• l’année dernière
A la veille des vacances d'été, "Maman, j'ai arrêté l'avion" s'intéresse au tourisme, et plus précisément au tourisme de masse. Les voyages font toujours autant rêver, et plus que jamais recette. La France est même la première destination touristique au monde. Mais le tourisme est à lui seul responsable de 8% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Près de 1 milliard et demi de touristes ont parcouru le monde en 2019 contre 25 millions en 1950. En quelques décennies les recettes du tourisme ont été multipliées par 600.
Des villes prises d'assaut, des littoraux bétonnés ou pollués, des monuments assaillis, des sites protégés dégradés, des plages aussi bondées que le métro un jour de grève... Alors, comment sauver nos vacances sans ruiner la planète ? Existe-t-il vraiment un tourisme durable, à impact positif ? Ou faut-il tout bonnement revoir notre façon de voyager, moins, mieux, autrement et plus près ?

Pour en débattre, Daphné Roulier reçoit :
- Karima DELLI, députée écologiste européenne, présidente de la Commission des transports et du tourisme
- Richard KITAEFF, maire de Gordes, dans le Lubéron, élu le plus beau village du monde d'après le magazine américain "Travel Plus Leisure"
- Jean-François RIAL, fondateur de "Voyageur du Monde", président de l'Office du tourisme de Paris

Présenté par : Daphné Roulier, avec la collaboration de Raphaël Hitier et Camille Étienne
Année : 2023 / Durée : 52' - Production : LCP-Assemblée nationale, en collaboration avec Nova Production

"Maman, j'ai arrêté l'avion" est un magazine sur la transition écologique présenté par Daphné Roulier.
Chaque mois, Daphné Roulier abordera un thème lié à l'actualité suivi d'un débat avec ses invités. Ensemble ils se poseront des questions concrètes et politiques quant à la transition écologique que nous devons tous mener. Comment agir ? Comment s'organiser collectivement ? Quelles solutions sont à notre portée ? Quelles sont les fausses pistes à éviter ?
L'émission de 52 minutes est construite autour de reportages tournés sur le terrain et d'interviews de politiques et/ou d'experts en plateau menées par Daphné Roulier avec, à ses côtés, Raphaël Hitier, docteur en neuroscience et réalisateur de documentaires scientifiques.
La militante écologiste Camille Etienne participera également à l'émission sous une forme artistique et percutante.

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Transcription
00:00 Bonsoir et bienvenue sur LCP, je suis heureuse de vous retrouver pour une émission aux odeurs de sable chaud et de grand large.
00:07 Ce mois-ci, à la veille des grandes vacances, nous nous intéressons au tourisme et plus précisément au tourisme de masse.
00:13 Ça ne nous aura pas échappé, nous n'avons jamais autant voyagé, Raphaël Ittier.
00:17 Oui, en 2019, 1,5 milliard de personnes ont fait du tourisme sur cette planète.
00:22 C'est 60 fois plus que dans les années 50.
00:25 Et sur ce laps de temps, les retombées économiques du voyage et des vacances ont été multipliées par 600.
00:31 Autant dire que les voyages font toujours autant rêver et plus que jamais recettent la France,
00:35 et même la première destination touristique au monde.
00:38 Seul bémol, et il est de taille, le tourisme est à lui seul responsable de 8% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
00:44 Au fait, maman, j'ai arrêté l'avion.
00:46 *Musique*
01:06 Des villes prises d'assaut, des littoraux bétonnés ou pollués, des monuments assaillis, des sites protégés, dégradés,
01:12 des plages aussi bondées que le métro un jour de grève.
01:15 Chacun exige son bout de paradis, sa photo et son selfie souvenir,
01:19 jusqu'au sommet du Mont Blanc ou de l'Everest où l'on joue des coudes.
01:22 Avec toujours un même scénario qui se répète, des riverains excédés, des visiteurs mécontents
01:27 et des écosystèmes de plus en plus fragilisés.
01:29 Alors comment sauver nos vacances sans ruiner la planète ?
01:33 Existe-t-il vraiment un tourisme durable à impact positif ?
01:36 Ou faut-il tout bonnement revoir notre façon de voyager moins, mieux, autrement et plus près ?
01:42 Pour en parler, l'eurodéputée écologiste et présidente de la Commission des transports et du tourisme,
01:47 Carima Dely, le fondateur de Voyageurs du Monde, aussi à la tête de l'Office du tourisme de Paris,
01:52 Jean-François Rial, est le maire du plus beau village au monde,
01:57 d'après le magazine américain Travel + Leisure, Richard Kitaf et Dyl de Gordes dans le Luberon.
02:03 Bonsoir.
02:04 Avant de vous laisser la parole, partons d'abord à Marseille,
02:07 où un vent d'hostilité s'est levé contre les bateaux de croisière des mastodontes
02:11 qui peuvent accueillir jusqu'à 9000 passagers, mais dont l'omniprésence exaspère les riverains.
02:17 Ces villes flottantes sont accusées de cracher leur fumée nuit et jour,
02:20 au mépris de l'environnement et de la santé des habitants.
02:22 Pour la première fois, la justice a été saisie pour mise en danger d'autrui,
02:25 écocide et pollution marine.
02:27 Le tout oppose, c'est un sujet de Alexis Breton, Jawar Nadi et Ibar Aïbar.
02:32 Le vieux port de Marseille, en début d'après-midi.
02:44 Un groupe de touristes vient de débarquer et attend patiemment le car qui va les faire visiter.
02:50 - Vous avez combien de temps pour visiter la ville ?
02:53 - Une journée.
02:56 - Nous sommes là jusqu'à 17 heures et après, on rentre.
03:00 Ces visiteurs sont ce que l'on appelle des croisiéristes.
03:03 Depuis Savonne, dans le nord de l'Italie,
03:06 ils ont embarqué sur un paquebot gigantesque vers Barcelone, puis Marseille.
03:12 - On a 4 jours pour tout faire.
03:13 Demain, c'est fini, on rentre à Savonne.
03:18 C'est une mini-croisière.
03:20 Marseille accueille de plus en plus de touristes comme eux.
03:27 1,8 million chaque année.
03:29 La ville est la 1re destination des paquebots en France.
03:34 - Nous ne serions jamais venus à Marseille sans les croisières.
03:37 - On connaissait Nice.
03:39 - Oui, Nice, on connaît, mais nous ne sommes jamais venus à Marseille.
03:44 C'est beau.
03:46 Les croisiéristes n'ont rien à préparer.
03:48 Pour 300 euros par personne et par séjour, le tour opérator s'occupe de tout.
03:53 Visite sans sortir du car, audio guide sur les oreilles.
03:56 - C'est beau.
03:58 Et quelques points de chute, les plus connus.
04:01 - Papa, approche-toi.
04:05 - On n'a pas à réfléchir en croisière.
04:11 On quitte sa maison pour voir de très belles choses.
04:14 Tout est programmé, c'est super.
04:16 Les croisières, le symbole du tourisme de masse.
04:21 Pour eux, c'est l'occasion de voyager pour pas cher.
04:24 Mais pour certains habitants, ces bateaux géants sont un cauchemar.
04:28 Dans le monde, près de 500 bateaux de croisière naviguent sur toutes les mers,
04:34 de plus en plus nombreux et de plus en plus gros.
04:37 Certains peuvent accueillir jusqu'à 9 000 passagers
04:40 qui vivent dans un centre commercial géant.
04:43 Ici, une piste de karting sur le bateau.
04:46 Là, une salle de spectacle.
04:49 Un spot de surf.
04:51 Une tyrolienne.
04:52 Des dizaines de bars et de restaurants.
04:55 Et des stars embauchées pour en faire la pub.
04:58 Shakira ou Penelope Cruz, sourire aux lèvres et en tenue légère.
05:03 Mais ces monstres marins rejettent des quantités phénoménales
05:09 de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques.
05:12 En un an, un seul paquebot émet autant de CO2 que 10 000 voitures.
05:18 Car ils se rendent responsables d'accidents parfois spectaculaires.
05:22 Au point que Venise leur a interdit l'accès au centre historique
05:26 et d'autres villes y réfléchissent.
05:29 Loisirs qui détruisent la planète pour les uns,
05:33 sources de plaisir et de développement économique pour les autres,
05:36 2 visions s'opposent.
05:38 D'un côté, Christophe Castaner, ancien ministre
05:41 et président du Grand Port maritime de Marseille.
05:44 De l'autre, Fanny Pointet de l'ONG écologiste, transport et environnement.
05:48 Le transport maritime de manière générale,
05:52 les bateaux de croisière avec tout le reste,
05:55 c'est environ 3% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial.
05:58 Donc c'est autant que l'aviation.
06:00 Donc en fait c'est un problème majeur pour le climat aujourd'hui.
06:03 Moi je reste quelqu'un qui croit dans l'hédonisme
06:06 et je sais l'importance des croisières.
06:09 C'est le voyage d'exception des classes moyennes dans notre pays.
06:12 Parce que c'est un voyage d'exception qui n'est pas forcément cher,
06:15 qui est abordable.
06:17 Non loin du vieux port de Marseille,
06:21 quelques membres de Stop Croisière sont rassemblés.
06:24 Ce collectif de riverains créé l'année dernière
06:35 s'est fait connaître grâce à un coup d'éclat.
06:38 Avec 12 kayaks, les militants sont parvenus à bloquer
06:41 pendant 2 heures l'entrée dans le port
06:43 de l'un des plus gros paquebots du monde.
06:45 Ils se battent pour tout le monde, ils se battent pour le vivant.
06:49 Depuis, ils ont déposé plainte contre X
06:51 pour mise en danger de la vie d'autrui,
06:53 pollution marine et écocide.
06:55 Ce que nous voulons, en tout cas nous les habitants,
06:59 c'est respirer un air pur comme tout le monde.
07:01 C'est respirer un air qui soit vivable.
07:04 Parce que depuis des années, on voit que les gens sont malades des poumons
07:07 et on ne comprend pas.
07:08 Donc maintenant on comprend pourquoi.
07:10 - On va faire un petit tour.
07:12 Nous sommes à Lestac, au nord de la ville.
07:19 Chantal est l'une des membres de Stop Croisière.
