- Grand témoin : François Heisbourg, conseiller spécial à la Fondation pour la Recherche Stratégique et auteur de « Les leçons d'une guerre » (Odile Jacob)
LE GRAND DÉBAT / Refus d'obtempérer : une loi trop favorable aux policiers ?
« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski
Mardi 27 juin à Nanterre, Nahel, un automobiliste de 17 ans, est décédé suite au coup de feu d'un policier alors qu'il aurait refusé d'obtempérer. Accablé par la vidéo du drame, ce même policier a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire. Le Président de la République, Emmanuel Macron, a évoqué un acte « inexplicable » et « inexcusable ». Des violences ont éclaté dans plusieurs villes de banlieue dans la nuit du mercredi 28 juin ; le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé 150 interpellations en France. Une marche blanche organisée le lendemain en l'honneur de Nahel dans les Hauts-de-Seine a réuni plus de 6000 personnes. Cette bavure policière présumée sera-t-elle à l'origine d'affrontements répétés entre les citoyens et les forces de police ?
Invités :
- Robin Reda, député Renaissance de l'Essonne
- Alma Dufour, députée LFI de Seine-Maritime
- Fabien Jobard, politologue et directeur de recherches au CNRS
- Matthieu Valet, porte-parole du syndicat indépendant des commissaires de police
LE GRAND ENTRETIEN / François Heisbourg : Vladimir Poutine est-il fragilisé ?
Dans son livre « Les Leçons d'une guerre », publié un an après le début de l'invasion russe en Ukraine, François Heisbourg revient sur cette année de combats. A travers dix leçons, il démontre à quel point la guerre en Ukraine constitue « un tournant stratégique de premier ordre dans l'histoire de l'Europe », compte-tenu de son envergure, de ses enjeux et des moyens militaires engagés. La récente rébellion, avortée par le groupe paramilitaire Wagner, souligne que l'évolution du conflit est indéterminée. Alors, jusqu'où la guerre en Ukraine pourrait-elle bousculer l'ordre géopolitique mondial ?
- Grand témoin : François Heisbourg, conseiller spécial à la Fondation pour la Recherche Stratégique et auteur de « Les leçons d'une guerre » (Odile Jacob)
BOURBON EXPRESS :
- Marco Paumier, journaliste LCP
LES AFFRANCHIS :
- Richard Werly, correspondant France/Europe pour « Blick »
- Vincent Hugeux, professeur à Sciences Po et ancien grand reporter
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP - Assemblée nationale : https://bit.ly/2XGSAH5
Suivez-nous sur les réseaux !
Twitter : https://twitter.com/lcp
Facebook : https://fr-fr.facebook.com/LCP
Instagram : https://www.instagram.com/lcp_an/
Retrouvez nous sur notre site : https://www.lcp.fr/
#L
LE GRAND DÉBAT / Refus d'obtempérer : une loi trop favorable aux policiers ?
« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski
Mardi 27 juin à Nanterre, Nahel, un automobiliste de 17 ans, est décédé suite au coup de feu d'un policier alors qu'il aurait refusé d'obtempérer. Accablé par la vidéo du drame, ce même policier a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire. Le Président de la République, Emmanuel Macron, a évoqué un acte « inexplicable » et « inexcusable ». Des violences ont éclaté dans plusieurs villes de banlieue dans la nuit du mercredi 28 juin ; le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé 150 interpellations en France. Une marche blanche organisée le lendemain en l'honneur de Nahel dans les Hauts-de-Seine a réuni plus de 6000 personnes. Cette bavure policière présumée sera-t-elle à l'origine d'affrontements répétés entre les citoyens et les forces de police ?
Invités :
- Robin Reda, député Renaissance de l'Essonne
- Alma Dufour, députée LFI de Seine-Maritime
- Fabien Jobard, politologue et directeur de recherches au CNRS
- Matthieu Valet, porte-parole du syndicat indépendant des commissaires de police
LE GRAND ENTRETIEN / François Heisbourg : Vladimir Poutine est-il fragilisé ?
Dans son livre « Les Leçons d'une guerre », publié un an après le début de l'invasion russe en Ukraine, François Heisbourg revient sur cette année de combats. A travers dix leçons, il démontre à quel point la guerre en Ukraine constitue « un tournant stratégique de premier ordre dans l'histoire de l'Europe », compte-tenu de son envergure, de ses enjeux et des moyens militaires engagés. La récente rébellion, avortée par le groupe paramilitaire Wagner, souligne que l'évolution du conflit est indéterminée. Alors, jusqu'où la guerre en Ukraine pourrait-elle bousculer l'ordre géopolitique mondial ?
- Grand témoin : François Heisbourg, conseiller spécial à la Fondation pour la Recherche Stratégique et auteur de « Les leçons d'une guerre » (Odile Jacob)
BOURBON EXPRESS :
- Marco Paumier, journaliste LCP
LES AFFRANCHIS :
- Richard Werly, correspondant France/Europe pour « Blick »
- Vincent Hugeux, professeur à Sciences Po et ancien grand reporter
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP - Assemblée nationale : https://bit.ly/2XGSAH5
Suivez-nous sur les réseaux !
Twitter : https://twitter.com/lcp
Facebook : https://fr-fr.facebook.com/LCP
Instagram : https://www.instagram.com/lcp_an/
Retrouvez nous sur notre site : https://www.lcp.fr/
#L
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 [Musique]
00:05 Bonsoir et bienvenue dans Savour Garde en direct.
00:08 Notre grand témoin ce soir est l'un des meilleurs spécialistes des questions de défense et international.
00:14 Bonsoir François Heisbourg et merci d'être là.
00:17 Vous publiez "Les leçons d'une guerre" chez Odile Jacob.
00:20 On a évidemment beaucoup de questions à vous poser ce soir.
00:23 On va revenir sur ce qui s'est passé en Russie le week-end dernier,
00:26 les conséquences de cette rébellion avortée du groupe Wagner.
00:30 "Leçons d'une guerre", Poutine l'a-t-elle déjà perdue cette guerre ?
00:33 C'est une des questions à laquelle vous allez répondre ce soir dans la deuxième partie.
00:37 Mais on commence ce soir par l'escalade dans les banlieues.
00:41 La mort du jeune Nahel tué par un policier mardi matin à Nanterre a mis le feu aux poudres.
00:46 Une marche blanche s'est tenue dans la ville et cette bavure policière présumée soulève de nombreuses questions.
00:53 La loi de 2017 sur l'usage des armes par la police est mise en cause.
00:57 Alors faut-il la revoir ? Grand débat avec mes invités dans un instant sur ce plateau
01:02 avant de retrouver nos affranchis pour leur parti pris.
01:05 Et puis Bourbon Express, bien sûr, l'histoire du jour à l'Assemblée.
01:08 Voilà pour le programme. Vous me suivez François Heisbourg ?
01:10 Ça va bien, c'est parti.
01:12 (Générique)
01:23 Nanterre, épicentre de l'émotion aujourd'hui.
01:26 La marche blanche qui s'y est tenue s'est terminée dans les tensions.
01:30 D'ailleurs, elles sont toujours vives ce soir après deux nuits de violences urbaines dans le pays.
01:35 Le gouvernement prend des mesures très fortes.
01:37 On va y revenir. Le policier qui a tiré sur Nahel, 17 ans, a été inculpé pour homicide volontaire
01:43 et cette mort relance le débat sur l'usage des armes à feu dans la police.
01:47 Bonsoir, Robin Reda. Merci d'être là.
01:49 Vous êtes député Renaissance de l'Essonne.
01:51 Vous avez Viry Chatillon dans votre circonscription.
01:54 C'est important, c'est symbolique. On se souvient des violences de 2016
01:59 et cette circonscription est marquée par des violences depuis hier soir.
02:04 Bonsoir, Mathieu Vallet. Bienvenue.
02:06 Porte-parole du syndicat indépendant des commissaires de police.
02:09 Bonsoir, Alma Dufour. Ravie de vous retrouver.
02:11 Vous êtes députée insoumise de Seine-et-Marne.
02:13 -Seine-Maritime. -Seine-Maritime, c'est écrit là.
02:16 Pardonnez-moi.
02:17 Et vous étiez à Nanterre pour cette marche blanche.
02:20 Vous nous direz ce que vous avez senti de cette révolte et de cette colère.
02:24 Les Insoumis déposent une proposition de loi pour abroger la loi de février 2017.
02:30 On va en parler. Bonsoir, Fabien Jobart.
02:32 -Bonsoir. -Merci d'être avec nous.
02:34 Vous êtes sociologue, directeur de recherche au CNRS,
02:36 au Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales.
02:40 Vous êtes spécialiste de la police, auteur de "Politique du désordre".
02:44 Au seuil, François Heisbourg, ce qui se passe dans le pays nous interpelle tous.
02:48 N'hésitez pas à intervenir quand vous le souhaitez.
02:50 On commence par le rappel des faits. Stéphane Blakowski, de Crono de Blaco.
02:54 [Musique]
02:58 Et je me retourne pour vous accueillir, mon cher Stéphane.
03:00 Je vous invite à faire la même chose, François Heisbourg.
03:02 -Bonsoir à toutes et tous. -Bonsoir à vous.
03:04 Alors, pour commencer, peut-être quelques images de cet après-midi
03:08 de la marche blanche organisée à Nanterre.
03:10 Ça a commencé à 14h. Dans un premier temps, le défilé s'est déroulé sans incident.
03:15 Vous voyez avec des gens qui accompagnaient la mère de Naël, la victime.
03:19 Et puis malheureusement, comme on pouvait le relouter, au moment de la dispersion,
03:23 il y a eu de gros débordements, de nouveaux déchaînements de violences urbaines
03:27 qui se poursuivent en ce moment à Nanterre.
03:29 Rassurez-vous, les chaînes infos sont sur le coup pour nous montrer tout ça.
03:32 Donc, si on veut, maintenant on va suivre ce qui se passe,
03:35 mais si on veut redérouler le film, il faut peut-être commencer par une image
03:38 qui faisait la lune du Parisien ce matin, une capture d'écran de la vidéo amateur
03:42 qui a filmé le drame. Donc ceux qui l'ont vue, je pense que la plupart d'entre eux
03:46 ont dû se dire "ah, le tir du policier n'était pas justifié".
03:50 En tout cas, c'est l'impression qu'ont eu les deux têtes de l'exécutif dès hier.
03:54 Ils n'ont pas pris la défense du policier, le président a dit que c'était un acte inexplicable, inexcusable,
04:00 et la Première Ministre elle était à l'Assemblée en dénonçant une intervention
04:04 qui ne se sentait pas conforme au principe de l'intervention.
04:08 Donc bien sûr, tout le monde n'était pas de cette opinion, il y a eu des réactions immédiates
04:12 de la part de certains syndicats de police qui disaient que dire que c'est inexcusable
04:15 c'est porter atteinte à la présomption d'innocence du policier,
04:18 puis Marine Le Pen qui était grosso modo sur la même longueur d'onde.
04:23 Alors cela dit, la justice n'a pas traîné puisque dès ce matin, le procureur de Haute Seine s'est exprimé
04:29 en confirmant d'ailleurs ce que disait la Première Ministre hier,
04:32 le policier n'aurait pas dû tirer, ça tient en une phrase, écoutez.
