• l’année dernière
Pendant plusieurs semaines, nous avons exploré les coulisses de l'industrie alimentaire. Une industrie confrontée à une perte de confiance de la part du consommateur. Alors nous avons voulu répondre à toutes les questions que vous vous posez : comment les plats cuisinés sont-ils confectionnés ? Les ingrédients sont-ils vraiment ceux que l'on nous annonce ? Peut-on encore croire les étiquettes et les industriels ? Des distributeurs aux fabricants en passant par les éleveurs et les mystérieux « traders en viande », nous avons remonté toute la filière. Et nous avons réalisé nos propres tests pour savoir ce qu'il y a vraiment dans les produits que vous achetez. Pour la viande comme pour le poisson, les résultats sont édifiants…

Réalisateurs : Laurent Lesage/Emmanuel Creutzer

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Transcription
00:00 A l'heure du dîner, sortir un plat tout près du congélateur
00:04 est un geste d'une incroyable banalité.
00:08 Aujourd'hui, la moitié de nos repas est composée de nourriture industrielle.
00:13 Pourtant, depuis quelque temps, cette nourriture est l'objet de tous les doutes.
00:19 - C'est bref, ceux en Belgique, la crise de la vache folle laisse planer le doute.
00:25 Animaux malades, aliments contaminés. - Les 6 enfants sont toujours hospitalisés.
00:31 Tous ont consommé des steaks hachés surgelés.
00:33 Et plus récemment, tromperies sur la viande de nos plats cuisinés.
00:37 - La viande de cheval utilisée en lieu et place de la viande de bœuf.
00:41 Conséquence, les consommateurs se méfient de plus en plus
00:46 de cette nourriture fabriquée par les industriels.
00:48 - On a quand même l'impression d'avoir été trompés
00:52 par rapport à ce qu'il y a écrit sur les étiquettes,
00:55 par rapport aux ingrédients.
00:56 On se dit que voilà, il faut peut-être être un peu plus méfiant.
01:01 Face à cette défiance, nous allons vous révéler ce que nous mangeons
01:05 réellement quand nous achetons de la nourriture industrielle.
01:08 Et comment il est possible de fabriquer des produits toujours plus économiques.
01:13 Comme par exemple ce hachis parmentier vendu un peu plus d'un euro 50.
01:20 Nous avons remonté les filières des producteurs jusqu'à l'assiette du consommateur.
01:24 Nous sommes allés à la rencontre de ces industriels
01:29 à qui la grande distribution demande sans cesse de produire toujours moins cher.
01:34 Savez-vous qu'une partie de la viande que vous mangez vient d'Allemagne
01:49 et que là-bas, pour produire moins cher, on emploie des travailleurs étrangers très mal payés.
01:54 - Je découpe 10 000 porcs par jour.
01:57 Je suis cassé de partout.
01:58 Savez-vous que pour se fournir au meilleur prix,
02:01 les industriels ont mis en place des circuits d'approvisionnement très complexes,
02:05 faisant appel à de multiples intermédiaires.
02:08 Nous avons réussi à retrouver l'un d'eux.
02:10 Et vous découvrirez ainsi comment la viande passe de main en main.
02:14 - On se vend souvent de la viande entre traders,
02:17 parce qu'on sait qui a les bons clients pour chaque type de viande.
02:20 Et puis, la viande n'est pas le seul produit concerné.
02:24 Savez-vous qu'on peut également vous vendre un poisson pour un autre ?
02:27 Pour y voir plus clair, nous avons fait tester 28 produits
02:31 couramment distribués dans les supermarchés.
02:33 Et le résultat de ces analyses nous a réservé des surprises de taille.
02:37 - C'est de la viande de bœuf et normalement composée uniquement de viande bovine et de protéines de soja.
02:42 Et nous, ce que l'on retrouve, c'est également du porc en assez grande quantité.
02:46 Quand il veut savoir, le consommateur ne peut compter que sur une chose, l'étiquette.
02:51 C'est elle qui est censée garantir l'origine et la qualité de ce que vous mangez.
02:55 Mais en plongeant dans les coulisses de l'industrie agroalimentaire,
02:59 vous découvrirez que cette étiquette se révèle souvent imprécise, incomplète,
03:05 voire parfois mensongère.
03:14 Au cours de notre enquête, nous avons contacté de très nombreux
03:16 fabricants de plats cuisinés et autres produits alimentaires industriels.
03:20 Ils n'ont pas souhaité nous laisser filmer leur processus de fabrication.
03:24 Auprès des géants de la distribution, nous avons également trouvé porte-close.
03:30 Après l'affaire de la viande de cheval, certaines enseignes s'étaient engagées
03:36 à plus de transparence envers leurs clients.
03:38 Mais pas plus que les autres, celles-là n'ont accepté de nous laisser filmer
03:43 leur chaîne de production.
03:44 Il nous a donc fallu frapper à d'autres portes ailleurs en Europe.
03:51 Pour comprendre comment les industriels réussissent à fabriquer des plats
04:00 cuisinés si peu chers, nous nous sommes rendus en Belgique.
04:03 Un pays où l'on produit selon les mêmes méthodes qu'en France.
04:12 Nous sommes ici chez Véhui, une PME qui emploie une trentaine de salariés.
04:16 A la tête de cette société, Raphaël Vermeeren, un patron à l'ancienne
04:23 qui aime garder un oeil sur sa production.
04:25 Cet industriel, qui n'a pas sa langue dans sa poche, a accepté de nous
04:36 livrer quelques-uns de ses secrets de fabrication.
04:40 - Ça compte le nombre de barres de jambon qu'on a prises.
04:42 - Ouais, mais faut marcher au fur et à mesure pour pas oublier.
04:45 Outre sa spécialité, les endives au jambon, M. Vermeeren produit
04:50 ici toutes sortes de plats à base de viande.
04:52 Par exemple, ce rôti de porc haché accompagné de légumes.
04:56 Ou encore ces boulettes à la bière typiquement belges.
05:01 En tout, une soixantaine de recettes vendues en supermarché
05:05 sous sa propre marque et celle d'une grande enseigne de distribution.
05:10 - Je vais être impoli, mais il y a d'abord la marque Chef Raphaël.
05:15 Étant donné que je m'appelle Raphaël, voilà, c'est pas difficile.
05:19 Ensuite, on a une marque, on travaille en MDD pour Cora.
05:23 Donc là, on a 9 plats différents pour eux.
05:26 Ces plats sont vendus entre 3 et 5 euros en supermarché.
05:30 Les distributeurs, eux, les achètent beaucoup moins cher à M. Vermeeren.
05:35 - Chez nous, ça va de 1,90 euros, excusez-moi, jusqu'à 3,50 euros.
05:45 Pour faire vivre sa société, l'industriel doit dégager
05:49 une marge d'environ 20% sur ses produits.
05:51 Alors, lorsqu'il élabore ses recettes, il est bien obligé
05:56 de faire des choix.
05:57 Et d'abord, faire très attention aux quantités.
06:02 - On va vite essayer d'élaborer un plat parce que j'ai un client
06:05 qui veut une carbonade à 3 euros.
06:08 La carbonade, c'est une spécialité belge, une sorte de boeuf bourguignon,
06:14 mijoté non pas au vin, mais dans une sauce à la bière.
