• l’année dernière
Au lendemain des Championnats nationaux et à moins d'une semaine du Grand Départ du Tour de France, le moment était idéal pour retrouver Cyrille Guimard, l'un de nos chroniqueurs sur Cyclism'Actu ! Avant d'évoquer la Grande Boucle dans une deuxième partie que vous pourrez découvrir très prochainement, le Druide est revenu en longueur sur le superbe sacre de Valentin Madouas (Groupama-FDJ), devenu champion de France à Cassel à l'issue d'une course qui restera dans les annales. Les victoires de Rémi Cavagna (Soudal Quick-Step) sur le contre-la-montre et de Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step) sur la course en ligne des Championnats de Belgique ont également été évoquées par Cyrille Guimard dans cette chronique que vous pouvez retrouver en vidéo et en intégralité !

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Transcription
00:00 Oui c'est le plus beau champion de France qu'on pouvait avoir sur ce type de parcours
00:22 et personne ne peut remettre en cause ou remettre en doute sa performance.
00:27 Je crois qu'il doit arriver maintenant à l'apogée de sa carrière, il y a encore des
00:36 choses à améliorer comme tout le monde, rien n'est en parfait.
00:40 Mais le niveau où il est là, s'il a ce niveau là sur le tour, on le verra souvent sur le petit écran.
00:56 Bonjour Cyril Guimard, les championnats de France se sont disputés la semaine dernière à Cassel.
01:03 Si vous vous en souvenez, avez-vous déjà eu la sensation de vivre un tel chantier sur une course en ligne ?
01:13 Il faudrait vraiment que je m'aie là pour remonter à plus de 30 ans ou 40 ans.
01:25 C'était un parcours très difficile, compliqué par quelques bosses empavées, plus les pourcentages,
01:36 si vous rajoutez la chaleur, les conditions de course étaient idéales pour faire un grand championnat de France.
01:44 On n'a pas eu de prise de position pour savoir si on devait partir ou pas.
01:54 Vous savez que maintenant avec toutes les normes dites de sécurité, s'il fait trop chaud, s'il fait trop froid,
02:00 s'il y a trop de difficultés, on annule. Personne n'a parlé d'annuler.
02:06 Mais ce n'était pas nécessaire, la course a été très belle et seulement 23 coureurs à l'arrivée, ça veut dire quelque chose.
02:19 Sur ce type de parcours, tu es bien ou tu n'es pas bien.
02:23 Tu ne peux même pas être à moitié bien, parce que si on prend le 23ème, il doit être à 17 minutes.
02:29 Donc ça veut dire qu'on a eu une vraie course, une vraie bagarre, de vraies défaillances.
02:34 Et sur ce parcours où personne ne pouvait tricher, il y a un homme qui a dominé tous les débats du départ à l'arrivée,
02:44 c'est Valentin Madouas. Il était un petit cran au-dessus de tout le monde.
02:49 Il était en plus toujours avec un petit coup d'avance.
02:55 Et puis surtout, c'est lui qui a donné le tempo à toute l'équipe Groupama et le DJ.
03:03 Il aurait déjà pu l'emporter l'an dernier s'il n'y avait pas eu des erreurs de stratégie déjà.
03:11 Mais oui, c'est le plus beau champion de France qu'on pouvait avoir sur ce type de parcours.
03:19 Et personne ne peut remettre en cause ou remettre en doute sa performance.
03:25 Je crois qu'il arrive maintenant, il doit arriver maintenant, je veux dire à l'apogée de sa carrière.
03:32 Il y a encore des choses à améliorer, comme tout le monde, rien n'est en parfait.
03:36 Mais le niveau où il est là, s'il a ce niveau-là sur le tour, on le verra souvent sur le petit écran.
03:47 Qu'est-ce qu'il peut viser dans les prochaines années ?
03:50 On sait qu'il est très attiré par les classiques flandriennes, notamment le Tour des Flandres.
03:53 Il a déjà fini 3e, il a fini 2e d'Estrade Bianche aussi cette année.
03:58 Il a vraiment sur les courses d'un jour, c'est un très gros potentiel.
04:03 Oui, mais quand on est un gros potentiel sur les courses d'un jour,
04:09 on l'est par obligation sur les courses à étapes.
04:12 Alors, c'est vrai, on est ou grimpeur ou sprinter, chacun a des qualités différentes.
04:21 Mais n'oublions pas que l'an dernier, en se mettant au service de Godud, il a terminé 10e du Tour.
04:27 Ce qui est déjà une belle performance.
04:34 Cette année, je pense qu'ils vont partir un peu dans la même configuration,
04:40 peut-être avec un peu plus de liberté pour Valentin.
04:46 Mais ça, c'est Marc Maillot qui décidera en fonction des possibilités de surcoureurs.
04:54 Et puis rappelez-vous toujours, il y a un moment, les choses se font à la pédale.
