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- Grand invité : Julien Goudichaud, journaliste indépendant, documentariste et co-auteur de « Les plages de l'embarquement » (Les Arènes)

LE GRAND DÉBAT / Pacte vert adopté de justesse : un peu de répit pour la planète ?

« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski

336 voix pour, 300 contre, 13 abstentions. Le mercredi 12 juillet 2023, le Parlement européen a voté pour le projet de loi restauration des espaces naturels, texte phare du Pacte vert européen. Alors que 80% des habitats naturels de l'Union européenne sont en mauvais état de conservation, le texte se donne deux caps : d'ici à 2030, restaurer au moins 20% des zones terrestres et maritimes de l'UE et d'ici à 2050, restaurer tous les écosystèmes dégradés. Une mesure attire les foudres de l'opposition, celle qui consiste à couvrir d'au moins 10 % de la surface agricole avec des jachères, des haies, des arbres ou encore des fossés pour 2030. Au-delà d'une bataille écologique, c'est aussi et surtout une bataille idéologique et politique qui se joue. La droite européenne, qui voulait faire tomber ce projet de loi, a effectué une jonction avec la droite, l'extrême droite et les eurosceptiques. Quelles seront donc les conséquences écologiques et politiques à court et long terme de ce vote du Pacte vert pour la restauration de la nature ?

Invités :
- Anne-Laure Blin, députée LR du Maine-et-Loire
- Karima Delli, eurodéputée écologiste
- Cécile Claveirole, secrétaire nationale de France Nature Environnement
- Anne-Claire Poirier, journaliste indépendante spécialisée en transition énergétique

LE GRAND ENTRETIEN / Julien Goudichaud : en immersion avec les migrants et les passeurs
Dans son livre "Les plages de l'embarquement" (les arènes), Julien Goudichaud revient sur ses 7 années passées à Calais aux côtés de migrants et passeurs. Alors qu'ils traversaient jadis la Manche cachés dans les trains et les camions, les migrants empruntent désormais la voie maritime. Entre 2018 et 2022, le nombre de passagers a été multiplié par 90, passant de 500 à 45.000. Une organisation internationale qui aurait généré plus de 100 millions d'euros en 2022 : "on assiste à un phénomène de mafia qui est né et qui est en train de grandir de plus en plus" explique l'auteur. Pour dénoncer cette situation autour des traversées illégales, il est allé jusqu'à embarquer avec les migrants sur un canot pneumatique pour traverser la Manche...

- Grand invité : Julien Goudichaud, journaliste indépendant, documentariste et co-auteur de « Les plages de l'embarquement » (Les Arènes)

BOURBON EXPRESS :
- Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP

LES AFFRANCHIS :
- Eve Szeftel, journaliste à Libération
- Fanny Guinochet, journaliste économique à France Info

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et

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Transcription
00:00 ...
00:04 -Bonsoir et bienvenue.
00:07 Ca vous regarde en direct.
00:09 Notre grand témoin nous emmène à Calais,
00:11 aux côtés des migrants qui rêvent de l'Angleterre.
00:14 Bonsoir, Julien Goudichaud. -Bonsoir.
00:17 -Vous êtes journaliste indépendant,
00:19 vous publiez avec Nicolas Torrent
00:21 "Les plages de l'embarquement" aux éditions Les Arènes.
00:24 Vous avez passé sept ans aux côtés des migrants,
00:27 vous avez été les passeurs aussi sur un canot de fortune,
00:30 car vous l'avez fait, cette traversée de la Manche.
00:33 On va en parler dans ce moment où, il faut bien le dire,
00:36 les naufrages mortels se multiplient
00:38 dans l'indifférence générale.
00:40 On en parle tous les deux dans la deuxième partie.
00:43 On commence par le pacte vert européen,
00:45 sauvé de justesse,
00:47 aujourd'hui en séance plénière à Strasbourg.
00:49 C'était un vote très important.
00:51 Les députés européens ont adopté à 36 petites voix près
00:55 de nouvelles règles pour restaurer la biodiversité.
00:58 On va y revenir dans le détail.
00:59 L'offensive de la droite et de l'extrême droite échoue,
01:03 mais va-t-elle laisser des traces, notamment en 2024,
01:06 aux élections européennes ? Grand débat,
01:09 dans un instant, avec nos invités sur ce plateau.
01:11 20h15, les Affranchis pour leur parti,
01:14 et Bourbon Express, l'histoire du jour, à l'Assemblée.
01:17 Voilà pour le menu. On y va, Nicolas Goudichaud ?
01:19 -Alors, vas-y. -Ca vous regarde ? C'est parti.
01:22 Musique rythmée
01:24 ...
01:32 -Les défenseurs du climat et de la biodiversité en Europe
01:36 peuvent souffler ce soir.
01:37 L'union de la droite et de l'extrême droite
01:40 n'est pas majoritaire au Parlement européen,
01:42 mais ce qui s'est passé à Strasbourg mérite qu'on s'y arrête.
01:46 A 36 voix seulement, les députés ont adopté
01:48 la loi de restauration de la nature.
01:51 On va y revenir. C'est l'une des pièces
01:53 du grand puzzle du pacte vert qui donne le lat en Europe
01:56 à la transition écologique.
01:59 Bonsoir, Anne-Laure Blain. -Bonsoir.
02:01 -Vous êtes députée Les Républicains du Maine-et-Loire.
02:04 Le Parti populaire européen a voté dans sa très large majorité,
02:08 et donc vos collègues à Strasbourg,
02:10 contre ce projet de loi.
02:11 On se demande pourquoi. Ca mérite une explication.
02:15 Bonsoir, Cécile Claveyrol. -Bonsoir.
02:18 -Vous êtes secrétaire nationale
02:20 de France Nature Environnement.
02:21 Bonsoir, Anne-Claire Poirier.
02:23 Vous êtes journaliste indépendante
02:25 spécialisée sur les questions de transition écologique.
02:29 Elle arrive de Strasbourg dès qu'elle aura mis un pied
02:33 sur le quai de gare parisien.
02:36 Elle est un peu en retard.
02:38 Carima Delli est députée européenne écologiste.
02:41 Je vous ai appelée, Nicolas,
02:42 autant pour moi, Julien Gaudicho.
02:44 Vous êtes journaliste,
02:46 vous pouvez même interroger.
02:48 Vous êtes à fort enjeu politique,
02:50 nos invités au féminin pluriel.
02:52 On va commencer par Lamy Blakowski.
02:54 Que s'est-il passé, le film de la journée,
02:57 au Parlement européen ?
02:58 Pourquoi ce vote était crucial ?
03:00 Le chrono de Blakow.
03:01 ...
03:05 Je vous invite à faire la même chose.
03:07 Bonsoir, Stéphane. -Bonsoir, Myriam.
03:09 A toutes et tous.
03:10 -Qu'est-ce qui s'est passé ?
03:12 -On ne peut pas dire du mal du Parlement européen.
03:15 C'est pas réputé spécialement
03:17 ni pour son côté chaleureux.
03:18 Et pourtant, aujourd'hui,
03:20 explosion de joie dans l'hémicycle.
03:22 Vous allez voir les images.
03:24 On voit rarement ça,
03:25 des gens qui se jettent dans les bras.
03:27 C'est parce qu'on a adopté
03:29 la loi de restauration de la nature.
03:32 Les gens en sont à la fois heureux et soulagés
03:35 parce qu'on n'était pas sûrs que la loi serait adoptée.
03:38 Pourtant, l'objectif de la loi est tout à fait louable.
03:41 Il s'agit de préserver, restaurer, si possible, la biodiversité.
03:45 J'imagine que vous êtes au courant
03:47 qu'il y a un problème avec la biodiversité.
03:49 Je vous ai choisi les oiseaux,
03:51 les animaux les plus sympathiques pour le grand public.
03:55 25 %, c'est la diminution de la population des oiseaux
03:58 depuis 40 ans.
03:59 Quand on parle de certains oiseaux,
04:01 ceux qui vivent dans les champs,
04:03 c'est -60 % dans les effectifs.
04:06 Avec cette loi, l'objectif,
04:08 c'est que chaque pays va devoir restaurer
04:10 ces écosystèmes qui ont été abîmés.
04:13 Il faudra des seuils à atteindre, comme souvent,
04:16 30 % en 2030, 60 % en 2040,
04:19 pour arriver à 90 % des écosystèmes restaurés,
04:23 ceux qui étaient abîmés en 2050.
04:25 Alors, on se demande pourquoi se poser
04:28 à un objectif aussi louable.
04:29 Le principal opposant au Parlement européen,
04:32 c'est le PPE, le Parti populaire européen.
04:35 C'est le plus gros groupe parlementaire à Strasbourg.
04:38 Il regroupe les élus de droite et du centre.
04:41 Vous avez une idée, en France,
04:42 c'est LR, une partie des centristes qui y siège.
04:45 Ce qui inquiète le PPE,
04:47 c'est l'idée que cette loi puisse avoir
04:49 une conséquence sur la production agricole.
04:52 D'autant plus qu'on a vu,
04:54 l'an dernier, avec l'invasion de l'Ukraine,
04:56 qu'il pouvait y avoir des affaits de prix sur l'alimentaire
05:00 qui étaient très inquiétants.
05:01 C'est ce qu'explique Manfred Weber,
05:04 le patron du PPE à Strasbourg.
05:05 -La Commission met sur la table une loi
05:08 dont elle dit elle-même, dans l'étude d'impact,
05:11 qu'elle conduira à une baisse
05:13 de la production de nourriture en Europe.
05:15 Ce n'est pas le bon moment de faire cette loi.
05:20 -Ce matin, à Strasbourg,
05:22 il y avait les groupes de pression les plus motivés
05:25 qui s'affrontaient. C'était caricaturel.
05:27 On avait d'un côté Greta Thunberg,
05:29 avec les écolos radicaux,
05:32 qui faisait face au syndicat agricole
05:34 qui, eux, vous le voyez, avait déplacé les tracteurs.
05:38 En réalité, l'objet de cette loi n'est pas soutenu
05:41 par l'écologie radicale.