07:22 Elle vit depuis 32 ans dans ce quartier populaire,
07:25 avec vue sur le chantier naval.
07:27 - Il y en a toute l'année, vraiment.
07:29 Un petit peu moins l'hiver, bien évidemment,
07:32 mais on en a toute l'année.
07:34 Et là encore, c'est un petit bateau qu'on voit en fait.
07:37 Il est minuscule, celui-là, par rapport à...
07:39 Quand il y a les bateaux de croisière,
07:41 on ne voit plus les îles du Frioul, en fait.
07:43 Tellement c'est monstrueux.
07:45 Mais ces gros navires seraient responsables, d'après Chantal,
07:49 d'autres nuisances bien plus graves.
07:51 - Je me réveille quand même quasiment tous les jours
07:56 avec une sensation de gueule de bois.
07:59 J'ai le foie, enfin le système hépatique un peu fragile,
08:02 donc j'ai du mal à évacuer les toxines.
08:05 Donc ça, c'est une des premières choses,
08:07 ce qui génère des maux de tête, des nausées,
08:10 une sensation de grande fatigue, les yeux qui piquent.
08:13 Enfin, c'est des symptômes assez communs aux gens qui m'entourent,
08:16 enfin aux gens qui entourent le port autonome, en fait.
08:19 - A partir de quand vous avez commencé à avoir des problèmes de santé ?
08:22 - Je dirais depuis qu'il y a de plus en plus de trafic maritime à Marseille.
08:27 C'est-à-dire que ça correspond à une dizaine d'années
08:30 et très renforcé depuis, je ne sais pas, je dirais 4-5 ans.
08:36 - Aujourd'hui, aucune preuve ne permet de lier
08:39 les symptômes de Chantal au paquebot de croisière.
08:42 En revanche, selon Santé publique France,
08:45 la pollution de l'air est responsable de 40 000 décès prématurés par an,
08:49 notamment à cause des particules fines.
08:52 - Les bateaux de croisière, ce sont les types de bateaux les plus émissifs.
08:56 Et ils naviguent près des côtes, donc en fait, ils ont un impact
08:59 sur la qualité de l'air qu'on respire directement.
09:02 C'est essentiellement lié au rejet de polluants atmosphériques,
09:05 que sont les oxydes de soufre, les oxydes d'azote et les particules fines.
09:09 Et tout ça, en fait, ça crée des problèmes respiratoires,
09:12 des maladies cardiovasculaires et des morts prématurées chaque an.
09:16 - Avec ses voisins, Chantal a installé un capteur
09:20 pour mesurer le taux de particules fines dans l'air.
09:23 Chaque jour, elle consulte les résultats.
09:27 - Là, on voit qu'hier à midi, il y avait des pics.
09:31 Aujourd'hui, on voit qu'avec le Mistral, c'est plus tranquille.
09:35 Tout ce qui dépasse les pointillés, en fait,
09:38 on est au-dessus des pollutions tolérées, quoi.
09:42 Donc on voit quand même qu'on dépasse souvent.
09:45 - Une semaine après notre tournage, Chantal nous a envoyé cette vidéo
09:50 qu'elle a filmée depuis la rue située juste devant chez elle.
09:53 A l'image, on distingue 5 paquebots de croisière
09:56 qui stationnent dans le port, une situation habituelle en haute saison.
10:01 A la date de la vidéo, les émissions de particules fines
10:04 atteignent des records.
10:06 La moyenne du week-end se situe à 23,9 microgrammes par mètre cube,
10:11 1,5 fois plus que la norme fixée par l'Organisation mondiale de la santé.
10:16 Le 14 mai, un pic atteint même les 75 microgrammes par mètre cube,
10:21 soit 5 fois plus que la norme internationale.
10:24 Une pollution dangereuse, mais le port de Marseille
10:27 pense avoir trouvé la solution au problème.
10:30 Nous avons rendez-vous avec Sophie Rouen,
10:35 qui dirige le département Voyageurs énergie
10:38 au sein du Grand port maritime de Marseille.
10:40 - Bonjour, monsieur.
10:42 - Donc là, on est à l'intérieur du terminal croisière.
10:52 C'est un terminal qu'on a prévu d'équiper à l'échéance 2025
10:56 de connexions électriques.
10:58 Mais dans ce terminal, on voit aussi produire
11:01 de l'électricité photovoltaïque sur ces anciens hangars.
11:04 - Et pourquoi vous êtes obligé de l'électrifier, finalement, ici ?
11:08 - En fait, tous les navires, historiquement,
11:11 utilisent leur propre moteur dans les ports
11:14 pour avoir de l'électricité à bord.
11:16 Et quand on a, comme ça, beaucoup de passagers à bord,
11:19 on a besoin de beaucoup d'électricité.
11:21 Et donc, ils utilisent aujourd'hui leur groupe électrogène interne,
11:25 qui sont à la fois des sources de pollution,
11:27 puisqu'ils brûlent du diesel,
11:29 mais aussi, ça produit du CO2 et donc des gaz à effet de serre.
11:32 Et donc, ce qu'on propose à ce navire,
11:35 c'est de remplacer leur groupe électrogène
11:38 par une connexion électrique qui, pour le coup,
11:41 ne produit pas de polluants et permet de décarboner l'atmosphère.
11:46 - Aujourd'hui, le port de Marseille est le 1er port
11:49 de la Méditerranée en matière d'électrification.
11:51 Nous avons déjà électrifié à quai
11:53 la totalité des bateaux de passagers qui vont vers la Corse.
11:56 Au mois de juin de cette année,
11:58 c'est l'ensemble des ferries qui vont vers les pays du nord de l'Afrique
12:03 et l'Algérie en particulier.
12:05 Et nous commençons à investir massivement,
12:07 c'est un programme de 50 millions d'euros en tout,
12:09 pour électrifier les quais, les croisières d'ici 2025.
12:13 - Le branchement à quai, ça va demander
12:15 d'énormes quantités d'énergie disponibles.
12:17 Donc, c'est vraiment une transition
12:19 qui doit être prise en compte
12:21 par tous les opérateurs économiques,
12:23 par les villes, pour pouvoir donner suffisamment
12:26 de courant à ces navires sans poser de problème,
12:29 on va dire, pour fournir de l'électricité à la ville.
12:32 Donc ça, ça va demander quand même
12:33 des investissements colossaux pour les ports.
12:35 - D'après le port de Marseille,
12:38 les travaux sont financés à 100% par de l'argent public.
12:42 A partir de 2025, 2 paquebots pourront se brancher
12:45 simultanément sur le quai.
12:47 Mais si d'autres accostent au même moment,
12:49 ils devront continuer à laisser tourner
12:51 leurs moteurs en permanence.
12:53 La pollution de l'air ne diminuera donc qu'en partie.
12:56 Du côté des défenseurs des croisières,
13:05 on préfère mettre en avant les bienfaits
13:07 de ces bateaux pour Marseille.
13:09 - Allez, on y va.
13:10 - Jean-François Suas est un pilote
13:13 dont le travail est d'aider les gros navires à accoster.
13:17 - C'est bon ?
13:19 Il est également le président du club de la croisière de Marseille,
13:23 qui milite pour le développement de cette industrie dans la ville.
13:26 - La croisière, c'est une histoire
13:35 qui a à peu près 25 ans aujourd'hui.
13:36 Les 1ers bateaux, on va dire, il y avait en gros,
13:39 on dit toujours une cinquantaine d'escales,
13:41 avec 20 000 passagers dans les années...
13:43 Au début des années 2000, on va dire,
13:44 à la fin des années 90.
13:45 Et aujourd'hui, 23 ans après,
13:47 on est plutôt à 2 millions et à 600 escales.
13:50 Des touristes qui ont forcément, selon lui,
13:53 un impact positif sur l'économie de la ville.
13:56 - Quand vous avez 5 000 personnes sur un bateau,
13:59 ils vont se déplacer dans la ville,
14:00 utiliser les transports communs, utiliser les taxis,
14:02 se rendre dans les commerces,
14:04 dans le musée qui est derrière, etc.
14:06 Et donc, quand vous avez la chance,
14:08 quand on vous amène, je crois, 300 ou 400 000 Américains
14:10 qui ne seraient jamais venus à Marseille avec un bateau
14:13 et qui vont passer la journée dans Marseille,
14:15 je crois que ça mérite d'avoir un regard dessus.
14:17 Alors, un regard critique, sans nul doute,
14:19 mais un regard aussi bienveillant,
14:20 parce que ce sont des gens qui voyagent,
14:22 qui ont envie de découvrir notre culture.
14:24 - Mais sur l'ensemble du territoire,
14:28 ce que nous savons, c'est que les croisières
14:30 génèrent à peu près entre 300 et 400 millions d'euros
14:33 de retombées, et en emplois directs et indirects,
14:37 c'est près de 2 400 emplois
14:39 qui sont directement impactés par l'activité croisière.
14:42 - Si vous allez sur le Vieux-Port
14:43 et interrogez les riverains de l'Aztac,
14:45 mais aussi les restaurateurs du Vieux-Port,
14:47 ils vous diront l'importance,
14:49 quand il y a des arrivées de bateaux de croisière,
14:50 ils le voient immédiatement.
14:52 - Eh bien, c'est ce que nous avons fait.
14:54 Suivant les conseils de Christophe Castaner,
14:56 nous nous sommes rendus dans le Pannier,
14:58 l'un des quartiers les plus touristiques de la ville.
15:01 Lucas Volmy, un vendeur de vin
15:04 et membre du collectif Stop Croisière,
15:06 nous accompagne faire le tour des commerçants.
15:09 Beaucoup ne profitent pas des centaines
15:11 d'employés de croisiéristes qui passent chaque année.
15:13 - Les croisiéristes, à chaque fois,
15:15 ceux qui me disent, quand ils rentrent dans la boutique,
15:17 parce qu'ils sont évidemment attirés,
15:18 c'est des bijoux, c'est du corail,
15:20 mais ils me disent toujours,
15:21 "On n'a pas le temps, il faut qu'on y aille."
15:23 - Si les grands bateaux n'étaient pas là,
15:25 est-ce que ça aurait une différence pour votre commerce,
15:27 enfin, une différence significative pour le chiffre ?