06:17 Le client veut sa viande accompagnée de carottes et d'une purée.
06:21 Et surtout, il veut dépenser 3 euros et pas un centime de plus.
06:26 - Donc, on va travailler sur un plat qui va être plus ou moins 350 grammes.
06:32 On va leur mettre 120 grammes de viande.
06:35 Monsieur Vermeeren est capable d'estimer instantanément
06:39 ses coûts de production et le prix de chacun de ses ingrédients.
06:42 Pour préserver sa marge, il sait que ce plat devra lui coûter
06:46 2,40 euros maximum.
06:48 - Oui, ça, ça fait une belle quantité.
06:50 Dans ce plat cuisiné, le boeuf ne va représenter qu'un tiers
06:55 du poids total.
06:56 Mais avec ses 120 grammes, l'industriel a déjà dépensé
06:59 la moitié de son budget.
07:01 Alors derrière, le moindre détail va compter.
07:04 - Montre-moi une fois le plat.
07:09 - Ouais, c'est plus joli comme ça.
07:11 Peut-être mettre un petit peu de persil au-dessus, sur la...
07:15 Sur les carottes ou pas?
07:16 - Ça fait un manutentionnaire en plus.
07:19 - Ouais, on va laisser comme ça.
07:22 Ajouter une simple feuille de persil, cela suffirait à dépasser
07:26 le budget pour ce plat qui lui revient finalement à 2,37 euros.
07:31 Avec sa marge, il va pouvoir le vendre 3 euros.
07:33 Mais que se passe-t-il si son client décide d'acheter
07:37 encore moins cher?
07:38 Dans ce cas là, Monsieur Vermeeren a une solution évidente.
07:42 - Pour diminuer le prix du plat, on peut descendre le poids
07:46 de la viande cuite à 75 grammes au lieu de 120.
07:50 Ce que j'avais calculé au départ.
07:51 Ce qui va faire que vous allez faire une économie d'échelle
07:54 de plus ou moins 40 centimes.
07:56 C'est la 1re technique des industriels pour faire baisser
08:00 le prix de leur plat cuisiné.
08:01 Moins de viande et plus de sauce ou plus de légumes.
08:05 C'est une façon de faire des économies.
08:07 Mais ça n'est pas la seule.
08:09 Il est également possible de sous-traiter certaines étapes
08:13 de la fabrication pour gagner du temps.
08:15 La recette de Monsieur Vermeeren nécessite une viande très tendre.
08:20 Pour l'obtenir, il lui faut du personnel pour la cuire
08:23 pendant des heures.
08:24 Et une fois prête à l'emploi, cette viande lui revient
08:27 à 9 euros du kilo.
08:30 Mais il existe des fournisseurs qui vendent des viandes
08:32 précuites, moins chères.
08:34 L'industriel en a commandé un échantillon pour se faire une idée.
08:38 Le produit qu'il vient de recevoir lui permettrait de diminuer
08:42 son coût de revient de 15%.
08:44 En fait, il va vite comprendre comment le fournisseur
08:47 s'est débrouillé pour produire une viande si économique.
08:50 - Elle est dure, hein ?
08:52 - C'est pas cuit.
08:53 - Non, mais regarde, c'est juste le colorant.
08:55 Ils ont mis du colorant dedans et c'est pas repris sur l'étiquette.
08:58 Du colorant alimentaire qui a manifestement été rajouté
09:02 pour donner l'illusion que la viande était cuite à point,
09:05 alors qu'en réalité, elle ne l'est quasiment pas.
09:08 - Pour gagner quelques cents, on décide de sauter une étape ou deux.
09:12 Mais en fin de compte, le résultat final...
09:15 Et vous prenez ce morceau-ci, voilà, il y a personne qui sait manger ça.
09:19 C'est impossible.
09:20 - Ça, par exemple, c'est ce qu'utilisent les gros industriels,
09:22 ce genre de matières premières ?
09:23 - C'est ce qui est vendu couramment sur le marché.
09:26 Plutôt que d'utiliser ce produit,
09:28 M. Vermeeren préfère continuer à cuire sa viande lui-même.
09:31 Alors, s'il doit diminuer encore la facture de son plat cuisiné,
09:36 c'est sur le prix de la viande crue qu'il va devoir jouer.
09:39 Pour réaliser ses recettes, il a dans son frigo différentes viandes de bœuf,
09:44 plus ou moins coûteuses.
09:45 Et la plus économique pour les industriels, c'est la viande déjà hachée.
09:51 - Ça, ce sont les produits que vous retrouvez dans les lasagnes,
09:55 dans les hamburgers.
09:57 Les taches blanches que l'on aperçoit dans ce sachet,
09:59 c'est du gras mélangé à la viande.
10:01 Cette préparation hachée prête à l'emploi,
10:04 les industriels appellent cela du minerai.
10:07 C'est la matière première la plus fréquemment utilisée
10:10 dans les plats cuisinés au bœuf.
10:11 Mais de quoi est réellement composé ce minerai ?
10:15 Pour comprendre comment l'on obtient cette préparation de viande hachée,
10:23 nous nous sommes rendus en Auvergne.
10:25 Dans cet abattoir.
10:26 Lorsque ces vaches charolaises accomplissent les derniers mètres
10:36 qu'ils émènent à l'abattage, elles pèsent en moyenne 800 kg.
10:39 Une fois désossé, il ne restera environ que 300 kg de viande exploitable.
10:50 Le challenge de Monsieur Marie, le directeur de cet abattoir,
10:55 c'est de gagner sa vie avec ses carcasses.
10:57 Un défi compliqué, car toutes les parties de l'animal ne se valent pas.
11:02 Loin de là.
11:03 - On a globalement les morceaux nobles qui sont sur la partie arrière.
11:09 Donc on a la cuisse et le dos.
11:10 Et puis on a les morceaux de la partie avant,
11:13 qui sont plutôt des muscles à cuisson lente,
11:15 qui sont moins consommés par les Français.
11:17 Les morceaux les plus consommés par les Français
11:20 sont situés sur la partie arrière de l'animal.
11:23 Ils sont rapides à cuisiner sous forme de steak ou de rôti.
11:26 Et ils rapportent davantage.
11:29 - Donc ça, c'est la partie train de côte,
11:34 c'est-à-dire c'est là où on fait les côtes de bœuf,
11:36 quand on laisse l'eau.
11:37 Si on enlève l'eau, ça devient l'entrecôte.
11:39 Voilà.
11:40 Après, on a le faux filet, donc morceau à griller, bien sûr.
11:44 Le filet de bœuf dans son état.
11:47 Tous ces morceaux, Monsieur Marie les vend entre 15 et 25 euros le kilo.
11:53 Mais pour rentabiliser au maximum cette carcasse,
11:55 il doit aussi écouler tous les autres muscles de l'animal moins nobles.
11:59 Ceux de la partie avant, notamment.
12:01 A la tronçonneuse, l'avant de l'animal est séparé de l'arrière.
12:06 Et c'est sous cette forme que ces parties avant vont être vendues
12:11 par Monsieur Marie, environ 3 euros le kilo,
12:14 à des industriels de l'agroalimentaire.
12:16 Cette partie avant des carcasses, la partie la moins noble,
12:23 c'est elle qui va former le fameux minerai,
12:25 la matière première des steaks hachés et des plats préparés.
