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CHRISTOPHE BARBIER ET PAULINE COURTIN - CHOSES VUES... ET CHANTÉES
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Musique
Transcription
00:00 La fleur de la chasse
00:03 La fleur de la chasse
00:07 La fleur de la chasse
00:12 La pauvre fleur disait aux papillons célestes
00:16 Ne fuis pas
00:19 Trois comme eux n'ont n'est-ce pas son différent
00:23 Je reste tout en moi
00:28 Tout en nous et dans nos vies
00:31 Dansons les hommes une oie d'oeuf
00:36 Qui ne me semblent ni navigués, nous semblent
00:42 Fils retournés
00:47 Les îles, la fleur, ton pente et la terre m'enchaînent
00:58 Sans cruel
01:02 Je voudrais en peau du convol de mon haleine
01:07 Dans le ciel
01:10 Et l'eau de ma peau gloie parmi les fleurs sans nombre
01:15 Vous fuyez
01:18 Et moi je reste seule à voir sorire mon ombre
01:23 A mes pieds
01:27 Tu fuis, puis tu reviens, puis tu t'en vas encore
01:40 Plus ailleurs
01:43 Aussi me trouves-tu toujours à chaque noir
01:48 Tout en pleurs
01:51 A mon cœur, dans mon noir, où le disjoncte final
01:56 On en va
01:59 Comme un amour, si nous n'avons pas tes ailes
02:05 Comme en toi
02:10 Comme en moi
02:14 L'Élysée
02:18 Louis-Napoléon Bonaparte a donné son premier dîner à l'Élysée hier,
02:32 samedi 23 décembre 1848,
02:36 deux jours après sa proclamation comme président de la République.
02:41 J'ai improvisé ce dîner. Je n'ai que quelques amis chers.
02:47 J'ai espéré que vous voudriez bien être du nombre, M. Hugo.
02:51 Je vous remercie d'être venu.
02:54 Puis il me demanda des nouvelles de ma femme et s'excusa beaucoup de la rusticité du service.
03:01 Le vient de m'installer.
03:04 Avant-hier, quand je suis arrivé, c'est à peine si j'avais un matelas pour me coucher.
03:09 Que pensez-vous du moment, M. Hugo ?
03:13 Ah, je suis réservé, M. le Président.
03:17 La tâche est rude. Il faut rassurer la bourgeoisie et satisfaire le peuple.
03:22 Donner aux uns le calme, aux autres le travail.
03:25 Après trois petits gouvernements, les Bourbons aînés, Louis-Philippe, la République de Février,
03:32 il en faut un grand.
03:34 L'Empereur a fait un grand gouvernement par la guerre.
03:37 Vous devez faire un grand gouvernement par la paix.
03:41 Et comment ?
03:43 Eh bien, par toutes les grandeurs des arts, des lettres et des sciences.
03:48 Par les victoires de l'industrie et du progrès.
03:51 La France est une nation conquérante.
03:54 Quand elle ne fait pas de conquête par l'épée, elle veut en faire par l'esprit.
03:58 Sachez cela et avancez. L'ignorez et vous perdrez.
04:03 Ah, vous devez aussi respecter la liberté de la presse.
04:08 Et créer à côté une presse de l'État.
04:11 L'État sans journal, au milieu des autres journaux,
04:15 se bornant à faire du gouvernement quand on fait de la polémique,
04:18 ressemble à ces chevaliers du XIVe siècle,
04:22 qui s'obstinaient à attaquer à l'arme blanche contre les canons à feu.
04:26 Ils étaient toujours battus.
04:29 Je vous accorde que c'était noble, vous m'accorderez que c'était bête.
04:34 Merci, merci M. Hugo, merci pour vos bons conseils.
04:40 C'est ici, à l'Élysée, que j'ai vu mon oncle, l'empereur Napoléon Ier, pour la dernière fois.
04:47 J'avais sept ans.
04:50 L'empereur m'a fait venir, il a posé sa main sur ma tête.
04:54 Je n'ai pas pu entrer dans ce palais sans émotions.
04:59 J'ai visité aussi la malmaison.
05:02 Les meubles sont restés les mêmes dans la plupart des chambres.
05:05 J'ai retrouvé un petit fauteuil que j'avais quand j'étais enfant.
05:11 Eh bien, voilà, M. le Président, les trônes tombent, les fauteuils restent.
05:17 Le maire qui chante, il pleure aussi.
05:24 Oh, mon amour, écoute ici.
05:30 Le maire qui chante, il pleure aussi.
05:37 Le maire qui chante, il pleure aussi.
05:47 Je t'adore, je suis amoureuse.
05:53 Dieu qui nous trois a complétés.
05:58 Offrez-nous ton amour, ouvre ton âme.
06:17 Le maire qui chante, il pleure aussi.
06:28 Oh, mon amour, écoute ici.
06:34 Le maire qui chante, il pleure aussi.
06:41 Le maire qui chante, il pleure aussi.
07:06 Hier, 22 février 1846, j'allais à la chambre des pères.
07:13 Je vis venir, rue de Tournon, un homme que deux soldats emmenaient.