04:36 Le parquet considère que les conditions légales d'usage de l'arme ne sont pas réunies.
04:43 Alors par conséquent, le policier a été mis en examen, vous l'avez dit, pour homicide volontaire,
04:48 placé en détention provisoire.
04:50 Mais évidemment, l'aspect le plus inquiétant de ce qui se passe en ce moment,
04:53 ce sont les émeutes qui ont eu lieu avant-hier, hier, qui se poursuivent à Nanterre,
04:58 et ça s'est passé un peu dans toute la France.
05:00 Donc le gouvernement, lui, n'interprète pas ça simplement comme une explosion de colère.
05:04 Regardez ce que disait le porte-parole ce matin, il y voit une attaque organisée,
05:09 coordonnée contre des symboles de la République.
05:12 Et de fait, parmi les cibles des émeutiers, il y avait pas mal de symboles de la République.
05:18 Beaucoup de commissariats ont été attaqués, là c'est celui de Neuilly-sur-Marne qui a connu le plus grand dégât,
05:23 les voitures ont flambé, des mairies, c'est celle de Garges-Légonnais, ont été incendiées,
05:27 il y a eu des écoles, des centres d'aide sociale, et bien sûr, dans la classe politique,
05:32 chacun y était de son commentaire en fonction de ses opinions.
05:34 Donc à droite, il se trouve que le patron des Républicains est sur la même ligne qu'Éric Zemmour,
05:39 il demande l'état d'urgence, comme en 2005, pour rétablir le calme.
05:43 Et à l'autre extrémité du léchiquier politique, on ne réclame pas le calme,
05:48 on pense qu'il y a une autre priorité, c'est Jean-Luc Mélenchon qui le disait,
05:52 la justice avant le calme, un élément de langage qui a été repris hier sur BFM par David Guiraud.
05:57 Il va se passer ce qui doit se passer, qu'est-ce que vous voulez, moi je n'appelle pas au calme,
06:02 je n'appelle à la justice.
06:03 Vous n'appelez pas au calme, non ? Vous appelez à la révolte ?
06:06 Non, pas à la révolte non plus, mais c'est les policiers qui doivent se calmer, ceux qui ont tué cet homme.
06:10 Alors évidemment, on ne sait pas comment la situation va évoluer cette nuit,
06:15 ce qu'on sait d'ores et déjà, Gérald Darmanin l'a dit cet après-midi,
06:18 c'est que les effectifs poli-gendarmerie vont être vraiment très largement renforcés, on l'écoute.
06:23 Hier, il y avait 9000 policiers et gendarmes mobilisés, dont 2000 sur la plaque parisienne.
06:27 J'ai décidé qu'il y ait 40 000 policiers et gendarmes ce soir et cette nuit mobilisés,
06:32 dont 5000 en plaque parisienne.
06:34 Je vais vous laisser débattre, j'ai repensé cet après-midi à une phrase que disait Gérard Collomb,
06:38 c'était en 2018, lorsqu'il a quitté le ministère de l'Intérieur.
06:42 Il partait des quartiers sensibles et il s'inquiétait.
06:45 Il disait "Aujourd'hui, on vit côte à côte, mais j'ai peur que demain, on se retrouve face à face".
06:50 Donc si quelqu'un a une idée pour éviter qu'on en arrive là, évidemment, c'est le moment d'en parler.
06:54 Merci, merci beaucoup Stéphane.
06:56 On va commencer par ce qui se passe dans le pays et puis ensuite, on reviendra sur ce qui s'est passé
07:01 avec cette voiture, avec ces deux policiers et la mort de Naël.
07:06 À quoi fait-on face ce soir, selon vous, Robin Reda ?
07:10 180 interpellations la nuit dernière, on attend les chiffres ce soir.
07:14 Il y a toute l'île de France qui est concernée, mais pas seulement.
07:18 Il y a eu des incidents à Dijon, à Toulouse, hier soir, à Brest, à Amiens, à Lyon,
07:24 affrontements avec les forces de l'ordre, tirs de mortiers, bus, incendiés,
07:28 avec un certain nombre de services publics aussi visés.
07:31 Quel mot vous mettez ? Comment vous qualifiez ce qui se passe en ce moment ?
07:35 On fait face à une violence qui est inqualifiable, mais surtout qui est injustifiée.
07:41 Injustifiée parce que sans prendre à nos forces de l'ordre, à nos pompiers,
07:45 sans prendre aux représentants de l'autorité et sans prendre à des bâtiments publics,
07:49 à des services publics, à des maisons France Service, comme c'était le cas hier
07:54 dans ma circonscription à Attis-Monts, symbole de la présence, de la reconquête
07:58 de nos services publics dans nos quartiers, c'est portée atteinte à notre pays,
08:02 c'est portée atteinte aux habitants des quartiers, des villes,
08:06 qui vivent simplement et qui vivent en toute tranquillité.
08:11 Vous ne l'avez pas dit après avoir vu cette vidéo, les réactions très vives.
08:15 Bien sûr, mais vous m'interrogez sur ce qui s'est passé hier soir.
08:18 Vous avez dit vous-même... -Je vous pose la question.
08:20 Elle n'était pas inéluctable, cette violence ? Vous y attendiez ?
08:22 On reviendra sur les faits. Les faits, ils ont été extrêmement choquants,
08:26 ils ont provoqué de la stupeur chez tout le monde.
08:29 Et quel que soit l'avis que les uns et les autres peuvent avoir sur la situation,
08:35 c'est la justice qui fera toute la lumière sur cette affaire,
08:38 qui nous dira la vérité, qui prononcera la vérité,
08:41 qui condamnera s'il faut condamner le policier auteur du tir en question.
08:47 Mais la réaction à ça, ça ne doit pas être plus de violence.
08:51 On est bien d'accord que lorsqu'on est choqué par un moment de violence et de tension,
08:56 il faut que la société en tire les conséquences et s'apaise,
09:00 pas qu'elle s'embrase.
09:02 Et donc cet embrasement-là, encore une fois, il est injustifié, injustifiable.
09:06 -C'est clair. Mathieu Vallée, racontez-nous, vous étiez sur le terrain,
09:11 qu'est-ce que vous affrontez précisément ?
09:13 40 000 policiers et gendarmes mobilisés dans le pays, c'est énorme,
09:17 5 000 à Paris seulement.
09:19 "Violence organisée et coordonnée", a dit le porte-parole du gouvernement.
09:23 Qu'est-ce que ça veut dire, ça, précisément, pour vous ?
09:25 -D'abord, j'ai écouté votre reportage et la chronique de Blaco.
09:28 David Guiraud, le député de la France Insoumise,
09:30 dit que c'est les policiers qui doivent se calmer.
09:32 Hier, j'étais sur le terrain, et c'est les émeutiers
09:34 qui devaient être interpellés plus tôt.
09:36 Hier, ce n'est pas des policiers qui ont brûlé des écoles,
09:38 des commissariats, un centre des Restos du Coeur
09:40 dans le département où je travaille, des Val-du-Marne.
09:42 Ceux qui n'ont plus rien pour s'alimenter n'ont que ce centre
09:44 pour pouvoir espérer subvenir à leurs besoins minimaux.
09:47 Et en fait, si vous voulez, ce qui m'afflige,
09:50 c'est qu'on attend des élus de la République de tous bords
09:52 qu'ils soient pour un appel au calme.
09:54 -On va y venir, à la question politique,
09:56 avec Alma Dufour, dans un instant.
09:58 Qu'est-ce que ça veut dire, "coordonnés organisés" ?
10:00 -C'est-à-dire qu'hier, moi, j'ai fait face,
10:02 non pas à des émeutiers, mais à des individus
10:04 qui avaient des intentions criminelles.
10:06 Ils étaient là déterminés à en découdre avec les policiers,
10:08 à nous blesser grèvement. Moi, je suis tombé dans un guet-apens
10:10 à Vitry-sur-Seine, alors qu'on était en train
10:12 de patrouiller avec nos collègues pour assister des pompiers
10:14 qui étaient nés des barricades en feu.
10:16 On a une soixantaine d'individus qui nous sont tombés dessus,
10:18 qui nous ont lancé une puce projectile
10:20 et qui voulaient clairement en découdre,
10:22 puisque moi, j'ai été visé au visage,
10:24 j'avais mon casque de protection et j'ai quand même reçu
10:26 un projectile, en tout cas une bouteille de verre, au visage.
10:30 Et pareil, sur une autre cité de Choisy-le-Roi,
10:32 où un de mes collègues, avec qui je travaillais,
10:34 a été poursuivi jusque dans le hall d'immeubles
10:36 par un individu qui le pilonnait au mortier.
10:38 Et aujourd'hui, quand on est déterminé
10:40 à tuer des policiers, à brûler des commissariats
10:42 et à s'emprunter aux institutions de la République,
10:44 je pense que, quel que soit le bord politique,
10:46 ça doit choquer tout le monde et ça doit être condamné par tout le monde.
10:48 - C'est condamné au plus haut niveau de l'Etat.
10:50 Juste pour bien comprendre, les préfets ont été réunis,
10:52 Gérald Darmanin a envoyé des messages pour les forces de l'ordre,
10:56 surtout ne pas répondre aux provocations,
10:58 éviter des blessés, voire des morts.
11:02 Comment agir concrètement sur le terrain ?
11:04 Il y a une forme de retenue ?
11:06 - Vous savez, contrairement à ce que certains partis politiques disent,
11:08 la police tue, la police assassine,
11:10 on est des barbares, on est des moiriens.
11:12 - Donc tout sera fait pour éviter les blessés.
11:14 - Ça, ce n'est pas la réalité du métier de policier.
11:16 La réalité du métier de policier,
11:18 je sais que Mme Dufour, ça vous gêne,
11:20 mais c'est les propos de votre parti politique.
11:22 En réalité, moi, je suis un policier républicain
11:24 et quand on dit que la police assassine la police tue,
11:26 dans le cortège auquel vous avez participé cet après-midi,
11:30 moi, j'estime que la police, en fait,
11:32 ce n'est pas un paillasson sur lequel on essuie ses pieds,
11:36 sans vergogne et pour lequel on n'a aucun respect.
11:38 - Alors, vous êtes interpellé directement par Mme Dufour.
11:40 Vous êtes interpellé directement par Mathieu Vallée.
11:42 - Ce que je veux dire, c'est que quand on dit la police tue,
11:44 on s'entend que tous les policiers sont des sanguinaires
11:46 et sont assoiffés de se délecter, de tuer des gens,
11:48 alors que ce n'est pas vrai.
11:50 - Et quand on dit que la violence policière n'existe pas,
11:52 on s'entend que ça peut parler dans le pays.
11:54 - Quand on est policier, l'obsession qu'on a,
11:56 c'est d'utiliser son arme en dernier recours
11:58 quand on n'a plus aucun champ pour protéger ma vie,
12:00 mais aussi un jour peut-être la vôtre,
12:02 face à des criminels ou des délinquants qui risquent de vous tuer.
12:04 - Alors, en l'occurrence, on ne va pas forcément
12:06 parler de ce qui s'est passé pour Naël.
