Yann, Yness, Juliette, Simon, Antoine et Claire ont moins de 34 ans. Ils se révoltent, (dés)espèrent, votent, militent. Ils veulent un autre monde. Un monde écolo, féministe et anti-raciste. Et pour faire advenir ce monde ils ont choisi de soutenir Jean-Luc Mélenchon, un homme blanc de 70 ans. Comment la réalité et les rêves de cette jeunesse citadine, diplômée et connectée entre-t-elle en résonance avec le parcours de son leader ? Mais aussi en dissonance avec son projet final de révolution citoyenne ? Comment, dans ses conditions, permettre l'avènement de "l'ère du peuple" si chère à cette gauche ?
Histoires croisées d'une jeunesse française en pleine ébullition.
Histoires croisées d'une jeunesse française en pleine ébullition.
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00:00 ...
00:16 -Comment distinguer une grande histoire
00:19 d'une simple aventure ?
00:20 Faut-il se fier au premier rendez-vous ?
00:23 -Jean-Luc Mélenchon, j'ai découvert un jour où je partais à la mairie
00:26 et il y avait plein de petits prospectus à ce moment-là.
00:29 -C'est qui, ce monsieur ?
00:31 On dirait un tonton.
00:33 -Tonton !
00:35 On t'aime, tonton !
00:36 -Ca me fait marrer.
00:38 C'est gentil, je vois bien que c'est gentil.
00:40 Pour moi, le mot "tonton", ça renvoie à François Mitterrand.
00:44 -Une belle rencontre.
00:45 Est-ce que ça ne demande pas de dépasser sa première impression ?
00:49 -Je suis resté sur cette image de Jean-Luc Mélenchon
00:52 pendant quelques années.
00:54 C'est-à-dire un vieux fou qui se prend au plus haut de la ligne.
00:57 -Faut-il forcément admirer l'autre pour que ça dure ?
01:01 -C'est un sacré personnage.
01:03 C'est quelqu'un avec du caractère, qui parle bien,
01:06 qui prend les foules avec lui quand il parle.
01:08 -Quel est le secret de la réussite d'une relation
01:11 entre un homme politique et ses soutiens ?
01:14 Qui sont ces 30 % de jeunes Français
01:16 qui ont voté pour Jean-Luc Mélenchon ?
01:19 -En espérant qu'on faisait la majorité.
01:21 -Comment le fondateur de la France insoumise
01:24 est-il devenu le rival de l'abstention
01:26 chez la nouvelle génération ?
01:28 Pourquoi Yann, Juliette, Dalia
01:32 et tant d'autres citoyens et citoyennes de moins de 30 ans
01:35 ont décidé de faire confiance aux plus âgés des candidats,
01:39 trois fois perdant à la présidentielle ?
01:42 -Ce qui m'a poussé à voter pour Jean-Luc Mélenchon,
01:44 c'était le programme environnemental.
01:47 -Si on veut un pays où on vit bien,
01:49 il faut faire des réformes par rapport à la police.
01:52 -La lutte contre les violences sexistes et sexuelles,
01:55 1 milliard pour les violences patriarcales.
01:57 -On est face à quelqu'un qui, même s'il est plus tout jeune,
02:00 il est pas jeune du tout,
02:02 il est à l'écoute de ce qui se passe.
02:04 C'est important. C'est la jeunesse, en fait,
02:06 qui va subir l'avenir du pays.
02:08 Et je dis bien "subir".
02:10 -Tu te sens écouté,
02:11 mais tu te sens écouté par un ancien.
02:13 C'est assez rare, mine de rien.
02:16 Musique douce
02:18 -Les jeunes et Jean-Luc Mélenchon.
02:22 Sur quoi repose cette union ?
02:24 -Ca provoque de la colère.
02:25 -Je peux être que en colère.
02:27 -Ca me met en colère.
02:28 -Il y a quelque chose dans la colère insoumise
02:31 qui relève de l'indignation,
02:33 c'est-à-dire dire "mais vous êtes fous, quoi !"
02:36 -La personnalité de Mélenchon est-elle compatible
02:39 avec le projet de ses neveux et nièces ?
02:42 -L'enjeu, c'est de changer le système.
02:44 -Jean-Luc comprend-il vraiment
02:46 les préoccupations de la jeunesse insoumise ?
02:48 -Je me suis pas dit "les jeunes, c'est formidable,
02:51 "vous avez des trucs."
02:52 -Ou sa capacité de mise à jour a-t-elle atteint ses limites ?
02:56 -Bonsoir.
02:57 -Je peux réviser ma position à cause de vous.
02:59 -Pourquoi pas ? -Non.
03:01 Non, non, non, non, non, j'ai plus envie.
03:03 -Jean-Luc Mélenchon va-t-il laisser sa place ?
03:07 Pourquoi passer le flambeau, paraît-il, si compliqué ?
03:12 -Il a vraiment construit la génération qui vient après.
03:16 -Les plus jeunes vont me dire
03:18 "Eh bien, on n'y est encore pas arrivés,
03:21 "mais on est là."
03:22 C'est pas loin, hein ?
03:25 Faites mieux. Merci.
03:29 -Pour commencer, il faut poser les bases.
03:42 Une bonne relation, c'est avant tout une bonne communication.
03:46 -Hélo !
03:47 Comment ça va ?
03:49 -Sauf qu'en politique, c'est pas tout à fait comme dans la vraie vie.
03:52 On a la chance de pouvoir faire appel à des professionnels.
03:56 -Je suis Antoine Léaumant, j'ai 33 ans,
03:59 et je suis député de l'Essone pour la France insoumise.
04:03 Avant ça, j'étais responsable
04:05 de la communication numérique de Jean-Luc Mélenchon,
04:08 c'est-à-dire que je m'occupais de ses réseaux sociaux.
04:11 -Moi, je pense que ça serait pas mal de faire des plans de ce sens-là.
04:15 Parce que là-bas, t'as des bâtiments
04:17 qui montrent qu'on est dans un quartier pop,
04:19 sinon t'as l'impression qu'on est à la campagne.
04:22 -Pendant 10 ans, Antoine a oeuvré en coulisses
04:25 pour que son patron soit plus qu'un homme politique.
04:28 Léaumant a les codes des réseaux, Mélenchon le talent oratoire.
04:31 Ensemble, il crée Jean-Luc, l'influenceur.
04:34 -J'ai commencé en 2013.
04:36 Je crois qu'il devait y avoir 200 000 abonnés
04:39 sur son compte Twitter et 100 000 sur sa page Facebook.
04:42 Aujourd'hui, on a 2 millions sur Twitter
04:44 et plus d'un million sur Facebook.
04:46 La ligne générale, pour moi, c'est que tous les médias m'intéressent.
04:50 Sans exception, quel que soit le lieu, quel que soit le format.
04:53 -Il y a plein de jeunes qui sont passés pour vérifier que c'était bien ici.
04:57 Moi, je suis plutôt confiant.
05:00 -J'ai connu la période où on faisait des tracts avec des renéaux,
05:03 on se mettait de l'encre dans les trous de nez.
05:06 Quand on avait fait 5 000 tracts,
05:07 on pensait qu'on était les maîtres du monde.
05:10 Si j'avais su à l'époque que je ferais en une semaine
05:13 11 millions de vues sur TikTok,
05:15 peut-être que je me serais évanoui.
05:18 -Jusqu'au dernier moment, on dirait qu'il n'y aura personne.
05:21 -On est l'homme politique numéro 1 sur les réseaux sociaux
05:24 en considérant que ce ne sont pas des outils de communication,
05:27 mais d'information, qui permettent de faire passer des idées
05:31 et de construire quelque chose dans la durée.
05:33 -C'est le contournement de la sphère officielle.
05:36 Donc, nous, qui sommes pointus, aigus,
05:38 qui avons calibré un message,
05:40 on va pouvoir passer à travers ça.
05:42 Qu'est-ce qu'on prend ?
05:43 -Ca marche à tous les coups.
05:45 -Qu'est-ce qu'on impose dans l'agenda médiatique.
05:48 -Et l'agenda médiatique, des gens qui nous intéressent.
05:51 -Avec Antoine, Jean-Luc a trouvé
05:53 un de ses meilleurs entremetteurs politiques.
05:55 En même temps, qui de mieux qu'un ancien centriste
05:58 pour convaincre les citoyens de se laisser séduire par la gauche ?
06:02 -J'étais plutôt de droite, j'étais plutôt côté Beyrou.
06:05 Si j'avais pu voter en 2007, j'aurais voté Beyrou au 1er tour,
06:08 j'aurais voté Sarkozy au 2e, donc j'étais bien parti à droite.
