Olivier Benkemoun revient sur la journée d'infos et de débats traités sur l'antenne de CNEWS dans #lemeilleurdelinfo
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00:00 - Bonsoir à tous, bonsoir, c'est le meilleur de l'info dernière semaine.
00:03 Dans un instant, l'actualité sera commentée par Tatiana Renard-Barzac,
00:09 éditorialiste et Pascal Bitto-Panelli, expert en sécurité.
00:13 Pour commencer cette émission, on va réécouter, si vous le voulez bien,
00:16 les mots, cet après-midi, du maire de Lely-les-Roses,
00:19 qui a subi une nuit d'horreur il y a quelque temps de cela.
00:22 Son domicile a été incendié, sa femme a sauvé ses enfants,
00:26 lui-même a été pris pour cible alors qu'il était retranché dans sa mairie.
00:29 Et au fond, il est devenu ces derniers jours le symbole de la violence contre l'État,
00:35 de la violence contre la République, contre tous les élus qui ont été
00:39 la cible de voyous incendiaires, des pilleurs qui mettent la France à sac
00:45 depuis mercredi dernier.
00:46 - Plus que jamais, notre République et ses serviteurs sont menacés,
00:57 menacés et attaqués sur...
01:02 Oui, ils sont menacés et attaqués.
01:04 Ces piliers que sont l'école, la police, la justice,
01:08 c'est notre vivre ensemble, c'est la laïcité,
01:11 c'est l'égalité entre les femmes et les hommes qui sont attaqués chaque jour.
01:14 Jamais en 39 ans, je n'aurais imaginé voir notre ville à feu et à sang.
01:25 Mais mes amis, il n'était que de sang.
01:30 Nous sommes des milliers, nous sommes des millions.
01:34 Alors ne nous laissons pas abattre, ne nous laissons pas impressionner.
01:40 Relevons nos manches et mettons-nous au travail.
01:44 Ensemble, nous aurons raison d'eux.
01:47 Nous avons vu le vrai visage des émeutiers.
01:52 Ils ont voulu assassiner ma femme et nos deux jeunes enfants dans leur sommeil
01:58 et les brûler vifs en tentant d'incendier notre maison.
02:04 Alors permettez-moi un mot personnel,
02:07 car le plus grand acte de bravoure ce soir-là a été à mes yeux réalisé par une mère,
02:13 en sauvant des flammes notre petit garçon et notre petite fille.
02:19 En fuyant avec eux, blessé au péril de sa vie,
02:23 sa force et son courage a sauvé toute notre famille.
02:27 Et à cet instant précis, je crois que la République c'était aussi elle.
02:32 -Mélanie ! Mélanie ! Mélanie !
02:36 -Et je vous le dis aujourd'hui,
02:38 comme je l'ai dit au président de la République ce matin, ça ne durera pas.
02:43 Ça ne durera pas parce que, soit les voyous et les bandes auront raison
02:48 de notre devise républicaine en brisant toute fraternité,
02:54 soit ensemble, chers citoyens de France, nous relevons la tête,
03:00 nous faisons face sans détourner le regard,
03:03 nous reprenons la parole pour que la majorité jusqu'ici silencieuse
03:06 puisse se faire entendre et dire stop, ça suffit !
03:11 -Ça suffit ! Ça suffit ! Ça suffit !
03:18 -Bonsoir, Pascal Bitto Panelli, expériment en sécurité.
03:24 Bonsoir, Tatiana Renard-Barzac, éditorialiste.
03:28 D'abord sur ce quelques mots de ce que vous avez entendu et vu cet après-midi.
03:33 Il a du courage, cet homme.
03:35 Il ressemble à un nouvel héros de la République, en quelque sorte.
03:38 -C'était un très beau discours.
03:40 C'était d'abord le "ça suffit" quand même était extrêmement fort.
03:44 Et puis ce discours sur la République, cette très jolie phrase.
03:47 Je crois qu'à un moment donné, ma femme, c'était elle, la République.
03:50 Et cet hommage qu'il a fait aussi à tous ceux qui représentent la République,
03:53 c'est-à-dire les mères de famille, les pères de famille qui aiment leurs enfants,
03:56 qui les éduquent, les soignants, les policiers.
03:58 Et je pense que dans ces moments tourmentés, dans ces moments compliqués,
04:02 dans ces appels aussi à la responsabilité des parents,
04:04 c'était important d'avoir un discours à la fois d'apaisement et à la fois de fermeté
04:08 et où on revalorisait la démocratie de l'Asie.
04:11 La démocratie, ça ne doit pas s'abandonner, ça doit se valoriser.
04:14 Ce n'est pas une honte. Au contraire, c'est une fierté.
04:17 Et j'ai trouvé que c'était un discours qui était très intéressant sur le fond
04:21 et puis très courageux sur la forme.
04:23 – On parlera tout à l'heure de la responsabilité des parents,
04:24 parce que ça, c'est un vrai sujet.
04:27 Est-ce que les discours peuvent changer quoi que ce soit la situation qu'on a connue ?
04:30 Parce que c'est très bien des discours, les mères, et on reverra les mères tout à l'heure,
04:33 il y a été nombreux à se mobiliser tout à l'heure.
04:36 Le discours est-il suffisant ? Et puis pour qui ? À qui s'adressent les discours ?
04:41 – Alors les discours, non, il ne faut surtout pas qu'on s'arrête aux discours.
04:44 Alors moi j'ai tendance à souvent comparer la sécurité à la médecine.
04:48 Il faut déjà qu'on fasse un bon diagnostic et qu'à l'issue de ce bon diagnostic,
04:53 on applique les bons traitements avec beaucoup de courage.
04:58 Et déjà ce soir, qu'on espère naturellement, d'une part un retour au calme
05:04 et à nouveau un contrôle de la situation.
05:06 – Il y a énormément de policiers mobilisés encore ce soir.
05:09 – Beaucoup, voilà, toujours on a gardé les mêmes effectifs pour couvrir le terrain.
05:13 Ça aurait été une erreur que d'être sous-quantifié
05:16 et de manière aussi à pouvoir rassurer les Françaises et les Françaises
05:19 qui sont légitimement inquiètes.
05:22 – On rappelle que le maire de l'Île-des-Roses,
05:24 qui avait été retranché derrière un mur de barbelé dans sa mairie,
05:27 a été ensuite pris pour cible.
05:29 Et puis parallèlement, c'est son domicile qui a été attaqué à la voiture bélier enflammée.
05:34 Les enfants, ces enfants, ont été sauvés in extremis par leur mère
05:38 qui a pu s'échapper en enjambant la haie du voisin, se blessant au passage.
05:41 La France entière est choquée.
05:43 Les maires en premier lieu qui avaient donc appelé à se rassembler à la mi-journée,
05:46 Élisabeth Borne et son ministre de la Justice promettent la plus grande fermeté
05:50 quand on s'en prend aux élus.
