Les 4 vérités - Marylise Léon

  • l’année dernière
Jeff Wittenberg reçoit Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT sur le plateau des 4 vérités. 







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Transcript
00:00 En effet, bonjour à tous, bonjour Marie-Elise Léon, votre nom et votre visage vont devenir familiers des Français dans les prochains mois
00:08 puisque vous avez succédé à Laurent Berger, le très connu secrétaire général de la CFDT, le premier syndicat français que vous donc dirigez maintenant.
00:18 Est-ce que, c'est la première question que j'ai envie de vous poser, est-ce que vous êtes réconciliée avec le gouvernement, avec Emmanuel Macron
00:23 après la grande brouille de la réforme des retraites ?
00:26 Alors, le sujet retraite a été un moment important depuis six mois, il continue de l'être parce que quand on parlait retraite il y a six mois,
00:35 on parlait travail en fait et que le travail doit encore et toujours être le premier sujet de discussion à la fois avec les employeurs,
00:44 les salariés bien entendu et puis l'exécutif.
00:48 On va parler du sujet travail mais est-ce que vous considérez que l'affaire, pardonnez-moi cette expression, est digérée ?
00:54 Est-ce que finalement c'est derrière vous, la réforme des retraites c'est un sujet classé, vous acceptez maintenant sa mise en œuvre qui commencera à l'automne,
01:01 on le rappelle, ou alors vous espérez toujours une abrogation de cette loi lorsqu'il y aura un changement de majorité ?
01:06 Ce qui est certain c'est que la CFDT ne sera jamais d'accord avec le report de l'âge légal, on est passé de 62 à 64, ça va être effectif au 1er septembre.
01:15 La question maintenant c'est de savoir comment tous les salariés qui sont directement concernés, tous les travailleurs vont pouvoir aller jusqu'à 64 ans.
01:23 Donc le sujet est toujours sur la table et la question numéro 1 lorsqu'il s'agit de ce report de l'âge c'est la question des conditions de travail.
01:33 Des conditions de travail, on voit sur ces images, vous avez rencontré avec d'autres leaders syndicaux, la première ministre au début du mois, Elisabeth Borne,
01:40 vous avez senti une nouvelle écoute par rapport à ces sujets-là et en particulier sur le travail.
01:46 Je sais que dans vos revendications il y a la question de la pénibilité, vous voulez voir revenir les critères de pénibilité,
01:51 il y en a 10 je crois, pour l'instant est-ce que vous avez trouvé une porte ouverte ou porte close là-dessus, sur ces sujets-là ?
01:58 Lorsqu'on a rencontré la première ministre, donc il y avait l'ensemble des organisations syndicales et les organisations patronales,
02:03 je pense que c'est important quand on veut aborder les questions du travail, les questions du pouvoir d'achat,
02:08 il faut que la partie employeur soit bien autour de la table et qu'elle prenne toutes ses responsabilités.
02:14 Après on a posé un certain nombre de demandes, de sujets qu'on veut voir abordés, dont la question effectivement de la pénibilité,
02:22 la question des parcours professionnels, de l'emploi des seniors, parce que lorsqu'on dit il faut travailler plus longtemps,
02:28 on sait qu'il y a un enjeu de garder les seniors dans l'entreprise et je pense qu'aujourd'hui c'est un droit que doivent avoir les salariés.
02:35 Vous avez entendu une écoute de la part du gouvernement, une adhésion à ce que vous proposez ?
02:38 On dit qu'ils sont prêts à nous laisser négocier sur un certain nombre de sujets, je pense notamment à l'emploi des seniors,
02:44 où là les employeurs doivent aussi prendre leurs responsabilités.
02:48 La question c'est est-ce qu'on aura bien toutes les marges de manœuvre ?
02:51 On aura la réponse fin août, début septembre, puisque le gouvernement doit nous adresser des orientations sur lesquelles ils nous attendent
03:00 et donc on verra à ce moment-là si c'est bien le cas.
03:03 En attendant ces orientations, Marie-Élise Léon, vous avez écouté j'imagine le chef de l'État, le président Macron hier dans ses interviews dans les journaux de 13h,
03:09 il n'a pas beaucoup parlé de dialogue syndical, des syndicats.