12:28 Un minerai fabriqué ici, dans une autre entreprise.
12:36 Celle de Jean Meunier.
12:40 Ses ouvriers découpent les avants pour en extraire tous les morceaux consommables.
12:47 Ce mélange de viande, c'est ce qui constitue le fameux minerai.
12:52 - Donc ça, c'est votre minerai ?
12:54 - Oui, absolument.
12:56 Donc c'est ce qui est utilisé pour le steak haché.
12:58 Ce sont des colliers, des jumeaux, des plates-côtes,
13:03 des basse-côtes même, qui vont dans ces viandes-là.
13:05 Tout le contenu de ces bacs va donc être haché.
13:09 Il s'agit de viande française haut de gamme, la charolaise.
13:13 Résultat, le minerai de Jean Meunier coûte entre 5,50 euros et 6 euros le kilo.
13:19 C'est déjà 3 à 4 fois moins cher que les meilleurs morceaux de la vache.
13:23 Mais pour certains industriels qui utilisent du minerai
13:27 pour leurs plats cuisinés à base de viande, c'est trop onéreux.
13:30 Surtout qu'il existe sur le marché du minerai bien moins cher.
13:36 C'est ce que nous avons découvert en nous procurant plusieurs devis
13:43 de minerai proposés aux industriels par leurs fournisseurs de viande.
13:48 Sur ce premier devis, par exemple, 2 minerais différents.
13:52 L'un coûte 4,70 euros le kilo.
13:54 L'autre, à la ligne en dessous, est proposé à 4,40 euros.
13:59 30 centimes de moins.
14:01 Sur ce second devis, le minerai est encore moins cher,
14:06 seulement 3,90 euros du kilo.
14:08 Comment les fournisseurs de viande parviennent-ils à produire
14:13 ces minerais à des prix discounts ?
14:17 La réponse, c'est René Laporte qui va nous la donner.
14:20 C'est un expert consultant dans le commerce et l'industrie de la viande.
14:26 Il nous emmène chez un boucher parisien.
14:30 - Bonjour Serge.
14:32 Serge Caillot.
14:33 - Ça va bien ?
14:34 Grâce à lui, il va nous montrer comment on fabrique les minerais
14:39 les moins chers.
14:40 Pour faire baisser les prix, les industriels jouent sur la qualité
14:44 des ingrédients qu'ils utilisent.
14:46 Par exemple, les 2 extrémités de cette pièce de viande.
14:49 - Ces morceaux-là, bon, vous aurez des problèmes à la cuisson.
14:53 Ils sont peut-être un peu plus durs aussi en bout.
14:55 L'entame n'est pas jolie et ces morceaux vont donc dans le minerai.
15:01 Ces morceaux-là, moins nobles, moins tendres et moins chers,
15:05 on appelle cela les affranchis.
15:07 En les utilisant, les fournisseurs font baisser le prix de leur minerai,
15:11 vendu alors autour de 4 euros le kilo.
15:14 - Ça n'a pas la même valeur, pourquoi ?
15:15 Parce que ce sont des coupes qu'on ne peut pas vendre commercialement,
15:20 comme le coeur du muscle.
15:23 Donc il y a une valeur moindre.
15:25 Et il y a encore moins cher sur le marché de la viande.
15:27 Une catégorie de minerais composée avec des parties
15:32 beaucoup moins appétissantes de l'animal.
15:35 - Alors ça, c'est le dessous de tranche que je vais vous enlever
15:39 en les aponevroses.
15:43 - Qu'est-ce que vous appelez les aponevroses ?
15:45 - Voilà.
15:45 - Ce que vous enlevez, là, c'est de l'aponevrose ?
15:47 - C'est de l'aponevrose.
15:48 - D'accord.
15:49 C'est les nerfs.
15:50 C'est ce que communément on appelle les nerfs,
15:53 qui sont les peaux qui enrobent les muscles.
15:56 - Pourquoi vous retirez le gras et l'aponevrose ?
15:58 - C'est-à-dire, le gras et l'aponevrose,
16:01 si vous faites cuire un steak avec ça,
16:04 à part si vous avez des dents en acier...
16:08 - Il va rester dur.
16:09 - Et vous ne retournez pas chez votre boucher, quoi.
16:12 Chez un boucher comme Serge Caillot, ces aponevroses sont invendables.
16:16 - Je vais vous faire voir comment souvent l'industrielle...
16:19 Parce qu'ils sont...
16:20 Voilà.
16:20 Voilà.
16:21 Mais pour les industriels, elles peuvent servir.
16:24 Voilà comment ils les découpent.
16:25 Sur les nerfs, ils laissent un peu de viande.
16:27 Ce sont des chutes de découpe.
16:30 - Mais vous, vous en faites quoi, de ça ?
16:33 - Non, mais moi, ça, je le fais pas chez moi.
16:35 C'est cela, nerfs, gras et un peu de viande, qui composent certains minerais.
16:42 Une matière première de très mauvaise qualité, mais bien moins coûteuse,
16:46 qui va ensuite être hachée.
16:47 - Ça veut dire que les minerais les moins chers sont faits
16:49 avec des chutes de découpe comme ça, c'est ça ?
16:52 - Les minerais les moins chers, oui, à 2 euros le kilo, même pas, c'est ça.
16:56 Ces minerais à bas coût servent à fabriquer la plupart de nos plats cuisinés à base de viande.
17:02 Auteur d'un livre sur les coulisses de cette industrie,
17:07 René Laporte va nous apprendre à reconnaître le type de viande
17:11 utilisée dans les produits que nous achetons.
17:12 Il y a d'abord celui que l'on vous vend tel quel, sous forme de steaks hachés.
17:18 - Là, qu'est-ce que j'achète quand j'achète ce produit ?
17:21 - Vous achetez donc des steaks hachés, 100% muscles.
17:27 Il y a le logo ici qui l'atteste.
17:31 Sur l'emballage des steaks hachés, quand il y a ce logo V,
17:36 cela signifie que le minerai utilisé est 100% viande, pur muscle.
17:41 Mais sur les plats cuisinés, pas le moindre logo V.
17:45 Dans ce cas, il y a de grandes chances que le minerai utilisé
17:48 contienne des morceaux de viande moins nobles, mais aussi du gras et des nerfs.
17:53 - Vous pouvez être certain, a priori, que vous n'achetez pas de la viande 100% muscles,
18:00 sauf si c'était 100% muscles, je pense que le fabricant l'indiquerait.
18:04 Lorsqu'ils utilisent dans leurs plats cuisinés de la viande de qualité inférieure,
18:10 les industriels se gardent bien de le préciser sur l'étiquette.
18:13 Ce n'est pas la seule information qu'ils omettent de nous donner.
18:18 L'autre indication qui figure rarement sur les emballages,
18:22 c'est l'origine de la viande, le pays où elle a été achetée.
18:27 Il y a, par exemple, un aliment dont nous ne connaissons pas toujours la provenance.
18:35 C'est le jambon blanc.
18:38 L'élevage de porc, c'est une vieille tradition en France.
18:40 Alors, nous pensons naïvement que notre jambon vient toujours de nos régions.
18:45 - Est-ce que c'est français?
18:48 - Fabriqué en France avec de la viande issue d'élevage de porc rigoureusement
18:53 sélectionnée dans l'Union européenne.
