• il y a 2 ans
KICÉKIKONÉ, le podcast par un média, pour les médias, sur les médias.… by Havas Edition.

L'intelligence artificielle abordée sous un angle sociologique et philosophique, racontée par Sophie Delcourt.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Avas édition, en partenariat avec Altice Média Ads & Connect, présente
00:05 Qui sait qui connaît ? Le podcast par un média pour les médias sur les médias.
00:15 Bonjour Sophie. Bonjour Valérie.
00:19 Je suis vraiment ravie de vous accueillir aujourd'hui au sein de ce nouvel épisode de Qui sait qui connaît ?
00:24 que l'on a décidé de consacrer aujourd'hui à un sujet dont on parle beaucoup en ce moment qui est l'intelligence artificielle.
00:29 On en parlera avec vous ainsi que de toutes les nouvelles technologies.
00:33 Mais avant, est-ce que vous pourriez nous dire quelques mots à votre sujet ?
00:37 Bien sûr, je m'appelle Sophie Delcourt, je suis planneur stratégique et je travaille donc au Cortex, plutôt côté Avas Média.
00:44 Ça fait plus de 20 ans maintenant que je travaille dans la stratégie de marque,
00:49 les études, je m'intéresse aussi bien aux aspects
00:53 sociologiques
00:55 de la vie, qu'aussi avec une réflexion plutôt sur les imaginaires.
01:00 Et ce qui est intéressant, c'est que ce podcast s'appelle Qui sait qui connaît ?
01:04 Je vais essayer de vous emmener avec moi à la découverte, en tout cas à un certain point de vue sur l'intelligence artificielle.
01:11 Effectivement, l'objectif de ce podcast Qui sait qui connaît ? c'est d'essayer
01:15 d'expliquer de manière extrêmement simple un certain nombre de notions dont on entend vraiment beaucoup parler.
01:20 Donc c'est vrai qu'on entend beaucoup parler d'intelligence artificielle, de chat GPT, de machine learning, mais le discours reste parfois un peu flou
01:28 pour certains. C'est quoi en réalité l'intelligence artificielle, Sophie ? Comment est-ce qu'on pourrait en donner une définition assez simple ?
01:35 Alors une définition assez simple, moi je vais pas être très très
01:38 créative, j'ai pris celle du Larousse, c'est que l'intelligence artificielle c'est
01:43 l'ensemble des technologies qui vont être développées pour réaliser des machines qui sont capables de simuler
01:50 l'intelligence humaine, c'est-à-dire la perception, la compréhension, avoir des actions, avoir de l'apprentissage.
01:57 Tout ça avec le mot du lot qu'on ne comprend toujours pas au moment où on se parle, comment fonctionne l'intelligence humaine
02:03 et que le cerveau humain, on sait toujours pas
02:06 comment il marche, qu'est-ce qu'il y a dedans exactement, à quoi il ressemble. Donc quand on parle d'intelligence artificielle,
02:12 il faut aussi comprendre que la base, ce sur quoi on va
02:17 essayer de prendre modèle, en fait on n'a déjà pas l'idée de ce que c'est.
02:21 C'est vrai, c'est vrai, donc ça rend pas la tâche facile. Alors néanmoins, est-ce qu'il existe différentes formes d'intelligence artificielle ?
02:28 Alors tout à fait, et ce dont on parle aujourd'hui,
02:31 c'est important de bien comprendre, il y a deux, on va dire, grandes natures d'intelligence artificielle.
02:36 La première, c'est les intelligences artificielles qu'on appelle "prédictives"
02:41 et c'est donc toutes les intelligences artificielles qui sont basées sur le machine learning, alors c'est-à-dire en fait
02:47 des ordinateurs qui sont capables d'apprendre à partir de données, une grande collection de données,
02:52 qui vont être capables d'apprendre, de faire des prédictions en fait.
02:56 C'est basé sur le passé, ils vont essayer d'apporter une bonne réponse pour le futur.
03:01 Et c'est sur l'analyse d'un grand nombre de data et c'est vraiment de la statistique, de la probabilité. Et ces intelligences artificielles là,
03:09 prédictives, on les connaît déjà très bien, puisque finalement c'est celles de Météo France.
03:16 Donc, ça fait bien longtemps qu'on les regarde tous les soirs à la télévision.
03:19 C'est celle aussi de Google Ads, c'est celle aussi de TikTok.
03:24 Et puis, c'est aussi celle de Netflix qui vous recommande le fameux algorithme de Netflix,
03:29 qui, je crois, dans 80% des cas, vous pousse un contenu que vous allez regarder.
03:34 C'est une intelligence artificielle prédictive, en fait, qui se base sur vos choix, vos goûts dans le passé,
03:40 pour vous recommander des contenus et se dire "si elle aime les comédies romantiques,
03:44 je vais lui proposer des comédies romantiques".
03:46 Bien sûr.
03:46 Donc, on mesure aussi l'intelligence artificielle prédictive,
03:50 puisque il n'y a pas beaucoup d'imagination dans cette intelligence de dire "elle regarde des contenus romantiques,
03:55 on va lui pousser des contenus romantiques".
03:57 En fait, il y a une deuxième sorte d'intelligence artificielle qui fait beaucoup parler aujourd'hui et qui est un peu ce pour quoi on se voit,
04:04 c'est les intelligences artificielles génératives.
04:07 Et elles, ce qui est intéressant, c'est qu'elles sont capables de produire du nouveau.
04:14 D'où le nom générative.