06:12 C'est vraiment le moment où, c'est le hasard,
06:15 j'ai découvert Mélenchon avec un bouquin
06:17 qui s'appelle "Qui te s'en aille tous ?"
06:19 Je me suis dit qu'il était génial,
06:21 que j'étais d'accord avec tout ce qu'il racontait.
06:24 -Levé !
06:25 -Il veut pas dire qu'il s'en vient.
06:27 -Parce qu'en fait, on a fait un Snap avec un rappeur local.
06:30 J'ai dit "Faut voter pour Levé",
06:32 "Votez pour Levé", comme ça.
06:34 Maintenant, je suis devenu Levé.
06:36 Si on a beaucoup investi les réseaux sociaux,
06:39 c'est parce qu'on s'est dit que les jeunes
06:42 votaient peu dans l'ensemble
06:43 et qu'il fallait les convaincre d'aller voter.
06:46 Musique douce
06:48 Là, chez les jeunes, on a fait des scores
06:50 vraiment hyper impressionnants.
06:52 Chez les jeunes et particulièrement
06:54 chez les jeunes dans les quartiers populaires.
06:57 Ce qu'on essaye de faire, c'est de les convaincre
07:00 des idées politiques qu'on porte
07:02 et du fait que c'est les idées de l'avenir.
07:04 -Un projet d'avenir, pas une histoire d'un soir d'élection.
07:08 -Il y a l'aspect électoral, bien sûr,
07:11 qui est un aspect d'urgence, il faut qu'on gagne,
07:13 mais il y a l'aspect plus long terme.
07:15 On essaye de gagner une bataille culturelle.
07:18 -Construire une relation durable avec les citoyens,
07:21 les convaincre d'adhérer à un projet de rupture,
07:24 ça demande d'y croire à fond,
07:26 quitte à paraître un peu fan.
07:28 -Merci à toutes et à tous d'être venus si nombreux.
07:31 Je suis Antoine Léaumant,
07:33 le candidat dans la 10e circonscription de l'Essonne.
07:36 Beaucoup me connaissent sous le nom de M.V.
07:38 Je vous dis juste une chose,
07:40 on a la possibilité de tout changer dans ce pays.
07:42 On peut faire le SMIC à 1 500 euros,
07:44 le blocage des prix, la retraite à 60 ans,
07:47 supprimer Parcoursup, dont je sais que c'est un énorme problème.
07:50 Nous aurons celui que vous attendez pour prendre la parole,
07:53 comme Premier ministre, Jean-Luc Mélenchon !
07:56 -C'est plus qu'un patron pour moi, ça a été d'abord un mentor.
08:00 -J'ai coupé la parole
08:03 aux presque meilleurs des nôtres.
08:05 On prend tous les bulletins pour que personne ne sache
08:08 ce qu'on va faire.
08:10 Ensuite, on rentre dans le machin, on tire le rideau,
08:13 on choisit le bulletin. Le plus intéressant,
08:15 c'est celui où on voit le...
08:17 -Président !
08:18 -Faites voir avec les mains. Votez, victoire !
08:21 En France, les personnes plus âgées
08:25 vont plus voter que les autres.
08:27 Et il arrive que quand l'âge vient,
08:30 on devient plus créatif, plus conservateur,
08:33 et on n'aime pas trop que tout change,
08:36 tout bouge tout le temps.
08:38 Et on trouve que les jeunes sont bien agités
08:40 et qu'ils devraient être plus calmes.
08:42 -Mélenchon, l'homme qui a trouvé le secret
08:45 de la jeunesse éternelle.
08:47 Une histoire vraie ou juste une story de plus ?
08:50 Le profil des élus vise à toucher les citoyens au coeur.
08:54 Âge, origines géographiques et sociales,
08:57 valeurs, façon d'être,
08:59 les points communs et les différences
09:01 sont scrutés, jugés.
09:03 En politique, l'algorithme peut donner des matchs improbables.
09:07 Comme un homme de 71 ans avec des "junts"
09:10 ou un Antoine Léaumant avec des habitants des quartiers populaires.
09:13 -J'ai pas grandi dans un quartier populaire.
09:16 J'ai pas grandi non plus dans une ville
09:18 de la périphérie de Paris.
09:20 J'ai grandi dans une petite ville de province, à Châteauroux.
09:24 -OK, je suis blanc. C'est ça, la question.
09:26 Mais les problèmes que j'ai rencontrés
09:29 liés à la ruralité et pas aux quartiers populaires,
09:32 c'est des problèmes similaires aux quartiers populaires.
09:35 Est-ce qu'il n'y a pas des moyens de faire en sorte
09:38 que la jeunesse qui vit en banlieue ait plus envie de s'investir
09:41 et de se représenter ? -Non, non.
09:43 Ils doivent faire le boulot.
09:45 Rien n'est jamais cadeau, les jeunes.
09:47 Surtout si t'es pauvre, si tu viens de milieux populaires.
09:51 La seule consigne, c'est "bats-toi".
09:53 -Rien n'est jamais cadeau,
09:55 mais certaines mesures politiques peuvent aider à faire sa place
09:59 et donc s'engager.
10:00 Si chacun est responsable de son destin,
10:03 l'environnement social joue aussi un grand rôle.
10:06 Pour rappel, la lutte contre Parcoursup
10:09 et son système scolaire élitiste
10:11 figurent au programme de la France insoumise.
10:14 En quoi Mélenchon serait-il le mieux placé
10:18 pour représenter la jeunesse de banlieue ?
10:20 Une jeunesse connectée, certes.
10:23 -Il y a pas de belles photos de Jean-Luc et moi
10:26 quand on se prend dans les murs ?
10:28 -Si t'as la vidéo de Pierre...
10:32 C'est pas de chance.
10:34 -Mais une jeunesse qui attend surtout l'étape d'après,
10:37 trouver enfin cette personne qui comprend leurs besoins,
10:40 une personne qui incarne le progrès social.
10:43 -Tu sais, parfois, je me dis que la journée, elle est finie,
10:52 mais non, elle est pas finie.
10:54 -Comment ça se passe la première fois ?
10:56 La première fois qu'on se motive pour aller voter
10:59 et qu'il faut donner sa confiance à un inconnu.
11:03 Est-ce qu'on se lance tête baissée, les yeux fermés ?
11:05 Ou plutôt avec prudence ?
11:07 -J'ai voté utile.
11:09 C'est-à-dire que Jean-Luc Mélenchon,
11:11 c'est pas le choix parfait, c'est vraiment juste un bon début
11:14 pour atteindre des objectifs.
11:16 Je m'appelle Dalia, j'ai 25 ans,
11:18 j'ai toujours grandi et vécu en banlieue.
11:21 J'ai une licence de japonais
11:22 et je travaille dans une épicerie spécialisée asiatique.
11:26 -Le système de vote, déjà, en lui-même, est biaisé.
11:29 -On va déterminer s'il y a des grandes lignes en or,
11:32 mais la circulation continue.
11:34 Vous pouvez...
11:35 Vous pouvez aller sous le pied, juste en face.
11:37 -Je vous attends.
11:39 -Si Dalia et sa sœur Yasmine ont décidé de soutenir
11:41 Jean-Luc Mélenchon, c'est avant tout une question de foi
11:45 et de trauma.
11:46 -J'ai grandi dans une ville où j'avais des amis
11:48 quand j'étais au collège, qui arrivaient un jour à l'école
11:52 et ils avaient des bleus sur le corps
11:54 parce qu'ils étaient partis en garde à vue.
11:56 Leur seule erreur, c'était d'être partis faire des courses
11:59 sans leur justificatif d'identité.
12:01 En banlieue, en fait, on est conditionnés à penser à ça.
12:04 C'est-à-dire que si on ne le fait pas,
12:07 on sait qu'on risque d'avoir des problèmes.
12:09 -Sarcelle, au nord de Paris.
12:12 Comme dans beaucoup d'autres banlieues,
12:14 la moitié des votants a glissé un bulletin Mélenchon dans l'urne
12:18 à la dernière présidentielle.
12:19 Promesse de réformer la police,
12:22 soutien à la communauté musulmane,
12:25 Jean-Luc a rallumé un espoir.
12:28 -Je vais aller prier, habibi.
12:32 -Vas-y, ça marche.
12:33 Faut que je coupe...
12:35 des légumes en attendant ?
12:37 -Euh... Je veux bien, s'il te plaît.
12:40 La prière, c'est quelque chose qui a une place importante,
12:45 sauf que je suis censée prier à des moments précis dans la journée.