05:53 [Bruit de télévision]
05:55 – De Marseille à Paris en réaction à l'agression violente de Vincent Jambrin
05:59 et surtout de sa famille ce week-end.
06:01 Ils étaient nombreux à avoir répondu à l'appel lancé par le président
06:05 de l'Association des maires de France, David Glissnard.
06:07 Pour cette marche en soutien au maire de l'Île-des-Roses,
06:10 il y avait aussi beaucoup de monde sur place, un millier d'habitants de la commune.
06:14 – De façon générale, on veut absolument être davantage aux côtés des maires
06:18 pour assurer au fil des jours leur protection
06:22 et c'est tout le sens des mesures qui ont été présentées récemment.
06:25 C'est indispensable qu'on ait des sanctions tout à fait exemplaires
06:29 contre ces auteurs de violences.
06:31 – J'ai demandé une réponse ferme et également une réponse ferme
06:35 pour les atteintes aux biens les plus graves.
06:37 – C'était criminel, il faut le dire.
06:38 C'est qualifié comme tel par le parquet, donc il n'y a pas à tourner autour du pot,
06:41 ça l'est sur le plan juridique.
06:42 Sur le plan des faits, vous lancez une voiture à pleine vitesse
06:45 avec le plein d'essence dans la façade d'une maison,
06:47 il suffit d'imaginer ce que ça donne si les gens sont du côté de la façade
06:52 et à proximité immédiate du point d'impact.
06:54 Il y a tout l'aspect embrasement, mise en incendie volontaire, etc.
06:57 Donc tous les éléments du crime et de la préméditation y sont.
07:00 Moi j'ai beaucoup aimé aussi les précisions de Frédéric Pechnard,
07:03 l'ancien directeur général de la police, matin sur l'antenne d'Europe 1,
07:06 qui disait que la police judiciaire se fera un devoir,
07:09 j'irais même un plaisir, parce que dans des affaires comme ça,
07:11 d'aller chercher le moindre petit bout d'ADN pour identifier ceux qui ont fait ça,
07:15 parce que ceux qui ont fait ça sont fous, sont criminels
07:18 et doivent être enfermés à vis.
07:19 [Bruit de téléphone qui se brise]
07:20 – Voilà pour l'enquête et puis je voulais vous dire d'ailleurs
07:22 qu'on a appris ce soir que la voiture Bélier qui avait été utilisée
07:25 était contre le domicile du maire, qui a été enflammé,
07:29 et bien il était un véhicule volé.
07:31 Et puis je voulais qu'on écoute une dernière fois le maire de l'Elleros,
07:34 Vincent Jambrin, qui estime que ceux qui l'ont attaqué
07:37 et qui attaquent les maires et les policiers et les services publics,
07:41 et bien leur message est celui de "nous ne sommes plus partie de la même société".
07:46 [Bruit de téléphone qui se brise]
07:49 – Ceux qui ont attaqué la mairie, c'est-à-dire ceux qui ont été jusqu'à attaquer ma maison,
07:53 je ne crois pas qu'ils aient attaqué Vincent Jambrin,
07:54 je ne crois pas qu'ils aient attaqué ma personne,
07:56 c'est le symbole qu'ils ont attaqué.
07:58 On l'a vu pendant toutes ces journées, on l'a vu partout en France,
08:01 on l'a vu par les autres maires qui ont été agressés,
08:03 parce qu'encore une fois, on n'est pas les seuls, c'est bien là tout le drame,
08:07 c'est parce que ces personnes ne se reconnaissent plus dans la République,
08:12 qu'elles ne reconnaissent plus les règles, les lois,
08:14 mais même le sens qu'ils ont essayé de nous attaquer,
08:17 et c'est une façon aussi de dire "vous n'êtes pas notre société,
08:20 vous n'êtes pas notre monde".
08:21 – Il a envoyé des termes extrêmement forts, il parle de "guerre civile",
08:25 c'est la vérité, il a envoyé "guerre civile", "guerrières urbaines", c'est la vérité.
08:29 Ce qui s'est passé, ce qui se passe au niveau des maires,
08:32 ce drame, ce n'est pas un drame, c'est tragique parce qu'on sait que ça devait arriver,
08:36 sans prendre aux maires, mais c'est ce que vivent tous les jours mes collègues,
08:39 ils se font suivre, leur nom étalé sur les cités des crados,
08:44 où on leur dit "on va violer ta fille", "on va te tuer",
08:47 c'est tous les jours cette violence, il faut le dire.
08:49 – C'est vrai qu'on se rend compte de tout ce qui a été attaqué,
08:52 commissariat, gendarmerie, casernes,
08:54 et cela devrait nous frapper de façon extrêmement forte,
08:59 ça me rappelle la phrase de Louis XVI "c'est une révolte",
09:03 non c'est une révolution, parfois j'ai l'impression
09:06 que nous ne voyons pas l'ampleur du problème.
09:10 – De toute façon, à la fin de cet épisode, il n'y aura pas de déstructuration,
09:14 il y aura un ordre autre qui va apparaître, soit un ordre purement criminel,
09:17 et nous serons à Haïti, soit il y aura un ordre autoritaire, un retour à l'ordre,
09:22 ce retour à l'ordre sera extraordinairement brutal,
09:25 il n'y aura qu'une seule victime dans l'ensemble de ce dispositif,
09:27 c'est les libertés et la démocratie.
09:29 – La vérité c'est que tous les ingrédients sont là,
09:32 donc il n'y a aucune raison que ça ne recommence pas
09:34 si on agit de la même façon qu'avant.
09:36 – Constat très pessimiste des uns et des autres,
09:38 vous avez entendu Alain Bauer, soit Haïti,
09:43 soit on va rentrer dans un régime hyper autoritaire.
09:46 – C'est pour ça d'ailleurs qu'il est nécessaire de réarmer,
09:48 c'est ce que demandent d'ailleurs ce maire et d'autres maires,
09:50 David Disselat en premier lieu le président de la Sécurité des Mères de France,
09:53 de réarmer pénalement l'État, avec donc des sanctions par exemple exemplaires
09:57 pour ceux qui s'en prennent aux élus,
09:59 tout comme les sanctions qui sont exemplaires
10:01 pour aujourd'hui ceux qui portent l'uniforme.
10:03 La demande c'est de passer de 3 ans de prison et 75 000 euros d'amende
10:05 à 7 ans de prison et 100 000 euros d'amende notamment,
10:08 ça c'est la première chose.
