'Une visite de Blade Runner'. Conversation avec Renaud Jesionek, Captain du Nexus VI.
Blade Runner est un film-monde, une œuvre matricielle qui conjugue Los Angeles au futur et se présente comme une synthèse ouverte de la pop culture des années 1980, depuis Philip K. Dick jusqu’à Mœbius.
Dans le cadre de la thématique 'Portrait de Los Angeles'.
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Court métrageTranscription
00:00:00 [SILENCE]
00:00:09 - Lumière, voilà. Bonsoir. - Bonsoir.
00:00:12 - Bonsoir à toutes et à tous. Merci d'être venus si nombreux, d'avoir affronté les barricades et les non-bus, si j'ose dire, pour venir écouter.
00:00:23 Alors, ce n'est pas un cours de cinéma. - Non.
00:00:26 - C'est une conversation, essentiellement alimentée par notre invité, que l'on peut applaudir, accueillir.
00:00:35 [APPLAUDISSEMENTS]
00:00:42 J'ai l'impression que tout le monde connaît le captain du Nexus 6.
00:00:45 - C'est la question que j'avais posée, qui ne connaît pas Nexus 6 ici ?
00:00:48 - Ha ha ! - Eh bien, vous allez apprendre à le connaître.
00:00:52 - Abonnez-vous ! Bon, juste pour présenter rapidement, comme ça vous voyez pourquoi on m'invite.
00:00:59 Nexus 6, c'est une chaîne YouTube qui parle de science-fiction en faisant de la science-fiction,
00:01:04 puisqu'on a choisi de faire le format de ce qu'on appelle du chronique-fiction, de la chronique-fiction.
00:01:09 C'est-à-dire qu'en même temps que je vais analyser des œuvres ou des thématiques de la science-fiction,
00:01:13 eh bien, vous allez suivre les aventures du vaisseau spatial de contrebande Nexus 6 au 24e siècle de votre époque.
00:01:20 Et du coup, voilà, en même temps que les analyses, il y a tout un univers qui va se dérouler devant vous.
00:01:26 Et du coup, c'est pour ça qu'on m'invite, pour parler de Blade Runner, puisque Nexus 6...
00:01:30 - Ah ben, il y a un petit rapport. - ...portable de chez Google.
00:01:33 Non, pas du tout. Nexus 6, ça vient de Blade Runner, et du coup, c'est mon film préféré.
00:01:37 Et c'est pour ça que le Forum des Images a eu la gentillesse de me proposer de venir en parler aujourd'hui.
00:01:43 - L'une des premières questions, c'est qui a vu Blade Runner, parce que là...
00:01:46 - Ouais. Non, ou qui n'a pas vu. Non, plutôt.
00:01:48 - Qui n'a pas vu, c'est toujours plus simple. Bon, ben, il y aura peut-être un petit peu de spoil,
00:01:52 mais vous pouvez surtout voir ou revoir Blade Runner dans cette même salle juste après.
00:01:57 - Après, ouais.
00:01:58 - Donc, juste un petit mot pour dire aussi qu'on est dans le portrait de Los Angeles.
00:02:02 Vous savez, depuis quasiment trois mois, on ne les compte plus.
00:02:06 Les jours, on en arrive à la fin de ce portrait de Los Angeles, donc il y a eu beaucoup, beaucoup de choses dites.
00:02:12 Et là, on était au moment où on avait aussi envie de conjuguer cette ville un peu au futur,
00:02:16 à voir un petit peu comment on a pu voir, avoir une vision de Los Angeles dans le futur.
00:02:22 On a pu voir il y a quelques jours "Invasion Los Angeles" de John Carpenter.
00:02:27 Vous pourrez voir demain "Appel d'urgence", si vous n'avez jamais vu, "Miracle Mile".
00:02:31 - OK.
00:02:32 - "Appel d'urgence" de Steve Wojernat. Très bien. "Miracle Mile". Le titre français est un petit peu moins connu,
00:02:37 mais si vous ne connaissez pas ce film, allez le découvrir demain à partir de 16h30.
00:02:43 Et donc, dans ce cadre, évidemment, "Blade Runner" était inévitable.
00:02:47 Et Renaud Gessionnek, pour quand même citer le patronyme entier.
00:02:52 - Oubliez ce que vous n'êtes pas. Ils ne connaissent pas mon nom, normalement.
00:02:56 - Ah non, on ne connaît pas.
00:02:57 - Et comme vous l'avez mis partout sur le site.
00:03:00 - Je n'ai rien dit.
00:03:01 - Trop tard.
00:03:02 - On coupera ça au montage, évidemment. Donc, le "Captain", c'est comme ça que vous l'avez.
00:03:07 Donc, pour parler de ce monolithe de SF, en tout cas, c'est un film qui est important pour toi, tu viens de le dire.
00:03:16 En effet, on s'était rencontré, en tout cas, moi, la première fois que j'étais rencontré en chair et en os, et non pas en pixel.
00:03:23 Ici, on a accueilli la première édition d'un festival dédié à la science-fiction qui s'appelle les Mycéliades.
00:03:30 Et sur scène, tu avais dit, "Blade Runner, c'est l'un des plus beaux films du monde".
00:03:35 Donc, je me dis, on veut quelque chose sur Blade Runner.
00:03:38 Comment Blade Runner est-il entré dans ta vie ? C'est ça la question.
00:03:41 - C'est le plus grand film de l'histoire de l'humanité.
00:03:46 Bon, à mon sens, même si... Comment on en est arrivé à ça ?
00:03:50 Bon, déjà, je vous envie, vous qui ne l'avez pas vu, j'aimerais tellement l'extirper de ma mémoire et le retrouver avec des yeux neufs.
00:03:57 Pour l'anecdote, je l'ai vu, j'avais 6 ans la première fois.
00:04:02 Mais ça, c'est un grand classique avec moi. Mes parents m'ont montré des trucs qui n'étaient pas du tout faits pour mon âge.
00:04:07 Mais Blade Runner, pour le coup, c'est moi qui avais décidé de le voir.
00:04:10 J'étais tombé sur un article dans Télérama. Alors, je suis fils de prof, donc c'était Télérama, France Inter, la totale, chez moi à la maison.
00:04:17 Et il passait sur France 2, je crois. C'était plus Antenne 2, déjà, mais France 2.
00:04:23 Et je vois cette image. D'ailleurs, je vais vous la montrer.
00:04:27 Je voulais justement vous montrer. Je n'ai pas pris les devants. Excusez-moi. Hop ! Est-ce que ça marche ?
00:04:33 Ça ne marche plus.
00:04:36 Non.
00:04:39 Ça va venir, Quentin. On l'est vu. Sauf vous. Il faut passer du côté de l'écran.
00:04:44 Ah ! Alors là, pour le moment, on est sur 2049. Alors, ce n'est pas ça que je veux vous montrer.
00:04:49 On va aller à la seconde. 6292 de Blade Runner 1. Malheureusement, 1, j'ai envie de dire, mais ça, c'est un autre sujet.
00:05:00 Alors, hop, tac, tac. Hop ! J'ai dit 6292, c'est ça ?
00:05:07 Je crois, oui.
00:05:09 Très bien. J'ai découvert cette fonctionnalité sur VLC. Vous pouvez… Enfin, bref.
00:05:13 Ce n'est qu'en seconde.
00:05:14 Ce n'est qu'en seconde. Il faut faire la conversion, du coup. C'est un petit peu chiant.
00:05:17 Hop ! Tu peux baisser un petit peu la lumière, Quentin. Merci.
00:05:21 Et je vais vous montrer. On va regarder rapidement.
00:05:24 [musique]
00:05:47 Quelle expérience de vivre dans la peur. Voilà ce que c'est que d'être un esclave.
00:05:55 [musique]
00:06:01 Tu peux rallumer les lumières, Quentin, s'il te plaît.
00:06:03 Voilà, c'est la première image que j'ai vue de Blade Runner dans ma vie.
00:06:07 C'était la capture d'écran qu'avait fait Télérama.
00:06:11 Et donc, je vois Harrison Ford, qui était certainement le comédien que j'aimais le plus
00:06:15 quand j'avais 5-6 ans, puisque Han Solo, Indiana Jones, vous imaginez bien.
00:06:20 Et je le vois… C'était une période de ma vie où je regardais un peu tous les films d'Harrison Ford.
00:06:25 À la télé ?
00:06:26 À la télé, du coup, effectivement, ou en location.
00:06:28 VHS, etc.
00:06:29 Je regardais tout ce qu'il faisait. Et c'était un film dont je n'avais jamais entendu parler.
00:06:33 Et j'étais déjà fou de science-fiction.
00:06:36 Et le résumé me parle d'androïdes, sur une Terre dévastée, etc.
00:06:41 Enfin, tout ce qui me plaît.
00:06:42 Et je vois ça.
00:06:43 Bon, là, avec la lumière, on voit moins, mais la perspective…
00:06:47 Bon, il va se casser la gueule et mourir.
00:06:49 Il y a des bagnoles en bas, je ne comprenais pas trop,
00:06:51 mais ça m'avait vraiment marqué.
00:06:53 Et donc, merci, Quentin.
00:06:54 Et du coup, je me demande à ce qu'on me l'enregistre.
00:06:58 Les connaisseurs de la chaîne connaissent peut-être l'anecdote,
00:07:00 mais du coup, on me l'avait enregistré en CECAM, alors que j'avais un magnétoscope en PAL.
00:07:05 Et du coup, il était en noir et blanc et sans son.
00:07:09 C'est-à-dire que les trois premières fois de ma vie, je les regardais en noir et blanc et sans son.
00:07:13 C'était Métropolis, quoi.
00:07:14 C'était Métropolis.
00:07:15 Et pourtant, j'étais fasciné.
00:07:18 Enfin, il faut imaginer, un gosse de 6 ans, devant la télé,
00:07:21 qui regarde un truc en noir et blanc et sans son, et qui quand même apprécie l'expérience.
00:07:25 Et après, du coup, on a découvert qu'on pouvait passer en CECAM,
00:07:30 et donc j'avais la couleur et le son.
00:07:31 Et du coup, ça a été extrêmement marquant.
00:07:34 Je ne saurais pas expliquer.
00:07:36 C'est un tout.
00:07:37 Et puis, je vais certainement y revenir pendant cette discussion,
00:07:41 mais c'est le plan d'entrée, avec ces flammes,
00:07:44 ces putains de flammes qui nous prennent aux tripes dès le début.
00:07:50 Cette ville tentaculaire, c'était...
00:07:52 J'en avais une vision un peu romantique.
00:07:54 C'est marrant, j'en parle souvent sur la chaîne,
00:07:56 en tant qu'enfant, je trouvais ça génial.
00:07:58 J'avais envie d'y être.
00:07:59 En tant qu'adulte, tu te dis "Pff, non, bof".
00:08:01 Parce qu'on comprend plus tout ce que ça suppose.
00:08:05 Ce monde horrible, déshumanisé, avec une caste d'esclaves
00:08:11 que sont les réplicants.
00:08:12 Je veux dire, ce n'est pas du tout un monde enviable.
00:08:14 Quand on est enfant, on voit juste des voitures volantes
00:08:17 et on a juste envie de ça, en fait.
00:08:20 Et donc, c'est un film qui m'a accompagné toute ma vie.
00:08:22 Et oui, c'est un tout.
00:08:24 C'est la musique de Vangélie.
00:08:26 C'est cette vision dystopique.
00:08:28 C'est tout.
00:08:29 Ton premier sentiment, parce que le film est assez lent,
00:08:32 est assez étrange dans sa manière d'avancer, etc.
00:08:35 Pour un enfant de 6 ans, on n'est pas dans le film d'action.
00:08:37 Ce n'est pas Indiana Jones, non plus.
00:08:39 Encore moins Star Wars.
00:08:41 Il y avait vraiment une rupture avec Blade Runner.
00:08:43 Après, je dirais que c'était une époque où même les films d'action
00:08:45 savaient avoir des moments lancinants.
00:08:48 On savait mettre des pauses.
00:08:50 Bon, je n'ai pas envie de dire que c'était mieux avant.
00:08:52 Même si la vidéo que j'ai sortie hier,
00:08:54 vous pouvez le laisser penser.
00:08:56 Pour celles et ceux qui l'ont vue.
00:08:57 C'est une nouvelle vidéo qui est sortie hier.
00:08:59 Ce n'est pas ce que je voulais dire hier.
00:09:01 Je ne veux pas dire que c'était mieux avant.
00:09:03 Mais en tout cas, le cinéma était différent.
00:09:05 C'est sûr.
00:09:06 Donc je pense que déjà,
00:09:08 on acceptait peut-être un peu plus ça,
00:09:10 même en tant qu'enfant.
00:09:12 Et je pense que même en plus en tant qu'enfant,
00:09:14 on est grosso modo une espèce de plante verte.
00:09:16 Il faut nous arroser, nous donner à manger.
00:09:18 Et puis on sécrète ces choses,
00:09:20 tout ça extérieurement.
00:09:22 Et puis après, on commence à développer une pensée.
00:09:24 Mais je veux dire, j'étais fasciné par...
00:09:26 Je trouve que le film apporte suffisamment de choses
00:09:28 continuellement.
00:09:29 Des petites trouvailles de science-fiction,
00:09:30 des petites inventions, des petits gadgets.
00:09:32 Pour que même enfant,
00:09:34 après je suis peut-être particulier,
00:09:36 mais même enfant, on puisse s'intéresser au film.
00:09:38 - Cela dit, c'est marrant,
00:09:40 parce que le fait de le voir en noir et blanc,
00:09:42 le rattacher à l'une des inspirations de Ridley Scott.
00:09:45 Le côté film noir, série noire,
00:09:47 le côté Bogart, etc.
00:09:49 Qui est dans le film aussi.
00:09:51 On en parlera certainement à travers les décors.
00:09:53 Mais voilà, tu rattaches...
00:09:55 Enfin, inconsciemment non,
00:09:57 mais ton pal et ton sécam
00:09:59 ont rattaché le film à une tradition.
00:10:02 - Oui, c'est vrai.
00:10:03 Et au-delà de ça, même le format cassette VHS.
00:10:06 Donc la VHS, vous savez,
00:10:07 la cassette qu'on mettait dans un magnétoscope.
00:10:09 Il faut savoir que du coup, je l'ai poncé.
00:10:11 Je l'ai regardé des centaines de fois, le film.
00:10:13 Et au fur et à mesure des années,
00:10:15 même en couleur, le film était assez sombre.
00:10:17 C'est-à-dire que quand j'ai redécouvert le film
00:10:19 des années plus tard en DVD
00:10:21 et encore après en Blu-ray,
00:10:23 il y a eu une forme, pas de déception,
00:10:25 je ne vais pas vous dire ça,
00:10:26 mais une forme de "Ah, ce n'est pas le film que moi j'ai vu".
00:10:29 Par exemple, "L'appartement de Descartes",
00:10:31 on en parlera après,
00:10:33 je le trouve, dans les versions d'aujourd'hui,
00:10:35 moi je le trouve extrêmement lumineux.
00:10:37 Ça peut paraître paradoxal,
00:10:38 parce qu'il est quand même assez glauque.
00:10:40 Mais moi, il faut comprendre que sur ma VHS,
00:10:42 je ne voyais presque rien de ce qu'il y avait chez lui.
