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Transcription
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00:13 Je suis historienne de l'art de formation, activiste militante et je suis la gérante,
00:25 la créatrice de cet espace qui s'appelle WETI Galerie.
00:28 C'est un espace où on fait différentes choses.
00:31 D'abord on fait des expositions d'art contemporain,
00:34 mais ici pour la première fois on a fait une exposition d'art moderne avec des peintures congolaises.
00:41 Célébrer la peinture congolaise en même temps que la date anniversaire de l'indépendance du Congo le 30 juin,
00:50 c'est vrai que ça allait un petit peu sous le sens, parce que je me rends compte,
00:54 j'ai étudié l'histoire de l'art à l'ULB et donc j'ai quand même une certaine connaissance de la peinture congolaise.
01:01 Je me suis rendue compte quand les gens sont venus et qu'ils ont commencé à me poser des questions,
01:06 que la communauté en général, ou les gens en général, ont très peu de connaissances finalement sur l'histoire du Congo.
01:15 Et l'histoire du Congo se retrouve à travers l'histoire de ces peintures,
01:20 puisque ces peintures ont été faites par des Congolais au début du XXe siècle, qui travaillaient dans des ateliers.
01:27 C'était des ateliers qui étaient souvent formés, créés par des Belges, blancs,
01:34 et qui ont amené la peinture surchevalaise, qui ont amené la peinture acrylique,
01:40 et qui ont permis finalement à ces artistes de passer sur d'autres médias,
01:46 de passer à justement la peinture surchevalaise, la peinture acrylique,
01:51 alors qu'avant ils avaient plutôt tendance à dessiner ou à peindre sur les parois des maisons.
01:57 C'était des peintures décoratives qui se trouvaient sur les parois des maisons,
02:01 mais qui donc n'étaient pas amenées à être conservées de génération en génération,
02:06 comme c'est le cas avec la peinture sur toit.
02:10 Je m'appelle Yves Bassamby, je suis conseiller communal à Saint-Jos,
02:14 et je suis venu à l'événement de Aino-Eti, parce que je trouve très important
02:18 d'honorer la mémoire des personnes d'origine congolaise et de célébrer le 30 juin,
02:22 qui est quand même une fête hyper importante pour le Congo,
02:26 ainsi que pour la diaspora congolaise de manière générale.
02:29 Je trouve que c'était très intéressant de voir justement
02:32 ce que les artistes ont fait pour cet événement,
02:35 et de voir ce qu'ils ont fait pour la mémoire des personnes d'origine congolaise de manière générale.
02:40 Je trouve que c'était très intéressant de voir justement
02:43 toutes ces peintures qui ont été faites durant l'époque coloniale,
02:47 et moi le sentiment que ça me donne, c'est qu'il y a une transmission qui ne se perd pas,
02:51 malgré les conditions dans lesquelles ces œuvres ont été réalisées.
02:55 Il y a un message positif qui est transmis,
02:58 et je trouve ça hyper intéressant qu'Aino-Eti ait justement eu l'occasion
03:03 de faire ce qu'il a fait en général.
03:05 L'art, à nouveau, permet à plusieurs générations de personnes
03:08 de se retrouver et d'échanger.
03:10 Les personnes qui ont connu le Congo,
03:13 ou même l'Afrique généralement, au début du XXe siècle,
03:18 ou même au milieu du XXe siècle, qui ont connu ces paysages-là,
03:21 et bien ce sont des personnes qui vont dire
03:24 "Ah, mais moi, ces peintures-là me rappellent des souvenirs".
03:27 Moi, personnellement, ces peintures me rappellent des souvenirs,
03:30 des peintures que mes parents avaient ramenées
03:33 et qui décoraient les murs de la maison quand j'étais enfant.
03:58 J'ai eu vraiment envie de venir voir le nouvel endroit,
04:00 de voir la nouvelle ambiance,
04:02 et voilà quand j'ai entendu parler de tous ces artistes congolais,
04:05 dont certains que je ne connaissais pas,
04:07 j'ai été très intéressé et très désireux de constater de mes yeux
04:12 de quelle manière ils arrivaient à peindre la réalité congolaise.
04:18 Et puis voilà, moi je trouve qu'il y a de très très très belles choses
04:21 qui me rappellent un peu mon propre village,
04:24 mes propres régions, mes propres contrées du Cameroun.
04:28 On a le sentiment d'avoir été arraché comme ça,
04:42 quelque part, à notre terre africaine,
04:45 même si moi je suis née en Belgique
04:46 et que mes parents sont venus ici de manière relativement volontaire.
04:49 Au départ c'était pour étudier,
04:51 ils sont restés un peu forcés parce que la situation au pays
04:53 n'était pas possible pour éduquer leurs enfants convenablement.
04:57 Et de toute façon, ce que le colonialisme a fait,
05:00 c'est qu'il nous a arrachés à notre histoire, à notre culture,
05:05 en la rendant démoniaque, en fait,
05:09 en la rendant impropre, en nous traitant de sauvages.
05:13 Donc on a tout fait pour s'éloigner de qui on était.
05:18 Et aujourd'hui on fait un travail un petit peu de reconnexion,
05:21 de se retrouver entiers,
05:27 de se reconnecter à ce passé, à ses origines,
05:32 à ses racines dont on a voulu nous dégoûter, quelque part.
05:37 Et en même temps, on reste qui on est.
05:39 Moi je reste une citoyenne belge, à part entière.
05:45 Moi je dis toujours que je suis 100% congolais,
05:47 je suis 100% belge, je ne veux pas avoir à choisir.
05:50 Et je revendique cette double identité.
05:54 Il y a tellement de choses qui font mon identité,
05:57 et qui font la richesse, en fait.
06:02 Je crois qu'on est vraiment la richesse de ce pays.
06:05 Merci.
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