10:09 Et puis deuxième chose,
10:10 évidemment qu'il y a des mesures de façon plus générale à prendre,
10:13 c'est ce que disait d'ailleurs le maire de Lailerose,
10:15 c'est-à-dire que c'est ce qu'il expliquait,
10:16 aujourd'hui il y a une défaillance de l'État pénale,
10:19 mais il y a aussi, on cache, en fait c'est l'arbre qui cache la forêt,
10:21 c'est ce qui se passe, ça fait des années que ça couvre
10:23 dans les quartiers dits sensibles,
10:25 et en fait les réponses pénales, les réponses sécuritaires
10:28 sont très importantes, mais ça n'est pas suffisant.
10:30 Et on en reparlera peut-être,
10:31 mais c'est vrai que le plan Borloo qui avait été enterré il y a quelques années,
10:34 portait des choses extrêmement intéressantes et importantes en la matière,
10:37 et ça fait des années que ces quartiers-là les réclament,
10:39 2005 est passé par là, depuis il n'y a rien eu et c'est bien le souci.
10:42 Pascal Bitopanelli, je voulais juste vous montrer une image en direct,
10:45 ça se passe à l'hôtel de ville,
10:47 ça fait quelques jours qu'on ne vous montre que des images de violences et d'émeutes.
10:51 Là ce soir il y a un concert,
10:52 un concert parce qu'on a un an des Jeux Olympiques,
10:56 donc c'est de la foule,
10:57 vous voyez au fond il y a des gens qui agitent des petits drapeaux etc.
11:00 Il n'y a pas trop de monde, mais enfin,
11:01 bon, il n'y a plus de risques ce soir, ça veut dire ?
11:04 Puisqu'on a annulé il y a quelques jours tous les concerts,
11:07 les fans de Milan Farmer le savent,
11:09 ce soir il y a un concert, place de l'hôtel de ville.
11:12 Alors il y a eu des analyses des risques,
11:13 on a encore des risques, mais on est quand même vers,
11:16 heureusement, une diminution, un apaisement,
11:19 et naturellement il y a une grosse organisation de sécurité autour de tout ça,
11:23 autour de cet événement qui peut surprendre,
11:26 mais il importe aussi de lâcher un peu la pression
11:30 et de ne pas rester dans ce climat tellement anxiogène,
11:34 rouvrir un peu les portes qui nous mènent à la vie normale.
11:37 Bon, c'est ce qui se passe.
11:38 Près de 100 mères ont été ciblées,
11:41 et les policiers également, forces de l'ordre,
11:44 700 membres de forces de l'ordre ont été blessés,
11:46 les familles sont inquiètes,
11:47 vous allez entendre le témoignage d'une épouse de policier
11:50 qui est aussi la présidente d'une association.
11:53 Je n'ai pas l'impression que ce gouvernement
12:02 prenne les choses vraiment au sérieux.
12:05 Moi je vois, ça fait 6 ans aujourd'hui qu'on annonce, qu'on alerte,
12:08 sans jamais être à avoir écouté, sans jamais être à avoir entendu.
12:12 Là il y a une réelle chasse aux policiers, à leur famille, qui est ouverte.
12:17 Je prends un exemple des salles de sport
12:22 qui ont donné des informations sur les policiers inscrits dans ces salles-là.
12:29 Il y a eu dans un hôtel à Marseille, un autre exemple il y a quelques jours,
12:34 des CRS qui étaient en déplacement là-bas.
12:36 Donc on pense que c'est un employé, ou du moins un ancien employé de cet hôtel,
12:41 qui a visité les chambres de nos hommes.
12:44 Un CRS s'est vu voler son ordinateur,
12:47 donc c'est vrai que dans un ordinateur on a tous des informations personnelles.
12:51 Avec l'adresse, il y a plein de faits qui ne sont pas dénoncés dans les médias,
12:57 et je ne sais pas si même nos politiques sont informées de cela,
13:01 mais ils cherchent vraiment nos domiciles.
13:04 Alors avant on avait peur pour nos époux en service,
13:07 maintenant on a peur à la maison.
13:10 On a peur à la maison aujourd'hui.
13:12 Vous avez entendu cette femme de policier.
13:15 Il y a des informations sur les policiers qui circulent, qui sont collectées.
13:19 Même les voyous ont leur relais et leurs indiques en quelque sorte.
13:23 Je comprends bien ce qu'elle dit.
13:26 Oui c'est ça, mais ça fait plusieurs mois que je dirais on a franchi un cap.
13:31 On est passé sur des choses qui sont inacceptables,
13:33 pour ne pas dire sur une inversion totale des choses,
13:36 puisque là ce n'est plus la police judiciaire qui recherche les malfaiteurs,
13:40 c'est les malfaiteurs qui recherchent la police.
13:42 Ce ne sont plus les forces de sécurité publique qui chargent les délinquants,
13:46 ce sont des délinquants de 12 ans qui chargent dans les banlieues les forces de l'ordre.
13:50 Donc à l'évidence, il faut que des mesures soient très rapidement prises et qu'elles soient efficaces.
13:56 Comment on en est arrivé là ?
13:59 C'est terrible parce que de toute façon ce n'est pas nouveau,
14:01 il y a un problème de l'autorité de façon générale,
14:03 on l'a vu depuis quelques années,
14:05 mais il y a aussi un problème d'autorité de façon spécifique dans les quartiers.
14:08 Il y a une défiance vis-à-vis de l'autorité.
14:10 Il y a aussi, il faut bien le dire, une ultra-violence de ces jeunes
14:14 qui sont nourris, biberonnés aux réseaux sociaux
14:16 avec des images, des vidéos qui sont ultra-violentes
14:20 et qui incitent d'ailleurs au passage à l'acte.
14:22 Il suffit de regarder ces derniers jours les vidéos
14:25 où les jeunes se glorifient d'avoir tiré à la Kalachnikov
14:30 sur une caméra de vidéosurveillance,
14:32 d'avoir creu les pneus d'une voiture de police.
14:35 C'est bien ça le souci.
14:35 Comment on en est arrivé là ?
14:37 Je pense que c'est deux choses.
14:38 C'est d'abord une sorte de laxisme pénal.
14:40 C'est ce que je disais, il faut que la réponse judiciaire
14:42 soit sûre, effective et ferme.
14:45 Et c'est ça le souci aujourd'hui.
14:46 C'est que malheureusement, quand vous n'êtes pas sûrs
14:48 d'avoir en face de vous une peine, une sanction,
14:51 évidemment, vous vous sentez un peu dans l'impunité.
14:53 Ça, c'est la première chose.
14:54 Et puis deuxième chose, je vais très vite.
14:55 Deuxième chose, c'est aussi la question de l'autorité des parents
14:58 et aussi la question de l'éducation de façon plus générale.
15:01 Le rôle aussi de l'école.
15:02 On y reviendra tout à l'heure.
15:03 On va écouter Gérald Darmanin.
15:05 Et puis, je trouve intéressant l'analyse que fait Jean-Christophe Couvy
15:08 du syndicat FGP Police pour expliquer pourquoi, selon lui,
15:11 on dirige les voyous pour leur faire attaquer école,
15:14 commissariat, médiathèque.