04:15 Ce qu'elles attaquent, ça va être la créativité, la création.
04:19 Et ça, c'était quelque chose que les machines n'étaient pas capables de faire jusqu'à maintenant.
04:22 Et elles sont capables, en fait, à partir de l'existant, de compiler un grand nombre de données,
04:27 un grand nombre d'images, de textes, de vidéos.
04:29 Et à partir de ça, de générer quelque chose de nouveau, une synthèse ou créer des nouvelles images.
04:36 Donc, c'est les dailies, c'est les mi-journées qu'on va avoir pour les images.
04:40 Et puis, c'est surtout le fameux chat GPT dont tout le monde parle.
04:44 Mais en fait, il y en a beaucoup, ces intelligences artificielles génératives.
04:48 Et elles sont un peu spécialisées dans plein de domaines, puisque voilà, elles se développent un peu partout, en fait.
04:55 Et alors, justement, par rapport à cet engouement autour de cette dernière forme d'intelligence artificielle que vous venez d'expliquer,
05:02 l'intelligence artificielle générative, et puis d'une manière plus générale face à l'arrivée de toutes ces nouvelles innovations technologiques,
05:10 il y a différentes réactions chez les hommes.
05:12 Certains sont extrêmement enthousiastes à l'idée d'accueillir des nouvelles technologies, un progrès incroyable.
05:18 Et puis d'autres, au contraire, vont être limite effrayés, paniqués.
05:23 Pour quelle raison est-ce que ça active des réactions aussi différentes ?
05:26 C'est quoi les imaginaires associés à ces intelligences artificielles et à ces nouvelles technologies ?
05:30 En fait, ces intelligences artificielles, qu'elles soient prédictives, génératives,
05:36 elles réactivent toujours, finalement, nos réactions face à la technologie.
05:41 Et là, je vais prendre un point de vue un petit peu plus socio-imaginaire pour expliquer ça.
05:48 Mais en fait, une des premières technologies, c'est tout simplement le feu.
05:51 Le feu.
05:52 Le feu qui nous a permis de transformer le monde autour de nous et qui est responsable de notre développement,
05:58 puisque on a pu mieux manger, mieux assimiler les protéines et donc de venir avoir ce gros cerveau
06:06 qui est donc l'exemple de ces intelligences qu'on développe aujourd'hui.
06:09 Donc la première technologie qu'on a eue, c'est le feu.
06:12 Mais ensuite, il y en a plein d'autres, des technologies.
06:14 Les voitures sont des technologies, les couteaux sont des technologies, etc.
06:19 Face aux technologies, on a tout un imaginaire qui est extrêmement ancien.
06:24 C'est-à-dire que les hommes, pour s'expliquer les choses, apprendre, c'est le récit.
06:29 C'est notre façon, vraiment, à nous, êtres humains, de nous transmettre les informations.
06:35 Et dans ces récits, il y a des récits qui sont les récits de l'Antiquité,
06:40 notamment toute la mythologie gréco-latine.
06:44 Et il y en a un qui est très important pour comprendre la technologie,
06:47 parce que ce mythe, en fait, il est tout le temps réactivé dès qu'on parle de technologie.
06:52 Et c'est un mythe qui est sur le feu.
06:54 C'est le mythe de Prométhée.
06:56 Je ne vais pas entrer dans les détails, mais Prométhée était un être humain
07:02 qui a eu l'occasion de voler le feu au dieu pour le donner aux hommes
07:09 et donc changer la vie des hommes.
07:10 Quelle audace !
07:11 Quelle audace !
07:12 Sauf que ce mythe de Prométhée, ce n'est pas un mythe joyeux.
07:17 C'est parce que les dieux, en fait, se sont fâchés quand ils se sont rendus compte
07:21 que Prométhée leur avait volé le feu pour le donner aux hommes.
07:24 Et ils l'ont très largement puni.
07:28 Le pauvre Prométhée a fini à flanc de falaise avec son foie mangé chaque jour, etc.
07:34 Donc, ce n'était vraiment pas gai pour lui.
07:35 Mais du coup, on sait, l'être humain passe un récit sur la technologie,
07:40 qui est que toute technologie peut faire qu'on va essayer de devenir un dieu.
07:45 En fait, on a toujours le risque de cette hubris grecque, de se prendre pour un dieu
07:50 et donc de mal finir, puisque évidemment, se prendre pour un dieu, pour un homme, ce n'est pas bien.
07:55 Donc, ça réactive toujours cette ambivalence de suis-je un homme, suis-je un dieu ?
07:58 Si je suis un dieu, est-ce que je vais me faire punir ?
08:01 Donc, ça, c'est le mythe de Prométhée, qui est le premier mythe qui raconte la technologie
08:04 et qu'on va toujours reconvoquer.
08:06 Et comme aujourd'hui, quand on parle d'intelligence artificielle
08:09 et qu'on va convoquer forcément des imaginaires dystopiques, se dire
08:13 "les machines vont prendre le pas sur nous, ça va forcément mal tourner", etc.
08:18 En fait, on reparle de Prométhée et de ce destin absolument tragique de Prométhée.
08:23 Ensuite, il y a toujours un deuxième mythe qu'on vient convoquer après celui de Prométhée
08:27 et c'est celui de Pandore.
08:29 Parce qu'il faut savoir que Prométhée, il avait un frère pas très malin qui s'appelait Épiméthée.
08:34 Et Épiméthée, les dieux ont décidé de le punir aussi, comme Prométhée.