18:55 - L'Union européenne? - Oui, j'allais vous dire que c'est quand même bizarre.
19:00 Enfin, il faut bien lire, quoi.
19:02 Parce que vous lisez ça comme ça, vous dites "ah, c'est fait en France".
19:04 Non.
19:06 En réalité, lorsqu'un porc a été élevé, abattu et transformé en France,
19:11 c'est précisé sur l'étiquette par le label VPF.
19:14 Viande de porc française.
19:16 Mais dans le rayon, une bonne partie des jambons ne comportent pas cette mention.
19:21 Il ne s'agit pas d'un oubli.
19:23 Cela signifie tout simplement que la viande est importée.
19:26 - Fabriqué en France avec de la viande issue d'élevage de porc rigoureusement
19:30 sélectionnée dans l'Union européenne.
19:32 Mais quel pays?
19:36 Nous importons notre viande de porc depuis un pays en particulier.
19:39 Un pays qui casse les prix en sacrifiant les salaires et les conditions
19:43 de travail de ses ouvriers.
19:45 Il ne s'agit pas de la Roumanie ou de la Bulgarie.
19:49 Ce pays se trouve en fait juste à notre frontière.
19:54 Ce pays, c'est l'Allemagne.
20:01 Il est devenu le principal exportateur de porc en Europe.
20:05 Une industrie porcine particulièrement développée dans le nord du pays,
20:09 dans la région de Basse-Saxe.
20:10 La viande produite ici coûte en moyenne 10% moins cher qu'en France.
20:15 Cette compétitivité, la région la doit avant tout à ses abattoirs
20:20 qui découpent et transforment chaque année près de 8 millions de porcs.
20:23 L'un des plus importants ici appartient à l'entreprise Danish Crown.
20:30 Une société que nous avons sollicité à plusieurs reprises lors de notre
20:35 enquête, toujours sans succès.
20:37 - J'ai juste quelques questions à poser.
20:41 - Juste cinq minutes.
20:43 - Je sais ce que vous voulez, mais c'est non.
20:45 - Pourquoi?
20:48 - Parce que les chefs m'ont dit non.
20:50 Voici à quoi ressemblent les salles de découpe à l'intérieur de cet abattoir.
20:56 Ce qui frappe, c'est que c'est un travail à la chaîne,
20:59 nécessitant énormément de main d'oeuvre.
21:03 Les coulisses de cet abattoir, Alex Toben les connaît parfaitement.
21:12 Il a longtemps été l'un des cadres de Danish Crown.
21:14 Il s'y occupait des exportations.
21:16 Il nous explique que pour obtenir le meilleur rendement possible,
21:20 la découpe de porc nécessite beaucoup d'ouvriers qui effectuent
21:24 des gestes très précis.
21:25 - Tout est fait à la chaîne.
21:29 Chaque ouvrier ne coupe qu'un seul morceau, toujours le même.
21:33 Il n'a qu'un seul geste à faire.
21:35 - Combien de pièces comme ça doivent-ils couper par jour?
21:38 - Chaque ouvrier peut aller jusqu'à 12 000 pièces par jour.
21:43 Le salaire des ouvriers, c'est un des coûts les plus importants
21:48 dans la viande de porc, près de la moitié du prix de revient.
21:51 Le tour de force des abattoirs allemands est d'avoir très nettement
21:56 réduit ce coût en imposant aux ouvriers des salaires dérisoires.
22:02 - Est-ce que c'est possible en Allemagne?
22:13 - Oui, c'est exactement le problème de ces contrats.
22:15 Ici, c'est tout à fait légal.
22:17 En France, ces salariés gagneraient plus de 10 euros de l'heure.
22:22 Mais en Allemagne, contrairement à chez nous,
22:24 il n'y a aucun salaire minimum imposé pour ce type de travail.
22:28 Ainsi, le porc allemand coûte très peu cher à produire,
22:31 plus compétitif que le nôtre.
22:32 Il s'exporte très bien en France,
22:34 d'autant que les industriels allemands ont trouvé un moyen supplémentaire
22:38 de faire baisser leurs coûts.
22:39 - Vous parlez allemand?
22:41 - Non, je suis polonais.
22:43 - Bonjour, vous parlez allemand?
22:45 - Non, anglais.
22:46 - Vous parlez anglais? Vous êtes d'où?
22:48 - De Roumanie.
22:49 Les Roumains représentent la majorité de ces salariés.
22:53 Ils sont recrutés en groupe pour des contrats de travail
22:58 de plusieurs mois et sont logés collectivement dans des foyers
23:01 au confort sommaire.
23:03 Pour savoir comment ils jugent leurs conditions de travail,
23:07 le seul moyen est de les filmer à l'heure insue.
23:10 - Je découpe 10 000 porcs par jour.
23:14 Je suis cassé de partout.
23:16 Mais je reste parce qu'en Roumanie, je gagnais 300,
23:21 400 euros par mois maximum.
23:26 Et ici, en Allemagne, je gagne jusqu'à 1000 euros par mois.
23:29 1000 euros par mois, mais au prix de 10 heures de travail par jour,
23:34 six jours sur sept.
23:35 Et le plus étonnant, c'est que Danish Crown n'a même pas besoin
23:39 de recruter elle-même cette main d'oeuvre docile et bon marché.
23:42 L'abattoir sous-traite tous ses contrats à des entreprises
23:46 d'Europe de l'Est qui arrivent directement avec leurs salariés
23:49 et réalisent le travail clé en main.
23:54 Ces sociétés intermédiaires seraient ainsi une vingtaine,
23:56 mais difficile d'en savoir plus sur elles.
23:59 Celle-ci, par exemple, est installée dans un pavillon d'habitation
24:04 et elle est identifiée par un simple papier scotché sur la porte.
24:08 Quant à ses responsables, ils n'ont pas très envie de nous parler.
24:12 - Bonjour, vous travaillez pour SR Service?
24:15 - Dégage, toi! Espèce de fouille merde!
24:18 Casse-toi! Tu vas avoir des problèmes, tu comprends?
24:23 Il est en train de nous insulter.
24:24 Grâce à ces sociétés sous-traitantes, les abattoirs allemands
24:29 sont parmi les plus compétitifs en Europe.
24:31 Et le pays est devenu un très gros fournisseur pour les industriels.
24:35 Selon Alex Tobben, l'ancien cadre de Danish Crown,
24:38 des porcs sont même envoyés de toute l'Europe pour être abattus ici.
24:42 - Rendez vous compte qu'aujourd'hui, il est moins cher d'envoyer
24:47 des porcs se faire découper en Allemagne et de rapporter ensuite
24:50 la viande que de la découper soi-même.
24:53 Aujourd'hui, le commerce de la viande s'est entièrement mondialisé.
24:58 Les industriels n'hésitent pas à aller chercher leur matière
25:01 première aux quatre coins de la planète.
25:03 Pour cela, le marché s'est organisé avec des circuits
25:08 d'approvisionnement très complexes et pour les alimenter,
25:12 des intermédiaires capables de dénicher les meilleurs prix
25:15 où que ce soit dans le monde.
25:18 Lors de la crise du cheval, nous avons découvert une profession
25:24 dont personne ou presque n'avait jamais entendu parler.
