légende de la musique kabyle algérienne
une éission de cCAnal Algérie
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00:32 Elle sera donc seule, livrée à elle-même devant le monstre de la forêt.
00:38 Désormais, personne ne lui ouvrira la porte. Edir nous a quitté à jamais.
00:42 Décédée dans l'après-midi dans l'un des hôpitaux parisiens en France,
00:46 Cheyette Hamid, qui a vu le jour le 25 octobre 1949,
00:52 dans la ville des bijoux Haïtini, qui a vu naître une pipite d'or, un diamant.
00:58 L'un des monstres sacrés de la chanson kabil, l'un des membres de la chanson algérienne, n'est plus.
01:05 Aujourd'hui, dans cette soirée spéciale, nous allons revenir sur la grande et riche carrière de ce grand monsieur.
01:12 L'un des grands noms de la chanson algérienne disparue, je le rappelle, hier dans l'après-midi en France,
01:18 auprès de sa famille, une famille à laquelle il était très attaché.
01:21 D'ailleurs, la famille, c'était aussi son thème de prédilection dans l'écriture de ses textes.
01:27 Et d'ailleurs, dans ce portrait, il est signé Kerem Haïfa.
01:31 Monument de la chanson kabil, Idir de son vrai nom Hamid Cheyette, est né le 25 octobre 1949 à Aït Lahcen, près de Tizi Ouzou.
01:42 Alors qu'il se destinait à être géologue, un passage en 73 sur la radio algérienne, change le cours de sa vie.
01:49 Il remplace au pied levé la chanteuse Nouara et sa chanson en langue berbère, Aravai Nouva,
01:54 qui évoque les veillés dans les villages kabiles, fait le tour du monde à son insu, pendant qu'il faisait son service militaire.
02:01 Un tube planétaire, diffusé dans pas moins de 77 pays et traduit dans une vingtaine de langues.
02:08 Imprégné dès son enfance par les chants qui rythmaient tous les moments de la vie quotidienne en Kabili,
02:13 Idir part en France en 75 pour produire son premier album, également intitulé Aravai Nouva.
02:19 Il disparaît de la scène pendant 10 ans, de 81 à 91, mais sa carrière est ensuite relancée à l'automne 99,
02:27 profitant de l'élan donné par deux grandes stars de la chansonraille, Cheb Mami et Khaled.
02:32 Il signe son retour discographique avec l'album Identité, où il propose un mélange de chéhabi et de musique algéroise.
02:39 A l'image de son désir du mélange des cultures, il y chante avec des musiciens de différents horizons culturels,
02:45 à l'image de Manu Chao, Dan Arbraz, Zebda, Maxime Le Forestier ou encore Gnaoua Diffusion.
02:51 Après une absence de près de 40 ans, l'interprète de l'éternel Aravai Nouva renoue en 2018 avec son public algérien
02:59 lors d'un concert à la Coupole d'Alger à l'occasion de Yenayer avec une trentaine de musiciens sur scène.
03:05 En près de 50 ans de carrière, Idir aura réussi le pari d'un parcours artistique régulier au service du patrimoine culturel algérien,
03:13 faisant vivre une fois de plus sa langue maternelle dans son dernier opus,
03:18 Ici et ailleurs, réalisé avec de grands noms de la chanson française.
03:23 Voilà, c'était un petit portrait de réception par notre journaliste Karim Ifaj.
03:40 Je me fais un immense plaisir de recevoir M. Mohamed Abdel-Dardin, ex-directeur de la chaîne 2 de la Radio Nationale
03:45 et actuellement assistant auprès du directeur général chargé de la communication des relations extérieures.
03:50 Bonsoir et bienvenue à vous, M. Mohamed Abdel-Dardin.
03:53 Merci beaucoup pour l'invitation.
03:55 Alors, restez avec nous avant d'aborder la grande et riche carrière de ce grand monsieur de la chanson algérienne et kabyle en particulier,
04:03 un monstre sacré. Il était très très très porté sur la famille.
04:08 On sait qu'en kabyle, de manière générale, on est très famille, très attaché à la terre, à la famille.
04:14 Et d'ailleurs, ça s'est reflété dans ces magnifiques textes, notamment Ave Veinuva,
04:18 qui est devenu donc un tube planétaire. Ave Veinuva, chanté en 1970, ça nous remonte à très loin.
04:25 Mais avant cela, M. Mohamed Abdel-Dardin, permettez-moi de prendre un appel de M. Gendouli Nader,
04:31 qui est donc producteur et manager des différents événements du regretté Idir Hamid Chariat.
04:37 Donc décédé hier dans l'après-midi, un des monstres de la chanson algérienne et kabyle en particulier.
04:42 Nader, bonsoir et merci de nous accorder de votre temps.