15:29 - Honnêtement, je pense pas.
15:31 - Même chose chez les voisins cavistes.
15:33 - Nous, au niveau du pastis, c'est pas du tout,
15:35 parce qu'ils n'ont pas le droit d'emmener de l'alcool
15:37 sur les bateaux.
15:39 - Règle stricte, manque de temps.
15:41 Les croisiéristes ont également tout à disposition
15:43 sur leur bateau, des souvenirs à la nourriture.
15:46 Résultat à Marseille, ce sont les commerçants
15:48 qui vendent des petits objets pas chers
15:50 qui s'en sortent le mieux.
15:52 Ici, des navettes, des biscuits à la fleur d'oranger.
15:55 - Bonjour. Je voulais savoir si...
15:57 Est-ce que vous recevez des croisiéristes, ici ?
16:00 - Alors oui, c'est quelque chose qui est...
16:03 Qui est, on va dire, significatif en nombre de...
16:05 Nombre de personnes, parce que d'un coup,
16:07 on va se retrouver avec 50 personnes
16:09 dans notre toute petite boutique.
16:11 Mais sur le moment, ça nous ramène pas un chiffre
16:13 significatif non plus.
16:15 Concrètement, économiquement, oui.
16:17 C'est sûr qu'on est mieux avec que sans.
16:19 - On sacrifie beaucoup notre santé
16:21 pour un bénéfice économique qui est très discutable.
16:24 Il y en a certainement un petit peu,
16:26 mais c'est vraiment mineur.
16:28 Et je vois pas pourquoi les Marseillais
16:30 devraient vendre leur santé pour ça.
16:32 - Malgré l'opposition de la mairie de Marseille,
16:35 le port autonome ne semble pas vouloir diminuer
16:38 ou limiter la fréquentation des paquebots de croisière.
16:41 - L'activité de croisière, c'est une activité industrielle.
16:44 Donc, au même titre que n'importe quelle autre
16:46 activité économique, elle doit se décarboner
16:48 et le plus rapidement possible.
16:50 C'est vraiment la condition sine qua non
16:52 pour que cette activité continue d'exister.
16:55 - Aujourd'hui, vous avez des gens qui sont,
16:57 globalement, contre les loisirs.
16:59 Et au fond, les loisirs, ce serait mal.
17:01 La piscine, c'est mal. Les croisières, c'est mal.
17:03 Le ski, c'est mal. Et je trouve que
17:06 cette espèce de revendication, sanction permanente
17:09 contre tout ce qui relève de ce qui n'est pas utile,
17:12 de ce qui n'est pas obligatoire,
17:14 est une vraie menace, même d'un point de vue sociologique.
17:17 Il y a de nombreuses choses dont on peut considérer
17:19 qu'elles ne seront pas utiles.
17:21 La lecture, la radio, la culture, la musique, le sport.
17:24 Chacun peut avoir son avis.
17:26 Moi, je pense que tout ça est utile,
17:28 surtout au nom des libertés individuelles de chacun.
17:31 - Vous êtes d'accord avec Christophe Castaner ?
17:34 Au nom des libertés individuelles,
17:36 les loisirs sont un droit inaliénable,
17:38 quoi qu'il en coûte ?
17:39 - Pas du tout. Je trouve que c'est très caricatural
17:41 comme point de vue, parce que tout est dit
17:43 lorsqu'il parle d'hédonisme.
17:45 On assiste à une transformation, ces dernières années,
17:47 entre un tourisme éducatif, c'est un peu l'origine du tourisme,
17:50 et un tourisme récréatif.
17:52 Et ça, c'est un peu compliqué,
17:54 parce qu'on entre vraiment dans la découverte artificielle
17:56 des territoires. C'est ça, le problème
17:58 de cette vision du tourisme.
18:00 - C'est un problème économique.
18:02 - Monsieur le maire a complètement raison.
18:04 Moi, je suis voyagiste, je suis un fou de voyage,
18:07 je suis un fou d'hédonisme du voyage,
18:10 et je suis désolé de dire qu'il dit un peu n'importe quoi.
18:14 C'est-à-dire qu'on ne peut pas faire n'importe quoi
18:17 s'il y a des conséquences pour les tiers,
18:20 les habitants, la planète, l'écologie.
18:23 Bien sûr que le voyage, c'est fantastique,
18:25 mais avec des discours comme ça,
18:27 on va finir par tuer le voyage.
18:29 C'est ça, le problème.
18:31 Il y a des choses qui ne sont pas acceptables.
18:33 - Ça tue déjà les gens.
18:35 - Ça tue les gens, Karim.
18:37 - C'est ça qui est terrible.
18:39 Ce qu'ils disent, c'est qu'il faut consommer du voyage
18:41 à n'importe quel prix.
18:43 Moi, je suis désolée, c'est non.
18:45 Au prix de la santé des gens.
18:47 Et là, il y a une dame qui dit dans votre reportage,
18:49 qui est assez fou, "On n'a pas à réfléchir."
18:51 On est dans le bateau, on n'a pas à réfléchir.
18:53 Et c'est là, la dure réalité.
18:55 La dure réalité, c'est qu'on voit
18:57 une image totalement idyllique.
18:59 Vous voyez, il y a même...
19:01 C'est la première fois, merci pour votre reportage,
19:03 je vois qu'il y avait des courses
19:05 de voies de cartes.
19:07 C'est quand même assez dingue.
19:09 Derrière, et moi, je le dis en tant que présidente
19:11 de la Commission de transport et tourisme,
19:13 là, j'ai un problème de fond
19:15 parce qu'il y a double impact.
19:17 C'est de montrer, au lieu de tout cela,
19:19 la grande absurdité du tourisme démesuré.
19:21 Et je suis sûre que vous allez être d'accord avec moi.
19:23 Et la deuxième chose,
19:25 c'est la santé des gens.
19:27 Là, on parle d'oxyde d'azote...
19:29 - Est-ce qu'on a des études d'impact ?
19:31 - Absolument. Au niveau européen,
19:33 le transport maritime, c'est directement
19:35 60 000 morts
19:37 prématurés, mais c'est le coût
19:39 qui doit nous faire réfléchir.
19:41 On parle de 58 milliards.
19:43 Milliards d'euros.
19:45 Je pense qu'on peut faire autre chose.
19:47 - Le coût de santé lié ?
19:49 - Oui. - Une plainte a été déposée
19:51 pour effectivement...
19:53 - On va voir s'il y a un lien de causalité
19:55 entre les pollutions générées et les symptômes recensés.
19:57 En attendant, à l'étranger, plusieurs villes,
19:59 notamment le centre historique de Venise,
20:01 mais aussi Palma des Mallorques,
20:03 ont pris des mesures radicales et interdit les paquebots.
20:05 Est-ce qu'il faut réguler de cette manière-là ?
20:07 - Absolument. Il faut attendre les drames.
20:09 Pourquoi Venise, à un moment, décide d'interdire ?
20:11 Il faut se souvenir de cette image
20:13 extraordinaire de ce giga-paquebot,
20:15 vous l'appelez comme vous voulez,
20:17 qui arrive aux portes de Venise
20:19 et qui manque d'arracher,
20:21 notamment,
20:23 cette fameuse jetée qui est extraordinaire.
20:25 Et là, ça a été le signal d'alarme
20:27 où, là, les populations ont dit
20:29 "ça suffit".
20:31 - Là où les croisiéristes
20:33 se rendent pas compte,
20:35 et l'industrie du voyage en général,
20:37 c'est qu'en fait, ils tuent leurs propres produits.
20:39 Mais les premiers responsables,
20:41 quand même, je voudrais le dire,
20:43 c'est les clients.
20:45 Les clients qui achètent ça.
20:47 Je voudrais quand même dire que les croisières,
20:49 elles ont beaucoup de défauts.
20:51 Moi, personnellement, c'est pas du tout mon truc.
20:53 On en vend d'ailleurs pas du tout
20:55 chez Voyageurs du Monde.
20:57 Mais ça a quand même quelques qualités.
20:59 Ça permet aux gens de pas changer d'hôtel
21:01 tous les soirs. Les personnes âgées
21:03 adorent ça.
21:05 Ça pourrait être très bien,
21:07 par exemple, si vous circulez,
21:09 si vous changez
21:11 d'énergie,
21:13 de propulsion, évidemment,
21:15 l'hydrogène vert serait l'idéal.
21:17 - Vous avez des solutions au carburant vert ?
21:19 - Bien sûr. Le biogaz, par exemple.
21:21 - Des paquebots à voile, des piles à combustible,
21:23 du gaz naturel liquéfié ?
21:25 Vous pensez vraiment que la technologie va sauver le secteur ?
21:27 - Prenons l'exemple du biogaz.
21:29 Il y a des bateaux,
21:31 des gros bateaux de croisière qui commencent
21:33 à circuler au biogaz. Alors, c'est pas parfait,
21:35 mais ça divise par deux
21:37 les émissions de gaz à effet de serre,
21:39 déjà, c'est déjà un premier point.
21:41 Et puis, ça n'est même pas, carrément,
21:43 me contredire, si j'ai une bêtise,
21:45 moi, je vais vous contredire.
21:47 L'EGNL produit effectivement 20 à 25 %
21:49 d'émissions de CO2 en moins que le fioul lourd,
21:51 mais il est en majeure partie composé de méthane,
21:53 dont l'effet de serre est beaucoup plus élevé.
21:55 - Alors, peut-être,
21:57 mais dans ce cas-là...
21:59 Mais ça, c'est pas du biogaz, ça n'a rien à voir.
22:01 - Mais ça reste des énergies fossiles.
22:03 - C'est quand même un progrès.
22:05 Et puis, le truc idéal,
22:07 ça serait l'hydrogène vert, évidemment.
22:09 Alors là, vous êtes tranquilles,
22:11 parce que les bateaux, ça a cette capacité à pouvoir,
22:13 contrairement aux avions, en mettre autant de quantité
22:15 que vous voulez en termes de place.
22:17 Et si vous produisez de l'hydrogène vert
22:19 à la base d'électricité... - Mais là, on en est encore très loin.
