Michel Sardou le jeu de la vérité coup de gueule

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00:00 Bonjour Michel, bonjour Patrick.
00:02 Bonsoir madame.
00:03 Bonsoir.
00:04 Bien que j'ai beaucoup d'admiration pour vous, je veux vous dire ceci Michel.
00:08 Votre comportement vis-à-vis de votre public, votre indifférence vis-à-vis de vos fans, et ceci les plus fidèles, et Dieu sait s'il en a, nous avons profondément déçu.
00:21 Bon, voulez-vous un exemple ?
00:24 Non, non, je vous en prie, je vous écoute, allez-y.
00:26 J'ai eu l'occasion de vous voir il y a longtemps, je crois que c'était à votre dernier Olympia, je crois que c'était en 76.
00:31 Oui, c'est longtemps.
00:33 À l'époque, je me souviens, vous donniez gentiment des autographes, vous serriez gentiment une poignée de masse aux admirateurs, vous étiez, disons, accessible.
00:43 Maintenant c'est le barrage complet, hein, c'est-à-dire que M. Sardou n'est plus accessible. M. Sardou a pris la grosse tête.
00:50 Est-ce que vous voulez dire que Michel Sardou méprise son public ?
00:53 Je crois, oui.
00:54 Non mais attendez, madame, qu'est-ce que vous attendez d'un artiste exactement ?
00:57 C'est ça qu'il faut savoir.
00:59 Et c'est vrai, vous avez un peu raison, et ça c'est vrai.
01:01 C'est vrai que depuis 76 des années ont passé, le système a changé, je ne peux pas être disponible auprès de tout le monde, vous n'êtes pas seul à vouloir venir dans les coulisses,
01:09 vous n'êtes pas seul à vouloir faire signer une photo ou à vouloir rentrer pour voir comment ça se passe derrière la machinerie.
01:16 Bon, ce qu'il y a, c'est que maintenant, effectivement, le système des gardes du corps que nous avons dans les galas est peut-être un peu excessif.
01:23 Ça, je le reconnais volontiers.
01:24 Mais d'un autre côté, moi j'arrive dans une ville, dans un gala, dans un théâtre, je viens faire une profession, je viens faire mon boulot, je viens essayer de m'accrocher,
01:32 je suis inquiet de mon spectacle, j'ai des problèmes.
01:35 Bon, c'est pas facile d'arriver deux heures, de chanter, et puis une fois qu'on a chanté, si ça s'est pas forcément bien passé, on a des problèmes entre nous, on a des choses à régler.
01:44 Je ne suis pas, si vous voulez, effectivement disponible pour aller signer des photos à droite à gauche, c'est une chose que je n'aime pas trop faire.
01:50 Ça rejoint ce que je vous disais tout à l'heure, ma timidité.
01:53 Et je vais vous dire pourquoi.
01:54 Moi, c'est pas moi que j'exploite sur scène, c'est pas moi qu'on aime sur scène.
01:58 C'est ce que je chante, c'est ce que je joue.
02:00 Je suis un menteur, je suis un acteur, je suis un chanteur, acteur, menteur, mélangé, tout ça.
02:05 Mais ne me demandez pas, une fois que le spectacle est terminé, ne me demandez pas, une fois que ma peur m'a un petit peu tordu le ventre avant de rentrer,
02:12 m'a tordu le ventre après, si c'est un échec, si c'est un succès,
02:15 ne me demandez pas en plus de continuer le spectacle jusqu'à 2h du matin, pour vous dire quoi ?
02:21 Pour vous signer une photo ? Je voulais signer votre photo en 76.
02:24 Vous revenez un jour, comme ça, on va se croiser, ça va être sympa, vous allez dire c'est un type formidable.
02:29 Pourquoi ? Parce que vous m'aurez rencontré détendu à Mégev, par exemple, ou en vacances, et tout simplement, on va s'échanger trois mots.
02:35 Puis la même personne va me rencontrer une heure après, où j'aurai un ennui, où je serai peut-être pas disponible,
02:40 où j'aurai pas envie d'être souriant, par exemple, parce que j'ai des emmerdes comme vous, comme tout le monde.
02:46 Si tu veux être souriant, tu me demandes comment il faut faire.
02:48 Oui, par exemple. Et à ce moment-là, la même personne va dire, ah bah celui-là c'est une tête de con, il est prétentieux, il méprise son public.
02:53 Je vous jure, madame, et ça je vous dis la vérité, si je fais ce métier-là, c'est pour me montrer au public, c'est parce que je vis du public.
02:59 Parce que n'oubliez pas que c'est un métier qui fait peur, ce qu'on fait.
03:02 Et là, je plaisante pas, c'est un métier où on a la trouille, on a la trouille tout le temps.
03:05 Parce qu'on peut tomber du jour au lendemain, il n'existe pas de place, de vodétariat suffisamment solide pour ne pas disparaître.
03:11 Un jour, j'ai eu dans ma famille des exemples comme ça, de célébrités qui ont disparu.
03:16 J'ai des copains aussi qui ont disparu. Vous comprenez ?
03:19 Et là, à ce moment-là, on pourrait dire que le public est aussi indifférent et quelquefois cruel avec ces gens-là.
03:23 On ne l'a jamais dit.

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