04:45 Bonsoir Moner, bonsoir à vos invités, bonsoir à tous les téléspectateurs.
04:51 Alors, je le disais, vous êtes producteur et manager du regretté Idir de plusieurs événements ici en Algérie,
04:58 notamment le tout dernier concert, le méga concert qui a eu lieu à la Coupole Mohamed Boudiaf à Alger.
05:03 C'était donc sa dernière rencontre avec son public algérien.
05:08 Et il tenait à ce concert-là, Idir ?
05:11 Idir, oui, il tenait à ce concert-là, Nader ?
05:14 Oui, tout à fait, tout à fait, M. Mohamed.
05:17 Il tenait vraiment à faire le grand combat parce qu'il me disait toujours
05:21 pourquoi on privait le peuple algérien de mes concerts.
05:25 Parce qu'entre-temps, il jouait au Maroc, il jouait en Tunisie, il jouait un peu partout.
05:30 Et pour lui, il était temps de revenir en Algérie après tant d'années d'absence.
05:34 Et ça a coïncidé avec le salon de Londres où on a chapeauté un peu l'événement,
05:40 on a organisé sa venue, la Donne Algérie.
05:44 Et voilà que l'idée a germé de m'interroger.
05:48 Il faut vraiment faire quelque chose pour revenir en Algérie.
05:52 Et c'était en collaboration avec l'Association des droits d'auteur.
05:56 Voilà. Nader Gendouli, vous étiez donc le trait d'union entre l'ONDA,
06:00 l'Office national des droits d'auteur et des droits voisins.
06:02 Il le regrettait, Edir, dans la réalisation de ce concert auquel il tenait tant.
06:09 Et il n'avait pas posé de conditions.
06:12 Son seul souci, c'était de rencontrer son public et de revoir,
06:16 renouer avec son public algérien, Nader.
06:19 Ces conditions étaient les bonnes conditions pour la rencontre.
06:24 C'est ça, justement. Il n'a jamais été exigeant dans quoi que ce soit.
06:28 Au contraire, pour lui, faire les choses dans les normes
06:32 et organiser cette rencontre après tant d'années d'absence,
06:36 il tenait vraiment. Il le tenait vraiment.
06:40 Et justement, sur le plan artistique, il était très, très professionnel.
06:45 Malgré sa modestie légendaire et sa simplicité,
06:50 avec laquelle il a habitué son public et son entourage,
06:54 il était très professionnel, il était très pointueux
06:57 sur la réalisation, sur l'écriture des textes,
06:59 l'enregistrement de ses chansons, Nader.
07:01 Il était bien entouré. Il donnait toujours la parole à son entourage,
07:06 à son équipe, attentif, surtout, surtout attentif.
07:09 Il n'aimait pas faire les choses tout seul.
07:12 Pointueux, je crois que c'est le secret de toute réussite.
07:16 Il a toujours été comme ça.
07:19 Pas exigeant, pas exigeant, exigeant, mais pointueux.
07:22 Ça veut dire que... Mais le plus important que j'ai retenu
07:25 quand on discutait, c'est qu'il était toujours attentif.
07:28 Il n'aimait pas faire les choses tout seul.
07:30 Il avait toujours cet esprit de partage et d'écouter les autres
07:34 et surtout d'aller vers les autres.
07:36 Voilà, aller vers les autres.
07:38 C'est sa force.
07:39 Oui, aller vers les autres, qui dit vers les autres,
07:42 vers aussi la nouvelle génération.
07:44 Il était très porté sur le fait de passer le flambeau
07:49 à la nouvelle génération.
07:51 Il n'avait aucun problème qui est, on va dire,
07:54 une relève de la chanson "Kabil".
07:57 Edir a toujours été progressiste et dans sa musique.
08:01 C'est parmi les premiers qui a propulsé la musique algérienne.
08:05 Il a modernisé.
08:06 Là, vous allez avoir une idée qu'il était toujours progressiste.
08:12 Même avec son absence, il était en France et un peu partout.
08:18 Il était toujours à l'écoute de ce qui se passait en Algérie,
08:22 que ce soit dans la nouvelle scène musicale algérienne.
08:25 Il a toujours partagé ça.
08:27 D'ailleurs, même quand il a dit "Flem, Flem, Flem",
08:30 j'étais toujours étonné.
08:32 Comment ? Comment ?
08:34 Voilà, j'écoute toujours ce qui se passe dans mon pays,
08:37 la nouvelle génération surtout.
08:39 Rien qu'à écouter ou de voir le projet "La France des couleurs" par exemple.
08:44 Il y avait pas mal d'artistes de nouvelle génération,
08:48 que ce soit Azao par exemple ou Kenza Farah.
08:51 Il y en avait pas mal.