22:21 - Mais non, on n'en est pas très loin.
22:23 - La législation européenne est là pour activer.
22:25 On est en train de, justement,
22:27 de mettre en place la législation.
22:29 On est en train de dire que tous les bateaux,
22:31 quels qu'ils soient au niveau européen,
22:33 vont devoir, à partir de 2030,
22:35 être à l'électrification hackée,
22:37 parce qu'il y a l'impact sur les populations.
22:39 - Mais là, moi, je parle pas même que ça.
22:41 - Et ensuite, pour les...
22:43 - Moi, je parle carrément de la propulsion pendant le voyage.
22:45 - Alors, sur la propulsion... - Parce que ça aussi, ça met...
22:47 - Sur la propulsion, sur le voyage,
22:49 il y a aujourd'hui des solutions
22:51 autres qui sont en train d'arriver.
22:53 Par exemple, on a la chance, en France... - Mais à quelle chance ?
22:55 - Le problème, c'est à nous de savoir.
22:57 - Puis Karim, je vous le permets...
22:59 - Parce que, par exemple, l'alternative,
23:01 ou les alternatives, c'est, par exemple,
23:03 le Vélique. Alors, le Vélique, c'est notamment
23:05 les bateaux à voile.
23:07 Aujourd'hui, on a une capacité industrielle
23:09 extraordinaire à le faire.
23:11 Le problème que nous avons, c'est que, malheureusement,
23:13 tout ça, il va falloir le reconvertir.
23:15 Parce que c'est du fioul lourd.
23:17 Donc, vous voyez que derrière, il y a toute une nouvelle
23:19 industrie d'économie circulaire qu'il faut mettre en place,
23:21 former des salariés, etc.
23:23 Et ensuite, il faut se poser la question
23:25 de la cadence. Moi, je suis désolée,
23:27 dans le port de Marseille.
23:29 Comment se fait-il qu'on accorde 5
23:31 bateaux de croisière en même temps ? Et la dernière chose,
23:33 c'est la question de la taille.
23:35 La taille des voitures, on n'est pas d'accord d'avoir
23:37 ces espèces de tanks qui sont sur nos routes.
23:39 Sur la mer, c'est pareil.
23:41 - Un mot, s'il vous plaît,
23:43 sur la question des quais.
23:45 Les travaux sont financés à 100 % par l'argent public.
23:47 Certains regrettent que les armateurs
23:49 ne soient pas
23:51 mis à contribution selon le bon vieux principe
23:53 du pollueur-payeur. Qu'est-ce que vous en pensez, Richard ?
23:55 - Il est certain qu'à partir du moment
23:57 où on développe, et quand je dis "on", ce sont
23:59 les voyagistes, et ce n'est pas une critique personnelle,
24:01 mais les opérateurs du secteur.
24:03 On développe de plus en plus la destination
24:05 de manière obsessionnelle.
24:07 On veut vendre de la destination comme on veut vendre des cartes postales.
24:09 On ne peut pas en même temps
24:11 vouloir proclamer, la protéger
24:13 et être absolument certain qu'on réussira
24:15 la transition écologique. Le problème du financement,
24:17 c'est qu'il devrait être assuré exclusivement
24:19 par les armateurs
24:21 et par les opérateurs privés.
24:23 - Est-ce que c'est vraiment discutable ?
24:25 Parce qu'à l'heure où l'on onde aux Français,
24:27 Jean-François Rial, de faire des économies d'énergie,
24:29 on peut s'étonner que l'argent public
24:31 serve à alimenter les pistes de ski,
24:33 les patinoires ou les simulateurs de surf
24:35 de ces monstres marins.
24:37 - Je ne dis pas que je suis contre le fait que les armateurs...
24:39 - C'est une vraie question ?
24:41 - Je dis que ça dépend...
24:43 Si on veut
24:45 décarboner l'économie,
24:47 tous azimuts,
24:49 il n'est pas complètement anormal
24:51 que les pouvoirs publics
24:53 et les fonds publics y participent...
24:55 - A 100 % ?
24:57 - Non, pas forcément à 100 %, mais pour pouvoir l'accélérer.
24:59 Vous savez, nous, on pénalise,
25:01 en Europe, aux Etats-Unis,
25:03 ils donnent des crédits d'impôt pour que les gens décarbonent,
25:05 et ils vont plus vite que nous.
25:07 Sur les vols intérieurs américains,
25:09 en 2050, c'est 100 % de carburant de synthèse.
25:11 Nous, on est encore en train de discuter
25:13 à 1 ou 2 % intérieur des carburants de synthèse.
25:15 - Si vous augmentez l'activité du secteur,
25:17 de toute façon, vous décarbonez pas.
25:19 Vous pouvez changer les carburants
25:21 si vous voulez,
25:23 mais si vous augmentez l'activité au rythme
25:25 où elle augmente, vous décarbonez pas.
25:27 - Ce n'est pas vrai ce que vous dites,
25:29 c'est que si vous décarbonez intégralement...
25:31 Prenez les jets privés.
25:33 Moi, je propose que les jets privés soient obligatoires
25:35 à 100 % de carburant de synthèse.
25:37 Ça marche tout de suite à 100 %.
25:39 Je suis désolé, vous pouvez me dire...
25:41 - A 100 %, non. - A 100 %, Raphaël.
25:43 Je connais mon sujet. A 100 %.
25:45 - Alors là aussi, je connais le sujet.
25:47 - Si vous produisez de l'électricité verte
25:49 et que vous en générez de l'hydrogène vert,
25:51 vous allez décarboner à 95 %.
25:53 - La production, mais pas les moyens de production.
25:55 - Bien sûr que si.
25:57 - Vous produisez tous les moyens de production.
25:59 - Il y a quand même...
26:01 - Je ne suis pas d'accord, Raphaël.
26:03 J'en ai marre d'entendre des âneries
26:05 quand on me parle de la production
26:07 et qu'on dit qu'on ne peut pas la décarboner.
26:09 C'est pas vrai. Si vous produisez
26:11 avec de l'électricité verte,
26:13 et c'est pour ça que je suis pour le nucléaire
26:15 et que je considère que je suis un écolo très engagé,
26:17 je suis à 100 % pour le nucléaire
26:19 parce que si on veut décarboner,
26:21 la seule vraie alternative, c'est l'électricité décarbonée.
26:23 - Je partage une partie du...
26:25 - Attends, je continue.
26:27 - Il faut avancer.
26:29 - La transition vers les carburants de synthèse.
26:31 - En 2030, il n'est pas question
26:33 d'avoir réduit de 100 %.
26:35 - Non, non, mais de répondre aux accords de Paris.
26:37 - En 2030, si vous prenez les accords de Paris
26:39 et que vous vous mettez sur une ligne
26:41 à 2 degrés, parce que le 1,5 degré,
26:43 moi, j'adore, il faut baisser de 20 %.
26:45 Et je suis désolé,
26:47 on peut monter les trafics et baisser de 20 %,
26:49 contrairement à ce que vous dites.
26:51 - J'aimerais bien entendre, Richard.
26:53 - Allez-y.
26:55 - Je crois que ce n'est pas la solution.
26:57 Et sur les jets privés, vous les prenez aujourd'hui,
26:59 c'est 14 fois, 14 fois plus
27:01 en termes d'émissions
27:03 que quand vous regardez...
27:05 - On est 100 % d'accord, Yann Macdon,
27:07 moi, je propose...
27:09 - L'alternative, elle est simple.
27:11 Il faut relancer le train.
27:13 - Le problème du train, en admettant
27:15 qu'on ait l'offre et les connexions en Russie,
27:17 qu'on n'a pas, mais on admet ça.
27:19 Si vous remplacez tout ce que vous pouvez remplacer,
27:21 vous allez réduire de 10 %
27:23 les émissions de gaz à effet de serre.
27:25 - Très seulement. - Pourquoi ?
27:27 Si, carrément, sur l'avion.
27:29 Parce que malheureusement, le train va vous remplacer
27:31 du court et du moyen courrier.
27:33 Or, le sujet, c'est le long courrier.
27:35 Donc c'est pour ça que je veux imposer
27:37 le carburant de synthèse aux jets privés
27:39 pour qu'ils nous créent une filière
27:41 et que cette filière nous permette
27:43 de décarboner le long courrier.
27:45 - Je pense à trois trucs, très vite.
27:47 Il faut absolument interdire tout ce qui a l'alternative.
27:49 - Oui, mais quelle alternative à 4 heures ?
27:51 On y va ! - Je suis d'accord.
27:53 - Deuxième chose, il faut que la France
27:55 arrête de nous bloquer le texte que nous travaillons
27:57 sur le ciel unique européen.
27:59 Qu'est-ce que c'est que ce truc avec nous ?
28:01 On optimise l'ensemble des flux européens
28:03 pour les réduire.
28:05 Moins 10 % de CO2 au niveau européen.
28:07 - Tout ce que je vous dis...
28:09 - Il faut changer autrement sur les...
28:11 - Si on veut décarboner l'avion
28:13 avec tous les outils qu'on a,
28:15 si on n'utilise pas de façon massive
28:17 le carburant de synthèse,
28:19 on n'y arrivera pas.
28:21 - Revenons à terre, s'il vous plaît.
28:23 Richard Kitaeff, votre village, Gordes,
28:25 a été sacré "plus beau village au monde"
28:27 par ce magazine américain.
28:29 Certaines villes et villages, aujourd'hui,
28:31 refusent d'être distinguées
28:33 par crainte des hordes incontrôlables.
28:35 D'autres font carrément du démarketing,
28:37 comme les Calanques de Marseille ou l'Île d'Aix
28:39 pour décourager les foules.
28:41 Vous, vous ne craignez pas la surfréquentation de Gordes ?
28:43 - La surfréquentation touristique,
28:45 on l'avait déjà depuis une vingtaine d'années.
28:47 On avait déjà été distingués par des labels
28:49 comme "Plus beau village de France"
28:51 ou des partenariats, par exemple,
28:53 avec Netflix, dans "Emiline Paluis" ou autre.
28:55 - Quel était l'impact de ce tournage sur Gordes ?
28:57 - Ça a eu un impact...