07:19 Cet homme était blond, pâle, maigre, à gare, 30 ans à peu près.
07:26 Un pantalon de grosse toile, les pieds nus et écorchés dans des sabots,
07:31 avec des linges sanglants roulés autour des chevilles pour tenir lieu de bas.
07:36 Une blouse courte, souillée de bout dans le dos,
07:40 ce qui indiquait qu'il couchait habituellement sur le pavé.
07:45 La tête nue et hérissée, cet homme avait sous le bras un pain.
07:51 Le peuple autour de lui racontait qu'il avait volé ce pain,
07:55 et que c'était pour cela qu'on l'emmenait.
07:58 En passant devant la caserne de gendarmerie, un des soldats y entra,
08:02 l'homme resta à la porte, gardé par l'autre soldat.
08:06 Il y avait devant la caserne une voiture arrêtée.
08:11 C'était une berline armoriée portant couronne du cal au lanterne,
08:16 attelée de deux chevaux gris, de laquais en guêtre derrière.
08:21 Les vitres étaient levées, mais on pouvait distinguer l'intérieur,
08:25 la pissée de damas boutons d'or.
08:29 Le regard de l'homme fixé sur cette voiture attira le mien.
08:36 Il y avait dans la voiture une femme en robe de velours noir.
08:41 Elle était fraîche, blanche, belle, éblouissante.
08:45 Elle riait et jouait avec un charmant petit enfant de seize mois environ,
08:50 enfouie sous les rubans, les dentelles et les fourrures.
08:55 Cette femme ne voyait pas l'homme terrible qui la regardait.
09:01 Je demeurais pensif.
09:04 Cet homme n'était plus pour moi un homme.
09:07 C'était le spectre de la misère.
09:11 Disait-elle.
09:17 Comment disais-tu ? Oubliez, craigne, misère, j'ai peur.
09:24 Dormez, dormez, disait-elle.
09:42 Comment disait-il au chant d'une éveille sans pieds, doucement ?
09:55 Disait-elle.
10:12 La vie, la vie, elle viendra.
10:29 Disait-elle.
10:38 Disait-elle.
10:53 [Applaudissements]
11:00 Je t'en prie, abaisez-vous.
11:29 [Musique]
11:39 [Applaudissements]
11:47 27 février 1850, le soir tombait, les boutiques fermaient,
11:53 tandis que je descendais de l'Omnibus, rue Faubourg-Poissonnières,
11:56 un escadron de curassiers a passé devant nous.
11:59 Le sabre au point, suivi par une berline à deux chevaux,
12:02 entourée d'autres curassiers avec officiers aux portières
12:06 et serré de si près par cette cavalerie qu'ils s'en étaient suivis.
12:10 Par là, elle est venue, la rue tortueuse, derrière nous.
12:12 Un homme a passé. Elle s'était lancée vers lui en criant.
12:15 En voilà.
12:16 Cet homme m'a fait l'effet de s'enfuir.
12:18 La femme a prononcé quelques paroles inarticulées,
12:21 puis elle est revenue vers moi et m'a dit.
12:23 Je connais mieux les morts que les vivants.
12:26 Vous les voyez donc ?
12:27 J'ai un esprit sur moi.
12:29 Puis, me montrant en haute vilistrine, à l'entrée de la cavalie, il y a un cimetière.
12:32 Il y en a un autre par là.
12:34 Je le vois tous les soirs. Je le connais depuis plus de vingt ans.
12:39 Elle m'a regardé, l'air égaré, et s'en est allé un petit pas.
12:44 Cette femme n'était pas vieille. Elle pouvait avoir trente ou quarante ans.
12:51 [Musique]
12:55 Au soleil bouffant, ta fille va cherchant,
13:00 hors du mur.
13:04 Trois vingt-deux le soir, l'intérieur du soir,
13:10 tu brûles.
13:14 L'océan, ton père, ton nom ne devint pas.
13:19 La nuit veut.
13:24 Aucune horizon, aucune maison, aucune heure.
13:35 [Musique]
13:47 En volant dessus, la journée, la nuit, dans l'humeur,
13:54 les noms de tes proies nous ne nous font croire aucune.
14:02 Je ne vont irai qu'un an, rencontrer quelqu'une.
14:10 Les tas de nerfs vont dans ses raflaires de nuit.
14:17 [Musique]
14:24 Et la mère, aux côtés de ce pauvre douze-être,
14:35 qui chante toujours,
14:44 tousse toute la nuit.
14:53 [Musique]
15:11 La mère, elle a dormi sous les dames du canton.
15:24 [Musique]
15:31 Puis le petit enfant s'est remis à chanter.
15:40 [Musique]
15:48 La douleur est un fruit.
15:55 Tu ne fais pas pointe sur le grand chutant faible.
16:06 Au courant de la petite nuit.
16:16 [Applaudissements]
16:45 C'était un bonheur et un honneur pour nous, dans ce cadre magique,
16:49 de participer à ce festival, chaque année, qui nous émerveille,
16:53 et qui j'espère continuera très longtemps.
16:55 Merci aux trois bonheurs.
16:57 [Applaudissements]

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