La 54e édition des Rencontres d'Arles commence le 3 juillet. Parmi les artistes exposés : Gregory Crewdson, auteur du cliché « Eveningside Tattoo ». Jean-Charles Vergne, commissaire de l’exposition Gregory Crewdson, dévoile les secrets de ce cliché aussi intriguant que poétique.
#Arles2023 #RencontresdArles #photo #photographie #exposition #GregoryCrewdson #art #photographe
Suivez nous sur :
- Youtube : https://www.youtube.com/c/lepoint/
- Facebook : https://www.facebook.com/lepoint.fr/
- Twitter : https://twitter.com/LePoint
- Instagram : https://www.instagram.com/lepointfr
- Tik Tok : https://www.tiktok.com/@lepointfr
- LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/le-point/posts/
- www.lepoint.fr
#Arles2023 #RencontresdArles #photo #photographie #exposition #GregoryCrewdson #art #photographe
Suivez nous sur :
- Youtube : https://www.youtube.com/c/lepoint/
- Facebook : https://www.facebook.com/lepoint.fr/
- Twitter : https://twitter.com/LePoint
- Instagram : https://www.instagram.com/lepointfr
- Tik Tok : https://www.tiktok.com/@lepointfr
- LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/le-point/posts/
- www.lepoint.fr
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Si je regarde cette femme, je constate qu'elle se regarde dans un miroir,
00:03 mais que paradoxalement, elle ne se regarde pas elle-même.
00:06 Ce qu'elle est en train de regarder, c'est moi, le spectateur de la photographie.
00:10 C'est une photographie qui s'intitule "Eveningside Tattoo"
00:24 et qui fait partie de la toute dernière série réalisée par Gregory Crutzen.
00:29 C'est une série qui est présentée pour la toute première fois en France.
00:32 Cette série a la particularité, par rapport aux séries antérieures, d'être en noir et blanc.
00:37 On est littéralement plongé dans un univers et une atmosphère
00:41 qui est très proche des univers de films noirs.
00:44 Cette photographie en particulier a la particularité de développer aussi bien un discours sur le cinéma
00:50 et de faire également des incursions du côté de la littérature.
00:53 Alors qu'est-ce qu'on voit ? On est devant une boutique, qui est la boutique d'un tatoueur.
00:58 Sur le perron est assis un homme, pieds nus.
01:01 Pieds nus comme s'il était assis au seuil d'un lieu sacré.
01:05 En tout cas, moi, c'est ce que j'aime voir dans cette posture très particulière de l'homme.
01:10 Et à l'intérieur du salon de tatouage, on voit sur la droite une femme qui nous tourne le dos,
01:15 qui est habillée d'une blouse, qui dénude son dos.
01:19 Et on voit sur son dos un tatouage qui est un cercle parfait.
01:23 Et puis, si on est un peu attentif, on s'aperçoit également qu'elle a sur le poignet
01:27 un petit croissant de lune tatoué.
01:29 Et puis, quand on regarde à nouveau l'homme, on voit que sur son bras est tatoué le mot "suprême".
01:34 Si je regarde cette femme, je constate qu'elle se regarde dans un miroir,
01:38 mais que, paradoxalement, elle ne se regarde pas elle-même.
01:41 Ce qu'elle est en train de regarder, c'est moi, le spectateur de la photographie.
01:45 C'est-à-dire que par le biais du miroir, son regard va traverser la vitrine de cette boutique de tatouage,
01:52 va venir me fixer, moi, en tant que spectateur, qui suis en train de regarder l'homme.
01:56 Et là, je prends conscience que je suis le médiateur entre cette femme et l'homme,
02:01 qu'elle ne peut pas voir puisqu'elle lui tourne le dos.
02:03 Et puis, si je regarde un petit peu mieux, je m'aperçois que cette boutique forme des tableaux dans le tableau.
02:08 C'est-à-dire que chacune des deux vitrines latérales forme une boîte.
02:12 Et à l'intérieur de cette boîte, on a des tableaux accrochés au mur.
02:14 Et puis, si je me promène dans la rue, sur le côté à l'extrême gauche de la photographie,
02:19 je vois deux peintures posées contre le mur.
02:22 Leurs cadres sont brisés et ces peintures vont former une espèce de chemin visuel dans la photo.
02:28 Et quand je pars de ces deux petites peintures qui sont brisées le long de la maison,
02:33 je vais suivre une ligne le long du trottoir, qui est une ligne faite de végétaux fanés, de bouteilles vides, de détritus.
02:42 Et cette ligne va me permettre de rejoindre d'abord l'homme, puis je continue à allonger le bâtiment.
02:48 Et là, j'arrive à l'extrême droite de la photographie et je m'aperçois, ce que je n'avais pas vu au départ,
02:54 qu'il y a un second reflet de la femme dans une partie de la vitrine.
02:58 Un reflet très crépusculaire, presque liquide, où le reflet de la femme se mêle avec les feuilles
03:04 qui tombent sur le côté de la maison et qui se reflètent également dans cette vitrine.
03:08 Et là, je vois apparaître une espèce de figure d'Ophélie dans un tombeau liquide recouvert de feuilles
03:15 et me vient subitement en tête cette phrase qu'on trouve chez Shakespeare dans Hamlet.
03:21 « Si seulement elle dévoile sa beauté à la lune ».
03:24 Et là, il y a ce petit tatouage de lune sur le poignet de la femme.
03:28 Et d'un seul coup, ça devient Ophélie.
03:30 Et l'homme qui est dehors et qui l'attend finalement, possiblement, devient Hamlet,
03:35 qui dans la pièce de Shakespeare sera l'époux d'Ophélie.
03:37 [Musique]