05:42 C'est ce que Pascal Canfin,
05:44 élu Renaissance, président de la Commission de l'environnement,
05:47 a essayé d'expliquer aux élus du PPE.
05:50 Il leur a dit, dans le fond, "Vous êtes des gens raisonnables".
05:53 -Si vous ne voulez pas écouter les scientifiques unanimes
05:57 pour défendre la nécessité de cette loi,
05:59 alors écoutez la Fédération européenne des chasseurs.
06:03 Les chasseurs sont favorables à cette loi.
06:06 Écoutez les entreprises du secteur de l'agroalimentaire,
06:09 qui sont favorables à cette loi.
06:11 Écoutez la Banque centrale européenne,
06:14 qui nous rappelle que l'immense majorité de notre économie
06:17 est dépendante des services rendus par la nature.
06:20 -Quand on entend ça, on se dit,
06:22 "Est-ce que le PPE n'aurait pas une autre idée derrière la tête ?"
06:26 Parce que, vous le savez, dans un an,
06:28 ce sont les élections européennes.
06:30 Or, ces dernières années, qu'est-ce qu'on a vu ?
06:33 La droite pouvait s'allier dans certains pays,
06:36 comme en Suède ou en Italie,
06:37 avec les nationalistes ou l'extrême droite
06:40 pour atteindre le pouvoir.
06:42 L'exemple, c'est celui de l'Italie,
06:44 où Meloni s'est allié avec Forza Italia,
06:46 le parti de Feu Berlusconi,
06:48 qui lui est un parti qui appartient au PPE.
06:50 Alors, est-ce que Manfred Weber n'a pas une idée derrière la tête ?
06:54 -Il y a une partie de la droite,
06:56 menée par le leader du Parti populaire européen,
06:59 Manfred Weber,
07:00 qui fait le pari
07:02 que demain, l'Europe pourrait être dirigée
07:04 par une coalition allant de l'extrême droite
07:07 au centre-droite.
07:08 Il veut faire de ce texte le laboratoire
07:10 de cette majorité alternative.
07:12 -Alors, si c'était un test pour voir la validité
07:15 de l'Union des droites, on va dire que c'est raté.
07:18 Mais n'empêche, le débat est là,
07:20 parce que les élections européennes,
07:22 c'est dans un an, et cette idée d'Union des droites,
07:25 elle n'a pas fini de faire son chemin.
07:27 -Merci beaucoup, Stéphane.
07:29 Qu'est-ce que vous répondez à Pascal Corfain,
07:32 qui, au fond, vous dit que la droite a voulu faire
07:34 un coup politique, l'Union des droites,
07:37 pour des raisons plus politiques, voire idéologiques,
07:40 que sur le fond, véritablement, de ce projet de loi ?
07:43 -Ce n'est pas un coup politique.
07:45 Ce projet de loi, qui s'appelle "restauration de la nature",
07:48 c'est pas une restauration de la nature,
07:51 c'est une mise en oeuvre de la décroissance.
07:53 -En quoi, précisément ?
07:55 -C'est ce que le PPE a défendu, justement.
07:57 -La décroissance, vraiment ? -C'est la décroissance.
08:00 -Sur quoi ? -Ca va à l'encontre du climat.
08:03 Aujourd'hui, les agriculteurs
08:05 sont les premiers défenseurs de la biodiversité,
08:08 les premiers protecteurs de l'environnement.
08:10 Avec ce texte, on va geler
08:13 des territoires agricoles entièrement,
08:15 parce qu'au nom d'une idéologie pro-environnement,
08:19 en tout cas, prétendument pro-environnement,
08:22 on sacrifie nos agriculteurs,
08:24 qui, eux, font tout pour protéger la nature.
08:26 C'est problématique, parce qu'on l'a vu,
08:29 la guerre en Ukraine, le Covid, la crise énergétique
08:32 ont démontré que cette idéologie d'extrême-gauche
08:35 et des écologistes, qui sont en réalité
08:37 des partisans de l'écologie punitive,
08:42 essaient, à force de lobby,
08:45 à démobiliser les agriculteurs,
08:48 et surtout à leur envoyer des messages
08:50 qui leur disent que ce qu'ils font
08:52 pour maintenir notre souveraineté alimentaire
08:55 et notre territoire ne sert à rien.
08:57 -Vous parlez de sacrifice.
08:58 -C'est loin d'être un coup politique.
09:01 -Vous parlez de tuer les agriculteurs,
09:03 sacrifice, on a entendu aussi, mais lobby.
09:05 C'est la question agricole qui a cristallisé les enjeux.
09:09 Je vous propose déjà de revoir un peu le face à face,
09:12 Greta Thunberg, qui était donc avec les militants écologistes
09:15 devant le Parlement européen,
09:17 et puis, là, on les voit, les militants,
09:20 et puis, juste à côté, le même jour,
09:22 cette colonne de tracteurs des agriculteurs,
09:26 qui, eux aussi, sont venus mettre la pression
09:29 pendant ces deux jours de débat à Strasbourg.
09:31 On va écouter Christiane Lambert, elle aussi à la dent dure,
09:35 elle représente les agriculteurs, contre ce texte.
09:38 -Depuis des années, nous avons réduit l'usage
09:40 des produits phytosanitaires,
09:42 nous avons réduit l'usage des antibiotiques,
09:44 nous avons fait changer nos pratiques aussi,
09:47 nous captons plus de carbone,
09:49 nous pratiquons le non-labour
09:51 pour avoir plus de biodiversité dans les sols.
09:53 Bref, nous changeons nos pratiques,
09:55 mais une loi autoritaire, descendante,
09:57 qui veut fixer des règles homogènes pour tous les pays,
10:00 ça n'est pas acceptable.
10:02 -C'est la question agricole qui a cristallisé les oppositions
10:05 si on doit retenir un élément de fond.
10:07 On viendra aux questions politiques
10:09 avec la perspective des élections de 2024 après.
10:12 La droite, on l'entendait, Madame Blin,
10:15 explique que moins 10 % de surface agricole,
10:17 pour laisser un peu en jachère,
10:19 pour construire des haies,
10:21 pour préserver la nature, la biodiversité,
10:24 ce serait, au fond, tuer l'agriculture.
10:27 Que répondez-vous ?
10:28 -Alors, tout ça est faux, tous les arguments sont faux.
10:32 On n'a pas diminué les pesticides,
10:34 on les a augmentés de 15 % depuis 2009, d'accord ?
10:38 Tous ces arguments sont des arguments faux
10:41 que je peux démonter un par un,
10:42 mais ça serait un peu fastidieux.
10:44 -Il faut quand même rappeler
10:46 que moins 10 %, c'est un objectif ?
10:48 -C'est pas moins 10 %.
10:50 -Pour chaque Etat, objectif de moyens ?
10:52 -Dans la directive, c'est 10 % de surface,
10:55 ce qu'on appelle agroécologique,
10:57 c'est-à-dire des surfaces avec des haies, avec des marques, etc.
11:01 C'est pas moins 10 %.
11:02 Aujourd'hui, une partie de ces surfaces existe.
11:05 On demande de préserver ces surfaces,
11:07 de les augmenter un peu,
11:09 mais c'est pas moins 10 % de surface agricole utile.
11:12 Ca, c'est un calcul qui est...
11:14 -Fake news, pour vous.
11:15 -Oui, et c'est comme les 4 % de jachère
11:18 qu'on a voulu remettre en culture
11:20 suite à la guerre en Ukraine.
11:21 Les 4 % de jachère qui existent aujourd'hui
11:24 sont les terres les moins bonnes.
11:26 Vous allez les remettre en culture,
11:28 mais vous allez faire quoi dessus ?
11:30 Vous allez avoir des rendements très faibles, etc.
11:33 -Les agriculteurs ne vont pas payer plein pot,
11:36 c'est ce qu'ils disent, ces nouvelles normes.
11:39 -Le raisonnement qui est "toutes choses égales par ailleurs,
11:42 "on continue comme maintenant,
11:44 "avec les pesticides, les engrais",
11:46 en fait, ce qu'il faut comprendre,
11:48 c'est que la baisse de la biodiversité,
11:50 ce sont les agriculteurs qui vont en payer le prix.
11:53 C'est nous tous, parce que c'est notre vie,
11:56 notre cadre de vie,
11:57 mais surtout, la biodiversité, c'est quoi ?
12:00 La biodiversité dans les sols, c'est la fertilité des sols.
12:03 C'est avec ça qu'ils produisent,
12:05 avec la nature qu'ils produisent, c'est pas contre.
12:08 -Donc, c'est complètement des porcs qui sont agités...
12:11 -Les porcs, je les comprends parfaitement.
12:14 On les a emmenés depuis 60 ans dans un modèle hyper productiviste,
12:19 qui sont pieds et poings liés avec les banques,
12:22 avec les crédits, avec...
12:24 Les porcs, y a pas de problème, on peut en discuter.
12:27 -Avec des normes aussi.
12:28 -Mais il faut qu'on sorte de ce schéma-là
12:31 et qu'on les accompagne correctement
12:34 à aller dans des nouvelles...
12:36 -Des nouvelles cultures, souvent.
12:38 -Nouveaux modes de production.
12:40 Alors, effectivement, Christian cite le nom "Labourd".
12:43 C'est une très bonne évolution, mais le nom s'accompagne du glyphosate.
12:47 Pour détruire la culture, puisqu'on ne laboure pas,
12:50 on va mettre du glyphosate.
12:51 Voilà, c'est des choses comme ça que l'on...
12:54 Mais ce qu'il faut voir aussi,
12:56 c'est qu'il y a des agriculteurs qui font différemment.
12:59 Il faut se baser sur leur...
13:01 -Pour vous, il y a beaucoup plus de craintes
13:03 que, véritablement, de contraintes.
13:05 -Oui. -Carime Adéli,
13:07 on a choisi un petit compromis,
13:09 on voulait vous avoir en direct dans cette émission,
13:12 on a choisi de vous avoir par Skype,
13:14 sinon, c'aurait été trop juste.
13:16 Vous avez vécu toute cette journée de vote important
13:19 à l'Assemblée...
