Transidentité : Les larmes et la colère de Christine and The Queens qui ne comprend pas pourquoi on continue à dire "elle" et pas "il" : "J’ai envie de pleurer. Allez vous faire foutre !"

  • l’année dernière
En août dernier, Christine and the Queens avait annoncé publiquement sa transidentité. Et désormais, il faut donc parler de Christine au masculin, et évoquer un chanteur et non plus chanteuse. Une évolution compliquée visiblement pour la majorité des journalistes et beaucoup de français qui le suivent.
Christine, qui se fait donc désormais appeler Redcar, poste donc un message à la fois désespéré et troublant à retrouver ci-dessus :

"En vrai, il y a un truc qui me frappe quand même, ce sont tous les gens qui continuent à m’appeler 'elle'. Ça me blesse en fait. Des fois, je me lève le matin, je suis en colère, j’ai envie de pleurer. Même l’homme que j’aimais m'a dit que c’était dur à assumer cette situation.

Ma socialisation est difficile parce que vous m’appelez 'elle' toutes les cinq minutes et ça me blesse. Un manque de respect, une façon privilégiée d’être confort plutôt que de privilégier mon bonheur.

Je suis un humain en société, qui cherche à trouver sa vérité, qui ne s’est jamais senti femme depuis qu’il est né, qui en a parlé dès son premier album dans ses chansons. J’ai commencé à beaucoup réfléchir à tout ce système du prénom, qui est pour moi un système poétique de précision, d’émancipation parce qu’il y a quand une certaine récurrence obsessionnelle dans mon travail.

Les prénoms ne s’excluent même pas entre eux, je peux jongler avec mais ils racontent des étapes précises de ma vie. Il y a aujourd'hui une forme de mépris par rapport à mon travail. Je suis réduit à devoir parler du queer comme si j’étais un spécialiste alors que je souffre comme toute personne queer de cette société ...

Et même temps tout ce que je suis en train de faire qui est mon upgrade artistique vous n’y faites même pas attention et vous m’appelez elle. Des fois j’en envie de vous dire d’aller vous faire foutre."

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Transcript
00:00 En vrai, y a un truc qui me frappe quand même.
00:03 C'est tous les gens qui continuent à m'appeler "elle".
00:10 Ça me frappe.
00:14 Parce que...
00:17 Je pense que c'est au-delà de...
00:21 de la gentillesse, c'est juste un manque de respect.
00:28 Une façon de privilégier votre confort plutôt que mon bonheur.
00:32 Une façon aussi de pas récompenser...
00:35 un travail d'honnêteté qui est horrible à faire en société.
00:39 Une certaine paresse aussi, un certain mépris pour mon travail récent.
00:45 Des fois, je me lève le matin et je suis en colère.
00:56 J'ai envie de pleurer.
00:58 Même l'homme que j'aimais me disait que c'était dur à assumer, cette situation.
01:04 C'est quoi, ma situation ?
01:08 Je suis un humain en société...
01:11 qui cherche à trouver sa vérité,
01:14 qui s'est jamais sentie femme depuis qu'il est né,
01:17 qui en a parlé dès son premier album dans ses chansons, et puis...
01:23 C'est pas que ça, ma musique, en plus.
01:25 Ce qui est génial, c'est que...
01:27 plus personne ne fait attention à ma musique, puisque cette société,
01:30 tout en étant très transmédiatisée, elle est transphobe.
01:33 On est mis en avant avec des gros titres bien gras,
01:37 ce qui m'est arrivé dès que j'étais jeune et que j'ai parlé de pansexualité.
01:41 En vrai, on fait ça pour pas parler de notre travail, du propos,
01:44 pour vider la démarche politique de l'intérieur,
01:48 pour éviter que tout le monde se questionne sur ce système.
01:51 C'est pas la musique, d'ailleurs.
01:53 J'ai pas peur de dire ça, en fait, parce que...
01:55 Et allez écouter ma musique,
01:57 si vous pensez vraiment que je me réfugie dans des colères inutiles.
02:01 Ma vie entière est bien plus vaste que ça, mais...
02:05 Ma socialisation, elle est difficile,
02:07 parce que vous m'appelez "elle", en fait, à toutes les 5 minutes,
02:09 et ça me blesse, en fait !
02:11 Ça me blesse, en fait !
02:13 Vous voulez du réel ?
02:16 Je suis réel.
02:17 Tu viens me voir sur scène, tu sais que je suis réel.
02:19 Tu écoutes ma musique, tu sais que c'est ce que je pense,
02:21 que ce que je dis.
02:22 C'est pour ça que les gens, après, se permettent autant d'être intrusifs avec moi.
02:25 Vous voulez quelqu'un qui pleure ?
02:27 Ça fait du mal, en fait !
02:30 Vous savez que je suis beaucoup moins médiatisée
02:33 depuis que j'ai ouvert ma bouche sur ma transidentité, en fait.
02:35 Parce que je suis soit réduite, en fait, à devoir parler du queer,
02:38 comme si j'étais un spécialiste,
02:40 alors que je souffre, comme toute personne queer de cette société,
02:43 qui n'arrive même pas à se...
02:45 à se questionner collectivement sur ces violences patriarcales, en fait.
02:49 Et en même temps, tout ce que je suis en train de faire,
02:51 qui est mon upgrade artistique, vous y faites même pas attention
02:53 et vous m'appelez "elle".
02:55 Des fois, j'ai envie de vous dire "allez vous faire foutre", en fait.

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