08:39 Et là, ils ont été encore plus vicieux qu'avec Prométhée,
08:42 puisqu'ils se sont dit pour bien punir Épiméthée, on va le marier à une création.
08:49 Donc, les dieux les plus puissants se sont réunis pour créer la femme parfaite,
08:53 qui s'appelle Pandore et qui est magnifique, extrêmement séduisante, etc.
08:58 Mais évidemment, c'est une femme et une femme est caractérisée par quoi ?
09:01 Par une espèce de curiosité insatiable, l'incapacité à écouter les hommes et à leur obéir.
09:08 Et donc, ils décident de marier Épiméthée à Pandore, dont il est fou amoureux,
09:12 et puis ils lui disent "mais pour la séduire, offre-lui quand même un beau cadeau,
09:15 voilà une belle boîte, mais dis-lui qu'elle ne peut pas l'ouvrir".
09:20 C'est son cadeau de mariage, mais elle ne peut pas l'ouvrir.
09:22 Donc, Épiméthée épouse Pandore, lui donne la boîte, la fameuse boîte de Pandore.
09:27 Et puis, comme on le sait, Pandore, elle ouvre la boîte.
09:30 Et donc, alors que les êtres humains jusque-là vivaient sans maladie, sans catastrophe, etc.
09:37 Ils ont toutes les maladies, tous les problèmes qui s'abattent sur eux.
09:40 Pandore, elle referme la boîte sur l'espoir.
09:43 Et donc, en fait, toute technologie, elle nous raconte toujours ce mythe de prométhée
09:49 et surtout ce mythe de la boîte de Pandore, c'est-à-dire à la fois
09:52 se prendre pour un dieu et quelles pourraient être les conséquences pour l'être humain
09:56 de se prendre pour un dieu.
09:57 Et aussi, la conséquence de la boîte de Pandore, de "on ne sait pas".
10:01 En fait, avec cette technologie, on ne sait pas ce qui va nous arriver.
10:05 Et est-ce qu'on ne va pas faire s'abattre tous les problèmes du monde ?
10:09 Est-ce qu'on ne va pas provoquer des catastrophes ?
10:11 Est-ce que ça ne va pas être la fin de tout ?
10:13 Donc, ça, ça explique en fait quelque part notre réaction face aux technologies
10:18 et que parfois, on a des visions sur les dystopies.
10:22 Qui viennent beaucoup plus facilement que des idées heureuses ou positives face à ça.
10:27 Ça, c'est vraiment, j'ai envie de dire, le câblage de base de l'être humain,
10:32 ce prométhée, ce mythe de Pandore face à toute technologie.
10:35 Ensuite, il y a une deuxième couche, j'ai envie de dire, qui sont un peu
10:39 les trois attitudes qu'on a toujours face aux technologies.
10:43 Et ça marche sur toutes les technologies, c'est-à-dire si je vous dis le téléphone,
10:47 je vous jure que quand on a installé le téléphone à l'époque,
10:49 les gens ont dit ça du téléphone, ça marche sur la voiture
10:53 et ça marche aussi sur l'Internet et ça marche aussi sur les intelligences artificielles.
10:58 Et en fait, c'est les trois grandes tensions que vont convoquer pour nous, être humain,
11:02 toute technologie, c'est-à-dire que toute technologie va nous mettre
11:06 dans une situation où il y a du positif, du négatif.
11:09 Et moi, je vais me situer quelque part entre les deux, tendu entre ces deux polarités.
11:13 Il y en a trois sortes.
11:15 La première, elle s'appelle "Easy but lazy".
11:18 Et ça veut dire "facile mais paresseux".
11:20 Et c'est de se dire, cette technologie, c'est vrai, elle me facilite la vie,
11:23 mais elle me rend paresseux.
11:25 La voiture, elle facilite mes déplacements, mais je deviens gros.
11:29 Le téléphone enregistre tous mes contacts,
11:32 mais je ne fais plus l'effort de mémoriser les numéros.
11:34 Exactement. Et par exemple, aujourd'hui, l'intelligence générative,
11:38 chat GPT, effectivement, elle permet de rédiger des textes extrêmement vite.
11:43 Mais en contrepartie, on se dit tout de suite,
11:46 eh bien, plus personne connaîtra l'orthographe, plus personne saura écrire, etc.
11:50 Évidemment, c'est "Easy but lazy".
11:52 Ça, c'est la première tension.
11:54 Et ça remet en question cette notion d'effort aussi pour obtenir quelque chose.
11:57 C'est ça. Ma vie est plus facile, mais en contrepartie, je suis paresseux
12:01 et donc, je vais commencer à désapprendre des choses.
12:03 Et puis, l'être humain va se réduire et puis peut-être son cerveau va devenir
12:06 un petit peu comme un raisin sec.
12:08 Et puis, voilà, il y a toujours cette première tension.
12:11 La deuxième tension qu'une technologie va activer,
12:15 c'est "Connected but lonely", connecté, mais seul, mais isolé.
12:19 Et ça, on l'a vraiment vécu avec la pandémie,
12:22 où on était hyper connecté par Zoom, par Teams,
12:27 par tous les moyens de communication, par tout ce que la technologie a permis.
12:31 Et c'était extraordinaire, en fait, avec le recul
12:33 et en même temps, de se sentir complètement isolé et de se sentir seul.
12:38 Et toute technologie va aussi créer ce "Connecté, mais seul".
12:43 Et la troisième tension dans laquelle on est toujours, c'est le "Safe but intrusive".