12:48 Mais pour des raisons de laïcité, je ne prie pas sur mon lieu de travail.
12:52 Je rate mes prières.
12:53 Donc, en rentrant, forcément, je les rattrape.
12:56 C'est un moment où je sais que personne ne va me déranger.
12:59 C'est mon moment à moi,
13:01 ça me prend quelques minutes dans la journée,
13:03 et c'est quelques minutes de pur silence autour de moi.
13:06 Musique douce
13:09 ...
13:36 -Je comprends de quoi il s'agit.
13:37 J'ai moi-même été un jeune croyant.
13:40 Puis, les circonstances de l'existence m'ont éloigné
13:43 du discours et de la pratique de la foi catholique.
13:46 Donc, je ne suis pas surpris qu'un jeune soit croyant.
13:49 Ça ne me paraît pas être une monstruosité.
13:52 -De temps en temps, comme ça, dans ma vie,
13:54 je suis choquée par ce qui m'entoure.
13:56 C'est-à-dire que je peux rencontrer quelqu'un,
13:59 être amie avec cette personne pendant des années,
14:02 et d'un coup, cette personne me dit une monstruosité raciste.
14:05 On m'explique qu'on me déteste et qu'on déteste ceux qui me ressemblent.
14:09 Enfin, non, qu'on ne me déteste pas moi,
14:11 parce que je ne suis pas comme les autres, justement.
14:14 Ben, si, en fait. Moi aussi, je suis comme ça.
14:17 Je suis exactement comme les autres.
14:19 Les autres que tu détestes, c'est-à-dire les Arabes et les musulmans,
14:23 devine quoi. Mauvaise nouvelle.
14:25 J'en suis une.
14:26 -La patrie républicaine, elle est à tous ces enfants.
14:30 Cette jeune femme, c'est ma compatriote.
14:33 -Je ressens une profonde idée d'attachement.
14:38 Et je ne supporte pas
14:40 ceux qui voudraient provoquer dans ce pays cette coupure abominable.
14:45 La voie de passage, c'est pas essayer d'extirper la religion du coeur des gens.
14:49 Ca ne sert à rien.
14:50 -C'est un truc qui a changé depuis que tu t'es remise à prier tout doucement.
14:55 C'est que moi, je te sens beaucoup plus sereine depuis.
14:58 -C'est le cas. C'est le cas. Je suis beaucoup plus sereine.
15:02 J'ai moins de pression.
15:03 J'ai l'impression d'avoir moins de pression sur les épaules.
15:07 -Un discours de tolérance vis-à-vis des religions, étonnant.
15:10 Connu et reconnu pour ses positions anticommunautaristes,
15:14 Jean-Luc Mélenchon renie-t-il son passé ?
15:16 -Peut-être qu'il y a 30 ans, j'aurais pas réagi comme ça.
15:19 Tout m'insupportait.
15:21 Les bonnes sœurs qui passaient en cornette.
15:23 -Qu'est-ce qui s'est passé ?
15:25 -Vous recevez la leçon de la vie.
15:27 Vous dites que ça n'a pas de sens d'être comme ça.
15:30 Si vous êtes un anticlérical forcené
15:32 qui ne supporte aucune pratique religieuse,
15:34 ça vous élimine un nombre de gens considérable autour de vous.
15:38 -Opportunisme électoral ?
15:40 Antiracisme sincère ?
15:42 Jean-Luc Mélenchon met sa capacité de remise en question
15:45 au service de la lutte contre un ennemi
15:48 que lui et Dalia ont en commun.
15:50 -J'ai grandi à Garges-Légonès dans le 95.
15:53 J'avais envie de faire mon devoir de citoyenne
15:55 d'une manière ou d'une autre.
15:57 Donc je me suis proposée pour dépouiller.
16:00 Et Garges, c'est une ville...
16:02 C'est un melting pot, en fait.
16:03 Il y a toutes les cultures qui sont mélangées.
16:06 Quand on marche dans les rues à Garges,
16:08 on n'a pas l'impression que le racisme existe.
16:11 Après, on ouvre le premier vote, et c'est Marine Le Pen.
16:14 Et on se dit "Ah !
16:15 "Ils sont où, ces gens, dans la vraie vie ?"
16:18 Exactement, ils sont où, en fait ?
16:20 Je me suis dit "Dans quel monde je vis, finalement ?"
16:23 Tout de suite, on se dit "Qu'est-ce qui va se passer
16:26 "pendant ces élections ?"
16:27 Je suis franco-égyptienne.
16:29 J'ai pas envie de continuer à vivre dans un pays qui me déteste.
16:32 J'ai envie d'avoir des enfants un jour.
16:35 J'ai pas envie de leur donner un pays qui les déteste.
16:38 C'est pas un objectif.
16:39 -Combattre l'extrême droite par tous les moyens,
16:43 lutter contre le racisme quotidien,
16:46 c'est aussi partir en guerre contre un adversaire
16:49 bien plus difficile à neutraliser.
16:51 -Il manque un peu de salive.
16:53 -Ce serait mentir de dire qu'il n'y a pas de racisme d'Etat,
16:56 c'est-à-dire qu'on est dans un pays où, quel que soit notre statut social,
17:00 à partir du moment où on n'est pas blanc, on aura des difficultés.
17:04 -Quand on ressent ce privilège d'être un homme blanc...
17:07 -On s'en rend pas compte.
17:08 Au début, j'ai commencé par dire "Non, mais ça va pas.
17:11 "C'est quoi, le privilège d'un homme blanc quand il est pauvre ?"
17:15 On m'a dit "On va te le raconter."
17:17 Et quand on vous le raconte, vous dites "C'est pas que faux."
17:20 Parce que ça touche à tout, à l'intime.
17:22 -Vous vous définiriez comment ?
17:24 -Je n'appartiens à aucune communauté fondée sur la couleur de peau.
17:28 Ca, jamais. Quelle horreur.
17:30 -Qui peut affirmer aujourd'hui ne pas se définir par sa couleur de peau ?
17:34 Pour qui l'intime n'est-il toujours pas politique ?
17:38 Peut-être pour ceux qui peinent à prendre conscience
17:41 de leurs privilèges.
17:43 -Je pourrais commencer récomportant comme ça.
17:45 -Jean-Luc Mélenchon, il n'incarne pas vraiment l'antiracisme
17:49 tel qu'on aimerait le voir en France, mais c'est un bon début.
17:52 Si je devais faire des choix par rapport à l'antiracisme
17:55 en France, politiquement parlant, je voterais pas
17:58 Jean-Luc Mélenchon.
17:59 C'était plus présent dans le discours de Poutou
18:02 que dans le discours de Mélenchon.
18:04 Sauf qu'il s'agirait d'unir la gauche.
18:06 -C'est trop bon à lire. -On passe un bon moment.
18:09 -Je t'aime.
18:10 Musique sombre
18:11 -Moi aussi, je t'aime.
18:13 -Je t'aime.
18:14 -Sale. Je sais pas si je t'aimerais autant
18:16 si tu savais pas cuisiner.
18:18 ...
18:19 Rires
18:20 -Ah, désolée. La purité est sortie.
18:22 ...
18:31 Musique douce
18:33 -La passion du début.
18:34 À la découverte de l'autre et de son univers.
18:38 Les yeux, le coeur, tout est grand ouvert.
18:41 -C'est la première fois que je le vois porter du maquillage.
18:44 Et en plus, c'est moi qui le fais. Il est beau, mon coeur !
18:47 -Il est beau, ton coeur. -Oui, il est beau, mon coeur.
18:50 ...
18:52 -On se laisse prendre par la main jusqu'à Annecy
18:54 pour la marche des fiertés,
18:56 en soutien à la communauté LGBTQIA+,
18:59 et pas avec n'importe qui, avec toute la famille.
19:02 ...
19:05 -On parle assez peu politique dans ma famille.
19:08 Et en arrivant à Paris,
19:09 j'ai rencontré des personnes qui m'ont politisé.
19:12 -T'en as combien, là ?
19:14 -Plein.
19:15 ...
19:18 -Je m'appelle Yann Guérin.
19:20 J'ai 24 ans depuis cet été,
19:22 fraîchement diplômé des arts et métiers
19:24 à une école d'ingénieurs,
19:26 et donc je suis ingénieur en CDI.
19:28 -La vie parisienne, la politique, Mélenchon...
19:31 Yann a tout découvert en même temps.
19:33 -En 2017, j'étais pas politisé.
19:36 J'avais eu un papier dans ma boîte aux lettres
19:38 d'Emmanuel Macron,
19:40 qui avait dit "Le candidat des jeunes, c'est notre projet", et tout.
