Rihane Mouhib, co-fondateur de l’application Footsider, un réseau social qui met en lien des joueurs et des clubs, était l'invité de l'After Foot ce lundi sur RMC.
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00:00 - Brian, comment ça se passe concrètement ? Moi je suis joueur, je sors des Gironins de Bordeaux par exemple, ils m'ont pas gardé,
00:04 je veux absolument faire carrière, j'ai 18 ans.
00:06 Comment je fais par rapport à FoodSider ?
00:09 - Alors effectivement, ça peut être les joueurs qui sortent de centres de formation, mais aussi n'importe quel joueur qui vient du milieu amateur.
00:13 Nous on donne la chance à tout le monde et effectivement on n'a pas de prétention à dire qui va signer pro, mais on leur donne ces
00:18 opportunités-là de pouvoir jouer justement devant des recruteurs ou au compte des clubs professionnels.
00:22 Donc c'est très simple, ils téléchargent l'application FoodSider.
00:26 Nous on les invite à bien remplir le profil parce que les clubs viennent justement voir le profil et ils veulent avoir toutes les
00:31 informations, donc le poids, la taille, le parcours, etc.
00:34 - Vous mettez pas les stats personnels, individuels, but, pass, tout ça ?
00:38 - Non, parce que le joueur peut mettre ce qu'il veut en fin de compte et nous la vérité elle est sur le terrain.
00:42 Donc c'est vraiment organiser le match amical ou laissé et là justement c'est le recruteur qui fera son jugement.
00:47 Mais au moins les stats classiques du joueur, une fois qu'il fait ça en fait, après il y a des opportunités qui défilent,
00:54 donc un peu comme le principe de LinkedIn ou d'un site de rencontre.
00:59 - D'offres d'emploi, d'annonces.
01:00 - Voilà, exactement, donc les clubs émettent les annonces.
01:02 Une fois qu'il se positionne justement sur l'annonce, donc il y a deux options,
01:06 où il va directement faire l'essai avec le club si ça match, donc si le club
01:09 voit le CV et lui correspond, ou sinon nous on organise justement des
01:14 détections, donc des scouting day sur des journées bien précises et là effectivement on donne encore plus la chance aux joueurs
01:19 en faisant d'abord des présélections, donc dans différentes villes,
01:22 comme ça on voit tout le monde et ensuite en fait c'est un peu l'effet d'entonnoir où on ramène en fait les 100 meilleurs
01:27 justement sur un scouting day.
01:30 - Qui juge de la sélection ?
01:32 Enfin en tout cas lors des présélections, vous avez une équipe avec vous ?
01:35 - Oui exactement, alors on est 12 salariés et on a trois responsables du recrutement,
01:40 donc effectivement avec Yassine et Rony qui ont mis les fonds,
01:43 on a vraiment voulu se structurer dès le départ, donc ça pour nous c'était très très important.
01:48 Une fois qu'on fait les présélections, là c'est les recruteurs de clubs qui sont là, donc il y a des clubs pro et des clubs amateurs aussi qui
01:54 viennent
01:54 et on fait aussi maintenant des scouting day pour les clubs pro et des scouting day pour les clubs amateurs, donc ça pour nous c'est
02:00 très très important, on a scindé et à titre d'exemple on a un jeune qui était venu à notre scouting day
02:05 et
02:07 qui a signé aujourd'hui dans un club professionnel italien, voilà, et qui venait, qui a été...
02:11 - Un peu de lequel ?
02:13 - Le nom du club ?
02:15 - Oui.
02:15 - Oui c'est Bologna, donc c'est Bologna en Italie, c'est Seria.
02:18 - C'est comme OTA quand même.
02:20 - C'est aujourd'hui, il a vraiment signé aujourd'hui, il a fait la visite médicalière
02:22 et c'est un joueur qui a été au centre de formation des Girondins, qui a arrêté son parcours il y a deux ans,
02:26 peut-être parce qu'il n'avait pas forcément le niveau à ce moment-là. Il a signé dans un club, donc le Samamerignac,
02:32 donc un très bon club de jeunes, et il a fait ses gammes pendant deux ans et
02:36 c'est super parce qu'il a fait l'essai justement avec nous au scouting day
02:39 et il est parti justement en essai et ça a matché pour lui.
02:43 - Et il a signé un contrat professionnel à Bologne,
02:46 voilà, c'est magnifique comme histoire, j'imagine que pour l'instant ça concerne assez peu de joueurs.
02:50 - Oui, je pense qu'on est dans les mêmes statistiques nationales que
02:53 95%. - Si déjà vous pouvez en remettre sur le chemin quelques-uns, c'est déjà magnifique.
02:58 - Et le business model c'est quoi ?
03:00 - Alors voilà, justement. - Comment vous rémunérez, combien ça coûte pour ces gamins qui s'inscrivent sur la plateforme ?
