Vitaa raconte l'histoire de son tube "A fleur de toi", sorti en 2007.
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00:00 La plus belle des reconnaissances, c'est quand ta chanson, elle rentre dans la vie des gens.
00:02 Moi, je fais de la musique pour ça, vraiment.
00:04 Moi, je suis lyonnaise de base, donc je vivais en province.
00:11 J'étais très jeune.
00:11 À l'époque, j'étais vendeuse dans un magasin de vêtements.
00:13 J'habitais dans un petit appartement juste à côté du centre commercial où je travaillais.
00:17 J'avais une petite chambre dans laquelle j'écrivais déjà quasiment toutes les chansons de ce premier album.
00:20 Et "À fleur de toi", ça a été une des premières chansons que j'ai écrites.
00:23 Ce que je raconte, c'est ce que je vis à ce moment-là.
00:24 J'étais complètement torturée.
00:25 Je sortais d'une histoire très compliquée, d'une relation toxique. Quelques mois plus tard, je rencontre quelqu'un d'exceptionnel.
00:30 Sauf que je ne suis pas du tout prête à me mettre dans cette relation.
00:32 À ton regard, je sens que tu l'as déjà vécu.
00:34 Voilà, je suis dans cette relation-là.
00:37 Il va me falloir des mois pour comprendre qu'en fait, c'est mon pansement.
00:40 Et je crois que plein de filles ont réagi comme ça dans leur vie.
00:43 Ça leur est arrivé.
00:44 Quand j'écris les premiers mots de cette chanson,
00:46 "Les jours passent, mais ça ne compte pas, j'ai tant de mal à vivre."
00:49 Quand j'écris ça, c'est ce que je ressens.
00:51 À aucun moment, je me dis que c'est une chanson qui va sortir un jour.
00:54 À ce moment-là, on ne parle même pas de me signer en Maison 10.
00:56 C'était vraiment un exutoire pour moi, une façon de raconter quelque chose qui me hantait.
01:00 Le nombre de lettres que j'ai reçues à l'époque de filles, de femmes, de tout âge confondu
01:05 qui m'écrivaient pour me dire "c'est mon histoire".
01:08 Et c'est devenu un peu la BO de plein de gens.
01:10 Et pas que de filles.
01:11 C'est-à-dire qu'il y a plein de mecs qui m'ont dit "c'est mon histoire", à l'inverse, avec une femme et une autre femme.
01:16 Et en fait, je me suis rendu compte qu'on était torturés, les gens.
01:18 C'est une chanson que j'ai écrite d'un trait.
01:20 Je me rappelle très bien, j'étais dans ma chambre et le lendemain, je vais chez mon
01:24 compositeur de l'époque, Mounir Marouf, avec qui j'ai fait tout cet album.
01:27 Et je lui chante cette mélo.
01:28 J'avais un petit clavier chez moi, je sais faire trois accords et j'écrivais comme ça.
01:32 Et là, on a l'idée de poser les accords de la sonate au clair de lune de Beethoven.
01:36 Et en fait, on se rend compte que ça matche et que c'est d'un tragique.
01:39 Et moi, c'est tout ce que j'aime.
01:40 On se dit "c'est beau, c'est super beau".
01:42 Mais on ne sait pas du tout que ce sera le premier single de mon album.
01:45 Et on fait cette chanson qui est assez magique et qui est dans un format particulier parce
01:48 qu'on met un gros beat hip-hop dessus et à la fois, c'est une balade.
01:51 Ça ne se faisait pas musicalement en France à ce moment-là, ce genre de chanson.
01:54 En tout cas, ça ne marchait pas.
01:55 Et puis, ça deviendra le plus gros succès de mon premier album.
01:58 Moi, c'est une chanson qui me bouleversait et j'étais très égoïste dans ma musique
02:01 à ce moment-là, c'est-à-dire que j'ai fait tout un album sans me poser la question
02:04 une seule fois.
02:05 Est-ce que ça va toucher un tel ? Est-ce que je fais...
02:07 Moi, à ce moment-là, je ne suis même personne, je ne suis pas connue.
02:09 J'aspire à en faire mon métier, c'est ma passion.
02:11 Mais je suis très pessimiste, je me dis que ça ne marchera jamais.
02:13 Cette histoire, elle est très présente dans cet album.
02:15 C'est-à-dire que toutes les chansons qui touchent à ce thème dans l'album, elles
02:18 parlent de la même personne.
02:19 C'était ma psychanalyse dans cet album.
02:21 D'ailleurs, j'ai été taxée de fille torturée, triste, la pleureuse.
02:24 On m'a tout sorti sur les 5-10 premières années de ma carrière.
02:27 On m'a étiquetée comme ça.