25:26 A l'origine de la fraude se trouverait un mystérieux traideur de viande.
25:31 Un intermédiaire par lequel les industriels passent
25:35 pour se fournir au meilleur prix.
25:37 Qui sont ces traideurs aujourd'hui montrés du doigt
25:41 et comment s'y prennent-ils pour trouver la viande la moins chère?
25:45 Lors de notre enquête, nous en avons contacté des dizaines
25:50 dans toute l'Europe.
25:51 Un seul a accepté de s'exprimer.
25:55 A Northampton, dans le centre de l'Angleterre,
26:03 l'un de ces traideurs de viande nous a ouvert ses portes.
26:11 Cela fait plus de 10 ans que Grant Murdoch est dans ce business.
26:14 Il va nous apporter un témoignage inédit sur les circuits étonnants
26:19 qu'emprunte la viande que nous mangeons.
26:21 Grant est à la tête de sa propre société, montée avec un associé
26:31 qui n'est autre que son père, Sandy.
26:34 Dans leur famille, on est traideur de père en fils.
26:37 Une tradition initiée il y a près d'un siècle
26:40 par l'arrière-grand-père de Grant.
26:42 Leur principale activité consiste à acheter d'importants stocks
26:48 de viande qu'ils proposent ensuite à des grossistes ou à des industriels,
26:51 en empochant au passage un bénéfice.
26:54 De la viande qui vient généralement de très loin.
26:57 - Nous, on achète essentiellement de la viande en Amérique du Sud,
27:03 notamment au Brésil.
27:06 Elle part du port de Santos, près de São Paulo.
27:10 On achète aussi à Montevideo, en Uruguay, et à Buenos Aires, en Argentine.
27:16 La viande est ensuite livrée aux Pays-Bas, en Italie et un peu au Royaume-Uni.
27:20 Grant et son père achètent jusqu'à 10 000 tonnes de viande par an.
27:24 Essentiellement de la volaille et du bœuf.
27:28 Alors, comment une cargaison de viande peut-elle plusieurs fois
27:33 changer de main, voire de pays, avant d'arriver jusqu'à l'assiette du consommateur ?
27:38 Démonstration.
27:40 Ce matin, les Murdoch ont reçu une proposition pour du bœuf.
27:43 Celle-ci n'émane pas d'un abattoir, mais d'un autre trader aux Pays-Bas
27:47 qui n'arrive pas à écouler son stock acheté il y a plusieurs semaines.
27:50 - On reçoit souvent ce genre de proposition.
27:53 Ils disent voici ce qu'on a en stock.
27:55 Pouvez-vous regarder et nous trouver un acheteur pour ça ?
27:58 C'est ainsi que la viande circule.
28:00 Parmi les marchandises à écouler, il y a toutes sortes de pièces de bœuf
28:05 surgelées achetées en Amérique du Sud.
28:08 Et notamment 12 tonnes de filets, la meilleure partie de l'animal.
28:12 Le problème, c'est que le vendeur espère en obtenir un peu plus de 15 euros du kilo.
28:17 Un prix que Grant et Sandy jugent irréaliste.
28:20 - C'est très cher, je trouve.
28:24 - Oui, c'est très au-dessus du prix du marché.
28:26 - Parce que ça, tout le monde en a en ce moment.
28:30 Grant sait qu'en ce moment, il y a sur le marché beaucoup d'offres
28:34 de filets de bœuf en provenance de différents pays.
28:37 Et pas tellement de demandes.
28:38 En tout cas, pas des industries avec lesquelles lui travaille habituellement.
28:42 Il va donc s'adresser à un autre intermédiaire, un trader tout comme lui.
28:48 - Ça va, Mike ?
28:52 Les affaires, ça marche en ce moment ?
28:54 Grant l'appelle parce qu'il sait que ce trader a des clients
28:58 qui sont toujours intéressés par ce genre de morceaux.
29:00 Seul bémol, il va négocier à la baisse le prix d'achat.
29:05 Seulement 13,50 euros du kilo.
29:07 - OK, ça me va, je t'envoie une offre.
29:13 Le premier vendeur perdra finalement 20 000 euros dans l'affaire.
29:18 Mais selon Grant, il sera malgré tout heureux de se débarrasser
29:21 de son stock de viande et lui-même aura mérité sa commission d'intermédiaire.
29:25 - Le fait que la transaction se fasse à la baisse ne veut pas dire
29:29 qu'on ne va pas prendre part à l'affaire.
29:31 Mais je vais évidemment prendre en considération le fait
29:34 que le gars perde de l'argent.
29:35 Donc je vais être raisonnable sur ma commission.
29:37 - Vous allez lui demander combien ?
29:40 - Comme ce n'est pas un très bon deal, je pourrais, par exemple,
29:47 lui demander 10 centimes du kilo.
29:50 Et lui va probablement me répondre 5 centimes.
29:54 Une commission qui représentera pour le trader entre 600 et 1 200 euros
30:01 gagnés grâce à un simple coup de fil.
30:04 Voilà comment uniquement par téléphone, des tonnes de viande
30:07 changent chaque jour de propriétaire.
30:09 Jouer sur la qualité de la viande.
30:14 L'acheteur au bout du monde quitte à multiplier les intermédiaires.
30:17 Tout est bon pour faire baisser la facture de cette viande
30:21 présente dans nos plats cuisinés.
30:23 Une course effrénée vers le moins cher qui conduit parfois à des dérapages.
30:28 Dans l'affaire de la viande de cheval, l'un des maillons de la chaîne
30:32 a changé les étiquettes en cours de route.
30:34 Et à l'arrivée, ce qu'on pensait être du bœuf était en réalité
30:38 une autre viande.
30:39 Nous nous sommes demandés si cette affaire était un cas isolé
30:43 ou s'il était courant que les étiquettes nous mentent.
30:47 Nous nous sommes intéressés à des produits vendus en supermarché.
30:51 Des produits de toutes marques, vendus dans diverses enseignes
30:56 à tous les prix.
30:59 En tout, 28 produits aussi bien à base de viande que de poissons.
31:03 Nous avons cherché à savoir ce qu'ils contenaient réellement.
31:09 Analyser ces produits, c'est la mission que nous avons confiée
31:18 à un laboratoire indépendant, à Djen.
31:20 Il est très sollicité en ce moment par des organismes de contrôle
31:27 et des industriels de l'agroalimentaire.
31:29 Car ici, la spécialité, c'est la biologie moléculaire.
31:33 Autrement dit, la recherche d'ADN sur les plantes comme sur les animaux.
31:37 - J'ai les échantillons plein les bras. - Très bien. - Pour les tests ADN. - Parfait. - OK.
31:46 - Je vous demande de venir dans mon salle de réception, on va tout de suite regarder.
31:49 C'est cette recherche ADN que nous leur avons demandé sur notre panel de 28 produits.
31:55 Chaque ingrédient, viande ou poisson présent dans ces plats,
31:58 a un ADN spécifique que l'on peut identifier.
32:01 C'est un peu comme sa carte d'identité.
32:04 Pas un animal n'a la même.
32:06 Seulement, pour analyser l'ADN, il faut l'extraire des aliments.
32:12 Et c'est un processus complexe.
32:14 Chaque produit passe d'abord au mixeur.
32:24 Un broyage ultra puissant.