13:20 Pas à l'Assemblée, mais au Parlement européen à Strasbourg.
13:23 Déjà, 36 voix, c'est peu.
13:25 Est-ce que vous pouvez parler véritablement de victoire,
13:28 ce soir ?
13:30 -En fait, c'est un texte,
13:31 on peut parler de victoire symbolique,
13:33 mais pour nous, c'est vraiment une défaite aussi,
13:36 pour M. Weber,
13:37 qui a...
13:39 Qui n'a pas réussi son pari de créer une nouvelle alliance
13:42 avec l'extrême droite en vue des prochaines élections européennes.
13:46 Ce texte est véritablement un texte fort et fondateur,
13:51 parce qu'il fait partie d'un des leviers d'action du pacte vert.
13:54 Pour nous, il est très important,
13:56 et il montre aussi qu'on ne peut pas faire de pause environnementale,
14:00 parce que le pacte vert nous permet de rentrer vraiment...
14:05 On le voit tous les jours, on le voit encore aujourd'hui,
14:08 dans le double objectif, la lutte contre le dérèglement climatique,
14:11 mais surtout la protection de la biodiversité.
14:15 Et vous avez dit un petit peu quelques mots
14:19 qui... Parce que j'ai entendu auparavant...
14:22 Je voudrais dire que la loi qui a été votée
14:28 a été quand même accompagnée de fake news assez incroyables.
14:33 C'est-à-dire que... -Dites précisément.
14:36 -Par exemple, on a pu entendre que, par exemple,
14:38 dans le texte, on prévoyait de geler 10 % des terres agricoles.
14:42 C'est absolument faux.
14:44 Que le PPE a dit que, par exemple, ce week-end...
14:48 Alors, tenez-vous bien, le PPE, donc le parti conservateur,
14:52 donc la droite de ce Parlement, a raconté partout ce week-end
14:56 que ce texte allait faire que le village du Père Noël en Finlande
15:00 allait être rasé.
15:01 On est parti sur du grand délire,
15:04 au point que c'est devenu vraiment des propos
15:07 un peu du populisme d'extrême-droite.
15:10 Et c'est là où c'est le bâton qui se fait battre,
15:13 puisque cette victoire
15:15 montre l'opération mensongère d'une droite très dure,
15:20 qui est venue chasser sur les terres d'extrême-droite,
15:23 avec qu'un objectif, justement, de récupérer un électorat,
15:27 notamment l'électorat un peu conservateur,
15:30 l'électorat agricole.
15:33 Et on voit bien à ce niveau-là, et ça, c'est terrible pour nous,
15:37 on voit bien que c'est pas la nature,
15:39 parce que cette loi, pour la première fois,
15:43 met dans la loi le droit de restaurer la nature.
15:47 Vous vous rendez compte ce que ça veut dire ?
15:50 Ça veut dire que ces forêts qui ne poussent plus,
15:53 on voit des lieux partout en Europe
15:57 où c'est vraiment des écosystèmes qui sont dégradés.
16:00 Là, on compte le fait qu'on va prendre des mesures de restauration.
16:04 C'est une première dans l'histoire de l'Europe.
16:07 -On revient vers vous, Carimadelli.
16:10 Les objectifs, d'ici à 2030,
16:12 restaurer 20 % des terres et des zones maritimes,
16:15 et d'ici à 2050, réparer tous les écosystèmes dégradés.
16:18 Je vais venir vers vous, mais il y a une charge assez lourde.
16:22 On entend populisme vert.
16:24 Pascal Confin est allé très loin.
16:26 Il a même parlé de climato-scepticisme,
16:28 au Parlement européen.
16:30 Fake news ? Qu'est-ce que vous répondez ?
16:32 -C'est, je dirais, l'attaque facile, aujourd'hui.
16:35 Vous voulez discréditer, vous dites que c'est l'extrême droite,
16:39 le populisme. Non, la réalité, c'est que les membres du PPE,
16:42 ce que nous défendons, notamment en France, les Républicains,
16:46 c'est le pragmatisme.
16:47 C'est une écologie de bon sens.
16:49 Aujourd'hui, la réalité, c'est qu'Emmanuel Macron
16:52 s'est allié avec l'extrême gauche, avec les écologistes,
16:56 pour nuire à notre souveraineté alimentaire nationale
16:59 et à nos agriculteurs.
17:00 -Le FPD, c'est pas l'extrême gauche.
17:02 -On a voté un texte, pardon,
17:05 mais aujourd'hui, sur le ZAN,
17:07 la non-artificialisation des sols.
17:09 Ils sont revenus en arrière,
17:11 car ça bloque beaucoup de projets dans les communes,
17:14 et ils le savent.
17:15 Ca bloque des projets de réindustrialisation verte.
17:18 Aujourd'hui, grâce au Sénat, grâce au sénateur Heller,
17:21 il y a un allègement de ce dispositif.
17:23 -La même question en matière d'écologie,
17:25 c'est la question de l'acceptabilité.
17:28 C'est la question fin du mois, fin du monde,
17:30 elle revient systématiquement.
17:32 Quand on regarde dans le détail, Karim Adeli dit
17:35 que c'est très important, c'est symbolique,
17:37 mais le texte a été quasiment vidé de sa substance
17:40 par le Conseil des ministres.
17:42 Les Etats, par rapport à la version de Ursula von der Leyen
17:45 de la Commission européenne,
17:47 n'ont mis que des objectifs de moyens
17:50 et non de résultats.
17:51 Il y a un gagnant, ce soir ?
17:53 -C'est vrai qu'on a quand même évité...
17:55 Il faut signaler qu'on a évité le pire,
17:58 un abandon total de la loi.
17:59 Ca aurait été vraiment grave,
18:01 parce que sans cette loi, le Green Deal...
18:04 La neutralité climatique... -Politiquement, il était par terre.
18:07 -C'est une loi dont on ne pouvait pas se passer,
18:10 car l'atteinte de la neutralité carbone dépend de cette loi.
18:13 Toutes les émissions incompressibles
18:15 qu'on ne pourra pas émettre, on les stocke dans les arbres.
18:19 Cette loi doit permettre de restaurer les écosystèmes
18:22 très abîmés en Europe, 70 % des sols en mauvais état.
18:25 -En replantant des arbres. -On en avait vraiment besoin.
18:28 On peut se féliciter d'avoir sauvé les meubles.
18:30 La loi a été... -Mais en quoi elle est contraignante ?
18:33 -Justement, elle est contraignante.
18:35 -Obligation de moyens. -C'est pas toujours le cas.
18:38 C'est juridiquement contraignante.
18:40 Les obligations de résultats ont été remplacées
18:43 par des obligations de moyens.
18:45 On aura plus de mal à s'appuyer sur des critères effectifs
18:48 pour pénaliser les Etats qui ne respecteront pas
18:51 leurs objectifs, mais quand la France, par exemple,
18:54 ne respecte pas ses objectifs d'énergie renouvelable,
18:57 ça lui coûte 500 millions d'euros.
18:59 Si on constate en 2030 que la France n'a pas mis en oeuvre
19:03 les mesures nécessaires pour tenter, en tous les cas,
19:06 de restaurer 20 % des écosystèmes dégradés en France,
19:09 elle sera pénalisée financièrement.
19:11 -C'est la question de la résistance des populations
19:14 qui s'est posée. Au fond, les Etats,
19:16 ils se sont fait aussi les porte-voix des peuples
19:19 sur ces affaires-là.
19:20 Quand vous regardez, par exemple,
19:22 le président de la République française
19:25 sur la question des normes environnementales,
19:27 sur, au fond, les normes à venir,
19:29 il a dit ça, c'était le 11 mai dernier.
19:32 -Moi, j'appelle à la pause réglementaire européenne.
19:35 Maintenant, il faut qu'on exécute,
19:37 il faut pas qu'on fasse de nouveaux changements de règles
19:40 car on va perdre tous les acteurs.
19:42 -Cécile Claveyrol,
19:43 est-ce que là, il n'y a pas, au fond,
19:46 des discours contradictoires ?
19:48 -Complètement.
19:49 Et ce que disait...
19:51 Ce texte a été vidé de son contenu, de sa substance.
19:54 Le texte qui a été voté,
19:56 on se félicite qu'il ait été voté,
19:58 mais maintenant, il va falloir rétropédaler
20:00 pour remettre dedans ce qui a été enlevé
20:03 par les amendements.
20:04 -Ce ras-le-bol des normes,
20:06 quand il en parle, le chef de l'Etat,
20:08 n'est-il pas, au fond, en train de relayer
20:10 une partie des acteurs ?
20:12 -Ce que je voudrais dire, c'est que, dans ce texte,
20:15 il y avait la préservation des terres agricoles,
20:18 il y avait la préservation des océans.
20:20 Les océans, c'est...
20:21 On a, en France, vous parliez des sols dégradés en Europe,
20:25 on a, en France, 60 % des eaux de surface
20:27 qui ne sont pas en bon état écologique.
20:30 Comment on va faire quand on ne pourra plus du tout
20:32 boire l'eau au robinet ?
20:34 D'accord ? Comment on va faire ?
20:36 Comment on va faire quand on ne pourra plus produire
20:39 parce qu'on n'a plus de biodiversité dans les sols ?
20:42 C'est pas la question des normes,
20:44 c'est la question de se poser la question
20:47 de quand est-ce qu'on est prêts à changer ?
20:49 En face de nous, vraiment, devant le nez,
20:51 c'est des filles dont on nous parlait.
20:54 -Mais on ne peut pas le faire sans les peuples.
20:56 C'est pour ça que la démocratie est si importante.
20:59 -C'est une question de lobby.
21:01 C'est une question de lobby agroalimentaire,
21:04 de l'agrochimie. C'est pas une question de peuple.
21:06 -C'est eux qui ont fait pression, à votre avis,
21:09 sur le PPE, la droite, l'extrême droite ?
21:12 -Non, c'est le bon sens.
21:13 Un autre argument, voilà,
21:15 c'est de dire exactement ce que dit madame.
21:18 Non, c'est le bon sens paysan.
21:21 Vous savez, chez nous, le bon sens paysan.