00:10:45 Je voyais sa tête,
00:10:46 je voyais les néons par la fenêtre
00:10:49 et ses rayons de lumière qui le traversaient,
00:10:51 je voyais des ombres,
00:10:53 et c'était à peu près tout.
00:10:54 Et aujourd'hui, vraiment, dans la version remasterisée,
00:10:56 en 2160p, Blu-ray, 4K, machin,
00:11:00 on voit tout.
00:11:02 Et du coup, moi, limite,
00:11:04 des fois je baisse un peu la luminosité de l'écran
00:11:06 pour le regarder.
00:11:08 Voilà.
00:11:09 Donc ça, c'est mon rapport à Blade Runner.
00:11:12 Mais on est là pour parler de Los Angeles.
00:11:14 - De Los Angeles.
00:11:15 Alors, le Los Angeles de Blade Runner,
00:11:16 on est en 2019.
00:11:17 - Sauf que là, on est en 2023.
00:11:19 Mais bon, le film date de 1982.
00:11:22 - C'est du...
00:11:24 Comment on pourrait appeler ça ?
00:11:25 C'est de l'anti-futurisme, quoi.
00:11:27 Ça devient...
00:11:28 C'est une question qu'on me pose souvent.
00:11:30 "Est-ce qu'un film de science-fiction
00:11:31 est encore de la science-fiction
00:11:32 une fois qu'on a dépassé sa date ?"
00:11:33 Je dis "ben oui, parce que c'est la vision de science-fiction
00:11:35 d'une période donnée".
00:11:36 D'ailleurs, on va en parler.
00:11:37 Mais définissons peut-être un petit peu
00:11:40 ce qu'est Los Angeles, déjà.
00:11:42 Je voulais vous faire participer, d'ailleurs.
00:11:43 Bon, on n'a pas le micro,
00:11:44 on n'a pas besoin, à la limite,
00:11:45 de crier fort pour le moment.
00:11:47 Bon, représentation de Los Angeles
00:11:50 dans Blade Runner.
00:11:51 Aujourd'hui, Los Angeles, on pense à quoi ?
00:11:54 Allez-y.
00:11:55 Hollywood.
00:11:58 - J'ai entendu l'argent, c'est ça ?
00:11:59 - L'argent, l'argent, oui.
00:12:01 Les quoi ?
00:12:03 Les bouchons.
00:12:05 J'y avais pas pensé.
00:12:06 Le soleil, merci.
00:12:08 Des choses un peu plus positives.
00:12:10 La plage.
00:12:11 La police, c'est pas positif, ça.
00:12:15 - Les villas.
00:12:16 - Les villas, voilà.
00:12:17 Bon, le fast.
00:12:18 En tout cas, on est plus sur le fast.
00:12:20 Hollywood, c'est le premier truc qui est venu.
00:12:22 - Le fitness.
00:12:23 J'avais envie de participer.
00:12:24 - Le fitness, non, mais voilà.
00:12:25 Moi, j'avais noté ça.
00:12:26 J'avais noté aussi le côté cosmopolite
00:12:28 de la ville, quand même.
00:12:29 C'est une ville, c'est 140 nationalités,
00:12:31 224 langues parlées,
00:12:33 et le gigantisme, quand même.
00:12:35 C'est une ville, du coup,
00:12:36 je me suis renseigné,
00:12:37 c'est 100 kilomètres du nord au sud.
00:12:39 D'ailleurs, j'avais pris un petit peu la carte
00:12:42 pour vous montrer.
00:12:44 Alors, il faut savoir, en plus,
00:12:46 que c'est une conurbation qui va de Santa Clarita,
00:12:49 on va dire, donc là, c'est Granada Hills,
00:12:52 jusqu'en fait à Palm Springs, ici,
00:12:54 et avec plus bas, si je ne me trompe pas,
00:12:57 San Diego, là.
00:12:58 Donc, en fait, ce que je vous dis,
00:13:00 c'est que la ville d'Los Angeles,
00:13:02 qui est donc ici entourée en rouge,
00:13:04 c'est 100 kilomètres, donc de là
00:13:06 jusqu'à Long Beach,
00:13:08 mais tout le reste,
00:13:09 ça reste une conurbation.
00:13:11 Ça reste une conurbation continue, quoi.
00:13:13 Donc, on est déjà sur une forme de gigantisme
00:13:15 assez incroyable.
00:13:16 C'est assez marrant de voir qu'au sein de la ville,
00:13:18 il y a des villes enclavées,
00:13:20 et que Compton, j'apprends que Compton
00:13:22 ne fait pas du tout partie de Los Angeles,
00:13:24 que ça fait partie de Anaheim à côté,
00:13:26 enfin, bon, bref, ça c'est des détails.
00:13:28 Mais du coup, on est sur une ville
00:13:29 qui présente une forme de gigantisme absolu.
00:13:32 Bon, on n'est pas là pour parler,
00:13:35 comment on dit, j'oublie le terme,
00:13:37 politique des territoires et des villes,
00:13:39 mais voilà, on est...
00:13:40 - Aménagement du territoire.
00:13:41 - Aménagement du territoire,
00:13:43 urbanisme.
00:13:44 - Urbanisme, d'accord.
00:13:45 - On est sur une ville qui a aussi redéfini
00:13:47 un peu la vision de la ville américaine
00:13:49 qu'il y a à l'époque.
00:13:50 Il y a ce qu'on appelle l'école de Chicago,
00:13:52 c'est le downtown, le centre historique,
00:13:54 retourné par des quartiers plutôt populaires,
00:13:56 puis entouré par des quartiers de classe moyenne,
00:13:59 et ensuite, les villas riches, etc.
00:14:02 Là, ça a eu une histoire totalement différente,
00:14:05 parce que déjà, fondée par les Espagnols,
00:14:08 au 18ème,
00:14:10 ensuite, les anglo-saxons, les wasps,
00:14:15 les protestants sont arrivés,
00:14:17 et ont eu une logique d'extension
00:14:19 avec une logique de la maison dans la nature.
00:14:22 Donc, ce qui explique aussi toute cette étendue
00:14:24 de la ville, qui est en fait gigantesque.
00:14:27 Donc voilà, ça, c'est ce qu'on a
00:14:29 de la ville aujourd'hui.
00:14:31 C'est ce qu'on pense de Los Angeles.
00:14:34 Mais, dans Blade Runner, on n'est pas là-dessus.
00:14:37 Maintenant, ce qui va être intéressant,
00:14:40 c'est de voir pourquoi, d'une certaine manière,
00:14:42 Ridley Scott a choisi de placer le récit
00:14:46 dans la ville de Los Angeles.
00:14:48 Et on va voir qu'en fait, je pense
00:14:50 que ça a été mûrement réfléchi.
00:14:52 Donc, on va d'abord parler
00:14:56 de ce qui est un petit peu évident.
00:14:58 Je pense que vous le savez, Blade Runner
00:15:00 a donné naissance, en tout cas pour son aspect visuel,
00:15:04 à ce qu'on imagine du cyberpunk en général.
00:15:08 Le genre cyberpunk, qui ne sait pas
00:15:10 ce qu'est le cyberpunk, peut-être ?
00:15:12 Ok. Le cyberpunk, c'est un sous-genre
00:15:15 de la science-fiction. C'est un genre
00:15:17 dans lequel on va explorer...
00:15:21 C'est un genre profondément dystopique
00:15:24 où on va explorer la déshumanisation
00:15:26 de la société au sens large.
00:15:28 C'est-à-dire que la société va être contrôlée
00:15:30 par... Les États-nations se sont effondrées,
00:15:32 en général, ou leur pouvoir est minimisé.
00:15:35 C'est les grands conglomérats capitalistiques
00:15:37 qui dominent le monde. L'humain n'est plus
00:15:39 qu'un rouage dans la machine, on va dire.
00:15:42 Souvent, on est aussi dans une notion
00:15:45 de destruction de notre environnement.
00:15:50 On va y ajouter tout l'aspect cyber,
00:15:54 c'est-à-dire les intelligences artificielles,
00:15:56 les univers, les mondes virtuels, pardon.
00:16:00 Et aussi la cybernétisation des corps,
00:16:03 c'est-à-dire avec les augmentations
00:16:05 cybernétiques, des choses comme ça.
00:16:07 C'est un petit peu toute cette partie-là
00:16:09 de la science-fiction qu'on résume
00:16:11 dans le cyberpunk.
00:16:12 - Au Japon, après, il y a des choses
00:16:14 comme Akira, par exemple, ou Tetsuo,
00:16:16 qui ressort d'ailleurs en ce moment.
00:16:18 - Exactement.
00:16:19 - Tsukamoto qui vont accomplir du côté
00:16:21 japonais, en tout cas, cet aspect cyberpunk.
00:16:24 - Exactement. Il y a cet autre film
00:16:26 japonais en noir et blanc complètement fou.
00:16:29 Je suis sûr que quelqu'un dans le public, là...
00:16:32 Tetsuo ! Tu l'as dit !
00:16:33 - Oui, Tetsuo.
00:16:34 - Je pensais que tu parlais du Tetsuo d'Akira.
00:16:36 - Ah, du Tetsuo d'Akira,
00:16:37 le personnage en or de Tsukamoto.
00:16:39 - Oui, tu as tout à fait raison.
00:16:41 Du coup, voilà.
00:16:44 Donc ça, c'est le cyberpunk.
00:16:46 Et ce n'est pas Blade Runner
00:16:48 qui a donné naissance au genre.
00:16:50 Aujourd'hui, on dit plutôt
00:16:51 le neuromancien de Gibson.
00:16:53 Blade Runner ne fait pas partie
00:16:55 pleinement du genre parce que,
00:16:56 même s'il y a les réplicants
00:16:58 qui sont plus des humains...
00:17:00 On dit souvent "androïdes"
00:17:02 parce que ce ne sont pas des robots,
00:17:03 ce ne sont pas des clones,
00:17:04 ce sont des androïdes,
00:17:05 mais ce sont des êtres artificiels
00:17:06 qui imitent l'humain.
00:17:07 Donc on est sur une forme
00:17:08 d'intelligence artificielle,
00:17:09 mais on n'est pas dans les mêmes réflexions
00:17:11 que ce que le cyberpunk apporte
00:17:12 là-dessus en général.
00:17:13 Et puis, il n'y a pas de monde virtuel,
00:17:14 il n'y a pas ces aspects-là.
00:17:16 Donc, on est plus sur l'aspect visuel
00:17:18 du cyberpunk.
00:17:19 C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
00:17:20 si le cyberpunk, c'est perpétuellement...
00:17:23 Enfin, "perpétuellement", non.
00:17:25 Il y a des contre-exemples.
00:17:26 Mais je veux dire, en général,
00:17:27 c'est des grandes sociétés,
00:17:28 enfin des grandes villes,
00:17:30 des grandes mégalopoles polluées
00:17:31 avec des voitures volantes
00:17:33 et des buildings gigantesques,
00:17:36 c'est du fait de Blade Runner.
00:17:39 En tout cas, auprès du grand public,
00:17:41 parce que, et je suis sûr que là,
00:17:42 tu allais enchaîner,
00:17:43 Blade Runner s'est aussi inspiré
00:17:45 d'autres travaux qui ont été faits avant.
00:17:46 N'est-ce pas, Fabien ?
00:17:48 - Oui, mais on peut...
00:17:49 Non, mais après, on peut parler
00:17:51 notamment de travaux de BD.
00:17:53 - Oui, ben oui.
00:17:54 - Mais oui, de Möbius.
00:17:55 Chaque fois, j'ai envie de dire
00:17:56 "the long goodbye",
00:17:57 parce qu'on en a parlé ici.
00:17:58 C'est l'adaptation de Chandler,
00:18:00 mais c'est très lié,
00:18:01 mais c'est "the long tomorrow" de Möbius,
00:18:03 dont Ridley Scott avait aussi
00:18:04 un projet d'adaptation à l'époque
00:18:06 où il prépare Blade Runner.
00:18:09 Donc voilà, donc Möbius,
00:18:11 c'est vraiment l'une des sources d'inspiration
00:18:13 d'un Ridley Scott
00:18:14 qui est en plus quelqu'un
00:18:15 qui vient de la publicité,
00:18:17 qui vient vraiment d'un univers visuel,
00:18:18 et c'est vraiment ce qu'il apporte.
00:18:20 Dire que c'est aussi son troisième film,
00:18:21 c'est uniquement son troisième film.
00:18:23 Après "Duellist" et "Alien",
00:18:24 et là, il nous fait "Blade Runner",
00:18:26 donc c'était assez imposant.
00:18:28 Donc voilà,
00:18:29 est-ce que tu veux dire un petit mot
00:18:30 de cet aspect BD ou...
00:18:32 - Non, ben t'as tout dit,
00:18:33 à part cet aspect influence.
00:18:36 Non, ben, vous le savez,
00:18:38 Möbius, Jodorowsky,
00:18:40 tous les gens de cette époque-là
00:18:42 ont fortement imprimé leur marque
00:18:44 sur la science-fiction mondiale,
00:18:46 avec le magazine "Metal Hurlant" aussi.
00:18:48 Il y a...
00:18:50 À tel point qu'aujourd'hui,
00:18:52 c'est même difficile de voir
00:18:53 qui a influencé qui, etc.
00:18:55 Je crois savoir, d'ailleurs,
00:18:56 pour ceux qui ont vu Jodorowsky's "Dune",
00:18:58 donc le documentaire sur...
00:19:00 Je crois qu'il affirme, d'ailleurs,
00:19:01 que son travail sur ce film
00:19:03 a fortement influencé "Blade Runner" derrière,
00:19:05 et même "Alien" et tous les films
00:19:07 qui ont été faits à cette époque-là.
00:19:08 Il y a un comparatif à la fin du documentaire
00:19:10 où on voit les travaux graphiques
00:19:11 qu'ils avaient faits pour le "Dune"
00:19:13 que Jodorowsky devait faire,
00:19:14 et des films par ailleurs qui ont...
00:19:17 Enfin, des exemples dans des films
00:19:19 qui sont sortis après.
00:19:20 C'est vrai que c'est assez étonnant.
00:19:22 Donc voilà, il y a eu toute cette école
00:19:23 qui a profondément marqué
00:19:25 la science-fiction internationale.
00:19:28 C'est français, mesdames et messieurs.
00:19:30 - Il y a un petit mot...
00:19:31 Oui, oui, c'est français.
00:19:32 - C'est francophone, en tout cas, avec Jodorowsky.
00:19:34 - Et c'est adapté de Philippe Kadic.
00:19:36 - Oui.
00:19:37 - Mais même si ça s'éloigne grandement,
00:19:39 il a plus ou moins validé le scénario.
00:19:41 Il n'a pas vu le film.
00:19:42 Je crois qu'il est mort juste avant.
00:19:43 - Il est mort juste avant.
00:19:45 Mais je crois qu'il avait vu quelques extraits,
00:19:47 et je crois qu'ils étaient un peu en bisbille
00:19:49 parce qu'il avait trouvé que...
00:19:51 Qui a lu "Les moutons électriques"?
00:19:53 Le film est quand même très différent.
00:19:56 Il y a des thématiques qui sont un peu oubliées,
00:19:58 notamment la religion.
00:19:59 Moi, je l'ai lu il y a longtemps.
00:20:00 Il faudrait que je la relise.