32:25 Il en résulte un mélange homogène, versé dans ces microtubes.
32:29 Ensuite, les cellules des aliments sont cassées afin d'en extraire l'ADN.
32:35 Puis, l'ingénieur responsable des analyses décèle les différentes espèces animales
32:45 en analysant la taille des fragments d'ADN à l'aide de cette machine.
32:53 Les analyses sont longues.
32:54 Elles prennent trois jours et elles vont révéler bien des surprises.
32:59 Ceux qui vont nous livrer les résultats de ces tests,
33:06 ce sont Louis-Marie Roch, le directeur technique du laboratoire depuis 10 ans,
33:10 et l'ingénieur en biologie Renaud Cassier.
33:14 D'abord, premier constat, la très grande majorité des produits testés
33:19 est conforme aux promesses de leurs étiquettes.
33:23 Même si parfois, c'est étonnant.
33:24 Par exemple, cette terrine.
33:27 Sur l'emballage, il est spécifié qu'elle est au foie de volaille.
33:30 - Lorsque l'on regarde l'étiquetage, c'est la gorge de porc qui arrive en premier.
33:37 Du porc, ingrédient principal d'une terrine au foie de volaille.
33:42 Sur l'étiquette, c'est bien mentionné, mais dans quelle proportion exactement ?
33:47 Les analyses du laboratoire sont formelles.
33:50 Il y a plus de 60% de porc dans ce pot.
33:53 C'est surprenant, mais c'est tout à fait légal.
33:56 Le consommateur l'ignore souvent, mais une terrine de foie de volaille
33:59 ne doit contenir au minimum que 25% de foie de volaille.
34:03 Ce produit est donc conforme.
34:05 Mais il y a plus étrange.
34:08 Sur certains articles testés, les quantités de viande retrouvées
34:15 sont très éloignées des proportions indiquées sur l'étiquette.
34:20 Ces lasagnes sont censées contenir 9,92% de viande de bœuf,
34:24 alors que dans le produit analysé, le laboratoire en a retrouvé à peine 3%.
34:29 Nous avons contacté l'industriel pour comprendre cette différence.
34:36 Étonnamment, il sait parfaitement qu'il n'y a pas à l'arrivée dans son produit
34:41 la quantité indiquée sur l'emballage.
34:44 - 10% cru, on peut récupérer un 5% cuit.
34:48 - Ah bon ?
34:49 - Ah mais oui ! Je vous dis là, le long du bain de boire et la matière grasse,
34:53 qui est quand même une matière grasse animale, se retrouvent dans la sauce.
34:56 - Mais ça a induit en erreur le consommateur quand même,
34:58 parce que le consommateur s'il se retrouve avec 5% de viande
35:01 alors qu'il pensait en avoir 10%, ce n'est pas exactement la même chose.
35:04 - Mais ça c'est réglementaire, monsieur.
35:05 - Vous pourriez le marquer à côté, enfin quelque part sur l'étiquette,
35:09 parce qu'une fois cuit, c'est plus 10%, mais c'est 5 ou 6%.
35:14 Au final, notre interlocuteur reconnaît que l'étiquette de son produit est imprécise,
35:26 qu'il pourrait y remédier, mais que rien ne l'y oblige.
35:30 Des quantités parfois imprécises,
35:35 mais nos tests ont révélé des anomalies plus surprenantes et totalement inattendues.
35:39 Des ingrédients qui ne sont pas mentionnés sur les étiquettes
35:43 et qui sont pourtant bien présents dans les produits.
35:46 C'est le cas avec ces cheeseburgers.
35:50 - Ceci, le principal problème, c'est que nous avons détecté,
35:55 en plus du bœuf, une espèce animale que nous n'avons pas pu identifier.
36:00 Autrement dit, une espèce animale qui ne fait pas partie de la liste des 24 animaux
36:05 que nous sommes capables, au jour d'aujourd'hui, de détecter et d'identifier.
36:09 Le labo en est sûr.
36:11 Il y a en très faible quantité une autre viande que celle de bœuf.
36:15 Mais l'animal reste non identifié et donc impossible à quantifier.
36:19 En tout cas, ce n'est ni du canard, ni du chat, ni du chevreuil,
36:23 encore moins de la dinde.
36:25 Bref, l'animal ne fait pas partie des 24 espèces les plus connues
36:29 répertoriées dans leur base de données.
36:31 - Peut-être de la perderie, de la caille, du kangourou, du bison.
36:35 Au jour d'aujourd'hui, nous ne le savons pas.
36:36 L'usine qui fabrique ce produit la voici.
36:39 Nous avons contacté son porte parole.
36:42 Par mail, il précise que tout au long de la chaîne de transformation,
36:47 la marque respecte des procédures qualité, strictes et rigoureuses.
36:52 Il reconnaît néanmoins que l'on peut trouver des quantités infinitésimales
36:57 d'ADN d'autres espèces animales apportées par l'environnement
37:01 sous forme de traces dans l'air, l'eau ou les surfaces,
37:04 mais non ajoutées volontairement dans le produit.
37:07 Quant au supermarché qui vend ses cheeseburgers fabriqués
37:11 par son prestataire, il n'a pas répondu à nos questions.
37:14 Des traces d'autres animaux que ceux mentionnés sur les étiquettes,
37:20 il y en a également dans ce plat.
37:22 Des lasagnes 100% pur bœuf que nous avons fait tester.
37:25 Cette fois, les ingénieurs les ont clairement identifiés.
37:30 Il s'agit de très petites traces de porc.
37:34 A priori, une quantité négligeable, mais suffisante pour que
37:37 l'entreprise concernée prenne cela au sérieux.
37:40 Elle tient à jouer la transparence.
37:42 Les résultats de nos tests en main, nous nous rendons en région parisienne,
37:46 au laboratoire du groupe Nestlé, qui commercialise ces lasagnes.
37:49 - Je vous ai amené un rapport d'essai d'un laboratoire qui a fait des tests ADN.
37:54 Nous informons le directeur qualité, Frédéric Debrune, de nos résultats.
37:57 Pour lui, cette présence de porc en toute petite quantité,
38:01 ça n'est pas une fraude.
38:03 - Vu les quantités en jeu, on parle, nous, plutôt de contamination croisée.
38:07 Ça peut être...
38:08 C'est des choses qui sont infimes par rapport à...
38:12 C'est pas des mélanges de viande.
38:13 Il n'y a pas de la matière.
38:14 C'est vraiment des traces.
38:16 Une contamination croisée, cela veut dire que sur une chaîne de production
38:21 peut être mal nettoyée.
38:22 La fabrication d'un produit à base de porc a laissé des traces.
38:26 Des traces qui sont venues s'ajouter à la fabrication du produit suivant,
38:31 lui, à base de viande de bœuf.
38:33 En tout cas, les autorités européennes et françaises considèrent qu'en dessous de 1%,
38:39 ces traces ne sont pas une infraction.
38:42 Seulement, avec notre série de tests,
38:46 nous n'avons pas trouvé que des traces de porc dans des plats cuisinés
38:49 censés ne contenir que du bœuf.
38:51 Sur un produit de notre échantillon,
38:55 le laboratoire nous a fait une incroyable révélation.
39:01 Cela concerne ces cheeseburgers,
39:03 un produit premier prix fabriqué par un industriel pour le compte d'un hypermarché.
