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Chroniqueur : Thomas Sotto




Ce matin, Thomas Sotto reçoit Fabien Roussel, secrétaire National du PCF, dans les 4 vérités. 

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Transcription
00:00 [Générique]
00:02 Bonjour et bienvenue dans les 4V, Fabien Roussel.
00:04 Bonjour Thomas Sautaud.
00:06 Certaines carcasses de bâtiments ou de voitures sont encore fumantes.
00:08 On reste sidéré par les attaques qui ont visé des élus, des maires notamment.
00:11 Et justement, on en parlait tout à l'heure, le président de la République va recevoir plus de 200 tout à l'heure des maires.
00:16 Que faut-il leur dire ? Que faut-il faire pour les aider vraiment efficacement ces maires ?
00:21 La sidération c'est vraiment le bon mot employé.
00:23 C'est ce que j'ai vu dans le visage de celles et ceux qui se sont réunis devant la mairie de Saint-Amant-les-Eaux où j'étais hier.
00:28 Il y avait énormément de monde, ce qui montre bien qu'il y a une préoccupation importante.
00:32 Les 220 maires qui vont être reçus aujourd'hui par le président de la République ont beaucoup de choses à lui dire.
00:36 Il y a les maires communistes dedans, je pense notamment à Philippe Riau, le maire de Grigny,
00:39 qui avait lancé cet appel pour les grandes villes et les villes des banlieues.
00:43 Et justement, ça fait des mois, des années, des années, des années qu'ils appellent le gouvernement,
00:50 les gouvernements successifs à mettre les moyens à la hauteur pour l'école, les écoles, les services publics.
00:57 Pour faire en sorte que dans ces villes où le taux de chômage est de 40%,
01:02 dans des quartiers où le taux de chômage dépasse ces 40%,
01:07 que l'on arrive à s'en sortir. La République, elle doit exister partout.
01:11 Mais Fabien Rossel, la rénovation urbaine c'est 45 milliards depuis 2003.
01:17 Mais les propos que j'entends de la part justement de la droite et de l'extrême droite qui disent
01:23 "on a déversé des milliards et regardez ce qu'ils font". Il faut écouter les maires, qu'ils soient de droite ou de gauche,
01:29 qui habitent dans ces grandes villes. Ce qu'ils ont eu au titre de la politique de la ville, etc.
01:35 ça compense à peine, à peine ce qu'ils ont perdu ces dernières années en dotation.
01:40 Ça ne répond pas aux besoins qu'ils ont en matière d'école, d'équipement sportif, culturel.
01:48 Vous dites là, il faut des moyens, il faut plus de moyens, il faut de l'argent.
01:52 Mais je suis alerté par des maires, y compris des maires de communes de petite taille,
01:58 en Bretagne, dans le sud, puisque je les ai eus au téléphone, qui me disent que parce qu'ils vont perdre 50 habitants
02:05 sur un quartier, ils ne vont plus bénéficier des politiques de la ville. Ils ne vont plus être QPV,
02:10 quartiers politiques de la ville. Ils vont sortir de ces dispositifs. Ce n'est pas normal.
02:15 Sachez que même quand il y a des quartiers qui sont considérés comme REP pour l'école, quartiers prioritaires,
02:22 s'il y a demain un ou deux élèves en moins, ils vont perdre des classes. Il y a encore des classes qui vont fermer dans ces secteurs-là.
02:30 Mais vous dites quoi ? Il faut tout remettre sur le table, il faut un Grenelle des villes, il faut quoi ?
02:34 Écoutons, écoutez ces maires, ces maires de toutes ces communes, de banlieues comme les petites villes,
02:40 pour qu'il y ait enfin cette réconciliation nationale. La République, elle doit être partout,
02:45 dans les grandes villes comme dans les petites, pour tous les citoyens, quels qu'ils soient.
02:49 Et puis il faut mettre, enfin, c'est une question de société profonde, c'est une crise grave que nous vivons.
02:55 Remettons le travail, le travail au cœur du projet, parce qu'on peut faire les plus belles cités,
03:00 les plus beaux quartiers, rénovés, avec, si derrière, il y a toujours du chômage, si derrière, il y a toujours de la ségrégation sociale.
03:09 – Si on parle des délinquants, qui ne sont pas tous les jeunes, qui sont ceux qui créent le bazar dans ces quartiers,
03:15 qui sont ceux sans doute qui brûlent les voitures, ils préfèrent gagner 1 500 euros par jour en vendant de la drogue
03:19 que 1 200 euros par mois dans leur travail chez Carrefour.
03:21 – Mais ça vous avez raison, donc on a un sujet avec les trafics qui ne se sont jamais autant développés,
03:28 il n'y a jamais eu autant de drogue qui rentre dans notre pays.
03:30 – Et il n'y a jamais eu autant de flics dans les quartiers.
03:32 – Non, non, non, non, non, non, non, non, non, dites pas ça M. Soton.
03:35 – Ce n'est pas vrai ?
03:36 – Vous les écoutez les maires, mais écoutez-les justement, c'est eux qui se plaignent que l'on ait fermé là un commissariat,
03:42 que l'on ait baissé les effectifs de police dans leur secteur, y compris en secteur gendarmerie.