00:20:01 Je l'ai lu, je crois, il y a...
00:20:02 Ah, quand j'avais 11 ans.
00:20:03 Donc ça commence à faire 302 ans.
00:20:06 Il y a toute une question sur la religion, etc., etc.,
00:20:10 qui n'est pas trop, ou très peu,
00:20:12 ou en tout cas en sous-texte,
00:20:13 traité dans le film.
00:20:14 Donc je crois savoir qu'il n'était pas très content,
00:20:17 à la base, sur ce qu'allait être le film.
00:20:20 Alors je ne sais pas si c'est vrai,
00:20:22 mais j'avais lu un témoignage qui disait
00:20:23 qu'il avait vu, avant de mourir,
00:20:25 quelques extraits et qu'il avait trouvé ça génial.
00:20:27 Est-ce que c'est du marketing?
00:20:28 Est-ce que... Je ne sais pas.
00:20:29 Mais je l'ai lu, en tout cas.
00:20:31 Tu veux l'enchaîner ou... ?
00:20:32 - On va l'enchaîner, je pense.
00:20:33 - Ça va, ça va, très bien, très bien.
00:20:34 OK, super.
00:20:35 Donc, voilà, on a défini un petit peu le cyberpunk,
00:20:38 et on va voir en quoi "Blade Runner"
00:20:42 nous montre exactement ce qu'est le cyberpunk
00:20:45 avec un autre extrait.
00:20:47 Je suis très content de cette...
00:20:49 - De cette fonction.
00:20:51 - OK.
00:20:52 - Tu peux baisser un petit peu, Quentin?
00:20:54 - Avec, du coup, évidemment, le début du film.
00:20:59 (bruit de l'espace)
00:21:02 (bruit d'espace)
00:21:08 (bruit d'espace)
00:21:14 (bruit d'espace)
00:21:27 (bruit d'espace)
00:21:56 (bruit d'espace)
00:21:59 - Merci, Quentin.
00:22:13 OK.
00:22:14 Bon, là, ça nous présente le lieu, quoi.
00:22:17 Los Angeles, 2019.
00:22:19 On est très loin de ce qu'on a pu définir par le passé.
00:22:22 Enfin, juste auparavant.
00:22:23 Bon, après, on est de nuit.
00:22:25 Mais on comprend que c'est pas fameux, quoi.
00:22:28 Franchement, comme je dis, ces putains de flammes,
00:22:30 moi, j'ai trouvé ça génial.
00:22:31 Alors, il faut savoir, du coup, c'est lié au fait
00:22:33 que ma cassette était usée.
00:22:34 Là, on comprend bien que c'est des usines, je trouve.
00:22:37 Enfin, bon, pas là, sur ce plan, mais...
00:22:39 (musique)
00:22:40 Quand ça s'illumine à vent, quand elle crame...
00:22:43 (bruit de l'espace)
00:22:46 Voilà, vous voyez, quand elles font les flammes,
00:22:49 on voit que c'est une usine.
00:22:50 Mais moi, quand j'étais gosse, j'étais persuadé
00:22:52 que les flammes sortaient des immeubles d'habitation
00:22:54 des gens.
00:22:55 Et je trouvais ça génial.
00:22:56 - Un gros cheminé, alors.
00:22:57 - Ah ouais, mais...
00:22:58 - Un très gros cheminé.
00:22:59 - Je trouvais ça dystopique, c'est-à-dire que le monde
00:23:00 est tellement horrible qu'il y a des flammes
00:23:02 qui sortent de ton immeuble.
00:23:04 (rires)
00:23:05 Je trouvais ça génial.
00:23:06 J'étais persuadé que les gens vivaient dans des immeubles
00:23:08 qui, je sais pas, évacuaient le trop plein de chaleur
00:23:10 en faisant des flammes de 40 mètres.
00:23:12 Enfin, je sais pas.
00:23:13 - Quelle déception, alors, dans un...
00:23:14 - Eh ben, un peu.
00:23:15 Un peu.
00:23:16 Alors, après, le message reste là.
00:23:18 C'est-à-dire qu'on voit qu'au sein même de la ville...
00:23:20 Parce que qu'est-ce qu'on nous montre, là ?
00:23:22 C'est le premier aspect cyberpunk du film.
00:23:26 C'est la pollution, au sens large.
00:23:28 C'est-à-dire la destruction totale de notre environnement.
00:23:30 C'est-à-dire, là, on est sur...
00:23:32 Enfin, je veux dire, je suis pas trop sûr du bilan carbone
00:23:35 de cette production.
00:23:37 D'ailleurs, on ne sait même pas à quoi ça sert.
00:23:39 Ça fait juste des flammes.
00:23:40 Si ça se trouve, c'est juste fait pour ça, d'ailleurs.
00:23:42 J'aime cette idée.
00:23:43 Mais, du coup, il y a vraiment, dès le plan
00:23:47 d'intro du film, on comprend qu'on est dans un monde
00:23:50 qui est terrifiant, d'une certaine manière.
00:23:53 Tu voulais dire un truc ?
00:23:54 - Non, non, c'était juste...
00:23:55 Peut-être que tu allais le faire.
00:23:56 C'est de rendre hommage à Douglas Trumbull,
00:23:58 qui est le concepteur des effets spéciaux
00:24:01 et plus que des effets spéciaux, de toute cette maquette.
00:24:04 Je crois que c'est ce qu'avait vu Philip K. Dick, d'abord.
00:24:06 C'est ce genre de plan.
00:24:08 Douglas Trumbull, d'ailleurs, qui est mort il y a 2 ou 3 ans
00:24:12 et qui a fait les effets de 2001, le Cès de l'espace
00:24:15 ou le Rencontre du 3ème type, qui avait travaillé
00:24:18 ensuite avec Ang Lee.
00:24:19 Ridley Scott s'appuyait vraiment aussi sur les talents nombreux,
00:24:23 notamment celui de Trumbull, qui a conçu ce Los Angeles.
00:24:28 - Oui, clairement.
00:24:29 Non, mais d'une manière générale, de toute façon,
00:24:31 tout chef-d'oeuvre vient d'une multitude de talents.
00:24:34 Même sur Alien, il y a Tano Bannon et Giger, évidemment.
00:24:39 On ne peut pas donner que crédit aux réalisateurs.
00:24:42 C'est vrai qu'aujourd'hui, je me rends compte,
00:24:45 on met beaucoup l'accent sur les réalisateurs,
00:24:47 parce qu'effectivement, c'est lui qui chapote un peu le truc.
00:24:49 Mais c'est vrai que c'est bien de parler aussi des autres postes,
00:24:51 parce que tout projet est un syncrétisme de talent.
00:24:56 Mais tu as raison de le citer.
00:24:58 Je vais te noter un autre plan, je ne sais plus pourquoi.
00:25:00 C'est quoi le plan d'après que je me suis noté ?
00:25:03 Parce qu'on me parle de pollution, je me suis noté ça.
00:25:06 Qu'est-ce que c'est ?
00:25:07 Ah non, c'est pour après, oui.
00:25:09 Donc, excusez-moi.
00:25:10 Enfin, c'est pour maintenant, mais je voulais revenir sur...
00:25:13 Du coup, on y retourne.
00:25:15 - C'est pour le plaisir d'utiliser la fonction.
00:25:17 - C'est ça, exactement.
00:25:19 Je suis très fier de ça.
00:25:20 Non, tu peux laisser la lumière.
00:25:22 Donc, attendez, j'y retourne.
00:25:24 Donc, voilà.
00:25:25 Cette vue de Los Angeles, est-ce qu'elle vous dit quelque chose ?
00:25:28 - C'est le début de Blade Runner.
00:25:32 - Pardon ?
00:25:35 Ouais.
00:25:38 Ouais, non mais je parle vraiment de la ville, présentée comme ça.
00:25:43 Ouais, ouais.
00:25:48 Non, mais je parle, en fait, c'est juste que c'est une vue qu'on voit...
00:25:51 En tout cas, moi, la première fois que je l'ai vue,
00:25:53 ça m'a fait penser à une vue qu'on voit très souvent...
00:25:56 de Los Angeles.
00:25:59 C'est cette vue-là, qu'on a de l'Observatoire, près de Griffith Park.
00:26:02 Alors, souvent, on la voit sans le downtown, sans les immeubles.
00:26:06 Vous voyez, c'est un peu là où les amoureux viennent en voiture,
00:26:09 au bord de la falaise, et voient la ville de Los Angeles, dans plein de films.
00:26:12 J'ai même pu...
00:26:13 - Je crois que la fureur de vivre, il y a des choses...
00:26:15 - Voilà, exactement.
00:26:16 Et en fait, c'est un peu l'image idyllique de Los Angeles.
00:26:19 Moi, c'est-à-dire, la première fois que j'ai vu ce plan,
00:26:21 j'ai pensé à ça, tout de suite.
00:26:23 Et je pense que c'est pas anodin.
00:26:25 Alors, c'est peut-être que moi, pour le coup,
00:26:27 et j'ai un peu fait des recherches, et je vois pas,
00:26:29 Bradley Scott n'en parle pas,
00:26:30 mais je pense que c'est pas anodin de se dire
00:26:32 qu'il a choisi un peu ce plan idyllique,
00:26:35 très romantique de Los Angeles,
00:26:37 qu'on voit d'habitude,
00:26:39 pour le réutiliser tout de suite en ouverture de ce film,
00:26:41 mais y ajouter ces putains de flammes,
00:26:43 et des voitures volantes,
00:26:44 et puis les pyramides Tyrell qui...
00:26:46 qui, voilà, qui imposent autre chose.
00:26:49 Donc, je pense que c'est, en termes de mise en scène,
00:26:51 une volonté vraiment de détruire,
00:26:53 dès le premier plan,
00:26:54 outre l'aspect pollué, etc.
00:26:57 Vraiment, on prend une image romantique de la chose,
00:26:59 et on la dévoie complètement.
00:27:01 Voilà, je sais pas si t'es d'accord.
00:27:02 - Ah bah si, oui, oui, complètement.
00:27:04 - Et du coup, ça m'a fait penser à...
00:27:06 Du coup, je retourne au plan que je vous ai montré avant.
00:27:09 Donc c'était 2216, hop.
00:27:12 Tac.
00:27:14 Excusez-moi, c'est un peu fastidieux,
00:27:15 mais on y arrive.
00:27:16 Hop.
00:27:17 J'y...
00:27:18 T'es pas obligé de baisser le son, là, Quentin.
00:27:20 Hop.
00:27:21 Donc, vous savez, dans Blade Runner,
00:27:23 y a Sid et Rijab qui vous invitent, donc,
00:27:25 à aller...
00:27:26 à partir dans les colonies de l'espace,
00:27:28 puisque on apprend dans l'univers de Blade Runner
00:27:30 qu'on ne reste sur Terre que les gens...
00:27:33 bah les pro-l'éther, grosso modo,
00:27:36 et que les gens riches ou qui méritent,
00:27:38 d'une quelconque manière,
00:27:39 vont dans les colonies de l'espace.
00:27:41 Et vous voyez, ce plan dans le dirigeable,
00:27:44 je trouve qu'il ressemble énormément
00:27:46 à ce plan idyllique de...
00:27:48 que je viens de vous montrer de Los Angeles,
00:27:50 avec ses longues années, etc.
00:27:52 Et pareil, c'est marrant, parce que
00:27:54 quand j'étais petit,
00:27:56 le terme "off-world",
00:27:58 je ne l'avais pas interprété comme
00:28:00 les mondes extérieurs,
00:28:01 enfin, voilà, comme c'est traduit là,
00:28:02 c'est-à-dire aller en dehors de la Terre,
00:28:04 je l'avais compris comme une espèce de message
00:28:06 de propaganda de "le monde est fini".
00:28:09 Vous voyez ?
00:28:10 Et je pensais que ça montrait le plan du début
00:28:12 de Blade Runner,
00:28:13 le plan du début de Los Angeles.
00:28:14 Parce que, bon, là, on peut...
00:28:16 on peut pas...
00:28:17 Je trouve que le plan n'est pas assez parlant
00:28:19 pour dire que...
00:28:20 - Sur une VHS, en plus...
00:28:21 - Ouais, en plus.
00:28:22 Mais le plan n'est pas assez parlant
00:28:23 pour montrer que les planètes extérieures
00:28:25 sont forcément géniales, quoi.
00:28:27 Par contre, ça présente un peu
00:28:29 cette vision romantique de Los Angeles
00:28:31 que je vous ai montrée auparavant.
00:28:33 Donc, par mon erreur,
00:28:35 j'ai quand même fait le lien entre les deux.
00:28:37 Et voilà, bon, là, c'est mon interprétation
00:28:39 et chacun est libre de penser ce qu'il veut,
00:28:41 mais je trouvais ça intéressant de vous le montrer.
00:28:43 Puis après, il y a l'autre aspect
00:28:45 très cyberpunkien,
00:28:47 j'ai envie de dire,
00:28:49 qui est purement visuel.
00:28:52 Ce sont les néons, évidemment.
00:28:56 (bruits de la rue)
00:29:00 (bruits de la rue)
00:29:03 (bruits de la rue)
00:29:06 (bruits de la rue)
00:29:22 - Réjoins-la.
00:29:27 (bruits de la rue)
00:29:30 (bruits de la rue)
00:29:33 (bruits de la rue)
00:29:37 (bruits de la rue)
00:29:44 (bruits de la rue)
00:29:47 - Merci, Quentin.
00:29:51 Donc voilà, le néon,
00:29:53 symbole des années 80, évidemment.
00:29:55 Et donc, à cette époque-là,
00:29:57 on imagine un univers du cyberpunk,
00:29:59 où on peut mettre de la couleur dans le noir,
00:30:01 et en fait, ce rapport entre le sombre
00:30:04 et le très coloré, mais en même temps punchy,
00:30:07 et moi je trouve les néons,
00:30:09 que c'est toujours un peu froid aussi.
00:30:11 Je trouve que c'est une super idée,
00:30:13 de direction artistique,
00:30:15 mais ça a profondément marqué,
00:30:17 au-delà du cyberpunk, la science-fiction en général,
00:30:19 puisque celles et ceux qui ont peut-être vu
00:30:21 mon épisode sur les gadgets inutiles
00:30:25 de la science-fiction,
00:30:27 c'est que je trouve que souvent en science-fiction,
00:30:29 quand on veut faire futuriste,
00:30:31 on met des néons à des trucs qui n'ont pas de néons,
00:30:33 et on met des lasers à des trucs qui n'ont pas besoin de lasers.
00:30:35 Et là, c'est exactement la même chose avec les parapluies,
00:30:38 on a donc des parapluies lasers néons.
00:30:41 Alors, bon...
00:30:43 - Ça peut être utile dans le noir,
00:30:45 - Ça peut être utile dans le noir,
00:30:47 mais bon, sincèrement, à la limite,
00:30:49 si ça te réchauffe, peut-être.
00:30:51 Mais pareil, bilan carbone du machin,
00:30:53 j'en sais rien.
00:30:55 Donc, je trouve ça génial,
00:30:57 parce que c'est une pure idée de science-fiction.
00:30:59 C'est-à-dire, allez, on met des lasers sur les trucs.
