Le retour du phénomène météorologique El Niño a été confirmé en juillet 2023. Au même moment, la planète subit des conséquences du réchauffement climatique depuis plusieurs mois : incendies, canicules et sécheresse. Face à cette double menace, faut-il s’attendre au pire ?
Il faut rappeler qu’El Niño est une anomalie climatique qui augmente la température de l’océan Pacifique et revient en général tous les deux à sept ans. Les épisodes durent habituellement neuf à douze mois. En 2023, cela faisait sept ans qu’il n’y avait pas eu de véritable phénomène El Niño selon l’OMM, depuis l’épisode 2015-2016.
En 2018-2019 un El Niño faible avait laissé place à un épisode particulièrement long de près de trois ans de La Niña, qui provoque les effets inverses, dont une baisse des températures. Pourtant, la planète a connu des records de températures pendant ces années.
Alors qu’attendre d’un nouvel El Niño ? Risque-t-il n’accélérer le réchauffement mondial ? Le réchauffement climatique a t’il un impact sur la puissance de cette anomalie climatique ?
Il faut rappeler qu’El Niño est une anomalie climatique qui augmente la température de l’océan Pacifique et revient en général tous les deux à sept ans. Les épisodes durent habituellement neuf à douze mois. En 2023, cela faisait sept ans qu’il n’y avait pas eu de véritable phénomène El Niño selon l’OMM, depuis l’épisode 2015-2016.
En 2018-2019 un El Niño faible avait laissé place à un épisode particulièrement long de près de trois ans de La Niña, qui provoque les effets inverses, dont une baisse des températures. Pourtant, la planète a connu des records de températures pendant ces années.
Alors qu’attendre d’un nouvel El Niño ? Risque-t-il n’accélérer le réchauffement mondial ? Le réchauffement climatique a t’il un impact sur la puissance de cette anomalie climatique ?
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00:00 Au milieu de l'océan Pacifique, dans ce petit atoll inhabité,
00:07 il existe une machine à voyager dans le temps.
00:11 Cette machine, ce sont les coraux.
00:15 Grâce à plusieurs prélèvements sur le récif,
00:18 une climatologue, Kim Cobb, a pu reconstituer les variations de température de l'eau depuis plus de 1000 ans.
00:25 Chacun de ces pics de chaleur correspond à un phénomène climatique de grande ampleur,
00:31 le fameux "El Niño".
00:34 Tous les 2 à 7 ans, il chamboule le climat de la région,
00:38 et ça fait des centaines de milliers d'années que ça dure.
00:42 Le problème, c'est qu'avec le réchauffement climatique actuel,
00:46 l'arrivée d'un El Niño inquiète davantage.
00:50 Il est bien possible que ces phénomènes climatiques deviennent de plus en plus violents au fil du temps,
00:55 tout simplement parce que les hommes abîment de plus en plus l'atmosphère.
00:59 Le climat plus chaud causé par les émissions de gaz à effet de serre influence-t-il El Niño ?
01:05 Et El Niño risque-t-il d'accélérer le réchauffement climatique ?
01:10 Que se passe-t-il exactement dans le Pacifique ?
01:20 Dans le plus grand océan du monde, il y a 3 phases.
01:24 El Niño, la Niña et une phase neutre, qui alterne,
01:29 et qui font changer les conditions climatiques du tout autour, dans le bassin Pacifique.
01:34 Regardons d'abord la phase neutre.
01:37 À l'est, l'eau est froide.
01:40 À l'ouest, l'eau est chaude.
01:43 Cette différence génère des vents qui soufflent d'est en ouest.
01:48 Ce sont les alizés.
01:50 Dans cette zone où il fait plus chaud, l'eau s'évapore davantage.
01:55 Il y a plus de nuages et donc plus de pluie.
01:59 L'air qui repart à l'est amène un climat sec le long des côtes péruviennes.
02:03 Les alizés continuent de souffler, ce qui entretient les remontées d'eau froide sur cette zone.
02:09 Cette boucle, c'est la circulation de Walker.
02:13 Tous les 2 à 7 ans, El Niño vient perturber tout ça.
02:17 La nature a inventé El Niño pour se débarrasser d'un coup de cet excès de chaleur stocké dans l'océan, dans les tropiques.
02:26 Est-ce que ce sont les alizés qui faiblissent d'abord ?
02:29 Ou l'eau qui est moins froide ?
02:32 Difficile à dire.
02:34 Quoi qu'il en soit, une masse d'eau chaude se forme au centre ou même à l'est du Pacifique.
02:40 Les précipitations ne se trouvent plus au-dessus de la piscine chaude indonésienne, mais plus à l'est.
02:46 La 3ème phase du cycle, c'est la Niña.
02:50 Pendant cet épisode, c'est l'inverse, les alizés s'intensifient.
02:55 La remontée d'eau froide sur le bord est de l'océan Pacifique est alors accrue,
02:59 et des eaux plus chaudes que la normale sont observées à l'ouest.
03:05 Cette alternance entre ces phases est déterminante.
03:11 Elle façonne le climat sur toute cette partie du globe.
03:15 Au Pérou par exemple, elle Niña entraîne au moins deux types de conséquences.