03:04 - L'application est gratuite, donc le téléchargement est gratuit, on peut postuler justement aux opportunités gratuitement,
03:10 par contre elles sont limitées, voilà, et si on veut aller sur, j'allais dire,
03:15 postuler de manière illimitée, il y a un abonnement effectivement à 8,99€ par mois, qui est sans engagement,
03:20 donc ça n'oblige pas le joueur à s'engager plus que ça, et effectivement, 8,99€ pour participer à une ou plusieurs détections,
03:26 quand on sait qu'il y a des détections qui se font par des organismes, des entreprises, c'est entre 60 à 180€.
03:32 - Il y a d'ailleurs souvent eu des enquêtes, je crois que j'ai en tête une enquête dans ce foot,
03:37 sur les arnaques aux recruteurs, les arnaques aux recrutements qui font payer les familles 200, 300, 400€ pour des journées de détection.
03:45 Donc là on n'est quand même pas sur les mêmes budgets, et puis a priori sur des choses, des gens compétents.
03:50 - Oui, complètement. - Parce que c'est un peu la jungle, le recrutement, les sorties du centre de formation pour ses profits,
03:55 ça met un peu de cohérence, de rationalité. - Vous n'êtes pas agent, on le précise bien, vous ne vous substituez pas aux agents,
04:01 il n'y a pas de commission sur le joueur, il n'y a rien de ça. - Non, du tout, nous la promesse c'est juste de mettre en relation justement
04:06 que ça match entre le joueur et le club, après, ils font leurs affaires, ils avancent entre eux,
04:11 si le joueur il veut qu'on l'accompagne, par exemple le petit jeune justement, Benjamin, il voulait qu'on l'accompagne au niveau scolaire,
04:16 donc par rapport au CNED, effectivement parce qu'il part, mais il veut quand même poursuivre ses études,
04:20 donc nous on l'a mis en relation avec justement une personne, mais après, voilà, on les laisse.
04:25 Et effectivement, nous on a des anecdotes surtout, par exemple on a un recruteur qui était venu de l'attentat de Bergame,
04:30 qui nous avait expliqué qu'il avait fait une détection, et il a appris un joueur qui avait perdu 10-0,
04:36 mais qui allait tout le temps dans le but, il récupérait le ballon, il venait tout de suite, il le mettait au centre,
04:40 il disait "Allez, allez, c'est pas grave, on continue, on continue".
04:42 Et juste parce qu'il avait ce tempérament de leader et qu'il était positif, bon il avait des qualités bien sûr,
04:46 ils ont dit "Il faut qu'on le voit justement sur une semaine d'essai".
04:50 Et effectivement, je suis d'accord avec toi, il y a le savoir-faire, mais il y a le savoir-être aussi qui est important dans le foot.
04:54 On a plein d'exemples, on a celui effectivement qui lève le bras parce qu'il râle sur l'arbitre ou voilà.
05:00 - Ça, les recruteurs sont attentifs à ça justement ?
05:01 - Complètement, franchement c'est vraiment important pour eux.
05:03 Et l'anecdote, par exemple pour le jeune Benjamin qui a signé en Italie,
05:07 il commence le match avec le short qui tombe au niveau des fesses,
05:10 et on a le recruteur de Leipzig qui nous dit "Lui, il a des qualités, mais jamais je le prendrai".
05:15 Il dit "Parce que ça se voit qu'il est nonchalant et ça se voit qu'il va nous mettre le bazar dans le club".
05:19 - Ah ouais, c'est un peu définitif, c'est comme ça que tu veux dire ?
05:23 Moi j'en ai fait dans le foot, j'en ai fait dans le...
05:25 - Sur Tinder ?
05:26 - Non, non, non, t'as raison.
05:28 Dis pas ça, j'aurais eu problème.
05:29 Non, non, non, j'en ai fait quand je vais à Sciences Po, quand tu fais des entretiens d'embauche, quand t'es dans le jury,
05:34 quand tu vois beaucoup de profils comme ça, de gens qui se ressemblent...
05:36 - Tu vas au plus simple, allez.
05:37 - Non, tu vas pas au plus simple, tu vas au détail, parce qu'il s'agit quand même d'éliminer.
05:42 C'est des formations d'élite, donc t'es pas démocratique, t'es pas là pour prendre le plus grand nombre,
05:47 t'es là pour prendre les meilleurs.
05:49 Et tu cherches des détails qui vont te permettre de sélectionner.
05:51 Et effectivement t'as des détails, peut-être des symptômes, peut-être à tort,
05:54 complètement arbitraires, il a baissé son short, peut-être qu'il avait un problème d'élastique, ce genre de choses, je sais pas.
