Justice : La réaction de maître Béa après l'incompétence de la cours...

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00:00 C'est grave. C'est une décision qui a été conçue avec beaucoup de tâtonnements,
00:05 dans le seul but de soustraire le prévenu des poursuites.
00:09 Mais on lui a rendu un mauvais service.
00:11 Dès que le président a commencé la lecture de cette décision de justice,
00:19 j'ai compris où il voulait en venir.
00:22 Et quand il a fini, il s'est déclaré incompétent, ça m'a fait bien rire.
00:28 Vous savez, je suis un peu habitué à ce genre de dossiers.
00:32 Quand ce sont des dossiers de ce genre,
00:35 ce n'est pas très facile pour les magistrats d'accepter d'aller au fond,
00:41 pour beaucoup de raisons.
00:43 J'ai défendu beaucoup de politiciens dans ce pays,
00:46 des activistes de la société civile, des artistes, des militaires,
00:51 la liste est longue.
00:53 Quand le juge ne veut prendre aucun risque dans un dossier,
00:59 il ne veut pas se mouiller, il ne veut prendre aucun inconvénient,
01:04 il se débarrasse.
01:05 Ils sont incompétents aujourd'hui, mais peut-être demain ils seront compétents.
01:09 Je vais vous dire une anecdote,
01:10 peut-être qu'il va donner à réfléchir à chacun de nous.
01:15 Dans un village, il y a une antelope qui couvait à toute pompe.
01:21 Elle rencontre l'éléphant qui lui dit
01:23 "Ah, mais pourquoi tu cours à grand poumon ?"
01:29 Il dit "Dans votre village, la police est en train de rechercher
01:33 toutes les chèvres pour les emprisonner systématiquement."
01:37 L'éléphant lui dit "Ah, mais toi tu n'es pas une chèvre, pourquoi tu cours ?"
01:42 Il dit "Je ne suis pas une chèvre,
01:44 mais si jamais la police met la main sur moi,
01:47 et en l'état actuel de la législation,
01:50 je risque de passer 20 ans avant de démontrer que je suis une antelope."
01:56 Mais c'est la décision qui est rendue aujourd'hui,
01:58 c'est le moins qu'on pouvait s'y attendre.
02:01 Ça ne nous fait ni chaud ni froid, je le dis et je le répète.
02:05 Au contraire, on n'a fait que déplacer le sujet d'un point A à un point B.
02:10 À la sortie de cette communication,
02:12 nous allons saisir immédiatement
02:16 M. le premier président de la Cour suprême,
02:19 qui va procéder à la saisine du procureur général,
02:23 et une nouvelle procédure sera engagée,
02:26 plus une autre procédure qui sera déposée devant le Conseil supérieur de la magistrature.
02:31 Mais nous, nous allons par étapes,
02:33 parce que nous voulons construire une histoire judiciaire dans notre pays.
02:40 Nous voulons que ce pays ait pour socle le droit, la loi, rien que la loi.
02:46 Nous, notre procédure dans laquelle le juge vient de se déclarer incompétent,
02:53 nous pensons que le juge était bel et bien compétent
02:57 pour examiner cette affaire au fond.
02:58 Notre procédure est régulière en la forme,
03:01 notre procédure est bien fondée au fond,
03:03 parce que lorsqu'un magistrat qui est en détachement
03:09 a un autre service,
03:12 autre que leur pouvoir d'interpréter et d'appliquer la loi,
03:17 quand il vient à commettre une infraction,
03:20 telle que ce que nous avons vécu,
03:21 quand un ministre dit "c'est la plus difficile décision que j'ai à prendre,
03:26 lorsque j'ai accepté d'ordonner leur remise en liberté,
03:30 et j'ai ordonné au procureur général d'agir selon ce que nous avons appris,
03:34 et que cela soit exécuté",
03:36 pendant que les gens sont renvoyés devant une juridiction de jugement
03:39 qui seule et seul pouvait prendre toute mesure de mise en liberté,
03:44 étant donné qu'ils étaient en détention.
03:46 Mais c'est une violation inacceptable de la loi.
03:50 Donc pour nous, ce propos, parmi tant d'autres,
03:54 est un propos qui est tenu par quelqu'un qui n'est pas pour le moment magistrat,
03:59 et qu'on pouvait poursuivre bien devant les juridictions de droit commun.
04:04 On nous renvoie vers sa qualité de procureur général.
04:08 Mais tant mieux, ce n'est que partie remise.
04:11 Il y a une juridiction qui s'occupe des infractions commises par les magistrats
04:17 dans l'exercice et en l'ordre de l'église.
04:19 On ne peut pas nous la prendre.
04:21 Plusieurs personnes sont passées ici, je ne me lance pas de fleurs,
04:24 mais je pense que j'ai eu la chance de les enseigner.
04:27 Certains.
04:29 Donc aujourd'hui, c'est le monde à l'inverse.
04:32 C'est l'élève qui enseigne le maître, ainsi va la vie.
04:35 Moi-même, j'ai été enseigné par d'autres aujourd'hui
04:38 pour lesquels j'ai beaucoup de respect.
04:39 Donc on ne peut pas, moi personnellement,
04:42 sauf erreur, me prendre la procédure.
04:46 C'est pour vous dire que cette décision est scandaleuse.