05:00 On peut dire aujourd'hui que le groupe Hamas-FDJ part avec deux leaders,
05:07 il y aura un leader 1 et un leader 2, mais qui sont à mon avis très proches l'un de l'autre aujourd'hui.
05:14 Pour le classement général ?
05:16 Oui, pour le classement général.
05:18 D'accord.
05:20 Quand vous avez fait 10e en tant qu'équipier, vous pouvez encore revenir dans le top 10.
05:26 Quelqu'un qui a fini 165e, c'est quand même plus compliqué.
05:32 Mais faire 10e en tant qu'équipier, ce n'est pas faire 4e en tant que leader.
05:37 Non, il faudra déjà que David Goddou soit au même niveau que l'an dernier
05:44 pour aller chercher une place de 4e, voire de 3e.
05:48 Parce qu'on a du mal à imaginer battre les deux autres monstres.
05:53 S'il est à ce niveau-là, compte tenu de la façon dont la course va se dérouler,
06:00 vous avez quand même deux équipes qui vont contrôler pour le classement général.
06:03 Goddou peut faire comme l'an dernier, c'est-à-dire filocher en fonction des différentes situations de course.
06:11 Mais ce n'est pas Groupama MDJ d'assumer le contrôle de la course
06:17 quand vous avez deux coureurs qui sont aussi forts, aussi puissants,
06:23 avec des équipes qui sont également supérieures aux autres équipes, y compris Groupama et MDJ.
06:32 Ils ne sont pas au niveau du AE ou de Jumbo.
06:35 Donc, ils sont quand même dans des positions d'attente
06:39 où c'est plus les opportunités qui peuvent permettre de renverter éventuellement certaines situations.
06:45 Mais le prévoir sur le papier, ce n'est pas évident, c'est même impossible d'ailleurs.
06:51 Et puis ensuite, la course.
06:54 Rappelez-vous l'an dernier, Lingergaard gagne l'étape des pavés.
07:00 Il n'aurait pas fallu grand-chose pour qu'il perde deux ou trois minutes de plus
07:05 et c'était Pogacar qui l'emportait.
07:07 Pogacar qui était lui, au contraire, en évidence, en tête de course.
07:12 Il a d'ailleurs même fait un peu trop.
07:15 Mais vous voyez, sur une étape comme ça, tout peut changer.
07:22 Tout peut faire en sorte que les cartes soient redistribuées.
07:26 Donc, il faut toujours être présent, vigilant et prêt à saisir les opportunités lorsqu'elles se présentent.
07:35 Mais c'est quand même deux atouts pour Groupama et MDJ, il faut quand même le reconnaître.
07:41 Et pour en revenir à la course d'hier, justement, la Groupama et MDJ a été tactiquement parfaite.
07:48 Valentin Mados était le plus fort physiquement, individuellement.
07:51 Mais l'équipe Groupama et MDJ a tout bien fait.
07:54 Ils ont tout bien fait à partir du moment où ils ont lancé très tôt les offensives.
08:03 Ils se sont retrouvés dans un groupe de 22, mais en étant déjà 8.
08:07 C'est-à-dire pratiquement un coureur sur trois en étant sur nombre.
08:10 De là, après, quand vous avez quelqu'un qui est en plus au-dessus du lot,
08:15 qui se retrouve avec 7 équipiers, à partir de son brin, c'est difficile pour les autres.
08:21 Ajeu Dezer a raté un petit peu le coche.
08:27 Ils ont été en chasse-patate une grande partie de la course.
08:31 Cofidis n'a pas existé.
08:33 En fait, la seule opposition véritable qu'il y a eu, c'est Arkea, l'équipe bretonne,
08:40 qui a été présente jusqu'à 40 km de l'arrivée.
08:46 Et puis, Madwes a fait le reste avec Godu et Rudy Mollard.
08:58 C'est une belle surprise quand même.
09:01 C'est Tony Gallopin et Julien Bernard qui étaient deux au départ et qui viennent dans
09:07 le top 4 et sur le podium.
09:09 Mais à partir du moment, sur des parcours comme ça, quand vous avez quelqu'un qui a
09:13 la jambe au-dessus, vous ne pouvez pas y aller.
09:17 Quand Godu accélère, Madwes se rend compte que tout le monde explose.
09:24 Il revient dans la roue, il fait bon, on s'en va.
09:28 On n'a plus rien à faire ici.
09:31 C'était aussi beau à voir.
09:34 Cofidis, Ajeu Dezer qui court à l'envers.
09:37 Je pense que Cofidis n'était pas sûr que le meilleur coureur qu'ils avaient,
09:42 ce n'était pas cocard.
09:45 Mais bon, c'est la course.
09:47 Après, vous avez des coups, des équipes qui sont en individuel.
09:52 Elles ne peuvent pas rentrer dans certains jeux.
09:56 Mais le bloc, elle dévie à balayer les autres.
10:02 Direct et Verline, Direct Energy n'ont pas existé non plus.