19:43 Et du coup, j'ai voté Emmanuel Macron.
19:48 J'assume plus, maintenant.
19:50 Mais c'est une erreur de parcours, une erreur de jeunesse.
19:54 -La scène, je vois la scène.
19:56 -Une erreur que peu reconnaissent.
19:58 Le vote gay pour Mélenchon ne va pas toujours de soi.
20:01 Macron, Le Pen et même Zemmour
20:03 sont aussi appelés dans les urnes par la communauté.
20:06 Même si Mélenchon reste un des rares à penser à elle dans son programme.
20:10 -Chez Jean-Luc Mélenchon, j'aime beaucoup sa capacité
20:14 à accepter de changer d'avis.
20:16 L'humilité qu'il a de dire "J'ai eu tort".
20:20 À cette époque-là, j'avais dit quelque chose,
20:22 mais j'ai eu tort,
20:24 parce que j'ai eu de nouvelles informations depuis,
20:26 et avec ces nouvelles informations, j'ai changé d'avis,
20:30 et maintenant, mon avis, c'est ça.
20:32 Exemple, c'était sur les personnes transgenres, il me semble.
20:35 -Je pars de rien du tout, à me dire "C'est quoi, cette histoire ?"
20:38 C'est pas mon sujet, quoi.
20:40 Et puis, je participe à la moyenne un peu narquois,
20:43 je me dis "Vraiment, c'est un sujet."
20:46 "Quoi ? Tu sais pas si t'es un homme ou une femme ?"
20:48 Le truc niveau zéro, quoi.
20:52 Vous êtes interpellé par des jeunes camarades.
20:56 Vous avez de l'estime pour eux, de l'affection,
20:59 tout d'un coup, vous amène un problème comme ça.
21:01 Bon, il faut réfléchir.
21:03 Puis, il y a les expériences.
21:05 Je rencontre une personne transgenre.
21:08 Et puis, tout d'un coup, le regard change.
21:12 Et sur plein de choses.
21:13 -Faire de la place à toutes les identités,
21:16 faire la gay pride avec sa mère,
21:19 c'est aussi ça, la génération Mélenchon.
21:21 -Non, I-L. C'est que ce sont ni I ou L.
21:23 -Allez, non binaire. N-B.
21:25 -Non binaire, oui. -Non binaire.
21:27 -Il fallait une I-L. -Non, I-L, c'est le pronom.
21:29 I-E-L. I-L, le pronom I-L.
21:32 -Une génération qui réinvente le présent
21:34 et imagine un futur vivable.
21:36 -On est là pour pécho ?
21:38 -Ah oui, le but, c'est pécho. -Bah oui.
21:41 Enfin, moi, tu fais ce que tu veux.
21:43 Regarde, "free kiss". Faut faire des bisous aux gens.
21:46 -Peut-être parce que cette génération,
21:51 tout comme Mélenchon, apprend du passé.
21:53 -J'ai pas envie de revoir les gens qui m'ont harcelé au collège
21:57 et de leur dire "Ah ouais, trop bien, on est trop potes du collège."
22:00 -Au début des années 90, Jean-Luc est sénateur
22:04 et propose dans la foulée la première loi
22:07 pour créer un partenariat civil, le fameux PACS.
22:11 -Et j'avais un peu un remord, parce qu'en 1982,
22:14 quand François Mitterrand et ses gouvernements
22:17 ont aboli la punition,
22:20 c'était criminaliser l'homosexualité,
22:22 j'ai fait partie, je pense,
22:24 j'ai pas de souvenirs précis de ces gens qui disaient
22:26 "Non mais franchement, on n'a pas autre chose de plus urgent ?"
22:30 C'était ça, la mentalité.
22:32 "Non mais attends, on n'a pas dit qu'on allait faire le socialisme ?
22:35 C'est le côté un peu rustre."
22:37 Je pense que...
22:39 En tout cas, je n'ai pas compris à l'époque de quoi on parlait
22:42 et ça m'intéressait pas.
22:43 Et quand ces gens arrivent,
22:45 tout d'un coup, je découvre ce monde de cruauté,
22:50 de brutalité, comme ça, qu'on avait tous sous les yeux.
22:53 -Ouais, il y a eu des pensées très sombres,
22:55 j'ai voulu faire des trucs qu'il faut pas faire.
22:58 Il y a eu...
23:00 un moment où vraiment, ça allait pas du tout
23:04 et où je me faisais harceler beaucoup, beaucoup.
23:07 C'était en quatrième, si je dis pas de bêtises.
23:10 J'ai eu des pensées suicidaires, quand même, à l'époque.
23:14 J'ai eu des moments où j'étais pas loin du tout.
23:19 Et heureusement que j'ai rien fait.
23:22 Pardon.
23:23 Et heureusement que j'ai rien fait,
23:29 mais l'idée était là, quoi.
23:33 Musique douce
23:36 ...
23:45 -Oh, il a une énorme bite ! -C'est incroyable !
23:47 -J'aime beaucoup. Il me faut la même chose.
23:50 Si vous savez pas quoi m'offrir pour mon anniversaire,
23:52 je veux une grosse bite.
23:54 Nous sommes féministes et en colère. OK, j'ai les paroles !
23:57 Nous sommes queers, nous sommes fiers !
24:00 Il faut chanter les chants un peu d'extrême-gauche, là.
24:05 Allez, les islamo-gauchistes, on chante ensemble !
24:09 -Racisme, discrimination de genre, justice écologique et sociale,
24:13 Jean-Luc a su capter les intérêts d'une jeunesse progressiste.
24:17 Tout droit venu du monde d'avant,
24:20 Mélenchon parviendra-t-il à tenir le rythme de ses nouveaux partenaires ?
24:24 Car cette jeunesse-là n'attend pas qu'on lui donne la permission
24:27 pour embrasser le nouveau monde et ses combats.
24:31 -D'être moi à 100 % et de le montrer autant,
24:34 c'est une revanche sur toutes les personnes
24:38 qui m'ont dit que c'était pas normal d'être moi.
24:41 Mon orientation sexuelle fait de moi une minorité.
24:44 Même si je suis un homme blanc cisgenre,
24:46 je reste une minorité.
24:48 Et ça m'a permis aussi de m'ouvrir aux personnes discriminées.
24:52 Et du coup, politiquement, ça me fait aller vers des partis
24:55 qui vont aider ces personnes.
24:57 Musique douce
24:59 ...
25:09 Musique douce
25:12 -L'entrée à la fac, on change de vie, on se fait de nouveaux amis.
25:17 C'est comme se choisir une nouvelle famille,
25:20 une famille réunie autour de valeurs et de causes communes.
25:24 -C'est au meeting de Mélenchon
25:26 dans lequel ils présentent ce que sera l'union populaire,
25:30 que j'ai rencontré les gens qui sont aujourd'hui
25:33 mes plus proches amis.
25:35 Et du coup, c'est à partir de ce meeting-là
25:37 que je me suis vraiment engagée et que j'ai pas arrêtée par la suite.
25:41 -C'est le game of thieves.
25:43 -Je m'appelle Juliette Malbois, j'ai 20 ans.
25:45 Je suis étudiante en information-communication
25:48 à Rennes-2.
25:49 Et je milite aussi à côté de mes études.
25:52 -Venez, venez, venez !
25:54 -Bonjour. -Alors...
25:55 Première chose, merci beaucoup d'être venue nous aider.
25:59 -Après avoir fait la campagne présidentielle
26:01 et la campagne législative, je me suis dit
26:04 que je ne pouvais plus rien faire.
26:06 Et du coup, j'ai décidé de m'engager pleinement
26:09 dans un syndicat étudiant pour lutter
26:11 contre la précarité étudiante.
26:13 -Juliette découvre Jean-Luc Mélenchon en 2017.
26:16 Elle a 16 ans et voit son frère militer
26:18 pour la présidentielle.
26:20 Trois ans plus tard, elle commence des études supérieures à Rennes
26:24 et s'engage auprès des jeunes insoumis,
26:26 loin de son milieu d'origine.
26:28 -Je suis née à Angers, j'ai grandi dans une petite commune
26:31 du Ménéloir, dans le 49, à Saint-Martin-d'Arcée.
26:34 Et mes parents sont au cadre.
26:37 Et du coup, je suis la petite bourgeoisie des campagnes.
26:40 -On en revient à la distribution.
26:42 Donc, vous avez vu qu'on a réparti les produits par table
26:46 selon les types de produits.
26:47 Les féculents, l'épicerie salée, l'épicerie sucrée,
26:50 les fruits et les légumes.