00:31:01 J'ai un jeu en ce moment avec des potes,
00:31:03 puisqu'on est en 2023, là, en ce moment,
00:31:05 mais que c'est pas du tout ce qu'on m'avait vendu à l'époque,
00:31:08 c'est de trouver des exemples nuls cyberpunk de notre époque.
00:31:12 L'autre jour, j'ai vu quelqu'un balader son chien,
00:31:14 et la laisse, elle avait des putains de néons dessus.
00:31:17 C'était une laisse néon avec des LEDs,
00:31:19 et je suis là, "Waouh, c'est cyberpunk, mon gars !"
00:31:21 On m'avait dit des voitures volantes, des sabres lasers,
00:31:23 des overboards, des laisse lasers, mon gars.
00:31:26 Des laisse avec des LEDs.
00:31:28 Et en fait, vous jouez à ce jeu, vous vous rendez compte
00:31:30 qu'on a des petits trucs cyberpunk partout.
00:31:32 Ça, d'une certaine manière, c'est cyberpunk.
00:31:34 Ça n'a pas de néons, c'est dommage.
00:31:36 Mais, vous voyez, il y a plein de petits trucs comme ça,
00:31:38 qui, en fait, ça crée tout un imaginaire.
00:31:40 Ça crée tout un imaginaire, on s'imagine le futur d'une certaine manière,
00:31:43 et on se rend compte, là, aujourd'hui,
00:31:45 qu'on n'est pas du tout là-dessus,
00:31:47 même si les années 80 reviennent en force,
00:31:49 il y a un peu cette esthétique qui est revenue ces dernières années,
00:31:52 mais là, on met les potes à raffond, tout simplement.
00:31:55 Est-ce que tu as aimé les néonter ?
00:31:56 T'es né en quelle année, Fabien ?
00:31:58 - Oh là là, non, je suis né avant les néons.
00:32:00 - Ah là là.
00:32:02 - Et avant le film.
00:32:03 - Et avant le film, oh...
00:32:05 - Pardon, tant que t'es né avant Chernobyl, ça...
00:32:08 - Mais en même temps, ce premier plan,
00:32:11 puisqu'il me ramène à mon enfance,
00:32:13 mais moi, anecdote personnelle,
00:32:15 comme vous tous, peut-être, moi, j'habitais un village,
00:32:18 oh là là, on est dans la séance,
00:32:20 près de Damien, que vous connaissez peut-être,
00:32:22 grâce à notre cher président.
00:32:24 Et donc, quand j'arrivais dans la grande ville,
00:32:26 parce que j'habitais dans un petit village,
00:32:28 il y a une zone industrielle,
00:32:30 et il y a un moment, un effet,
00:32:32 on voyait cette zone industrielle la nuit,
00:32:34 et moi, c'était toujours Blade Runner que je voyais.
00:32:36 Ce premier plan, avec les fumées, les trucs comme ça.
00:32:38 C'est une anecdote qui n'est pas très intéressante,
00:32:40 mais je voulais la ramener,
00:32:42 parce que Blade Runner était dans ma vie aussi,
00:32:44 pour ces raisons-là.
00:32:46 - Non, mais moi, je trouve ça très intéressant,
00:32:48 ça veut dire que c'est un film qui a réussi à capter
00:32:50 une imagination, et à toucher les gens
00:32:52 sur des choses très personnelles, je pense.
00:32:54 Et c'est ça qui fait les grands films,
00:32:56 c'est ça qu'on a moins aujourd'hui,
00:32:58 je trouve, personnellement.
00:33:00 Mais après, c'est la question que je pose.
00:33:02 - Je pense que Barbie va faire cet effet.
00:33:04 - Ah, tu crois ? Je sais pas.
00:33:06 Après, on est sur des êtres en plastique.
00:33:08 En tout cas, des êtres artificiels.
00:33:10 Non, mais...
00:33:12 Après, le débat,
00:33:14 c'est aussi, est-ce que c'est pas l'âge qui fait ça ?
00:33:16 Est-ce que quand on est jeune,
00:33:18 ces choses-là ne prennent pas une portée plus profonde ?
00:33:20 - Cela dit, je pense que tu vas peut-être l'évoquer
00:33:22 à travers le décor, etc.
00:33:24 Mais ce qu'on voit déjà ici,
00:33:26 notamment, là, c'est la première apparition
00:33:28 de Descartes, c'est ce qu'on pourrait appeler
00:33:30 ce rétro-futur.
00:33:32 C'est-à-dire que l'intelligence, c'était aussi
00:33:34 de Ridley Scott, etc., c'était de filmer
00:33:36 des choses déjà vieillies, déjà usées,
00:33:38 et de jouer avec ce côté film noir,
00:33:40 etc. Mais c'est pas une vision...
00:33:42 La dystopie passe par le côté...
00:33:44 Tout ça a déjà vécu, en fait.
00:33:46 Il y a des références avec des objets
00:33:48 très anciens, déjà.
00:33:50 - Effectivement, on en parle après,
00:33:52 mais juste pour quand même rebondir,
00:33:54 c'est un procès qu'on fait souvent à la vieille science-fiction,
00:33:56 vous savez, les vieux Star Wars avec des gros boutons,
00:33:58 etc. Alors qu'effectivement,
00:34:00 aujourd'hui,
00:34:02 on a des choses plus ergonomiques, plus...
00:34:04 Mais, en fait, c'est faire un faux procès
00:34:06 dans le sens où, je pense,
00:34:08 à moins d'aller sur quelque chose
00:34:10 de complètement altéré,
00:34:12 on n'arrive jamais à réellement
00:34:14 deviner ce que va devenir le futur,
00:34:16 en fait. C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
00:34:18 on part plus sur, vous voyez,
00:34:20 des hologrammes ou des écrans
00:34:22 transparents, des choses comme ça.
00:34:24 Sauf qu'en fait, quand on y réfléchit... Je parle en science-fiction.
00:34:26 Sauf qu'en fait, quand on y réfléchit,
00:34:28 un écran transparent, c'est complètement débile.
00:34:30 On voit pas bien. C'est-à-dire, si vous voulez
00:34:32 regarder votre film sur votre écran transparent, vous êtes là,
00:34:34 "En fait, il faut que je me mette dans le noir complet et..."
00:34:36 Vous voyez, au final,
00:34:38 ça, c'est vachement mieux. C'est pas transparent.
00:34:40 Vous pouvez vraiment bien voir votre film, par exemple.
00:34:42 Et typiquement, c'est là où je parle des fois
00:34:44 de gadgets inutiles, d'idées idiotes
00:34:46 de la science-fiction. C'est qu'elle veut pousser
00:34:48 le truc jusqu'au bout, trouver
00:34:50 le truc cool ou qui a l'air cool,
00:34:52 et des fois, elle se trompe complètement.
00:34:54 Et typiquement, dans Blade Runner,
00:34:56 bon, ben voilà, ils se sont pas dit...
00:34:58 Alors, dans le premier, il y a pas d'hologramme.
00:35:00 On n'est pas là-dessus. Je pense qu'effectivement,
00:35:02 ça porte un propos sur ce côté rétro,
00:35:04 et donc on va en parler. Mais, mine de rien,
00:35:06 il y a pas vraiment cette volonté
00:35:08 d'aller dans ce type de science-fiction-là.
00:35:10 Mais même quand la science-fiction,
00:35:12 elle fait un peu cet effort, moi, je pense qu'elle se trompe
00:35:14 un peu perpétuellement. Je pense que
00:35:16 vraiment, aujourd'hui, si on veut
00:35:18 imaginer un futur lointain,
00:35:20 et la technologie, comment elle va évoluer,
00:35:22 j'ai envie de dire, naturellement, qu'il faut aller plutôt du côté
00:35:24 de la biomécanique. Tu vois,
00:35:26 des appareils qui seraient
00:35:28 mi-biologique, mi-mécanique,
00:35:30 et en accord aussi, peut-être,
00:35:32 quelque chose de plus écologique, etc.
00:35:34 Mais vous voyez, j'ai peut-être complètement tort.
00:35:36 - C'est un peu comme le cas de Hannenberg, finalement.
00:35:38 - Oui, voilà, presque. Mais peut-être qu'on va pas du tout aller vers ça.
00:35:40 Mais c'est juste que moi, je me dis,
00:35:42 trouvons une altérité totale, quoi. Vraiment,
00:35:44 un truc complètement différent. Bon, c'est un autre débat,
00:35:46 on va pas développer.
00:35:48 Et ensuite, ce que nous montre un peu ce plan,
00:35:50 mais on va développer après, c'est aussi la forte
00:35:52 influence chinoise, en tout cas
00:35:54 dans les bas-fonds de la ville, et notamment
00:35:56 la cité de Kowloon,
00:35:58 qui était, vous avez certainement
00:36:00 déjà entendu parler de ce quartier de Hong Kong,
00:36:02 qui était le lieu où il y avait
00:36:04 la plus grande concentration démographique au monde
00:36:06 à une époque, qui a été rasée dans les années
00:36:08 90, je crois.
00:36:10 Mais voilà, on va y revenir après
00:36:12 sur cet aspect-là.
00:36:14 Et puis ensuite, tout simplement,
00:36:16 on en a un petit peu parlé, il y a évidemment
00:36:18 ce qu'on va appeler donc les...
00:36:20 les immeubles, ces immeubles
00:36:22 tentaculaires qu'on nous montre
00:36:24 tout au long du film.
00:36:26 Et donc je vais vous montrer mon plan préféré.
00:36:28 Celles et ceux qui connaissent bien la chaîne le savent.
00:36:30 Tu peux...
00:36:32 te busser. Ça va être court, mais...
00:37:00 Merci. Donc voilà, ça c'est mon plan
00:37:02 préféré du film.
00:37:04 - Du monde ? - Du monde... Peut-être pas,
00:37:06 je ne sais pas, peut-être. - Du film, c'est déjà...
00:37:08 - Du film en tout cas.
00:37:10 Parce que c'est un moment qui est calme.
00:37:12 Le plan ne sert à rien
00:37:14 au niveau de l'histoire. Le personnage
00:37:16 est en train de se boire un verre.
00:37:18 C'est un anti-héros, quoi. Le mec est déprimé,
00:37:20 alcoolique, et juste il regarde
00:37:22 par son balcon.
00:37:24 Et en fait, ce plan n'est fait que pour montrer
00:37:26 le lieu. Il n'est fait que pour montrer
00:37:28 Los Angeles, le cadre dans lequel
00:37:30 il vit. Et, bon, qu'est-ce qu'on voit ?
00:37:32 C'est qu'on voit qu'il vit dans un immeuble
00:37:34 parmi tant d'autres. Je trouve que la perspective
00:37:36 est incroyable. On ne voit même pas vraiment le fond.
00:37:38 C'est très haut.
00:37:40 Je crois qu'il dit 97ème étage
00:37:42 quand il est dans l'ascenseur.
00:37:44 Il dépend de 97ème étage.
00:37:46 T'as l'impression qu'il y en a encore au-dessus.
00:37:48 Et c'est juste un immeuble d'habitation.
00:37:50 Il n'est pas riche. On n'est même pas
00:37:52 sur un immeuble où les riches
00:37:54 vivent au-dessus des nuages, etc.
00:37:56 On voit la pollution.
00:37:58 On voit que, mine de rien, c'est pas mal vide.
00:38:00 Ce qui n'est pas le cas partout dans le film.
00:38:02 Et puis,
00:38:04 il y a cette architecture qui est
00:38:06 assez particulière, qui est vraiment
00:38:08 au carrefour
00:38:10 de différentes cultures.
00:38:12 Mais je vais explorer ça avec vous
00:38:14 un peu après, donc je ne vais pas
00:38:16 trop développer.
00:38:18 Mais on voit aussi une forme de chaos
00:38:20 dans l'ordre. Ça a l'air ordonné,
00:38:22 etc. Mais on sent que
00:38:24 c'est très sale en bas.
00:38:26 On sent que, quand je vous parlais
00:38:28 de cyberpunk et de la fin
00:38:30 des États-nations, en tout cas d'une forme
00:38:32 de communauté publique qui gère
00:38:34 la cité et qui gère la société,
00:38:36 on sent que là, on n'y est plus du tout.
00:38:38 Et ce plan, il est juste
00:38:40 incroyable, je trouve.
00:38:42 Il y a cet aspect labyrinthique.
00:38:44 Tout au long du film, on va voir aussi des immeubles
00:38:46 aux formes étranges. Des fois, quand ils sont
00:38:48 au sein des voitures volantes,
00:38:50 les plans s'attardent
00:38:52 des fois sur des immeubles dont on ne connaît
00:38:54 pas l'utilité. On ne sait pas à quoi ils servent,
00:38:56 mais ils sont tous biscornus, etc.
00:38:58 Il y a vraiment quelque chose d'intéressant. Et ça, c'est pour aller
00:39:00 un peu à l'encontre
00:39:02 aussi de l'autre élément important
00:39:04 du film qu'on va voir après,
00:39:06 qui sont les tours Tyrell.
00:39:08 La Tyrell Corporation, la société qui crée
00:39:10 les réplicants de Blade Runner,
00:39:12 qui est... ce n'est pas dit comme ça,
00:39:14 mais on comprend que c'est certainement
00:39:16 le Apple
00:39:18 Amazon d'aujourd'hui.
00:39:20 C'est la société la plus puissante
00:39:22 de ce monde-là.
00:39:24 Et là, par contre, les immeubles
00:39:26 sont extrêmement définis,
00:39:28 extrêmement beaux, d'une certaine manière.
00:39:30 Ils revêtent une forme de beauté
00:39:32 avec, en plus,
00:39:34 une forte inspiration
00:39:36 maya
00:39:38 sur les
00:39:40 bâtiments. Je vais vous montrer un petit extrait
00:39:42 d'un YouTuber
00:39:44 qui s'appelle Architecton.
00:39:46 Je ne sais pas si on dit "architecton" ou "architecton".
00:39:48 Je l'ai rencontré il y a quelques années au Film Festival.
00:39:50 Il est super et il a fait un épisode
00:39:52 sur Blade Runner et l'influence
00:39:54 maya dans Blade Runner. Je vais vous montrer
00:39:56 un court extrait. N'hésitez pas ensuite à vous abonner
00:39:58 à sa chaîne, c'est vachement bien ce qu'il fait.
00:40:00 Et comme ça, moi, j'aime
00:40:02 un petit peu aussi les autres créateurs.
00:40:04 - Abonnez-vous également à ma chaîne.
00:40:06 - Tu fais quoi ? - Non, je n'ai pas.
00:40:08 - Ah, d'accord.
00:40:10 - Oh, pardon !
00:40:16 Excusez-moi.
00:40:18 On n'avait pas réglé le son là-dessus.
00:40:20 Excusez-moi. J'espère qu'il n'y a pas eu de pub
00:40:22 qui va se lancer.
00:40:24 - ...de la Tyrell Corporation
00:40:26 évoque
00:40:28 les pyramides à gradins des civilisations
00:40:30 méso-américaines, comme la pyramide
00:40:32 de Gokulkan à Chichen Itza,
00:40:34 la pyramide toticale, ou encore la pyramide
00:40:36 du Soleil à Teotihuacan,
00:40:38 dans les régions actuelles du Mexique et du Guatemala.
00:40:40 Les civilisations
00:40:42 méso-américaines, comme celles des mayas,
00:40:44 ont une puissante force évocatrice,
00:40:46 même si elle relève pour beaucoup
00:40:48 de fantasmes, mêlés de craintes et de fascinations,
00:40:50 d'archaïsme et de sophistication.