12:47 Et c'est de se dire, est-ce que je vends pas un peu mon âme au diable avec technologie ?
12:51 Et là, typiquement, les intelligences artificielles,
12:54 parce qu'elles sont basées sur des données, vont à mon sens, pour l'instant,
12:58 elles convoquent beaucoup le "Easy but lazy".
13:01 Mais je pense que là, le vrai débat va être sur le "Safe but intrusive".
13:05 C'est-à-dire que comme elles convoquent beaucoup de data, beaucoup d'informations
13:09 et puis qu'il y a déjà eu des problèmes de cèdes de data
13:12 qui se sont retrouvés dans ces intelligences artificielles,
13:14 alors que c'était des choses privées qui ne devaient pas y être.
13:17 Par exemple, des gens qui ont vu leurs messages SMS
13:21 ou leurs dossiers médicaux qui se sont retrouvés dans ces intelligences artificielles,
13:25 alors que ça n'aurait pas dû être.
13:27 C'est de se dire, en fait, la technologie, elle me protège,
13:30 mais en contrepartie, elle est intrusive, elle sait trop de choses sur moi.
13:34 Et typiquement, voilà, ça va être toutes ces technologies de reconnaissance faciale,
13:39 par exemple, de se dire à quel moment, comme Prométhée ou comme Pandore,
13:44 je vais trop loin, à quel moment, en fait, je vends mon âme aux diables.
13:49 Et en fait, ces trois tensions autour de la technologie,
13:51 elles marchent sur toute l'économie.
13:53 Elles marchent sur le téléphone, sur la voiture
13:55 et elles marchent aussi sur les intelligences artificielles aujourd'hui.
13:58 Et ça, ça explique beaucoup aussi, à mon sens, de quelles sont les réactions
14:02 qu'on peut avoir autour d'elles, à la fois d'être enthousiaste,
14:08 être impressionné et en même temps avoir peur et tout de suite reconconquer
14:12 des grands débats de "mais l'être humain est fini, on va s'avérer à rien,
14:17 ça va forcément finir en catastrophe" et de ne pas avoir l'imagination
14:21 qu'il y a un tas de scénarios possibles et qu'on n'en sait rien.
14:24 Et c'est vrai qu'il y a la boîte de Pandore, on ne sait pas ce qui va en sortir.
14:28 Donc, c'est extrêmement intéressant, ces trois tensions que vous avez expliquées
14:33 à l'instant, Sophie, parce que c'est vrai qu'on envisage
14:37 peut-être plus naturellement des visions un peu pessimistes.
14:39 Mais finalement, toutes ces nouvelles technologies et les intelligences
14:42 artificielles dont on parle en ce moment, elles ont aussi beaucoup de vertus.
14:45 Elles nous permettent beaucoup, beaucoup de progrès,
14:48 notamment dans l'univers médical.
14:50 Et ça, peut-être qu'on n'en parle pas assez.
14:52 Alors oui, ce qui est, à mon sens, très intéressant sur ces intelligences
14:58 artificielles, alors déjà sur les prédictives, évidemment,
15:01 elles nous facilitent quand même énormément la vie.
15:04 Les Alexa, les Google Home, tout ça, c'est très important.
15:09 Sur les génératives aussi, elles vont faire
15:13 qu'on va avoir des vrais gains de productivité.
15:15 Et évidemment, ça va réorganiser le monde du travail.
15:20 Ça, on ne va pas se le cacher.
15:22 Il y a aussi plein de questions à se poser sur la façon dont elles sont construites,
15:27 parce que ça reste des boîtes noires.
15:29 Elles ont beaucoup de biais.
15:31 Toute technologie, en fait, elle est neutre.
15:34 La technologie en elle-même, elle n'est pas négative, elle n'est pas positive, etc.
15:37 C'est ensuite les êtres humains, comment ils s'en occupent, à quoi elles servent,
15:41 qu'est-ce qu'ils font avec, qui est important.
15:44 Ce qui est vraiment intéressant, à mon sens, et qui est une grande révolution
15:48 sur les intelligences artificielles et en particulier, en fait, les génératives,
15:55 c'est qu'elles sont en train de faire un truc incroyable.
15:58 C'est de rendre possible la créativité à beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens.
16:04 Dans beaucoup de domaines différents.
16:06 Dans beaucoup de domaines différents et surtout à beaucoup de gens.
16:08 Et de nous permettre, en fait, d'être beaucoup plus créatif.
16:13 Et ça, je pense que c'est quelque chose dont tous les êtres humains ont quelque part envie,
16:17 d'être plus créatif, parce que ça, c'est vraiment une spécificité,
16:23 c'est vraiment de l'humanité.
16:25 Et effectivement, typiquement, on pense beaucoup à nos métiers dans le média,
16:29 dans la création, ce que ça va changer.
16:32 C'est aussi intéressant de voir ce que ces intelligences artificielles
16:35 génératives, elles vont aussi changer dans la société.
16:38 Alors, je voulais parler d'abord de ce qu'elles vont changer
16:41 par rapport à notre rapport à la politique publique.
16:45 Ce que c'est hyper intéressant, c'est que ces intelligences artificielles,
16:48 elles permettent d'expérimenter et notamment, par exemple,
16:52 il y a Stanford et Google qui sont en train de faire une simulation
16:56 qui s'appelle Smallville.
16:57 Et c'est en simulation, grâce à l'intelligence artificielle,
17:00 de comment se comporterait une ville.
17:02 Ça ressemble un peu au Sims, mais en amélioré, d'êtres humains.