28:59 Nous, on a négocié avec Netflix,
29:01 l'occupation des lieux et des parkings,
29:03 donc ça n'a pas du tout été à somme nulle pour eux.
29:05 Donc on a obtenu des sommes financières
29:07 importantes pour la commune.
29:09 Autrement, il n'y a pas eu de difficultés
29:11 particulières liées à ce tournage.
29:13 - Il y a une difficulté dans laquelle on se trouve
29:15 lorsqu'on veut interdire, comme le font certains villages,
29:17 carrément l'accès aux villages.
29:19 - Justement, à Marseille, à Port-Col,
29:21 ou en Corse, on commence à contingenter.
29:23 Il faut, par exemple, réserver trois jours
29:25 à l'avance pour admirer la calanque
29:27 de Sugiton, dont l'accès est limité à 400 personnes.
29:29 Ça, ça ne vous inspire pas ?
29:31 - C'est quelque chose qu'on a demandé, nous,
29:33 à certains des opérateurs privés, comme l'abbaye de Sénanque,
29:35 c'est-à-dire de prévoir un système de réservation
29:37 en amont, effectivement, pour limiter,
29:39 notamment dans leur zone géographique.
29:41 Mais je dirais que les exemples que vous donnez
29:43 sont des exemples où le tourisme de masse
29:45 s'est révélé destructeur, comme dans les calanques.
29:47 Le tourisme à Gorde ne pose pas
29:49 ces problèmes-là, mais tout est fait
29:51 pour anticiper, justement, le fait qu'il ne les pose pas,
29:53 à ses soucis. - Ce que vous dites
29:55 est vrai, mais il y a plein de villes en Europe
29:57 où les maires ont pris des mesures
29:59 un peu drastiques. Sympas, mais drastiques.
30:01 Je pense notamment au maire d'Ubrevnik.
30:03 Alors, l'Ubrevnik, c'est cette
30:05 cité médiévale de Game of Thrones,
30:07 alors tout le monde veut faire sa petite photo, etc.
30:09 - Ils ont installé des compteurs à l'entrée.
30:11 - Et voilà. Donc, ils ont pris les règles
30:13 notamment de l'ONU et ils ont dit
30:15 pour le tourisme durable, il y a un certain
30:17 nombre de touristes à accepter.
30:19 L'ONU dit, selon la surface,
30:21 c'est 8 000 touristes,
30:23 eux, ils ont dit 4 000. - Richard Kytarev,
30:25 la question qu'on devrait se poser, c'est
30:27 est-on vraiment en capacité de recevoir autant de monde ?
30:29 Nos infrastructures suivent-elles ?
30:31 Et quel est l'impact pour l'environnement ?
30:33 Ce sont des questions que vous vous posez, vous.
30:35 - C'est une question qu'on se pose tous les jours
30:37 en lien avec les services de l'Etat
30:39 et par rapport à l'Etat central, en fait.
30:41 Parce qu'en réalité, je vous donne l'exemple
30:43 que je connais, à Suidgård, nous avons
30:45 près d'un million de visiteurs attendus cette année.
30:47 Qui gère ces flux ?
30:49 On n'est même pas 15 personnes pour accueillir
30:51 un million de visiteurs. C'est-à-dire, il y a sept gendarmes,
30:53 deux policiers municipaux et quelques saisonniers.
30:55 Et moi-même, en tant que maire élue locale,
30:57 je suis amené parfois à interpeller,
30:59 à verbaliser. On se sent démuni
31:01 parce qu'en réalité, il suffirait
31:03 de changer certains éléments dans la réglementation
31:05 notamment nationale pour arriver à des solutions.
31:07 Je vous donne un exemple typique.
31:09 Vous avez des panoramas qu'on vient photographier.
31:11 Il y a des encombrements. Il suffirait qu'on nous autorise,
31:13 comme dans les villes, à adapter
31:15 une verbalisation vidéo, parce qu'on a le droit
31:17 de mettre de la vidéoprotection, mais pas de la verbalisation vidéo,
31:19 tout d'un coup, ça fluidifierait.
31:21 Ou qu'on nous permette d'adopter
31:23 des amendes un petit peu nouvelles,
31:25 plus dissuasives que les 11 euros.
31:27 - Mais pourquoi ne pas envisager un système
31:29 de réservation en ligne, un péage
31:31 à l'entrée du village ou une piétonnisation, tout simplement ?
31:33 - Les péages, c'est pour les eaux, selon moi.
31:35 C'est-à-dire qu'en fait, on n'est pas un parc d'attraction,
31:37 on n'est pas Disney Gord.
31:39 - Avec un million de touristes par an...
31:41 - On veut mettre en place des péages.
31:43 Il faut que ce soit une réflexion
31:45 des services de l'Etat.
31:47 On a les outils pour le faire.
31:49 Rien ne nous permet, ne nous autorise à supprimer
31:51 la liberté d'aller et de venir. Par contre, là où je suis
31:53 totalement d'accord, c'est qu'il faudrait
31:55 réguler le système touristique
31:57 et la sacro-sainte liberté
31:59 d'aller et de venir, qui a un rang constitutionnel
32:01 et international, elle connaît déjà ses limites.
32:03 Pourquoi on peut constamment aller
32:05 et venir dans tous les coins du globe
32:07 et parfois de manière destructrice ?
32:09 C'est ça le problème. Moi, souvent, je regarde
32:11 les Twitter de notre ami, qui sont très intéressants,
32:13 qui montrent des dunes, des paysages majestueux.
32:15 La question, c'est ce qu'ils ont fait
32:17 pour être justement montrés par une société
32:19 de consommation spectaculaire.
32:21 - Là, c'est mon sujet, quand même.
32:23 - Allez-y, Jean-François. Je vous sens trépigné.
32:25 Allez-y, je vous donne la parole.
32:27 - Le tourisme de masse et les surconcentrations
32:29 des sites, c'est catastrophique.
32:31 C'est l'antithèse totale
32:33 de ce qu'il faut faire dans le voyage.
32:35 Il faut avoir conscience que, je le dis souvent,
32:37 95 %
32:39 de ceux qui voyagent vont sur 5 %
32:41 des sites dans le monde. Et encore,
32:43 je pense que je suis gentil.
32:45 Moi, je pense qu'il faut appliquer tous les systèmes
32:47 de quotas possibles, tous,
32:49 même s'ils ne vont pas tout résoudre.
32:51 Ils sont plus faciles, bien sûr, sur un site
32:53 type Sénanque ou la Tour Eiffel
32:55 que sur une commune.
32:57 Le Mont-Saint-Michel, c'est une commune.
32:59 Colonge-la-Rouge, c'est une commune.
33:01 Gare de Meuseux, c'est une commune.
33:03 Moi, je pense que là,
33:05 il faut réfléchir à tous les systèmes
33:07 qui empêchent ça, parce que
33:09 même avec des quotas,
33:11 même avec des systèmes piétonniers,
33:13 vous êtes chez Disney.
33:15 C'est plus possible.
33:17 Vous flinguez l'authenticité de votre produit,
33:19 vous flinguez l'âme de l'endroit,
33:21 vous ennuyez
33:23 les gens des villages ou des villes,
33:25 comme Dubrovnik ou à Barcelone,
33:27 ou même à Paris.
33:29 À Paris, à la Tour Eiffel,
33:31 ce n'est plus possible.
33:33 -C'est pas un produit.
33:35 -Il faut élargir l'offre touristique.
33:37 -Il faut faire plein de choses.
33:39 D'abord, il faut éduquer.
33:41 Et très fort.
33:43 Pour que les clients arrêtent de vouloir faire ça.
33:45 -Il faut d'abord éduquer les riches.
33:47 Les plus riches, d'abord.
33:49 -Ce sont les plus... -C'est tout le monde.
33:51 C'est tout le monde.
33:53 -C'est pas les plus pauvres.
33:55 -C'est un train de culture.
33:57 -C'est pas les plus pauvres qui sont sur la planète.
33:59 -Il y a une corrélation entre le prix des vacances
34:01 et sa divisance carbone.
34:03 -Laissez-moi finir. Il faut éduquer tout le monde.
34:05 Il faut éduquer les clients.
34:07 Il faut éduquer les professionnels.
34:09 Mes confrères qui continuent
34:11 de programmer des tours.
34:13 Je le vois en tant que président d'office de touriste de Paris.
34:15 Ce que me font mes Américains lorsqu'ils programment Paris.
34:17 Moi, j'hallucine.
34:19 Je veux qu'on vende Paris autrement.
34:21 Il y a des quartiers où il n'y a personne,
34:23 des quartiers où il n'y a pas de selfies, etc.
34:25 Troisième chose, il faut réguler.
34:27 -Peut-être que vous allez arrêter de vendre.
34:29 -Il faut réguler par la loi.
34:31 Et il faut étendre les horaires.
34:33 Il faut étendre les horaires.
34:35 La Tour Eiffel, moi, je dis 24/24.
34:37 Et les riches,
34:39 ça va faire plaisir à Karim,
34:41 ils vont y aller à 11h du soir,
34:43 ils vont payer très cher, ce qui permettra
34:45 de payer mieux les salariés et d'avoir moins de masse la journée.
34:47 -Jean-François Rialt, vous parliez de quotas.
34:49 On va écouter un promoteur de quotas.
34:51 Écoutez.
34:53 -L'idée que même on puisse
34:55 prendre 4 vols en avion
34:57 dans une vie,
34:59 il y a un gros demi-siècle,
35:01 ça n'existait pas pour la population dans son ensemble.
35:03 Donc ce truc qui paraît
35:05 aujourd'hui inconcevable,
35:07 restrictif, malthusien, triste cirque
35:09 à ce bonbon, et j'en passe,
35:11 à une partie des gens qui réagissent,
35:13 il faut bien qu'ils se rendent compte que c'est quelque chose
35:15 qui est extrêmement récent
35:17 et qui partira avec le pétrole,
35:19 parce que quand on regarde les alternatives techniques au pétrole
35:21 dans l'aviation, de toute façon, une fois qu'il n'y aura plus de pétrole,
35:23 il n'y aura pas de quoi assurer
35:25 4 vols dans une vie par terrien.
35:27 Il n'y aura pas.