03:12 Est-ce que vous le regrettez ? Est-ce que vous auriez voulu entendre d'autres mots, d'autres phrases,
03:17 notamment sur le travail et sur la relation avec vos organisations ?
03:23 Non, ce qui importe c'est que le travail soit vraiment sur le devant de la scène dès maintenant
03:29 et qu'on puisse apporter des réponses très concrètes à tous ces travailleurs qui ne sont aujourd'hui pas reconnus dans leur travail.
03:35 Je pense notamment à tous les travailleurs et les travailleuses de la deuxième ligne qui depuis le Covid ont été là et ont fait un travail remarquable
03:45 et qui attendent toujours d'être reconnus, donc en termes de pouvoir d'achat, en termes de conditions de travail, en termes d'horaire de travail, de durée de contrat par exemple.
03:53 Donc ce qu'on attend véritablement de l'exécutif c'est qu'il fasse toute cette place au travail et qu'il puisse y avoir vraiment des discussions.
04:02 Qu'il parle ou pas des syndicats, ça n'importe peu, moi je veux qu'on parle du travail.
04:06 L'objectif du plein emploi, est-ce que vous le partagez avec le gouvernement ?
04:10 La réforme de Pôle emploi justement qui va être transformée en France Travail, les nouvelles conditions d'obtention du RSA,
04:16 on sait que pour vous ce ne sont pas des progrès.
04:18 Alors il y a plusieurs choses, il y a la question de la création de France Travail, au-delà de ça l'idée c'est de se dire comment on accompagne mieux tous ceux qui sont en recherche d'emploi.
04:27 Donc moi je partage tout à fait cette idée et cet objectif, allons vers le plein emploi.
04:32 Mais ça veut dire quoi le plein emploi ? Est-ce que c'est un pourcentage de personnes qui ne travaillent pas ?
04:38 Ou est-ce que c'est faire en sorte que chacun et chacune, aujourd'hui on est autour de 7% de chômage,
04:45 ça veut dire que c'est plus de 5 millions de personnes qui n'ont pas d'emploi.
04:48 Qu'est-ce qu'on propose à ces 5 millions de personnes de façon personnalisée,
04:52 puisqu'on a tous des besoins différents pour retourner ou aller vers l'emploi, et donc c'est ça qui est intéressant.
05:00 Et les réponses que vous entendez jusqu'à présent, en particulier sur le RSA, dont les conditions vont être changées si le gouvernement va au bout de son projet ?
05:08 Il y a une ambiguïté assumée de la part de l'exécutif de ne pas toujours répondre à qu'est-ce que c'est, qu'est-ce que cette conditionnalité du RSA.
05:17 On a beaucoup entendu parler des 15-20 heures d'activité, est-ce que c'est de l'activité en termes d'accompagnement,
05:23 est-ce que c'est de l'activité en termes de travail, voire de bénévolat ?
05:27 Pour le moment le flou reste extrêmement important.
05:29 Vous y êtes opposé ou vous y êtes favorable ?
05:31 Nous y sommes opposés, le RSA est un revenu de solidarité nationale.
05:36 Donc il doit y avoir une contrepartie selon vous ?
05:38 Il doit y avoir des droits et des devoirs, ce qui existe déjà aujourd'hui pour les bénéficiaires du RSA.
05:44 Ils signent un contrat d'engagement, et aujourd'hui je trouve qu'on parle beaucoup de leurs devoirs,
05:50 assez peu de leurs droits, et le premier de ces droits c'est d'être accompagné correctement.
05:55 Alors un conflit social bien particulier est en train de s'étendre au sein de la police nationale,
05:59 est-ce que vous comprenez les syndicats de police, la CFDT est loin d'être majoritaire parmi les policiers,
06:06 et même le directeur de la police nationale qui proteste contre la détention provisoire d'un des leurs à Marseille
06:12 que la justice a décidé d'écrouer.
06:14 Il y a un conflit social qui se propage aujourd'hui avec de nombreux policiers qui se mettent notamment en arrêt maladie.