21:23 Et ce que dit le président de la République
21:26 est scandaleux, parce que ceux qui ont réussi...
21:29 -Vous êtes d'accord avec lui, manifestement.
21:31 -Sur ce volet.
21:32 Mais on sait que c'est en même temps.
21:35 Oui, sur ce volet.
21:36 -Pour la suite, pas pour l'existant.
21:38 -Il dit ça et il fait voter au Parlement européen,
21:41 avec ses députés européens,
21:42 des dispositifs qui vont encore plus
21:45 remettre de normes sur les agriculteurs.
21:47 C'est problématique. C'est son discours,
21:49 qui pose problème nationalement.
21:51 C'est la même chose sur le discours de l'eau.
21:54 Là aussi, votre artifice d'utiliser les peurs,
21:56 de faire peur aux populations, ça fonctionne,
21:59 parce que vous faites craindre un peuple
22:01 qui n'aura plus d'eau, qui n'aura plus rien à manger.
22:04 Mais ces normes feront que, demain,
22:06 nous irons à la crise alimentaire.
22:08 Nous sommes allés, avec des propos tels que les vôtres,
22:11 à la crise énergétique. Le 0 % de nucléaire,
22:14 c'est vous qui l'avez porté.
22:16 Et aujourd'hui, on voit le résultat.
22:18 Les normes se superposent à d'autres normes.
22:20 La rénovation énergétique des bâtiments, le DPE.
22:23 Tous les propriétaires savent aujourd'hui
22:26 combien le DPE, le dispositif de diagnostic
22:28 pour établir les pertes énergétiques ou non des bâtiments,
22:33 qui aujourd'hui gèlent tout un marché locatif du logement,
22:36 ce sont des normes portées par des partisans tels que le vôtre.
22:40 La fin du moteur thermique, c'est la même chose.
22:43 Le développement de l'électrique, c'est porté par ce genre de...
22:46 -On va faire réagir Carie Madéli. -Il y a une problématique.
22:49 Je voudrais émettre, parce que le diagnostic, aujourd'hui,
22:53 il est de dire que nous pouvons, depuis la France,
22:55 refaire la planète à neuf.
22:57 Mais la réalité, c'est qu'aujourd'hui,
22:59 vous abordez l'agriculture, la souveraineté alimentaire
23:02 européenne et de fait nationale, au profit de l'international
23:06 et au profit de pays qui, aujourd'hui,
23:08 ne tiennent pas compte de dispositifs d'enfermement.
23:11 -Carrie Madéli. -Vous êtes dans une proposition
23:14 de valoriser...
23:15 Le véritable combat aurait été les "close-miroirs".
23:18 Vous voyez qu'on arrête d'importer des dispositifs,
23:21 des produits qui, aujourd'hui,
23:23 mènent nos agriculteurs dans ce pays.
23:25 -La réciprocité. -C'est scandaleux.
23:27 C'est ça, le combat qu'on aurait dû mener.
23:30 -Carie Madéli, vous êtes à distance, c'est moins facile.
23:33 Qu'est-ce que vous répondez à votre collègue des Républicains ?
23:36 On le voit, les zones à faible émission,
23:39 la question de l'artificialisation,
23:41 on le voit, le problème de l'acceptabilité,
23:43 il se pose et il se repose aussi avec les agriculteurs.
23:47 Et cet argument, au fond, on va finir
23:50 par devoir importer à des Chinois
23:52 qui, eux, polluent beaucoup plus que nous.
23:55 -Il y a plusieurs choses dans vos questions.
23:57 Tout d'abord, je vous le dis,
23:59 il y a eu un amendement sur les "close-miroirs"
24:01 qui a été adopté.
24:03 C'est la première chose.
24:04 -Expliquez, s'il vous plaît, pour ceux qui nous regardent.
24:08 -Et ensuite, je tiens à vous dire
24:09 qu'il faut arrêter de dire tout et son contraire.
24:12 Pourquoi nous sommes là, tous réunis ?
24:15 Parce que, justement, la véritable question,
24:18 normalement, la protection de la nature
24:20 ne doit pas diviser les gens.
24:22 Quand on dit qu'il faut réparer les terres,
24:24 réparer les mers, tout le monde devrait être d'accord.
24:27 Mais là, on n'est pas d'accord sur...
24:29 Tout le monde n'est pas d'accord sur pourquoi.
24:32 Pourquoi il faut appliquer des règles ?
24:34 La véritable question, c'est parce qu'on a pris trop de retard.
24:38 Vous avez parlé, tout à l'heure,
24:39 sur un dossier que je connais très bien,
24:42 la sortie des véhicules, la fin de la vente des véhicules thermiques.
24:46 Pourquoi vous pensez qu'on arrive là ?
24:48 Vous savez pourquoi on arrive là ?
24:50 Parce qu'on a eu du "diesel gate" en France,
24:52 on a eu du "diesel gate" en Allemagne.
24:55 Ce sont des industries qui ont 15 ans de retard sur la chaîne.
24:58 Je n'ai pas envie d'avoir des voitures chinoises en Europe.
25:01 Mais malheureusement, on a... -C'est mieux aujourd'hui.
25:04 -Parce qu'on n'a pas pris le virage de la transition à temps.
25:08 -Il faut l'assumer.
25:09 Vous favorisez l'industrie chinoise.
25:11 C'est la même chose en matière de transition énergétique
25:14 et de développement d'énergie renouvelable.
25:17 Les panneaux photovoltaïques sont aussi en Chine.
25:19 -La droite, main dans la main avec le lobby automobile,
25:23 ne veut pas faire la transition.
25:24 Je peux vous le dire,
25:26 puisque c'est moi qui ai levé le lief sur le "diesel gate".
25:29 Vous avez fait en sorte qu'on reste dans les thermiques
25:32 pendant que d'autres pensent à vos alternatives.
25:35 -A chaque fois, sur chaque problème, l'agriculture,
25:38 vous dites qu'il faut rester sur le statu quo.
25:40 En même temps, vous êtes dans un problème terrible
25:43 parce que vous favorisez le libre-échange.
25:46 -Comment vous faites pour alimenter
25:48 les véhicules électriques sans nucléaire ?
25:50 Comment faites-vous pour les alimenter sans nucléaire ?
25:54 -Alors, d'abord, on ne dit pas que comme ça...
25:57 Parce que nous, on est des réalistes,
25:59 on est pragmatiques, contrairement à vous.
26:02 On ne dit pas que la voiture électrique va tout résoudre.
26:05 C'est une des solutions. Ca, c'est la première chose.
26:08 La deuxième chose qui nous paraît intéressante,
26:11 c'est cette question agricole.
26:13 Parce que vous êtes en train de nous dire
26:15 que l'agriculture doit nourrir la planète,
26:18 sauf qu'aujourd'hui, vous signez des deux mains
26:21 l'ensemble des traités de libre-échange,
26:24 notamment le Maître de la Couture.
26:26 -Vous ouvrez tellement de sujets que c'est difficile de suivre.
26:29 On est passé de la voiture électrique et du nucléaire
26:32 à la question des libre-échange.
26:35 -On ne va pas vous mettre d'accord
26:36 entre les écologistes et les Républicains.
26:39 Ce débat est fondamental, parce qu'il est permanent.
26:42 C'est la question du rapport au temps.
26:44 Au-delà de ce texte-là, qui, finalement, a été voté,
26:47 on va terminer ce débat, on va aller à Strasbourg
26:50 avec François-Xavier Bellamy,
26:52 qui, lui, a défendu sans succès ce texte.
26:54 Anne-Claire Poirier, vous savez qui a dit ça ?
26:57 "Le temps de la lutte contre le changement climatique
27:00 "et le temps social pour le rendre acceptable
27:03 "est le temps de la lutte contre le changement climatique."
27:06 C'est Daniel Kohn-Bendit, écologiste parmi les écologistes.
27:09 Qu'est-ce que ça vous inspire ?
27:11 -Si ça ne coïncide pas, c'est le résultat
27:14 de choix politiques qui ont été faits.
27:16 On a mené des politiques de fuite en avant
27:18 pendant de longues décennies.
27:20 Aujourd'hui, en 2023, quand le réchauffement climatique
27:23 frappe très fort, comme on l'a vu l'été dernier,
27:26 on n'a plus de temps.
27:28 Cela dit, je pense que tout est rattrapable,
27:30 parce que, si on veut faire une deal,
27:32 on parle des normes, mais on pourrait parler du financement.
27:36 Cette loi va être financée. -Comment ?
27:38 -Parce que c'est le budget européen,
27:40 et ça va être discuté dès la fin de l'année.
27:43 -200 000 euros pour le secteur agricole
27:45 qui n'ont aucune alternative. -Et la PAC ?
27:48 -C'est la PAC, c'est différent.
27:50 -La PAC, c'est le plus gros budget de l'Union européenne
27:53 et qui finance... -Il suffit de le décider.
27:55 -La PAC finance déjà la transition agricole.
27:58 -Non, absolument pas.
28:00 -La PAC est de plus en plus contraignante,
28:02 et la nouvelle PAC aussi. -C'est le discours.
28:04 -Je suis en train de faire un rapport à l'Assemblée nationale
28:08 sur les contrôles opérés dans les exploitations agricoles,
28:11 notamment les contrôles de la PAC.
28:13 J'ai vu les dossiers de PAC, j'ai vu ce qui est exigé,
28:16 j'ai vu ce qui est exigé en matière d'EH,
28:19 j'ai vu ce qui est exigé en matière d'entretien
28:22 et de maintenir la biodiversité sur les territoires.
28:25 Ce sont les agriculteurs qui le font.
28:27 -La transition énergétique n'est pas...
28:29 -Pour l'instant, la PAC est constante,
28:31 mais rien n'est prévu, justement,
28:33 par rapport à toutes ces nouvelles normes,
28:36 des compensations, etc.
28:37 Les financements seront au rendez-vous
28:40 pour les agriculteurs ?
28:41 -Il suffit de le décider politiquement,
28:43 c'est-à-dire de réorienter les financements.
28:46 On a eu plus d'un milliard d'euros,
28:48 près d'un milliard d'euros,
28:50 sur les différents plans éco-phytos.