35:29 -Vous l'avez entendu, Jean-Marc Jancovici persiste
35:31 à penser qu'il faut des quotas de vols
35:33 par personne. Cette idée vous fait bondir ?
35:35 -Non, elle ne me fait pas bondir. Je connais
35:37 très bien Jean-Marc, j'ai beaucoup d'estime
35:39 pour lui, c'est un écologiste convaincu,
35:41 il est brillant, mais je suis en désaccord
35:43 complet. C'est-à-dire qu'on confond
35:45 l'objectif et les moyens. L'objectif, c'est de respecter
35:47 les accords du GIEC. Ça, c'est incontournable.
35:49 Et moi, je serais le premier à toujours le dire.
35:51 -C'est ça qu'a dit un Français ?
35:53 -Mais il a décidé des moyens.
35:55 Il a décidé des moyens. Et moi, je trouve que son moyen
35:57 est le pire, parce que c'est un système chinois.
35:59 C'est un système de notes sociales
36:01 qui va être contourné, où les riches vont plus voyager
36:03 que les autres, parce que ça va tricher, etc.
36:05 A la limite, je vais vous dire un truc qui va vous choquer,
36:07 qui va choquer tous mes confrères,
36:09 je préférerais qu'on interdise l'avion que son truc.
36:11 Carrément.
36:13 -Vous préconisez une hausse du tarif des billets ?
36:15 -Moi, je pense qu'il y a...
36:17 -C'est ce que vous préconisez ?
36:19 -C'est trop long. Il y a 25 mesures
36:21 qui permettent de baisser
36:23 les émissions de gaz à effet de serre de l'avion.
36:25 -Mais quelles ? -Plein. Optimisation des...
36:27 Je vais vous donner un chiffre.
36:29 Voyageurs du monde, entre 2019 et 2022,
36:31 a baissé ses émissions globales
36:35 sans offset,
36:37 sans compensation, sans absorption,
36:39 que je fais en plus, a baissé
36:41 ses émissions de 30 %.
36:43 Moitié effet nombre de clients,
36:45 moitié effet optimisation des moteurs, etc.
36:47 Source ADEME, je ne sais pas mes chiffres.
36:49 -Ce n'est pas aussi lié à la pandémie, peut-être ?
36:51 -Non, non, non.
36:53 J'ai enlevé l'effet client.
36:55 La moitié sur les 30, c'est l'effet client.
36:57 L'autre moitié, c'est un chiffre d'affaires constant.
36:59 En 2023,
37:01 je vais faire plus de chiffre d'affaires
37:03 qu'en 2019, je vais avoir plus de clients
37:05 qu'en 2019 et je vais avoir des émissions
37:07 plus faibles, d'au moins 10 %.
37:09 Donc, il y a plein de choses. Les routes,
37:11 le Ciel Olympique Européen, comme l'a dit Karima,
37:13 les moteurs, etc.
37:15 Ça ne suffira pas.
37:17 Et puis, par ailleurs, il y a le trafic à faire qui baisse.
37:19 Donc, moi, je dis que la vraie solution,
37:21 le train, évidemment,
37:23 mais la vraie grosse solution, c'est les carburants
37:25 de synthèse. Là, on n'est pas d'accord avec Jean-Marc.
37:27 C'est que Jean-Marc, il dit que ce n'est pas possible à l'échelle.
37:29 Moi, je dis que c'est possible à l'échelle.
37:31 Par contre, il y aura un conflit d'usage sur l'électricité
37:33 verte et l'hydrogène verte.
37:35 Oui, ça, je suis d'accord. Mais d'ici 2050,
37:37 on peut le faire. Et moi, ce que je dis,
37:39 c'est que l'aérien doit baisser ses émissions,
37:41 quel que soit le volume, y compris
37:43 si ça croit, dans le cadre du GIEC.
37:45 Et je suis complètement contre cette solution.
37:47 - Raphaël, un mot à propos
37:49 d'impact environnemental.
37:51 La crème solaire, dont on se tartine
37:53 abondamment toute la journée au soleil, n'est pas
37:55 nôtre non plus. Raphaël, c'est l'heure
37:57 du climatoscope, et c'est à vous.
37:59 [Musique]
38:01 [Musique]
38:03 [Musique]
38:05 - 25 000 tonnes
38:07 de crème solaire se retrouvent dans les océans
38:09 chaque année. Il y a même un chercheur français qui s'est amusé
38:11 à calculer que sur les plages de Marseille,
38:13 ça faisait 52 kilos de crème
38:15 par jour dans la mer.
38:17 Alors évidemment, ça a l'air d'être une goutte d'eau
38:19 à l'échelle de la Méditerranée, ça l'est.
38:21 Mais pour la faune et la flore
38:23 qui tentent de survivre à côté des plages,
38:25 c'est pas la fête. - Alors quel est le problème, concrètement ?
38:27 - En fait, ce sont les substances utilisées
38:29 pour bloquer les rayons solaires
38:31 qui sont assez particulières.
38:33 Alors, j'ai à être un petit peu technique. - Hawaï. - On distingue
38:35 Hawaï, mais on interdit une partie, à savoir
38:37 les filtres organiques.
38:39 C'est les premiers d'entre eux qui ont la capacité
38:41 d'absorber les rayons du soleil et de le transformer
38:43 ça en chaleur. Ça tient chaud, mais on ne brûle plus.
38:45 Du coup, il y a des molécules
38:47 un peu exotiques, aux tinoxate, des choses comme ça
38:49 qu'on n'a pas envie de manger quand on regarde la liste
38:51 toxicologique. Et puis l'autre catégorie, c'est
38:53 les filtres minéraux qui, eux, font des reflets.
38:55 En fait, renvoient les UV.
38:57 Ceux-là sont des oxydes
38:59 de zinc et de titane.
39:01 Donc, deux populations de molécules.
39:03 Et quand on va se baigner, en fait,
39:05 en gros, on disperse
39:07 un petit nuage, un petit cocktail chimique
39:09 autour de soi à chaque fois. - Avec quel impact ?
39:11 - Alors, l'impact le mieux
39:13 documenté, c'est celui sur les
39:15 coraux. On observe
39:17 que ça fait blanchir les coraux.
39:19 Raison pour laquelle, à Hawaï,
39:21 ils ont interdit l'usage
39:23 de ces filtres organiques.
39:25 Et tout est parti d'une étude
39:27 scientifique qui date de 2008, d'une équipe
39:29 italienne qui a réussi à montrer, en faisant
39:31 des tests, tout simplement, avec des filtres organiques,
39:33 quand vous rajoutiez même en petite quantité
39:35 sur des coraux, vous aviez un phénomène
39:37 de blanchiment. Et le mécanisme est assez surprenant.
39:39 En fait, ces molécules réactivent
39:41 les virus dormants qui sont présents dans les algues
39:43 qui, elles-mêmes, sont en symbiose avec
39:45 le corail. Il y a eu une vie
39:47 un petit peu compliquée. - Et c'est grave ?
39:49 - C'est grave dans le sens où
39:51 les coraux sont ce qu'on appelle
39:53 des "hotspots", des points chauds de biodiversité.
39:55 C'est là que se concentre toute la vie marine.
39:57 Et donc, à chaque fois qu'un corail
39:59 se meurt, c'est toute la faule
40:01 autour qui trinque.
40:03 Et du coup, alors la crème n'est pas
40:05 responsable de tout là-dedans,
40:07 mais ça rajoute une couche. - Vous n'avez pas conseillé d'arrêter
40:09 de mettre de la crème ? - Non, non, non, certainement pas.
40:11 Parce que là aussi, il y a des études sur le...
40:13 S'exposer non protégé,
40:15 c'est une usine à cancer.
40:17 Il faut choisir, éventuellement, faire attention
40:19 à l'exposition de la crème, en évitant
40:21 possiblement les filtres
40:23 organiques, préférer les filtres
40:25 minéraux, mais là encore, ça commence
40:27 à monter, on se demande si ça ne pose pas
40:29 d'autres problèmes. Il y a la
40:31 waterproof, résistante à l'eau, ça évite
40:33 d'en mettre trop et de tartiner les coraux en même temps.
40:35 Puis il y a une autre dernière solution, quand même.
40:37 C'est d'aller... Bah non, il faut aller passer ses vacances
40:39 à l'ombre d'un grand chêne, dans le Berry,
40:41 par exemple. - Ou à Gordes.
40:43 - Ou à Gordes, ou à Gordes.
40:45 - Gordes, où la densité touristique,
40:47 autrement dit, le nombre de lits rapportés
40:49 à la population est de 193%.
40:51 Le village arrive en deuxième position
40:53 du top 10 de la fréquentation touristique
40:55 dans le département. Les villageois
40:57 le vivent bien. - Comme je vous
40:59 ai expliqué, il y a 50 km2, donc en
41:01 réalité, la visite touristique, elle se
41:03 diffuse parfaitement bien dans les hameaux,
41:05 dans cet univers de masse de pierres sèches.
41:07 Il n'y a pas de difficultés majeures
41:09 sur la commune. - Alors, quid de l'eau ?
41:11 À la mi-mai, 5 bassins versants
41:13 du Vaucluse étaient en alerte renforcée,
41:15 alors que les sécheresses se multiplient.
41:17 J'imagine que la question de l'eau, de son
41:19 rationnement est une vraie question, non ?
41:21 - De toute façon, la surconsommation d'eau, c'est l'une
41:23 des plaies du tourisme de masse, et c'est évident
41:25 que ça concerne Gordes, vu le nombre de piscines
41:27 que nous avons dans les hôtels et les gîtes
41:29 et les tap-dots. Le vrai problème,
41:31 c'est pourquoi, là aussi, nous n'avons pas
41:33 les moyens, l'Etat ne donne pas les moyens
41:35 aux élus locaux d'intervenir réellement,
41:37 parce qu'à partir du moment où on prend des arrêtés
41:39 pour dire qu'on ne doit pas remplir les piscines,
41:41 il est évident qu'il faut qu'on puisse les appliquer
41:43 nos arrêtés. Et si vous ne pouvez pas
41:45 avoir aucun moyen de contrôle,
41:47 c'est un vœu pieux. Ça, ça fait aussi
41:49 partie des difficultés que nous rencontrons, nous,
41:51 les élus locaux. - L'autre difficulté, j'imagine,
41:53 ce sont les incendies. Le Vaucluse
41:55 est un département à très haut risque d'incendie.