00:40:52 Une civilisation
00:40:54 millénaire, noyée dans la jungle,
00:40:56 une astronomie et une mathématiques très avancées,
00:40:58 une architecture monumentale
00:41:00 à la fois archaïque et délicate.
00:41:02 Mais une société esclavagiste,
00:41:04 une technologie de l'âge
00:41:06 de pierre, des rites sanglants
00:41:08 incluant torture et sacrifice humain.
00:41:10 Et ce sont
00:41:12 ces paradoxes entre fascination
00:41:14 et répulsion que le film
00:41:16 invoque quand il emprunte à l'architecture précolombienne.
00:41:18 Parlons-en un peu
00:41:20 de celle-ci. Vous ne voyez pas pourquoi ?
00:41:22 Moi, si.
00:41:24 Sans doute du fait du terrain
00:41:26 accidenté, les mayas n'utilisaient pas
00:41:28 la roue et transportaient à d'autres hommes
00:41:30 les pierres de construction de la carrière
00:41:32 au chantier.
00:41:34 Mais c'était donc de petites tailles et de formes
00:41:36 cubiques. Ils ne produisaient
00:41:38 pas non plus d'outils en fer, c'est
00:41:40 pourquoi ils employaient du calcaire de construction
00:41:42 suffisamment tendre pour être sculptés avec
00:41:44 des outils en pierre plus durs, comme de
00:41:46 l'obsidienne. La pierre
00:41:48 était donc une ressource précieuse.
00:41:50 C'est pourquoi les mayas recyclaient
00:41:52 et remaniaient beaucoup leurs monuments.
00:41:54 Ils construisaient en gigogne,
00:41:56 c'est-à-dire qu'ils amplifiaient l'enlourage ancien
00:41:58 par l'ajout de niveaux successifs
00:42:00 et d'accolements de volume.
00:42:02 J'espère que vous vous souvenez
00:42:04 comment on couvre un espace avec des cailloux.
00:42:06 J'en ai déjà parlé plusieurs fois.
00:42:08 Quand on a des gros cailloux,
00:42:10 on peut employer le système de pilier lento,
00:42:12 c'est-à-dire poser des pierres massives
00:42:14 verticales soutenant des pierres
00:42:16 massives horizontales.
00:42:18 C'est comme ça que fonctionnent les temples grecs, par exemple.
00:42:20 Quand on a des petits cailloux,
00:42:22 on peut les faire s'appuyer les uns
00:42:24 sur les autres pour franchir de plus
00:42:26 grandes portées. C'est le système
00:42:28 de l'arc et de la voûte.
00:42:30 Les mayas, ils n'avaient pas
00:42:32 de gros cailloux et ils n'avaient pas inventé l'arc
00:42:34 et la voûte non plus. C'est ballot.
00:42:36 Par contre, ils avaient un genre de
00:42:38 mortier à la chaude pour coller les cailloux
00:42:40 entre eux. Du coup, il ne leur restait
00:42:42 plus qu'une technique très archaïque.
00:42:44 C'est ce qu'on appelle la fausse voûte.
00:42:46 Depuis, deux murs opposés,
00:42:48 les nations mayas superposent
00:42:50 chaque strate de pierre liée au mortier
00:42:52 en s'avançant légèrement sur le vide
00:42:54 par rapport à la précédente.
00:42:56 Les deux côtés finissent par se rejoindre
00:42:58 et s'appuyer l'un contre l'autre
00:43:00 en formant un genre de fausse voûte
00:43:02 haute et triangulaire.
00:43:04 Mais cette technique ne permet pas de créer
00:43:06 de larges ouvertures et mobilise
00:43:08 d'énormes quantités de pierres
00:43:10 tant pour la voûte massive que pour les murs
00:43:12 qui la supportent. Fatalement,
00:43:14 la maçonnerie est aussi épaisse
00:43:16 que les portées sont étroites
00:43:18 et les intérieurs sont sombres et l'exigus.
00:43:20 Pour alléger visuellement
00:43:22 cette architecture massive, les mayas sculptaient
00:43:24 leur façade haute et aveugle.
00:43:26 Ils exprimaient tout leur art
00:43:28 en élaborant des frises géométriques
00:43:30 et des sculptures figuratives extraordinaires
00:43:32 comme ce bas-relief sur un palais
00:43:34 de la cité d'Oxnard.
00:43:36 Et si vous êtes observateur, vous avez peut-être
00:43:38 compris pourquoi cette digression
00:43:40 soudaine sur l'architecture maya.
00:43:42 Parce que le pouvoir évocateur de cette architecture
00:43:44 à la fois archaïque et sophistiquée
00:43:46 est invoqué non seulement
00:43:48 par les pyramides de Tyrell mais également
00:43:50 par l'appartement de Descartes.
00:43:52 Bien joué, si vous l'aviez deviné.
00:43:54 Voilà. Donc, n'hésitez pas
00:43:58 à vous abonner, c'est super ce qu'il fait.
00:44:00 - C'est le cinéma et l'architecture, c'est toujours autour du cinéma ?
00:44:02 - Non, c'est l'architecture en général.
00:44:04 Il se trouve que des fois il va faire
00:44:06 ce genre d'émissions.
00:44:08 C'est vachement bien.
00:44:10 J'aime beaucoup.
00:44:12 Et il est super sympa en plus.
00:44:14 Donc, let's go. Architecton.
00:44:16 Ah, ben je suis pas abonné.
00:44:18 Wouah !
00:44:20 Eh ben faites-le maintenant.
00:44:22 Voilà.
00:44:24 Donc, il y a vraiment cette inspiration.
00:44:26 Il le dit dans la vidéo, c'est super.
00:44:28 C'est que...
00:44:30 On va y venir à l'appartement de Descartes
00:44:34 où il y a aussi cette inspiration.
00:44:36 L'architecte c'est
00:44:38 Frank Lloyd Wright
00:44:40 qui était un très très grand architecte.
00:44:42 Et en fait il avait recherché
00:44:44 un style architectural.
00:44:46 Il voulait réinventer un petit peu l'architecture américaine.
00:44:48 Et du coup il s'est dit que
00:44:50 pour réinventer cette architecture
00:44:52 il faut aller absolument vers
00:44:54 un style qui est purement américain.
00:44:56 Et dans ce cas là,
00:44:58 c'est pas le style occidental qui s'est
00:45:00 importé en Amérique.
00:45:02 Mais en tout cas, il est allé chercher du coup
00:45:04 plutôt du côté des civilisations précolombiennes.
00:45:06 Et il a fait des villas assez incroyables.
00:45:08 Dont l'Ennis Villa.
00:45:10 Où a été tourné
00:45:14 l'appartement de Descartes
00:45:16 et qui a été utilisé dans plein d'autres films.
00:45:18 Si je dis pas de bêtises,
00:45:20 c'est le moment
00:45:22 de Patrice Brillon
00:45:24 qui est un youtubeur des années 70.
00:45:26 C'était le cinéma de minuit
00:45:28 sur France 1 à l'époque.
00:45:30 - Je vous dis Patrick Brillon, une chaîne YouTube.
00:45:32 - Avec une voix, je vais pas l'imiter.
00:45:34 Mais ce que je veux dire, c'est que
00:45:36 cet architecte, Frank Lloyd Wright,
00:45:38 il y a eu un film de King Vidor, "Le Rebelle"
00:45:40 qui s'est inspiré beaucoup de sa vie avec Gary Cooper.
00:45:42 C'est un très très beau film.
00:45:44 C'est une figure très marquante
00:45:46 en tout cas de la culture américaine
00:45:48 et du cinéma en particulier.
00:45:50 "Le Rebelle", King Vidor.
00:45:52 Et ensuite,
00:45:54 sur la ville d'Los Angeles,
00:45:56 on est aussi sur
00:45:58 des styles architecturaux qui se côtoient
00:46:00 et il y a une forme de mélange des genres
00:46:02 comme ça aussi.
00:46:04 On va regarder un petit extrait de nouveau.
00:46:06 "Lumière", s'il te plaît.
00:46:08 [Musique]
00:46:22 Ce qui définit aussi le cyberpunk.
00:46:24 Je rebaisse un petit peu
00:46:26 pour qu'on puisse bien voir.
00:46:28 On peut voir que se côtoient
00:46:30 différents styles architecturaux,
00:46:32 de l'ancien, du nouveau,
00:46:34 de la décrépitude
00:46:36 et du moderne.
00:46:38 Là on voit les grands
00:46:40 mégalithes, j'ai envie de dire presque,
00:46:42 en tout cas les mégalithes modernes
00:46:44 et illuminées
00:46:46 du monde futuriste.
00:46:48 Et on voit que se côtoient
00:46:50 avec le Bradbury Building
00:46:52 qui a...
00:46:54 Alors là, la façade n'est pas réelle
00:46:56 en tout cas il y a des rajouts.
00:46:58 Mais en tout cas c'est un immeuble qui existe à Los Angeles
00:47:00 et que vous pouvez visiter.
00:47:02 Et du coup, on peut voir non seulement que l'ancien
00:47:04 est nouveau, mais sur l'ancien
00:47:06 on ajoute du nouveau.
00:47:08 Vous voyez ces tubes,
00:47:10 les lampadaires
00:47:12 qui sont très futuristes, on va rajouter
00:47:14 des formes de néons futuristes,
00:47:16 les parcmètres qui sont bizarres.
00:47:18 Et puis ensuite, c'est vrai qu'on l'oublie,
00:47:20 les véhicules, on va y revenir,
00:47:22 des véhicules futuristes. Et ça aussi,
00:47:24 c'est tout l'aspect on va dire un peu post-moderne
00:47:26 de Blade Runner. Bon je ne suis pas un grand
00:47:28 spécialiste de post-modernisme mais
00:47:30 si j'ai bien compris ce qu'était le post-modernisme
00:47:32 quand je l'ai un peu étudié il y a quelques années,
00:47:34 c'est aller à l'encontre de ce qu'était
00:47:36 le modernisme, c'est-à-dire une espèce de confiance
00:47:38 en l'avenir et dans les technologies,
00:47:40 etc. Le post-modernisme c'est un peu
00:47:42 aller à l'encontre de toutes ces choses-là.
00:47:44 Et en fait, Blade Runner est post-moderne
00:47:46 mais il y a des gens qui critiquent cet aspect.
00:47:48 Mais en tout cas, on peut considérer Blade Runner comme une oeuvre post-moderne
00:47:50 puisqu'elle nous montre un monde
00:47:52 où la technologie
00:47:54 n'a pas apporté
00:47:56 le bien à l'humanité,
00:47:58 ne l'a pas aidée à s'émanciper
00:48:00 et surtout, on voit aussi que
00:48:02 on essaie de faire du neuf
00:48:04 avec du vieux, on laisse le vieux en décrépitude,
00:48:06 on n'est pas là pour
00:48:08 raser le modernisme d'une certaine manière.
00:48:10 Il y a des gens qui disent que le film n'est pas comme ça
00:48:12 parce que c'est juste une posture du film mais bon,
00:48:14 là c'est un autre sujet. Sauf si tu t'y connais
00:48:16 extrêmement bien en post-modernisme.
00:48:18 - Non, on ne va pas faire de... - Ok.
00:48:20 Mais du coup, ça c'est très intéressant,
00:48:22 moi j'aime beaucoup...
00:48:24 Oui, dis-moi.
00:48:26 ...
00:48:28 Parle un peu plus fort juste.
00:48:30 Ou donne l'huile dans ton micro.
00:48:32 - On remarque justement que les bâtiments
00:48:34 s'élèvent en V,
00:48:36 très maigre à la base
00:48:38 et s'élèvent et s'écartent.
00:48:40 Sur le programme précédent que vous avez montré
00:48:42 où on voit Harrison Ford
00:48:44 qui est en train de boire sur son espèce de balcon,
00:48:46 c'est quelque chose de...
00:48:48 Comment ça s'appelle ?
00:48:50 C'est un peu comme une dalle.
00:48:52 Comme à la Défense, tout ça,
00:48:54 c'est vu au bâtiment des années 70-80
00:48:56 qui sont ultra moches
00:48:58 et que tout le monde déteste
00:49:00 parce que c'est uniquement pratique que pour les voitures.
00:49:02 Et il y avait un espèce de plafond
00:49:04 à cette rue.
00:49:06 C'est assez...
00:49:08 Comme si pour montrer que
00:49:10 tout était inversé.
00:49:12 Dans les rues,
00:49:14 on voit le ciel,
00:49:16 c'est le principe du Norrut, c'est le sens communautaire.
00:49:18 Ici, on a l'impression,
00:49:20 comme pour envoyer un peu avec les mayas et les pyramides,
00:49:22 dont les pyramides mayas
00:49:24 servaient aussi un peu comme des tombs.
00:49:26 Je peux me tromper d'une autre civilisation.
00:49:28 - Il y en a aussi.
00:49:30 - Justement,
00:49:32 à ce côté de tombes,
00:49:34 d'enfermement des classes prolétaires
00:49:36 sur Terre.
00:49:38 Et ça me semblait
00:49:40 juste un bon point à montrer.
00:49:42 - Merci beaucoup.
00:49:44 Très bonne remarque. Parce qu'effectivement, sur le plan d'avant,
00:49:46 mon plan préféré, j'ai oublié de relever.
00:49:48 Alors, on voit même,
00:49:50 le plan est coupé par un plafond.
00:49:52 Je pense que c'est le plafond de son immeuble à lui qui coupe le plan.
00:49:54 Mais ça, avec ma VHS foutue,
00:49:56 et le fait qu'on ne voyait pas le ciel,
00:49:58 il y a eu un moment où, dans ma vie,
00:50:00 je pensais même que peut-être Blade Runner était un peu
00:50:02 enfermé. Que la ville était enfermée
00:50:04 ou sous terre. J'avais un petit peu ça
00:50:06 dans l'esprit. Mais voilà, très bonne remarque,
00:50:08 tu as tout à fait raison. - C'est vrai que là,
00:50:10 on le voit, le film est complètement...
00:50:12 C'est une nuit perpétuelle.
00:50:14 Et quand il fait un peu jour, il pleut.
00:50:16 - Et encore, il ne fait jour
00:50:18 qu'à un seul moment dans le film, c'est quand ils sont dans le bureau de Tyrell,
00:50:20 et qu'il va faire passer le test de Voight-Kampff
00:50:22 à Rachel. Et même,
00:50:24 ils enlèvent la lumière parce que ça gêne.
00:50:26 Mais disons qu'on est sur une belle journée,
00:50:28 et le soleil est très très caché
00:50:30 déjà à la base. C'est le seul moment
00:50:32 où il fait jour dans le film.
00:50:34 Si ce n'est la version
00:50:36 américaine de 82
00:50:38 où on voit les plans de Shining
00:50:40 à la fin, il y a du jour.
00:50:42 Mais sinon, pour le coup, Blade Runner
00:50:44 2099 est très différent puisqu'on
00:50:46 nous montre du jour, mais du jour
00:50:48 on voit toujours polluer.
00:50:50 Tu voulais dire autre chose ? - Non, ce serait bien.
00:50:52 - Du coup, on va continuer.