08:53 Et "Noukan Mazalouf", "Felhiatla Ya Rahmo", autrement, c'est sûr.
08:57 Je suis pertinemment sûr qu'il allait faire quelque chose
09:00 avec la nouvelle génération ici en Algérie.
09:03 Que ce soit "Kabil" ou "Arabophone",
09:05 pour lui, il n'y avait pas de limite pour ça.
09:08 - Et Nader, vous l'avez donc, je le disais, vous l'avez connu
09:12 et vous avez travaillé longtemps avec ce grand monsieur,
09:15 Idir Arbi Rahmo Youssef.
09:17 Il ne pouvait pas dissocier son algériennité de son nazarité.
09:22 Il ne pouvait pas passer dans des plateaux de chaînes étrangères.
09:26 Il refusait l'idée quand on lui disait "chanteur kabil" tout court.
09:29 Il disait "chanteur algérien de la grande kabilé".
09:34 Et justement, il était contre l'idée de dissocier l'Algérie de la kabilipadan et vice-versa.
09:40 - Personnellement, il me disait toujours,
09:43 quand on organisait des conférences de presse ou des pointes de presse
09:47 pour les différents organes ou journaux radiophoniques,
09:52 pardon, des journaux, il avait toujours cette phrase
09:57 qui était toujours au bout de sa langue,
09:59 c'était "il n'y a pas d'Algérie sans l'Algérie,
10:02 il n'y a pas d'Algérie sans un Algérie-dix".
10:04 Voilà, il a toujours été comme ça.
10:06 C'est un artiste d'envergure, que ce soit dans sa pensée ou dans son identité,
10:12 pour lui l'Algérie c'est un Algérie et l'Algérie-dix c'est l'Algérie aussi.
10:16 Il avait toujours ça.
10:18 - Merci Nader Gendouli, je rappelle que vous êtes producteur et manager
10:22 des différents événements du Regret d'Essir en Algérie.
10:25 Pour ce témoignage vibrant, merci à vous Nader Gendouli.
10:30 - Merci beaucoup, bonjour pour cette journée de la liberté de la presse.
10:35 - Merci à vous.
10:37 On va revenir donc, je rappelle notre invité, M. Mohamed Bouddardine,
10:41 ex-directeur de la chaîne de la Radio Nationale
10:44 et actuellement assistant auprès du directeur général
10:47 chargé de la communication et des relations extérieures.
10:49 Si vous le permettez, Monsieur, on va suivre un petit extrait
10:51 de son dernier concert ici à Alger, c'était à la Coupole,
10:54 Mohamed Bouddard, méga concert, j'imagine que vous l'avez vu
10:57 à travers les écrans de la télévision algérienne.
10:59 - Oui, c'est ça, le 4 et le 5 janvier 2018.
11:02 - Excellent, vous avez donc retenu ces deux dates,
11:05 le 4 et le 5 janvier, on avait célébré Yineir à la manière
11:09 d'Eder Berahmo, on suit cet extrait, on revient juste après.
11:13 ...
11:22 - Allez, tous seuls !
11:24 ...
11:53 ...
12:00 - Voilà, c'était justement en 1973, entre autres dates
12:03 qui ont marqué la carrière, la grande carrière de Eder Berahmo.
12:07 Merci à vous de nous joindre sur Canal Algérie,
12:10 nous sommes là pour rendre un dernier hommage à Eder Hamid Chariyat,
12:14 je rappelle qu'il nous a quittés hier dans l'après-midi
12:17 à l'âge de 70 ans.
12:19 M. Mohamed Bedreddin, l'apport de la radio nationale
12:24 dans l'épanouissement de la chanson kabyle d'une manière générale,
12:28 on savait que la radio nationale à l'époque, dans les années 70-73,
12:32 était le foyer, ou plutôt la plaque tournante
12:35 des différents articles, notamment ceux qui excellaient
12:38 dans la chanson ou qui démarraient dans la chanson kabyle.
12:41 - Merci beaucoup pour l'invitation, tout d'abord,
12:44 à la radio nationale, surtout en ce mois sacré de Ramadan,
12:48 où il y a aussi le dialogue, ainsi que tous les fans
12:53 et tous les artistes de la chanson kabyle algérienne.
12:58 Il faut rappeler peut-être un événement phare
13:02 dans sa carrière artistique, c'était en 1973,
13:06 lors de son passage dans une émission de la chaîne 2
13:10 d'expression Amazigh.
13:12 - La radio de Srebrenica.
13:14 - Vous l'aviez si bien dit, la chaîne 2,
13:18 durant près d'un demi-siècle, était le seul terrain
13:22 de l'exercice de la communication en Temezirte.
