Dans le cadre d'une semaine spéciale avec le Barreau de St-Etienne dans 7 Minutes Chrono, Sylvain Carceles reçoit Me Hélène Chabrier. Membre du conseil de l'ordre et présidente de la commission civile.
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00:14 Bonjour à tous, bienvenue, 7 minutes chrono, chaque jour sur TLC,
00:17 de la parole aux personnalités du département.
00:20 Et dans le cadre de cette série d'émissions proposée avec le barreau de Saint-Etienne,
00:23 nous vous proposons de découvrir le métier d'avocat.
00:26 Je suis avec maître Hélène Chabrier aujourd'hui.
00:29 Bonjour maître, bienvenue.
00:30 Vous êtes présidente de la commission civile au barreau de Saint-Etienne.
00:34 On va en apprendre plus avec vous.
00:35 Qu'est-ce que c'est que la commission civile déjà ?
00:37 Alors la commission civile, c'est une création du barreau de Saint-Etienne
00:41 qui est présidée comme toutes les autres commissions par un membre du conseil de l'ordre.
00:45 Donc on a délégation du bâtonnier pour le représentier.
00:48 La commission civile, ça va regrouper tout ce qui est droit de la famille,
00:52 les divorces, les séparations,
00:55 ce qui va concerner aussi le droit immobilier par exemple,
00:59 les adoptions, les liquidations de communautés lorsqu'on divorce,
01:03 c'est tout ça la commission civile.
01:05 Ça représente combien d'avocats au barreau de Saint-Etienne ?
01:08 Alors, sur l'ensemble du barreau de Saint-Etienne, la commission civile,
01:12 c'est tous les confrères en fait qui sont concernés par ce domaine d'activité.
01:15 Donc c'est quand même beaucoup effectivement d'avocats
01:18 qui ont une activité plaidante, qui font des dossiers dans ce type de matière.
01:22 Est-ce que vous constatez qu'on a une bonne connaissance du métier d'avocat
01:26 et du fait d'avoir recours à un avocat ?
01:29 Je pense qu'on connaît surtout le métier d'avocat par la médiatisation de certains dossiers,
01:34 donc beaucoup par le pénal, par les faits divers,
01:37 mais que le métier d'avocat c'est loin d'être que ça.
01:39 Justement la commission civile, on est tout à fait en dehors du pénal.
01:42 On est sur des dossiers, plus de la vie quotidienne des gens.
01:46 Après l'accès aux avocats, c'est peut-être pas effectivement si facile pour les gens.
01:51 On a au Barreau de Saint-Etienne un certain nombre de possibilités
01:55 de rentrer en contact avec un avocat via des consultations gratuites.
01:58 Donc effectivement, il ne faut pas que les gens hésitent à prendre contact
02:01 avec l'Ordre des avocats, avec la Maison de Justice et du Droit, avec le Palais de Justice.
02:05 Tout un tas de dispositifs qui permettent de rapprocher les deux mondes.
02:07 Vous êtes une bonne analyse du coup des rapports humains de manière générale.
02:11 Qu'est-ce qu'on peut dire aujourd'hui de la société
02:14 quand vous vous intervenez dans différentes problématiques ?
02:18 Par mon activité, qui est une activité plaidante, j'ai le contact avec les gens.
02:23 Tous les avocats n'ont pas forcément cette activité-là.
02:25 Ceux qui ont travaillé plutôt dans des domaines, on va dire, comme le fiscal par exemple,
02:30 ont peut-être plus une clientèle d'entreprise.
02:32 Donc nous, on a peut-être une vision, oui, de la société par un autre prisme.
02:37 Vous êtes confronté à l'humain ?
02:39 Oui, complètement.
02:40 Ça nécessite d'avoir une certaine, je ne sais pas, empathie,
02:43 une certaine compréhension de l'humain de manière générale ?
02:46 Alors, je pense qu'il faut effectivement, forcément, aimer les relations humaines.
02:49 Si on n'apprécie pas le contact avec les gens,
02:52 c'est difficile d'exercer le métier tel que moi je le fais.
02:56 Ce que j'explique souvent à mes stagiaires, c'est qu'on choisit vraiment ce métier.
03:00 On décide d'être avocat. Je pense qu'on ne peut pas y aller par défaut.
03:04 Il faut effectivement aimer ce contact et la relation humaine.
03:07 Vous avez présidé la commission des mineurs du Barreau de Saint-Etienne.
03:09 Il y a une commission des mineurs.
03:10 Oui.
03:11 Là aussi, c'est un travail hyper spécifique, la justice des mineurs.
03:16 Oui, tout à fait. Et là, c'est du volontariat.
03:19 C'est-à-dire que sur l'ensemble du Barreau de Saint-Etienne,
03:21 il doit y avoir à peu près 80 avocats qui sont membres de cette commission mineure.
03:25 Donc, ils font le choix de s'investir dans la défense des mineurs.
03:28 Ça consiste en quoi ?