26:52 Le rôle des gens, une fois qu'on a tout installé,
26:55 c'est de se mettre derrière les tables.
26:57 C'est pas un travail très amusant, mais c'est de vérifier
27:00 que les gens ne partent pas avec plus que ce qu'on leur donne.
27:04 Sur les épiceries salées et sucrées, c'est deux produits.
27:07 Il va falloir répéter. Dès que les personnes arrivent,
27:10 vous leur redites. Et surtout, il y a du bruit ambiant.
27:13 Il faut le faire avec les doigts.
27:15 -La moitié de la jeunesse étudiante,
27:17 la moitié, sur 2 millions, ça fait 1 million,
27:20 travaille pour suivre ses études.
27:22 La moitié étudiante, on devait être rien, quoi, 10 %,
27:26 qui travaillait un peu le soir, un peu ici, un peu là.
27:29 Maintenant, c'est la moitié.
27:31 C'est une jeunesse qui a les deux caractéristiques
27:34 impliquées dans la vie, comme on dit,
27:36 concrète, matérielle,
27:38 et dans l'état de disponibilité intellectuelle
27:43 pour regarder le monde.
27:44 Donc, on peut apprendre beaucoup.
27:46 -La précarité étudiante, on a commencé à en parler
27:49 pendant le Covid,
27:51 mais depuis, ça s'est pas arrêté.
27:53 Cette année, ça varie entre 500 et 600 étudiants
27:56 à chaque distribution.
27:57 L'Union Pirate, c'est un syndicat étudiant à Rennes
28:01 qui est majoritaire.
28:03 Donc, nous, avec l'Union Pirate, on essaie de faire en sorte
28:06 que ça se déroule au mieux,
28:08 pour pas que ce soit non plus trop un moment chiant,
28:11 parce que c'est pas toujours agréable, déjà,
28:13 d'aller à ces distributions.
28:15 Ça prend du temps, des fois, sur certains cours.
28:18 C'est pas toujours agréable, je pense,
28:20 mais on peut montrer aux autres qu'on est dans une précarité
28:23 qui nous oblige à faire 30 minutes de queue pour récupérer un sac.
28:27 -T'as eu droit à deux articles sur l'ensemble de la table.
28:30 Je sais pas si t'as déjà pris deux articles.
28:33 Tu veux reposer ça ?
28:36 Tiens.
28:37 Prends.
28:38 Enfin, c'est le dégoût, en fait.
28:41 J'ai vraiment beaucoup de colère envers le gouvernement
28:44 qui se rend pas compte de cette détresse-là
28:47 de la jeunesse et des étudiants.
28:49 ...
28:52 -Comme Juliette, de plus en plus de jeunes privilégiés
28:55 se reconnaissent dans le mouvement de la France insoumise.
28:59 Un non-sens ?
29:00 Pas tant que ça quand on connaît la situation
29:02 de Jean-Luc Mélenchon.
29:04 Issu d'un milieu modeste,
29:06 le populiste déclare un patrimoine d'un peu plus d'un million d'euros.
29:11 -Vous êtes bourgeois ou vous ne l'êtes pas,
29:13 vous voyez bien que ça peut pas durer comme ça,
29:16 qu'on est en train de saccager la planète.
29:18 Vous êtes bourgeois, vous avez pas de conscience.
29:21 Mais la conscience sociale, c'est toujours la chose
29:24 qui retarde le plus chez le bourgeois.
29:26 Il faut donc amener, je dis le bourgeois pour caricaturer,
29:29 mais tout le monde peut être convaincu.
29:31 Moi, je ne rêve que de ça, notamment dans la pratique,
29:34 dans mon idée de la révolution citoyenne.
29:36 -Pas pour moi.
29:37 Quand je demande une meilleure répartition des richesses,
29:40 c'est pas pour mes parents,
29:42 parce que mes parents s'en sortent globalement très bien.
29:45 C'est vraiment une question d'égalité.
29:48 Qu'ils puissent vivre dans les mêmes conditions
29:50 et que personne n'ait à s'inquiéter de comment il va finir le mois
29:53 ou comment il va nourrir ses enfants.
29:55 -Tu rencontres ceux pour qui et ceux pour qui aussi tu te bats ?
30:00 -Oui.
30:01 -Tu connaissais l'Union pirate avant ?
30:03 -De non, oui. Ca fait un an que je suis à la PAC.
30:06 -OK, trop bien.
30:07 Et du coup, ça va, les distribs alimentaires,
30:09 tu trouves ça... En termes de quantité, ça te suffit ?
30:12 Qu'est-ce que tu en penses ?
30:14 -Bon, j'ai pas les moyens,
30:16 parce que je vis avec la bourse.
30:18 L'année dernière, je n'avais pas du tout envie de parler de tout ça.
30:22 Et du coup, ce que je fais, c'est juste que je vis
30:24 que en mangeant des pâtes.
30:26 -L'avenir de la France,
30:28 l'avenir des insoumis.
30:30 C'est en partie ici qu'il se joue.
30:33 -OK, donc ça te permet de manger plus varié
30:37 et peut-être plus équilibré aussi,
30:39 même si ça, c'est pas forcément très...
30:42 -Par exemple, j'ai pris... -Il y avait des fruits, des légumes.
30:45 -C'est diversifié. -Ouais, mais c'est cool. OK.
30:48 -Entre les boîtes de conserve et les stickers de l'union pirate,
30:52 on aide ceux qui en ont besoin.
30:54 On réseaute, on fait de la politique.
30:58 -Avoir un taf en parallèle de ses études,
31:01 c'est la première cause de l'échec de ses études.
31:05 C'est un cercle vicieux.
31:06 T'es en difficulté économiquement,
31:08 pour payer tes études, tu travailles,
31:10 et au final, tu mets en danger aussi tes études.
31:13 Et c'est ce que la Macronie appelle la méritocratie,
31:16 ce qui n'existe pas vraiment.
31:17 Mais du coup, voilà...
31:19 C'est un peu indirectement...
31:22 verser un discours de gauche aussi dans les esprits, en fait.
31:26 Voilà, c'est la solidarité.
31:28 On organise ça parce que le gouvernement fait rien à côté.
31:31 Et je pense que c'est aussi transmettre des discours de gauche
31:34 qui sont indispensables...
31:36 Qui sont indispensables.
31:38 Musique douce
31:40 ...
31:50 ...
31:55 -Le moment où on s'installe.
31:57 Ca y est, on est dans le vrai, dans le concret.
32:00 La tête dans le chantier.
32:02 -Du coup, là, en fait, on...
32:05 On met des cales pour pouvoir avoir un plancher...
32:08 Pour mettre ensuite la cuve souple
32:10 qui nous permettra de stocker le plat de source.
32:13 -En 2017, y a eu les élections présidentielles.
32:16 Moi, j'étais beaucoup sur les réseaux, beaucoup à commenter,
32:19 beaucoup derrière mon ordi, à lire,
32:21 à répondre aux gars qui faisaient des commentaires.
32:24 J'étais pas un troll. J'aime pas le mot "troll".
32:27 J'arrivais, je te faisais des pavés comme ça,
32:29 et parfois, ça marchait.
32:31 Je m'appelle Simon Bracquemart.
32:33 J'ai 31 ans.
32:35 Et je suis régisseur sur...
32:38 du tournage de fiction.
32:40 Je suis néo-rural, j'aime bien dire ça,
32:42 parce que je suis un vrai citadin dans l'âme,
32:45 mais j'habite maintenant à la campagne.
32:47 -Y a 12 ans, je m'imaginais pas du tout
32:50 habiter dans un hameau avec Simon...
32:53 Et faire des projets potagers et compagnie, quoi.
32:57 -Mariane et Simon sont tous les deux intermittents du spectacle.
33:01 Après des années à Paris et Bruxelles,
33:03 ces deux militants de la France insoumise
33:05 ont décidé de partir vivre au fin fond de l'Alsace,
33:08 à Sainte-Marie-aux-Mines, dans le Haut-Rhin,
33:11 un gros projet. -Ah, c'est du travail, oui.
33:13 C'est du travail, de s'occuper d'une maison,
33:15 de devenir autonome, etc.
33:17 La maison, en général, c'est beaucoup de travaux manuels.
33:20 Je suis pas du tout bricoleur, donc ça va arriver, j'espère.
33:23 Ça viendra par la force des choses.
33:25 Déjà, je pensais pas être...
33:27 Je pensais pas prendre du plaisir autant à couper du bois, etc.
33:30 Donc ça, c'est déjà coché.
33:32 -On est motivés, la sécheresse, ça motive ?
33:35 Qu'est-ce que...
33:37 -On est motivés par la nécessité.