28:52 "Éco-phyto", ça voulait dire économiser les produits phytosanitaires,
28:56 les pesticides.
28:57 Plus d'un milliard d'euros,
28:59 essentiellement distribués aux chambres d'agriculture,
29:02 aux instituts techniques,
29:04 pour arriver à plus de 15 % de produits utilisés.
29:06 C'est pas de la Gabgi, ça ?
29:08 -Vous voulez que du bio.
29:09 Vous voyez le résultat du bio sur le territoire ?
29:12 Aucun agriculteur ne veut faire de bio.
29:14 -Encore un autre débat.
29:16 -Les Français n'achètent plus le bio.
29:18 -C'est faux.
29:19 -Le marché ne s'est pas défendré.
29:21 -Ce bio ne permet pas aux agriculteurs...
29:24 -Qu'est-ce que vous proposez ?
29:26 -De ralentir le rythme ?
29:27 -Simplement des mesures de bon sens.
29:29 -Ca veut tout et tout dire.
29:31 -Les mesures de bon sens, c'est de s'appuyer sur la biodiversité.
29:34 C'est le vivant qui va nous sauver.
29:36 -Qui s'occupe du vivant ?
29:38 -C'est nous tous.
29:39 -C'est les haies qui sont implantées et que vous défendez tant.
29:43 Grâce à qui sont-elles plantées ?
29:45 -Grâce aux agriculteurs.
29:46 -Vous croyez vraiment que pour s'occuper...
29:49 -Gagnons pour les agriculteurs.
29:51 -Ils n'ont aucun intérêt.
29:52 Vous parlez des produits phytos.
29:54 Vous pensez véritablement qu'un agriculteur,
29:57 au prix ou coûte les intrants,
29:58 ils n'ont qu'une envie, c'est d'utiliser les intrants ?
30:02 Bien sûr que non.
30:03 Ils coûtent excessivement cher et ils savent très bien...
30:06 Simplement, il faut éviter les interdictions
30:08 sans alternatives.
30:10 Aujourd'hui, c'est ce que vous avez fait.
30:12 Avec les néonicotinoïdes, avec le glyphosate,
30:15 vous voulez faire une écologie punitive
30:17 pour sanctionner les Français,
30:19 et ce, à tout niveau.
30:20 -Comme vous l'avez vu, dans ce débat,
30:23 vous étiez seul, plutôt déséquilibré.
30:25 C'est pour ça qu'on va terminer
30:27 avec François-Xavier Bellamy.
30:29 Bonsoir, monsieur le député.
30:31 Merci d'être en duplex du Parlement de Strasbourg.
30:35 Vous avez énormément défendu un vote contre ce projet de loi.
30:41 C'est donc une défaite.
30:43 Vous reconnaissez un échec, ce soir.
30:45 Vous n'êtes pas parvenu à peser avec le PPE
30:47 et les partis d'extrême droite
30:49 pour vous opposer à cette loi sur la restauration de la nature.
30:53 -En effet, à 12 voix près,
30:54 et je voudrais quand même insister sur le fait
30:57 que ceux qui se sont opposés à ce texte
30:59 appartiennent à plusieurs groupes politiques,
31:02 y compris, par exemple, au groupe Renew.
31:04 Ils sont nombreux, dans le groupe des macronistes,
31:07 d'autres délégations nationales, à avoir voté contre ce texte.
31:11 Il ne s'agit pas d'une question d'extrême droite,
31:13 comme certains, chez eux, voulaient nous le faire croire.
31:17 C'est un enjeu qui dépasse de très loin
31:19 les sujets de politique politicienne,
31:21 et qui permet effectivement de sauver la nature.
31:24 En réalité, l'agenda qui nous est proposé par ce texte
31:27 va mettre en danger non seulement notre économie,
31:30 nos modèles sociaux, notre capacité à produire ce dont nous avons besoin,
31:34 mais aussi la nature.
31:35 -Quelles sont les conséquences précises,
31:38 pour vous, du vote de ce texte ?
31:40 -La première des conséquences, c'est que ce texte organise
31:43 un agenda de décroissance pour l'Europe,
31:45 et notamment de décroissance agricole.
31:48 Il y a dans ce texte des dispositions
31:50 qui, l'étude d'impact de la Commission européenne le reconnaît,
31:53 vont faire baisser la production alimentaire dans nos pays.
31:57 Or, nous, nous continuons d'avoir faim,
31:59 et nous allons continuer de consommer des produits alimentaires.
32:03 Mais nous allons les faire venir du reste du monde.
32:06 C'est déjà le cas.
32:07 Nous sommes devenus de plus en plus dépendants
32:09 de ces modes de production qui, à l'extérieur de l'Union européenne,
32:13 ne respectent pas nos règles et font le plus de mal à l'environnement.
32:17 Et moi, je suis révolté d'entendre à l'instant sur votre plateau
32:21 que les agriculteurs n'ont pas changé en Europe.
32:24 Ils respectent les règles environnementales
32:27 les plus exigeantes du monde en Europe.
32:29 Anne Lorblin a raison de dire
32:31 que la PAC est le premier levier de cette transition.
32:34 S'il faut l'améliorer, alors travaillons sur la PAC,
32:37 mais ne multiplions pas les couches réglementaires absurdes
32:40 qui vont faire que nous ne produirons plus rien.
32:43 Nous serons peut-être très contents de ne plus polluer du tout,
32:46 mais la vérité, c'est que nous dépendrons entièrement
32:49 de la production chinoise, indienne, américaine,
32:53 qui, elle, évidemment, ne présente aucun scrupule
32:56 pour abîmer l'environnement,
32:58 utilise tous les intrants que nous nous refusons,
33:00 utilise toutes les techniques qui abîment l'environnement.
33:04 C'est cette production-là à laquelle nous faisons des cadeaux.
33:07 -Dernière question, il y a le fond du texte,
33:10 et vous vous y opposez, et puis il y a les arrières-pensées politiques.
33:14 Il y a quand même en ligne de mire les élections européennes.
33:17 Vous n'allez pas vous arrêter là ?
33:19 L'objectif, c'est de parvenir à l'union des droites ?
33:22 C'est ça, l'idée ?
33:23 -Encore une fois, je le répète, ce procès est ridicule,
33:26 et il est complètement décalé par rapport à la gravité des enjeux.
33:30 Depuis le début, nous parlons du fond du texte,
33:32 des sujets de fond,
33:34 de ce qui va menacer la forêt face aux incendies demain.
33:37 Nous parlons de ce qui menacera les pêcheurs,
33:39 de ce qui menacera l'industrie...
33:41 -La réalité politique, c'est que vous avez changé
33:44 les partenaires traditionnels de compromis à Strasbourg.
33:47 Le PPE s'est tourné vers l'extrême droite, c'est un fait.
33:52 -Nous avons déposé notre amendement de rejet
33:54 parce que nous avons vu qu'il était impossible
33:57 de trouver des compromis corrects sur ce sujet,
34:00 et cet amendement de rejet, il a été voté, effectivement,
34:03 par des députés qui viennent de l'extrême droite,
34:06 par des députés du groupe conservateur,
34:08 mais aussi, je le redis, par des députés du groupe Réunion,
34:11 des libéraux auxquels appartiennent les élus d'Emmanuel Macron.
34:15 Nous avons demandé un moratoire législatif
34:17 pour cesser d'asphyxier sous l'inflation normative
34:20 tous ceux qui produisent en Europe,
34:22 et Emmanuel Macron reprend la même expression.
34:25 On va-t-on faire un procès en macronisme ?
34:27 -On a diffusé le son sur la pause réglementaire.
34:29 -Le problème, c'est que les élus macronistes, ici,
34:32 font le travail des verts, de l'extrême gauche,
34:35 et avec les verts et l'extrême gauche,
34:37 c'est ça, la vraie coalition, qui menace la production européenne
34:41 et qui met en danger l'équilibre européen,
34:43 c'est celle qui associe les députés macronistes
34:46 avec l'extrême gauche européenne,
34:48 et c'est ça que nous combattons.
34:50 -Merci. On va s'arrêter là.
34:52 Merci, François-Xavier Bellamy, d'avoir été en duplex
34:55 depuis Strasbourg. C'était serré, 12 mois seulement,
34:58 et non pas 36.
34:59 Je vous prie de bien vouloir m'excuser
35:01 pour cette imprécision.
35:03 Vous voulez avoir le mot de la fin ?
35:05 Très rapidement. On vous a préparé une carte en Europe
35:08 sur la montée des populismes.
35:10 La droite et l'extrême droite, c'est le cas en Finlande,
35:13 en Suède. C'est une donne avec laquelle
35:15 doivent compter les Européens ?
35:17 -C'est vrai que là, on a vu plusieurs barrières
35:19 tomber mois après mois sur l'alliance.
35:22 Il y a une tentation très forte de la droite
35:24 vers l'extrême droite. Jusqu'ici, le climat faisait partie
35:27 des sujets qui faisaient consensus à Bruxelles.
35:30 C'est peut-être pas le cas en France,
35:32 mais à Bruxelles, le PPE, jusqu'à récemment,
35:35 soutenait le Green Deal. -C'est plus fragile.
35:37 -C'était fragile, non.
35:39 -La présidente de la Commission européenne
35:41 représente le PPE, elle porte le Green Deal
35:44 et elle le porte vaillamment.
35:45 Là, il y a vraiment eu une barrière qui est tombée.
35:48 On a décidé de sacrifier le climat sur l'autel de l'électoralisme.
35:52 -Merci. On s'arrête là. On sent bien que ce débat va continuer.
35:55 Merci à vous d'être venus sur LCP.
35:58 Vous restez avec moi, Julien Goudichaud.
36:00 On va parler de votre livre, mais dans une dizaine de minutes,
36:03 on va retrouver les partis pris de nos affranchis.
36:06 On va parler de libération qui s'interroge.
36:09 Pourquoi le gouvernement n'implique pas
36:11 dans la reconstruction les jeunes condamnés par la justice ?
36:14 Fanny Guinochet de France Info s'est penchée
36:17 sur le casse-tête budgétaire du gouvernement.
36:19 De quoi nous parlez-vous ?
