Narendra Modi invité d'honneur du 14 juillet : les enjeux du tapis rouge déroulé par Paris

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00:00 - Première question, pourquoi cette volonté de la France de se rapprocher à ce point de l'Inde aujourd'hui ?
00:05 - Pour deux raisons, pour ce que vient de dire Antoine Mariotti, c'est-à-dire le fait que l'Inde est un pays qui s'est considérablement développé,
00:12 qui a des besoins considérables, notamment en consommation, les Indiens consomment de plus en plus,
00:18 parce que c'est un pays qui innove, c'est un pays qui invente, et qui ensuite, on vient de le voir, a également des besoins en termes d'armement.
00:25 Et que donc la France, qui est un grand marchand d'armes, est intéressée par la chose.
00:31 Et puis, il y a une deuxième raison, c'est que quand vous regardez ce qu'on appelle les BRICS, c'est-à-dire Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud,
00:39 l'Inde, qui est devenue le pays le plus peuplé au monde, est tout à fait intéressée et intéressante pour la France,
00:46 à la fois, on l'a dit, commercialement, mais aussi sur le plan politique, dans la mesure où l'idée d'Emmanuel Macron, le président français,
00:53 serait d'essayer, au fond, d'arracher l'un des membres de ces BRICS à une forme d'influence politique et idéologique qui est celle, disons-le rapidement, des autocrates.
01:06 Que ça soit la Chine, que ça soit la Russie. Et donc, il y a la volonté d'essayer de tirer vers une sorte de raisonnabilité, pardonnez-moi le néologisme, l'Inde,
01:17 pour faire en sorte que ce bloc, qui est devenu, au fond, un bloc très conservateur, ne soit pas à la fête.
01:25 Et quand je dis un bloc très conservateur, c'est qu'autrefois, quand on pensait à l'Inde, qui était certes amie avec l'Union soviétique,
01:30 et à d'autres pays qui se disaient non-alignés ou qui voulaient l'être, il y avait une espèce de pente, il y avait une pente progressiste.
01:40 Or, aujourd'hui, vous le voyez, dans le cadre de ces pays-là, c'est plutôt une pente conservatrice. On voit bien les prises de position des uns et des autres,
01:47 en faveur, par exemple, de la Russie, évidemment, ça va sans dire. Mais donc, l'idée d'Emmanuel Macron, qui n'est pas propre à la France,
01:56 est d'essayer de trouver des leviers pour que cette association de BRICS ne soit pas monolithique et ne penche pas uniquement dans un sens.
02:05 Donc voilà, c'est en ce sens-là aussi que la visite est importante. Maintenant, on remarquera que d'autres personnages ont été invités par la République française,
02:13 notamment le 14 juillet, qui n'étaient pas forcément des personnages beaucoup plus ou beaucoup moins reluisants,
02:19 et qui ont été aussi célébrés, quitte à ce qu'après, les hasards de l'histoire fassent qu'on se brouille, et même plus, avec ces personnages.
02:26 Il faut le dire, d'ailleurs, aujourd'hui encore, les critiques sont nombreuses, Narendra Moody ayant façonné une Inde plus nationaliste.
02:33 Oui, et avec des conséquences très concrètes. Je pense par exemple à un documentaire très intéressant qui a été diffusé sur notre chaîne,
02:40 qui s'appelle "Le djihad de l'amour", où on voit comment sont traités des musulmans d'Inde par des militants du BJP, le parti ultranationaliste,
02:52 qui est celui de Narendra Moody, et ces gens sont pourchassés, harcelés, battus, tout simplement, parce qu'ils ont des connaissances hindous,
03:00 et notamment avec les femmes, et on les accuse de vouloir détourner les femmes indiennes hindoues de la religion.
03:07 Donc le BJP cautionne ce genre de pratiques. On n'aurait pas le temps de parler du système des castes, mais qui est aussi profondément inégalitaire,
03:16 puisque vous n'êtes pas considéré comme un individu qui égale un vote, un bulletin de vote, mais comme le membre d'une communauté qui doit se comporter en communauté.
03:26 Donc la presse aussi est extrêmement surveillée. Si vous voulez, pendant très longtemps, on a dit l'Inde la première démocratie du monde.
03:33 Il ne faut pas se fier simplement au fait qu'il y a des élections. Le critère des élections ne suffit pas.
03:38 Et alors évidemment, il y a là quelque chose de troublant, simplement pour terminer.
03:43 On peut remarquer que le pouvoir français, quel qu'il soit, mise toujours sur la stabilité.
03:49 C'est le cas au Maghreb, par exemple. Et on voit avec quel un succès. C'est-à-dire que quand il y a des mouvements, quand il y a des révolutions,
03:55 la France se retrouve à la traîne parce qu'elle s'est entêtée à soutenir les pouvoirs en place.
04:00 Est-ce qu'à nouveau, c'est un pari de cette sorte ? Est-ce que c'est le pari comme on l'a fait par exemple avec Poutine pendant 22 ans,
04:06 en disant on peut commercer avec lui, donc on peut l'amener à une forme de raison ?
04:12 La suite le dira. Mais ce qui est curieux, c'est qu'on reprend les mêmes chemins et je dirais avec les mêmes chaussures.
04:19 Merci beaucoup Gauthier pour le...

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