Le président de l'association des élus de France Driss Ettazaoui donne son avis sur les émeutiers : «Ils ne se projettent pas en dehors des frontières de notre territoire, dans lequel, ils ont dans une zone de confort».
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00:00 La question que l'on perçoit à travers les différentes interventions,
00:04 c'est celle aussi du peuplement.
00:05 Je crois qu'elle revient beaucoup quand vous concentrez des populations fragiles
00:09 ou en grande pauvreté, que vous y ajoutez aussi des communautés.
00:13 Ne soyez pas surpris qu'ensuite, vous puissiez avoir un certain nombre de difficultés
00:18 telles que celles auxquelles on vient d'assister.
00:20 J'ai le souvenir de Jacques Chirac en 2005, qui parlait déjà du sujet,
00:23 qui disait à ses enfants là, qui se sentent beaucoup plus les enfants du quartier
00:28 que les enfants de la République, et qui disait, vous, enfants du cas vous,
00:31 enfants des quartiers difficiles, vous êtes les fils et les filles de la République.
00:36 Vous êtes cette diversité dont nous avons besoin.
00:39 Cette diversité, nous devons l'assumer.
00:41 C'est une force pour la République et vous êtes les enfants de la nation.
00:44 Ce discours, c'était celui de 2005 sur la fracture sociale,
00:47 sur la perte des repères, sur la perte identitaire, etc.
00:50 Et on voit qu'en 2023, le sujet se pose toujours.
00:54 Vous me posez tout à l'heure la question de savoir pourquoi est-ce que finalement,
00:57 ils se tirent une balle dans le pied, ils brûlent leurs écoles,
01:00 leurs voitures, les poubelles, etc.
01:02 Parce que finalement, ils ne se projettent pas à l'extérieur du quartier.
01:04 Ce sont les enfants du quartier.
01:06 Ils ne se projettent pas en dehors des frontières de leur territoire
01:09 sur lesquelles finalement ils sont dans une zone de confort
01:11 et pour lesquelles ils ont des us, des codes, des habitudes entre eux.
01:15 Et avec un mouvement, vous l'avez dit, ils n'ont pas de fraternité,
01:17 mais en tout cas de camaraderie, où est-ce que les uns et les autres,
01:19 rappelons quand même que deux tiers des émeutiers,
01:21 de celles et ceux qui sont à l'origine des violences,
01:24 n'ont jamais eu affaire à la justice.
01:25 Ils n'ont pas de casier ces garçons.
01:27 Et donc ils ont été inspirés dans une dynamique collective
01:30 qui consiste à...
01:32 Alors, j'entendais tout à l'heure,
01:34 vous parliez de désir de reconnaissance et de revanche sociale,
01:36 je ne crois pas qu'on soit là-dedans, il n'y a pas de message politique.
01:38 On est dans un exutoire, c'est-à-dire comment est-ce que finalement,
01:41 je laisse libre cours à une violence, une violence collective
01:44 de façon à être les uns avec les autres sur le territoire à un moment donné.
01:48 Il y a une grande différence aussi avec 2005, c'est la question des images.
01:51 On a eu des images cette fois-ci.
01:53 À Clichy, on n'a pas eu d'image. Là, on a eu d'image.
01:55 Vous imaginez aussi l'émotion finalement qui a submergé l'opinion publique,
01:59 mais pas que.
01:59 Vous parlez des images de la mort de Noël.
02:01 Les images de la mort de Noël.
02:02 Après, on a assisté naturellement à quelque chose
02:04 qui n'a absolument plus rien à voir avec la mort de Noël
02:07 et qui ne lui rend pas hommage d'ailleurs.
02:09 Donc voilà, voilà un peu.
02:11 Moi, le sujet tel que je l'identifie sur ces enfants
02:14 qui se sentent davantage en communauté,
02:16 non pas au sein de la communauté de destin, celle de la nation,
02:19 mais bien sur un espace territorial sur lequel finalement,
02:21 ils ont une maîtrise ou où est-ce qu'ils sont bien implantés.
02:24 On l'a bien vu, vous parliez des réseaux sociaux tout à l'heure
02:25 parce que c'est un sujet important par rapport à 2005.
02:27 On voit à quel point est-ce qu'ils sont mobiles, est-ce qu'ils sont agiles,
02:29 est-ce qu'ils arrivent à créer les conditions d'un guet-apens,
02:32 les conditions d'une diversion.
02:33 Ils sont dans un territoire durant lequel, et toute l'année,
02:37 ils jouent au chat et à la souris avec la police.
02:38 [Musique]
02:41 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]