05:58 Mais effectivement, quand tu vas voir ça, et je comprends très bien cette logique-là,
06:02 qui est de dire, effectivement, si à ce moment-là, qui est un moment où il sait, le gamin, qu'il est vu, qu'il est regardé,
06:08 un moment un peu officiel... - C'est comme arriver hors-tard à son premier entretien de nouveau, c'est pas possible.
06:11 - C'est un mec qui respecte pas l'institution, l'exercice.
06:14 C'est un jeu, c'est comme un grand théâtre,
06:16 et c'est comme si dans un théâtre, quelqu'un tout à coup se mettait à parler au public,
06:19 ou se mettait... Voilà.
06:20 Ça dénote, c'est pas forcément qu'un de mauvais,
06:22 mais ça dénote quelque chose qu'il a pas compris, le lieu où il était.
06:25 - Il y a aussi un recruteur de Madrid, de l'Atlético de Madrid,
06:28 qui est arrivé une heure et demie avant la détection.
06:29 - Oui, c'était le dimanche matin, il était arrivé...
06:33 On commençait à 9h, il est arrivé à 7h30, 8h45, on lui a dit "Monsieur, vous êtes arrivé en retard."
06:37 "Vous êtes arrivé en avance." On lui a dit "Monsieur, c'est trop tôt."
06:39 Il a dit "Non, le recrutement commence une heure, une heure et demie avant."
06:42 Il a dit "Moi, je veux les voir quand ils descendent du bus, quand ils arrivent à l'accueil,
06:44 quand ils donnent leur pièce d'identité, comment ils disent bonjour, s'ils serrent la main,
06:47 comment ils rentrent dans les vestiaires, comment ils se changent,
06:50 qui est le premier sur le terrain, comment il s'échauffe..."
06:51 - Exactement. - Et effectivement, pour lui, il a dit que ça commençait à partir de là,
06:53 que la détection polaire commençait une heure avant.
06:55 - Mais c'est comme quand tu rentres dans les entretiens, tu rentres, tu ouvres la porte,
06:59 la manière dont il va dire "Bonjour, est-ce que le joueur est bon ? Est-ce qu'il serre la main ?
07:02 Est-ce qu'il ne serre pas la main ?"
07:03 Tu peux ne pas serrer la main, mais il n'y a pas de truc codé,
07:05 mais simplement tu dois avoir dans un cadre comme ça...
07:08 - Mais je rejoins Kevin, parce que les joueurs, ils ne pensent pas ça.
07:10 Ils pensent que c'est le match, il a mis trois buts, il est hyper content,
07:12 il dit "Oui, mais moi, je vais être détecté." Non !
07:14 - Peut-être que tu as mis trois buts, mais tu as marché pendant tout le match...
07:17 - Oui, et puis tu as aussi les recruteurs qui, eux, regardent le joueur
07:21 quand son équipe n'a pas le ballon aussi.
07:23 - Nous, Villareal, franchement, il nous avait dit "Moi,
07:25 je vois dix secondes le joueur avant qu'il ait la balle,
07:28 et dix secondes après qu'il ait donné la balle."
07:30 Il a dit "Moi, c'est ça le plus important pour moi."
07:31 Il a dit "Quand il l'a, ça limite, on peut le former."
07:34 Il a dit "Mais qu'est-ce qu'il fait avant, naturellement, et qu'est-ce qu'il fait après ?"
07:37 Et effectivement, on voit, nous, les différences entre les recruteurs français, espagnols, italiens,
07:41 et portugais aussi, et ils ont chacun sa vision, en fait.
07:44 C'est pour ça... Je rejoins encore Kevin, il a raison,
07:46 parce que c'est totalement subjectif.
07:47 Entre plusieurs recruteurs, le choix est complètement différent.
07:51 - Tu disais, la différence avec les français, c'est quoi, la particularité ?
07:54 Par rapport aux espagnols, par exemple.
07:55 - Les français... Alors, je ne peux pas généraliser, mais la France...
07:58 - Jouons en généralisant.
08:01 - Non, ce n'est pas bien, c'est un mauvais...
08:02 - Vas-y, venez.
08:03 - Non, mais non, on ne peut pas faire d'aussi chance.
08:04 - Comme tu peux, Ryan.
08:05 - Non, c'est qu'en France, on est très...
08:08 Je ne vais pas dire académique, mais on sort...
08:09 Voilà, il y a beaucoup de joueurs qui sortent de centres de formation,
08:11 donc il y a les bases qu'il faut avoir.
08:13 C'est vraiment, j'allais dire, assez...
08:15 - Administratif ?
08:15 - Stéréotypé.
08:16 - Ouais, c'est stéréotypé, charté.
08:17 Voilà, c'est comme ça, comme ça, comme ça, comme ça.
08:19 - Merci.
08:20 [SILENCE]