36:21 -On parlera du recours très important,
36:23 voire trop important, de l'Etat au cabinet de conseil privé.
36:26 -A tout à l'heure, mesdames. On plonge dans votre livre.
36:29 Je le disais, ça fait des années qu'on en parle,
36:32 de ces campements de migrants, de la jungle de Calais,
36:35 de l'Ouest-Métropole. Vous n'imaginiez pas y rester
36:38 si longtemps, sept ans de votre vie.
36:40 Une longue enquête qui commence en 2015
36:42 avec des scènes surréalistes où, tous les jours,
36:45 des femmes, des enfants, des hommes risquent leur vie.
36:48 On en parle tous les deux, juste après l'invitation
36:51 signée par Maïté Frémont.
36:53 -Si on vous invite, Julien Goudichaud,
36:57 c'est pour nous parler de ces tragédies
36:59 qui se répètent dans nos eaux et sur nos rivages,
37:02 en Méditerranée, dans l'Atlantique ou encore dans la Manche.
37:06 Ces traversées d'hommes, de femmes et d'enfants
37:09 à bord d'embarcations de fortune,
37:12 de leurs rêves d'ailleurs, quitte à y laisser leur vie.
37:16 Ce matin encore, 200 personnes étaient portées disparues
37:19 au large de l'archipel des Canaries, en Espagne.
37:23 3 500 km plus au nord,
37:26 cap vers la côte d'Opal, où l'Angleterre n'est plus
37:29 qu'à 40 km, là où 45 000 migrants
37:33 ont risqué la traversée l'année dernière.
37:35 -On vient faire notre randonnée, le dimanche,
37:38 on vient se balader, il fait soleil,
37:40 on se balade, et là, au détour d'un chemin,
37:43 on voit 50 personnes surgir, en train de hurler,
37:45 avec des gilets de sauvetage, portant des bébés dans les bras,
37:49 et portant un énorme canot à bout de bras,
37:51 arriver en haut d'une dune et se jeter dans l'eau, littéralement,
37:55 en hurlant et en s'entassant dans ce morceau de caoutchouc.
37:58 -Dans votre ouvrage, "Les plages de l'embarquement",
38:01 une enquête de 235 pages,
38:03 vous y racontez vos sept années passées au contact
38:06 des migrants venus d'Érythrée, d'Irak, d'Iran
38:10 ou encore de Syrie.
38:11 Vous y relatez également ces passeurs
38:14 qui assurent la traversée vers l'Angleterre.
38:16 Un business, dites-vous, ou une place,
38:19 dans une embarcation de fortune,
38:21 coûte 1 500 euros.
38:23 Organisation mafieuse qui raquette et qui règle leur compte,
38:27 entre elles, avec des armes.
38:28 Vous êtes journaliste indépendant,
38:31 réalisateur de documentaires.
38:33 Ce qui vous passionne,
38:34 ce sont les grandes enquêtes de société.
38:37 Votre caméra et votre regard se posent sur les démunis
38:40 et les oubliés de notre territoire.
38:42 Ce soir, on s'interroge, Julien Goudichaud.
38:45 Le mois dernier, le monde entier s'est ému
38:47 des passagers disparus du sous-marin,
38:50 partis observer l'épave du Titanic,
38:52 alors qu'au même moment,
38:54 des centaines de migrants mouraient
38:56 en Méditerranée.
38:57 Comment analysez-vous cette indifférence ?
39:01 -Votre réponse, Julien Goudichaud ?
39:09 -Malheureusement, tous ces gens qui meurent en Méditerranée,
39:12 se sont devenus des articles, des brefs, des choses que l'on lit.
39:16 C'est effarant. Il y a pas longtemps,
39:18 il y a eu une centaine de personnes à s'être noyées,
39:21 à avoir coulé.
39:22 On en parle beaucoup, on lit des articles.
39:25 -C'est insupportable, cette indifférence ?
39:27 -Bien sûr. Comment on ne peut pas s'indigner
39:30 face à de tels chiffres ?
39:32 -Ces migrants venus d'Afrique, venus du Moyen-Orient,
39:35 ont connu déjà un périple, des années extrêmement difficiles,
39:38 d'errance, avant d'arriver en France, sur ces côtes
39:42 que vous avez arpentées dans tous les sens.
39:45 Ils connaissent le risque de la noyade.
39:48 Ils le savent parfaitement.
39:50 Et ils tentent et ils retentent.
39:52 Comment vous expliquez qu'ils arrivent
39:54 à prendre ce risque-là, à payer ce prix-là ?
39:57 -Quand ils arrivent à Calais, souvent,
39:59 l'immigration, c'est comme un marathon.
40:02 Ils arrivent à Calais, c'est au bout de 1 ou 2 ans,
40:05 à traverser les frontières, à être battus par la police,
40:08 à se faire racketter par des groupes mafieux,
40:10 à avoir subi des choses.
40:12 Quand ils arrivent à Calais, ils voient l'Angleterre.
40:15 On voit les côtes anglaises, à une trentaine de kilomètres.
40:18 On les voit, on a notre objectif.
40:20 -Pourquoi c'est ça, les dorados ?
40:23 Pourquoi c'est là et pas ailleurs qu'ils veulent aller ?
40:27 -Chacun y trouve son compte.
40:29 Certains veulent faire des regroupements familiaux,
40:32 ils parlent la langue.
40:33 Quand on arrive en Angleterre, le travail au noir
40:36 est pas toléré, mais beaucoup plus facile.
40:39 J'ai rendu visite là-bas, ils travaillent tous,
40:41 donc ils y vont beaucoup aussi pour ça.
40:44 Il y a plusieurs raisons.
40:45 Conditions d'hébergement sont un peu meilleures.
40:48 C'est difficile, c'est noir sur blanc.
40:51 Quand on revient à Calais et qu'ils nous disent
40:53 "j'irai là-bas", et qu'on les retrouve dans des tentes,
40:56 c'est compliqué de leur dire que...
40:58 -Alors, racontez-nous,
41:00 parce que les chiffres sont saisissants.
41:03 Il y a cinq ans, il n'y avait que quelques centaines de départs.
41:06 On est à 45 000 départs chaque sept années
41:11 pour traverser la Manche.
41:13 Qu'est-ce qui se passe ?
41:14 On nous entendait sur France Inter raconter la dune à Dunkerque.
41:18 Qu'est-ce qui se passe ?
41:20 Quand, en plein jour,
41:21 des groupes de gens se précipitent
41:23 pour aller sur des petits bouts de caoutchouc,
41:26 des zodiaques de fortune.
41:27 -Bien sûr.
41:29 Il y a des zones du Dunkerquois qui sont magnifiques,
41:32 qui sont des dunes où les familles viennent en randonnée,
41:35 les gens viennent promener leur chien.
41:37 Maintenant, à tout moment, on peut voir sortir
41:40 des dizaines de personnes en portant un bateau à bout de bras
41:43 pour arpenter ces dunes en côtoyant toutes ces personnes
41:47 qui vont se jeter dans l'eau en hurlant,
41:49 en portant leurs enfants à bout de bras.
41:51 -Parfois, avec un bébé dans un sac.
41:53 -Exactement. Des femmes, des enfants
41:55 que l'on protège tant bien que mal.
41:57 C'est devenu des scènes auxquelles les gens assistent.
42:01 On sort son téléphone portable pour immortaliser la scène,
42:04 pour ramener des souvenirs de vacances.
42:06 De toute façon, c'est tellement choquant.
42:09 Ca donne envie de prendre en photo pour en parler.
42:11 -Le train, les camions, sous la Manche,
42:14 il y en a beaucoup moins.
42:15 Vous confirmez ? Pourquoi ?
42:17 -Oui, on a...
42:18 Le périmètre pour le train a été vraiment très sécurisé,
42:21 militarisé, donc c'est quasiment impossible
42:24 de monter sur un train pour arriver en Angleterre.
42:27 Les camions, c'est très compliqué,
42:29 mais le pourcentage existe encore.
42:31 Il est très faible, et c'est pour ceux qui n'ont plus d'argent.
42:34 Pour arriver à passer en Angleterre,
42:36 c'est des nuits harassantes.
42:38 Au bout de 6, 8 mois, un an, on finit par y arriver.
42:41 Maintenant, le bateau, c'est une fois sur deux, sur trois,
42:45 ça passe et on arrive en Angleterre.
42:47 -Décrivez-nous... C'est un business,
42:49 plus qu'un business très lucratif,
42:51 c'est une organisation mafieuse,
42:53 hyper structurée, du bas de l'échelle
42:55 au haut de l'échelle.
42:57 Comment ça s'organise ?
42:58 -Alors, en l'espace de trois ans,
43:00 c'est une organisation qui a explosé.
43:02 Ca a commencé sur des petits canaux.
43:04 Au départ, les migrants s'organisaient eux-mêmes.
43:07 Ils achetaient un moteur par-ci, un bateau par-là,
43:10 ils arrivaient, ils traversaient,
43:12 ils payaient un chauffeur pour amener le bateau.
43:15 A partir du moment où ça a marché,
43:17 le message est passé, ils se sont dit
43:19 qu'il y a un truc à faire.
43:20 Et il y a certains de ces passeurs,
43:23 qui sont rien d'autre que d'anciens migrants,
43:25 qui ont connu cette gare-là pour traverser la mer,
43:28 qui se sont dit qu'ils allaient aider les suivants.
43:31 C'est de la logistique pour acheminer un bateau,
43:34 le faire venir, qu'il ait neuf.
43:35 En l'espace de trois ans,
43:37 au début, c'était 10 personnes dans un bateau,
43:40 maintenant, c'est 50 personnes dans un bateau,
43:42 pour une rentabilité multipliée par 4 ou 5.
43:45 Tant et si bien qu'aujourd'hui,
43:47 les bateaux sont commandés en Chine,
43:49 acheminés par container jusqu'en Turquie ou en Allemagne,
43:52 et après, on paie des petites mains,
43:54 des personnes que l'on recrute, pour les convoyer.
43:57 -Les passeurs ne sont plus là. -Non.