12:08 Il faut distinguer les choses.
12:10 Simplement, vous avez vu, vous êtes mise en cause.
12:12 Cette vidéo de votre collègue député,
12:14 David Guiraud, a beaucoup choqué.
12:16 On s'attend quand même à ce que l'élu de la République
12:18 s'aille apaisé.
12:20 - Il a aussi beaucoup été personnalisé par des jeunes.
12:22 - Vous, est-ce que vous nous dites ce soir,
12:24 "J'appelle au calme"?
12:26 - Vous venez de dire, et ça me choque un peu,
12:28 "On ne va pas refaire l'histoire des violences policières en France".
12:30 C'est justement ça qui se joue aujourd'hui.
12:32 - Vous ne répondez pas à ma question.
12:34 - Très précisément, nous, ce qu'on demande,
12:36 c'est des mesures fortes.
12:38 - On va éliminer.
12:40 - On ne peut pas découper le débat.
12:42 Aujourd'hui, les quartiers se trouvent
12:44 dans un rapport de force direct, très violent.
12:46 Honnêtement, je ne souhaite vraiment pas
12:48 qu'un policier soit tué, qu'on soit d'accord.
12:50 - Vous ne l'avez jamais dit.
12:52 - Vous condamnez au sommet.
12:54 - La question, c'est qu'il ne se passe jamais rien
12:56 sans ce rapport de force.
12:58 Souvenez-vous,
13:00 les marches organisées par le collectif Adama.
13:02 Souvenez-vous, après la mort de Cédric Chouviat.
13:04 Il y avait une tentative de revenir sur la clé des tranglements,
13:06 les techniques des tranglements qui avaient tué Cédric Chouviat.
13:08 Le ministère de l'Intérieur a reculé,
13:10 à peine trois jours après,
13:12 suite aux pressions des syndicats de police.
13:14 Il ne se passe jamais rien lorsqu'il y a des violences policières.
13:16 La mort de Naël...
13:18 - Vous voulez mettre le débat des violences policières,
13:20 mais est-ce que la fin justifie les moyens ?
13:22 - La fin justifie les moyens,
13:24 parce qu'aujourd'hui, ce n'est pas un cas isolé.
13:26 C'est le 14e mort en un an
13:28 pour refus d'obtempérer.
13:30 Ça fait plus d'un mort par mois en France.
13:32 La France est le pays d'Europe
13:34 où la police tue le plus par un machin.
13:36 - On va y venir dans le détail.
13:38 On a préparé un sujet sur cette loi de 2017.
13:40 - Si vous ne comprenez pas la problématique systémique,
13:42 vous ne pouvez pas comprendre pourquoi les gens
13:44 se sentent obligés d'en arriver là
13:46 pour obtenir quelque chose.
13:48 Et c'est pour ça que, et on est vraiment contents
13:50 que les policiers aient été suspendus et mis en examen rapidement,
13:52 encore heureux, parce que ce n'est pas le cas.
13:54 Ce n'est pas le cas toujours dans toutes les affaires.
13:56 Souvenez-vous de l'affaire Rayana,
13:58 cette jeune femme de 21 ans qui est morte.
14:00 C'était juste une passagère, elle n'avait rien demandé à personne
14:02 d'un véhicule qui a refusé d'obtempérer
14:04 à Pigalle il y a un an.
14:06 L'affaire n'est toujours pas jugée.
14:08 Les policiers sont toujours en fonction
14:10 et ils n'ont toujours pas été auditionnés.
14:12 Cette jeune femme...
14:14 - J'entends tout à fait.
14:16 C'est compliqué.
14:18 C'est toujours très polarisé.
14:20 C'est quasiment impossible d'en sortir.
14:22 - Je voulais terminer, bien sûr.
14:24 - On y reviendra après.
14:26 - Même si le policier est mis en examen,
14:28 il faudra encore voir les condamnations pénales.
14:30 Derrière, ça peut prendre 3 ans, 4 ans, 5 ans.
14:32 Dans tous les faits de violences policières,
14:34 la plupart ne sont pas jugées.
14:36 Les seuls chiffres dont on dispose,
14:38 on se rend compte qu'il y a très peu de condamnations.
14:40 Les gens des quartiers le savent.
14:42 - La justice prend du temps.
14:44 - Elle prend du temps pour tout le monde,
14:46 mais particulièrement pour la police.
14:48 Je peux vous donner un dernier chiffre.
14:50 Le ministère de l'Intérieur,
14:52 le ministère de la Justice, ne font pas de statistiques
14:54 sur les condamnations pénales
14:56 de policiers condamnés pour violences policières.
14:58 On ne sait pas si c'est du ressorti,
15:00 on ne sait pas combien ont été condamnés.
15:02 On est obligés d'avoir affaire à des enquêtes indépendantes,
15:04 pas des journalistes.
15:06 Sur 213 cas,
15:08 procès contre des policiers pour violences policières
15:10 en 43 ans, seuls 10
15:12 ont donné lieu à des condamnations,
15:14 à de la prison ferme.
15:16 Si vous ne comprenez pas ce tableau,
15:18 vous ne pouvez pas comprendre ce qui se passe dans la rue.
15:20 - Vous l'avez restitué.
15:22 A quoi on fait face, à votre avis ?
15:24 On pense tous à 2005.
15:26 On se souvient que ça avait duré trois semaines.
15:28 L'état d'urgence avait été déclaré très tardivement.
15:30 On n'en est pas là.
15:32 Est-ce que vous sentez que ces violences
15:34 sont parties pour durer ?
15:36 Comment vous analysez ça ?
15:38 - Toutes les analogies
15:40 peuvent être tirées, effectivement,
15:42 avec 2005, en particulier,
15:44 parce qu'il y a un épicentre de la colère
15:46 qui est évidemment nantaire,
15:48 comme l'était Klichisoubou en 2005,
15:50 mais d'emblée, et d'ailleurs plus rapidement qu'en 2005,
15:52 on a vu que cette colère a embrasé
15:54 tout un ensemble de villes.
15:56 Beaucoup se trouvent à l'ouest.
15:58 Beaucoup sont aussi des villes
16:00 qui ont connu des épisodes
16:02 d'émeutes, d'affrontements,
16:04 de contestations
16:06 dans les années qui ont suivi 2005.
16:08 La géographie
16:10 n'est pas complètement aberrante
16:12 des villes qui sont touchées aujourd'hui.
16:14 En tout état de cause,
16:16 il y a un point qui distingue très profondément
16:18 ce qu'on a vécu en 2005 et ce qu'on vit aujourd'hui,
16:20 c'est la réaction
16:22 des politiques,
16:24 et notamment du gouvernement.
16:26 En 2005, on était dans une situation
16:28 de quasi-cohabitation
16:30 entre un Premier ministre, Dominique de Villepin,
16:32 et un président de la République, Jacques Chirac,
16:34 qui était affaibli par rapport
16:36 à un ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy,
16:38 qui avait conçu son ministère
16:40 comme le tremplin vers le pouvoir,
16:42 l'élection présidentielle de 2007.
16:44 Là, on a un ministre de l'Intérieur,
16:46 une Première ministre,
16:48 un président de la République,
16:50 qui très vite, comme vous l'avez rappelé...
16:52 -Immédiatement, quasiment.
16:54 -Ils ont exprimé leurs émotions.
16:56 -Inexcusables, inexplicables.
16:58 -Ils ont fait la pérogation qu'ils avaient
17:00 par rapport à ce geste policier
17:02 que le président a qualifié d'inexcusable.
17:04 La justice a réagi. Je rappelle que dans l'affaire
17:06 de la mort de Ziyad Ebouna,
17:08 qui a déclenché
17:10 les émeutes de 2005,
17:12 la procédure judiciaire
17:14 a en effet duré dix ans
17:16 et s'est terminée, du reste,
17:18 par une relaxe
17:20 des deux policiers mis en cause.
17:22 Les gestes et les circonstances
17:24 n'étaient pas les mêmes.
17:26 On parlait à l'époque de mise en jeu
17:28 d'un délit de non-intervention
17:30 à personne en danger.
17:32 Ici, on parle d'un usage
17:34 homicidaire de l'arme.
17:36 Mais cette cohésion
17:38 du politique vers l'apaisement,
17:40 cette célérité
17:42 de la justice
17:44 à s'emparer du cas,
17:46 à le traiter
17:48 sur la base de poursuites
17:50 pour homicide volontaire,
17:52 ça marque une différence considérable par rapport à 2005.
17:54 Est-ce que ça veut dire que les violences
17:56 auxquelles on assiste vont s'arrêter
17:58 là, maintenant ?
18:00 Je n'en sais rien, je ne veux rien prédire du tout.
18:02 En tout cas, les conditions ne sont pas les mêmes.
18:04 -Il y a même une minute de silence qui a été observée
18:06 dans l'hémicycle hier. Bien sûr, Mathieu Vallée.
18:08 -Mme Dufour,
18:10 si je peux terminer mon propos,
18:12 cet usage d'arme à feu par ce policier
18:14 fait suite à un refus d'obtempérer.
18:16 En France, on ne peut pas dire qu'on utilise son arme,
18:18 les policiers et les gendarmes,
18:20 avec un refus d'obtempérer.
18:22 -Après menace de lui tirer dans la tête.
18:24 -Je vous écoutais attentivement,
18:26 je ne partage pas mes points de vue,
18:28 mais la démocratie exige que je vous écoute.
18:30 A suite à ce refus d'obtempérer
18:32 par ce jeune conducteur de 17 ans,
18:34 il y a eu, par la suite,
18:36 l'usage d'arme à feu par un policier.
18:38 Pourquoi ? Parce qu'on refuse de s'arrêter.
18:40 Le policier utilise son arme
18:42 pour protéger sa vie et celle des autres.
18:44 En l'occurrence, est-ce que vous savez,
18:46 dans notre pays, combien représentent
18:48 dans les refus d'obtempérer l'usage d'arme à feu
18:50 par les policiers et les gendarmes ? 0,89 %.
18:52 Donc, quand on dit que c'est systémique,
18:54 ça veut dire que c'est systématique.
18:56 -La vidéo, elle est quand même...
18:58 -Toute notre institution...
19:00 -Elle incrimine clairement le policier, le son aussi.
19:02 -Mme Dufour,
19:04 la France Insoumise,
19:06 il faut qu'elle arrête de s'essuyer ses pieds
19:08 sur notre institution comme elle essuie ses pieds sur la payasson.
19:10 A chaque fois, c'est systémique
19:12 de nous critiquer parce qu'on déteste la police.
19:14 -On déteste pas la police.
19:16 Une police qui agit dans le respect des règles de droit.
19:18 -Elle le fait, madame.
19:20 -Ce jeune homme est mort dans des circonstances terribles.
19:22 -Vous êtes ma magistrate au procureur et vous laisserez la justice...
19:24 -Mais on a tous vu la vidéo, monsieur.
19:26 Heureusement, sinon, il n'y aurait même pas d'enquête.
19:28 -Je veux juste terminer sur ce sujet-là.
19:30 Quand l'usage des armes à feu dans les refus d'obtempérer
19:32 représente 0,89 %,
19:34 on ne peut pas dire que les violences sont systémiques.