39:07 Sur l'étiquette, il est bien précisé que la viande, c'est du bœuf.
39:12 Et pourtant, sur le produit que nous avons testé,
39:16 - Nous avons retrouvé sur le steak haché,
39:19 16% de porc sur un cheese supposé contenir majoritairement du bœuf.
39:25 Il n'est plus question de traces.
39:31 Le laboratoire a fait les analyses une seconde fois et a confirmé le résultat.
39:34 Cette présence d'ADN de porc est incontestable,
39:38 bien visible sur ce relevé d'analyse.
39:40 Dans cette colonne, l'ADN de porc est matérialisé par ces deux traits nets en bleu.
39:46 L'usine qui a fabriqué le produit concerné, la voici.
39:53 Elle n'a pas voulu nous accorder d'interview,
39:55 mais nous avons joint l'un de ses responsables au téléphone.
39:59 Sa première réaction est là encore d'invoquer une contamination croisée.
40:03 - Alors, il y a du porc à hauteur de 16%.
40:09 - Mais ça, une contamination croisée, ça serait en fait, si c'était au stade de traces.
40:27 - Non.
40:27 - Non ?
40:28 - Non.
40:29 - Non, non, non, non, non.
40:30 - Ça veut dire qu'il peut y avoir une quantité importante de porc dans le cheeseburger,
40:36 par contamination croisée ?
40:55 Suite à notre appel, le fabricant et le distributeur ont pris l'affaire au sérieux.
40:59 Ils ont, eux aussi, procédé à des tests sur d'autres échantillons.
41:03 Des tests négatifs.
41:05 Difficile donc d'y voir clair.
41:07 Cela voudrait dire que dans un même lot, une partie des produits peut être conforme et une autre non.
41:12 Des anomalies en cascade, des étiquettes parfois trompeuses.
41:17 L'industrie alimentaire aurait-elle oublié de tirer les leçons de l'affaire de la viande de cheval ?
41:23 Pourtant, ce scandale a fait perdre beaucoup d'argent aux professionnels.
41:27 Résultat, certains tentent coûte que coûte, aujourd'hui,
41:31 de regagner la confiance des consommateurs.
41:33 Parmi les dirigeants d'entreprises victimes de la fraude au cheval,
41:42 un seul a accepté de nous rencontrer.
41:44 Il s'agit du patron des Surgelés Picard, Philippe Pose.
41:49 Quand l'affaire a éclaté, il a dû retirer environ 30 000 barquettes de plats cuisinés de ses rayons.
41:54 Pour lui, cette affaire était inimaginable.
41:57 - Personne ne pensait, mais qui que ce soit, en France ou à l'étranger,
42:01 que des gens pouvaient truander et pouvaient mettre du cheval à la place du bœuf.
42:07 Mais personne.
42:07 - C'est-à-dire que vous, jamais vous vous êtes dit, un jour,
42:11 un fournisseur pourrait nous mettre une autre viande à la place du bœuf ?
42:14 - Non.
42:14 - Non ?
42:15 - Non.
42:16 Un excès de confiance qui a coûté très cher à son entreprise.
42:19 Depuis début février, M. Pose a vu son chiffre d'affaires sur les ventes de plats cuisinés
42:24 diminuer de façon très sensible.
42:27 - C'est vrai que sur les plats cuisinés à base de bœuf,
42:31 on a perdu entre 35 et 40 % de volume.
42:35 - Ça a été un coup dur pour votre boîte ?
42:37 - Bien sûr que c'est un coup dur pour une boîte.
42:38 Mais vous savez, c'est pas pour la boîte, c'est pour la filière du Surgelé.
42:41 Bien sûr que c'est pour l'entreprise, mais c'est pour la filière complète
42:44 et c'est pour l'alimentation des Français.
42:46 Nous, on se veut être garant de ce que...
42:49 Quand on dit on vend tel produit, c'est tel produit que le client doit retrouver dans son assiette.
42:55 Pour faire revenir ses clients, M. Pose a pris un engagement.
42:59 Son enseigne ne vendra plus de plats cuisinés à base de bœuf sans les avoir testés au préalable.
43:05 Des contrôles que M. Pose a également étendus à d'autres produits
43:10 qui représentent 20 % de son chiffre d'affaires.
43:14 Les poissons.
43:17 Il a pris cette décision car il redoute d'être touché par une nouvelle fraude.
43:20 Une fraude qui a commencé à s'étendre un peu partout sur la planète.
43:26 L'alerte a été lancée il y a tout juste deux mois aux Etats-Unis.
43:31 - Et maintenant, un avertissement à tous ceux qui aiment le poisson.
43:41 Celui que vous achetez n'est peut-être pas celui que vous croyez.
43:44 Une fois sur trois aux Etats-Unis, quand vous achetez du poisson, ce n'est pas le bon.
43:50 On parle de fraude au poisson.
43:52 Depuis le mois de février, les Etats-Unis sont secoués par ce nouveau scandale alimentaire.
43:59 Lorsqu'ils achètent du poisson, le consommateur américain se voit régulièrement floué.
44:04 Sans doute depuis des années.
44:06 Une fraude massive qui concernerait des milliers de restaurants et de supermarchés.
44:12 Pour comprendre comment une telle tromperie est possible,
44:16 nous avons rendez-vous sur le marché aux poissons de Washington.
44:19 Kim Warner est une scientifique spécialiste de la mer.
44:26 C'est elle qui a dénoncé ce scandale.
44:29 - Hé, j'ai une question.
44:33 Que signifie cette étiquette ?
44:35 - Celui-là vient de la baie de Chesapeake.
44:37 - Oui, mais il y a différents numéros.
44:38 - Oui, parce qu'il y en a qui viennent d'autres endroits.
44:41 - C'est un poisson traçable, c'est bien.
44:43 Kim travaille pour une ONG qui milite pour la protection des océans.
44:47 La traçabilité des poissons, c'est l'un de ses chevaux de bataille.
44:51 La scientifique a découvert qu'il était extrêmement facile de duper le consommateur
44:57 en échangeant certaines espèces de poissons.
45:00 Notamment lorsque ceux-ci sont vendus sous forme de filets.
45:03 Pour nous le prouver, elle va en acheter quelques-uns.
45:10 - Vous me donnez un petit filet de cabillaud, s'il vous plaît.
45:12 Et aussi du panga.
45:14 Elle va acheter six poissons différents,
45:19 qu'elle va ensuite rapporter à son bureau, situé à quelques blocs de là.
45:24 En plein centre-ville de Washington, c'est ici que se trouve le siège d'Océana.
45:32 Kim va nous démontrer comment certains poissons très recherchés
45:39 sont régulièrement remplacés sur les étalages ou au restaurant
45:43 par des espèces beaucoup moins haut de gamme.
45:46 Première option, remplacer un poisson sauvage comme ce saumon
45:51 par son équivalent issu de l'élevage.
45:55 - Et voici le saumon d'élevage.
46:00 Ce saumon d'élevage coûte deux fois moins cher que le saumon sauvage.
46:08 Comme vous voyez, il y a une différence de couleur entre les deux,
46:10 mais souvent, ils ajoutent des colorants pour que le saumon d'élevage soit plus rouge.
46:15 Ça, c'est du cabillaud.