17:06 Mais du coup, ça permet de tester les conséquences de certaines politiques
17:10 ou par exemple, quelque chose qui s'appelle l'Enform,
17:14 qui est sur la transformation urbaine, l'aménagement urbain,
17:18 qui permet déjà de tester, d'expérimenter
17:21 avant la mise en place de politiques publiques
17:24 ou avant la mise en place de changements dans l'organisation de la ville.
17:30 Quelles pourraient être les conséquences de tester des scénarios ?
17:33 Et là où c'est très intéressant, c'est que jusque là,
17:37 on avançait quand même beaucoup à l'aveugle.
17:39 On n'imaginait jamais quelles pourraient être les conséquences des politiques.
17:43 Quelles sont les conséquences d'installer un rond-point à cet endroit-là ?
17:48 On ne peut pas imaginer parfois que...
17:50 Je me souviens d'une histoire de rond-point sur lequel des gens avaient mis un Bouddha
17:54 par hasard et puis c'était devenu un lieu de culte.
17:56 On n'imagine jamais, la vie a tellement plus d'imagination que nous.
18:00 Et donc, ces intelligences génératives, ces intelligences artificielles,
18:05 elles vont permettre d'essayer des politiques,
18:08 d'essayer et aussi nous, d'avoir beaucoup plus la main sur nos choix,
18:14 de faire des choix de politique, des choix d'aménagement,
18:18 de faire des choix de politique, de faire des choix de politique.
18:20 Et donc, on a vraiment une idée de ce qu'on peut faire.
18:23 Et c'est ce que je disais, c'est que c'est un peu comme un test.
18:26 C'est un test de la vie.
18:27 C'est un test de la vie, mais c'est un test de la vie.
18:29 Et c'est un test de la vie, mais c'est un test de la vie.
18:32 Et c'est un test de la vie, mais c'est un test de la vie.
18:33 Et c'est un test de la vie, mais c'est un test de la vie.
18:35 Et c'est un test de la vie, mais c'est un test de la vie.
18:36 Et c'est un test de la vie, mais c'est un test de la vie.
18:37 Et c'est un test de la vie, mais c'est un test de la vie.
18:49 Et c'est un test de la vie, mais c'est un test de la vie.
18:56 Et c'est un test de la vie, mais c'est un test de la vie.
19:00 Et c'est un test de la vie, mais c'est un test de la vie.
19:01 Et c'est un test de la vie, mais c'est un test de la vie.
19:02 Et c'est un test de la vie, mais c'est un test de la vie.
19:03 Et c'est un test de la vie, mais c'est un test de la vie.
19:04 Et c'est un test de la vie, mais c'est un test de la vie.
19:05 Et c'est un test de la vie, mais c'est un test de la vie.
19:06 Et c'est un test de la vie, mais c'est un test de la vie.
19:07 Et c'est un test de la vie, mais c'est un test de la vie.
19:08 notre créativité, de tester des
19:10 futurs, je pense qu'elles vont
19:12 vraiment aussi changer notre
19:13 rapport, tout simplement, à la
19:15 politique. Et ça, c'est énorme à
19:16 la société.
19:17 Ensuite, évidemment, sur le
19:19 médical, le prédictif
19:21 est absolument énorme,
19:23 parce que ce serait évidemment notre
19:24 rêve
19:25 "de", et ça a été
19:28 beaucoup porté par la génétique,
19:30 mais en fait aussi de pouvoir
19:31 attendre, c'est-à-dire des fois,
19:34 sur cette année, 30 ans avant,
19:35 mettre en place des choses qui vont
19:38 faire qu'on va
19:39 pouvoir éviter, surtout dans
19:41 des familles où on peut avoir
19:43 des maladies génétiques, familiales
19:45 qui sont vraiment vécues comme des
19:47 espèces de destins tragiques.
19:49 On a tous beaucoup d'espoir là
19:51 dedans, ce qui est hyper
19:52 intéressant.
19:53 Et moi, ce qui m'a vraiment
19:55 fait du bien, en fait, là-dessus,
19:58 c'est que
19:59 ça y est, il y a eu
20:01 une avancée qui a été faite
20:03 par trois élèves de lycée
20:05 sur trois continents différents,
20:07 parce que je crois
20:09 me souvenir qu'il
20:10 y en avait un qui était en Norvège,
20:13 un aux États-Unis et un en Chine,
20:15 qui ont utilisé une intelligence
20:17 artificielle.
20:19 Ils ont travaillé tous les trois
20:20 ensemble pour isoler,
20:22 en fait, les gènes qui
20:24 sont responsables des tumeurs de
20:26 cerveau les plus agressifs.
20:27 Donc, c'est des gens qui sont
20:30 au lycée, qui ne sont pas sur les
20:31 mêmes continents et
20:33 qui ont fait paraître cet article
20:35 de recherche dans la revue Aging,
20:37 sur le fait que,
20:38 finalement, en utilisant
20:41 cette intelligence artificielle qui
20:42 est ouverte à tout le monde et ce
20:44 dataset médical, en s'y mettant
20:46 à trois, donc des gamins,
20:48 ils ont 17 ans, voilà,
20:49 fille, garçon, peu importe, mais
20:51 ils ont réussi à identifier ce
20:53 gène sur les tumeurs au cerveau
20:56 les plus agressives.
20:57 Et là, ça nous donne quand même
20:58 beaucoup d'espoir parce qu'on se
20:59 dit, si des lycéens
21:01 sont capables de faire ça, ça
21:04 nous ouvre quoi ?