41:57 - Oui, c'est pour ça que c'est complètement
41:59 irresponsable, comme le font certains opérateurs,
42:01 de laisser déferler
42:03 des dizaines de milliers de touristes
42:05 dans des vallons comme l'Abbaye de Sénanque,
42:07 ou de créer des boucles vélo qui sont complètement
42:09 dangereuses, en fait, parce qu'effectivement,
42:11 en cas de risque d'incendie, même si on y met
42:13 le maximum de moyens d'effectifs,
42:15 de réservoirs, tout ce que vous voulez,
42:17 on n'arrivera pas au risque zéro.
42:19 - Moi, je n'arrive pas à comprendre pourquoi
42:21 à un moment, vous ne vous dites pas, comme d'autres villes
42:23 en Europe, il faut réduire le nombre de touristes
42:25 parce qu'on ne va pas pouvoir remplir
42:27 toutes les piscines. - C'est aussi une question
42:29 justement au niveau des tours opératoires
42:31 et des offices de tourisme. - Mais il faut que vous arrêtiez
42:33 de vous programmer et que vous leur disiez
42:35 quels sont les autres très beaux villages du Libéron
42:37 qui sont sublimes à voir et qu'on visite
42:39 tout seul plutôt que d'aller à Gordes. - C'est exactement ça
42:41 qu'on a fait, puisque, avec les maires du canton,
42:43 on s'était opposés, c'est important de le dire,
42:45 à la traduction des documents touristiques
42:47 locaux en chinois.
42:49 Parce qu'effectivement, ça pose de vraies difficultés
42:51 puisque la Chine, j'adore la Chine, mais à partir
42:53 du moment où vous vendez une destination
42:55 à la Chine, s'il n'y en a que 0,1%
42:57 qui vient, ça crée des problèmes.
42:59 Et on a vu tous ces images de Chinois
43:01 dans tous les champs de la vente, c'est très bien quand ils sont une dizaine.
43:03 Quand ils sont des dizaines de milliers, c'est plus possible.
43:05 Donc il faut savoir que le tourisme...
43:07 - Ils ont tué les destinations dans le monde.
43:09 - Le tourisme est aujourd'hui une compétence intercommunale.
43:11 - Alors, quoi qu'il en soit,
43:13 en France, si on n'a pas de pétrole,
43:15 on a des idées pour promouvoir
43:17 un tourisme alternatif et, si possible,
43:19 régénératif, afin d'améliorer
43:21 la destination plutôt que de la défigurer.
43:23 L'hébergement de nos vacances
43:25 est responsable de 7% des émissions
43:27 de CO2 du tourisme.
43:29 Certains d'entre vous en sont conscients.
43:31 40% des Français se disent même prêts à payer plus cher
43:33 pour réduire leur impact.
43:35 Chiche, une appli les a prises au mot.
43:37 Le monde de demain commence aujourd'hui
43:39 et ça tombe bien, il est à portée de train.
43:41 La preuve par ce reportage signé Jawar Nadi.
43:43 - À Saint-Germain-des-Essours, en Normandie,
43:55 au coeur d'une forêt privée de 27 hectares
43:59 que l'on ne peut emprunter qu'à pied
44:01 pour ne pas déranger la nature.
44:03 Voici Guillaume Jouffre et Jean-François Turcan,
44:07 deux professionnels du tourisme atypiques.
44:09 - Donc là on a la première cabane.
44:13 - Oui, c'est ça.
44:15 Jean-François est le propriétaire
44:17 de 9 cabanes comme celle-ci,
44:19 perchées dans les arbres à plusieurs mètres du sol.
44:21 - Ah ouais, c'est super.
44:25 - D'ennemis pour humains
44:27 qu'ils mettent en location grâce à Guillaume,
44:29 le fondateur d'une application
44:31 dédiée au tourisme écolo.
44:33 Et dans le genre location non polluante,
44:35 celle-ci est en haut de la pyramide.
44:37 - Donc là, nous avons tout simplement
44:41 le petit coin toilette.
44:43 On s'éclaire sans ça à la bougie.
44:47 Là, on a le système de toilette sèche.
44:51 Ici, la réserve de sur.
44:57 Et puis on utilise
44:59 un système de sac compostable.
45:01 Les clients vont devoir l'enlever
45:05 avant de partir.
45:07 150 euros par nuit tout de même,
45:09 pas d'eau courante ni d'électricité,
45:11 mais quelques bonnes surprises.
45:13 - La cerise sur le gâteau ?
45:17 - C'est là.
45:19 - Ah le nid !
45:21 - Ah ouais, un nid.
45:23 - Un nid de chouette.
45:25 - Génial.
45:27 - Ah ouais, super.
45:29 - Sur la terrasse.
45:31 - Super.
45:33 L'intérêt environnemental
45:35 de ces hébergements insolites,
45:37 c'est que c'est le bon ratio
45:39 entre une expérience vraiment sympa
45:41 et vraiment atypique et vraiment dépaysante
45:43 et un impact environnemental très faible.
45:45 Donc ça, ça coache vraiment les cases.
45:47 - Et apparemment, de plus en plus
45:49 de touristes sont intéressés.
45:51 Guillaume a créé son application
45:53 au départ pour plus de 6000 aujourd'hui.
45:55 Elles doivent répondre
45:57 à 113 critères écologiques.
45:59 Émission de CO2,
46:01 recyclage, utilisation de l'eau
46:03 et de l'énergie ou accessibilité.
46:05 - Jean-François, il est compatif
46:09 sans voiture, c'est-à-dire qu'on peut
46:11 venir chez Jean-François directement
46:13 parce qu'il y a une gare pas loin,
46:15 que Jean-François peut aller vous chercher
46:17 à la gare.
46:19 - On s'est aperçus qu'en fait,
46:21 on a un impact vraiment dérisoire
46:23 par rapport à les voyages qu'on avait peut-être
46:25 l'habitude de faire dans le passé.
46:27 Et on essaye de créer les ingrédients
46:29 techniques avec notre site,
46:31 mais aussi des imaginaires, etc.,
46:33 pour rendre ça possible concrètement
46:35 et donc d'être du côté des solutions aussi.
46:37 Il ne s'agit pas juste de parler de problèmes,
46:39 mais nous, on essaye de construire vraiment
46:41 les solutions pour rendre ce tourisme agréable.
46:43 ...
46:53 - Quant aux clients, ils sont forcément
46:55 sensibles autant au lieu qu'à la démarche.
46:57 Flore et Lucas sont tous les deux fonctionnaires,
46:59 très préoccupés par les questions environnementales.
47:01 Ils sont arrivés le matin de Paris en train.
47:03 - Pour les vacances, on ne prend plus l'avion.
47:05 En tout cas, toutes les destinations
47:07 qui sont accessibles et qui sont
47:09 toutes les vacances qu'on fait, en l'occurrence
47:11 en Europe, on privilégie le train.
47:13 - Il n'y a pas besoin de choses très compliquées
47:15 quand on peut choisir des destinations simples,
47:17 des modes de voyage plus simples.
47:19 Et il ne faut pas forcément se dire que
47:21 parce qu'on va aller à l'autre bout de la planète,
47:23 on va complètement se déconnecter du reste.
47:25 Il n'y a pas besoin de ça, en fait.
47:27 - C'est parti.
47:29 - Une autre manière d'envisager le tourisme
47:31 est de créer des solutions
47:33 qui sont plus adaptées aux conditions
47:35 de la vie quotidienne.
47:37 Une autre manière d'envisager le tourisme
47:39 que les défenseurs des voyages propres
47:41 tentent de rendre attractives.
47:43 Alors que le secteur, en pleine expansion,
47:45 représente déjà au niveau mondial
47:47 8% des émissions de gaz à effet de serre.
47:49 - Jean-François Réal, vous voyez qu'on n'a pas
47:51 besoin de partir loin pour déconnecter.
47:53 - Non, on n'a pas besoin de partir loin pour déconnecter.
47:55 - Le tourisme durable existe.
47:57 - C'est vrai, mais bien sûr.
47:59 D'ailleurs, vous voyez, par exemple, je ne voyage jamais
48:01 à l'étranger l'été parce que je considère
48:03 que c'est le pire moment pour voyager.
48:05 Je profite de mon Cantal.
48:07 - Mais vous voyagez pour le travail.
48:09 - Oui, mais même l'été, je ne voyage pas.
48:11 - Est-ce que vous avez proposé des voyages
48:13 à pied, à vélo, en train ?
48:15 - Bien sûr, c'est une de nos grandes...
48:17 - Bientôt, on pourra écouter
48:19 le Brame du Cerf en Sologne.
48:21 - On a énormément de voyages comme ça,
48:23 on en vend énormément.
48:25 Ça fait des années qu'on le propose,
48:27 en vélo et à pied, en France.
48:29 Mais vous voyez, dire que le tourisme local
48:31 empêche le tourisme de masse,
48:33 c'est pas vrai ?
48:35 - Là, dans le reportage, ce qui est assez intéressant,
48:37 c'est de revenir sur ce que moi, j'appelle,
48:39 excusez-moi du mot,
48:41 l'exotisme en bas de chez soi.
48:43 C'est-à-dire qu'on n'a pas besoin d'être
48:45 à l'autre bout de la Terre pour découvrir notre territoire.
48:47 Il y a des choses extraordinaires.
48:49 Les Français ont découvert des choses incroyables,
48:51 comme les Européens, après le Covid.
48:53 - Carima Delip, le tourisme de demain
48:55 sera interrégional ?
48:57 - Il peut être interrégional,
48:59 mais il faut que tout le monde ait le choix
49:01 et l'accessibilité.
49:03 - 150 euros la nuit ?
49:05 - 150 euros la nuit. Moi, je viens du Nord.
49:07 Les populations,
49:09 tout le monde,
49:11 beaucoup ne peuvent pas partir en vacances.
49:13 Donc les 150 euros, ce sera pour personne.
49:15 - 30 % sur 10.