15:15 Vous avez bien entendu, on dirige, selon lui.
15:19 Ça va au-delà des seuls symboles républicains.
15:21 Il y a une main qui est derrière ceux et celles qui ont attaqué
15:25 les symboles de la République, si l'on veut.
15:26 Nous ne trouvons pas qu'il y a deux bandes rivales dans le pays,
15:33 qui seraient d'un côté les forces de la République
15:34 et de l'autre côté les délinquants.
15:36 Non, il y a une bande ou des bandes qui commettent des actes de délinquance.
15:40 Et puis, il y a des policiers et des gendarmes qui ont l'ordre républicain
15:43 qui est concédé par la nation et qui rétablissent l'ordre
15:45 pour éviter que, justement, la pharmacienne qu'on a vue tout à l'heure
15:48 se fasse brûler dans sa pharmacie,
15:50 que le centre social se fasse détruire
15:52 et que les pompiers se fassent tirer comme des lapins lorsqu'ils vont sur un feu.
15:55 Les policiers, c'est la bande d'en face, en fait.
15:57 On a l'impression que c'est une police d'occupation.
15:59 Moi, quand je vois la propagande qui est lancée dans ces quartiers,
16:03 de toute façon, c'est ça, c'est l'éducation, elle se fait dans le quartier.
16:05 C'est le quartier qui fait l'éducation des enfants.
16:07 Et en fait, on fait tout pour qu'ils pensent que c'est,
16:10 vous savez, le syndrome de la forteresse assiégée,
16:12 c'est-à-dire que dans le quartier, vous êtes sécurisé.
16:15 D'ailleurs, il y a des dealers, on parle des religieux aussi,
16:17 on n'en peut pas assez, mais qui sont aussi en deuxième lame.
16:21 Dealers et imams, c'est eux qui vont résoudre le problème ?
16:23 Je ne suis pas sûr, moi, justement.
16:25 J'aimerais bien, justement, qu'on parle de ça aussi.
16:28 Mais je veux dire, les dealers aussi, les dealers sont là en disant
16:32 "la preuve, on brûle les écoles". Pourquoi est-ce qu'on brûle les écoles ?
16:35 C'est pour enclaver ces jeunes, c'est pour ne pas qu'ils sortent des cités,
16:37 des quartiers, parce que ça va faire la main d'œuvre.
16:39 Ça fait aussi des consommateurs.
16:40 Et les bibliothèques, tous les lieux de savoir.
16:41 Tout ce qui est culture, etc. vous cramez.
16:43 Vous cramez pourquoi ? Parce que c'est le savoir.
16:45 Et encore une fois, quand on a accès au savoir,
16:47 on peut s'affranchir d'une certaine, justement, lourdeur de tout un quartier.
16:52 Et en fait, on peut réussir.
16:54 Et certains ne veulent pas qu'ils réussissent,
16:56 parce qu'ils veulent les garder dans leurs conditions.
16:58 - Alors moi, je n'avais pas entendu d'analyse comme celle que fait Jean-Christophe Bouvi.
17:02 Le côté "on veut vous garder dans une sorte d'endroit clos
17:08 et déculturiser en quelque sorte".
17:11 - Oui, c'est très intéressant comme analyse.
17:12 Mais si je devais faire en trois étapes ce raisonnement,
17:15 le premier raisonnement, oui, ils s'en sont pris, en effet,
17:17 d'abord au symbole de la République.
17:19 Tout ce qui symbolise l'autorité, on en parlait il y a deux secondes.
17:22 Deuxièmement, en effet, pour les dealers, c'est un souci.
17:24 Et il y a une phrase qui est tombée à la trappe aujourd'hui,
17:26 je trouve qu'il va vraiment passer à la trappe,
17:27 c'est celle de David Lissler, encore une fois,
17:29 le maire de l'AMF des associations de maires de France,
17:31 qui disait en fait "on a retrouvé l'ordre grâce aux forces de l'ordre,
17:34 mais malheureusement aussi parce que les dealers rétablissent l'ordre dans leur secteur".
17:38 Et en fait, c'est ça aussi la réalité.
17:40 C'est-à-dire qu'on a en effet une économie parallèle dans,
17:42 malheureusement aujourd'hui, dans les quartiers,
17:44 qui à la fois veut cadenasser la vie de ces jeunes et la vie économique,
17:48 et qui à la fois a besoin aussi d'un retour à l'ordre dans leur quartier,
17:52 parce que comme ça, ils peuvent faire leur dictrice tranquillement.
17:54 C'est ça aussi la réalité, malheureusement.
17:56 Pascal Vitefanelli, un mot de cette analyse que fait Jean-Christophe Couville.
18:01 Il y aurait une main derrière ceux et celles qui ont attaqué les forces de l'ordre,
18:05 et qui les auraient dirigées.
18:06 Il y a tellement de choses, il y a tellement de problèmes multiformes,
18:09 et qu'on signale depuis des années.
18:13 Il y a notamment, je dirais, un changement, vous l'avez vu,
18:17 c'est-à-dire des jeunes plus violents, plus décomplexés, plus organisés,
18:23 qui s'appuient sur les réseaux sociaux, et qui, dans une forme de compétition,
18:28 se mettent littéralement en scène.
18:30 Il y a par ailleurs, on le constate, une espèce de sentiment de prise de pouvoir,
18:35 de surpuissance, tout ça qu'il faut qu'on arrive à combattre et analyser.
18:40 Le coût de ces nuits d'émeute se monte à combien pour la collectivité ?
18:43 C'est un peu tôt pour faire un bilan chiffré,
18:45 mais le mégillot, Pierre Chasseret, vous donne quelques fourchettes,
18:49 quelques chiffres clés, ce sont des chiffres qui sont très importants.
18:53 Il y en a pour des centaines de millions d'euros, déjà.
18:55 Prenons par exemple l'exemple d'Aubervilliers.
19:08 C'est le cas le plus symptomatique.
19:10 On a 12 autobus qui ont été incendiés.
19:13 12 autobus, en moyenne, un autobus neuf, c'est entre 200 000 et 500 000 euros.
19:19 C'est près de 4 millions d'euros qui sont partis en fumée ici.
19:22 Cet argent, c'est l'argent du contribuable.
19:24 On a des bus scolaires qui ont été incendiés à Plougastel.
19:28 Plougastel, ce n'est quand même pas la capitale, Plougastel.
19:30 Eh bien, là aussi, on est touché par ces incendies.
19:33 Regardez ce tramway du côté de Clamart.
19:37 On a eu la même chose en banlieue parisienne.
19:39 On a eu un tramway aussi à Vénissieux, dans la banlieue sud de Lyon.