33:39 Si, dans les années qui arrivent,
33:41 on arrive à être indépendants en légumes,
33:45 indépendants en fruits,
33:47 c'est tout bénef et c'est...
33:49 On aura réussi ce qu'on veut faire.
33:51 -Le couple qui installe une cuve, je comprends la démarche.
33:55 La crise de l'eau, j'ai dû être le seul homme politique
33:58 qui a essayé de sonner l'alerte.
34:00 Au niveau de la présidentielle, il y avait déjà des gens,
34:03 sur le plan associatif, qui faisaient beaucoup de choses,
34:07 mais c'est une prise de conscience, il y a 5 ans, 6 ans,
34:10 et on comprend que c'est vital et que c'est en train de tourner
34:13 à la catastrophe, donc je commence ma campagne présidentielle
34:17 avec ça. Résultat, Oualou, zéro.
34:19 C'est-à-dire que ça n'a pas pris.
34:21 Personne n'a rebondi, personne n'a voulu entrer dans la discussion.
34:25 Musique douce
34:27 -En 2012, mon premier vote pendant le présidentiel,
34:30 ça a été pour Mélenchon.
34:32 Il y a une sorte de vision.
34:34 Il a compris que c'était ça qu'il fallait porter comme idée,
34:38 qu'il fallait allier l'écologie, le social, l'anticapitalisme.
34:42 Il y a une sorte de... Moi, c'est ça que j'aime beaucoup
34:45 dans le programme. Applaudissements
34:48 Il y a une volonté de réduire ma dépendance à un système
34:51 pour être plus en accord avec mes idées politiques aussi,
34:54 les idées que je défends en tant que militant.
34:57 C'est important d'être le plus en adéquation possible
35:00 tous les jours. Il y a aussi cette idée-là
35:02 que j'ai un enfant, on s'est posé la question de faire un enfant.
35:06 C'était déjà dans quel monde notre fille grandira.
35:10 -Qu'est-ce que tu regardes ?
35:11 -Avoir la responsabilité d'un autre être humain,
35:14 ça remet en question ses priorités,
35:16 ça peut aussi accentuer certaines angoisses.
35:19 -C'est rouge, ce sera jaune.
35:21 Avant, à Milhouse, on avait un petit jardin
35:23 qui faisait 80 m2.
35:25 Là, il fait 3 000.
35:27 Donc... Oui, ça change.
35:30 On a notre petit affleur à perso, là.
35:32 ...
35:35 -Il y a aussi le fait que pour moi,
35:37 il y a plus de sécurité à habiter à la campagne.
35:40 Un côté de moi me dit que l'effondrement
35:42 peut peut-être arriver un jour,
35:44 et à ce moment-là, il faudra être protégé.
35:46 -Mais je leur dis...
35:48 Je comprends ce que vous faites, mais attention, les amis,
35:52 la solution, c'est pas chacun pour soi.
35:54 Chacun s'accule de flotte, chacun son générateur d'électricité,
35:58 chacun... Non, la solution, on est collectif.
36:00 C'est une autre gestion de l'eau dans le pays,
36:03 économe, prudente, méthodique,
36:06 et là, c'est pas en régulant l'eau
36:08 au moment de se brosser les dents
36:10 qu'on va régler le problème de l'eau dans le pays.
36:13 C'est en expropriant les compagnies privées
36:15 qui exploitent l'eau,
36:17 c'est en organisant des coopératives,
36:19 c'est en ayant une action sociale.
36:21 -Agir pour la cause, agir pour soi,
36:24 le dilemme de toute personne engagée.
36:26 Et si les deux étaient compatibles ?
36:29 -Moi, déjà, je suis un fils de militant.
36:31 Je suis un enfant d'SOS Racisme.
36:34 Mes parents se sont rencontrés à SOS Racisme à l'époque.
36:37 J'ai grandi avec mon père, qui me racontait sa vie de militant,
36:40 qui m'a appris ce que c'était qu'être de gauche,
36:43 ce que c'était les inégalités,
36:45 ce que c'était de lutter contre les inégalités.
36:48 Donc j'ai grandi dans la politique.
36:50 Le truc, c'est que là, j'arrive à un stade
36:53 où va falloir que je recommence à militer
36:55 pendant pas très longtemps, parce que,
36:57 même de rien, quand t'es loin des choses qui se passent,
37:00 t'es tout de suite largué, et...
37:02 Moi, ça commence à me manquer un petit peu, aussi.
37:06 -Un matin, on se lève.
37:10 Tout est devenu mécanique.
37:12 Ca y est, la routine nous a piégés.
37:15 -Bonjour, monsieur.
37:16 Il faut aller voter dimanche.
37:17 C'est le second tour des législatives.
37:19 On est arrivé en tête dimanche dernier,
37:21 donc on peut gagner.
37:23 -Sauf que sur notre route,
37:24 une rencontre va nous réveiller,
37:26 du genre femmes brillantes et expérimentées,
37:29 ses passions, le changement et l'environnement.
37:33 -C'est vous, ça ? -Oui, c'est moi.
37:34 Donc là, on est devant, au premier tour,
37:37 mais de pas grand-chose.
37:39 C'est Claire Lejeune, j'ai 28 ans,
37:41 et je suis en thèse de sciences politiques.
37:44 Et à côté, je suis militante
37:47 depuis un certain nombre d'années, maintenant.
37:49 -Bonjour. -Comment vous allez faire baisser
37:51 les taxes de licence à 60 % ?
37:53 -On va bloquer les prix, surtout. -Ah !
37:55 -C'est bien. -C'est une des mesures clés
37:58 dans le programme.
37:59 Si on gagne... Merci.
38:01 Au moment de la montée en puissance du mouvement climat,
38:04 et notamment du mouvement climat jeune en France,
38:07 j'ai été co-secrétaire fédérale des Jeunes écologistes.
38:10 -On va voter dimanche, c'est l'impression.
38:12 -Des jeunes femmes comme Claire Lejeune
38:14 sont les personnes qui, dans la génération de la Ciari,
38:18 vont être les organisatrices de la planification dans notre pays.
38:21 -C'est vraiment une belle prise, je trouve.
38:23 -Oui. -Ah oui, oui.
38:24 Je vous promets une chose,
38:25 elle existe en plusieurs exemplaires.
38:27 Pas identiques, mais des jeunes gens
38:29 qui ont cette puissance de caractère,
38:31 de volonté d'engagement et clarté intellectuelle.
38:34 De ce point de vue, je dors tranquille.
38:36 La relève est vraiment assurée.
38:38 -Des jeunes gens engagés.
38:40 Avec Claire, Jean-Luc a trouvé une camarade solide
38:44 pour faire sa révolution citoyenne.
38:46 -J'ai voulu faire la campagne de Mélenchon
38:48 parce que c'était, à mon sens, la seule campagne
38:51 vraiment comme but de gagner.
38:53 Rien d'autre.
38:55 -Quand on regarde le bilan,
38:57 on a recréé une forme d'unité à gauche
39:00 sur la base d'un score qui était quand même de 22 %,
39:03 ce qui est immense.
39:04 C'est-à-dire que là, on s'est remis du hollandisme.
39:07 On a mis à distance cette gauche
39:10 qui, en fait, avait complètement intégré
39:13 qu'il y a le système tel qu'il est,
39:15 puis on va essayer de le rendre un petit peu moins brutal.
39:18 Et en fait, c'est pas l'enjeu de notre époque.
39:21 L'enjeu pour ma génération, c'est de changer le système.
39:23 -Sauf que sortir du capitalisme, c'est comme sortir de son canapé
39:27 quand on y est confortablement installé depuis des années et des années.
39:31 On voit pas tout de suite l'intérêt, et ça, même quand on est de gauche.
39:35 -Le coeur de la doctrine à l'époque, comme on le professait, le socialisme,
39:38 c'était le développement des forces productives.
39:41 Donc c'était vraiment une vision extrêmement productiviste.
39:44 En gros, moi, je me rappelle avoir dit
39:46 "Avec le capitalisme, c'est une 2CV pour les pauvres,
39:48 une Mercedes pour les riches.
39:50 Avec nous, Mercedes pour tout le monde."
39:51 Quelle bêtise !
39:52 Bon, bah oui, c'est le productivisme, ça, c'est "Allez en avant".
39:56 L'avoir fait l'être.
39:59 De tout ça, si vous voulez, j'ai compris que l'écologie politique
40:04 offrait un angle, un balcon complètement différent pour regarder le monde,
40:09 qui me permettait de refaire une synthèse entre mes objectifs sociaux,
40:14 parce que pour moi, l'écologie, c'est une question sociale,
40:16 c'est que social.