13:26 Donc tout ce qui concerne la langue, tout ce qui concerne la culture,
13:31 avec ses facettes artistiques, patrimoine, poésie, création,
13:36 donc ça se faisait à la chaîne 2,
13:40 et c'était le seul terrain d'expression.
13:44 Évidemment, Hamid Shriyat, connu sous le nom d'Idir,
13:49 a été invité par un ancien producteur de la chaîne 2,
13:54 en l'occurrence M. Abdelmajid Bally, en 1973,
13:58 dans une émission de divertissement,
14:01 une émission qui s'appelait "Les cinq épreuves".
14:05 C'est à peu près le format de l'émission d'Abdelkader Talbi,
14:10 "Les cinq épreuves", qui a été réalisée des années après.
14:15 Donc durant cette émission, il a présenté, il a chanté la chanson "Ave Veïnova",
14:20 mais le texte, la musique, tellement c'est merveilleux,
14:25 il a impressionné tout le monde.
14:28 Et c'est là où sa carrière artistique a...
14:34 - A démarré. - A démarré.
14:36 - Officiellement, oui.
14:37 - Bon, la radio, il l'a invitée à maintes reprises.
14:40 La radio algérienne, à travers la chaîne 2,
14:43 et aussi par la suite les autres chaînes, donc elle l'a toujours accompagnée.
14:47 Il a contribué, bien sûr, à l'enrichissement du répertoire de la radio.
14:52 Donc toutes ses chansons sont disponibles à la radio.
14:57 - Vous précisez qu'à l'époque, M. Mohamed Abdelkader,
14:59 il n'y avait pas de studio d'enregistrement privé comme il l'est actuellement.
15:03 Il y avait le studio de la radio nationale, les studios de la radio nationale,
15:06 dans lesquels enregistraient tous les artistes algériens,
15:09 leurs chansons, bien évidemment.
15:10 - Tout à fait, même si l'enregistrement se fait à l'extérieur,
15:13 mais la diffusion ne peut se faire qu'à la radio,
15:15 parce que c'était le seul... - Émetteur.
15:18 - Émetteur, le seul terrain d'expression de la chanson cabile à l'époque,
15:22 c'était la radio chaîne 2.
15:24 Donc un chanteur, s'il veut se faire connaître,
15:27 il a une seule adresse, c'est la radio, le 21 décembre.
15:31 - Il faut partir, voilà. - Voilà.
15:33 Donc c'est dans ce cadre que la radio a fait connaître...
15:36 - A ouvert les portes à Idir. - Beaucoup, beaucoup de chanteurs,
15:39 notamment d'autres sommités, comme l'Université McGillet,
15:42 qui a été aussi découverte par la radio.
15:46 Et puis il faut rappeler peut-être quelque chose,
15:50 que la chaîne 2, avant même l'indépendance,
15:53 avait une émission qui s'appelait "Chanteurs amateurs".
15:56 C'était une émission où on donnait la chance à tout le monde.
16:01 - Un jeune talent. - Et puis c'est là où on a pu connaître
16:04 beaucoup, beaucoup de talents, tels que l'Université McGillet,
16:09 tels que Idir, tels que d'autres personnes.
16:13 - Le regretté Idir, il avait un timbre de voix très particulier.
16:16 Il avait une douceur et aussi, en parallèle,
16:19 il y avait ce contraste de la douceur du timbre de voix,
16:22 mais aussi ce côté très grave du texte.
16:26 Je le disais en début de cette soirée, hommage au regretté Idir,
16:30 que la famille Kabyle, à l'image de la famille algérienne,
16:34 d'une manière générale, très attachée à la famille, à la terre.
16:38 Et à chaque fois, la famille était là, présente dans les textes d'Idir.
16:43 Et d'ailleurs, dans son dernier concert,
16:47 qu'on a suivi à travers les différents télés de la télévision algérienne,
16:53 celui de la coupole, Mohamed Boudiyev,
16:55 il y avait la présence très importante de sa fille,
16:58 qui avait chanté aux côtés de son papa.
17:01 D'ailleurs, nos sincères condoléances à la famille Chaliat.
17:04 Alors, je pense que la famille était sans leitmotiv, j'ai envie de dire.
17:09 - Oui, Idir est très attaché aux us et aux coutumes de sa région natale,
17:14 donc la Kabyle. Il est né dans un environnement
17:18 où il y avait la force du verbe,
17:21 donc en ce qui concerne la poésie, en ce qui concerne le poids de la langue orale.
17:28 Donc, il est né dans cet environnement,
17:32 et il partageait quand même les histoires et les contes populaires
17:38 qui se racontaient chaque soir au village.
17:41 Donc, c'est là où il a quand même pris naissance de l'art
17:46 et de la création et du verbe.