19:43 L'image, peut-être une des images les plus violentes, c'est celle aussi de Reims,
19:48 où à Reims, en pleine nuit, Romain, regardez,
19:51 un bus a été attaqué, vandalisé en pleine nuit,
19:55 pendant qu'il y a encore le chauffeur à l'intérieur.
19:58 Des faits qui sont absolument inacceptables
20:00 et qui montrent bien qu'il va falloir de toute façon sécuriser le bien public,
20:03 nos transports en commun.
20:04 Sur les bâtiments publics, 220 communes ont été touchées par les violences.
20:10 Près de 70 mairies ont été dégradées et incendiées.
20:14 Plusieurs médiathèques et bibliothèques ont aussi été incendiées.
20:17 Là, on peut déjà donner un chiffre.
20:19 La rénovation de la bibliothèque Alcazar de Marseille
20:21 avait coûté 64 millions d'euros.
20:23 64 millions d'euros, partie en fumée.
20:26 Il y a aussi une quantité évidemment importante de mobilier urbain détruit,
20:30 qu'il faudra bien remplacer avec l'argent des impôts,
20:32 plus des bus, des tramways, des véhicules de police municipale ou nationale.
20:36 Bref, pendant les émeutes de 2005,
20:38 les dégâts sur les bâtiments avaient été de 159 millions d'euros.
20:42 Pendant les Gilets jaunes, c'était 223 millions d'euros.
20:46 Là, depuis cinq jours, les ordres de grandeur semblent déjà plus importants.
20:49 Voilà, et Île-de-France Mobilité estime ce soir
20:54 le coût des dégâts pour les transports publics à 20 millions d'euros.
20:57 Il y en a pour des millions et on ne sait toujours pas si ces jeunes gens
21:01 ont compris que c'était leur service public,
21:03 ceux que les bus qu'ils utilisaient, leurs tramways,
21:07 ceux qu'utilisaient leurs parents.
21:08 Leur propre mère et le contribuable qui va payer malheureusement ces dégâts.
21:12 Geoffroy Roux de Bézieux estime à un milliard d'euros pour les commerces,
21:15 pour les entreprises justement, les dégradations notamment sur les commerces.
21:18 - On n'a pas parlé ici des commerces, c'est vrai.
21:20 - Voilà, et puis un autre chiffre juste pour abonder,
21:23 juste par exemple pour les caméras de vidéosurveillance qui ont été détruites.
21:26 On les voyait détruites à l'arme avec des kalachnikovs ou aux fusils à pompe.
21:30 20 millions d'euros vont être débloqués par le ministère de l'Intérieur
21:32 pour justement les reconstruire, les remettre sur pied avant l'été.
21:35 Donc ce sont des chiffres absolument considérables
21:37 et je rappelle encore une fois, il faut que ces jeunes se rendent ça dans la tête.
21:40 Ce sont leurs parents qui en pâtissent, leur mère en premier qui prenne le bus, etc.
21:43 Et ce sont les contribuables, donc nous, qui allons payer.
21:46 Pour cela, il faut aussi le dire.
21:48 - Il y a quelques mères qui sont sorties dans la rue et quelques pères aussi.
21:52 Il y a des éducateurs qui sont sortis pour dire "mais arrêtez, là vous faites n'importe quoi".
21:56 - Et la grand-mère de Nawal d'ailleurs qui a eu une parole très sensée.
21:59 - On a vu de très beaux gestes de solidarité, de courage, de mères, de grands frères,
22:04 d'éducateurs qui descendent dans la rue, issus des banlieues, qui disent "non, arrêtez".
22:09 Ça par contre, c'est formidable.
22:12 - C'est arrivé tard, ce n'est pas arrivé tout de suite.
22:14 - C'est ça.
22:15 Alors, ça peut aussi, purement en sécurité, nous poser une problématique suivante.
22:20 Parce que je pense qu'il faut explorer toutes les pistes.
22:23 On constate qu'avec un peu d'avance, des gens organisés en groupe, littéralement en France,
22:30 alors qu'on a un système de police et de gendarmerie avec des effectifs
22:33 qui sont bien répartis, une sécurité, un niveau de sécurité français important,
22:37 qu'on peut quasiment attaquer ce qu'on veut.
22:40 Et que malheureusement, avec le temps de projection des effectifs,
22:43 on est toujours en décalage.
22:44 Or, à l'époque de la police de proximité,
22:47 où on avait les policiers qui étaient des thermomètres, des sondes,
22:50 des capteurs dans les banlieues,
22:53 on avait cette possibilité en amont d'avoir plus d'anticipation.
22:58 Je pense qu'il faut le reproduire.
22:59 - Retour de la police de proximité.
23:01 - Oui, tout à fait d'accord.
23:01 Évidemment que c'est un souci qu'il n'y ait plus de police de proximité.
23:04 C'est ce qui crée le lien, justement, entre les jeunes et la police.
23:08 Sachant que c'est une relation tout à fait dégradée.
23:10 Et puis deuxièmement, c'est vrai que ce tissu associatif est absolument essentiel.
23:13 Je parlais du plan Borloo tout à l'heure.
23:15 Justement, les éducateurs, même les mères M.E.R.E.
23:18 sont absolument essentielles dans ces quartiers
23:21 parce qu'elles font aussi figure d'autorité.
23:22 Et donc, par exemple, dans le plan Borloo, il y avait ces fameux maisons Marianne,
23:25 en bas des immeubles, qui auraient été régi par des mères de famille, justement.
23:29 Et on sait combien c'est important.
23:30 Des correspondants de nuit aussi.
23:32 C'est vrai que ce tissu associatif, ces éducateurs et cette police de proximité
23:35 manquent cruellement aujourd'hui.
23:36 Et cette police de proximité, c'était parfois le seul moment où ces jeunes voyaient
23:40 qu'il y avait un contact avec la police.
23:42 21h30, on marque une pause, le rappel des titres.
23:45 Isabelle Pimbleau, on se retrouve dans un instant.
23:46 Emmanuel Macron aux côtés des maires de France.
23:52 Le président de la République a fait part de sa confiance et de son soutien
23:56 aux maires de Lailerose.
23:58 La tentative d'assassinat à la voiture Bélier, au domicile de Vincent Jambrain,
24:02 a ému le pays entier.
24:04 Demain, Emmanuel Macron recevra à l'Elysée les maires de plus de 220 communes,
24:08 victimes d'exactions lors des émeutes des derniers jours.
24:12 À l'Assemblée nationale, les députés ont rendu hommage aux jeunes pompiers
24:15 décédés la nuit dernière.
24:17 Une minute de silence a été observée cet après-midi.
24:20 Le caporal-chef de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris,
24:23 âgé de 24 ans, est décédé en luttant contre des incendies de véhicules
24:28 dans un parking souterrain à Saint-Denis.