03:49 Vous savez, quand M. Sarkozy a dit "on va mettre un coup de karcher sur les beaux lieux",
03:53 il a utilisé cette expression pour cacher le fait qu'il supprimait 15 000 policiers dans notre pays.
03:58 Aujourd'hui, les efforts pour embaucher plus de policiers compensent à peine ce qui a été supprimé.
04:05 – C'était l'île et ça avait été compensé par François Hollande par la suite.
04:08 – Non, non, non, non, pas du tout, vous rigolez quoi.
04:10 Maintenant, on est en train de compenser seulement les effectifs qui ont été supprimés.
04:15 Et puis enfin, il y a le contenu que l'on met à la police.
04:19 Ils réclament, ces maires, nous réclamons une police de proximité.
04:22 On a besoin de réconcilier la police avec les habitants de ces quartiers.
04:26 La peur, elle existe, il y a un fossé énorme entre les habitants et la police dans ces quartiers,
04:32 et il faut le prendre en compte.
04:34 – Est-ce que vous voyez un message politique derrière ces émeutes ?
04:38 – D'abord, je ne voudrais pas légitimer la violence en disant "elle est normale parce que c'est difficile", etc.
04:49 Ces violences sont inacceptables, elles doivent être condamnées et il faut aujourd'hui appeler…
04:54 – Vous les condamnez sans aucun "mais", sans aucune nuance ?
04:57 – Oui, oui parce que…
04:58 – Donc différemment de Jean-Luc Mélenchon qui est dans votre famille politique.
05:01 – Je me désolidarise totalement des propos de Jean-Luc Mélenchon et de certains de ses députés
05:06 qui ont refusé d'appeler au calme et qui ont légitimé cette violence en disant "c'est normal, c'est une révolte".
05:12 – C'est dangereux de faire ça ?
05:13 – Oui, oui, c'est pour ça que je me désolidarise totalement.
05:16 Au contraire, nous avons besoin tous ensemble d'appeler au calme et nous avons besoin de dire,
05:21 c'est ce que je dis moi depuis le début, il y a besoin d'ordre, oui,
05:25 mais il y a aussi besoin de justice et de respect, de respect pour tous les citoyens de la République,
05:30 parce que, y compris ceux qui font le désordre aujourd'hui,
05:33 moi je n'aime pas l'amalgame en disant "c'est des étrangers, des immigrés", non.
05:37 Nous sommes tous français, ils sont français, tous,
05:40 et donc nous avons tous un problème collectif à régler ensemble.
05:44 Et donc il faut de l'ordre, il faut de la justice, il faut du respect,
05:48 du respect pour tous les citoyens, pour les communes, pour les territoires,
05:51 de l'égalité républicaine, il y a aujourd'hui deux Frances,
05:55 il y a aujourd'hui deux Frances qui ne se parlent plus, qui ne se comprennent pas et qui s'opposent.
06:00 C'est extrêmement grave, cette fracture, il faut la réparer avec du cœur et de l'humanité.
06:05 Quid de la responsabilité des parents ?
06:07 Passer 22 heures quand on a 14 ans, on est à la maison, a dit Olivier Klein,
06:10 le ministre de la Ville qui vient de chez vous, qui était maire communiste par ailleurs.
06:14 Il y a une autre méthode, c'est la méthode "deux claques et au lit",
06:17 dit le préfet de Leraux, Hugues Moutou.
06:20 Ouais, c'est pas bon.
06:22 Il croit qu'il va régler les choses en mettant deux claques et au lit.
06:25 Il ferait bien de faire une séquence "Vie ma vie" avec les mamans de ces quartiers
06:28 qui ont des horaires décalés, qui font le ménage dans des bureaux
06:32 le matin au moment où il faut conduire les gamins à l'école
06:35 et qui font le ménage le soir quand il faut aller les chercher à l'école
06:38 et qu'il faut être à côté d'eux.
06:40 Alors les gens préfets de Leraux, la responsabilité des parents.
06:43 Justement, je vais rencontrer Olivier Klein cet après-midi,
06:45 j'ai rendez-vous avec lui justement, le ministre de la Ville,
06:47 nous allons parler de tout ça.
06:49 Il y a besoin de prendre en compte ce que vivent ces mamans, ces parents,
06:54 la difficulté auxquelles elles sont confrontées.
06:57 D'abord, je voudrais saluer ces mamans qui aujourd'hui descendent dans la rue
07:00 pour protéger une école, pour appeler les jeunes, les enfants au calme.
07:05 Oui, mais moi je vous parle de tous ceux qui ne s'occupent pas de leurs enfants,
07:07 qui les laissent traîner à n'importe quel endroit.
07:09 Je vais vous lire ce que disait Jean-Michel Bérégois,
07:11 qui est maire adjoint de Rouen et qui est instituteur dans une zone sensible.
07:14 "Pendant des années, on a rempli des immeubles dans des quartiers
07:17 avec des femmes qui ont 4, 5, 6 enfants.