00:50:54 Oula, allez, je vais accélérer parce que j'ai encore plein de choses
00:50:56 à vous dire. L'appart,
00:50:58 on en a parlé. Il y a évidemment, du coup,
00:51:00 un élément cyberpunk
00:51:02 entre tous.
00:51:04 On en a un peu parlé rapidement,
00:51:06 mais pour le plaisir, c'est toujours cool à montrer.
00:51:08 Je crois que c'est bien ça. Hop.
00:51:10 C'est...
00:51:12 [Musique]
00:51:40 - Là, c'est un exemple
00:51:42 où je vous parlais d'un immeuble biscornu.
00:51:44 On ne sait pas à quoi il sert,
00:51:46 mais il a l'air d'y avoir une plateforme d'atterrissage,
00:51:48 il y a des pubs dessus,
00:51:50 il y a des marques.
00:51:52 Vous l'avez compris, je voulais marquer votre attention
00:51:54 sur les voitures volantes.
00:51:56 Evidemment. Ce que j'aime bien,
00:51:58 vous aviez parlé des bouchons. C'est vrai que moi,
00:52:00 je ne l'avais pas noté. Los Angeles, c'est les bouchons.
00:52:02 La voiture est vraiment le mode de transport
00:52:04 privilégié à Los Angeles du fait de son
00:52:06 étendue, du fait
00:52:08 qu'ils n'ont pas réfléchi les transports en commun
00:52:10 pour que ce soit adapté
00:52:12 à la démographie de la ville, etc.
00:52:14 Et effectivement, on pourrait se dire que la voiture volante
00:52:16 peut être une solution à ça.
00:52:18 Là, on est dans un monde où très certainement, les gens n'ont peut-être pas
00:52:20 les moyens de se payer des voitures volantes, etc.
00:52:22 Moi, j'ai une autre interprétation qui est plus...
00:52:24 J'ai l'impression que les voitures volantes ne sont pas
00:52:26 extrêmement développées dans l'univers
00:52:28 de Blade Runner. J'ai l'impression que c'est plus
00:52:30 pour la police, les taxis. Au début,
00:52:32 dans le plan de début, il y a une voiture volante jaune
00:52:34 qui fait plus penser à un taxi.
00:52:36 Et les riches, on a plus l'impression
00:52:38 d'être dans quelque chose du type le jeu vidéo
00:52:40 Cyberpunk 2077
00:52:42 où c'est vraiment quelque chose
00:52:44 qui n'est pas accessible
00:52:46 pour les masses, pour une consommation
00:52:48 de masse. Donc ça, c'est aussi intéressant parce que
00:52:50 ça veut dire, évidemment,
00:52:52 toujours, les institutions qui sont au pouvoir
00:52:54 s'élèvent là où les gens
00:52:56 nous, on reste au niveau du sol, etc.
00:52:58 Bon voilà, c'est toujours intéressant de voir cet aspect-là.
00:53:00 J'y ai réfléchi.
00:53:02 Ça m'est venu il y a juste
00:53:04 cinq minutes avant cette conférence. Je me suis rendu compte
00:53:06 qu'on a parlé d'Hollywood.
00:53:08 Le film ne nous montre le monde du spectacle
00:53:10 qu'une seule fois. Bon, je ne vais pas vous montrer la séquence,
00:53:12 vous la connaissez certainement. C'est quand il va dans le bar
00:53:14 de Taffy Lewis.
00:53:16 Et pareil, il y a un côté
00:53:18 très anéphole
00:53:20 dans ce bar. Et puis, c'est là
00:53:22 qu'il rencontre Zora, la répliquante
00:53:24 qui fait un spectacle avec son serpent.
00:53:26 Il y a un côté, là encore,
00:53:30 de gens... Alors, c'est intéressant de voir
00:53:32 une répliquante qui essaye de faire du spectacle
00:53:34 certainement pour ramener un petit peu d'argent pour
00:53:36 leur groupe de répliquants pour qu'ils puissent
00:53:38 certainement se nourrir. Le film ne parle
00:53:40 pas de ça, mais en fait, on comprend qu'il y a un peu ce côté
00:53:42 survie. Et puis en plus,
00:53:44 les répliquantes sont
00:53:46 ces êtres esclavagisés.
00:53:48 Il y a des modèles
00:53:50 pour la prostitution, des modèles militaires,
00:53:52 etc. Et d'ailleurs, ce groupe de quatre répliquants
00:53:54 représente ces quatre
00:53:56 fonctions. Et donc Zora, c'était
00:53:58 un modèle plaisir. C'est comme ça qu'ils appellent ça
00:54:00 dans le film. Et donc,
00:54:02 son corps est
00:54:04 utilisé, encore une fois, pour
00:54:06 le plaisir des humains. Même
00:54:08 si là, il se fait passer pour une humaine. Mais en tout cas,
00:54:10 il y a cette forme d'utilitarisme des corps,
00:54:12 etc. Et du coup, moi, ça fait
00:54:14 rebondir un petit peu à ça, au fait qu'Hollywood,
00:54:16 c'est une machine à rêve
00:54:18 aussi, mais tout le monde sait que c'est aussi
00:54:20 certainement générateur d'énormément
00:54:22 de cauchemars et
00:54:24 d'aspects négatifs
00:54:26 à ce clinquant. Je vous
00:54:28 dis ça parce que ça sera important pour la conclusion.
00:54:30 Je vois que quelqu'un a quelque chose à dire.
00:54:32 [inaudible]
00:54:36 Ah, peut-être.
00:54:38 [inaudible]
00:54:40 Ouais, c'est vrai qu'il
00:54:42 précise pas. Ouais,
00:54:44 t'as raison. Non, en fait, t'as raison. Ouais, c'est vrai.
00:54:46 C'est Daryl Hannah, c'est ça ?
00:54:48 C'est Daryl Hannah, Pris.
00:54:50 Merci beaucoup. En plus, je le disais,
00:54:52 j'étais pas sûr. Merci. Non, t'as raison.
00:54:54 Soyons
00:54:56 justes. Non, mais c'était un petit
00:54:58 piège qui a été levé. Bah oui, non, mais...
00:55:00 Bravo. On a tous
00:55:02 des problèmes, on a tous des défauts.
00:55:04 Non, merci beaucoup. Tu as raison.
00:55:06 Ce qui ne change pas, le fond,
00:55:08 au final. Mais donc, voilà.
00:55:10 Société du spectacle
00:55:12 est aussi représentée dans le film et c'est un
00:55:14 des éléments marquants de la vie de Los Angeles.
00:55:16 On a quand même des punks
00:55:18 à un moment, quelqu'un sait. Parce que
00:55:20 ce serait con quand même de pas avoir de punks dans un film
00:55:22 qui a créé le genre cyberpunk.
00:55:24 C'est plus l'anecdote.
00:55:26 On en a, je crois, à
00:55:28 3340.
00:55:30 Hop ! Deux punks.
00:55:34 Voilà, c'est tout. Vous en aurez
00:55:36 aucun autre.
00:55:38 Est-ce que ça a inspiré
00:55:40 le nom du genre cyberpunk ? Non.
00:55:42 Mais j'aime cette idée qu'un
00:55:44 film qui n'avait pas pour vocation
00:55:46 à être cyberpunk, c'était pas encore
00:55:48 existant, y a des punks. On fait remarquer
00:55:50 qu'il y a aussi les "denon". Y a denon,
00:55:52 le cybernon.
00:55:54 C'est un super genre.
00:55:56 C'est un autre genre inventé par Ridley Scott.
00:55:58 Y a des bonses après, on peut faire du cyberbonses aussi.
00:56:00 C'est marrant parce qu'il y a une mission dans
00:56:02 Cyberpunk 2077 où on est deux bonses.
00:56:04 Tiens, je me demande si c'est...
00:56:06 Là je pars, je pars.
00:56:08 Tu voulais dire quelque chose ?
00:56:10 Ah ouais, les non aussi.
00:56:12 J'avais même pas fait gaffe.
00:56:14 Ok. Donc là,
00:56:16 on a un peu tout vu sur
00:56:18 la présentation
00:56:20 on va dire cyberpunk
00:56:22 de Blade Runner.
00:56:24 Tout ça pour dire que
00:56:26 Blade Runner 20... En fait ce qui est intéressant c'est aussi de faire un comparatif
00:56:28 entre le premier Blade Runner et
00:56:30 2049. On voit que les films,
00:56:32 une oeuvre,
00:56:34 notamment Cyberpunk et de science-fiction,
00:56:36 c'est toujours aussi pour adresser, mettre en image
00:56:38 les peurs d'une époque. Et on voit
00:56:40 qu'il y a quand même une petite différence entre les deux films.
00:56:42 Même si pour moi elle est pas assez profonde,
00:56:44 mais on peut dire que dans Blade Runner,
00:56:46 le premier, ça va être la...
00:56:48 la destruction de la nature.
00:56:50 Voilà, on l'a dit, il y a plus de végétaux,
00:56:52 les animaux sont artificiels,
00:56:54 on comprend qu'il y en a très peu
00:56:56 qui sont vrais, il y a l'instrumentalisation
00:56:58 des corps et des esprits, on l'a dit,
00:57:00 la surpopulation, la pollution, enfin voilà.
00:57:02 Et dans 2049,
00:57:04 on a aussi ces problématiques,
00:57:06 mais on se rend compte que des fois ça prend un petit peu le pas,
00:57:08 c'est pris... Non, non, c'est
00:57:10 caché par d'autres
00:57:12 peurs qui sont plus actuelles.
00:57:14 Je dirais l'intelligence artificielle, c'est là où Blade Runner
00:57:16 2049 remet un pied
00:57:18 vraiment dans ce qu'on définit aujourd'hui comme le cyberpunk,
00:57:20 avec ce personnage
00:57:22 d'intelligence artificielle qui
00:57:24 aide K, le personnage principal,
00:57:26 il en est même plus ou moins
00:57:28 amoureux, il y a une espèce d'idyle
00:57:30 étrange comme ça. Là, en plus,
00:57:32 c'est hyper intéressant parce que l'intelligence artificielle
00:57:34 devient ce que le réplicant...
00:57:36 devient pour le réplicant ce que le réplicant
00:57:38 était pour l'humain, donc un outil,
00:57:40 il y a tout un truc très intelligent là-dessus.
00:57:42 Sur l'aspect pollution,
00:57:44 je trouve qu'il y a un traitement qui est un petit peu différent
00:57:46 parce que... On va voir un extrait
00:57:48 et puis on va en parler d'abord.
00:57:50 - Faut dire que tu aimes ce film alors,
00:57:52 2049.
00:57:54 Tu ne l'as pas découvert en VHS noir et blanc,
00:57:56 c'est peut-être ça le... - Non, mais
00:57:58 ceux qui connaissent la chaîne le savent.
00:58:00 En fait, je suis la dernière personne à qui
00:58:02 il faut parler pour avoir un...
00:58:04 - Ah ben pardon, mais on en parle. - Non, non, non,
00:58:06 j'allais dire un avis objectif
00:58:08 sur 2049. On n'est jamais
00:58:10 objectif, c'est pas ça, mais mon rapport
00:58:12 au premier est beaucoup trop fort.
00:58:14 Je pense qu'ils auraient fait quoi que ce soit,
00:58:16 j'aurais eu des choses à redire, sauf si
00:58:18 c'était moi qui l'avais fait, et ça
00:58:20 aurait pas... Et puis ça aurait peut-être été catastrophique aussi.
00:58:22 Non, mais ça reste un film que je trouve
00:58:24 tout à fait honorable.
00:58:26 - Respectueux aussi de l'heritage.
00:58:28 - Oui, mais ça c'est ce qui me dérange.
00:58:30 - Ah, parce qu'il aurait dû un poids, oui.
00:58:32 - Non, mais pour moi, le film aurait dû
00:58:34 se démarquer complètement. C'est-à-dire justement, ça, ça m'aurait
00:58:36 plu. Quoi qu'ils auraient proposé, j'aurais dit bon, ben c'est bien,
00:58:38 au moins ils ont pris un risque. Faire une
00:58:40 suite de l'histoire
00:58:42 du premier, je trouve que
00:58:44 ça a été une grossière erreur, ne serait-ce que
00:58:46 parce que je ne comprends pas comment on a pu
00:58:48 ramener un nouveau public aussi dans cet univers.
00:58:50 Il y a des gens, ils ont jamais vu le 1, ils m'ont dit "Ah, j'ai bien aimé
00:58:52 2049", je fais "Mais pourquoi ?"
00:58:54 Enfin, à part le fait que c'est joli et que c'est
00:58:56 bien fait, je veux dire, je vois même pas comment
00:58:58 émotionnellement t'as compris l'histoire
00:59:00 entre Descartes et Rachel,
00:59:02 enfin en tout cas, elle est plus dans le film, dans
00:59:04 le 2, mais je ne comprends pas
00:59:06 comment en tant que spectateur t'as pu t'intéresser à ces
00:59:08 personnages alors que t'avais pas la base.
00:59:10 Et pour moi c'est un des gros problèmes du film, il fallait
00:59:12 faire quelque chose de complètement nouveau,
00:59:14 quitte à ce que ça se passe
00:59:16 même pas sur Terre, enfin voilà. Donc j'ai plein de choses
00:59:18 à redire, maintenant je dis aussi souvent, et c'est ce que je dis
00:59:20 aussi pour Dune, deux films de Villeneuve,
00:59:22 et pareil pour
00:59:24 The Arrival, enfin 1er Contact,
00:59:26 voilà paradoxalement,
00:59:28 alors que je suis un fan de science-fiction,
00:59:30 les films de science-fiction de Villeneuve sont pas mes
00:59:32 préférés de lui, voire même
00:59:34 ceux que j'aime le moins, mais si tous les films,
00:59:36 c'est ce que je dis dans l'épisode d'hier, si tous les films étaient au moins
00:59:38 à ce niveau-là, on serait dans une utopie,
00:59:40 on serait dans un monde merveilleux,
00:59:42 si tous les films avaient au moins le niveau de ces films-là.
00:59:44 Voilà, moi j'ai plein de choses à redire sur 2049,
00:59:46 mais je veux dire,
00:59:48 ça reste un film de bonne facture,
00:59:50 voilà, on arrête de parler de 2049,
00:59:52 enfin non, puisque je vais vous montrer des images,
00:59:54 je dis ça moi, mais en fait
00:59:56 je dis n'importe quoi,
00:59:58 où sont mes trucs ?
01:00:00 2049, donc,
01:00:02 on y va,
01:00:04 on va redémarrer,
01:00:06 wow, pardon,
01:00:08 ça me paraît plus fort qu'avant quand t'as un an,
01:00:10 on est bon.
01:00:12 3525,
01:00:14 allons-y,
01:00:16 je vais un peu baisser,
01:00:18 je vais un peu baisser,
01:00:20 un petit peu,
01:00:22 voilà.
01:00:24 [Musique]
01:00:26 [Musique]
01:00:28 [Musique]
01:00:30 [Musique]
01:00:32 (Musique incroyable)
01:00:52 (Musique)
01:01:20 (Musique)
01:01:38 Merci Quentin.
01:01:40 Il y a deux choses avec ce plan.
01:01:42 C'est par rapport à Blade Runner 1er du nom,
01:01:46 là on voit la montée des os déjà
01:01:48 qui est une peur plus actuelle.