24:30 Le ministère de l'Intérieur précise qu'aucun lien n'a été établi
24:33 avec les violences urbaines.
24:35 Dans le reste de l'actualité, au nord d'Angers,
24:38 une cinquantaine de gendarmes traquent un fugitif.
24:41 Des recherches ont été lancées pour retrouver un détenu de la prison d'Argenton dans l'Orne.
24:45 L'homme est soupçonné d'avoir tué une femme de 40 ans le 22 juin
24:49 et un septuagénaire hier, après avoir pris la fuite lors d'une permission de sortie.
24:54 Âgé de 42 ans, le suspect présente un profil criminologique dangereux.
25:00 Avant la pause, je voulais qu'on écoute l'analyse du criminologue Alain Bourreur
25:04 sur cette jeunesse qui est au cœur des violences et des pillages aussi.
25:09 Il y a soit l'étalement de la rage, ce qu'on avait vécu en 2005,
25:24 soit une intensification de la rage et un rapide basculement vers autre chose
25:29 qui était le pur pillage, un pillage joyeux, un pillage festif.
25:33 Et il faut écouter, entendre, regarder les messages qui se transmettaient
25:38 sur les réseaux sociaux, TikTok ou Snapchat,
25:41 qui permettaient de voir à quel point tout ça était fun.
25:43 C'était un grand jeu, c'était le Koh Lanta des émeutes urbaines.
25:49 Et puis on est passé immédiatement à autre chose,
25:51 car en fait, dans le processus de réduction du temps de pensée disponible,
25:55 du temps de cerveau disponible, il faut qu'il y ait autre chose.
25:57 Il faut qu'il y ait une autre histoire, il faut qu'il y ait une autre story à raconter.
26:02 Et ceci a amené à un phénomène cumulatif.
26:06 Et puis les organisations criminelles ont besoin,
26:08 une fois qu'elles ont démontré leur puissance et leur capacité de contrôle du quartier,
26:13 un message envoyé à la police et à l'État,
26:15 de "voyez que nous sommes capables de ramener le calme,
26:17 vous êtes gentils de ne pas venir nous casser les pieds en matière de business
26:20 la semaine prochaine".
26:23 - Back to business.
26:24 - Tout ceci est un phénomène cumulatif.
26:26 Mais il est plus intense, plus grave, plus dangereux, plus violent,
26:32 plus jeune, plus rapide, plus étalé que la dernière fois.
26:36 Et donc ça veut dire que la prochaine, parce qu'il y aura une prochaine,
26:41 si on ne s'occupe pas des causes et pas seulement des conséquences,
26:44 il ne faudra pas mettre 45 000 policiers dans la rue, il en faudra 90 000.
26:47 Ou peut-être il faudra y mettre d'autres forces
26:49 qui sont plutôt censées protéger nos frontières que protéger nos arrières.
26:53 - Alors, question sur l'armée.
26:54 Dans un instant, je vous propose également de reparler de la jeunesse
26:58 après la publicité, on reviendra notamment sur la justice des mineurs
27:03 et puis sur l'excuse de minorité.
27:05 Vous restez avec nous.
27:06 On va parler des enfants, à la fois de la justice
27:09 et puis de la responsabilité des parents.
27:11 D'abord, le point sur les suites judiciaires des interpellations
27:13 suite aux émeutes et aux violences.
27:15 Noémie Schulte a compilé les premiers résultats
27:18 qui parvenaient au service de police-justice de CNews.
27:21 Et puis, il se posera la question de savoir
27:22 si cette justice est trop laxiste avec les mineurs.
27:24 - Les derniers chiffres sont de 3 900, plus de 3 900 gardes à vue
27:31 depuis le début des violences, plus de 600 déferments
27:36 et 360 personnes qui ont déjà été jugées en comparution immédiate.
27:39 Et sur ces 360 comparutions immédiates,
27:42 vous avez un peu moins de 100 condamnations avec mandat de dépôt.
27:46 - Et 3 900 gardes à vue, je vais parler un peu crûment,
27:49 ces 3 900 qui ne sont pas dans la rue.
27:52 On les garde au maximum le temps prévu par le droit,
27:54 c'est-à-dire 48 heures si c'est renouvelé et pas plus.
27:56 - Les mineurs sont remis à leurs parents
27:58 avec une convocation devant le juge pour enfants dans plusieurs mois.
28:04 - Voilà. - Et puis voilà.
28:05 - Un gamin de 13 ans qui brûle une maison
28:08 et qui passe chez un juge dans six mois,
28:10 mais c'est une blague ?
28:11 - Là où c'était très très grave,
28:12 ne me dites pas que c'est juste ça, c'est pas possible.
28:13 - Il ne faut pas qu'il y ait un rappel à la loi
28:15 ou un stage de citoyenneté, c'est scandaleux.
28:16 - Les gens de 13 ans qui sont en prison.
28:18 - Je voulais quand même rajouter...
28:19 - C'est totalement absurde parce que même si vous les mettez en prison à 13 ans,
28:22 à un moment ils vont sortir,
28:23 à un moment que vous les laissez toute leur vie en prison.
28:24 - Oui, j'envoie les gens en prison à 13 ans précisément,
28:27 mais en fait vous ne voulez rien faire.
28:29 - La seule solution, c'est de mettre les jeunes.
28:31 - Et bien moi je ne suis pas d'accord.
28:33 - Alors c'est laquelle ?
28:33 - Quand on pose la question à des professionnels
28:35 sur pourquoi cette excuse de minorité existe,
28:37 c'est parce que le législateur est parti de l'idée
28:40 qu'un mineur ne raisonne pas comme un adulte,
28:42 qu'un mineur ne mesure pas comme un adulte les conséquences de son acte
28:46 et qu'il n'a pas la même capacité d'appréciation
28:48 de la gravité de la transgression.
28:50 C'est ça en tout cas l'esprit de la loi.
28:51 Alors après on peut le contester,
28:53 mais en l'espèce c'est pour ça qu'il y a une excuse de minorité.
28:55 - Non mais ça reste du coup très contestable,
28:56 puisque vous voyez à 20 ans ou 22 ans,
28:57 du coup on n'est pas suffisamment conscient
28:59 augment qu'il y a un adulte de 30 ans ou 32 ans.
29:00 - À 18 ans moins un jour, oui,
29:01 et 18 ans moins un jour, non.
29:03 - Demain vous devenez gardé sauf,
29:05 vous seriez contraint de tenir compte d'une hiérarchie pénale.
29:10 - Non, je la change.
29:11 - Mais non, vous la changez.
29:12 - Eh bien continuons !
29:14 - Mais en passant...
29:14 - Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
29:15 Continuons !
29:16 Les mêmes causes produisent les mêmes effets.
29:17 - Mais Pascal...
29:18 - Si un gosse de 14 ans attaque une vieille grand-mère de 90 ans
29:21 et que vous ne voulez pas le juger comme un gosse de 18 ans,
29:23 continuons !