04:51 Et puis elle crée un précédent dangereux.
04:54 Vous avez entendu une décision de première instance dire
04:57 que la haute cour de justice existe,
04:59 et que les ministres, dans l'exercice de leur fonction,
05:01 quand ils commettent une infraction, ils sont justiciables de cette juridiction.
05:05 Mais alors, la crief existe pour quoi ?
05:07 Elle a été créée pour quoi ?
05:09 Tous les justiciables aujourd'hui de la crief
05:13 ne sont que des anciens dignitaires.
05:15 Ce ne sont que des anciens ministres.
05:17 Ils sont poursuivis pour les actes qu'ils ont commis,
05:21 les infractions qu'ils ont eu à commettre pendant qu'ils étaient en fonction.
05:24 Dans ce cas, à partir d'aujourd'hui,
05:26 en tout cas, si on s'appuie sur cette décision de justice,
05:30 je pense que tous ces ministres-là ne devraient pas être arrêtés.
05:33 Ils font l'objet de poursuites illégales et irrégulières
05:36 parce qu'ils étaient justiciables de la haute cour de justice
05:39 que le tribunal de première instance vient d'instaurer aujourd'hui.
05:42 C'est grave.
05:43 C'est une décision qui a été conçue avec beaucoup de tâtonnements
05:47 dans le seul but de soustraire le prévenu des poursuites.
05:52 Mais on lui a rendu un mauvais service.
05:55 On serait parti au fond, il aurait pu obtenir une décision de relax.
05:58 Encore, ça aurait grandi la justice.
06:02 Mais ce qui est arrivé là, les procédures vont continuer.
06:05 Nous, nous irons à la Cour suprême.
06:07 Nous allons devant le Conseil supérieur de la magistrature.
06:10 Nous savons que la haute cour de justice n'a jamais existé.
06:13 Donc, nous n'irons pas là-bas parce qu'il n'y a personne.
06:15 Sa composition même, aujourd'hui, ne peut pas être conçue
06:19 dès lors que nous sommes dans un régime d'exception
06:22 qui est géré par les chars de la transition.
06:24 Donc, c'est pour vous dire que, nous, notre procédure est régulière
06:28 et la décision qui vient d'être rendue ce matin
06:31 sera l'objet d'un appel systématique,
06:34 peut-être dans les 40 minutes qui suivent mon départ d'ici.
06:40 M. Béat, bientôt, vous serez devant le baron pour insuffisance professionnelle.
06:43 C'est ce qu'a annoncé le ministre Aroua,
06:45 étant qu'il pense que vous n'utilisez que les médias pour lamenter.
06:51 Bon, vous savez, moi, je ne le réponds pas.
06:54 Je ne le réponds pas. J'attends que cette pleine soit engagée.
06:57 Mais je suis quand même à plus de 23 ans d'exercice.
07:02 Je pense qu'il m'a trouvé dans ce métier.
07:07 Et bon, j'attends alors qu'il agisse.
07:10 D'ici là, quand même, notre plainte sera déposée devant la Cour suprême.
07:14 Les avocats m'ont dit que tout le monde a fait le dossier sur vous.
07:17 C'est comme si les autres savaient ce qui les attendait après.
07:19 Vous savez, chacun a son cabinet.
07:21 Moi, j'ai mon cabinet.
07:23 Et puis, je vais vous dire une chose.
07:24 Vous avez M. Bilbao qui est à ma gauche, à ma droite.
07:28 M. Bilbao est l'un des plaints.
07:31 Aujourd'hui, M. Sylla Oumar est parti en Europe pour des soins.
07:36 Et il a été toujours interpellé dans la violence, dans la brutalité
07:43 et en dehors de toute règle de procédure.
07:47 Il est malade, il est escanté.
07:48 Vous avez vu l'appel fantôme qui a été relevé ?
07:51 Parce que quand ce sont les activistes de la société civile, les faibles,
07:55 les sans-défense, la justice est compétente.
07:58 Mais quand il s'agit d'un poids lourd, quand il s'agit de personnalité,
08:02 si on ne veut pas prendre le risque, on dit non, la justice est incompétente.
08:06 Lui-même qui est là, il a été brutalisé lors de son arrestation.
08:11 M. Sylla a été terrorisé.
08:14 Depuis que nous sommes rentrés le 5 septembre, M. Sylla a été arrêté deux fois.
08:20 Libéré. La première fois, il a passé sept jours, je crois, il était avec M. Villot.
08:25 La deuxième fois, il a passé neuf mois.
08:27 Vous pensez qu'on peut laisser tomber tout ça ?
08:30 Non, quand même, on ne laissera pas tomber.
08:32 Nous, nous irons. Aujourd'hui, la justice est déclarée compétente,
08:35 mais n'est-ce pas exclu que demain, elle se déclare compétente ?
08:38 Ainsi va la vie.
08:39 Donc pour nous, il n'y a rien à craindre.
08:43 Il n'y a pas de défaite et nous continuons la procédure.
08:46 Peut-être qu'avant que sa plainte n'arrive pour insuffisance professionnelle,
08:51 moi aussi, ma plainte sera déposée devant le Conseil supérieur de la magistrature également
08:57 pour insuffisance professionnelle.

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