03:29 Ça va consister effectivement à assister des mineurs à différents moments de leur vie.
03:35 Ça peut être parce qu'il y a des passages à l'acte, la délinquance.
03:37 Ça peut être pour des enfants aussi dont les parents se séparent,
03:40 qui vont avoir besoin d'être accompagnés dans le cadre de cette procédure.
03:44 C'est des enfants aussi qui ont des difficultés au sein de leur foyer,
03:47 qui ne peuvent plus forcément vivre chez leurs parents.
03:49 Donc, on va aussi les accompagner.
03:51 Et forcément, ça implique une formation particulière.
03:55 Et on insiste pour que les membres de cette commission mineure
03:59 respectent des obligations aussi de formation.
04:01 On s'organise au sein du Barreau pour fournir nous-mêmes aussi ces heures de formation au confrère.
04:06 Chaque mineur a droit à un avocat ?
04:08 Tout à fait. L'avocat est obligatoire pour le mineur qui est présenté devant un juge
04:12 en tant qu'effectivement prévenu lorsqu'il a commis un acte de délinquance.
04:17 En assistance éducative aussi, il a droit à un avocat s'il le souhaite.
04:21 Pour les victimes, les mineurs victimes également.
04:24 Et du coup, au Barreau, nous sommes organisés aussi avec un système de permanence
04:29 pour permettre effectivement de pouvoir répondre à la demande
04:32 tous les jours de l'année, systématiquement.
04:35 La question qu'on se pose, évidemment, quand on rencontre un avocat,
04:38 on se dit, est-ce qu'on arrive à rentrer à la maison
04:40 et à laisser certains dossiers de côté, à reprendre sa vie normale ?
04:43 On imagine certains dossiers hyper compliqués à gérer.
04:46 Après, je pense qu'on est des êtres humains avant tout,
04:48 donc forcément aussi on a notre propre vécu, notre histoire personnelle.
04:51 Il y a des dossiers forcément qui vont nous toucher plus que d'autres, c'est une évidence.
04:55 Mais je pense aussi que c'est un peu comme les médecins,
04:57 il faut arriver à faire la part des choses pour pouvoir ne pas se laisser non plus envahir
05:01 parce qu'on vit de manière professionnelle.
05:03 Chacun, après, le gère sans doute de manière différente,
05:06 mais c'est un impératif, c'est sûr.
05:08 Je reviens à la crise sanitaire que nous venons de vivre
05:10 avec une société complètement chamboulée.
05:11 Est-ce que vous avez constaté ça dans votre activité d'avocat à maître ?
05:16 Alors, en ce qui concerne...
05:17 Est-ce qu'il y a une différence dans la manière dont les affaires arrivent ?
05:20 Alors, en ce qui concerne spécifiquement les mineurs,
05:22 je pense qu'effectivement le confinement a pu être parfois compliqué au sein des familles.
05:28 Donc là, maintenant, on voit arriver, depuis déjà un certain temps,
05:31 des situations peut-être de mineurs en danger qui ont été révélées aussi
05:36 parce que le confinement, parce qu'un isolement particulier.
05:39 Après, en matière de la commission civile,
05:42 est-ce qu'on a vraiment eu une explosion des séparations, des divorces ?
05:46 Je ne sais pas les chiffres, peut-être qu'effectivement,
05:48 ça a pu aussi avoir un impact, sans doute.
05:50 La responsabilité des mineurs, il nous reste une minute,
05:52 revient sans arrêt sur le devant de la scène.
05:54 Alors, voilà, avec des débats autour de l'âge, etc.
05:58 Qu'est-ce que vous pensez de la justice en France, en termes de mineurs ?
06:03 Alors, la justice des mineurs a connu une grande réforme
06:06 qui est entrée en vigueur au 30 septembre 2021,
06:09 donc qui a remis les choses complètement à plat,
06:11 qui a fixé notamment aussi un âge en dessous duquel on considère
06:14 que le mineur ne peut pas être responsable pénalement,
06:16 donc c'est 13 ans.
06:18 Et ça nous a effectivement engagés dans une autre voie,
06:21 qui est celle d'abord de déterminer la culpabilité du mineur,
06:24 d'ouvrir une période d'observation,
06:27 on va voir évoluer son comportement,
06:29 pour après arriver à la sanction.
06:31 Donc l'idée, c'est toujours de travailler dans l'éducatif avec le mineur,
06:35 de voir comment on peut travailler avec lui,
06:37 ce qu'on peut faire, et s'il y a une évolution entre le passage à l'acte
06:40 et le moment où il va être sanctionné, pour que la sanction s'adapte.
06:42 Donc ça, c'est effectivement une bonne chose.
06:45 Merci beaucoup, maître Hélène Chabrier, d'avoir participé à ce 7 minutes chrono.
06:48 C'est déjà terminé. Merci à vous de nous avoir suivis.
06:50 On se retrouve demain même heure sur TLC. A demain.
06:53 [Musique]