19:36 -On va y venir, on était mutilés, pillés par cinq depuis 2017.
19:38 -Et quand vous dites "la police tue", je suis désolé, madame,
19:40 tous les policiers ne sont pas des sanguinaires,
19:42 je le répète, ne sont pas là par volonté de tuer
19:44 ou par passion de vouloir donner la main à autrui,
19:46 ils sont là pour protéger les gens.
19:48 -Mathieu Vallée, il y a pas mal de syndicats de police,
19:50 et je vous donne la parole,
19:52 et ensuite on passe à la loi de 2017,
19:54 parce que c'est peut-être ici qu'elle va être changée.
19:56 Pourquoi les syndicats de police dénoncent des pressions
19:58 sur le parquet ?
20:00 J'ai vu passer ça,
20:02 des pressions du gouvernement sur la justice
20:04 après cette décision d'inculpation.
20:06 C'est votre cas ?
20:08 -Mais madame, quand vous avez un président de la République,
20:10 madame Born, je ne sais pas,
20:12 je n'étais pas au courant qu'elle avait subi
20:14 ou suivi des formations aux techniques de sécurité
20:16 et d'intervention pour juger de l'action de police.
20:18 Moi, je suis dans un pays où je crois en l'état de droit,
20:20 et ce n'est pas un président de la République,
20:22 une première ministre, soit des partis politiques...
20:24 -Vous faites partie de ceux qui dénoncent des pressions.
20:26 -Non, mais ce que j'ai bien compris sur cette affaire-là,
20:28 on aimerait bien qu'il soit tout de suite condamné,
20:30 mais je ne sais pas, c'est une autre affaire.
20:32 Je veux juste que la présomption d'innocence
20:34 qu'on exige pour tous les justiciables et les citoyens
20:36 s'applique à ce policier.
20:38 Ça ne veut pas dire que je préjuge de la suite
20:40 et de l'action de ce policier,
20:42 mais comme je suis policier, je suis humble,
20:44 et je me garde bien de faire des commentaires
20:46 sur le Yaka Faucon par rapport à l'action de ce policier.
20:48 Si j'étais dans la même situation,
20:50 est-ce que j'aurais fait pareil, différemment, mieux ?
20:52 Je ne peux pas le dire,
20:54 parce que vous avez un dixième de seconde pour réagir.
20:56 -J'espère que vous aurez fait mieux,
20:58 parce que vous avez dit que vous alliez vous mettre une balle dans la tête.
21:00 Il a démarré après avoir été menacé.
21:02 -Je ne vais pas polimiquer avec vous.
21:04 -Le problème, c'est qu'il y a des preuves.
21:06 -Vous laissez la oeuvrer ? -Non, ça ne m'embête pas du tout.
21:08 -Justement, ce que je viens de vous dire,
21:10 c'est que quand elle oeuvre, malheureusement,
21:12 il n'y a pas de condamnation.
21:14 -Robin Reda, puis je vous ferai réagir.
21:16 -Je voudrais dire que ma première ministre
21:18 est une ancienne préfète,
21:20 donc je pense que l'ordre public est quelque chose
21:22 auquel elle est sensible et qu'elle s'exprime
21:24 en connaissance de cause et d'information.
21:26 Je voudrais simplement dire que, malheureusement,
21:28 M. Jobar, non, il n'y a pas eu d'unanimité
21:30 autour de l'appel à l'apaisement.
21:32 Quand Jean-Luc Mélenchon, pardon,
21:34 oppose le calme à la justice,
21:36 quand il suppose dans son tweet
21:38 qu'il vaut mieux...
21:40 -La justice... -Se faire violence soi-même
21:42 pour obtenir la justice
21:44 plutôt que d'appeler au calme
21:46 dans les quartiers et dans les villes de France,
21:48 c'est irresponsable. Il n'y a pas d'apaisement
21:50 unanime appelé par la classe politique.
21:52 -Ce qui est irresponsable, c'est de ne pas changer
21:54 les règles, les règles de la justice.
21:56 -La vérité, c'est que derrière les quartiers,
21:58 vous êtes au courant avec votre parti,
22:00 avec la France insoumise,
22:02 et l'ingénieur du chaos de ces quartiers.
22:04 -Ah oui, c'est nous ? -Bien sûr.
22:06 Vous attisez les violences, la haine...
22:08 -Fabien Jobar évoquait l'exécutif.
22:10 -On ne va pas vous mettre d'accord.
22:12 -On récolte aussi ce que la France insoumise
22:14 sème dans les quartiers, c'est-à-dire
22:16 la haine de notre drapeau. -Ah, d'accord.
22:18 -C'est la réalité. -Tout l'effet que je vous décris
22:20 aujourd'hui, ce n'est pas d'effet réel ?
22:22 -C'est la haine de la France dans votre parti.
22:24 -Je vous demande pardon ? -Et par ailleurs,
22:26 sur les refus d'optempérer... -La France insoumise,
22:28 c'est la haine de la République. -La haine de la République,
22:30 c'est la haine du drapeau, c'est la haine de la France.
22:32 -Les faits sont suffisamment graves
22:34 aujourd'hui dans le pays pour qu'on essaie
22:36 de redescendre... -Et qui respectent
22:38 tous les citoyens. -Notre parti n'aime pas le pays.
22:40 -Notre parti n'aime pas le pays. -Non, on aime
22:42 les citoyens qui, aujourd'hui, ont peur de se prendre
22:44 une balle dans la tête à cause de leur couleur de peau,
22:46 et qui ont peur de se prendre une balle dans la tête à cause
22:48 de leur couleur de peau. -Le débat vient d'au-delà,
22:50 pour les refus d'optempérer, +50% de refus d'optempérer
22:52 en 10 ans. -On va en parler dans le détail.
22:54 -Il faut aussi se poser la question de où est la faille éducative
22:56 dans notre pays pour qu'on ne respecte pas
22:58 l'autorité des provinces. -Vous voulez dire que dans
23:00 les autres pays d'Europe, il ne se passe absolument pas ça ?
23:02 Vous ne voyez toujours pas le problème ?
23:04 -Justement, on y vient à la comparaison.
23:06 S'il vous plaît, c'est suffisamment grave
23:08 pour qu'on essaie de débattre de façon apaisée
23:10 sur ce plateau. -L'éducation n'appartient pas
23:12 à la loi de 2017. -Le temps et l'espace.
23:14 Le temps, c'est l'analogie par rapport à 2005.
23:16 Elle est très forte, cette analogie.
23:18 Elle a été évoquée tout à l'heure, à juste titre.
23:20 Il y a un élément de cette analogie que j'ajoute au tableau,
23:22 c'est qu'effectivement, les services publics
23:24 avaient été fortement attaqués à l'époque.
23:26 Les écoles, maternelles,
23:28 services municipaux, et ainsi de suite,
23:30 ça avait beaucoup cramé.
23:32 À l'époque, il y avait un certain nombre
23:34 de services publics qui étaient attaqués.
23:36 Il y a eu des réformes,
23:38 des réformes de la loi de 2017,
23:40 ça a cramé.
23:42 Il y a donc quelques éléments
23:44 de continuité
23:46 par-delà 18 ans.
23:48 Je le constate, je le note.
23:50 Je ne m'étends pas dessus.
23:52 C'est un fait.
23:54 La deuxième chose
23:56 que l'on peut dire,
23:58 c'est que ça a duré
24:00 trois semaines,
24:02 et il n'y a pratiquement pas eu
24:04 de morts.
24:06 Et ça,
24:08 moi, je ne vais pas me lancer
24:10 dans le débat hick et t'ninc
24:12 sur le recours
24:14 aux armes à feu et ce qui s'est passé
24:16 l'autre jour.
24:18 C'est à la justice de faire son travail.
24:20 Ce que je note,
24:22 c'est que le maintien de l'ordre à la française,
24:24 parce qu'il y a un maintien
24:26 de l'ordre à la française, avec ses qualités,
24:28 ses défauts, et ainsi de suite,
24:30 mais pendant les émeutes de 2005,
24:32 la police
24:34 et la gendarmerie avaient fait
24:36 un job formidable.
24:38 - D'ailleurs, la doctrine
24:40 de maintien de l'ordre devrait un peu changer.
24:42 - Trois semaines de violence
24:44 ininterrompue.
24:46 Je ne dis pas si c'est justifié ou pas.
24:48 J'en comprends les causes.
24:50 - C'est dit.
24:52 On y va, parce que vous n'aurez pas le temps
24:54 de discuter de cette loi de 2017.
24:56 - C'est des policiers qui ont neutralisé la Saïen.
24:58 Ils font le travail de protéger les Français.
25:00 - Cette loi est mise en cause
25:02 par la France Insoumise, notamment,
25:04 c'est une loi de 2017 sur l'usage
25:06 des armes à feu par les policiers
25:08 en cas de refus d'obtempérer.
25:10 Que dit-elle précisément ?
25:12 On en débat juste après.
25:14 - Jusqu'en 2017,
25:20 la loi est la même pour tout le monde.
25:22 Qu'on soit simple citoyen ou policier,
25:24 il faut prouver sa légitime défense
25:26 si l'on tire.
25:28 A l'automne 2016, à Viry-Châtillon,
25:30 quatre policiers sont visés
25:32 avec un cocktail Molotov jeté
25:34 dans leur voiture.
25:36 L'un d'eux est grièvement brûlé.
25:38 Le gouvernement socialiste décide alors
25:40 d'assouplir les règles d'usage
25:42 des armes à feu pour les forces de l'ordre.
25:44 Que dit la loi ?
25:46 La loi votée en février 2017 stipule
25:48 La loi liste donc
26:00 les refus d'obtempérer en font partie.
26:02 Dans cette situation,
26:04 les policiers ont le droit
26:06 de tirer à deux conditions.
26:08 Si c'est le seul moyen
26:10 d'immobiliser le véhicule
26:12 dont les conducteurs refusent de s'arrêter
26:14 et si les occupants sont susceptibles
26:16 de perpétrer dans leur fuite
26:18 des atteintes à leur vie
26:20 ou à leur intégrité physique
26:22 ou à celle d'autrui.
26:24 En clair, si la vie des policiers
26:26 ou d'autres personnes est en danger.
26:28 Pour uniquement éviter la fuite,
26:30 il est interdit d'ouvrir le feu.
26:32 Pourquoi la loi fait-elle débat ?
26:34 La loi est sujette à interprétation.
26:36 Qu'est-ce qu'un cas d'absolue nécessité ?
26:38 Comment définir si l'usage du feu
26:40 se fait de manière strictement proportionnée ?
26:42 Selon la gauche
26:44 et certains experts,
26:46 la loi de 2017 donne trop de latitude
26:48 aux forces de l'ordre.
26:50 Combien de morts après des refus d'obtempérer ?
26:52 Depuis 2017,
26:54 le nombre de morts après un refus d'obtempérer
26:56 est en constante augmentation.
26:58 En 2022,
27:00 13 personnes sont mortes,
27:02 tuées par la police,
27:04 après avoir refusé d'obéir à un contrôle routier.
27:06 C'est un record.
27:08 Les syndicats policiers l'expliquent
27:10 par la hausse des refus d'obtempérer.
27:12 Il y en a eu plus de 27 000 en 2021.