29:24 - Près de 70% des Français sont contre l'excuse de minorité.
29:27 Je vous interroge dans un instant,
29:28 mais d'abord la responsabilité des parents.
29:30 Ça aussi c'était un débat vif.
29:32 - Ça me paraît essentiel de rappeler que les parents
29:39 qui ne s'intéressent pas à leurs gamins,
29:41 qui les laissent traîner la nuit
29:43 en sachant où ils vont aller quand ils ont 13, 14 ans,
29:46 ils ont encore 2 ans de prison ferme et 30 000 euros d'amende.
29:50 - Il y a quelque chose qui est inaudible
29:52 pour les gens et pour les victimes,
29:53 c'est que personne n'est responsable.
29:54 Le mineur n'est pas responsable parce qu'il est mineur.
29:56 Le parent, le maximum qu'il peut faire,
29:58 c'est payer les indemnités.
30:00 Mais qui est responsable ?
30:01 Si le mineur est irresponsable,
30:02 dans ces cas-là, le parent est responsable.
30:04 Et le parent doit aller au pénal.
30:06 - Mais j'en ai marre d'entendre cette culture de l'excuse.
30:08 Les parents n'arrivent pas à éduquer les enfants,
30:10 les parents ne savent plus comment faire,
30:11 les parents n'aiment pas...
30:12 - Je disais, mais maman, ma mère, elle était toute seule.
30:14 Et elle surveillait mes fréquentations,
30:15 elle surveillait mes devoirs, elle surveillait mes sorties.
30:18 Mais comment on fait ?
30:19 Ma mère, elle s'est retroussée les manches,
30:20 elle s'est démerdée.
30:21 C'est ça, la réalité.
30:22 Et elle n'a pas demandé au moine.
30:23 Le matin, je la voyais à 6h le matin se lever pour aller travailler,
30:26 je la voyais rentrer à 20h le soir.
30:27 - À chaque fois qu'on propose une réponse de fermeté,
30:30 on nous ressort encore le discours stérile.
30:33 Je ne dis pas qu'il ne faut pas de prévention,
30:34 mais de la prévention, mais à l'heure actuelle.
30:35 - Je ne parle pas de prévention, je dis d'appliquer la loi.
30:38 Article 227.17 du code pénal, la responsabilité des parents.
30:43 - Le problème, c'est que le tube est trop petit.
30:44 Des magistrats, en comparution immédiate, le matin,
30:46 il n'y a pas les places de prison, les juges d'instruction et les JLD
30:49 pour faire le travail.
30:50 Mais c'est fini, quand vous ramassez 700 gardes à vue,
30:52 le matin, c'est une horreur totale.
30:54 À 10h du matin, il faut déjà trier.
30:57 C'est une gare d'aiguillage pour mettre dehors,
30:58 pour laisser de la place pour les faits les plus graves.
31:00 - Si demain, vous attrapez votre gamin qui descend dans la rue
31:03 pour brûler des véhicules de police, ou les caillasser des pompiers,
31:06 ou piller des magasins, la méthode, c'est quoi ?
31:09 C'est deux claques et au lit.
31:12 - Deux claques et au lit, c'est ce que dit le préfet de Delero,
31:14 parce qu'il y a eu beaucoup de violence et de dégâts à Béziers et à Montpellier.
31:19 Réponse de Sandrine Rousseau là-dessus, qui a tweeté
31:22 "et n'oubliez pas de taper votre femme en passage,
31:24 ça n'est jamais inutile", à côté de la plaque.
31:28 Donc sur l'excuse de minorité, peut-être, comment c'est ?
31:32 - Plusieurs choses, d'abord, certains réclament en effet
31:35 que ça soit supprimé, je pense notamment au Rassemblement national.
31:39 C'est vrai que les parents ont des droits et des devoirs,
31:41 Gérald Darmanin l'a rappelé.
31:42 Il y a en effet une loi qui existe qui doit être appliquée.
31:45 Et à la fois, on voit bien le gouvernement qui est sur l'île de Crète
31:49 et qui fait une distinction entre ses parents,
31:52 ses mères, ses familles monoparentales, donc ses mères qui travaillent la nuit,
31:55 qui ont déjà du mal à gérer tout cela,
31:57 c'est Éric Dupond-Moretti qui faisait cette distinction,
31:59 et puis les parents qui sont vraiment défaillants
32:01 et qui ont une défaillance réelle d'autorité.
32:02 - Et dès que vous commencez à mettre des petites astérites sur...
32:04 - Est-ce qu'il faut faire cette différence ?
32:07 Je pense qu'il faut plutôt partir au principe que les parents, en effet,
32:09 ont des droits et des devoirs.
32:11 Et puis ensuite, il faut aussi reconsidérer le maillon,
32:15 il le disait tout à l'heure, le syndicat de police.
32:16 Le tube, en fait, est trop petit.
32:18 C'est vrai que, est-ce qu'on ne pourrait pas envisager, par exemple,
32:20 des comparutions immédiates aussi pour les mineurs ?
32:22 Pour ce qui est des majeurs, en effet, on veut les envoyer en prison,
32:25 mais il n'y a pas assez de places de prison, donc ça pose une question.
32:28 Et puis la justice des mineurs a été, en effet, réformée,
32:30 mais elle est encore trop longue.
32:32 Trois mois pour la première décision, six mois pour la prochaine...
32:35 - Il y a des pays où, dès la première attaque...
32:39 C'est la prison.
32:39 - Mais Olivier, parce qu'on a supprimé les pannes courtes, il y a ça aussi.
32:42 Il y a plein de choses qui ont été mises en oeuvre, qui ne fonctionnent plus.
32:45 - Oui, la responsabilité, quand on voit qu'il y a un tiers de ces émeutiers
32:50 qui étaient mineurs, à l'évidence, on peut penser aux parents,
32:53 et surtout, sans doute avec des nuances, quand on a un gamin de 9 ans
32:57 qui est dans la rue, qui jette des boules de pétanque à la police,
33:00 je veux dire, on ne peut être que responsable.
33:02 Ça fait partie du pacte social.
33:04 Quand on respecte le pays, quand on est parent, on doit élever ses enfants.
33:08 Moi, je pense aussi à d'autres pistes, parce que je pense que
33:11 toute crise en matière à action, je suis très favorable au centre d'éducation,
33:15 renforcé au centre d'éducation fermé.
33:17 - Il n'y en a plus, sauf que...
33:18 - Il faudrait qu'on les remette. - Il n'y a plus assez de places.
33:20 - Des mesures alternatives à la prison, qui soient des mesures pénales,
33:24 privatives de liberté avec des structures militaires,
33:27 je pense que ça peut être essayé.