21:05 Nous, tout le monde, qu'est-ce
21:07 qu'on peut faire ?
21:08 Évidemment, ça repousse les limites.
21:10 C'est extrêmement, voilà,
21:12 optimiste.
21:13 C'est vrai et c'est bien d'en parler
21:15 parce qu'on parle, encore une fois,
21:17 beaucoup plus souvent, je trouve,
21:18 des points peut-être un peu plus
21:20 anxiogènes liés à ces nouvelles
21:22 technologies, à l'intelligence
21:23 artificielle. Mais ce que vous venez
21:24 d'expliquer, finalement, ça montre
21:26 que ça booste notre créativité,
21:27 alors qu'il y a quand même eu tout
21:28 un... beaucoup de questions
21:30 aujourd'hui sur tous les métiers
21:31 autour de la créativité, dans les
21:32 univers de la publicité, par
21:34 exemple, où on a quand même une
21:35 grosse crainte que ces IA
21:37 remplacent les directeurs
21:38 artistiques, même si moi,
21:40 personnellement, j'en suis pas du
21:41 tout convaincue. Mais c'est vrai que
21:42 ça bouleverse beaucoup toutes ces
21:44 notions. Donc, vous, vous êtes en
21:44 train d'expliquer qu'au contraire,
21:46 ça permet d'explorer de nouvelles
21:47 limites.
21:48 Pareil, ça démocratise aussi,
21:49 puisque des lycéens sont capables
21:51 de mettre au point des systèmes,
21:53 grâce à l'IA, qui nous donnent de
21:54 l'espoir dans le domaine médical.
21:56 Donc, ça va à l'inverse de tout ce
21:58 qu'on peut entendre en ce moment
21:59 autour des intelligences
22:00 artificielles.
22:01 Alors, je n'ai pas de boule de
22:02 cristal.
22:03 Ce qui est sûr, c'est que d'une
22:05 manière générale, en fait,
22:06 le marché du travail se
22:08 reconfigure avec les grandes
22:10 avancées technologiques.
22:11 Et on sait que, voilà,
22:14 il y a des estimations sur le fait
22:15 que ça va détruire certainement des
22:16 emplois, créer d'autres
22:18 emplois et certainement plus d'emplois
22:20 par la suite. Et ensuite, sur tous
22:22 les métiers de la créativité, à
22:24 mon sens, c'est
22:26 juste les créatifs vont s'en
22:27 emparer, comme ils se sont
22:29 emparés des autres technologies
22:31 avant. Et par exemple, là,
22:33 on a une technologie qui s'appelle
22:34 le son, qu'on est en train d'utiliser
22:36 toutes les deux.
22:37 Et les créatifs se sont emparés de
22:39 cette technologie.
22:40 Ça permet à tout le monde
22:41 d'écouter des concerts qui n'étaient
22:43 réservés qu'à une petite élite
22:45 aussi. Et je pense que
22:47 ces intelligences artificielles vont
22:48 aussi booster la
22:50 créativité.
22:51 Les gens vont travailler avec.
22:54 Ce qui est aussi intéressant, c'est
22:55 ce que je disais sur la
22:56 démocratisation.
22:57 On sait qu'on vit dans une société
22:59 qui est assez bloquée en termes
23:01 de progression, de quand on veut
23:04 aller travailler, par exemple,
23:06 dans un domaine professionnel
23:08 dans lequel on n'a pas vraiment de
23:09 relation.
23:10 Il y a tout ce scandale sur les
23:12 népo-babies, le
23:13 népotisme.
23:15 Mais on sait aussi qu'en France, on
23:17 est dans une société d'héritiers.
23:19 Je ne vais pas revenir sur Bourdieu
23:21 et tout. Moi, ce que j'ai vu aussi,
23:23 c'est des initiatives, par exemple,
23:25 autour de la Fashion Week, de gens
23:27 qui avaient réussi, grâce
23:29 à nos intelligences artificielles, à
23:30 faire des défilés.
23:32 En n'ayant pas forcément de moyens.
23:33 Or, c'est très cher de rentrer dans
23:35 les grandes écoles de mode.
23:36 C'est évidemment très cher de faire
23:38 un défilé.
23:39 Vraiment pas à la mesure
23:41 de toutes les bourses, de tout le
23:43 monde, surtout quand on sait que les
23:45 étudiants, il y en a beaucoup
23:47 qui ont vraiment du mal à joindre les
23:49 deux bouts.
23:50 Ça démocratise aussi ça, c'est-à-dire
23:52 qu'il y a des gens qui, aujourd'hui,
23:53 peuvent faire des défilés alors que
23:56 papa et maman ne sont pas forcément
23:57 là pour faire des chèques et
23:59 acheter du tissu.
24:00 Je parle aussi en tant que planeur
24:02 stratégique, c'est-à-dire aller
24:03 beaucoup plus vite sur certaines
24:05 parties de notre travail, ouvrir
24:08 plus notre champ, travailler avec
24:10 Lya comme un copilote.
24:11 Moi, j'aime beaucoup cette notion
24:13 que j'ai vue de l'intelligence
24:15 artificielle comme un copilote
24:17 qui va donc aider et puis
24:19 qui va aussi libérer du temps,
24:21 de la place.
24:22 Et ce "easy but lazy" dont on
24:25 parlait, moi, je
24:27 crois pas franchement au "lazy".
24:29 Je crois que ça va nous obliger à
24:30 développer encore d'autres
24:31 capacités, d'autres façons
24:33 de faire et à progresser.