17:50 Bon, mais s'il y a lieu de faire un témoignage aussi sur Idir,
17:57 moi, je ne suis pas musicien, je ne suis pas un artiste, je suis journaliste,
18:00 mais je suis aussi un auditeur qui apprécie et qui distingue les œuvres.
18:07 Moi, je pense que Idir, c'est un historien et c'est un ambassadeur exceptionnel.
18:14 - C'est le cas de l'Idir, un ambassadeur exceptionnel, oui.
18:17 - Je m'explique. Donc, en tant qu'historien, il nous a permis d'immortaliser
18:22 beaucoup de rituels, beaucoup de folklore, de patrimoine,
18:27 de traditions qui ne sont pas actuellement vécues.
18:34 - Justement, on le disait et vous venez de le dire,
18:37 qu'il était un ambassadeur exceptionnel, que ce soit en Algérie et à l'étranger.
18:42 Il avait, on va dire, cette mission de transmettre la diversité culturelle algérienne
18:48 avec ses différentes facettes.
18:50 Et M. Mohamed Badreddin, justement, il était là pour, on va dire,
18:55 en quelque sorte, ancrer la culture kabil-emezir dans l'histoire algérienne
19:01 et même maghrébine, parce qu'on partage aussi cette histoire commune.
19:07 - Oui, non seulement il a ancré cette culture localement,
19:11 il l'a fait connaître aux citoyens de 2020, par exemple, et 2018, etc.,
19:18 des années d'après, parce que ces coutumes ne sont plus praticables
19:21 et ne sont plus remarquables et constatables actuellement en Kabylieu ou ailleurs.
19:25 - Très bien.
19:26 - Vous connaissez les mutations subies par notre société.
19:29 Donc, "laweid kem el tbidlou", ce n'est plus le même mode de vie d'il y a 50 ans.
19:37 Non seulement il a ancré ces traditions et ce patrimoine,
19:41 mais aussi il l'a fait connaître à l'auditoire international.
19:47 Et c'est là qu'il a contribué à la promotion de Temezirt et de la culture emezir
19:53 et de la langue emezir au-delà des frontières.
19:55 - Exactement. Et il a influencé plus d'un.
19:58 Je parle de la nouvelle vague à l'époque des artistes algériens,
20:02 à l'image de Ahmed Tarjout, alias Ahmedo, qui est avec nous en direct par téléphone.
20:07 Ahmedo, bonsoir et merci d'être là parmi nous et aussi de faire partie de ceux et celles
20:13 qui témoignent pour "Ider Arbi Rahmo".
20:17 - "Arbi Rahmo", "Ider", oui, vraiment, c'est une grande perte pour l'Algérie,
20:23 pour la chanson algérienne en général, pour la chanson kabylie.
20:27 "Ider", il ne faut pas oublier qu'il a bercé notre enfance par ses belles mélodies.
20:35 Il a travaillé avec un grand poète, Benoît Ahmed,
20:40 et ses tubes sont restés éternellement jusqu'à présent, on ne s'en lasse jamais.
20:47 "Ider", c'était quelqu'un de humble, c'était quelqu'un de très, très simple,
20:51 très, très facile à approcher.
20:53 Moi, je l'ai vu la première fois, c'était à Masalhar Shah, le jour où il est venu
20:57 donner un mini concert.
20:59 J'étais présent, j'étais tout jeune.
21:03 Et puis voilà que...
21:06 - Je vous sens très affecté par la disparition de "Ider".
21:09 Justement, on le savait, fatigué, il y a quelques mois, des rumeurs ont circulé
21:13 sur les réseaux sociaux.
21:15 Et hier, même hier très tard dans la soirée, l'information avait circulé
21:20 et tout le monde espérait que c'était encore une fois une nouvelle rumeur,
21:23 mais malheureusement, l'information est tombée comme la foudre
21:27 sur les différents "Ider" fans et toute l'Algérie d'une manière générale.
21:31 - Moi, j'ai eu l'information à travers un ami à moi,
21:36 Hamid Ouassel, qui est très proche de lui.
21:39 D'ailleurs, on avait programmé d'aller lui rendre visite la semaine qui vient.
21:48 Et finalement, moi, c'était Pchoumik Thoup, voilà.
21:51 - Robert Jumon.
21:52 - Qui est le reposanté.
21:53 Voilà, moi, ça me fait beaucoup, beaucoup de peine.
21:56 "Ider", quand même, c'est quelqu'un de bien.
22:03 Une fois, il m'a invité à faire la première partie de son concert,
22:08 ça m'a marqué à vie.
22:10 - C'était quelque chose.
22:11 - Oui, bien sûr.
22:12 C'était en France, je crois qu'il y a 25 ans de cela.
22:16 Et donc, j'ai fait la première partie de son concert.
22:19 C'était quelqu'un de très simple.
