• l’année dernière
« Ce qui est très frappant, c’est le calme qui règne pendant les alertes aériennes ».
Lucas Menget est grand reporter et s’est rendu à Kiev en Ukraine. Pour Lou, il raconte comment s’organise la seconde ligne de front, notamment grâce aux femmes.

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Transcription
00:00 La manière qu'ont les ukrainiennes de montrer au monde entier,
00:03 et particulièrement aux russes,
00:05 que les bombardements ne leur font pas peur,
00:07 ne les empêchent pas de vivre et de travailler,
00:08 c'est de continuer à être là tout simplement.
00:10 Et c'est aussi par des petits gestes du quotidien,
00:13 c'est-à-dire que vous êtes dans un café,
00:15 et puis vous payez votre café,
00:16 et sur la note il y aura écrit "Fuck Poutine" par exemple.
00:19 Et ça c'est la serveuse qui vous l'a écrit à la main,
00:22 juste avant de vous tendre l'addition,
00:23 pour bien vous montrer ce qu'elle veut dire.
00:25 Bonjour Lou, je suis journaliste et écrivain, grand reporter,
00:27 et je vais vous raconter comment en Ukraine,
00:29 les femmes et les enfants vivent en guerre.
00:30 Je suis arrivé à Kiev, qui est une ville gigantesque,
00:32 une grande capitale européenne.
00:33 Je voulais me rendre compte par moi-même
00:35 de comment les gens vivaient dans cette pression,
00:37 notamment des bombardements russes qui sont quasiment quotidiens.
00:41 La capitale tient énormément par les femmes.
00:44 Dans les structures professionnelles du pays,
00:46 des femmes ont du coup remplacé des hommes,
00:49 ou pris la tête de petites entreprises
00:51 dont elles n'étaient pas forcément les dirigeantes,
00:53 pour que le pays continue à tourner.
00:55 Et les femmes avec qui j'ai parlé,
00:56 voient la guerre comme un ensemble,
00:58 c'est-à-dire que pendant que les maris sont en train de se battre
01:01 sur des lignes de front dans le Donbass ou ailleurs,
01:03 elles, leur guerre, c'est de résister, d'être présentes,
01:07 d'emmener les gamins à l'école, de prendre le métro,
01:09 d'aller au travail, de montrer qu'ils ne vivent pas
01:12 dans la terreur des Russes.
01:14 Le jour où je suis arrivé à Kiev,
01:15 je ne sais pas ce qui m'est arrivé,
01:16 je n'ai pas entendu l'alerte.
01:17 Et tout d'un coup, j'ai vu que les gens marchaient dans la rue,
01:20 mais calmement, personne n'était en train de courir.
01:22 Et il y a une dame âgée,
01:23 qui a vu voir que je n'étais pas du tout ukrainien,
01:25 qui m'a dit qu'il y avait une alerte aérienne.
01:27 Donc je lui ai dit non, je ne savais pas,
01:28 et elle m'a pris par le bras et elle m'a emmené dans une station de métro.
01:31 Et là où j'ai découvert qu'il y avait essentiellement des femmes,
01:35 des enfants et des personnes âgées, plutôt organisées,
01:37 c'est-à-dire que pour les personnes âgées,
01:38 il y a des gens qui descendent des petites chaises brillantes
01:40 pour ne pas qu'ils soient assis par terre.
01:41 Et puis vous avez des étudiantes, des lycéennes
01:44 qui s'asseyent par terre, font leurs devoirs.
01:47 Il y a une vie qui s'organise dans les sous-sols du métro.
01:49 Et quand l'alerte est terminée, les gens reçoivent une notification.
01:53 Et puis les employés du métro de Kiev disent aux gens
01:57 "Vous pouvez ressortir maintenant".
01:59 Et donc les gens ressortent aussi dans le calme.
02:01 Ce qui est très frappant, c'est le calme qui règne pendant les alertes aériennes.
02:05 Cette manière de vivre et de faire est très spectaculaire et impressionnante
02:09 parce qu'il y a la fierté des hommes qui sont au front
02:12 et la fierté des femmes qui sont sur cette autre ligne de front,
02:16 qui est intérieure, qui est ne pas baisser les bras,
02:18 ne pas céder face à Poutine et à la Russie,
02:21 et continuer à vivre en ukrainien.
02:23 [Musique]

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