24:35 Et ce n'est pas parce que les
24:37 baskets s'améliorent
24:38 que les basketeurs sont de moins
24:40 bons athlètes, au contraire.
24:42 Donc, la technologie, elle aide
24:43 aussi à s'améliorer.
24:44 Les basketeurs d'aujourd'hui sont
24:46 certainement des athlètes vraiment
24:48 meilleurs que les basketeurs d'il y
24:50 a un siècle. Pourtant, ils ont
24:51 vraiment des meilleures chaussures.
24:52 Non, mais c'est vrai que c'est une
24:56 vision, je trouve, très optimiste
24:57 et finalement assez proche du réel,
24:59 de ce qu'on vit au quotidien.
25:00 Tout dépend toujours de ce que
25:02 l'homme va en faire, finalement.
25:03 Exactement. Moi, je n'ai pas,
25:05 encore une fois, je n'ai pas de
25:06 boule de cristal. Et bien sûr que
25:08 ces technologies, cette
25:09 intelligence artificielle, elle va
25:11 être détournée.
25:12 Et que bien sûr, oui, elle va être
25:14 détournée pour le mal.
25:15 Évidemment, parce qu'il y a des
25:17 gens justes qui ne sont pas des
25:18 gens bien sur cette
25:19 planète.
25:20 Après, il y a aussi des gens bien
25:22 qui vont en faire des choses bien.
25:24 Et c'est l'histoire du monde.
25:25 C'est l'histoire du monde.
25:26 Et c'est aussi sans doute pour ces
25:27 raisons qu'un cadre, petit à
25:29 petit, va se mettre en place au
25:31 niveau de tout ce qui est question
25:33 d'éthique, d'utilisation.
25:34 J'imagine qu'on doit réfléchir
25:36 actuellement à un certain cadre
25:39 légal pour aider justement à ce
25:40 que ces actions plutôt
25:42 malveillantes soient le plus limité
25:44 possible.
25:45 Alors ça, ça va être une vraie
25:46 question. Et il y a des gens
25:47 chez Avas qui sont certainement
25:50 plus renseignés que moi sur ça.
25:51 Parce que bon, après ça, on a
25:53 toujours le problème de la loi qui
25:54 court moins vite que la technologie,
25:55 qui toujours essaye de rattraper.
25:58 Et puis, toujours aussi cette
25:59 question que ces technologies,
26:01 elles sont privées, elles ne sont
26:02 pas publiques, qui elles
26:04 appartiennent.
26:05 Et typiquement, évidemment,
26:07 OpenAI, qui au début est
26:09 créée pour que l'intelligence
26:11 artificielle...
26:12 Donc, OpenAI, pour ceux qui ne
26:14 savent pas, c'est la maison mère de
26:15 Chad GPT, est créée au
26:17 début par des géants de la tech
26:19 dans le but qu'elles soient au
26:20 service de l'humanité, de faire
26:22 de l'intelligence artificielle au
26:23 service de l'humanité et qui,
26:24 finalement, devient une entreprise
26:26 fermée comme une autre, une
26:28 boîte noire.
26:29 Donc, oui, des vrais enjeux
26:32 d'éthique, mais sur l'éthique, en
26:34 fait, moi, je vais rebondir.
26:35 Parce que quand je pense à
26:38 l'intelligence artificielle et que
26:39 j'y réfléchis et qu'on se dit
26:41 qu'elle va nous permettre de faire
26:43 tous ces gains de productivité,
26:45 de performance, elle
26:47 vient reposer, en fait,
26:49 la question du temps.
26:51 Si on gagne du temps, on en
26:53 fait quoi ?
26:54 Et en fait, il y a
26:56 un article assez
26:58 fondateur d'un économiste
27:01 qui s'appelle John Maynard
27:03 Keynes, qui est un grand
27:05 économiste anglais, qui a
27:06 inspiré
27:07 vraiment tout le 20e siècle.
27:10 On parle des politiques
27:12 économiques keynésiennes.
27:13 Ça a vraiment irrigué ses travaux,
27:15 la pensée économique.
27:17 Eh bien, en 1930, Keynes,
27:20 face aux technologies de 1930,
27:22 donc pour vous dire que ces débats,
27:24 ils ne sont pas vraiment du tout
27:25 d'aujourd'hui, a écrit un
27:27 article qui s'appelle "Les
27:29 possibilités économiques pour mes
27:30 petits-enfants", dans lequel,
27:32 en fait, Keynes se disait "mais
27:34 enfin, toutes ces technologies,
27:35 elles vont permettre de faire un
27:36 gain de temps tel que
27:38 finalement, mes petits-enfants,
27:40 certainement, ne travailleront que
27:41 15 heures par semaine".
27:42 Donc, voilà notre Keynes...
27:44 En 1930 !
27:45 En 1930. Donc, notre Keynes,
27:47 déjà un peu optimiste
27:49 puis surtout, c'est un peu
27:50 ironique parce que c'est vraiment
27:51 quelqu'un qui s'est usé lui-même
27:53 au travail.
27:54 Mais toujours est-il que
27:56 il disait "en fait, toutes
27:58 ces technologies, donc celles de
27:59 1930, elles vont pouvoir libérer
28:01 l'être humain de la tyrannie,
28:03 en fait, du marché du travail".
28:04 Et là, on était vraiment dans
28:06 l'industrie, dans ce qu'elle avait
28:07 de plus dur.
28:08 En plus, 1930, c'est juste
28:10 après la grande crise économique
28:12 de 1929.