22:20 D'ailleurs, excellent musicien, quelqu'un qui me bricolait les bras.
22:26 - Effectivement.
22:27 - Et puis, qui aimait les jeunes, qui aimait encourager les jeunes.
22:30 Voilà, j'étais jeune, il m'a encouragé.
22:31 J'ai repris une de ses chansons, il était ravi.
22:34 Voilà.
22:35 - Hamid Ou, qu'est-ce qui le représentait pour vous, l'hôrgare "Ider" ?
22:39 Le "Rabbi Rahman Youssef Ali".
22:42 - L'idée d'abord, c'était quelqu'un qui a modernisé la chanson de Gabil.
22:48 Il lui a apporté un ouvre-souffle, un souffle international.
22:52 Parce qu'il ne faut pas oublier qu'il a fait le tour du monde.
22:56 Je crois que les années 70, il a commencé à faire ses tours.
23:01 Il est allé partout.
23:03 Moi, j'étais en contact avec ses musiciens qui me racontaient,
23:07 qui l'accompagnaient partout, etc.
23:09 Qui me montraient des photos, machin et tout.
23:12 Et la première fois, c'était à l'île où Mohamed Ali m'a emmené chez lui,
23:16 à Diar Saada, à la maison de sa maman, la "Irhama".
23:20 La "Irhama", c'était là-bas où j'ai vraiment connu "Ider".
23:24 J'ai sympathisé avec lui.
23:26 - Est-ce qu'il était conscient de son statut de star algérienne et même arabe ?
23:33 Sa modestie et aussi sa simplicité disaient tout le contraire.
23:37 On avait l'impression qu'il n'était pas conscient qu'il était star.
23:41 - Pas du tout. C'était quelqu'un de très modeste.
23:45 Je vous ai dit, c'est très facile à...
23:49 Les derniers temps, il ne répondait plus au téléphone.
23:53 - Il était très fatigué.
23:57 - Même quand il était en banque santé, il ne répondait plus au téléphone.
24:01 Il était tellement demandé.
24:03 - C'est quelqu'un, quand on rencontre, il est toujours souriant, calme.
24:09 Il a un calme à lui.
24:11 - Légendeur.
24:13 - C'est quelqu'un de très humble.
24:16 Il a côtoyé les grands de la chanson, tels qu'Asnavour, Francis Cabrel.
24:22 Ce n'est pas n'importe qui, franchement.
24:26 - Il était conscient que la musique n'avait pas de frontières.
24:29 - Absolument.
24:33 - Merci à vous, je vous rappelle que vous étiez en direct.
24:37 - Merci pour ce témoignage.
24:41 - L'un des titres les plus célèbres de Hidir, c'était un titre festif.
24:47 Autant il chantait ces textes assez mélancoliques,
24:51 à l'image de "Ave Veïnova" ou "Essendu",
24:55 une chanson à travers laquelle il parlait de sa maman,
25:01 de ses rituels kabiles, ses eshouirs,
25:06 qu'elle interprétait pendant ses simples travaux de la maison.
25:13 Il y a aussi ce titre festif, "Zvytaryt".
25:16 - Il a immortalisé toutes les scènes de folklore et de patrimoine de la région.
25:23 - On va suivre un petit extrait de "Zvytaryt".
25:27 On revient juste après.
25:29 ...
25:32 Il était là à ancrer cette diversité culturelle,
25:37 eméziérée, kabile, et c'est entre autres facette de la culture algérienne.
25:43 Merci à vous de nous joindre,
25:47 plutôt à nous, autant pour moi,
25:50 que pour les messages que Canal Algérie consacre
25:54 aux monstres sacrés disparus,
25:56 des chansons algériennes et kabiles, en particulier, Idir.
26:01 Ils sont vraiment chériettes, Hamid disparu,
26:04 hier dans l'après-midi à l'âge de 70 ans.
26:08 M. Boua'lem Ben Farhat, cousin maternel d'Idir.
26:18 M. Boua'lem Ben Farhat, bonsoir et bienvenue à vous.
26:21 - Oui, bonjour.
26:23 - D'abord, toutes nos sincères condoléances.
26:26 - Merci, je vous en prie.
26:29 - On sait que, d'une manière générale,
26:32 ce n'est pas une règle générale,
26:35 mais généralement, on est très proche des cousins maternels.
26:38 Il était comment déjà, le cousin,
26:41 avant de parler d'Idir, l'artiste,
26:44 comment était-il, le cousin ?
26:47 - C'était quelqu'un comme tout le monde.
26:50 Il a toujours été très gentil, très doux.
26:54 Il a fait son école primaire en Kabili, à Beni-Henni.
27:01 Et puis, par la suite, il est venu faire son lycée ici, à Alger.