33:29 - Pourquoi on n'essaye pas, comme ça a été fait ailleurs,
33:32 aux Pays-Bas en particulier, les peines courtes pour les mineurs,
33:37 dès le premier acte ?
33:39 Leurs prisons sont vides, il y a peut-être quelque chose à étudier.
33:42 - On a un problème en France, d'abord les peines courtes ont été supprimées
33:45 par Nicole Belloubet, enseignante d'ESSO, et deuxièmement,
33:48 parce qu'on a un problème avec les peines alternatives,
33:50 c'est ce que vous expliquez très bien.
33:52 En effet, pourquoi on n'envisagerait pas, au lieu des prisons,
33:54 puisqu'on n'a pas de places, aujourd'hui pas assez de places,
33:56 15 000 doivent être construites d'ici 2027, selon Emmanuel Macron,
33:59 pourquoi on n'envisage pas les brasses électroniques,
34:01 les centres éducatifs fermés pour les jeunes,
34:03 des mesures éducatives, effectives, en effet,
34:06 c'est vrai que tout ça devrait être reconsidéré, envisagé,
34:09 et puis comme vous le disiez, en effet,
34:11 c'est vrai que c'est un vrai problème qu'il y ait des enfants de 9 ans ou 12 ans
34:13 qui commettent aujourd'hui les exactions,
34:15 il y a un problème d'autorité, mais il y a aussi un sentiment d'impunité
34:17 lié à tout ce qu'on vient d'évoquer.
34:19 - L'âge médian c'était 17 ans.
34:20 - 17 ans est le moyen d'âge.
34:22 Mais avec des jeunes de 11, 12 ans, 13 ans qui piaient les magasins.
34:25 - Les tout derniers commentaires très pessimistes,
34:28 celui de Julien Dray et celui aussi de l'essayiste marocain Driss Ghali.
34:31 - Nous avons un problème plus général, c'est-à-dire que ce pays
34:37 ne promeut, même si j'exagère un peu, que ceux qui crachent sur lui.
34:39 Si j'étais rappeur,
34:42 incapable d'aligner une phrase ou deux,
34:44 et en crachant sur vous, sur votre histoire,
34:47 je serais très probablement sur France Télévisions dans un festival.
34:49 C'est ça le problème.
34:51 Nous sommes, malheureusement, je vais être très fort là,
34:53 on ne promeut que les casseurs ou les clowns ou les amuseurs
34:55 et ceux qui vous disent ce que vous voulez entendre,
34:57 parce que malheureusement, vous êtes dans une auto-flagellation
35:01 et certains l'ont compris et la confirment.
35:03 Si vous détruisez la France, dans l'espace médiatique, vous êtes entendu.
35:07 Ça, c'est la bonne analyse.
35:09 - Bien sûr, mais autour de ce plateau, j'entends sans arrêt des gens qui...
35:12 - Gérard, est-ce que vous pouvez écouter ?
35:14 - Oui, parce que ça fait 40 ans que je l'écoute.
35:17 - Ne dites plus rien.
35:18 - Non, ça fait pas 40 ans que je m'écoute.
35:19 - Ne dites plus rien jusqu'à la fin de l'émission.
35:21 Ce que dit monsieur, cette parole-là n'arrive jamais jusqu'aux médias.
35:25 Il dit "tous ceux qui détruisent la France sont écoutés dans l'espace médiatique".
35:31 Ça, c'est une analyse intéressante, parce que personne ne la rapporte.
35:35 Et je pense qu'il a raison.
35:37 - Je vous le dis avec maîtrise, j'en ai tellement vécu des situations.
35:40 Et derrière, tout le monde, c'est la grande émotion, etc.
35:43 Et puis derrière, il ne se passe rien. Tout continue comme avant.
35:45 Voilà. Et la prochaine fois, on tirera dans le tas.
35:48 - Très pessimiste, Julien Dray.
35:51 - La prochaine fois, on tirera dans le tas, il sous-entend l'armée.
35:53 J'imagine la prochaine fois, on enverra l'armée.
35:55 Donc il y aura des tirs à balles réelles de part et d'autre.
35:57 C'est peut-être ça, malheureusement, la prochaine étape.
35:59 J'espère qu'on n'en arrivera pas là.
36:00 Cela dit, très honnêtement, Julien Dray, que j'apprécie énormément.
36:04 De l'autre côté, je pense qu'il est aussi un peu défaillant.
36:07 C'est-à-dire que la gauche, quand même, est très absente,
36:09 a été très absente en la matière.
36:10 Et malheureusement, aujourd'hui, le maire parlait de niaiserie et de mièvrerie.
36:14 C'est vrai qu'aujourd'hui, malheureusement, il n'y a pas de solution miracle.
36:18 Il y a des choses qui auraient dû être adoptées depuis longtemps.
36:19 Sous François Hollande, il y a des mesures qui ont été supprimées aussi,
36:22 il faut le dire, même si ce n'est pas du tout le seul responsable,
36:24 bien évidemment. Mais je pense que l'IAQF au cours, c'est très bien.
36:27 - Mais lui, il a eu peur. Il a eu raison d'avoir peur.
36:31 Il nous reste 30 secondes, Tatiana Gemmry.
36:33 - L'état d'urgence aurait peut-être dû être instauré,
36:34 d'ailleurs, soit dit en passant.
36:35 - Il ne faut pas construire des immeubles, il ne faut pas mettre des pierres,
36:38 que des murs dans les banlieues. Il faut de l'humain.
36:40 Il faut qu'il y en ait des hommes, des femmes sur le terrain.
36:43 - Les immeubles sont là, les barres de...
36:45 - Voilà. Il faut aller dans l'action.
36:47 Il faut recréer ce maillage.
36:49 Il faut avancer tous ensemble ou on n'y arrivera pas avec du courage.
36:53 - Je suis d'accord. Mais en attendant, tout le monde a peur.
36:54 Tout le monde a besoin de protection.
36:55 Tout le monde appelle certains de vos services, sans doute, peut-être,
36:59 pour avoir, y compris les magasins,
37:02 y compris peut-être même beaucoup de services publics.
37:05 - Tout à fait. - Pour l'instant, c'est la peur.
37:07 - C'est la peur. - Et on a connu un épisode de peur terrible.
37:09 - Absolument. Et il ne faut pas que cet immeuble soit le terreau des suivantes.
37:13 Et c'est ce qu'on peut craindre.
37:14 - On n'a pas résolu le problème, c'est bien ceci.
37:16 - Bon, merci à tous les deux d'avoir été avec moi ce soir
37:20 pour commenter le meilleur de l'info.
37:24 Merci à Valérie Acna, Adrien Fonteau et Fabrice Porté
37:27 qui m'ont aidé à préparer ce magazine.
37:30 Dans un instant, vous avez rendez-vous avec Julien Pasquet
37:33 pour Soir Info.
37:34 Bye bye et à demain.