03:20 Les anchois fuient les eaux chaudes, ce qui peut réduire à néant les campagnes de pêche péruviennes.
03:26 Or, les anchois péruviens représentent 20% de la consommation de farine de poisson mondiale pour alimenter les animaux.
03:33 Autre conséquence, l'augmentation drastique des précipitations sur un sol plutôt habitué à la sécheresse
03:39 peut générer des inondations et des glissements de terrain catastrophiques.
03:44 C'est ce qu'ont fait les éoliennes de 1982, 1998 et 2016.
03:49 Ailleurs dans cette zone, la Polynésie doit se préparer à faire face à d'éventuelles cyclones,
03:54 conséquence de l'évaporation de l'eau plus chaude.
03:58 La Nouvelle-Calédonie ou l'Australie rencontrent, elles, des épisodes de sécheresse.
04:04 Les effets d'un aile Niña peuvent aller bien au-delà du bassin Pacifique.
04:09 En perturbant la circulation de Walker, elle Niña a un effet domino sur les circulations voisines,
04:16 ce qui peut modifier les grands courants d'air atmosphériques et affecter le climat dans d'autres parties du monde,
04:22 comme aux Etats-Unis ou même en Afrique.
04:26 Tout ce que nous venons de décrire sont les conséquences possibles d'un épisode aile Niña.
04:31 Mais ce n'est pas systématique.
04:33 Chaque aile Niña est différente en fonction de la variation des vents, de l'ampleur des changements de température
04:40 et de l'état du climat ailleurs sur la planète, avec à la clé des conséquences plus ou moins graves.
04:47 C'est d'ailleurs pour ça que le phénomène n'est pas simple à étudier.
04:52 Quand vous avez un phénomène climatique avec une histoire de "bizarre" dans le passé,
04:57 ça rend beaucoup plus difficile de dire pourquoi il est bizarre en ce moment.
05:02 Est-ce que c'est juste bizarre parce que c'est bizarre parfois ?
05:05 Ou est-ce bizarre parce que le changement climatique met son doigt sur Enso ?
05:11 Le réchauffement climatique qui accentue aile Niña, ce n'est donc pas sûr.
05:19 À l'inverse, un aile Niña qui risque d'augmenter la température moyenne globale, peut-il accélérer le réchauffement climatique ?
05:26 Le Pacifique tropical occupe un quart de la surface de la planète, c'est gigantesque.
05:31 Donc, arithmétiquement, quand on augmente la température dans cette région, la température moyenne augmente.
05:37 Mais ça ne veut pas dire que la température en chaque autre point va augmenter.
05:40 Mais à une échelle locale, le changement climatique peut accentuer les conséquences d'aile Niña.
05:46 Si vous êtes dans un endroit qui a tendance à avoir plus de précipitation pendant l'aile Niña,
05:52 le changement climatique et son atmosphère plus chaude signifie que l'atmosphère peut tenir plus de moesture.
05:57 Vous pourrez voir plus de précipitation que vous ne pouvez pas imaginer.
06:00 Certains milieux déjà fragilisés par des eaux plus chaudes, comme un récif corallien,
06:05 pourraient atteindre plus rapidement un point de non-retour.
06:08 Le réchauffement climatique ne permettant plus aux coraux de se remettre d'un aile Niña lors de périodes plus froides.
06:16 Par exemple, au début des années 2020, un épisode "l'aile Niña, censée être froid"
06:22 était bien plus chaud qu'un événement aile Niña considéré comme extrême en 1982.
06:28 Revenons à nos coraux du début, les prélèvements de Palmyra.
06:34 Peuvent-ils nous donner des informations sur l'influence du réchauffement climatique
06:38 sur la fréquence et l'intensité des épisodes aile Niña ?
06:42 On a des comportements extrêmes, notamment au cours des dernières décennies.
06:47 On a eu quelques événements aile Niña particulièrement chauds.
06:50 On ne peut pas vraiment, avec grande confiance, attribuer ces événements au réchauffement global.
06:56 Pour Myriam Khodri, qui travaille justement sur la modélisation couplée océan-atmosphère,
07:01 on manque encore de visibilité pour tirer des conclusions.
07:04 Car ces différents prélèvements n'offrent qu'une série de fenêtres.
07:08 Pour bien comprendre comment ces cycles évoluent, il faudrait pouvoir étudier le climat
07:12 des deux derniers millénaires, et ce, de manière continue,
07:16 avant l'influence de l'homme sur le climat.
07:19 Maintenant, on a des méthodes statistiques et des approches qui nous permettent de faire converger
07:26 ces données issues d'archives naturelles avec des modèles climatiques complexes
07:31 pour produire des réanalyses ou des reconstructions physiquement cohérentes du climat
07:36 sur plusieurs siècles, voire millénaires.
07:39 Bientôt, les chercheurs pourront dire si le changement climatique influence effectivement El Niño.
07:47 Ce qui est certain, c'est que les effets d'El Niño, comme les inondations et les sécheresses,
07:53 se cumulent avec ceux du réchauffement global.
07:56 Des aléas climatiques qui peuvent détruire des milieux déjà fragilisés, comme les récifs coralliens.
08:03 Certaines de ces formidables machines à remonter le temps raconteront peut-être bientôt leur dernier El Niño.
08:11 [Musique]