27:14 Un toutes les 20 minutes.
27:16 -On va partir de ce chiffre.
27:20 13 tirs mortels pour refus d'obtempérer.
27:22 L'année dernière, c'est un record.
27:24 C'est factuel.
27:26 Comment vous l'expliquez ?
27:28 Est-ce que c'est cette loi
27:30 qui favorise le pire ?
27:32 -Pour moi, la loi
27:34 est venue ajouter de la confusion
27:36 dans les fondements législatifs
27:38 de l'usage de l'arme par les policiers.
27:40 Ce qui est certain, c'est que,
27:42 d'un point de vue statistique
27:44 un peu agrégé sur la longue durée,
27:46 on observe que
27:48 avant 2017,
27:50 donc 2012-2016,
27:52 on a à peu près
27:54 120 tirs par an
27:56 sur des véhicules en mouvement.
27:58 En 2017, la loi est adoptée
28:00 au début de l'année, 28 février.
28:02 -On va avoir en même temps
28:04 une infographie qui explique ça.
28:06 -C'est formidable.
28:08 -Il y a moins d'usages d'armes à feu,
28:10 mais plus de tirs mortels.
28:12 -En 2017, il y a 300 tirs.
28:14 Et 2018-2021,
28:16 on est descendu à 220-230.
28:20 C'est-à-dire bien plus
28:22 qu'avant la loi de 2017.
28:24 Parfois, ces tirs sont mortels.
28:26 Le plus souvent, ils ne le sont pas.
28:28 Parfois, ils le sont.
28:30 Et l'année 2022, c'est une énigme.
28:32 On a eu 13 morts à déplorer.
28:34 Pourquoi je dis que la loi est confuse ?
28:36 Un élément qui n'a pas été mentionné
28:38 dans le bref reportage, c'est qu'en juin 2016,
28:40 on a déjà eu une loi
28:42 qui modifiait le cadre d'emploi
28:44 des armes, et qui était une loi
28:46 dite sur le périple meurtrier.
28:48 Les policiers, à ce moment,
28:50 pouvaient faire usage de leurs armes
28:52 hors cas légitime défense.
28:54 Sur la légitime défense, on n'a rien touché.
28:56 Ils pouvaient faire usage de leurs armes
28:58 s'ils avaient des raisons de croire
29:00 que la personne qui prenait la fuite
29:02 allait commettre un massacre avec son véhicule
29:04 type Nice, 14 juillet 2016.
29:06 Et puis, il y a eu cet épisode...
29:10 -Vierry Chatillon.
29:12 -Meurtrier à Vierry Chatillon.
29:14 Une mobilisation extrasyndicale,
29:16 c'était les policiers en colère,
29:18 on savait pas très bien qui c'était,
29:20 qui déclenchaient des manifestations non autorisées,
29:22 qui manifestaient la nuit avec leurs brassards,
29:24 avec leurs sirènes, etc.
29:26 Il y a eu peur du gouvernement,
29:28 très probablement des organisations syndicales.
29:30 Et puis, il y a cette déclaration de M. Cazeneuve,
29:32 qui vient abroger la loi qui disait
29:34 "Quand vous tirez, c'est pour
29:36 "empêcher un acte terroriste,
29:38 "c'est pour empêcher un massacre."
29:40 Il est venu introduire cette notion,
29:42 que je trouve plus floue,
29:44 que les renseigners du tout,
29:46 et d'ailleurs, mainformateurs de la police nationale,
29:48 le disent, menacent
29:50 à l'intégrité physique des personnes.
29:52 On passe d'un massacre à l'intégrité physique des personnes.
29:54 Pour moi, ça explique,
29:56 effectivement,
29:58 l'augmentation, qui est quand même lissée
30:00 sur cinq ans à chaque fois,
30:02 2012, 2016, 2017, 2021,
30:04 l'augmentation substantielle
30:06 des tirs.
30:08 -Est-ce que vous adhérez
30:10 à cette analyse, Mathieu Vallée ?
30:12 -Il y a un flou, quand même,
30:14 dans l'interprétation.
30:16 -Je regarde,
30:18 je regarde, Muzel...
30:20 -Vous n'êtes pas le porte-parole des formateurs dans la police.
30:22 -Je trouve que c'est flou de savoir ce qui est de l'absolue nécessité,
30:24 ou pas. Je ne trouve pas ça extrêmement
30:26 limpide, mais je vous le soumets.
30:28 -C'est du four
30:30 qu'il faut convaincre.
30:32 -La formation, c'est important.
30:34 -On peut partager des sujets.
30:36 Il ne faut pas être caricatural.
30:38 -C'est le grand titre de fond pour Rayana.
30:40 -Je vais parler des policiers.
30:42 Ce que je voulais vous dire, c'est que deux choses,
30:44 et après, s'il faut que je me tue, je me tue,
30:46 c'est que...
30:48 -On n'en est pas là.
30:50 -Ce que je veux dire, c'est que, deux choses.
30:52 La première, il y a eu, effectivement,
30:54 13 décès en 2022, suite
30:56 à des refus d'obtempérer qui, en fait,
30:58 ont amené des policiers à utiliser leurs armes
31:00 pour protéger leur vie et celle des autres.
31:02 Sur ces 13 décès, il y a des enquêtes qui sont encore en cours.
31:04 Pardon de le dire, mais est-ce que
31:06 lorsqu'on a un conducteur ou une conductrice,
31:08 je parle en général, qui transforme son véhicule
31:10 en arme et qui devient un criminel,
31:12 puisque les parquets rechainent des tentatives d'homicide
31:14 sur des policiers, voire même, parfois, des homicides,
31:16 quand on a Eric Monroi, ce policier au Mans,
31:18 ou Mélanie Lumet, cette gendarme à Pont-de-Saint-Marais
31:20 qui ont été tuées suite à des refus d'obtempérer,
31:22 est-ce qu'on doit laisser des conductrices
31:24 et conducteurs tuer des policiers et des gendarmes
31:26 pour dire que les policiers n'utilisent pas leurs armes
31:28 ou est-ce qu'on veut que les policiers protègent leur vie et celle des autres ?
31:30 -Pour vous, on ne touche rien. -Ca, c'est légitime défense.
31:32 -La loi n'a rien à voir avec la loi de 2007.
31:34 -Ca n'est pas présent ce jour, je viens sur le deuxième point,
31:36 vous inquiétez pas, j'y arrive. Le deuxième point,
31:38 c'est que, vous voyez, quand vous laissez les gens arriver,
31:40 sur cette loi de 2007, je suis d'accord avec vous,
31:42 elle est mal rédigée, elle est mal ficelée
31:44 et elle est mal comprise par les policiers.
31:46 Pourquoi ? Parce que, je le dis tout le temps
31:48 et je ne vais pas me dédier ici aujourd'hui,
31:50 c'est qu'en un dixième de seconde, les policiers doivent réagir
31:52 et sur ce un dixième de seconde, il y a tellement de cas à accocher,
31:54 beaucoup plus compliqués que ce qui a été présenté,
31:56 à savoir, est-ce que c'est le seul moyen nécessaire
31:58 pour empêcher la fuite et qu'il y ait un traitement des décès ?
32:00 Est-ce que c'est la seule arme à disposition des policiers ?
32:02 Est-ce qu'il y a une mise en danger d'autres trucs ?
32:04 On n'a pas le temps. Donc, moi, je suis d'accord avec vous,
32:06 quand c'est mal rédigé et que c'est flou,
32:08 c'est qu'il y a un loup et donc, du coup,
32:10 vous appelez à l'abrogé, moi, je ne suis pas pour
32:12 désarmer la police, en revanche...
32:14 -Pas la délarme, pas l'abrogé.
32:16 -Si c'est pour, et j'en termine, ne vous inquiétez pas,
32:18 si c'est pour le supprimer et proposer un article
32:20 qui permet aux policiers de mieux se protéger
32:22 face à ceux qui veulent les tuer
32:24 suite à des refus outempérés et protéger les autres,
32:26 je pense qu'on peut lancer une réflexion
32:28 qui serait utile à tout le monde, aux policiers,
32:30 et aux personnes,
32:32 que ce soit ceux qui refusent de s'outempérer
32:34 ou des victimes innocentes, de pouvoir être protégés
32:36 dans leur vie. -Robin Reda.
32:38 C'est important, malgré un peu d'électricité.
32:40 Voilà, il se passe des choses sur ce plateau.
32:42 Donc, est-ce que vous êtes prêts
32:44 à rouvrir cette loi ? Après tout,
32:46 c'était pas vous, vous ne l'avez pas faite,
32:48 c'était avant l'élection d'Emmanuel Macron,
32:50 en 2017.
32:52 Manifestement, elle est mal ficelée.
32:54 -Moi, je considère que cette loi,
32:56 elle est importante, alors il faut peut-être
32:58 la préciser dans son application,
33:00 mais c'est un vrai débat politique,
33:02 solennel. C'est où on place
33:04 le risque de décès, effectivement, dans une situation
33:06 donnée, une situation dangereuse.
33:08 Est-ce qu'on considère que le risque de décès
33:10 doit être le risque
33:12 de celui qui fait respecter la loi ou de celui qui l'enfreint ?
33:14 C'est un vrai débat politique.
33:16 -Vous êtes prêt à l'avoir ?
33:18 -Vous le souhaitez ? Hier, il y avait
33:20 la présidente de la Sambé qui disait que ça allait faire
33:22 une évaluation de cette loi. -Les policiers, les gendarmes,
33:24 doivent pouvoir se protéger. Vous avez rappelé le drame
33:26 de Vierich-Atillon. Je pense à un autre fait
33:28 dans ma circonscription à Savigny-sur-Orge, en octobre 2020,
33:30 où un policier, la nuit, s'est fait foncer
33:32 dessus par un refus d'obtempérer
33:34 et le policier a eu sa carrière
33:36 fichue, pour ainsi dire, sa vie fichue.
33:38 Voilà, ces situations, elles arrivent aussi.
33:40 Le graphique que vous avez montré,
33:42 on ne s'en rend pas compte non plus,
33:44 l'augmentation des refus d'obtempérer.
33:46 C'est un vrai débat que nous devons avoir,
33:48 mais encore une fois, le risque n'a pas disparu
33:50 dans la société. Le risque terroriste,
33:52 la violence routière dont tout le monde...
33:54 -Personne ne l'a dit. -La violence routière
33:56 dont tout le monde reconnaît que depuis la crise sanitaire,
33:58 elle a explosé sur la route.
34:00 Ces risques-là existent. Je préfère des policiers
34:02 qui nous protègent et qui peuvent se protéger.
34:04 -Le mot de la fin. Vous avez quand même
34:06 entendu... Il y a moyen d'ouvrir
34:08 ce débat et de réécrire
34:10 ou en tout cas de se poser les questions pour...
34:12 -Je l'entends. -Revoir cette loi.
34:14 -Je l'entends, mais il ne faut vraiment
34:16 pas jouer avec le feu, sans mauvais jeu de mots.