40:17 Remettre en question tout son modèle de vie
40:19 pour se lancer dans la grande aventure de la planification écologique.
40:23 C'est beau sur le papier, mais c'est parfois un peu risqué,
40:27 surtout quand on a besoin d'embarquer un maximum de gens pour que ça marche.
40:31 Notre candidat, t'en es là !
40:33 Je ne t'en veux pas !
40:34 Au moment où vraiment cette politisation s'est transformée en engagement,
40:37 ça faisait 3-4 ans que je faisais que travailler
40:41 et j'avais vraiment une perte de sens.
40:43 On passe nos vies dans les bouquins, c'est extrêmement instructif.
40:47 Pour nous, sur le plan personnel,
40:48 mais moi, je suis là aussi parce que je veux que les choses changent, etc.
40:53 On raconte un autre monde possible,
40:56 et le but, c'est de faire que ça devienne possible dans la tête des gens.
41:00 Et à partir du moment où ça devient possible dans la tête des gens,
41:04 ça se traduit dans les urnes,
41:05 et puis ça se traduit, on l'espère, dans une prise de pouvoir.
41:10 Marier la théorie et la pratique.
41:13 Après des années à militer sur le terrain,
41:16 auprès des migrants, des sans-logement,
41:18 Claire, la doctorante, est là.
41:19 Je suis personnelle, c'est évident.
41:21 Comme ça, ça montre qu'on est vraiment venus en vrai de vrai.
41:26 Pas le choix.
41:30 Claire et sa génération doivent composer avec l'héritage des 30 Glorieuses.
41:35 - Bonsoir, monsieur. - Blip ?
41:37 Oui.
41:38 Comme d'hab, blip, ça passera pas.
41:41 Ici, ça peut passer, on est en tête au premier tour.
41:44 Voilà. Ça peut passer.
41:46 Ça peut. Même vous, vous n'êtes pas sûrs que ça passe.
41:49 Si on faisait que des choses pour lesquelles on était sûrs,
41:52 on ferait pas grand-chose.
41:53 Regardez, je vous en parle.
41:55 On est au moins une dizaine d'ici.
41:57 On galère, on est comme ça, personne ne veut nous voir.
42:00 - Oui. - Donc on vote pas.
42:02 - Tu vas rentrer chez toi. - Oui.
42:04 - Au calme. - C'est ça qui n'est pas normal.
42:06 Moi, quoi qu'il en soit, avec tous mes amis, on va être où ?
42:09 On va être sur le banc.
42:10 C'est ça qu'on essaie de changer.
42:13 Avant les élections, vous pouvez le changer très fort.
42:16 Il y a beaucoup d'appartements, de villes.
42:19 Sans avoir le pouvoir politique, on n'a pas le pouvoir là-dessus.
42:23 Le pouvoir politique, on le connaît, il faut arrêter.
42:27 On est délaissés.
42:28 Je le comprends.
42:29 Vous ne le comprenez pas, vous ne le vivez pas.
42:33 Claire et sa génération doivent accepter la dure réalité.
42:36 Les nouveaux partenaires payent souvent les pots cassés
42:39 de nos histoires passées.
42:41 J'ai 27 ans, je ne suis pas responsable
42:43 de toutes les politiques de droite menées dans le pays
42:46 sur la question du mal-logement et la précarité.
42:50 Justement, on essaie de faire changer tout ça.
42:53 Après, je comprends sa colère,
42:55 je n'ai pas d'argument à lui opposer.
42:58 Juste peut-être l'écouter.
43:00 Essayer de montrer qu'on comprend
43:03 et qu'on essaie de faire de notre mieux.
43:06 - Bonsoir. - Merci, merci beaucoup.
43:08 Bonsoir.
43:09 C'est bon, c'est bon.
43:12 Ca va ?
43:13 - Un insoumis, en général, on peut le distinguer de tous les autres
43:16 car c'est lui qui vous prie le repas du dimanche.
43:19 Il va amener le sujet politique et provoquer le bazar.
43:23 - La période délicate des désaccords.
43:27 Impossible d'y échapper.
43:29 Comment gérer ça au mieux ?
43:31 On peut s'asseoir autour d'une table et discuter ?
43:34 - A table, on fait toujours comme ça,
43:37 on éteint les téléphones.
43:39 Mon père, Pascal, est cadre dans l'entreprise du coin.
43:43 Et il y a ma mère, Yolaine, qui est fonctionnaire,
43:48 qui travaille dans un lycée.
43:50 - Bon appétit, les jeunes. - Oui.
43:52 - Et les moins jeunes. - Bon appétit.
43:55 - Les moins jeunes. - Maman va faire la grève, je dis.
43:58 - Si je peux, je le ferai.
44:00 - Première grève de sa vie.
44:01 - Oui. - C'est important.
44:03 Mon père, lui, politiquement,
44:06 il se situe à droite,
44:09 mais on discute plutôt bien avec lui de plus en plus.
44:12 Ma mère avait l'habitude de voter comme mon père.
44:16 Et depuis 2022, elle s'est mise à voter à gauche
44:20 et un peu plus selon ses propres idées à elle.
44:24 On va à Paris, les jeunes. Tu vas ?
44:26 - Oui. - Tu vas à Paris ?
44:28 - Avec les jeunes en sous, Union Pirate, tout ça.
44:31 - Attention, il y a plus d'heures. - Oui, mais...
44:35 - Tu es tranquille. - Le problème,
44:37 c'est que des fois, ça dégénère, tu n'y es pour rien,
44:40 tu te prends des coups, donc...
44:42 - Le fac a un peu... - T'es jamais allé dans une mairie.
44:45 On a fait 10 fois plus que toi.
44:47 - C'est vrai.
44:49 - Exprimer son point de vue, se confronter aux autres
44:52 et si le conflit permettait aussi d'avancer.
44:55 - Mélenchon est un très bon orateur.
44:57 - Oui, mais... - C'est un des meilleurs.
45:00 - Quand on l'écoute... - On parle pas de Mélenchon.
45:03 - T'as voté Sarko toute ta vie. - J'ai voté Sarko, oui.
45:06 J'ai voté Sarko.
45:07 Oui, mais je trouve que...
45:09 - T'as aussi voté Macron.
45:11 Il avait prévenu qu'il voulait la recevoir.
45:14 - C'est vrai.
45:15 - On est en train de faire des erreurs.
45:17 - Oui, mais ça fait beaucoup de temps.
45:19 - Chaque homme politique raconte des bêtises.
45:22 - Je sais pas si c'est l'effet Juliette,
45:24 c'est peut-être l'effet des enfants.
45:26 On est quand même 3 enfants.
45:28 - Quand même, accepte. - J'ai pas changé.
45:31 - Non, j'ai pas changé. Je trouve qu'il y a...
45:33 Les écarts sont de plus en plus importants.
45:36 Mais les écarts n'étaient pas aussi importants il y a 10 ans.
45:39 Non, je vous assure.
45:41 - Ça implique quoi d'écouter la jeunesse aujourd'hui ?
45:44 - D'accepter de se remettre en cause.
45:48 - Non, c'est pas... - Mais tu es de gauche.
45:51 - Non, non, je suis pas sûr d'être de gauche.
45:55 On sait rien.
45:56 Je sais pas. Mais...
45:59 En politique, d'abord, j'y connais pas grand-chose.
46:02 Je suis désolé, mais c'est pas parce que Juliette est leftiste.
46:06 Trop du tout.
46:07 - Je me suis pas dit un jour, "Les jeunes, c'est formidable,
46:11 "ils vont m'apprendre des trucs."
46:13 Comment, moi, je m'étais enfermé ?
46:15 - Peut-être que si.
46:16 - Je pense que c'est indirectement.
46:18 - Indirectement, peut-être.
46:20 - Mais...
46:21 - La vie démentait absolument tout ce à quoi on avait cru.
46:25 On s'est donc tellement trompés.
46:27 - Peut-être, avouez-je. - Peut-être, peut-être.
46:30 - Peut-être.
46:31 - Mais si vous acceptez pas de vous faire secouer,
46:35 ah bon, je sais pas.
46:37 - Vous aimez qu'on vous secoue ?
46:39 - Pas trop.
46:40 Mais oui, j'aime bien aller au contact de ce que je comprends pas.
46:45 Ou qui trouble mes certitudes, oui.
46:48 Oui, oui, oui.
46:49 Oui, mais mollo, c'est pas de l'extérieur, c'est moi qui décide.
46:53 - Je comprends pas ce qui t'est arrivé.
