• l’année dernière
Le général Pierre Poty, commandant la gendarmerie de La Réunion, nous a accordé un entretien où nous avons pu aborder les sujets brulants du microcosme réunionnais tels que les violences intra-familiales et l'augmentation permanente des trafics de stupéfiants.

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Transcription
00:00 En général, vous avez obtenu quatre nouvelles brigades, vous me disiez.
00:07 Où vont-elles être implantées, si vous le savez déjà, et surtout, quels sont les personnels qui vont être mobilisés pour ces brigades ?
00:16 Du nouveau personnel ou des gens que vous allez devoir réaffecter ?
00:19 Si vous avez quelques heures, je vais vous en parler.
00:22 Pourquoi on a obtenu quatre brigades, je ne sais pas, mais en tout cas, on les a proposées et on les a obtenues.
00:27 C'est une bonne chose. Parce que concernant la gendarmerie, on est en difficulté sur le plan des effectifs.
00:34 On a besoin de plus d'effectifs, c'est clair. Ce n'est pas un secret pour être plus efficace dans le travail.
00:40 Ma priorité numéro un, ça reste les violences intrafamiliales.
00:43 Donc il va sembler logique de proposer sur chaque compagnie de créer une brigade dédiée aux violences intrafamiliales.
00:48 Alors on a déjà quelques petits groupes dans les unités, mais là, de créer une brigade beaucoup plus dimensionnée.
00:53 Donc c'est ce qui a été validé. Et puis, on a souhaité proposer la création d'une brigade un peu expérimentale,
00:59 brigade de sécurité des quartiers, BSQ, pour se prononcer autrement.
01:05 Notre objectif, c'est de commencer à travailler sur Saint-Benoît, parce que c'est vrai que c'est une zone un peu expérimentale pour nous.
01:10 On a testé des tas de choses qui ont d'ailleurs plutôt bien fonctionné, puisque le calme est quand même bien revenu, notamment sur le droit de fusil.
01:16 Donc c'est que globalement, ce qui a été fait en collaboration avec la mairie et autres, la justice et les associations a bien fonctionné.
01:22 Mais voilà, d'essayer de ramener à nous une partie de la population qui, finalement, vit un peu en marge de la société réunionnaise,
01:29 et d'essayer de les ramener aux valeurs de la République, de les intégrer, et qu'ils se sentent également pris en compte.
01:34 Parce que dans les quartiers que j'évoque, on pense bien sûr à Bras-Fusil, mais pas qu'eux, à Saint-Benoît,
01:40 90% des gens aspirent à vivre tranquillement, en paix, et sans difficultés particulières.
01:45 Donc il faut qu'ils se sentent soutenus, par les forces de sécurité notamment et par l'État,
01:50 qu'ils ne se sentent pas abandonnés, que ce ne soient pas des zones, finalement, un peu de non-droit,
01:54 que ça ne le devienne pas. Et puis surtout, que ceux qui posent des problèmes dans ces quartiers,
01:59 on puisse les prendre en compte, les traiter, soit sous le format judiciaire, bien entendu,
02:04 mais également, pourquoi pas, en essayant de les ramener tout simplement aux valeurs de la République et de vivre ensemble.
02:10 C'est pour ça que quand on a vu un peu le niveau un peu paroxystique des événements avec le maire,
02:16 on a proposé ce qu'on appelle un groupe de suivi opérationnel. C'est ce que je lui ai proposé de la valider,
02:22 et je pense que c'est une bonne option, parce que dans ce groupe, on met qui autour de la table ?
02:26 On met tous ceux qui ont de l'information sur ce qui se passe réellement dans le quartier.
02:29 Bien sûr, il y a les gendarmes, il y a la police municipale, il y a les bailleurs sociaux,
02:32 les intervenantes sociales de secteur, les assistantes sociales de secteur, l'éducation nationale, bien sûr, etc.
02:38 Pourquoi ? Parce que ce qu'on veut, c'est essayer de détecter les jeunes qui sont en difficulté,
02:43 qui posent problème, qui sont à la dérive, et d'essayer de faire en sorte que ces gamins,
02:46 on les ramène dans le droit chemin, tout simplement, et qu'on les ramène à nous.
02:50 Pas forcément dans une logique de sanction, on n'est pas là uniquement pour ça,
02:53 mais simplement pour voir quand il y a un gamin qui commence à poser problème,
02:56 qu'on puisse essayer de le prendre en compte, parce que s'il a des problèmes,
02:59 parce que peut-être qu'il n'a pas vraiment de parents, ça arrive souvent dans ce genre de quartier,
03:03 d'avoir des gamins qui sont un peu plus ou moins isolés,
03:05 ou peut-être qu'il est dans une famille monoparentale, la maman est débordée et n'y arrive plus,
03:08 peut-être qu'il y a des problématiques financières, peut-être qu'il y a des problématiques d'alcool, etc.
03:13 Et ça permet, si vous voulez, d'identifier où sont les problèmes,
03:15 et d'essayer de prendre en compte et d'accompagner à la fois ces jeunes et puis leurs familles,
03:19 et d'éviter qu'ils basculent dans la délinquance.
03:22 Donc tout ça, si vous voulez, avec une brigade dans le quartier,
03:25 je pense qu'on sera en mesure d'avoir cette action de proximité,
03:29 c'est ce qu'on appelle en anglais du "community policing",
03:32 c'est vraiment d'avoir une connaissance fine de ce qui se passe dans le quartier,
03:35 et d'assurer une présence qui soit rassurante, dissuasive et efficace
03:38 au plus près de ces populations en difficulté.
03:41 Mais la priorité numéro un, et ce qui me fait le plus plaisir, ça reste les violences intrafamiliales,
03:45 et donc j'espère qu'avec ces trois unités dédiées aux violences intrafamiliales,
03:48 on va pouvoir encore être plus efficaces en traitement de ces violences.
03:52 [Musique]

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