43:59 Avant, ils venaient sur la plage,
44:01 maintenant, ils ouvrent le portefeuille à distance,
44:04 de temps en temps, ils viennent, mais c'est devenu très pyramidal.
44:08 Il y a des managers, des passagers,
44:10 et finalement, les gens qui mettent les bateaux à la mer,
44:13 que l'on appelle souvent les passeurs,
44:15 ne sont rien d'autre que des migrants,
44:17 qui travaillent à gonfler le bateau, à l'assembler,
44:20 pour eux aussi pouvoir gagner une place dans ce bateau
44:23 et arriver en Angleterre gratuitement.
44:25 -Dans tout ce tissu mafieux, dans ce business,
44:28 il y a beaucoup d'armes,
44:29 et des gens se font tirer dessus en plein jour.
44:32 -C'est pareil. Depuis un an ou deux,
44:34 c'est un business qui a fait tellement d'argent
44:37 que forcément, ces groupes, ces mafias, se sont enrichis,
44:40 et donc, il faut se protéger,
44:42 parce que c'est quelque chose qui attire les convoitises.
44:45 Quand on fait beaucoup d'argent,
44:47 et on parle de plusieurs millions pour certains passeurs...
44:50 -Il y a des règlements de compte. -Oui.
44:52 Une plage appartient à un passeur.
44:54 Si quelqu'un d'autre vient sur la même plage de ce passeur
44:57 envoyer des bateaux, ça va faire des problèmes.
45:00 -Vous avez fait le choix de la tenter, vous aussi,
45:03 la traverser. Pourquoi cette décision ?
45:05 -Bah, j'ai suivi des tas de personnes
45:07 que j'ai commencées à filmer pendant ces années,
45:10 rencontrées dans les camps, qui me faisaient confiance,
45:13 qui me laissaient les filmer dans des situations et des états...
45:17 Ils avaient honte, c'est jamais très gratifiant,
45:19 de se faire filmer les pieds dans la boue
45:22 et d'être réduit à ça.
45:23 Un animal, on peut le dire, en petite condition animale.
45:26 On vivait des tas de choses,
45:28 et nos routes se séparaient avant cette embarquement.
45:32 Voilà. Donc, des fois, je perdais les personnes,
45:35 j'avais pas le droit de les accompagner sur la plage.
45:37 Au terme de toutes ces années, j'avais besoin de terminer
45:41 ce voyage avec eux et de documenter ce qui se passe dans un bateau.
45:44 On parlait de chiffres dans la Méditerranée.
45:47 Souvent, on entend des histoires de migrants,
45:49 on les voit dans les tentes, mais on se dit, bon, d'accord,
45:53 c'est un phénomène qui existe.
45:54 Malheureusement, quand on voit des gens qui s'entassent
45:58 dans un bateau, qui prend l'eau et qu'on doit écoper,
46:01 je pense qu'on percute un peu plus.
46:03 -Vous savez qu'on est à l'Assemblée nationale,
46:05 les fameux accords du Touquet sont souvent remis en cause.
46:08 Gérald Darmanin veut les mettre à mal complètement.
46:11 En fait, ce qui se passe, c'est que c'est la France
46:14 qui gère pour l'Angleterre la frontière.
46:17 Vous avez parlé à des gardes-côtes.
46:19 En échange d'une indemnisation financière,
46:21 les gardes-côtes, pour les Anglais,
46:23 décident d'empêcher les passages.
46:25 Comment ils vivent ça, concrètement,
46:27 sur le terrain, les gardes-côtes ?
46:29 -Je pense que c'est compliqué pour eux.
46:32 Après, maintenant, les bateaux sont arrêtés en bord de mer.
46:35 La police met tous les moyens en oeuvre
46:38 pour éviter que le bateau touche l'eau.
46:40 Les passeurs le savent très bien, ils le disent aux migrants.
46:43 Ils nous l'avaient dit.
46:45 Quand on est en haut, on voit la police,
46:47 elle est à une centaine de mètres.
46:49 "La police est là, courez le plus vite possible,
46:51 "c'est fini, vous êtes en sécurité,
46:53 "vous avez juste à démarrer le moteur,
46:56 "on vous arrêtera pas, vous arriverez à aller en Angleterre."
46:59 -Si vous avez un titre de séjour
47:01 et une intention dont on parle,
47:03 il y a un projet de loi immigration,
47:05 il resterait ou pas ?
47:06 -Un titre de séjour ici, pour travailler ici ?
47:08 -Il resterait.
47:09 L'obsession de l'Angleterre n'est pas à ce prix.
47:12 -Elle n'est pas définitive.
47:14 Il y en a plein qui partent et me disent qu'ils aiment
47:17 ce pays, j'ai été bien accueilli, mais malheureusement,
47:20 on peut pas travailler.
47:21 La dernière fois qu'on m'a dit ça, c'était sur le bateau de secours
47:25 des Anglais qui nous ont récupéré dans notre morceau de caoutchouc.
47:29 On a vu les côtes anglaises, on est allé accoster,
47:31 et ce monsieur iranien qui s'est mis à grimacer,
47:34 m'a dit "je sais pas pourquoi je vais là-bas, il fait froid,
47:37 "je suis bien en France, mais malheureusement,
47:40 "on nous donne pas de travail, j'ai besoin de gagner de l'argent."
47:43 -On verra ce qu'il en sera de ce projet de loi.
47:46 Si vous voulez vous rendre compte de ce que c'est que cette vie,
47:50 cet enfer que vivent ces gens,
47:52 les plages de l'embarquement, c'est à lire.
47:55 C'est coécrit avec Nicolas Thorin aux éditions "Les Arènes".
47:58 Je vous propose de rester avec moi,
48:00 c'est l'heure d'accueillir nos affranchis,
48:03 leur parti pris, on les accueille tout de suite,
48:05 encore des femmes, et c'est tant mieux ce soir !
48:08 Bienvenue, Eve Schefftel, de Libération,
48:11 Fanny Guinochet, de France Info.
48:13 A tout de suite pour vos cartes blanches,
48:15 on commence par Bourbon Express.
48:17 L'histoire du jour à l'Assemblée, c'est vous qui nous la racontez.
48:21 Bonsoir. -Bonsoir.
48:22 C'est l'histoire des relations entre l'Etat
48:25 et les cabinets de conseil privé.
48:27 L'hiver dernier, le Sénat lance une commission d'enquête
48:30 et en pleine campagne présidentielle,
48:32 sort son rapport au vitriol.
48:34 Il dénonce un recours bien trop important
48:36 à ces cabinets privés par les ministères,
48:38 un phénomène tentaculaire.
48:40 Emmanuel Macron est épinglé pour sa proximité
48:43 avec des grands noms du Conseil,
48:45 ça empoisonnera toute la campagne du président
48:47 et la justice ouvrira même deux enquêtes.
48:50 Un an plus tard, c'est la Cour des comptes
48:52 qui rend sa copie.
48:53 C'était lundi et les chiffres sont éloquents.
48:56 Les dépenses hors informatique
48:58 sont passées de 11 millions d'euros en 2014
49:01 à 233 millions d'euros en 2021
49:04 et elles ont même triplé lors du premier quinquennat
49:07 d'Emmanuel Macron, entre 2017 et 2022.
49:10 Certes, il a fallu le renfort du privé
49:13 pour gérer la crise sans précédent du Covid,
49:15 mais la Cour des comptes accuse carrément l'Etat
49:18 d'avoir parfois laissé ses prestataires privés
49:21 prendre le pas sur les hauts fonctionnaires
49:23 et décider à leur place.
49:25 Une circulaire ministérielle a mis le haut, là,
49:27 en janvier 2022, ce que reconnaît la Cour des comptes.
49:30 En 2022, les dépenses ralentissent,
49:32 mais le président de la Cour appelle quand même
49:35 à clarifier les règles.
49:36 -Il nous semble qu'il faut encore aller plus loin
49:39 et que nous n'en avons pas tout à fait fini avec le sujet
49:42 parce qu'on ne connaît pas encore suffisamment bien
49:45 le phénomène,
49:46 parce qu'il n'y a pas assez de transparence
49:48 sur les chiffres.
49:50 -Comment concrètement aller plus loin,
49:52 comme le veut le président de la Cour des comptes ?
49:55 -Le Sénat a voté une loi à la quasi-unanimité
49:57 mi-octobre. Il ne s'agit pas d'interdire
50:00 l'usage de ces cabinets de conseil pour l'administration,
50:03 mais de mieux l'encadrer.
50:04 Le texte attend depuis huit mois d'être étudié à l'Assemblée.
50:08 -Qu'est-ce qui se passe sur les cabinets de conseil ?
50:11 -L'Assemblée a raté le train du débat.
50:13 Le camp présidentiel n'a pas forcément envie
50:15 de se pencher sur le sujet.
50:17 Les députés essayent de se rattraper un peu.
50:19 Marie Lebec pour Renaissance et Nicolas Sansu
50:22 pour les communistes ont présenté les conclusions
50:25 de leur mission flash qui étudie les relations
50:27 entre cabinet de conseil et, cette fois,
50:29 collectivité locale. Ils sont d'accord
50:31 pour dire qu'il faut aussi réglementer.
50:34 Les deux parlementaires estiment qu'il faut une étude
50:37 plus approfondie pour obtenir des chiffres.
50:39 Les avis divergent. Pour Marie Lebec,
50:41 il faut prendre le temps et il faut une seule et même loi
50:44 pour l'Etat, le gouvernement, les collectivités locales.
50:47 Nicolas Sansu veut deux textes, car surtout,
50:50 il veut que l'Assemblée étudie cette fameuse proposition
50:53 de loi du Sénat et il a peur que ce thème
50:55 des collectivités locales serve de prétexte.
50:58 -Le problème, c'est qu'on a encore perdu deux mois
51:00 et il faudrait pas qu'on en perde six, six mois,
51:03 huit mois de plus ou un an de plus en attendant
51:06 le résultat sur les collectivités territoriales.
51:08 Je pense que c'est pas raisonnable et c'est même dangereux
51:11 pour ce que pensent nos concitoyens.
51:14 L'affaire McKinsey a fait grand bruit,
51:16 elle a fait du mal à tout le monde.