46:55 - T'entendais pas ce qu'on te disait à l'époque.
46:58 - C'est possible, à l'époque.
47:00 À l'époque, j'avais peut-être un problème d'oreille.
47:03 - Oui, sans doute.
47:04 - T'avais peut-être des bouchons, aussi.
47:06 - Possible. - Et toi aussi,
47:08 je pense que de ton côté, t'as mûri aussi.
47:10 Tu réfléchis peut-être un peu plus avant de parler,
47:13 je pense que... Et moi aussi, peut-être, probablement.
47:16 - Faire preuve de maturité.
47:19 Qui doit montrer l'exemple ?
47:21 Les parents ou les enfants ?
47:24 Les représentants ou les citoyens ?
47:26 Dans les familles politiques, comme dans les vraies familles,
47:30 les rôles sont parfois inversés.
47:32 - Je suis résolé, parce que même Mélenchon,
47:34 parfois, il dit des grosses conneries, ça me saoule.
47:37 Après, y a pas de "oui" à l'un de l'autre.
47:39 - Bien sûr. - C'est cool, mais ça me fait chier.
47:42 Enfin, voilà.
47:43 Euh...
47:44 - C'est cool ou ça te fait chier ? - Non, mais c'est juste que c'est chiant.
47:48 Tout ce qui touche à la politique, moi, ça m'emmerde.
47:50 J'ai eu l'espoir un jour, c'est parti vite.
47:53 - Le soutien de Jean-Luc Mélenchon
47:56 aux députés condamnés pour violences conjugales.
47:59 Comment ne pas être déçu
48:00 quand on croit à de meilleurs rapports hommes-femmes ?
48:03 Comment ne pas douter de ses propres choix politiques
48:06 quand on est féministe et qu'on vote pour la France insoumise ?
48:10 - Non, en tant que responsable politique de gauche,
48:13 je me dis "mais comment c'est possible que ça ait pu arriver ?"
48:17 On est arrivés là, quoi.
48:18 - Après, c'est quand même... Enfin, bon...
48:21 C'est dans une vie privée.
48:23 C'est privé. Je sais pas si on a le droit de...
48:27 Je sais pas.
48:29 - Tu crois pas à ta femme ? - Oui, ça, c'est sûr.
48:33 Ça, c'est sûr.
48:34 - Non, bah, au moment de l'affaire,
48:38 quand j'ai lu sa lettre,
48:40 bah, je me souviens avoir été...
48:43 très triste, pour être honnête.
48:46 Euh...
48:47 Et puis par derrière, j'ai pensé aussi à la victime,
48:51 du coup, à sa femme, et...
48:54 Et donc, voilà, donc...
48:56 C'est une histoire qui a fait vachement parler.
48:59 Et tant mieux si c'est pour parler des violences
49:02 que subissent les femmes.
49:04 Jean-Luc Mélenchon a fait des tweets, du coup, qui...
49:07 Qui...
49:09 Qui étaient pas forcément nécessaires, je pense,
49:12 qui étaient un peu maladroits
49:14 et qui auraient pu être bien meilleurs.
49:17 Musique sombre
49:19 ...
49:24 Bien meilleures, c'est sûr.
49:26 - C'est vrai ? Vous pensez ça, vraiment ?
49:28 - Il faut apprendre de tout.
49:30 Si vous communiquez et que vous arrivez pas au but,
49:33 vous pouvez vous dire qu'il faut faire mieux.
49:35 Donc, clairement, ma manière de m'exprimer
49:38 dans cette circonstance...
49:40 Euh...
49:41 Vous pouvez pas s'entendre, comme je voulais.
49:44 J'ai commencé par vous dire, elle a raison, que c'est maladroit.
49:47 Pas parce que c'est faux.
49:48 Parce que ça ne correspond pas à ce que je veux dire.
49:51 Et à l'époque, pourquoi, madame ?
49:52 - Qu'est-ce que vous vouliez dire ?
49:54 - Je comprends qu'on dise, "Ah oui, mais il y a une exemplarité."
49:58 Donc, on en parle.
49:59 Mais on en parle comme des sujets, si vous voulez,
50:01 où on essaye d'avoir tous une attitude rationnelle.
50:04 Une attitude qui va essayer de...
50:07 De penser au futur, au...
50:09 Euh...
50:10 D'être conforme à nos principes.
50:12 Je suis pas obligé de réviser ma position à cause de vous.
50:15 - Non. Non ! Non, non !
50:17 J'aurais mieux fait de me taire.
50:19 - Bon, on essaie de... - Non, j'ai plus envie.
50:22 - Ah, juste la conclusion ? - Non, y en a pas.
50:24 - Ah, juste avec le "faites mieux" que vous vouliez dire.
50:27 - Démarrez-vous, voilà ce que j'ai à vous dire.
50:30 Faites mieux, si vous pouvez.
50:31 - Tant pis, on se relèvera.
50:33 - Comment poursuivre la relation
50:35 quand la confiance est abîmée ?
50:37 On peut se consoler avec des choses simples,
50:41 comme un bon vieux principe.
50:43 On n'est jamais mieux servi que par soi-même.
50:47 - Tu m'adoubes.
50:48 - Oui, c'est ça. - Merci.
50:50 - Merci.
50:51 - Super. - Allez, bon.
50:53 - À toi.
50:54 Musique douce
50:56 ...
50:58 -"Faites mieux",
50:59 comment interpréter les mots de Jean-Luc Mélenchon ?
51:02 "Faites mieux", est-ce une invitation ?
51:05 - Ça disait "j'ai fini ma tâche,
51:08 et maintenant, faites mieux, c'est la vôtre."
51:11 Déjà, ça m'incite encore plus
51:13 à donner de moi-même et à faire mieux, justement.
51:16 -"Faites mieux", ça sonne un peu comme un défi, non ?
51:19 - "Faites mieux", c'est "faites gagner nos idées".
51:21 Faites en sorte qu'on arrive au pouvoir et qu'on change les choses.
51:25 - Croyez-vous à ça, aussi, Camille Six ?
51:27 - On essaye de faire en sorte que les gens y croient.
51:31 - Ouais.
51:33 C'est un peu plus compliqué.
51:34 -"Faites mieux", c'est peut-être un conseil.
51:37 - Toi aussi, fais mieux, Mélenchon, en fait.
51:39 Tu contrôles pas ce que tu dis, t'es tout le temps en colère.
51:43 Tu contrôles mal ta colère.
51:44 C'est un peu culotté, je trouve, venant d'une certaine génération,
51:48 de dire aux jeunes "faites mieux", sachant que tout le comportement
51:51 des jeunes, c'est des résultats de la génération précédente.
51:54 Donc on fait mieux, on essaie de faire avec ce qu'on a.
51:57 - On est plus chauds ! Plus chauds !
51:59 Plus chauds que le climat !
52:00 - Comment ne pas tomber dans le piège de nos schémas ?
52:03 - Je m'adresse pas à un jeune comme à un jeune,
52:05 au sens de "Ah, t'es un petit jeune, attention, je te caresse la tête,
52:09 je vais t'expliquer la vie, je fais pas ça."
52:11 - Comment nous éviter de nous limiter à nos contradictions ?
52:15 - Je suis un paternaliste absolument incorrigible.
52:17 - Comment se libérer de celui qui nous a ouvert le chemin
52:21 quand la loyauté et le respect s'emmêlent ?
52:23 - Aujourd'hui, sans Jean-Luc Mélenchon,
52:26 la France Insoumise serait pas avec 75 députés à l'Assemblée nationale.
52:30 - Au final, il n'y a ni grand amour, ni un politique providentiel.
52:34 Il y a des histoires simples...
52:36 - Dans un monde idéal, on mange à sa faim.
52:39 - ...et de grandes aventures.
52:41 - On arrive à refaire collectif, déjà.
52:44 - Tous ensemble, tous ensemble, grève générale !
52:47 - Et peut-être qu'en essayant de sortir de nos rôles...
52:50 - Faire mieux, en quelque sorte, y compris en tant qu'individu,
52:54 il faut qu'on arrive à s'améliorer
52:56 et à être conscients de ces mécanismes patriarcaux.
52:59 - Peut-être qu'en sonnant la fin d'une culture,
53:02 celle du père,
53:03 peut-être qu'en arrêtant d'attendre qu'on nous passe le flambeau,
53:07 on réussira, un jour, à faire mieux.
53:11 - Je dirais que mon chef politique idéal, ce serait une femme écolo.
53:14 - Des cœurs. Plein de cœurs. Je peux faire des cœurs partout.
53:19 - Oui.
53:21 Sous-titrage ST' 501
53:23 ...