Aujourd’hui, c’est Pia Moustaki, la fille unique de Georges Moustaki qui vient rendre hommage à son papa, disparu il y a 10 ans. L’occasion d’évoquer son livre « Fille de Métèque » ainsi que la sortie d’un coffret de 3 disques (avec 5 inédits) de l’artiste.
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00:00 J'ai grandi auprès de parents hors normes, dites-vous, dans votre livre.
00:03 J'ai ressenti le manque, la solitude, l'absence,
00:05 mais j'ai aussi pris au lasso des moments de bonheur et de complicité partagés.
00:10 Ce n'était pas facile de grandir, d'avoir été la fille de deux artistes qui vous ont eu jeune ?
00:14 Ce n'était pas très facile parce qu'en fait, ils sortaient quasiment tous les soirs.
00:18 Ils me laissaient beaucoup seule.
00:20 Des fois, ils m'emmenaient dans les bistrots et je restais dans les bras d'une serveuse
00:24 où j'essuyais les verres derrière le bar parce que je m'ennuyais en fait.
00:27 Mais sinon, j'étais seule et d'ailleurs, ma mère avait la bonne idée de donner la clé à une voisine
00:32 en cas de problème majeur et j'ai eu une otite.
00:37 J'ai hurlé et la voisine est venue me réconforter et me tenir dans la main.
00:41 Voilà, c'était épilepsie, les pensions, les colonies de vacances, beaucoup.
00:47 J'ai eu le sens de la collectivité.
00:48 Moi, j'adore travailler en équipe.
00:50 Vous nous rappelez d'un mot votre maman, qui était elle.
00:54 C'est gentil de parler d'elle parce que d'habitude, on parle de son père.
00:56 Vous en parlez beaucoup dans ce livre.
00:57 Oui, oui, oui. Ce n'est pas un livre sur mon père justement.
01:00 C'est sur vos parents.
01:01 Les deux familles, une grecque et l'autre roscovite, de Roscoff, et donc Bretagne Nord, Finistère.
01:08 Ma mère était une poétesse égérie des peintres de Montparnasse.
01:12 Elle avait 50 ans de plus que mon père.
01:16 Il l'a rencontrée quand il est venu à Paris.
01:18 Il est totalement amoureux de Paris et de ma mère.
01:20 Ils m'ont eue très vite en fait. Je n'ai pas été désirée. Je suis arrivée comme une fleur.
01:24 Après, ils s'en débrouillent avec ça.
01:26 Tout en étant tous les deux artistes.
01:28 Mais elle était très d'avant-garde. Elle était petite.
01:30 À 1,55 m, elle se peignait les ongles en verre, ce qui aujourd'hui est courant.
01:33 Ce qui n'existait pas. Il n'y avait pas de douche comme ce qu'elle se mettait sur les ongles.
01:37 Alors que votre papa était grand.
01:38 Lui, 1,80 m. 78.
01:41 On a retrouvé une vidéo dans les archives de la télé d'un duo que vous avez fait avec votre papa.
01:47 Elle et elle.
01:48 On va la voir et en même temps, on va commenter.
01:50 Vous avez quel souvenir ? Vous en gardez ? De cette séquence ?
01:53 Ça fait quoi de chanter avec son papa ?
01:54 J'étais contente. Je vivais chez lui d'une façon épisodique.
01:58 Parce que je me suis séparée du papa et de ma fille.
02:02 Il me dit "Tiens, j'ai écrit une chanson. Viens, on va faire un essai."
02:06 Du jour au lendemain, il m'a dit "Tiens, on va en studio."
02:09 Ça lui a plu. Ça s'est fait.
02:11 Écoutons quelques secondes.
02:12 *Musique*
02:33 10 ans après le décès de votre papa, on le chante toujours beaucoup.
02:36 Le 3 mai dernier, vous avez organisé à l'Olympia une grande soirée.
02:39 24 artistes ont répondu présents.
02:42 Il y avait notamment Elodie Fréget, Kali Hansila.
02:45 On va regarder quelques images.
02:46 On va voir sur la vidéo Agnès Jaoui qui chante en duo avec J.P. Nataf,
02:51 "La langue dame brune".
02:53 On va écouter quelques notes.
02:56 *Musique*
03:06 On a entendu Kent aussi qui reprend "Il est trop tard".
03:09 Oui, c'est son dernier album.
03:11 La jeune génération prend souvent votre père comme référence.
03:15 Ça lui aurait fait plaisir ?
03:16 Oui, oui. Il aimait les jeunes.
03:19 Il aimait découvrir aussi des talents.
03:22 Il était très friand de ça.
03:24 Il a aussi soutenu des artistes comme Catherine Forestier, comme d'autres.
03:29 Je ne me souviens plus son nom.
03:30 Une poétesse.
03:32 Anna Prügnal aussi, il avait chanté avec elle.
03:35 Il aimait beaucoup rencontrer des gens.
03:38 D'ailleurs, je tiens de lui.
03:39 Il aimait beaucoup rencontrer des gens aussi.
03:41 Il est très émouvant, très sincère votre livre, Pia.
03:45 Et à la fin de sa vie, vous nous racontez que votre papa s'est un peu caché pour mourir.
03:50 Oui, c'est ça.
03:51 Pardon, cette expression.
03:52 Vous ne l'avez pas revu.
03:53 Il vous avait dit, on se reverra, qu'on gérerait mieux.
03:55 Oui.
03:56 Il a eu un anphysème aggravé, ce qui fait qu'il ne pouvait plus du tout se déplacer
04:00 sans ses bouteilles d'oxygène, etc.
04:02 Donc, lui, il savait.
04:03 C'était de la pudeur, en fait.
04:04 Il savait qu'il n'irait pas mieux.
04:05 Mais oui, un peu comme les animaux vont se cacher pour, comme vous dites, pour mourir.
04:10 Ça ne me choque pas du tout.
04:12 Et en fait, on a beaucoup échangé.
04:15 En plus, il ne pouvait plus trop parler.
04:16 Il avait du mal à parler à cause de son anphysème.
04:18 Donc, on échangeait vraiment par mail.
04:20 On s'envoyait des photos, des dessins, des mots.
04:23 Et il m'a demandé d'écrire cette chanson qui s'appelle Sur un air de ressemblance
04:27 sur une musique qu'il m'a envoyée, mais pas longtemps avant de nous quitter.
04:30 Et donc, voilà.
04:32 Il a eu le temps de l'écouter.
04:34 J'ai fait une maquette en Bretagne avec mes musiciens de là-bas.
04:37 Il a eu le temps de l'écouter et de la valider.
04:39 J'étais vraiment heureuse de ça.
04:41 Et maintenant, je suis très, très heureuse qu'elle se fasse partie de ce coffret.
04:43 Bien évidemment.
04:44 Vous restez avec nous.
04:46 Pierre va marquer une petite pause et continuer, évidemment, à parler de Georges Moustaki.
04:50 Et on vous annonce qu'il y aura une surprise sur ce plateau dans quelques minutes.
04:53 Restez vraiment devant la télé.
04:55 Une très jolie surprise que vous nous avez préparée avec la collaboration.
04:59 On n'en dit pas plus d'un très talentueux chanteur.
05:02 À tout de suite.
05:04 Nous avons...