01:01:50 Dans le film on voit qu'ils ont entouré ou en tout cas protégé la ville de Los Angeles
01:01:55 par un immense mur qui le protège de la mer, de la montée des os.
01:01:58 Ce mur c'est le mur de Sepulveda
01:02:00 Sepulveda qui est la partie nord-ouest de la ville.
01:02:08 Et donc on comprend qu'ils ont inséré la ville de ça.
01:02:11 Donc ça c'est quelque chose dont on ne parle pas dans le premier Blade Runner.
01:02:14 Mais voilà on réinterprète un petit peu, on insère dans Blade Runner 2049
01:02:18 des peurs plus récentes.
01:02:20 Et c'est sur le traitement aussi de la pollution
01:02:22 qui pour moi dans le premier film est plus de l'ordre des gaz à effet de serre.
01:02:26 Vous voyez avec les flammes du début etc.
01:02:28 On est plus là-dessus et aussi la saleté dans les rues
01:02:31 qui pour moi est assez proche de ce qu'on pouvait avoir dans les villes américaines des années 80.
01:02:35 Le New York d'aujourd'hui est bien plus propre que le New York des années 80
01:02:38 qui ressemblait à pas mal des aspects à Blade Runner.
01:02:41 Vous savez cette image qu'on a du New York des années 80
01:02:45 avec la fumée qui sort des bouches d'égout, des choses comme ça.
01:02:48 Il suffit de regarder Tortue Ninja le premier film.
01:02:51 Ça vous donne une très bonne idée de ce à quoi ressemblait Blade Runner.
01:02:54 Enfin je dis ça comme si j'avais été en 82 à New York.
01:02:57 Rien du tout.
01:02:59 Alors que là je trouve qu'on est plus, vous voyez, cette déchetterie.
01:03:02 Je trouve qu'il y a vraiment l'aspect pour moi symboliquement
01:03:05 de parler du recyclage, la surconsommation.
01:03:08 On voit les effets de la surconsommation de la société de Blade Runner
01:03:12 et in fine la nôtre avec ces champs gigantesques, cette déchetterie.
01:03:17 Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a un petit pic pour San Diego
01:03:20 parce qu'il quitte Los Angeles, il fait que vous arrivez à San Diego, déchetterie.
01:03:24 Je suis sûr qu'il y a un truc.
01:03:26 Bon, Villeneuve est québécois, il n'est pas angelin de base.
01:03:29 Mais je suis sûr qu'il y a un truc comme New York et le New Jersey.
01:03:32 Je n'ai pas trouvé d'info là-dessus.
01:03:35 Mais voilà, vous voyez, juste avec trois plans,
01:03:38 comme ça on voit des différences à ce niveau-là.
01:03:41 Oui, voilà, exactement.
01:03:44 La merde au plastique, c'est ça.
01:03:46 Ça fait écho, merde au plastique, pour que tout le monde entende, c'est pour ça.
01:03:49 Oui, non mais c'est exactement ça.
01:03:52 C'est comment on va utiliser ces éléments.
01:03:56 Oui.
01:03:58 Ah, on va en parler un peu.
01:04:10 Il y a du néon encore, mais on est plus sur des écrans
01:04:13 avec un style néonisé, j'ai envie de dire.
01:04:16 Disons que la charte graphique est un peu néon, mais tu as raison,
01:04:19 on est plus sur des écrans de 2049.
01:04:21 Et il y a des hologrammes aussi, mais on verra ça après, on va y venir.
01:04:25 Et du coup, je voulais dire quoi, je ne sais plus.
01:04:28 Du coup, j'ai complètement oublié le fil.
01:04:31 Tu en parlais de la pollution.
01:04:33 Ah oui, si, oui, voilà, en fait j'avais dit ce que je voulais dire.
01:04:36 Mais juste, oui, San Diego, OK.
01:04:38 Et juste pour la petite anecdote, la ville devait s'appeler San Angeles
01:04:41 dans la première version du scénario, puisque dans l'univers de Blade Runner,
01:04:44 la ville va, en fait, la ville s'étend de San Francisco à San Diego.
01:04:47 Donc sur tout ce que je vous ai dit là, déjà de base ça existe,
01:04:50 mais on est vraiment sur quelque chose de gigantesque.
01:04:52 Voilà, donc ce qu'on comprend par rapport à tout ça,
01:04:56 c'est que Blade Runner, c'est un mélange des genres au sens large.
01:05:00 C'est-à-dire, de par son aspect cyberpunk, on l'a vu au niveau des architectures, etc.
01:05:04 Mais il y a un dernier aspect dont on a parlé en intro,
01:05:08 et qu'on n'a pas vu là pour le moment, c'est l'aspect démographique
01:05:11 de la ville de San Angeles dans Blade Runner.
01:05:15 Donc on voit très clairement qu'il y a une multiculturalité dans Blade Runner,
01:05:21 ce qui est en fait la réalité de Los Angeles d'aujourd'hui.
01:05:24 Je vous l'ai dit, 114 nationalités, 224 langues.
01:05:27 C'est une ville qui est fondamentalement multiculturelle, cosmopolite.
01:05:31 Et on voit que le choix de cette ville n'est pas anodin,
01:05:34 puisqu'on garde cet état d'esprit, même si, et je me suis rendu compte
01:05:38 qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Mais on va voir ça.
01:05:41 Donc, on peut faire aussi... Pourquoi j'ai une note de ça ?
01:05:47 Ça n'a rien à voir ?
01:05:49 - Qu'est-ce qu'il se passe ?
01:05:51 - Qu'est-ce que j'ai ? Ah non, ok, j'ai sauté des trucs.
01:05:53 Non, parce que je vous en ai déjà parlé, c'est pour ça.
01:05:55 Oui, juste sur la fin de la cité de l'état-nation, etc.
01:05:59 On va juste y revenir avant que je passe au multiculturalisme,
01:06:03 même si c'est un petit peu lié.
01:06:05 Je ne sais pas pourquoi j'ai fait le lien entre les deux, je ne sais pas.
01:06:09 J'étais bourré. Non, c'est faux. C'est faux, arrêtez.
01:06:13 Hop. Tac, tac, tac.
01:06:18 C'est quelle minute ? Quelle seconde ?
01:06:20 - Je serais curieux de voir ce qu'il se passe à la 2049e seconde.
01:06:25 - 2049e ? - Je suis sûr qu'il y a un truc dans le niveau de 19.
01:06:28 - 2000... - Non, ne me teste pas.
01:06:32 - Je suis sûr qu'il y a un truc.
01:06:36 Vous voulez un verre ?
01:06:38 Allez. - C'était pour faire...
01:06:42 - T'étais bourré, c'est ça ?
01:06:44 - Merde, mais tout est lié.
01:06:46 OK, alors...
01:06:48 Non, je le connais par cœur, c'est horrible.
01:06:51 636, OK. Hop.
01:06:54 Tac.
01:06:57 Donc, pas besoin de baisser la lumière.
01:07:01 Vous connaissez ce plan, évidemment, c'est le sillage de la police du LAPD.
01:07:05 De la ville de Los Angeles.
01:07:08 Donc, le commissariat.
01:07:10 Et là aussi, c'est intéressant de voir que le traitement du truc...
01:07:13 On est positionné en haut.
01:07:15 Et, en fait, c'est pour faire le lien ensuite avec le traitement de...
01:07:20 Comment sont traités les individus dans la ville.
01:07:22 C'est que la police, qui est quand même une institution de pouvoir,
01:07:27 elle est au milieu de la ville, plus...
01:07:31 Elle est au milieu des gens, elle est au niveau du sol.
01:07:34 Et elle est traitée, en fait, en termes de mise en scène, en plongée.
01:07:37 On la domine, quand même.
01:07:38 Même si c'est un bâtiment imposant, un bâtiment beau,
01:07:40 je trouve que... Et qui a l'air important.
01:07:42 Je trouve que ce choix de plan, il est intéressant,
01:07:44 parce que, a contrario, quand on voit les tours Tyrell...
01:07:47 C'est vrai que je ne vous les ai pas montrées,
01:07:49 donc on va juste aller au début.
01:07:51 Enfin, on les a vues rapidement tout à l'heure.
01:07:53 Mais au début du film, les tours Tyrell,
01:07:56 on est plutôt, à l'inverse, écrasés par les tours.
01:08:01 C'est-à-dire, elles nous dominent.
01:08:05 Vous voyez ?
01:08:06 Et c'est là où, en termes de symbolique,
01:08:08 on voit l'aspect cyberpunk de l'œuvre,
01:08:10 c'est-à-dire les conglomérats capitalistes,
01:08:12 en termes de mise en scène, nous écrasent.
01:08:14 Là où, nous, en tant que spectateurs,
01:08:16 on est au-dessus d'une institution étatique, classique,
01:08:19 que représente la police.
01:08:20 Voilà, donc c'était une digression,
01:08:22 puisque j'en avais parlé tout à l'heure,
01:08:24 et j'ai oublié d'aborder ça.
01:08:26 Mais du coup, voilà, on en revient au côté multiculturel.
01:08:29 Il y a ce que je vais appeler
01:08:32 la créolisation de la société, de Blade Runner.
01:08:35 La créolisation, c'est un concept qui a été mis en place
01:08:38 par Édouard Glissant, qui est un auteur afro-descendant,
01:08:43 enfin, antillais.
01:08:45 Je vous conseille énormément ma vidéo sur Terre Marron,
01:08:48 de mon ami Mikael Roch,
01:08:50 qui est un auteur afro-futuriste antillais.
01:08:52 J'ai fait une interview de lui, et c'est passionnant,
01:08:55 il en parle bien mieux que moi.
01:08:57 Mais du coup, on peut parler de créolisation de la société.
01:09:01 La créolisation, c'est quoi ?
01:09:03 C'est la naissance d'une culture
01:09:05 via le mélange de plusieurs cultures.
01:09:08 Donc typiquement, les créoles des Antilles,
01:09:11 qui sont un mélange de français, d'anglais, d'espagnol,
01:09:13 de langues amérindiennes,
01:09:15 de langues venues d'Afrique, etc.
01:09:18 Et donc, la créolisation de la société,
01:09:20 c'est quand une société, une culture nouvelle,
01:09:22 émerge de plusieurs cultures.
01:09:24 Et donc, c'est ça, c'est la créolisation.
01:09:27 Et donc, c'est ça, c'est la créolisation.
01:09:29 Et donc, c'est ça, c'est la créolisation.
01:09:31 Et donc, c'est ça, c'est la créolisation.
01:09:33 Et donc, c'est ça, c'est la créolisation.
01:09:35 Et donc, c'est ça, c'est la créolisation.
01:09:37 Et donc, c'est ça, c'est la créolisation.
01:09:39 Et donc, c'est ça, c'est la créolisation.
01:09:41 Et donc, c'est ça, c'est la créolisation.
01:09:43 Et donc, c'est ça, c'est la créolisation.
01:09:45 Et donc, c'est ça, c'est la créolisation.
01:09:47 Et donc, c'est ça, c'est la créolisation.
01:09:49 - Non, non, j'allais faire une blague sur le franglais,
01:09:51 mais on va la passer, on t'attend.
01:09:53 - Le franglais n'a pas le statut de langue comme le spanglish.
01:09:58 Le spanglish, c'est vraiment quelque chose d'assez mis en place.
01:10:03 On va regarder la scène avec...
01:10:05 Je vais essayer de vous faire en plus les traductions en même temps.
01:10:09 C'est quand il prend des nouilles.
01:10:13 (brouhaha)
01:10:16 - Vous m'en donnez 4.
01:10:21 Non, 4. 2 et 2. 4.
01:10:25 Et des nouilles.
01:10:31 (brouhaha)
01:10:34 - Hé, il est où, là?
01:10:44 - Monsieur, Adonal Commission, ingom, bitte.
01:10:49 - Il dit qu'il vous arrête, monsieur Dekker.
01:10:54 - Vous trompez de type, mon vieux.
01:10:56 - Lopa, négrojma, devadja pleik, krika.
01:11:01 - Il dit que vous êtes un bledrunner.
01:11:03 - Ben, dites-lui que je mange.
01:11:05 - Captain Drain, toga.
01:11:07 - Annie O'Maheo.
01:11:09 - Brian.
01:11:11 - Merci.
01:11:19 Donc voilà, une séquence de dialogue dans des langues étranges.
01:11:24 Il y a un peu de tout.
01:11:27 Avec le Sushi Master, il parle japonais.
01:11:31 Il lui dit "nani shimashouka", "qu'est-ce que vous voulez".
01:11:35 Il lui répond en anglais, c'est l'accès intéressant.
01:11:38 On comprend tout de suite que le bledrunner, le flic des rues,
01:11:41 comprend le japonais.
01:11:43 Il ne le parle pas forcément, mais il le comprend.
01:11:45 Et puis il y a une scène assez marrante,
01:11:47 parce qu'il lui dit qu'il en veut 4.
01:11:49 Il lui dit "futatsu jubun desu".
01:11:53 Il lui dit "2 ça suffit".
01:11:55 Et du coup derrière il lui dit "non, 2 et 2, 4".
01:11:57 Il lui dit "futatsu jubun desu".
01:11:59 Il lui dit "bon ok, vas-y, dénouille avec en plus".
01:12:02 Donc il laisse tomber.
01:12:04 Après il lui dit "wakatakudasai".
01:12:09 Ça veut dire "vous comprenez".
01:12:12 Mais en fait c'est une manière de le dire un petit peu...
01:12:15 un petit peu... comment dire...
01:12:18 ironique.
01:12:19 Ça veut dire "tu comprends pas, me fais pas chier, fais ce que je te dis".
01:12:22 Donc c'est assez drôle.
01:12:24 En fait c'est marrant parce que si on ne parle pas la langue,
01:12:26 on ne comprend pas l'interaction.
01:12:28 On se dit "ils ne comprennent pas, ils ne se comprennent pas".
01:12:30 Mais en fait ils se comprennent tous les deux très bien,
01:12:32 ils sont en train de s'engueuler, ils ne sont pas d'accord.
01:12:34 Le Sushi Master ne veut pas lui servir ce qu'il veut.
01:12:36 Donc ça c'est intéressant.
01:12:37 Et après ce qui est plus intéressant, c'est l'arrivée des deux policiers.
01:12:40 Gaff, qui est lui aussi un Blade Runner,
01:12:42 joué par Edward James Olmos,
01:12:44 que vous connaissez certainement,
01:12:46 puisque c'est lui qui jouait Adama dans Battlestar Galactica.
01:12:49 Et qui est certainement un de mes personnages préférés.
01:12:52 Donc là, il lui parle en fait dans ce city speak,
01:12:57 qui est la langue des rues.
01:12:59 Donc là le flic lui dit "hey, idiwa".
01:13:03 "Idiwa", je crois que c'est du coréen.
01:13:05 C'est une manière de dire, bon là j'ai la traduction,
01:13:07 ouais c'est du coréen.
01:13:09 Ça veut dire "hé, viens là, écoute-moi".
01:13:11 Et du coup après, l'acteur Edward James Olmos,
01:13:14 il a créé le city speak.
01:13:16 C'est une idée qu'il a eue, il en a parlé avec Riddhez Stucotte.
01:13:19 Et il aime beaucoup les langues, il est d'origine mexicaine, à la base.
01:13:23 Enfin, peut-être pas mexicaine, mais en tout cas il est latino-américain.
