Pierre-Yves, marchand de bétail à 27 ans au marché couvert de Ciney

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00:00 Mes inquiétudes, c'est évidemment quand on voit le marché assiné ici,
00:03 il n'y a pas si longtemps, c'est-à-dire 10 ans,
00:06 il y avait encore 3 500 bêtes, 4 000 bêtes par semaine,
00:09 ici maintenant il y a 1 500 bêtes.
00:10 C'est dû à quoi ? Un peu au nombre de bêtes,
00:15 beaucoup au nombre de bêtes qui diminue.
00:16 Si on regarde les chiffres, ça diminue tous les ans.
00:19 Rien que dans la clientèle de mon père, c'est 3 clients par an qui arrêtent.
00:22 Voilà, si on regarde aussi l'âge moyen des clients de mon père,
00:26 ils ont tous plus que l'âge de la pension.
00:28 Donc si on retire déjà tous ces gens-là,
00:30 il reste déjà moins de monde.
00:31 Dans ceux qui restent, les grosses fermes de demain graissent les bêtes.
00:35 Donc le métier de marchand, qui est d'acheter des maigres en Wallonie
00:39 pour les revendre aux engraisseurs flamands,
00:40 s'ils les graissent eux-mêmes, on a déjà moins notre place.
00:43 Mon père est des marchands de bestiaux, donc j'ai commencé avec lui.
00:46 J'ai 27 ans, j'ai encore beaucoup de choses à apprendre.
00:49 Et le métier est quand même un métier de requin, entre guillemets.
00:52 Donc il faut avoir un sacré bagage quand même
00:54 pour aller aujourd'hui face à des agriculteurs.
00:57 On n'est pas là pour raconter des bêtises.
00:59 Et je ne voudrais pas leur raconter de bêtises non plus.
01:01 C'est pour ça que ça a toute son importance,
01:03 de prendre le temps et d'apprendre beaucoup.
01:05 Il n'y a pas d'école pour être marchand ?
01:07 Non, il n'y a pas d'école pour être marchand.
01:08 Mais moi, ce que j'aime, c'est évidemment de sortir de ma ferme.
01:10 Comme quand je suis sorti d'école, je travaillais à temps plein à la ferme.
01:13 Et en commençant petit à petit avec mon père.
01:16 Le gros point positif, c'est que je sortais de chez moi
01:18 et j'allais à la rencontre des agriculteurs,
01:19 qui n'est pas chose facile.
01:21 Tu fais encore le marché en franc belge.
01:23 Oui, et d'ailleurs c'est très compliqué pour moi.
01:26 Évidemment, j'ai le même problème, c'est bizarre à dire.
01:30 Mais c'est quand maintenant, il y a quelques catégories de bêtes
01:32 qui se vendent quand même en euro.
01:34 Mais j'ai du mal à faire moi la transaction,
01:36 parce que je n'ai pas connu la transaction.
01:37 Donc si j'avais commencé tout en euro, ce serait même plus facile.
01:40 Il faut tout le temps diviser par 4 ou faire fois 4,
01:42 dans un sens ou dans l'autre.
01:43 C'est toujours, de toute façon, psychologiquement,
01:46 c'est comme ça qu'on travaille.
01:47 Mais c'est vrai que ça rajoute une difficulté.
01:50 Dans la vie de tous les jours, je suis en euro évidemment.
01:51 Je n'achète pas mon pain en franc.
01:53 Mais bon, quand je suis ici, j'estime les bêtes en franc.
01:55 C'est resté comme ça et c'est même comme ça que j'ai appris.
01:58 Mais j'essaye tout le temps maintenant de me mettre un peu en euro quand même,
02:02 parce que les agriculteurs aussi se mettent de plus en plus en euro
02:05 dans les jeunes qui reprennent.
02:06 Et les prix qu'on communique et tout ça parfois, c'est en euro.
02:09 Et c'est quand même en euro qu'on paye les gens.
02:11 Donc ça reste simplement une estimation,
02:13 quelque chose qui permet de graduer la bête quelque part.
02:16 Le franc, voilà, qui se transforme en euro.
02:19 [Musique]

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