34:18 C'est-à-dire que si les gens veulent un rapport
34:20 de force dans la rue, c'est qu'ils ont bien peur qu'une fois
34:22 les troubles passés, les motions passées,
34:24 il ne se passe absolument rien. J'ai déjà parlé de l'affaire
34:26 de la clé d'étranglement qui devait être interdite,
34:28 qui ne l'a pas été finalement. Ca fait 20 ans
34:30 qu'on a affaire à ce type de problématiques
34:32 qui ne sont pas constantes,
34:34 qui ne sont pas le fait de tous les policiers,
34:36 mais qui existent et qui traumatisent
34:38 et qui gâchent la vie de trop
34:40 nombreux jeunes dans nos quartiers.
34:42 -Merci d'être sortie de la polarisation
34:44 à la toute fin de ce débat. Merci beaucoup.
34:46 On s'arrête là. Il ne fait que commencer,
34:48 donc on va essayer de suivre
34:50 les suites législatives qu'il aura.
34:52 Merci à vous. Vous restez avec moi,
34:54 François Hesbourg. Dans une dizaine de minutes,
34:56 les partis prides nous affranchissent. Ce soir,
34:58 le regard de Richard Verli sur la décision
35:00 du Conseil d'Etat sur le collectif des hijabeuses
35:02 dans le football.
35:04 Vincent Hugeot s'interroge sur l'avenir
35:06 de Wagner en Afrique après la rébellion
35:08 étouffée de cette milice en Russie.
35:10 Et puis dans Bourbon Express, ce soir,
35:12 de quoi nous parlez-vous ?
35:14 -Ces tatouages, on est tous contaminés.
35:16 Ce sont les écologistes qui le disent.
35:18 Je vous raconte tout à l'heure.
35:20 -A tout à l'heure, les amis. Mais d'abord,
35:22 François Hesbourg, on va plonger dans votre livre
35:24 "Les leçons d'une guerre"
35:26 au moment où cette guerre
35:28 devient une forme
35:30 de basculement du monde et de l'Europe.
35:32 On en parle ensemble juste après
35:34 l'invitation de Maïté Frémont. Regardez.
35:36 ...
35:38 -Si on vous invite,
35:40 François Hesbourg, c'est pour nous éclairer
35:42 sur l'invasion de l'Ukraine
35:44 par la Russie et sur les derniers
35:46 rebondissements militaires et politiques.
35:48 Les leçons de cette guerre
35:50 sans équivalent en Europe depuis 1945
35:52 sont au nombre de 10
35:54 à vous entendre
35:56 dans votre ouvrage très documenté
35:58 de 200 pages
36:00 où vous disséquez les causes
36:02 et conséquences du conflit.
36:04 Dans votre livre, à plusieurs reprises,
36:06 vous regrettez l'attitude timorée
36:08 de la France dans cette guerre.
36:10 "Nous avons, écrivez-vous,
36:12 été petits joueurs sur le plan militaire,
36:14 adeptes d'un en même temps équivoque
36:16 par rapport à l'envahisseur."
36:18 Une guerre en Ukraine, dites-vous
36:20 qu'il faut gagner car elle est celle
36:22 de l'Europe toute entière
36:24 et qu'il en va de notre intérêt.
36:26 Vous appelez donc les Occidentaux
36:28 à prendre leurs responsabilités.
36:30 "Il faut que l'Europe ait
36:32 davantage d'autonomie stratégique,
36:34 il ne faut pas qu'elle demeure
36:36 éternellement dépendante des Etats-Unis
36:38 qui vont être de plus en plus
36:40 impliqués dans les affaires
36:42 de l'Asie pacifique."
36:44 François Heisbourg,
36:46 vous êtes un grand spécialiste
36:48 des questions géopolitiques.
36:50 Conseiller spécial à la Fondation
36:52 pour la Recherche Stratégique,
36:54 vous avez déjà à votre actif
36:56 de nombreux ouvrages.
36:58 Aujourd'hui, au 491e
37:00 jour de guerre,
37:02 fête de rebondissements et de surprises,
37:04 on a bien envie de vous entendre
37:06 sur la tentative de putsch
37:08 de Prigojin et ses conséquences.
37:10 Poutine semble avoir
37:12 sauvé la face, mais y a-t-il
37:14 vraiment repris la main ?
37:16 -Réponse. -Réponse,
37:20 ça a commencé comme un putsch
37:22 et ça a fini
37:24 dans la journée en eau de boudin.
37:26 -Ca affaiblit
37:28 forcément Poutine. -Ca affaiblit
37:30 forcément Poutine. On est dans
37:32 un système politique en Russie
37:34 qui est un système qui est...
37:36 L'expression est souvent utilisée,
37:38 mais elle est juste. C'est un système
37:40 mafieux.
37:42 Poutine est le...
37:44 "Capo di tutti li capi",
37:46 c'est le chef et c'est l'arbitre
37:48 des lieutenants
37:50 du chef.
37:54 Et Prigojin, lui, a manqué
37:56 de respect, pour dire le moins.
37:58 Et non seulement
38:00 il lui a manqué de respect,
38:02 mais il l'a mis dans une situation
38:04 extraordinairement humiliante.
38:06 Humiliante, pourquoi ?
38:08 Parce que Poutine a dû faire appel
38:10 à quelqu'un qui, jusqu'à présent,
38:12 était sa chose,
38:14 Loukachenko, le dictateur
38:16 de Biélorussie. Le dictateur de Biélorussie
38:18 n'arrête pas de dire à la télévision
38:20 combien Poutine lui doit
38:22 tout, maintenant. Il lui doit la vie,
38:24 quasiment. Et humiliant,
38:26 aussi, parce que
38:28 les mutins
38:30 ont fait l'équivalent
38:32 d'un Nice-Paris en sept heures.
38:34 Il faut quand même le faire.
38:36 -Je note les mutins. Donc, mutinerie
38:38 et pas coup d'Etat aborté, pourquoi ?
38:40 Rébellion plutôt que coup de...
38:42 -Rébellion, mutinerie...
38:44 Mutinerie parce que c'était des militaires,
38:46 en principe soumis
38:48 à une forme de discipline,
38:50 comme si c'était des mercenaires.
38:52 -Alors, va-t-il se venger, Poutine ?
38:54 Parce qu'on l'a vu, sur cette première
38:56 apparition, après ce
38:58 putsch avorté. On va voir les images.
39:00 C'est le chef
39:02 du Kremlin, vous le voyez.
39:04 C'était mercredi soir, dans le
39:06 Caucase russe. Il s'affiche
39:08 très rarement comme ça. Il s'est offert
39:10 un bain de foule, il a fait
39:12 des selfies, il a distribué, on le voit,
39:14 des poignées de main.
39:16 Il veut expliquer que,
39:18 au fond, ce qui s'est passé, pour lui,
39:20 c'est une incroyable démonstration
39:22 de soutien des Russes.
39:24 Évidemment, on imagine
39:26 que rien n'est très spontané
39:28 dans toutes ces images,
39:30 mais il peut faire
39:32 de cette faiblesse une force, encore, aujourd'hui ?
39:34 -Non. -C'est fini.
39:36 -Il est obligé de se venger,
39:38 il est obligé de noyer
39:40 l'humiliation,
39:42 mais l'humiliation,
39:44 elle reste là, elle ne peut pas être
39:46 effacée. -Cette vengeance.
39:48 -Même si Prigojine
39:50 disparaît, je ne sais pas
39:52 comment il disparaîtra, si c'est par
39:54 une fenêtre, si c'est
39:56 dans un accident de voiture, comme c'est
39:58 arrivé à un de ses généraux hier.
40:00 -Justement. Parlons-en
40:02 de l'armée russe, parce qu'on
40:04 a l'impression que les purges ont commencé
40:06 depuis ce putsch
40:08 étouffé. Le général Sergeï
40:10 Sourovikhin a été,
40:12 selon les médias russes,
40:14 arrêté. Qui est-il, d'un mot ?
40:16 Et que dit cette
40:18 arrestation ? Comment l'interpréter ?
40:20 -Alors, général Sourovikhin,
40:22 il a deux surnoms,
40:24 l'un qui est plutôt flatteur, c'est le général Armageddon,
40:26 comme la bataille d'Armageddon.
40:28 L'autre, qu'il est un peu moins,
40:30 c'est le boucher d'Alep.
40:32 Vous vous souvenez de la ville de Syrie
40:34 où beaucoup, beaucoup,
40:36 beaucoup de civils ont été tués
40:38 sans aucune discrimination
40:40 par cet homme
40:42 au demeurant efficace.
40:44 Moi, je ne sais pas
40:46 où est Sourovikhin.
40:48 -Ca pouvait être lui, le relais de l'intérieur
40:50 de Prigojin ?
40:52 -Vous savez,
40:54 on est dans
40:56 une guerre à multiples facettes.
40:58 Il y a la guerre qui fait "brang",
41:00 il y a la guerre
41:02 qui fait "tweet",
41:04 mais vous avez aussi la guerre
41:06 qui fait...
41:08 dans le jeu
41:10 des services.
41:12 Vous avez le New York Times,
41:14 qui a un grand article hier,
41:16 qui explique que Sourovikhin était le relais
41:18 de Prigojin.
41:20 C'est peut-être même vrai,
41:22 mais il est peut-être aussi
41:24 dans l'intérêt
41:26 des services américains
41:28 de déstabiliser
41:30 le système russe
41:32 en faisant accroire
41:34 plus que peut-être de raison
41:36 à Poutine que Sourovikhin.
41:38 -Merci de cette prudence.
41:40 Et de ce décryptage.
41:42 -Donc, il faut faire attention.
41:44 -Parlons.
41:46 -On va peut-être le retrouver dans un cul de basse fausse demain.
41:48 Je ne suis pas en train de dire
41:50 que les informations sur son arrestation sont fausses.
41:52 -Les conséquences de ce qui s'est passé,
41:54 François Heisbourg, sur le front ukrainien.
41:56 L'armée russe peut-elle se passer
41:58 de ses 26 000 soldats de Wagner ?
42:00 -C'est une vraie bonne question.
42:02 Et la réponse courte,
42:04 c'est, dans l'état actuel
42:06 des choses, probablement pas.
42:08 C'était quand même...
42:10 Ce sont toujours, d'ailleurs,
42:12 d'excellents soldats.
42:14 Ce sont des salopards,
42:16 ce sont des mercenaires.
42:18 C'est des affreux, comme on disait
42:20 du temps des mercenaires en Afrique
42:22 dans la décolonisation.
42:24 Mais ce sont de bons soldats.
42:26 Et les seuls succès que les Russes ont emportés,
42:28 et Prigojine là-dessus avait raison,
42:30 au cours des six derniers mois,
42:32 ça a été, effectivement,
42:34 le plus fort de Wagner.
42:36 Donc les Ukrainiens ont une incitation
42:38 supplémentaire à pousser
42:40 leur offensive.
42:42 -Tout ça plaide pour que l'Europe
42:44 ait davantage, plus vite et plus fort.
42:46 -Exactement. C'est d'ailleurs
42:48 ce qui est en train de se passer.
42:50 On voit les annonces du côté européen,
42:52 du côté américain, en la matière.
42:54 Peut-être, peut-être...
42:56 Je touche du bois,
42:58 beaucoup de bois.
