qui restaient dans des silos.
04:02 Donc, il est allé là-bas pour qu'on les distribue aux gens.
04:04 Sa notoriété lui permet de faire à la fois d'agir médiatiquement,
04:07 politiquement, et puis il avait le contact avec les gens.
04:10 C'était un gosse du peuple, il avait le contact avec les gens.
04:12 Aujourd'hui, je vois pas qui aurait la personnalité suffisante
04:15 pour faire ça.
04:16 Non, il gagne pas, mais il foutrait le bordel, oui.
04:20 Ces candidats-là ne gagnent pas et c'est tant mieux.
04:22 Mais ils ont au moins le mérite de poser les problèmes,
04:24 de dire des choses, de dire ce que les gens n'osent pas dire.
04:27 Ils seraient sûrement pas élus, mais ils seraient utiles.
04:29 J'espère, Jenny a l'idée.
04:33 Il n'y a pas beaucoup de gens qui méritent d'être dans "Hôtel du temps"
04:36 parce qu'il faut être très connu, mais en plus, il faut avoir une vraie vie.
04:39 Jean Gabin, en 40, quand les Allemands arrivent,
04:41 il refuse de collaborer avec les nazis.
04:44 Il part en Amérique, il vit avec Marlène Dietrich
04:47 dans la maison de Greta Garbo.
04:48 Et puis un jour, il se dit, il y a mes copains qui font la guerre en France,
04:51 il faut que j'y aille, viens en France.
04:53 Il rentre dans la deuxième DB du général Leclerc
04:55 et il finit à Berchtungaden au Nid d'Aigle d'Hitler.
04:57 Donc, il y a une vie à raconter.
04:59 Après, vous prenez Michel Berger, par exemple,
05:01 qui est un type qui a fait des chansons absolument fabuleuses.
05:03 Il n'a pas de vie, il lui est rien arrivé.
05:05 Il écrivait des chansons, il mangeait du chocolat.
05:06 C'est rien. Pareil pour Balavoine.
05:08 Il y a vraiment des gens qui méritent.
05:09 Jenny mérite évidemment, parce qu'il a une vie absolument incroyable.
05:12 Pas tous méritent "Hôtel du temps".
05:14 "Hôtel du temps", c'est le 23 juin sur France 3, à 21h10.
05:19 Soyez là.
05:20 [Sonnerie de fin]
05:22 Merci.

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