02:28 Mais moi, ça me touchait dans le sens où j'étais sincère, j'ai raconté mon histoire.
02:32 Ce qui m'a étonnée dans le succès de cet album, c'est combien de personnes ont vécu
02:37 la même histoire et ont été touchées par cette chanson.
02:39 Quand Slimane la reprend, il lui donne encore un second souffle.
02:42 Et je crois qu'il y a encore plein de gens qui l'ont redécouverte.
02:44 Et ça me touche encore plus parce que quand les gens me chantent cette chanson, c'était
02:47 ma vie.
02:48 Moi, c'est un petit bout de ma vie.
02:49 Donc, ce n'est vraiment que des bons souvenirs à fleur de toit.
02:50 Franchement, à partir du moment où on lance cette chanson, ça a été un espèce de raz-de-marée.
02:53 Je me souviens qu'elle était numéro 1 partout.
02:55 Le clip était numéro 1 pendant des semaines.
02:57 Je n'étais pas du tout préparée à ça parce qu'encore une fois, je voulais faire
02:59 de la musique par passion.
03:00 Ce qui a été compliqué, c'est de me rendre compte que tu ne peux plus sortir toute seule
03:03 et aller n'importe où comme ça.
03:04 Il faut un peu se cacher.
03:05 Si tu veux aller vite, si tu veux pas que ça prenne longtemps.
03:07 Mais bon, on fait avec et c'est un métier.
03:09 Il ne faut pas faire ce métier si tu ne veux pas être publique.
03:10 Et en même temps, j'étais trop heureuse parce que c'était, je crois, ma chanson
03:13 préférée de l'album.
03:14 Et à partir de là, je n'ai plus rien compris.
03:16 Ça a été un ascenseur émotionnel.
03:18 À partir de ce moment-là, le clip est numéro 1 partout.
03:20 Tu marches dans la rue, on t'arrête toutes les deux minutes.
03:21 Mais les gens sont extrêmement bienveillants.
03:23 Vraiment, moi, je tiens à le dire.
03:24 Je n'ai pas vécu ce phénomène de hater.
03:26 Bien sûr qu'il y en a plein qui ne m'aiment pas et je le sais.
03:28 J'ai quand même toujours eu un public adorable qui me soutient.
03:30 Et parce que je crois que j'ai raconté mes histoires, les gens se reconnaissaient
03:33 dans mes chansons.
03:34 Donc, quand les gens m'arrêtaient, ils ne me disaient que du bien.
03:35 Je crois que le succès de cette chanson, il m'a permis de tourner la page.
03:38 Vraiment.
03:39 Parce que c'est une histoire dont je ne me remettais pas.
03:40 J'ai mis 3-4 ans à m'en remettre.
03:42 Et je crois vraiment que ça m'a permis de tirer un trait, de devenir plus forte, de
03:47 ne pas refaire les mêmes erreurs.
03:48 Pour le coup, je n'ai vraiment pas refait les mêmes erreurs.
03:50 Et ça a été vraiment une façon de me soigner.
03:52 Il y a plein de gens qui me disent "tu ne peux plus en pouvoir de cette chanson".
03:56 Franchement, je me souviens par contre que l'année 2007 où on s'est fait toutes les
03:59 plateaux télé de la terre, plateaux radio et tout.
04:02 Au bout d'un moment, c'est vrai que tu prends moins de plaisir à la chanter.
04:04 Quand on change de single, on est content.
04:06 Aujourd'hui, c'est l'inverse.
04:07 C'est vraiment une chanson que j'adore reprendre sur un plateau télé.
04:11 Il y a cette magie, cette nostalgie de "c'est ma chanson d'avant".
04:14 C'est une chanson, moi encore une fois, que je trouve tragique.
04:16 Et même tout mélodiquement, c'est un morceau que j'ai fait avec mon coeur.
04:20 Donc aujourd'hui, je prends énormément de plaisir à la chanter.
04:22 Peut-être plus qu'à l'époque.
04:23 C'est une chanson qui appartient aux gens.
04:24 En concert, les gens la connaissent par coeur.
04:26 Même quand je suis invitée parfois, j'ai des amis à moi qui sont sur un concert qui
04:29 m'invitent à la chanter.
04:30 Je n'ai même pas besoin de la chanter.
04:31 Je crois qu'en tant qu'auteur et en tant que chanteuse, c'est ce qu'il y a de plus
04:34 beau.
04:35 C'est la plus belle des reconnaissances.
04:36 C'est quand ta chanson, elle rentre dans la vie des gens.
04:38 Moi, je fais de la musique pour ça, vraiment.
04:39 Si elle est à Temporel, en tout cas, je suis la plus heureuse.
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