07:19 Quand les pères sont absents, partis ou morts,
07:21 et que les mères se lèvent à 4h du matin pour aller faire des ménages,
07:24 c'est normal qu'elles soient débordées."
07:26 C'est ce que je viens de vous dire.
07:28 Il faut traiter cette question-là, la question du travail,
07:31 la question du salaire, du niveau de vie.
07:35 Là, on parle de la violence, de ce que nous vivons dans notre pays,
07:39 mais il ne faut pas oublier non plus qu'il y a toujours ce problème des salaires,
07:43 de l'inflation, du coût de l'alimentation et de la vie.
07:46 Comment voulez-vous que des mamans qui ont un travail précaire,
07:50 qui n'ont pas les moyens de joindre les deux bouts,
07:52 où la fin du mois c'est le 15, quand ça arrive,
07:56 et on va les mettre en situation de responsabilité ?
07:59 Alors, je ne veux pas non plus dire qu'elles n'ont pas de responsabilité.
08:03 Bien sûr, les parents sont les premiers à être concernés.
08:06 – Il n'est pas question de mettre tout le monde dans le même sac,
08:08 mais est-ce que les parents qui ne s'occupent pas du tout de leurs enfants,
08:11 qu'ils laissent à l'abandon, est-ce que par exemple,
08:12 on doit leur supprimer les allocations et les aides sociales ?
08:15 – Alors, si vous supprimez les allocations et les aides sociales,
08:17 vous allez rajouter de la misère à la misère.
08:20 – Donc ce n'est pas une bonne solution.
08:21 – Mais ne rien faire, ce n'est pas non plus la solution.
08:23 Je voudrais parler de la PJJ, la protection judiciaire de la jeunesse.
08:28 Justement, quand il y a des enfants qui sont signalés,
08:31 et qui doivent être accompagnés,
08:34 et souvent dans des familles monoparentales,
08:37 avec des mamans qui sont débordées, qui ne savent pas faire.
08:39 On a besoin justement de mettre ces moyens-là pour accompagner,
08:42 pour accompagner ces parents, ces mamans,
08:45 et puis faire en sorte d'encadrer ces enfants qui ont été signalés.
08:49 Regardez les moyens de la PJJ, ces éducateurs,
08:54 qui ont une mission de la plus haute importance dans ces quartiers,
08:57 ils sont démunis eux-mêmes.
08:59 D'abord, leurs conditions de travail sont déplorables,
09:01 ils sont payés à coups de lance-pierre, ces éducateurs de la PJJ.
09:03 – Donc on revient au problème de moyens que vous évoquiez au début.
09:05 – Mais bien sûr, c'est pour ça que quand je vous dis "ordre, justice et respect",
09:09 c'est qu'il y a besoin de police de proximité,
09:11 il y a besoin de beaucoup plus d'éducateurs,
09:14 pour accompagner la justice dans son travail,
09:17 auprès de ces jeunes et de ces jeunes délinquants.
09:19 Et puis du respect, c'est les politiques publiques
09:21 que l'on doit mettre dans ces communes.
09:23 – À propos d'argent et des policiers,
09:25 que vivement votre partenaire de la NUPES, Jean-Luc Mélenchon, n'aime pas du tout,
09:29 il y a cette cagnotte en ligne qui a été lancée par un polémiste d'extrême droite,
09:32 proche d'Éric Zemmour, qui s'appelle Jean Messia,
09:34 pour la famille du policier qui a tiré sur Nahel.
09:37 Son montant dépasse ce matin le million d'euros.
09:40 D'abord, est-ce qu'elle est acceptable cette cagnotte ?
09:42 Qu'est-ce que ça raconte là encore de la société ?
09:44 – Oui, ça raconte un glissement de la société,
09:49 qui en arrive aujourd'hui à alimenter une cagnotte à plus d'un million d'euros,
09:54 pour un policier qui est aujourd'hui placé en détention,
09:59 pour un homicide volontaire.
10:01 Et on voit la différence de traitement avec celui qui,
10:04 pendant les Gilets jaunes, avait tapé sur des policiers,
10:08 et où le gouvernement était intervenu pour supprimer cette cagnotte.
10:12 Moi-même, j'avais dit que ce n'était pas normal, cette cagnotte, à l'époque.
10:15 Mais aujourd'hui, je dis de la même manière, c'est démesuré.
10:18 Ce qui m'affole, c'est l'initiative d'un supporter d'Éric Zemmour,
10:24 ça ne m'étonne pas de sa part, mais…
10:26 – C'est l'écho que ça rencontre.
10:27 – C'est l'écho que ça rencontre, et c'est terrible.
10:30 – Il faut que la justice s'en saisisse.
10:31 – Mais c'est pour ça, j'aurais bien aimé que le gouvernement mesure,
10:35 qu'en ce moment, il y a une bascule qui se fait dans le pays,
10:37 entre deux France qui ne se parlent plus et qui arrivent à s'affronter.
10:42 Nous vivons dans la même France, dans la même République,
10:45 et la République, elle doit être partout, elle est même droit pour tous.
10:48 – Merci beaucoup Fabien Roussel et Nédric Advet.
10:50 Merci et bonne journée à vous.

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