27:07 Il a fait le lycée Émirat de l'Cavernes.
27:10 Mais, à la maison, il y avait son frère aîné,
27:15 Cheikh Abdelmahir Hamoud, son frère un peu plus âgé que lui,
27:20 parce que lui, c'est le plus jeune des trois.
27:22 Ils étaient trois frères.
27:24 Et ils ont tous, tous les trois, ils ont gratté un peu du bonjo.
27:30 Voilà, donc il y avait Cheikh Abdelmahir Hamoud...
27:33 - C'était donc son premier instrument de musique, le bonjo.
27:36 - Oui, oui, oui, là, ils ont tous appris la musique avec le bonjo.
27:41 Je me suis même, un petit peu,
27:44 j'ai essayé, mais moi, je ne suis pas du tout pour,
27:48 je ne suis pas du tout musicien.
27:50 J'ai abandonné, mais j'ai appris quand même
27:53 quelques petites bricoles sur ce bonjo.
27:57 Et lui, il a continué à faire du bonjo pendant très longtemps.
28:01 Mais il n'a jamais été question qu'il fasse de la musique,
28:08 parce que dans notre tradition,
28:14 ce n'est pas toujours bien vu de faire de la musique.
28:17 - Justement, votre réponse est venue précéder ma question.
28:21 J'allais vous poser cette question.
28:23 Est-ce qu'étant jeune, il rêvait de devenir chanteur ?
28:26 Et je pense que vous venez de répondre, c'était mal vu pour lui.
28:29 - Non, non, c'était mal vu.
28:31 De toute façon, il aimait la musique,
28:34 mais on n'a jamais, jamais parlé une seule fois qu'il rêvait,
28:40 même s'il le rêvait intérieurement.
28:43 Il ne me l'a jamais dit.
28:45 Et pourtant, on est à peu près du même âge.
28:52 Et il n'a jamais, jamais parlé de ça.
28:56 Mais il aimait la musique.
28:58 Il adorait Schleffer Dam.
29:01 Il allait à la chorale avec Schreffer Dam,
29:06 mais il n'a jamais parlé de ça.
29:08 Peut-être que c'est quelque chose qu'il rêvait, au fond de lui-même,
29:12 mais il ne voulait jamais devenir comme ça, officiellement chanteur.
29:18 Et la preuve, son premier disque, "La Réveille nous va",
29:22 quand il est sorti, personne ne le savait.
29:25 Je me rappelle, c'était à l'occasion, par exemple, du mariage d'une de mes nièces.
29:30 Il était là-bas, évidemment.
29:32 Et beaucoup de gens me disaient, "Présente-nui, digue, présente-nui, digue."
29:36 Je dis, "Moi, je ne connais pas, je ne savais pas qu'il était quelqu'un qui chantait."
29:40 Et ça, on ne le savait pas.
29:42 Personne ne savait, dont la famille, qu'il chantait.
29:44 Et je pense que, je pense peut-être, je me trompe,
29:48 si son père était vivant, je crois qu'il n'aurait pas chanté,
29:52 parce qu'il avait énormément de respect pour son père,
29:55 et pour toute la famille, d'ailleurs, il était très, très respectueux.
29:59 Et M. Boelem, on disait d'idées,
30:04 personne ne passait avant la famille et avant l'Algérie.
30:08 Je me rappelle, l'un de ses passages, c'était là, vers la fin des années 90,
30:13 sur un des plateaux d'une chaîne étrangère.
30:16 On l'a présenté autant que chanteur kabil tout court.
30:20 Et il n'a pas hésité, donc, à rectifier.
30:22 Il avait dit, juste, je rectifie une des informations,
30:27 je suis d'abord chanteur algérien, originaire de la grande Kabylie.
30:31 Il était là, il empêchait toute personne qui tentait une confusion
30:38 entre l'Algérie, la Kabylie, d'une manière générale.
30:42 Non, non, non, là, il n'avait absolument, lui, c'était un Algérien,
30:47 il parlait très bien le kabil, c'est pour cela qu'il chantait le kabil,
30:51 parce qu'il parlait très mal l'arabe.
30:54 Moi, je peux dire que je parle assez bien l'arabe dialectal,
30:58 parce que j'ai grandi à l'ouest du pays.
31:01 Je n'ai pas grandi à Algérie ou en Kabylie, comme lui.
31:03 Lui, il a grandi en Kabylie, mais on a toujours gardé les contacts.
31:07 Et il est venu, je l'ai amené, on a été à l'ouest, il connaît l'ouest,
31:12 il connaît la région de Tiaret, on a été à Bélabès, on a été à Oran,
31:15 et il adore son pays, mais jamais, au grand jamais, il était…
31:20 il se sentait Algérien, il était Kabylie, il était Algérien.