49:17 - Qu'est-ce qu'on propose à ces populations
49:19 pour rêver ? Parce qu'elles ont aussi
49:21 le droit d'être rêvées. Nous, on a mis en place,
49:23 et je suis contente, ça dure depuis des années,
49:25 le train à 1 euro pour aller voir la mer,
49:27 même une journée, vous voyez ?
49:29 - Les Allemands ont mis ça ?
49:31 - Je suis contente de le redire,
49:33 je porte à l'échelle française
49:35 ce que j'appelle le ticket climat.
49:37 C'est-à-dire un abonnement par mois
49:39 de quelques 40-50 euros
49:41 pour découvrir partout la France,
49:43 prendre quand on veut le train,
49:45 notamment le TER, pour dire
49:47 que le train, oui, c'est la clé d'entrée
49:49 pour le climat,
49:51 pour baisser nos gaz à effet de serre,
49:53 pour découvrir nos territoires,
49:55 réconcilier nos territoires, parce que la fracture
49:57 territoriale est très forte en France.
49:59 Et la troisième chose,
50:01 on peut redonner goût à des emplois
50:03 de demain, et notamment le tourisme local,
50:05 et c'est ça qu'il va falloir préparer,
50:07 et je suis sûre qu'on va travailler
50:09 ensemble sur ça. Quels vont être
50:11 les métiers du tourisme local et durable ?
50:13 - Moi, j'aimerais vous poser une question.
50:15 La solution radicale, finalement, pour diminuer
50:17 son empreinte carbone, serait peut-être de voyager
50:19 tout en restant dans son canapé.
50:21 Les spécialistes de la réalité virtuelle l'ont bien compris.
50:23 - Moi aussi.
50:25 - Mais alors, justement, je vous le pose.
50:27 Déjà, des voyages de rêve...
50:29 - Une petite pièce du voyage.
50:31 - Jean-François Rialt,
50:33 laissez-moi terminer.
50:35 - Là, pour moi, c'est le plus beau de l'art.
50:37 - Justement, je vous pose la question,
50:39 parce que, vous savez, Pompéi,
50:41 ne se visite plus in situ,
50:43 mais bientôt se visitera
50:45 en réalité virtuelle.
50:47 - C'est comme Lascaux,
50:49 c'est des endroits qu'il faut protéger,
50:51 donc il faut empêcher les visiteurs,
50:53 les visiteurs virtuels peuvent se justifier.
50:55 Mais alors, moi, j'ai vu, il y a 10 ans,
50:57 arriver chez "Voyageurs du monde" des gens
50:59 qui m'ont proposé des visites virtuelles
51:01 de safari en Namibie ou au Bostouana,
51:03 je leur ai demandé gentiment de repartir, quoi.
51:05 C'est épouvantable.
51:07 - Vous allez peut-être être d'accord avec moi...
51:09 - Le voyage, c'est la rencontre, c'est l'âme,
51:11 c'est la spiritualité,
51:13 c'est la connexion avec les pays.
51:15 - Oh, mais Jean-François Rialt,
51:17 vous allez peut-être être d'accord avec moi.
51:19 On ne le répétera jamais assez,
51:21 mais c'est un bon indicateur pour comprendre l'avenir.
51:23 Vous êtes d'accord avec ça ?
51:25 - Pas toujours.
51:27 Parfois oui, parfois non.
51:29 - Comme chaque mois,
51:31 Charlotte Epal est allée fouiller dans les archives de l'INA
51:33 et nous a exhumé ceci,
51:35 il y a encore, sur notre coup d'oeil dans le rétro,
51:37 et c'est maintenant.
51:39 (Générique)
51:41 ---
51:45 - Sur les berges du canal du Rhône à Sète,
51:49 la grande motte apporte aux visiteurs
51:51 une curieuse impression de dépaysement.
51:53 Nous nous trouvons ici
51:55 dans la mince bande de terre
51:57 comprise entre l'étang de Moggio et la mer.
51:59 Partant calme et soleil,
52:01 c'est un pays de grand silence
52:03 dont le coeur bat sans hâte
52:05 au fil des plaisirs et des jours.
52:07 Mais qui pourrait penser
52:09 que ces modestes cabanes
52:11 vont bientôt s'effacer
52:13 devant un aménagement touristique d'envergure ?
52:15 Ce n'est donc pas en vain
52:17 que le Moggio s'est appelé aussi étang de l'or.
52:19 La grande motte sera demain aussi courue
52:21 que les stations balnéaires
52:23 les plus célèbres de la côte d'Azur.
52:25 Chevaux et taureaux
52:27 plaquent les accords blancs et noirs
52:29 de leur insouciante liberté
52:31 dans cette nature indomptée
52:33 qui respire toujours
52:35 du souffle large de Kalindal.
52:37 Voici des images
52:39 qui parlent un langage de tradition et de quiétude.
52:41 Pêcheurs et chasseurs
52:43 de la mer,
52:45 demeurent les rois
52:47 de cette chaussée virgilienne
52:49 sur laquelle le progrès
52:51 ne s'est point encore avancé.
52:53 Le passeur Cher à Veraren
52:55 y est une accorte passeuse
52:57 et les nouvelles quotidiennes
52:59 n'arrivent pas à troubler
53:01 la flânerie paresseuse des canards.
53:03 Le temps
53:05 que Proust croyait perdu
53:07 prend à la grande motte
53:09 ses vacances.
53:11 Musique douce
53:13 ...
53:17 -La grande mode d'avant le béton,
53:19 c'était, j'imagine, le bon temps ?
53:21 -Absolument, et on a vu
53:23 que le progrès, c'est de construire,
53:25 construire, et bétonner, bétonner,
53:27 mais aujourd'hui, regardez ce qu'il en est.
53:29 -C'est aussi l'altération des sites naturels
53:31 qui est l'une des pathologies
53:33 les plus importantes du tourisme de masse.
53:35 -Nous allons nous quitter sur ces mots,
53:37 mais avant de nous quitter,
53:39 c'est l'ante compagnie avec la jeune
53:41 et très, très talentueuse Camille Étienne,
53:43 notre écoactiviste préférée,
53:45 qui a beaucoup de choses à nous dire.
53:47 Elle n'y va pas par quatre chemins,
53:49 c'est l'heure de sa carte verte.
53:51 ...
53:55 -Alors, maman, j'ai raté l'avion,
53:57 et c'est peut-être la meilleure chose
53:59 que je nous souhaite, en réalité,
54:01 à nous, d'arriver en retard,
54:03 à cette course effrénée
54:05 qui n'a ni fin, ni finalité.
54:07 A ce rendez-vous qui nous condamne,
54:09 de rater notre propre enterrement, en quelque sorte.
54:11 Et notre salut se trouve, lui,
54:13 dans l'atterrissage.
54:15 Pour toutes ces fois où on est monté dedans,
54:17 où on n'a pas loupé cet avion,
54:19 il nous a amené à détruire ce qu'on allait voir.
54:21 Est-ce que j'aurais quand même embarqué
54:23 si j'avais su qu'il allait m'amener
54:25 vers des gorges du Vernon sans eau,
54:27 vers des mers de glace sans glace,
54:29 vers une Amazonie sans arbre ?
54:31 Alors oui, c'est dur, c'est injuste,
54:33 c'est fatigant, parce qu'il faut dire
54:35 qu'on s'est assuré de faire naître en nous
54:37 le désir de nous envoyer en l'air.
54:39 Je repense à cette publicité,
54:41 je ne sais pas si vous l'avez vue vous aussi.
54:43 On la voyait un moment donné dans le métro.
54:45 C'était la publicité d'Air France,
54:47 quand on rentrait d'une longue journée, de cours ou de boulot.
54:49 À travers les vitres sales du métro,
54:51 c'était écrit en géant "évadez-vous".
54:53 Et bien sûr que j'avais envie
54:55 d'y être moi aussi, dans cette sublime
54:57 robe rouge, à voler dans les airs
54:59 et puis à me réveiller le lendemain au Caraïbes.
55:01 Bien sûr qu'on a envie de bouffer le monde,
55:03 d'aller voir partout, tout le monde,
55:05 pour s'assurer de ne rien manquer.
55:07 Mais cette force du refus qui nous sauve,
55:09 je l'ai trouvée en apprenant
55:11 que ce désir n'était pas le mien.
55:13 On s'évade de prison, pas de son quotidien.
55:15 La bonne nouvelle,
55:17 c'est qu'on peut se laisser bouleverser
55:19 par son voisin, vivre mille aventures
55:21 en partant en stop en Bretagne, en vélo en Camargue,
55:23 en dormant à la belle étoile dans les Pyrénées.
55:25 Qu'on n'aura pas assez d'une vie
55:27 pour découvrir l'Europe en train,
55:29 gravir tous nos sommets, visiter tous nos villages.
55:31 Que la beauté du monde est partout
55:33 où on réapprend à la voir.
55:35 La bonne nouvelle, c'est qu'il est encore temps d'atterrir.
55:37 Peut-être que l'urgence maman
55:39 cède raté l'avion.
55:41 Merci Camille, à signaler
55:43 la sortie de votre livre
55:45 "Pour un soulèvement écologique"
55:47 à lire de toute urgence.
55:49 C'est édité au Seuil.
55:51 Pour voyager autrement, près de chez vous,
55:53 ce livre, "Escapade vers le vivant"
55:55 signé Alice Dorgeval aux éditions Gallimard.
55:57 Toujours chez Gallimard
55:59 si vous voulez aller plus loin à vélo en Europe,
56:01 c'est pour vous Camille.
56:03 Et pour ceux qui souhaitent aller encore
56:05 encore plus loin tout en restant dans leur canapé,
56:07 "L'an zéro du tourisme"
56:09 de Jean Viard et David Medlioni aux éditions
56:11 L'Aube, c'est pour vous Jean-François Rial.
56:13 - J'adore, j'adore.
56:15 - Voilà, j'espère que cette course au Biblio
56:17 répondra à certaines de vos questions et notamment à celle-ci
56:19 "Comment éviter de passer de l'usage
56:21 du monde, cher à Nicolas
56:23 Bouvier, à l'usure du monde ?"
56:25 Sur ces mots, je vous souhaite un très bel été.
56:27 ...

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