01:13:26 Je crois qu'il fait partie des familles qui vivaient aux Etats-Unis
01:13:30 avant l'annexion par...
01:13:33 Enfin, non pardon, qui vivaient sur les territoires qui aujourd'hui font partie des Etats-Unis.
01:13:37 Mais lui il est latino de base.
01:13:40 C'est-à-dire qu'il y a toute une partie des latino-américains
01:13:42 qui ne sont pas descendants d'immigrés mexicains ou sud-américains
01:13:46 qui sont venus aux Etats-Unis, mais qui sont en fait descendants des gens
01:13:49 qui étaient basés au Texas, en Californie et dans les autres Etats
01:13:53 qui appartenaient au Mexique et qui ensuite sont devenus américains
01:13:56 par l'annexion aux Etats-Unis.
01:13:59 Donc voilà, bon bref, il a toute cette histoire, il en parle bien avec moi.
01:14:02 Et du coup il a créé ce city speak.
01:14:04 Et du coup là, la première phrase, c'est un mélange de français,
01:14:07 d'hongrois et d'allemand.
01:14:10 [Monsieur, azonal kovetsen engem bitte]
01:14:15 Est-ce que vous avez compris le français quelque part ?
01:14:18 Monsieur, il y a des connaisseurs.
01:14:20 Donc monsieur d'abord, français, ensuite c'est...
01:14:24 Azonal kovetsen engem, ça c'est du hongrois.
01:14:29 Et en gros il lui dit "Viens avec moi maintenant"
01:14:32 et à la fin il dit "Bitte", s'il vous plaît, en allemand.
01:14:36 Donc ce qui est intéressant, c'est que Descartes fait semblant de ne pas comprendre.
01:14:40 On apprend dans la version avec les voix off, que vous avez peut-être vu,
01:14:44 qui n'est pas la version là, c'est la final cut, puisqu'il y a 12 versions du film.
01:14:48 Il y a une version avec des voix off et il explique qu'il connaît
01:14:51 mais il ne veut pas lui faciliter la tâche.
01:14:54 Donc hop.
01:14:56 [Il dit "Il vous arrête, monsieur Dekker"
01:14:59 "On vous trompait de type, mon vieux"
01:15:02 "Vous ne pouvez pas, n'égozez pas, c'est pas juste blé"
01:15:06 Donc là c'est que du hongrois, ça veut dire "Eh connard, tu te fous de ma gueule, t'es un Blade Runner"
01:15:11 "Il dit "Vous êtes un Blade Runner"
01:15:14 "Ça m'a dit que je mens"
01:15:16 "Captain Brain, toka, meni omae yo"
01:15:19 Donc là il lui dit "Captain Brain, toka, meni omae yo"
01:15:24 Alors là c'est un peu un jeu de mots parce que "meni omae"
01:15:27 ça veut dire en japonais, ça veut dire "Il veut te voir"
01:15:30 c'est le fait de voir.
01:15:32 Et "omae" c'est une façon un peu slang de dire "toi"
01:15:36 Donc en fait il fait un jeu en "meni omae" et "meni omae yo"
01:15:39 Donc en fait le "Captain Brain veut te voir"
01:15:42 et donc il va le suivre un petit peu après.
01:15:44 Donc cette créolisation jusque dans la langue
01:15:47 elle montre qu'il y a eu une réflexion vraiment sur cet aspect là.
01:15:51 Alors ce qui est intéressant c'est qu'ils aient choisi ces langues là
01:15:55 donc le français, l'hongrois, il parle en voix off, il dit qu'il y a du polonais
01:15:58 enfin voilà c'est très très cosmopolite
01:16:00 mais pas d'espagnol.
01:16:02 Et c'est là, une des choses, je passe un peu, je saute un peu des étapes
01:16:06 parce que je me rends compte qu'il est -10
01:16:08 et j'avais plein d'autres choses à vous dire
01:16:10 mais je saute un petit peu les étapes.
01:16:12 C'est intéressant parce que ça c'est une chose qui m'a un peu surpris
01:16:15 et je l'ai compris très très tard
01:16:17 c'est qu'il n'y a aucune trace de l'héritage latino-américain de Los Angeles dans Blade Runner.
01:16:21 Alors qu'aujourd'hui, et déjà à l'époque du film, c'était une très très grosse communauté
01:16:26 je crois que dans les années 90, ils représentaient 40%
01:16:31 dans les années 60 c'était 20%
01:16:33 donc on va dire que c'était 30% dans les années 80 à peu près
01:16:35 et aujourd'hui c'est même 50% de la population de Los Angeles.
01:16:38 Donc ça c'est vraiment quelque chose d'étonnant
01:16:40 c'est-à-dire une ville qui a été fondée par les espagnols
01:16:42 qui s'appelle Los Ingres, quand même, les anges
01:16:44 où la culture latine est extrêmement présente
01:16:47 elle est complètement absente de Blade Runner
01:16:50 et donc elle est remplacée par quoi ?
01:16:52 Une culture plutôt asiatique.
01:16:54 Parce que dans les années 80, et notamment le Japon
01:16:57 il y avait vraiment cette idée que le Japon comme économie en explosion totale
01:17:04 c'est ce qui nous produisait toutes les dernières technologies
01:17:07 il y avait vraiment un petit peu ce fantasme du Japon qui allait dominer le monde
01:17:11 il y avait l'aspect culturel avec la Japanémation qui commençait à s'exporter
01:17:15 le cinéma aussi, il y avait vraiment un petit peu ce fantasme du Japon
01:17:19 qui allait peut-être même supplanter les Etats-Unis dans l'avenir
01:17:23 culturellement, technologiquement, économiquement.
01:17:27 [inaudible]
01:17:34 C'est vrai.
01:17:36 [inaudible]
01:17:38 Alors, les Shopper's House, c'est Hong Kong
01:17:42 là je parle du Japon, mais j'y allais venir
01:17:45 effectivement il y a une grosse influence chinoise aussi
01:17:47 ce qui est intéressant c'est de voir la différence de traitement entre les deux
01:17:50 alors, tu as raison sur la Show Brothers, mais du coup le choix artistique qui est fait
01:17:54 c'est que tout ce qui concerne les Japonais, ça va toujours être un petit peu en hauteur
01:17:58 dans les airs, quoi.
01:18:00 Je vais pas perdre de temps, je vais pas vous montrer les extraits, vous les connaissez
01:18:03 les seikaisha dans les grands écrans sur les immeubles, etc.
01:18:08 Tout ce qui est japonais va être montré de manière aérienne, on va dire.
01:18:12 Et tout ce qui concerne la Chine, même dans les graffitis, les inscriptions
01:18:15 tous les aspects un petit peu culturels, à part le Sushi Master, tout le reste
01:18:19 les idéogrammes qui vont être en graffitis, c'est que du chinois.
01:18:22 Et du coup il y a vraiment cette vision du monde où la Chine aussi va s'exporter
01:18:26 va s'implanter durablement, en plus il y a déjà une forte communauté chinoise
01:18:31 et japonaise à Los Angeles, puisque ça a toujours été une terre d'immigration
01:18:34 et puis c'est en face dans le Pacifique, mais on voit qu'en fait
01:18:37 dans l'idée de Blade Runner, elle va supplanter complètement
01:18:41 la culture latino-américaine. Je pense que c'est un petit peu
01:18:46 le message qu'il y avait derrière ça. En tout cas, une des peurs,
01:18:50 peut-être inconscientes, qu'il y avait derrière ça.
01:18:52 - Qui reproduit aussi le côté Japon dominant la Chine, faisant la guerre
01:18:56 à la Chine également, dans l'histoire. Et ce qui est amusant en tout cas
01:19:00 c'est que Scott retrouvera le Japon avec Black Rain, où il reprendra...
01:19:04 - J'allais en parler. - Ah ben t'allais en parler, vas-y.
01:19:07 - Non, non, j'allais juste le mentionner. Continue, continue.
01:19:10 - Donc si vous avez Black Rain avec Michael Douglas, etc.
01:19:12 où il reprend un petit peu l'esthétique de Blade Runner.
01:19:15 Le film est un peu moins intéressant, mais il reste très beau, très bien.
01:19:20 Moi j'aime beaucoup. Mais voilà, donc le Japon reviendra en tout cas
01:19:24 chez Scott. - Mais à l'époque là, le Japon,
01:19:27 il y avait vraiment cette... Dans Alien, la société...
01:19:31 enfin la société, les salauds quoi, c'est la Wayland-Yutani.
01:19:36 Dans Robocop 3, bon c'est pas le meilleur, mais moi je l'aime d'amour.
01:19:39 Dans Robocop 3, c'est des robots cyborgs japonais qui viennent se battre
01:19:43 contre Robocop. Il y avait vraiment cet aspect-là.
01:19:45 Dis-moi.
01:19:46 Ça évoque...
01:19:53 Exactement.
01:19:59 Et ben on a gagné 5 minutes sur la... Non, non, t'as raison, c'est très bien.
01:20:05 C'est très très bien. Et juste, je suis obligé, je vais essayer de conclure
01:20:09 rapidement du coup. Mais du coup tu m'as fait perdre le truc...
01:20:14 On revient au...
01:20:16 Ouais, enfin voilà, bon bref, il y a le Japon, le chinois.
01:20:19 Et par contre, Blade Runner 2049, ce qui est intéressant, c'est que
01:20:23 depuis les années 80, l'équilibre des forces s'est vraiment inversé.
01:20:26 On le voit aujourd'hui dans plein de films, il y a un soft power de la Chine
01:20:29 qui est extrêmement présent. Il suffit de voir, mais là je spoil
01:20:33 un épisode que je sors dans deux semaines, la différence entre Pacific Rim 1
01:20:36 et Pacific Rim 2. Dans Pacific Rim 1, il y a encore un peu cette place du Japon
01:20:41 comme quelque chose... Un peu la même position là, alors que c'est un film
01:20:44 des années 2000, mais comme c'est un hommage aussi à Evangélion, etc.
01:20:47 Il y a un peu cette aura qui est là. Et dans Pacific Rim 2, la Chine est
01:20:50 extrêmement présente, elle aide à produire les robots. Enfin vraiment,
01:20:54 il y a un vrai truchement. On le voit dans les Transformers, où même
01:20:57 ils ont tourné des scènes uniquement avec des chinois en Chine
01:21:00 pour l'exportation. Enfin voilà, on voit qu'il y a un vrai changement.
01:21:03 Et dans Blade Runner 2049, la Chine est un peu plus présente, en tout cas
01:21:06 le film est un peu plus équilibré. On va dire qu'il y a plus de...
01:21:09 Il est d'une certaine manière encore plus cosmopolite que Blade Runner 2049
01:21:14 parce qu'on va dire qu'il y a encore plus de nationalités représentées.
01:21:17 Mais en tout cas, sur les inscriptions purement idéographiques,
01:21:21 on va avoir plus la présence de chinois qu'avant. On va encore avoir du japonais.
01:21:25 Et on va surtout avoir aussi de la présence du coréen. Ce qui n'était pas du tout
01:21:28 le cas en plus dans les années 80. La Corée n'était pas du tout
01:21:31 la puissance économique et culturelle qu'elle est devenue aujourd'hui.
01:21:34 Puis en plus, on peut penser que la guerre de Corée était encore...
01:21:37 Bon, elle était aussi assez éloignée quand même. C'était juste après
01:21:40 la Seconde Guerre mondiale. Mais il y avait peut-être encore un petit peu ça aussi.
01:21:43 Et puis, c'était encore une dictature. Même la Corée du Sud, je crois que
01:21:47 c'était encore une dictature jusque dans les années 90.
01:21:50 Donc on voit, aujourd'hui, la Corée a une vraie politique de soft power
01:21:53 via la musique, via les séries, etc. Et on voit que dans Blade Runner 2049,
01:21:57 je ne sais pas si vous vous souvenez, quand il va à Las Vegas, il va dans un
01:22:00 casino abandonné et les idéogrammes dessus sont en coréen.
01:22:04 Et j'ai remarqué en le regardant encore hier que même dans la ville,
01:22:07 ils ont rajouté des idéogrammes coréens. Voilà.
01:22:10 Est-ce que j'oublie ? Je vous ai parlé des latino-américains.
01:22:13 Et petit détail juste. Là, du coup, je passe complètement à autre chose.
01:22:17 Mais du coup, Blade Runner est devenu un peu une Uchronie.
01:22:20 Parce que c'est un film dont on a dépassé le futur.
01:22:24 Mais c'est un film qui est héritier d'une époque où l'URSS existait encore.
01:22:28 Et est-ce que quelqu'un a vu un détail dans Blade Runner 2049 qui fait dire
01:22:31 que c'est devenu une Uchronie ?
01:22:34 Non ? Ah, oui. - Il y a deux détails là-bas.
01:22:37 - Non, vas-y, tu as déjà parlé. - L'hologramme de la ballerine ?
01:22:40 - Exactement, il y a un hologramme de la ballerine, tout à fait.
01:22:43 Donc il y a des hologrammes, pour répondre à la question de tout à l'heure.
01:22:46 Et donc, dans Blade Runner 2049, il y a une ballerine qui fait un hologramme
01:22:49 gigantesque et qui est écrit "Produit de l'URSS".
01:22:52 Donc en 2049, l'URSS existe toujours.
01:22:55 Mais c'est logique, parce que dans le Blade Runner premier du nom,
01:22:58 en 2019, l'URSS existe toujours.
01:23:01 Donc on a gardé ça. Et c'est là où c'est intéressant,
01:23:04 c'est que Blade Runner 2049 et Blade Runner apportent des choses nouvelles
01:23:07 par rapport au monde, mais en même temps on garde une forme de réalité.
01:23:10 C'est très bizarre ce double truc.
01:23:13 Juste pour conclure, je dirais que Los Angeles, c'était la ville parfaite
01:23:16 pour représenter l'univers qui a été imaginé dans Blade Runner
01:23:19 et qui a été réalisé. Tous les points qui sont ce qu'est Los Angeles
01:23:22 à l'époque et aujourd'hui sont repris.
01:23:25 On met juste les potes à raffond.
01:23:28 Et mine de rien, j'ai presque envie de dire qu'on ne change pas grand-chose
01:23:31 à part la perte de l'aspect latino-américain.
01:23:34 On reste sur un Los Angeles assez actuel et d'autant plus aujourd'hui
01:23:37 avec les problématiques qu'on connaît, c'est-à-dire la hausse de l'immobilier
01:23:40 à Los Angeles qui a foutu, je crois qu'il y a 55 000 personnes sans-abri
01:23:43 rien que dans Los Angeles intra-muros.
01:23:46 C'est gigantesque. Aujourd'hui, il y a des gros problèmes aussi de drogue
01:23:49 avec cette nouvelle drogue dont vous avez certainement entendu parler.
01:23:52 Il y a tout un problème de politique publique, économique et sociale
01:23:55 qui est en train de poser de vrais problèmes.
01:23:58 Et c'est là qu'on voit aujourd'hui que, au final,
01:24:01 la vision de Blade Runner sur Los Angeles
01:24:04 était assez juste et en même temps, elle est fausse complètement
01:24:07 sur l'aspect esthétique, mais sur les thématiques,
01:24:10 il y a certainement quelque chose de vrai.
01:24:13 Voilà.
01:24:16 Merci à vous.
01:24:19 (Applaudissements)