Le général Pierre Poty, commandant la gendarmerie de La Réunion, nous a accordé un entretien où nous avons pu aborder les sujets brulants du microcosme réunionnais tels que les violences intra-familiales et l'augmentation permanente des trafics de stupéfiants
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00:00 En général, dans vos futures réflections, vous allez être encore en lien avec l'Outre-mer,
00:06 encore et toujours j'ai envie de dire, et selon vous quels seront les futurs défis ?
00:10 Alors on va parler de la Réunion, c'est ce qui nous intéresse.
00:13 Quels vont être les défis de la Réunion pour les années à venir ?
00:17 Le premier défi pour moi ça reste les stupéfiants.
00:21 Je pense que c'est un vrai sujet d'inquiétude pour ce qui me concerne,
00:24 parce que je vois une accélération vraiment rapide de la problématique
00:28 du trafic de stupéfiants, donc ça c'est clair.
00:30 Et derrière tout ce que ça génère, on l'a bien vu,
00:32 on a eu des homicides, des tentatives d'homicides il y a peu de temps,
00:35 c'est pas quelque chose qu'on voyait auparavant la Réunion.
00:38 Donc c'est un sujet d'inquiétude pour moi.
00:40 Donc comment traiter cette délinquance organisée qui est en train de se mettre en place ?
00:43 On a de bonnes idées là-dessus et je pense qu'on va obtenir des résultats.
00:47 Notre deuxième défi est un défi plus sociologique,
00:50 c'est comment on gère l'attelage entre Mayotte et la Réunion ?
00:56 Ce qui se passe à Mayotte est globalement dramatique.
00:59 Je pense qu'on n'est quand même pas loin d'un frontement très important
01:03 entre les communautés, entre les maorais et les comoriens
01:07 qui parfois ont du mal à vivre ensemble compte tenu de la situation économique.
01:12 On est sur un petit bout de terre avec actuellement officiellement 250 000 habitants,
01:15 mais dont on pense qu'il y en a plutôt 400 000,
01:17 avec une grande partie de la population qui est en situation irrégulière,
01:21 avec 80% des gamins qui naissent chaque année à Mayotte,
01:23 qui naigent d'une maman étrangère.
01:26 Donc ça fait plus ou moins 7-8 000 naissances de mères étrangères à Mayotte.
01:30 Qu'est-ce qu'on va leur offrir comme avenir à ces jeunes ?
01:33 Quel emploi on pourra leur offrir ?
01:35 Quelle éducation dans une île qui est complètement saturée par la population qui y réside ?
01:40 Et donc forcément, on est le département français le plus proche, la Réunion,
01:44 et puis on a des liens avec Mayotte depuis tout le temps.
01:47 Donc le défi, je pense, des années à venir,
01:50 c'est comment politiquement, sociologiquement,
01:54 au niveau de la société, on va être capable de gérer cet attelage entre Mayotte et la Réunion,
01:58 et faire en sorte qu'on arrive à maintenir la cohésion sociale qu'on connaît à la Réunion,
02:07 le vivre-ensemble qu'on connaît à la Réunion,
02:09 la paix qu'on connaît à la Réunion,
02:10 parce que c'est quand même un département où je pense que les gens ne s'en rendent pas compte,
02:13 mais où le niveau de délinquance est extrêmement faible.
02:16 Il est parmi les plus bas, enfin c'est le plus bas de tous les Outre-mer, ça c'est certain,
02:20 mais même en métropole, le ratio de délinquance par habitant,
02:24 par rapport à la métropole, il est souvent très en dessous de ce qu'on connaît en métropole.
02:27 Donc ça, la population locale ne s'en rend pas forcément compte,
02:30 mais c'est la réalité.
02:31 Il faut maintenir ça, réussir à maintenir cette société qui est apaisée,
02:35 qui est bienveillante, qui est ouverte dans les années à venir,
02:38 et je pense que c'est cette problématique de l'attelage entre Mayotte et la Réunion,
02:42 comment on le gère, comment on gère les plus de populations,
02:44 comment on intègre les populations qui viennent éventuellement de Mayotte,
02:48 selon quelle modalité, avec quels moyens,
02:51 c'est un vrai enjeu pour les miennes.
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