43:00 Peut-être que cela amènera
43:02 les Russes à aller
43:04 éventuellement vers la table
43:06 des négociations plus vite
43:08 qu'ils n'auraient
43:10 voulu le faire,
43:12 sachant que pour la Russie,
43:14 il y avait en tout état de cause
43:16 un intérêt à attendre les élections
43:18 présidentielles américaines avant de se mettre à table.
43:20 -D'ailleurs. -Le cas où
43:22 Trump reviendrait aux affaires.
43:24 Et ainsi de suite.
43:26 Peut-être que les horloges
43:28 vont s'avancer un peu plus vite.
43:30 -D'ailleurs, l'une des leçons
43:32 au pluriel que vous tirez dans votre livre,
43:34 c'est que sans doute les Occidentaux,
43:36 mais surtout les Européens,
43:38 France, Allemagne, ont trop tardé
43:40 ou tergiversé la page des attermoiements
43:42 dans les différents paliers
43:44 pour l'aide. Elle est tournée ?
43:46 -Elle est peut-être tournée,
43:48 mais ça m'a appelé vraiment
43:50 l'attention des téléspectateurs
43:52 sur le fait que
43:54 les attermoiements,
43:56 c'est une formule un peu abstraite,
43:58 ça veut dire qu'il y a six mois,
44:00 sept mois, huit mois de retard
44:02 pendant lesquels des civils sont tués,
44:04 des bâtiments sont détruits,
44:06 des infrastructures sont bousillées,
44:08 alors qu'avec un peu plus de célérité,
44:10 avec les mêmes armes, je ne dis pas
44:12 qu'il faut développer de façon prodigieuse
44:14 la capacité de destruction.
44:16 Je ne dis pas que ce que l'on fait aujourd'hui,
44:18 on aurait pu le faire il y a six mois,
44:20 et ce que l'on a annoncé
44:22 que l'on ferait dans six mois,
44:24 on aurait dû pour le faire
44:26 maintenant.
44:28 -Dernière question.
44:30 A ce stade du conflit,
44:32 qui a gagné ?
44:34 Qui a perdu ?
44:36 -Entre la Russie et l'Ukraine,
44:38 il est trop tôt pour le dire.
44:40 -Et dans l'ordre mondial,
44:42 est-ce que vous parlez de la Chine ?
44:44 -Alors, dans l'ordre mondial,
44:46 le grand vainqueur
44:48 et celui que l'on n'attendait pas,
44:50 c'est l'Inde.
44:52 La Chine, bien sûr.
44:54 -Pourquoi l'Inde ?
44:56 -Parce que tout le monde veut être bien
44:58 avec l'Inde dans cette période,
45:00 sauf les Chinois.
45:02 Mais les Russes et les Occidentaux,
45:04 nous faisons la cour à l'Inde,
45:06 et à juste titre, d'ailleurs.
45:08 Et l'Inde, c'est quelque part
45:10 un pays qui, d'une part,
45:12 profite des circonstances,
45:14 pour son commerce, et ainsi de suite,
45:16 et qui renforce ses rapports
45:18 avec nos pays, y compris la France.
45:20 On va recevoir
45:22 le Premier ministre indien à Paris
45:24 le 14 juillet pour le défilé,
45:26 avec l'armée indienne qui sera là.
45:28 C'est pas par hasard.
45:30 Et c'est pas les Chinois
45:32 qui défilent sur les Champs-Elysées.
45:34 -Merci, c'est passionnant. On aurait pu continuer
45:36 longtemps les leçons d'une guerre.
45:38 C'est passionnant sur l'ordre mondial
45:40 qui se construit et qui est bouleversé,
45:42 sur la dissuasion aussi,
45:44 l'Ukraine, la Russie, l'Asie,
45:46 les Etats-Unis, et nous.
45:48 C'est à lire aux éditions Odile Jacob.
45:50 Vous restez avec moi, François Heisbourg.
45:52 C'est l'heure des parties prises de nos affranchis.
45:54 Ils vont vous faire réagir. Vous allez le voir.
45:56 On les accueille tout de suite.
45:58 Vincent Ugeux, le grand sporteur
46:00 que je suis sûre que vous connaissez bien.
46:02 François Heisbourg,
46:04 ainsi que Richard Verly,
46:06 pardonnez-moi,
46:08 du quotidien suisse Blic.
46:10 Installez-vous, préparez-vous.
46:12 On commence comme chaque soir par Bourbon Express.
46:14 L'histoire du jour à l'Assemblée nationale.
46:16 Nous est racontée ce soir par Marco Pommier.
46:18 Bonsoir, Marco.
46:20 Bonsoir, Myriam. Ce soir, je vous raconte
46:22 l'histoire d'un scandale sanitaire.
46:24 Les Pifas, vous connaissez ? Non.
46:26 C'est une famille de produits chimiques
46:28 qu'on appelle aussi polluants éternels.
46:30 Hier, en conférence de presse,
46:32 l'écologiste Nicolas Thierry
46:34 a présenté les résultats
46:36 d'une analyse réalisée avec les cheveux
46:38 de 14 députés du groupe,
46:40 dont lui.
46:42 40 grammes de cheveux au total,
46:44 au service d'une expérience scientifique,
46:46 évaluée le taux de contamination
46:48 à ces Pifas. Et les cheveux
46:50 ont parlé.
46:52 La réalité,
47:00 c'est que nous sommes tous
47:02 contaminés. Qui voudrait
47:04 de tels tatouages
47:06 sur le corps ? Voilà,
47:08 une mise en scène pour marquer
47:10 les esprits des bras tatoués
47:12 de pictogrammes. Ces 14 députés
47:14 testés sont donc
47:16 tous contaminés par au moins un
47:18 polluant éternel. Alors au total,
47:20 sur les 12 Pifas recherchés,
47:22 8 ont été détectés chez ces parlementaires.
47:24 Ces polluants éternels, Myriam,
47:26 sont utilisés dans le cosmétique,
47:28 dans les cosmétiques, l'automobile,
47:30 les poils anti-adhésifs, les emballages alimentaires,
47:32 mais aussi les vêtements.
47:34 Surtout, ces substances sont rejetées légalement
47:36 dans l'environnement par les industries.
47:38 Sur le podium, des 14 députés
47:40 écologistes les plus contaminés,
47:42 comme Marie-Charlotte Garin. Écoutez.
47:44 Sur les 12 types de polluants
47:46 éternels qu'on a fait tester, moi j'en ai
47:48 8 présents dans mon corps, et dont
47:50 certains à des taux bien plus élevés
47:52 que ceux de mes collègues. Je suis une jeune
47:54 élue, j'ai un mode de vie plutôt sain, etc. Je suis pas
47:56 à risque, et pourtant j'ai des taux hyper élevés.
47:58 Donc l'intuition qu'on aurait aujourd'hui,
48:00 c'est que ça vient de mon environnement. Et mon environnement
48:02 c'est quoi ? Moi je suis députée de Lyon. À Lyon,
48:04 on a la vallée de la chimie, qui pollue
48:06 évidemment et qui a beaucoup pollué par le passé.
48:08 Et l'intuition qu'on aurait, ce serait que ce serait
48:10 potentiellement via l'eau potable
48:12 qu'on pourrait être contaminés à ces
48:14 polluants éternels. Alors j'imagine
48:16 qu'il y a pas mal de conséquences sur la santé. Oui,
48:18 des conséquences très lourdes. D'après plusieurs
48:20 études, le tableau est assez sombre.
48:22 Cancer, altération de la fertilité,
48:24 troubles thyroïdiens,
48:26 augmentation du cholestérol et de
48:28 l'hypertension, et même diminution
48:30 de l'efficacité des vaccins.
48:32 Et puis les pyphases sont très résistants,
48:34 quasi indestructibles. Le corps ne
48:36 les élimine pas. Résultat, eh bien on a
48:38 trouvé dans les cheveux des députés des pyphases
48:40 qui sont interdits en France depuis
48:42 plusieurs années. Le député Nicolas Thiry
48:44 pointe la responsabilité des industriels.
48:46 Qu'est-ce qu'on fait pour que ça
48:48 change concrètement ? Est-ce que c'est au consommateur
48:50 de changer leur méthode de consommation ?
48:52 Non, surtout pas. Ça serait terrible de faire
48:54 reposer ça sur le consommateur. Donc en fait, la réponse
48:56 elle est politique.
48:58 J'ai déposé une proposition de loi, en ce sens,
49:00 très simple. 1er janvier
49:02 2025, on interdit les polluants éternels,
49:04 ces pyphases, dès qu'il y a une alternative.
49:07 2027, le temps que les industriels
49:09 se retournent pour les produits du quotidien,
49:11 là on interdit tout le reste en 2027.
49:13 Et surtout, immédiatement,
49:15 maintenant, on contrôle partout
49:17 sur le territoire national la présence
49:19 de ces pyphases, de ces polluants éternels,
49:21 dans l'eau potable. Le gouvernement, l'attitude
49:23 qu'ils ont, c'est de dire "si on ne teste pas,
49:25 il n'y a pas de problème, donc on n'a pas besoin d'agir".
49:27 Et ça, c'est criminel.
49:28 Alors, hasard ou pas,
49:30 à la veille de la conférence de presse des écologistes,
49:32 le ministère de l'Écologie, justement,
49:34 a publié un arrêté pour imposer
49:36 à 5 000 sites industriels
49:38 d'identifier et d'analyser leur rejet
49:40 en pyphase. Alors, comme on est
49:42 sûrement tous contaminés sur ce plateau,
49:44 je vous ai ramené les tatouages
49:46 des écologistes, si vous voulez vous en coller sur le bras,
49:48 je vous les donne dès la fin de l'émission.
49:50 - Pourquoi pas ? François Esbourd a un petit tatouage.
49:52 - Non, non, non, non.
49:54 Moi, je suis d'une génération
49:56 pour qui les tatouages
49:58 représentaient quelque chose d'extrêmement
50:00 lourd.
50:02 - Allez, on enchaîne. - On a changé d'époque.
50:04 - C'est défaut, c'est défaut.
50:06 Richard, vous voulez revenir sur une décision
50:08 qui a été déjà largement commentée,
50:10 celle du Conseil d'Etat,
50:12 qui refuse de changer
50:14 le règlement de la Fédération française de
50:16 football. C'est ce que souhaitaient
50:18 les hijabeuses, ce collectif
50:20 qui souhaitait jouer les matchs de foot
50:22 voilés, c'est non.
50:24 - Alors oui, peut-on jouer au football avec un voile
50:26 islamique qui recouvre vos cheveux ?
50:28 Eh bien oui, en Italie, en Espagne,
50:30 en Angleterre ou en Allemagne, c'est
50:32 la réponse des autorités. Le port du hijab
50:34 est autorisé dans le football féminin,
50:36 mais aussi dans d'autres sports, on pense
50:38 au sacro-saint cricket en Grande-Bretagne.
50:40 C'est d'ailleurs dans ce sens qu'avait
50:42 plaidé le rapporteur du Conseil d'Etat,
50:44 c'est-à-dire le juriste qui défendait
50:46 la cause du collectif, les hijabeuses.
50:48 Mardi, celui-ci avait défendu l'idée
50:50 d'une autorisation, sauf pour les compétitions
50:52 nationales, au quai au port du voile
50:54 dans les clubs, mais pas en équipe de France
50:56 pour cause de laïcité républicaine.
