Document - 1988 -
Juin 1988 -
Comm FRA
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00:00 - Les gens sont à moi. - Non, ils protègent les cigarettes.
00:02 Demain, ils sont à toi. D'accord ?
00:04 - D'accord. - Mais ce soir, c'est encore à moi.
00:07 - D'accord. - J'ai un accord de l'heure.
00:09 J'ai peur toujours que ça aille pas. Alors voilà.
00:12 - Celui-là, t'as pas le droit de les mettre. - Pourquoi ?
00:14 - Bien sûr, elles sont bien. - Non, mais...
00:16 - T'es crampon. Enfer.
00:18 - Mais ça dépend. Regarde, le temps est pas très...
00:20 est pas très hérite, aujourd'hui. Voilà.
00:22 - Dans ces moments-là, quoi on pense ?
00:24 On pense à sa carrière ou faites un retour sur vous-même ?
00:27 - Moi, ce que je pense, c'est que c'est déjà...
00:29 Je me dis déjà, c'est pas possible que ça soit déjà fini.
00:32 Et donc, j'ai du mal à réaliser, parce que...
00:35 ces 18 saisons entières, ça fait énorme.
00:38 Mais je trouve que ma foi, c'est tellement passé,
00:40 c'est tellement passé vite et que...
00:42 je l'ai pas eu passé parce que ça m'a jamais pesé,
00:44 ça m'a jamais coûté de faire ce métier.
00:46 Que j'ai l'impression... "Oui, mais c'est le dernier match."
00:49 Mais je dis, "Mais c'est pas possible. Ma vie sera toujours pareille.
00:51 "Ça sera toujours dirigé par rapport à ça."
00:53 J'ai du mal à m'imaginer que ce sac, ça sera fini,
00:55 que l'entraînement sera fini, que les déplacements,
00:57 que tout ça sera fini.
00:59 En tout cas, 18 années d'une carrière bien remplie,
01:01 avec 719 matchs officiels,
01:03 194 buts marqués,
01:05 2 titres de champion de France et une Coupe de France avec Bordeaux,
01:08 mais surtout 47 sélections en équipe de France,
01:11 1 titre de champion d'Europe
01:13 et 2 demi-finales en Coupe du Monde.
01:16 En Espagne, Alain Gires avait été sacré meilleur joueur du mondial.
01:20 Mais qui ne se souvient pas de ce but contre l'Irlande de la tête
01:24 et puis surtout de ce but contre l'Allemagne à Séville
01:27 et de ce qui a suivi.
01:29 L'image, c'est en même temps le symbole de ma carrière,
01:36 à savoir, c'est ce genre de sensation que je voudrais vivre chaque fois
01:41 et que j'ai eu la chance de vivre plusieurs fois,
01:44 puisque en finale de la Coupe de France,
01:47 quand je l'ai gagnée, quand j'étais champion,
01:49 j'ai ressenti ce même genre d'émotion
01:53 et je crois donc que ça représente tout.
01:57 C'est l'image que l'on retient de moi, c'est sûr,
02:00 et c'est l'image en même temps qui traduit bien ce que je vivais sur le terrain.
02:04 Je trouve que c'était un endroit magnifique, un terrain de football.
02:07 J'étais bien, j'étais à l'aise
02:09 et c'est ce plaisir que j'ai,
02:12 certainement que rien ne pourra m'en apporter autant.
02:15 Je me suis tellement impliqué dans ce métier pendant 18 ans
02:19 que toute mon année était rythmée par rapport aux matchs,
02:24 par rapport aux déplacements, aux entraînements,
02:26 que mon organisation était toute faite.
02:28 Mais maintenant, je suis devant une page blanche,
02:30 j'ai tout à mettre en place, à me situer là-dedans,
02:33 en n'ayant plus du tout de repères, parce que ces matchs-là, c'étaient mes repères.
02:36 Et je me dis comment je vais réagir.
02:38 Mais je me dis aussi que c'est extraordinaire, c'est comme ça.
02:43 On ne peut pas refaire le football bien dur, dur,
02:46 que peu de temps on le sait quand on commence.
02:48 Et puis j'en ai bien profité.
02:50 C'est comme ça.
02:52 Maintenant, certainement que je vivrai de ces souvenirs-là.
02:55 Et parmi les souvenirs, bien sûr, son dernier match au Stade Vélodrome de Marseille.
03:00 Alain, à quoi pensez-vous actuellement ?
03:08 Je ne sais pas.
03:10 Je ne sais pas, c'est beau et...
03:12 Je ne savais pas que c'était si beau un match de football.
03:15 Vous pensez à votre premier match aussi, à Nîmes ?
03:17 Oui, c'est ça.
03:19 C'est la même sensation.
03:21 Mais la différence, c'est qu'au lieu d'avoir 18 saisons derrière, il n'y a plus rien.
03:25 Je me rends compte que ce que j'ai fait, c'était vraiment chouette.
03:28 C'était très beau.
03:30 Pour ce dernier match à l'Angiresse, l'histoire retiendra deux choses.
03:37 Son immense émotion, tout d'abord, mais aussi la victoire de l'Olympique de Marseille, son dernier club,
03:42 sur le champion de France Monaco par 2 buts à 0.
03:45 Un but de héros, et le second, sur une passe de héros, de dialogue.
03:51 L'histoire retiendra aussi le formidable hommage que devait lui rendre le public marseillais
04:00 qui avait adopté celui qui a été l'un des plus grands joueurs français de tous les temps.