51:18 Je crois qu'on peut pas se permettre une autre affaire
51:21 de ce type avant que la proposition de loi soit votée.
51:24 Je crois que ce serait bien que le gouvernement entende
51:27 qu'y compris pour lui, c'est bien de montrer
51:29 qu'on agit vraiment sur la question de la transparence
51:32 et le recours au cabinet de conseil privé.
51:35 -Il n'y a pas que la gauche.
51:36 Tous les groupes d'opposition réclament
51:38 cette proposition de loi du Sénat, mais pour l'instant,
51:42 rien ne bouge, elle n'est toujours pas à l'agenda.
51:45 -Vos opposants vous accusent de vouloir enterrer
51:47 cette proposition de loi du Sénat.
51:49 -On a pas eu de volonté d'enterrer ce texte de loi
51:52 parce que déjà, le gouvernement,
51:54 bien avant même les conclusions de la commission d'enquête
51:57 et du passage de la loi, avait pris des dispositions
52:00 pour rationaliser le recours au cabinet de conseil.
52:03 -Certains dans l'état-major de Renaissance
52:06 disent que la proposition de loi des sénateurs
52:08 est mal écrite, avec des dispositions inapplicables,
52:11 mais face aux pressions du Sénat, de la Cour des comptes,
52:14 des députés et des citoyens, la majorité s'interroge.
52:18 -C'est la pression de la famille d'une loi
52:20 sur ces cabinets de conseil. -Parfois, la pression
52:23 des oppositions finit par payer. On verra ce qu'il en est
52:26 sur ce texte ou pas. Merci, Stéphanie.
52:28 On enchaîne avec vous, Eve de Libération,
52:30 vous vouliez nous parler ce soir de ce qui va occuper
52:33 les députés, ça sera le dernier projet de loi
52:36 à l'Assemblée, le projet de loi d'urgence
52:38 sur la reconstruction des bâtiments dégradés
52:42 ou même détruits par les nuits des meutes.
52:45 Vous nous dites "occasion manquée". Pourquoi ?
52:48 -Avec ce projet de loi, le gouvernement donne l'impression
52:51 de ne s'intéresser qu'aux bâtiments,
52:53 ou avant tout aux bâtiments et pas assez
52:55 à ceux qui vivent dans ces quartiers.
52:57 Quitte à faire revenir les députés de vacances,
53:00 pourquoi ne pas aller plus loin dans la réponse aux émeutes ?
53:03 Quand on interroge les Français sur la solution
53:06 pour régler les problèmes des banlieues,
53:08 c'est le texte de la question,
53:10 leur réponse est sans équivoque, 59 % sont pour la fermeté,
53:14 25 % seulement pour le dialogue,
53:16 selon un sondage OpinionWay.
53:18 -Donc personne ne suggère de sortir le carnet de chèques ?
53:22 -Non, la demande d'ordre est très nette,
53:24 alors que la crise de l'autorité, au sens large du terme,
53:27 apparaît de plus en plus comme la cause principale
53:30 de ces émeutes.
53:31 Pourquoi ne pas imaginer une autre réponse
53:34 qui allierait la nécessité de la reconstruction
53:37 avec celle d'une sanction éducative,
53:39 qui offrirait à ceux qui ont participé aux violences
53:42 la possibilité de réparer leurs bêtises ?
53:44 C'est mieux que de les envoyer en prison, semble-t-il.
53:47 Autrement dit, pourquoi ne pas imaginer
53:49 de flécher les amendes ou les travaux d'intérêt général,
53:53 les fameux TIG, vers les travaux de reconstruction ?
53:56 -Est-ce une piste étudiée par le gouvernement ?
53:59 -Oui, figurez-vous que certains, dans la majorité, y ont pensé
54:03 et ont suggéré de profiter de la fenêtre de tir
54:05 de ce projet de loi,
54:07 pour lier les deux sujets,
54:08 reconstruction et réparation symbolique.
54:11 -Et alors ?
54:12 -Comme mon collègue, un ministre,
54:14 ça aurait changé la nature de ce projet de loi,
54:17 on aurait pu être seulement sur l'urgence,
54:19 on aurait ouvert la porte de la justice,
54:22 on aurait eu des amendements sur la responsabilité parentale.
54:25 C'est pas un sujet pour un 20 juillet,
54:27 même si c'est très légitime.
54:29 C'est une occasion manquée, on ne sait pas si elle se reproduira.
54:33 En attendant, le risque de voir un jour,
54:35 comme l'avait dit Gérard Collomb, deux Frances vivre face à face,
54:39 n'a jamais été aussi grand.
54:41 Vous allez deviner peut-être qui formulait le même diagnostic
54:44 la même année, en 2018.
54:45 "L'écart des chances d'avenir, selon les territoires,
54:48 "les origines sociales, ne cessent de croître."
54:51 Il ajoutait, "Il ne s'agit plus de comprendre, d'expliquer,
54:54 "encore moins d'excuser l'heure et ta l'action.
54:57 "Au nom de la solidarité nationale
54:59 "et en raison de l'immense gâchis que représente pour le pays
55:02 "cette jeunesse sacrifiée."
55:04 Les mots sont forts. -J'ai lu, alors je sais.
55:06 -Je vous laisse le dire.
55:08 C'est l'introduction de son rapport, "Vivre ensemble, vivre en grand",
55:12 pour une réconciliation nationale.
55:14 La réconciliation nationale, c'est aussi un chantier
55:17 qui ne peut pas attendre et aurait mérité un projet de loi d'urgence.
55:20 -Un parti pris. Faire participer les jeunes mineurs
55:23 qui ont participé aux violences, à la reconstruction
55:26 ou à quelques actions symboliques, par exemple, dans les écoles,
55:30 c'est une idée ? -Oui, je pense que c'est une idée.
55:33 -On verra ce qu'il en est, puisque le président de la République
55:36 ne parlera pas, finalement, le 14 juillet.
55:39 Patience, donc.
55:41 On termine avec vous, Fanny Guinocher.
55:43 Le gouvernement planche, on le sait, sur son budget 2024,
55:46 le marathon budgétaire, c'est à l'automne prochain.
55:49 C'est un casse-tête.
55:50 Il faut faire 15 milliards d'euros d'économie.
55:53 -C'est l'objectif que s'est fixé le gouvernement.
55:56 C'est assez ambitieux.
55:58 Il y a déjà dévoilé quelques pistes.
56:00 Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie,
56:02 a déjà dit que, par exemple, le bouclier tarifaire
56:05 sur l'électricité allait certainement diminuer,
56:08 que côté santé, il y aurait la traque
56:10 aux arrêts maladie, les arrêts maladie de complaisance.
56:13 Côté logement, c'est la fin du dispositif Pinel,
56:16 ce système qui permet de faire de l'investissement locatif
56:19 tout en faisant baisser ses impôts, en faisant de la défiscalisation,
56:23 et qui coûte 2 milliards d'euros par an à l'Etat.
56:26 Le gouvernement estime que ça n'est pas efficace.
56:29 Côté entreprise, c'est un peu nouveau,
56:31 mais quand même, Bruno Le Maire a dit ce week-end
56:34 aux rencontres économiques d'Aix qu'il fallait
56:36 qu'elle patiente un peu,
56:39 parce qu'il allait réduire les avantages fiscaux
56:42 autour du gazole non routier.
56:45 Le GNR, ça a l'air un peu complexe,
56:47 mais c'est le bâtiment, l'agriculture qui l'utilise.
56:50 Il allait aussi décaler la suppression
56:52 d'un impôt de production qui s'appelle,
56:54 un mot barbare, mais CVAE,
56:56 la contribution de la valeur ajoutée des entreprises.
56:59 Les entreprises attendaient la fin de cet impôt
57:02 qui allait normalement se terminer en 2024.
57:04 Eh bien, ça sera certainement repoussé.
57:06 -Les baisses d'impôts,
57:08 dont on nous a parlé pour les classes moyennes,
57:10 c'est plus tard. -Pour les classes moyennes,
57:13 non, ils continuent à nous dire qu'il y aurait
57:15 quelques baisses d'impôts,
57:17 mais on est bien, bien, bien loin du super plan Marshall
57:21 que Gabriel Attal, le ministre des Comptes publics,
57:24 annonçait il y a encore quelques semaines.
57:26 Là, ça s'est réduit comme peau de chagrin.
57:29 Ce sera des baisses d'impôts très ciblées,
57:31 probablement très limitées, sur les plus modestes.
57:34 Et en fait, Gabriel Attal parle plutôt d'efforts à faire
57:39 plutôt que de cadeaux, ou en tout cas d'aides fiscales.
57:43 -Des efforts pour réduire la dette ?
57:46 -C'est la grande peur du gouvernement.
57:48 Cette dette pèse de plus en plus lourd.
57:50 Tout le monde a ce chiffre qu'on a dépassé,
57:52 3 000 milliards d'euros de dette.
57:54 La crainte, c'est qu'à cause de cette dette qui s'amplifie,
57:58 les agences de notation sanctionnent la France.
58:02 Le gouvernement se défend de faire de l'austérité,
58:05 alors que les oppositions l'accusent de passer par cette voie.
58:08 La bataille du budget ne fait que commencer.
58:11 À l'Assemblée, il y a encore quelques chances ou risques,
58:14 ça dépend de où on se place,
58:16 que ça passe par un 49-3.
58:18 -C'est vrai qu'ils ont le droit à plusieurs 49-3
58:20 sur l'exception budgétaire.
58:22 Merci, Fanny. C'est sur S&P que vous saurez tout sur le budget,
58:26 quand on voit tout ce qu'il faut financer.
58:28 Ca semble un peu compliqué. Merci, mesdames.
58:31 Merci à vous, Julien Gouraudicho.
58:33 Les plages de l'embarquement.
58:35 J'ai passé sept ans avec les migrants et les passeurs
58:38 dans le nord de la France, c'est à lire aux éditions.
58:41 Les arènes, très belle soirée sur LCP,
58:43 soirée documentaire avec Jean-Pierre Gratien.
58:46 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
58:48 Générique
58:50 ...
58:57 *bruit de coups de feu*

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