50:58 Sauf que les magistrats de la plus haute
51:00 juridiction administrative en ont décidé autrement.
51:02 Ce jeudi, ils ont estimé que l'article 1
51:04 du règlement de la Fédération
51:06 française de football, qui prohibe
51:08 les signes religieux, n'a pas de raison
51:10 d'être modifiée ou contournée. La 3F,
51:12 comme on la surnomme, a selon le Conseil
51:14 d'Etat le droit d'édicter ces règles,
51:16 nécessaires au bon déroulement des matchs.
51:18 Ils ont aussi jugé que celles-ci sont
51:20 adaptées et proportionnées. Vous savez,
51:22 les hijabeuses faisaient une distinction
51:24 entre les joueuses, qui auraient bénéficié
51:26 d'une certaine liberté, et les employés
51:28 de la Fédération administrative, ou les arbitres,
51:30 par exemple, qui auraient dû se conformer
51:32 à l'article 1. La réponse a été non.
51:34 Le fait de taper dans le ballon ne vous donne pas
51:36 toutes les libertés. -Ca va pas plaire
51:38 à tout le monde, j'imagine, cette décision.
51:40 -Oui, parce qu'il faut bien avouer que le Conseil d'Etat
51:42 va quand même interpréter
51:44 la loi sur la laïcité, qui, je le répète,
51:46 prohibit le port du voile dans les enceintes
51:48 publiques et notamment les enceintes
51:50 fermées. Il y a aussi des réalités
51:52 de tous les jours qu'on peut voir à Paris,
51:54 c'est-à-dire que les enfants sont souvent
51:56 sortis scolaires par des mamans voilées.
51:58 Et donc, comment vous faites ? Le hijab
52:00 dans le sport, en réalité, avec cette décision,
52:02 se trouve stigmatisé, alors que
52:04 l'activité sportive a précisément
52:06 pour caractéristique de rassembler toutes
52:08 les classes sociales et tous les groupes ethniques
52:10 ou religieux. Vous voyez qu'il y a au moins matière
52:12 à discussion. Alors, on a bien compris,
52:14 c'est contre l'effet contagion que
52:16 le Conseil d'Etat a voulu se prémunir. La FFF
52:18 est une digue, le football, c'est le sport
52:20 le plus populaire, et accepter que cette
52:22 digue se fissure
52:24 sous l'effet de lobbyistes musulmans
52:26 aurait eu bien plus de conséquences que l'autorisation
52:28 de quelques burkinis dans des piscines.
52:30 Mais ne risque-t-on pas ainsi
52:32 d'accroître le fossé, de pousser dans les bras
52:34 de fondamentalistes, des jeunes femmes
52:36 qui sont avant tout désireuses d'affirmer
52:38 leur identité ? Ces hijabeuses,
52:40 elles ont perdu ce match juridique,
52:42 mais il est probable que ces jeunes musulmanes,
52:44 qui sont souvent embrigadés, tenteront
52:46 demain des prolongations. Le carton rouge
52:48 du Conseil d'Etat risque de ne pas suffire
52:50 pour les expulser des terrains. - Parti pris,
52:52 signé Richard Verly.
52:54 Je ne vais pas vous demander ce que vous en pensez,
52:56 parce que j'aimerais laisser du temps à Vincent,
52:58 et là je suis sûre que vous avez envie de réagir.
53:00 Vincent, quel avenir de Wagner
53:02 en Afrique depuis ce qui s'est passé ce week-end en Russie ?
53:04 - Eh bien, bien loin de
53:06 Minsk ou de Moscou, l'avenir d'Evgeny
53:08 Prigojine et de son orchestre
53:10 wagnerien se joue aussi en Afrique,
53:12 terrain de jeu ô combien lucratif
53:14 et cible prioritaire de la stratégie d'influence
53:16 du Kremlin. Sur le continent noir
53:18 comme ailleurs, l'équipée rebelle
53:20 de Wagner, puis sa piteuse
53:22 volte-face laisseront des traces.
53:24 Bien sûr, le ministre russe des Affaires étrangères,
53:26 Sergei Lavrov, a claironné
53:28 en plein tumulte et avec un empressement
53:30 suspect que cet épisode n'entraverait
53:32 en rien le labeur des
53:34 coopérants venus du froid
53:36 en République centrafricaine ou au Mali.
53:38 Business as usual. De même,
53:40 les despotes subsahariens russophiles,
53:42 ceux qui ont scellé avec le camarade
53:44 Prigojine un pacte faustien,
53:46 feignent la sérénité à d'autres
53:48 car un vent de panique a soufflé
53:50 à Bangui ou Bamako.
53:52 Commence fier à un capot mafieux,
53:54 Cipron a mordre la main
53:56 du parrain Poutine qui l'a façonné
53:58 puis nourri et quid du mythe
54:00 viriliste du tsar Vladimir,
54:02 implacable et redouté par les siens.
54:04 - Quelle place précisément occupe l'Afrique
54:06 dans le système Prigojine ?
54:08 - Baptisée Concorde, la structure qui coiffe
54:10 les activités de Wagner s'apparente
54:12 à un conglomérat tentaculaire,
54:14 une pieuvre pour filer la métaphore
54:16 de l'extrême-ouest. Elle opère via
54:18 une myriade d'entités-écran
54:20 sur trois fronts. 1) le militare
54:22 au sécuritaire, mercenariats, instructions,
54:24 encadrement de l'armée locale, protection
54:26 rapprochée du chef de l'État.
54:28 2) les affaires, sous la forme
54:30 de rasias méthodiques sur les ressources naturelles,
54:32 or, diamants, bois précieux,
54:34 exfiltrés en partie via le Cameroun
54:36 vers Dubaï et Moscou. Puis 3)
54:38 l'espace informationnel, médias,
54:40 réseaux sociaux, fermatrol,
54:42 mais aussi manipulations électorales,
54:44 d'humour rémunéré,
54:46 de propagandistes gravitants dans la diaspora,
54:48 tels le franco-béninois
54:50 Kémy Séba ou la Suissesse
54:52 d'origine camerounaise Nathalie Yamb.
54:54 - Alors, expliquez-nous...
54:56 - Un petit point, pardon, avant,
54:58 Mme, parce qu'on se disait
55:00 où en est Wagner en Afrique.
55:02 Selon les services de renseignement occidentaux,
55:04 Wagner sévit dans une douzaine de pays
55:06 d'Afrique, citons le Soudan, dès 2016,
55:08 donc la RCA depuis 2018, le Mali
55:10 à l'été 2021, encore la Libye.
55:12 Et tant pis si, à ce stade,
55:14 les Soudars de Prigogine et de Dmitri Houtkine,
55:16 son spadassin néo-nazi,
55:18 ont davantage brillé dans la prédation
55:20 et l'exaction que dans leur combat frontal
55:22 contre le fléau djihadiste.
55:24 - Les Soudars, vous les appelez comme ça ?
55:26 Avérés complètement, les Wagner ?
55:28 - Oui. Mardi, c'est la reventière,
55:30 l'ONG "The Century", qui explore
55:32 les réseaux de captation des richesses
55:34 en zone de conflit armé,
55:36 a publié un rapport glaçant,
55:38 éloquemment intitulé "Les architectes de la terreur",
55:40 consacré aux méfaits des chiens de guerre
55:42 russes en Centrafrique. Une cinquantaine
55:44 de témoignages recueillis auprès de victimes
55:46 civiles, mais aussi de soldats du cru,
55:48 massacres, tortures, pillages,
55:50 viols de femmes enceintes, de mineurs d'à peine 10 ans,
55:52 voire de militaires rechignants
55:54 à infliger les sévices qu'on leur enseigne.
55:56 Soudars, barbares, à vous de choisir.
55:58 - Qu'est-ce qui va se passer avec cette
56:00 mutinerie avortée ?
56:02 Est-ce que ce système en Afrique
56:04 va perdurer ?
56:06 - Le scénario le plus probable, à mon sens,
56:08 est celui de la tentative de mise sous tutelle
56:10 par le Kremlin de la mouvance Wagner,
56:12 quitte à promouvoir d'autres sociétés militaires
56:14 privées à la loyauté, pour le coup insoupçonnable.
56:16 La Russie ne peut pas se passer
56:18 de ses têtes de ponts africaines,
56:20 pour le pactole qu'elle lui procure, bien sûr,
56:22 mais aussi pour l'audience et l'écho garantis
56:24 dans l'hémisphère sud à ses diatribes
56:26 anti-occidentales, le tout au prix
56:28 d'un paradoxe ébouriffant, où s'enlise
56:30 d'ailleurs une fraction de l'intelligentsia du continent.
56:32 C'est au nom du souverainisme
56:34 que l'on abdique tout ou partie de sa souveraineté,
56:36 et c'est en vertu du combat contre l'impérialiste
56:38 que l'on cautionne, de Mariupol à Bangui,
56:40 une entreprise de nature coloniale.
56:42 - François Heisbourg, une réaction ?
56:44 - Oui.
56:46 Wagner et Concorde, en Afrique,
56:48 à la différence
56:50 de ce qui se passe pour Wagner en Russie,
56:52 fabriquent de l'argent.
56:54 Ce sont des entreprises rentables.
56:56 Autrement dit,
56:58 s'il est
57:00 un torsionnaire,
57:02 moi je l'appelle torsionnaire,
57:04 parce que Soudard, c'est beaucoup trop poli.
57:06 Les torsionnaires
57:08 de Wagner veulent continuer
57:10 à sévir en RCA
57:12 ou au Burkina Faso,
57:14 ou au Madagascar, ou au Mozambique,
57:16 parce que la liste est longue.
57:18 Ils pourraient le faire,
57:20 un peu comme il avait fallu des années
57:22 au Congo, ex-Belge,
57:24 à l'époque, pour
57:26 éliminer les mercenaires,
57:28 les affreux. - Donc la mise en concurrence
57:30 par Poutine à des Wagner ne va pas
57:32 tuer Wagner, forcément.
57:34 - Ça pourrait continuer, sauf que
57:36 Poutine a quand même
57:38 deux leviers. L'un est politique,
57:40 bien sûr, parce que la Russie
57:42 est toujours importante pour défendre
57:44 les intérêts des dictateurs
57:46 des pays concernés aux Nations Unies.
57:48 Il y a ça.
57:50 Mais il y a
57:52 aussi la capacité
57:54 qu'a eue
57:56 jusqu'à présent l'armée russe
57:58 d'approvisionner au plan
58:00 logistique, la logistique militaire,
58:02 les moyens de Wagner,
58:04 notamment en Libye
58:06 et au Mali.
58:08 - Merci.
58:10 - Mais il y en a
58:12 pour un moment. - Voilà, c'est parfait.
58:14 Merci. Merci beaucoup
58:16 pour poursuivre d'ailleurs cette conversation,
58:18 lisez "Les leçons d'une guerre"
58:20 chez Odile Jacob, de François Heisbourg.
58:22 Merci à vous, les Affranchis. À très vite.
58:24 Marco Pommier, très belle soirée
58:26 sur LCP. À demain.
58:28 (Générique)
58:30 ---
58:42 [SILENCE]