31:24 La Kabylie fait partie de l'Algérie, il n'y a pas de doute,
31:28 mais il n'a jamais fait de différence.
31:30 Il ne pouvait pas chanter en arabe, parce qu'il ne parlait pas l'arabe,
31:34 il le parlait très mal.
31:36 – Merci beaucoup, monsieur Boualem Benferhat,
31:39 je rappelle que vous êtes le cousin maternel du regretté,
31:41 Edir, de son vrai nom, Hamid Chayat.
31:44 – Hamid Chayat, Hamid Aslarvi, en Kabylie, c'est Aslarvi, on les appelle.
31:49 – Très bien, très bien, encore une fois, une nouvelle fois,
31:52 toutes nos sincères condoléances et merci, merci à vous.
31:55 – Je vous remercie infiniment, à toi, Sahib.
31:57 – Merci.
31:58 Retour à vous, monsieur Mohamed Bedardine, notre invité,
32:01 une dernière question, qu'est-ce qu'on peut dire de ce grand monument,
32:05 l'un des monuments de la chanson algérienne et kabylie en particulier ?
32:09 – Oui, vous le dites si bien, c'est un monument de la chanson algérienne et kabylie.
32:15 Pour ce qui est de la musique, il faut dire qu'il a révolutionné la chanson en Asie
32:22 en intégrant la musique moderne et beaucoup de mélodies,
32:28 ce qui a donné un nouveau souffle et une nouvelle vie à la chanson en kabylie algérienne.
32:34 Bien sûr, après son départ en France, il a découvert un autre monde,
32:39 donc d'autres conditions, et là, c'est le rapprochement,
32:43 c'est le métissage, c'est les échanges, etc.
32:46 et les rencontres avec des sommités, que ce soit algériennes ou françaises ou d'autres.
32:52 Il faut rappeler qu'il a chanté des duos avec Sheb Mami,
32:57 avec des chanteurs algériens, des chanteurs français,
33:00 le dernier, je pense, c'est Maxime Le Forestier,
33:03 et il a même fait interpréter quelques extraits de ses chansons par des chanteurs français.
33:09 - Et il avait une voix, rappelons-le, que c'est une chanson qui a été traduite en...
33:13 - Traduite en dizaines de langues, de langues à travers le monde.
33:17 Donc ça, c'est un aspect.
33:20 L'aspect culturel, c'est de pouvoir immortaliser ce patrimoine populaire de chez nous.
33:29 Et l'autre réalisation aussi, c'est d'être un ambassadeur d'exception,
33:36 un ambassadeur qui a pu donner une image merveilleuse de l'Algérie,
33:43 de la chanson, de la culture, avec toute sa diversité.
33:47 Allah y'a rahmou y'a salam.
33:50 - Merci à vous, encore une fois, d'avoir accepté notre invitation, M. Mohamed Abdelradin.
33:54 Je vous rappelle que vous êtes l'ex-directeur de Radio Tisnet, la radio 2,
33:57 qui était, on va dire, le premier foyer qui avait ouvert,
34:01 qui avait fait découvert au grand public le grand artiste Idir, Arbi Rahmou,
34:06 disparu hier dans l'après-midi à l'âge de 70 ans dans l'un des hôpitaux parisiens en France.
34:11 Un grand monument de la chanson algérienne qui disparaît.
34:17 Laissons derrière lui de grandes œuvres et aussi une grande empreinte.
34:22 - Je voudrais dire un mot, si c'est possible.
34:24 - Alhamdoulilah, il a eu son dernier gala en Algérie en 2018, après 40 ans d'absence.
34:33 Les Algériens, les fans étaient vraiment frustrés, étaient vraiment assoiffés de le voir sur scène.
34:43 - Justement.
34:44 - Alhamdoulilah, les autorités de l'époque, avec la contribution de différentes institutions,
34:49 donc ça a été organisé, bien sûr, l'Onda à leur tête.
34:52 Ça a été une réussite sur tous les plans.
34:57 - D'ailleurs, M. Mohamed Boudardin, nous invitons nos chers téléspectateurs et téléspectatrices
35:02 à suivre ce concert qui sera rediffusé à 1h du matin sur Canal Algérie.
35:09 Mais avant, je vous invite à suivre cette rediffusion de cette émission d'entretien
35:15 qui a été filée en aparté, réalisée par Afaf Belhouchet, notre journaliste,
35:22 et correspondant depuis Paris.
35:24 C'était en aparté, diffusé le 8 juillet 2007.
35:28 Encore une fois, nous réitérons nos sincères condoléances à la famille du "Rogrette Idere"
35:33 et aussi à la grande famille, ses fans, son public, aux Algériens et Algériennes.
35:37 Adieu l'artiste.
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