Thomas Sauvadet s'est exprimé sur les violences dans un cinéma. Selon le sociologue, «il y a une fascination pour la violence» chez les jeunes sur les réseaux sociaux.
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00:00 Oui, ça fait déjà un certain temps que les violences sont postées sur les réseaux sociaux.
00:05 D'ailleurs, les policiers trouvent parfois les auteurs de violences,
00:10 justement en regardant les réseaux sociaux.
00:13 Donc, c'est déjà une dizaine d'années que ce phénomène existe.
00:16 Ça fait déjà une dizaine d'années, oui.
00:18 On a l'impression qu'en faisant ça, certaines personnes cherchent une satisfaction
00:22 dans l'humiliation de l'autre, ces pervers.
00:25 Disons qu'on a des phénomènes de bandes, notamment dans les quartiers de la Poutic de la ville,
00:32 qui sont montés en puissance depuis à peu près une trentaine d'années,
00:37 dans des quartiers où ils ont pris une place démesurée.
00:44 Et ce sentiment de puissance qu'ils développent dans ces quartiers-là,
00:52 ils l'amènent aussi avec eux lorsqu'ils se déplacent dans des centres commerciaux,
00:58 dans les transports en commun, notamment les RER, métro, tramway, etc.
01:07 Et puis aussi dans les clubs de sport, clubs de foot notamment, y compris dans les cinémas.
01:13 Donc, ils ont l'impression, c'est une petite minorité de la jeunesse masculine des QPV,
01:20 mais c'est une minorité qui donne le ton depuis une trentaine d'années dans ces quartiers,
01:26 qui a une certaine confiance et qui n'hésite plus à passer à l'action en dehors de ces quartiers,
01:32 jusque dans les centres-villes, comme l'ont bien montré les émeutes de fin juin, début juillet,
01:38 où ces bandes de jeunes ne sont pas restées dans leurs quartiers,
01:41 mais se sont projetées sur les centres-villes.
01:44 La vidéo a fait 4 millions de vues sur X, le nouveau nom de Twitter.
01:49 Qu'est-ce qui provoque un tel engouement selon vous ?
01:53 Il y a une fascination bien sûr pour la violence.
01:57 Il faut savoir que cette jeunesse des bandes est une jeunesse très fortement médiatisée.
02:05 On la trouve notamment dans le gangsta rap, on la trouve dans des séries, des films,
02:11 voire même des jeux vidéo.
02:13 Donc, il y a toute une industrie culturelle, en fait, pas seulement sur les réseaux sociaux,
02:17 mais aussi au cinéma, dans le secteur de la musique,
02:22 qui met en scène cette violence des bandes, voire pire,
02:25 notamment avec les réseaux de trafic, le grand banditisme,
02:28 et tout ce qui est lié au trafic de stupéfiants.
02:30 Et donc, quelque part, les réseaux sociaux suivent le mouvement.
02:35 Il y a une fascination de la jeunesse pour ces bandes,
02:39 qui sont souvent des bandes d'adolescents qui transgressent,
02:42 qui défient l'autorité, l'autorité des adultes,
02:45 l'autorité des représentants institutionnels.
02:47 Ça commence d'abord au collège avec les enseignants, la police, bien sûr,
02:52 et puis les adultes en général.
02:54 Il y a aujourd'hui une culture de bandes qui vient de ces pubs pv,
02:58 qui est devenue un peu une culture mainstream,
03:00 ce sont un peu des influenceurs, si je puis dire.
03:03 Et on a beaucoup de jeunes, y compris dans des villages ou dans des beaux quartiers,
03:06 qui imitent ces jeunes.
03:09 [Musique]
03:13 [SILENCE]