"Quand nous sommes montés dans le bus, le feu était à moins de 200 mètres de l'hôtel": le témoignage d'un touriste français évacué de l'île de Rhodes en proie aux flammes

  • l’année dernière
Des milliers de personnes ont dû quitter les îles de Rhodes et de Corfou du fait des incendies de forêt. Alors que les feux sont attisés par la canicule, la vague de chaleur devrait encore croître dans les prochains jours en Grèce.

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Transcript
00:00 venons de rentrer, nous n'avons même pas encore déballé nos affaires depuis 7 heures ce matin,
00:05 où nous avons passé plusieurs avions et taxis pour pouvoir rentrer en France aujourd'hui.
00:14 Avant que vous nous racontiez de quelle façon vous avez été évacué,
00:19 comment va toute la famille ? Tout le monde se porte bien ?
00:21 Oui, tout le monde se porte bien. Je pense que dans des moments que nous avons pu vivre,
00:26 des moments qui étaient relativement anxiogènes et durs, une vraie histoire de vie,
00:34 je pense qu'il faut être philosophe là-dessus et se dire que pour nous l'essentiel c'est qu'on
00:40 soit parti à 5 et aujourd'hui nous sommes rentrés à 5. C'était très proche de ne pas forcément
00:46 pouvoir rentrer. En tout cas ce soir nous sommes à 5 et nous sommes nouveaux en Alberta.
00:51 Vous avez eu très peur, vous allez nous raconter comment ça s'est passé. Vous étiez à Rode depuis
00:57 mardi dernier, à quel moment vous avez compris qu'il fallait partir et partir très vite ?
01:02 En fait, nous sommes arrivés à Rode mardi midi, tout allait bien. C'est vrai qu'à partir de vendredi,
01:13 nous recevions des SMS au niveau des autorités de la Grèce, qui nous annonçaient qu'à chaque
01:21 fois il y avait des feux et qu'il fallait se déplacer. Si on était dans tel ou tel secteur,
01:26 il fallait absolument que l'on rejoigne un autre secteur qui était épargné. Au début,
01:32 c'est vrai qu'on ne s'y portait pas trop d'attention parce que c'était vraiment très
01:35 loin de là où on était. Le samedi matin, on a eu un SMS qui nous annonçait une ville qui était à
01:43 moins de 30 minutes à pied. C'est là où on a commencé à se dire que c'était quand même très
01:51 très limite. Tout est allé très vite, alors vous avez vu de la fumée, des flammes à un moment donné
01:57 s'approcher de vous ? Les premiers symptômes, c'était effectivement un peu de cendres le samedi
02:02 matin sur la terrasse de notre chambre. Le début de samedi après-midi, on était dans la piscine
02:11 tous ensemble quand le maître nageur nous a dit qu'il fallait absolument aller dans les chambres.
02:17 Ils ont vidé toutes les piscines pour pouvoir aller dans les chambres. Par réflexe, grâce à ma femme
02:26 Stéphanie, on a tout de suite fait nos valises au cas où. C'était une très bonne initiative dans
02:33 le sens où même pas 20 minutes après, nous avons eu le plan alarme évacuation de l'hôtel qui a
02:42 sonné. Quand nous sommes sortis de notre chambre, nous avons vu au loin, mais quand je vous dis au
02:47 loin, nous avons vu la montagne au loin, le début du feu qui était sur le mont de la colline, de la
02:53 montagne, et qui commençait à avancer. Vous avez vu les flammes qui s'approchaient de l'hôtel,
02:59 finalement vous vous trouviez, il y avait des bus qui étaient prêts pour vous transporter ?
03:03 Alors justement, les flammes étaient quand même relativement loin, donc nous sommes allés à la
03:08 réception. À la réception, les bus ont commencé à venir au bout d'un quart d'heure, une demi-heure,
03:12 ce qui est logique, le temps que tout se met en place, et ils ont commencé à charger. Par contre,
03:16 les vents dominants étaient très très forts, ce qui a compliqué beaucoup de choses, dans le sens
03:25 où au bout d'une heure, une heure et demie, l'armée est venue avec des bus pour renforcer