28:13 On est en pleine dépression.
28:14 Les gens sont au chômage, font la
28:16 queue pour avoir du pain dans la
28:18 rue. Enfin, vraiment, c'est un
28:19 moment très dur du 20e
28:21 siècle.
28:22 Et il se dit
28:24 "ça va aller libérer les gens de la
28:25 tyrannie, du monde du travail.
28:27 Et puis, surtout, ça va aller
28:28 libérer de...
28:29 Alors, à l'époque, il n'y a pas le
28:31 concept de "bullshit job",
28:33 mais Keynes avait déjà le concept
28:35 de "useless job", les
28:37 emplois sans utilité.
28:38 Et il imaginait déjà ça.
28:39 Et il disait que donc, tout
28:41 l'enjeu, ça allait être de donner
28:44 des façons de vivre décentes aux
28:46 gens, puisque il allait
28:48 falloir sortir
28:50 seulement du
28:52 travail, comme on l'imaginait, mais
28:53 réinventer la vie pour autre chose.
28:56 Et du coup, je vais conclure en
28:57 fait, en revenant encore plus loin
28:59 à l'Antiquité.
29:01 On a un pège d'intelligence
29:03 artificielle, ce qui est certainement
29:04 le futur et qui nous projette
29:06 vers l'avant. Et puis, je n'ai pas
29:09 arrêté de vous revenir tout le temps
29:10 en arrière.
29:11 C'est fondateur.
29:12 Si on se penche un peu plus souvent
29:14 sur l'histoire, finalement, je
29:15 pense que ça pourrait apporter pas
29:16 mal de visions différentes.
29:17 Moi, déjà, j'espère que ça rassure
29:20 quand je parle des grands mythes et
29:21 qu'on se dit "ah, mais en fait,
29:22 déjà, face au feu, on se
29:24 posait déjà toutes ces questions".
29:25 Donc, en fait, on s'en est sorti
29:27 depuis le feu.
29:28 On s'en est sorti.
29:29 Voilà, on a le feu,
29:31 la voiture, le téléphone, tout ça,
29:32 on a géré. Donc, peut-être pour
29:34 l'intelligence artificielle, on va
29:35 y arriver aussi.
29:36 Mais du coup, pour revenir sur
29:38 cette question de "ça va
29:40 libérer du temps" et puis cette
29:41 question aussi de l'éthique.
29:43 Dans l'Antiquité, il y avait un
29:44 concept du temps qui était
29:46 l'osium et le
29:48 négosium.
29:49 Et alors, ce qui est intéressant,
29:51 c'est que dans notre vie d'aujourd'hui,
29:53 en fait, il n'y a plus d'osium.
29:54 Il n'y a plus que du négosium.
29:56 Alors, je vais expliquer ce que
29:57 c'est que les deux.
29:58 L'osium, en fait, c'était
29:59 le terme qui
30:01 parlait du temps libre, mais
30:04 ce n'était pas une vision du temps
30:06 libre comme un temps oisif
30:08 ou un temps perdu.
30:09 C'était un temps dans lequel
30:11 une personne allait
30:12 étudier, allait
30:15 se construire en tant qu'être humain,
30:17 allait réfléchir, allait
30:19 méditer sur la vie
30:21 et c'était donc le contraire de la
30:22 vie active.
30:23 Mais c'était une vie
30:25 pour, ben,
30:26 j'ai envie de dire, une super vie,
30:29 une vie deux fois plus.
30:30 Vraiment une vie consacrée à son
30:32 humanité, en fait, à
30:34 se développer en tant qu'être
30:35 humain.
30:36 Au contraire, le négosium, donc
30:38 en deux mots à l'époque, qui a
30:39 donné négos aujourd'hui,
30:41 parce que autant le mot osium a
30:43 donné oisif,
30:44 et on l'utilise peu. Par contre,
30:46 négos, restait vraiment dans notre
30:48 langue. C'était le contraire.
30:49 En fait, ça, c'était les affaires
30:51 c'était l'activité.
30:52 Mais je trouve ça intéressant de se
30:54 dire, c'est peut-être aussi
30:55 l'occasion.
30:57 Tout ce temps, toute cette
30:58 productivité, finalement,
31:00 toute cette performance du négos
31:03 qu'on va avoir avec l'intelligence
31:04 artificielle, est-ce que ça ne va
31:06 pas dégringer du temps pour l'osium
31:08 et qu'il y ait un temps pour
31:09 l'humanité? Et est-ce que
31:11 l'intelligence artificielle ne va
31:13 pas être une créatrice de temps
31:15 pour construire plus d'humanité?
31:17 Et retrouver un équilibre
31:20 de vie plus intéressant.
31:22 J'ai envie de dire même plus
31:23 profond et voilà, de l'âme.
31:25 Est-ce que l'intelligence
31:28 artificielle n'est pas la condition
31:30 pour que nous puissions faire
31:31 grandir notre âme?
31:32 Franchement, c'est une autre vision
31:34 d'intelligence artificielle et je
31:36 pense qu'on ne pouvait pas mieux
31:38 terminer sur cette note pleine
31:40 d'espoir.
31:41 Merci beaucoup, Sophie, pour toutes
31:42 ces questions.
31:43 Avals édition, en partenariat
31:47 avec Altice Média Ads & Connect,
31:50 vous a présenté Qui c'est qui connaît?
31:51 Le podcast par un média
31:54 pour les médias sur
31:56 les médias.
31:58 Bye à base.

Recommandations