06:21 Qu'est-ce que vous en dites à la CFDT ?
06:23 Moi je pense qu'on n'est pas sur les vraies questions en fait.
06:26 Le vrai sujet c'est la question des conditions de travail des policiers en exercice,
06:30 et je pense que le débat autour de la détention provisoire ou des arrêts maladie ne sont que les symptômes en fait
06:38 de cette difficulté à correctement exercer son métier.
06:42 Moi je pense qu'il faut véritablement travailler sur ce que sont ces conditions de travail,
06:49 les conditions matérielles, les conditions de rémunération également,
06:54 et qu'en s'attachant vraiment à ces causes profondes,
06:59 on pourra résoudre cette problématique et ce malaise qui est aujourd'hui exprimé.
07:04 Ce malaise qui s'exprime aujourd'hui au-delà des conditions de travail,
07:08 sur des affaires très particulières de délinquance et de contact et de faits graves
07:15 qui se sont passés à l'occasion des émeutes urbaines.
07:18 Est-ce que vous comprenez qu'il y ait un sentiment de ras-le-bol des policiers
07:22 qui ont l'impression que finalement la justice les traite différemment en fonction des situations ?
07:29 Je comprends que le contexte soit particulier.
07:31 Et par ailleurs, excusez-moi, de ceux qui sont choqués que les policiers fassent pression sur la justice.
07:36 Oui, alors là il y a beaucoup de sujets qui sont mélangés,
07:39 et en fait je pense que ce qui est important c'est de revenir au principe.
07:43 Il y a une difficulté d'exercice du métier de la police aujourd'hui,
07:47 avec des événements tout récemment d'une extrême violence auxquels ils ont dû faire face.
07:52 Et en même temps on a un responsable qui s'exprime sur cette question de la détention provisoire.
08:00 Moi je suis extrêmement attachée au principe d'un maintien de l'ordre républicain.
08:05 Un maintien de l'ordre républicain ça veut dire que le droit doit s'appliquer à tous et à toutes de la même façon.
08:10 Et je pense qu'aller sur ce terrain n'est absolument pas une réponse à la question fondamentale des conditions de travail des policiers.
08:17 Autre mouvement singulier Marie-Lise Léon, on en parlait dans le journal de 7R30,
08:21 la grève qui se prolonge chez nos confrères du journal du dimanche, 5 dimanches sans parution du JDD.
08:28 La direction de ce journal incarné par Arnaud Lagardère,
08:33 excusez-moi mais Vincent Bolloré, on sait dirige aussi ce groupe,
08:38 a confirmé la nomination de Geoffroy Lejeune, ce journaliste venu d'un organe qualifié d'extrême droite.
08:46 Qu'est-ce que vous en dites à la CFDT ? Vous soutenez les journalistes qui sont en grève aujourd'hui ?
08:51 Nous sommes présents dans la société de rédaction des journalistes.
08:54 Nous sommes en soutien bien entendu des journalistes grévistes
08:58 qui défendent aujourd'hui un journal qu'ils souhaitent garder comme un journal d'information.
09:06 C'est une affaire privée, des journaux engagés à gauche par exemple, il y en a d'autres. En quoi c'est choquant ?
09:12 Il y a deux choses. Un, je pense qu'il faut qu'on puisse garder une pluralité de la presse
09:18 et on assiste à une concentration aussi de la presse qui est de notre point de vue dangereuse.
09:26 Aujourd'hui le sujet c'est qu'on a un enjeu d'avoir une presse qui soit un des piliers de notre démocratie.
09:35 Je pense que la presse doit aussi être dans un fonctionnement démocratique.
09:41 C'est-à-dire que lorsqu'une rédaction ne souhaite pas se voir imposer quelqu'un,
09:45 il faut qu'elle puisse avoir les moyens de contester et d'expliquer pourquoi elle est contre.
09:50 Donc on entend ce matin que vous allez la soutenir.
09:52 Nous sommes en soutien absolument.
09:53 Merci beaucoup Marie-Lise Déon, nouvelle secrétaire générale de la CFDT.
09:57 On vous reverra souvent dans les prochaines semaines.
09:59 Merci.

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