03:34 l'équipe de bus qui était en train de tourner. Nous avons été expatriés de l'hôtel dans un bus
03:40 de l'armée, et quand nous sommes montés dans le bus, le feu était à moins de 200 mètres,
03:47 donc 200 mètres c'est quand même très très proche, moins de 200 mètres de l'hôtel, et j'ai
03:53 eu une pensée toujours très anxiogène, dans le sens où il y avait encore des personnes à charger,
04:02 et c'est vrai qu'à ce moment-là, vous vous dites "ça aurait pu être moi qui avais dû attendre",
04:06 alors que le feu était à moins de 200 mètres de toute ma famille. On imagine la panique, la peur,
04:12 et pour vos enfants aussi évidemment. Et ensuite, les solutions de relogement, apparemment ça a été
04:18 un peu compliqué, on voit que les autorités grecques ont été un peu dépassées, vous avez dû loger
04:23 finalement dans un hall d'hôtel ensuite ? Alors ce qui s'est passé, c'est que nous sommes partis
04:30 directement vers un gymnase, je ne me rappelle plus du nom de ce village, en tout cas c'est le
04:38 Kolos H-Hotel, c'est l'équipe de basket de Rhodes où nous avons été logés, et on nous a quand même
04:46 voyagé pendant plus d'une heure et demie, on ne savait pas du tout où on allait, on est parti
04:51 un peu sans savoir exactement où on partait, on est parti et on est arrivé là-bas, et là il y a eu
04:57 un vrai élan de solidarité de tout ce village qui est venu et qui nous a ramené à boire, qui nous a
05:03 ramené à manger, qui a fait tout le service pour nous nourrir, qu'ils ont ramené des matelas de
05:11 chez eux, c'était incroyable, un vrai élan de solidarité comme jamais vu par rapport à ce village
05:18 qui nous a justement permis de pouvoir passer cette nuit, ils ont même fait venir un magicien
05:24 pour pouvoir occuper les enfants, comme je disais, avec ma femme on a trois enfants, 15, 12 et 3 ans,
05:31 pour que les petits enfants ne voient pas en fait ce qui était en train d'arriver, et donc nous
05:37 avons passé cette nuit dans le gymnase, nous avons commencé à une partie à être relogé chez certains,
05:43 d'autres pour dire effectivement où est-ce qu'il fallait aller, donc après cette nuit, nous avons
05:50 été le lendemain matin amenés dans un hall d'un très grand hôtel à Rode où nous étions à peu
06:00 près 600 personnes, à, je vais pas dire de terme, mais bon quand même, squatés dans un hall d'hôtel
06:08 où nous avons passé une grosse partie de la journée et de la nuit à même le sol, où donc nous dormions
06:16 sur le carrelage avec 800-600 personnes autour de nous, en n'ayant aucune solution, tout simplement
06:22 pourquoi ? parce qu'il n'y avait pas de solution de relogement dans le sens où des hôtels ont été
06:28 brûlés, voilà, et c'est une période qui est très forte dans le tourisme, en tout cas l'ambassade,
06:35 la consul adjointe de France était présente sur place, a donné son numéro de téléphone à tous
06:42 les ressources citoyennes français pour qu'on puisse trouver des solutions. Et finalement vous avez
06:46 trouvé le moyen de rentrer en France par vous-même, finalement vous avez racheté un billet, c'est pas
06:50 quelque chose qui a été organisé ? Non tout à fait, parce qu'effectivement voilà, on avait déjà
06:58 passé deux nuits, on savait qu'on allait passer une deuxième nuit au sol, voilà, dans des conditions
07:03 assez compliquées, mais effectivement nous avons pris de notre fait de réussir et on nous a eu la
07:12 chance d'avoir encore un plat sur un vol Air France pour aller direction Paris, de Paris, donc nous
07:20 avons été déviés, enfin nous avons pris un deuxième avion pour aller jusqu'en Alsace et après du coup
07:27 beaucoup ont pris la voiture et les taxis pour pouvoir rentrer.

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