10:07 Alors, ils n'ont pas existé, mais quand même, dire une chose, quand vous avez une
10:12 équipe qui est aussi puissante, qui court aussi bien, il faut vraiment être au-dessus
10:18 du lot pour pouvoir accompagner, ce qui n'était pas possible.
10:23 La course en ligne était très belle.
10:24 On a assisté également à beau contre la montre jeudi avec la victoire de Rémi Cavagna
10:29 qui reprend son titre.
10:30 Le niveau était bon aussi sur ce chrono.
10:34 On a vu une belle bagarre.
10:36 Oui, une belle bagarre avec Amiray qui s'est bien battu.
10:41 Mais quand Rémi est au top, sur le plan français, il est difficile à battre.
10:49 Il suffit de voir sur le plan international, il est quand même régulièrement entre la
10:55 première place et la cinquième place avec les gros rouleurs.
11:01 Donc, Amiray était très bien, mais il lui a manqué un petit quelque chose.
11:07 Ajoutons que ce parcours n'avantageait pas spécialement Rémi Cavagna avec cette bosse
11:17 dans le final.
11:18 Finalement, c'est lui qui l'a le mieux passé.
11:21 Il a eu une bonne gestion, il était serein et la dernière ascension ne l'a absolument
11:29 pas apeuré parce que moi, je n'ai rarement vu finir aussi vite.
11:33 Donc, il avait le potentiel au-dessus de ses adversaires.
11:39 Belle défense d'Amiray derrière.
11:43 On retombe à notre niveau normal.
11:46 Contre la monte, on n'est quand même pas la nation la plus performante.
11:55 D'ailleurs, les écarts derrière, on a pu les voir.
11:58 On pouvait attendre un peu plus de certains coureurs.
12:01 Mais sur 40 minutes, les écarts sont énormes.
12:06 Un petit mot également sur les femmes avec la jeunesse au pouvoir.
12:10 Céline Kerbaul sur le chrono, Victor Berthoud sur la course en ligne.
12:14 Audrey Cordorago a fait ce qu'elle pouvait.
12:16 Elle s'est bien battue.
12:20 Il y a un moment, il y a des circonstances de course qui font.
12:30 Elle n'a pas d'équipière, elle court toute seule.
12:33 Elle s'est peut-être un petit peu énervée tôt à un moment.
12:35 Elle est sortie peut-être un peu tôt.
12:39 Même si elle sort plus tard et que ça revient, devant, c'était trop costaud.
12:45 Quand on est parti sur des coups, échappés comme ça à 4 ou 5,
12:50 les difficultés, on les passe plus facilement puisqu'on les passe à son train.
12:54 Alors que pour arriver à sortir de derrière, pour revenir devant, faire le saut,
12:59 il faut se mettre à la planche.
13:00 Et quand vous vous mettez à la planche dans les deux ascensions qu'il y avait,
13:04 surtout le mur de Cassel, il vous faut à peu près 8 à 10 minutes
13:09 pour refaire les niveaux quand vous les refaites.
13:14 Parce que moi, je n'ai pas vu de courant être capable de faire 3 montées max.
13:20 Les 2 montées max qui sont faites, c'est Godud qui les a faites.
13:24 Quand il revient devant et après quand il remet en route pour provoquer
13:30 le démarrage après de Valentin Madouas.
13:35 C'est le seul qu'on a fait 2, les autres c'est une pointe.
13:39 Ça ne passe pas au-delà.
13:41 Quand vous avez mis 7, 8 ou 10 de lactate dans les cuisses,
13:47 il faut avoir un moment avant de le remétaboliser.
13:50 Mais pour sortir, il faut le faire.
13:53 Alors que Madouas, je ne suis pas sûr qu'il l'ait monté une fois à fond.
13:58 Et du coup, à l'étranger, le fait marquant c'est Remco Venepoel
14:02 qui a été champion de Belgique 3 jours après sa démission du Cotonou.
14:06 Après le maillot de champion du monde, le maillot de champion de Belgique
14:10 pour Remco Venepoel.
14:12 Il n'est pas sympa, il n'est pas sympa.
14:14 Il ne va pas le porter son maillot.
14:17 C'est le maillot de champion du monde.
14:19 Peut-être qu'à partir du mois d'août.
14:21 Peut-être qu'à partir du mois d'août, il va le porter.
14:24 Il aurait pu le laisser aux petits jeunes derrière.
14:27 Je sais bien que ce n'est pas dans la logique sportive.
14:30 Quand on est un cannibale, on ne laisse rien.
14:34 Ce n'est pas être cannibale, c'est un maillot quand même.
14:38 C'est un titre.
14:40 Dans d'autres courses, à la limite, vous pouvez faire un petit cadeau.
14:49 Mais un championnat, ça reste un championnat.
14:51 Donc là, le côté humaniste n'existe pas.
14:57 [Musique]

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