46:17 Parfois, les deux espèces échangées n'ont rien à voir l'une avec l'autre.
46:21 Ainsi, ce cabillaud pêché dans l'Atlantique est souvent remplacé par du panga,
46:28 un poisson d'eau douce élevé en Asie de manière industrielle.
46:32 Ce poisson, 40% moins cher que le cabillaud, a une chair très similaire.
46:38 Et une fois cuisinée, la supercherie est indétectable.
46:42 - Une fois cuit avec une bonne sauce, ils ont tous les deux le même goût.
46:47 Autre méthode de fraude la plus imparable.
46:52 Elle permet, par exemple, de faire passer du tilapia,
46:55 un poisson d'eau douce assez banal, pour du vivano rouge,
47:00 un poisson de l'Atlantique très prisé aux Etats-Unis.
47:03 Comme nous, les Américains raffolent des restaurants japonais
47:06 où l'on mange des sushis à base de petites portions de poissons crus.
47:09 Une fois découpés, aucune différence, si ce n'est le prix du simple au double.
47:16 - Là, c'est le tilapia.
47:19 Comme ça, c'est très dur de les différencier.
47:23 Rester à mesurer l'ampleur de la fraude.
47:27 Pour cela, l'ONG a commencé par collecter des centaines d'échantillons de poissons
47:32 dans des supermarchés et des restaurants à travers tous les Etats-Unis.
47:36 - On a récolté plus de 1 200 échantillons dans 21 Etats.
47:44 On a testé 14 très grandes agglomérations.
47:48 C'est une des plus vastes études jamais menées dans ce domaine.
47:52 Kim et ses collègues ont ensuite soumis ces échantillons à des analystes d'ADN.
48:00 Le résultat a dépassé tout ce qu'ils s'étaient imaginés.
48:03 - Voilà quelques-uns des résultats de nos tests ADN.
48:07 On a surligné en jaune tous les résultats qui ne correspondaient pas à l'étiquette du poisson.
48:15 - Il a l'air d'y avoir beaucoup de résultats en jaune.
48:20 - Oui, absolument.
48:22 Sur les 1 200 poissons testés, l'ONG a découvert qu'environ 400 étaient vendus sous de faux noms,
48:29 soit un tiers.
48:30 Des substitutions dont la motivation était évidente.
48:34 - Il y a un avantage économique flagrant à vendre du poisson d'élevage pour du poisson sauvage.
48:45 On peut donc garantir qu'il change les étiquettes dans ce but.
48:48 - Vous pensez que ça a lieu ailleurs ou c'est propre aux Etats-Unis?
48:52 - Non, malheureusement, les preuves indiquent que partout où l'on vend et où on achète du poisson,
49:00 il y a une opportunité pour ce genre de fraude.
49:02 Aucun pays n'échapperait donc à cette fraude.
49:08 Pas même le nôtre.
49:10 A Marseille, les scientifiques de la répression des fraudes ont l'occasion de le constater fréquemment.
49:17 C'est dans ce laboratoire que sont envoyés les poissons prélevés partout en France par les enquêteurs.
49:23 - Alors ici, vous avez les échantillons qui sont en attente d'analyse.
49:30 La mission de Frédéric Saltron et de ses équipes est de déterminer si les espèces vendues sont bien les bonnes,
49:35 qu'il s'agisse de filets ou de plats cuisinés.
49:38 - Ce sont des échantillons qui sont prélevés de manière aléatoire.
49:41 - Alors, ces échantillons là sont prélevés en fonction de la couverture du marché par les enquêteurs de la CCRF,
49:47 de la dérépression des fraudes.
49:49 Donc, ça peut être prélevé à la fois dans la grande distribution, sur du vrac chez des poissonniers.
49:54 Mais évidemment, les prélèvements vont représenter ce qui se vend le plus.
49:59 Plus une espèce est consommée, plus elle mérite donc d'être surveillée.
50:04 Par exemple, ce jour là, les techniciens du laboratoire ont testé un sachet de filets de loups de mer surgelés.
50:10 Ils ont eu la surprise d'y découvrir un second poisson.
50:14 - Ça, c'est un échantillon de loups de mer et ça, c'est du brosson.
50:18 - Donc là, en l'occurrence, il était censé y avoir quoi dans ces filets de poissons?
50:23 - Du loup de mer, uniquement du loup de mer.
50:24 L'échantillon s'appelait filet de loup de mer.
50:26 A priori, difficile de confondre le brosme avec le loup de mer.
50:32 Mais un professionnel pourrait avoir été tenté de compléter son stock ni vu ni connu avec ce poisson deux fois moins cher.
50:39 - En fait, là, ça doit être...
50:41 Ils avaient du loup de mer et du brosme, peut-être pas assez de loup de mer pour fournir la demande.
50:46 Donc, ils ont mis du brosme avec.
50:49 Un poisson pour un autre, cela n'arrive pas qu'au laboratoire de la répression des fraudes.
50:53 Dans les tests que nous avons effectués sur notre panel de produits, là aussi, un intrus est glissé dans ces raviolis au saumon fumé.
51:01 - Alors que l'étiquetage prévoit la présence de saumon fumé à hauteur de 1,5%, nous avons détecté autre chose que du saumon.
51:08 - C'est à dire?
51:10 - Un poisson que nous ne sommes pas en mesure d'identifier aujourd'hui, mais nous sommes sûrs qu'il y a bien présence de poissons autres que saumon dans cet échantillon.
51:19 Le saumon existe bien dans le produit, mais il n'est pas le seul poisson.
51:23 C'est ce qu'on voit sur leur ordinateur.
51:25 Ces petites lignes bleues.
51:27 - Celles-ci.
51:29 - Oui.
51:30 - Celles-ci.
51:31 - Oui.
51:32 - Et celles-ci sont caractéristiques du saumon.
51:34 - D'accord.
51:35 - Reste ces deux bandes là.
51:36 - Ces deux bandes là, qui sont plus faibles.
51:38 - Qui sont plus faibles en intensité.
51:40 - Mais qu'on voit bien quand même.
51:41 - Mais qui apparaissent très, très nettement.
51:43 - Donc là, ce ne seraient pas des traces, puisqu'elles apparaissent nettement.
51:47 - Oui, ça.
51:47 - Ce serait un peu plus que de la trace.
51:49 Ce n'est pas la même quantité que le saumon, clairement.
51:51 Mais cela apparaît comme étant plus important qu'une trace.
51:55 Ce poisson est non identifié.
51:58 Comme pour la viande, c'est une espèce qui ne figure pas parmi les 24 poissons les plus courants,
52:04 répertoriés dans la base de données du laboratoire.
52:06 Alors, nous avons interrogé le fabricant.
52:09 Par mail, il nous a dit avoir procédé à ses propres tests sur d'autres échantillons.
52:15 Des tests qui, selon lui, sont négatifs.
52:18 Là encore, cela voudrait dire que ce second poisson non identifié ne serait présent que dans une partie du lot.
52:24 Face à de possibles substitutions de poissons, les industriels tentent de prendre les devants.
52:31 La marque Picard, par exemple, inspecte les poissons qu'elle reçoit avant qu'ils n'entrent en production.
52:37 Une spécialiste scrute même des échantillons afin de détecter une éventuelle fraude.
52:44 Quant aux plats cuisinés à base de poissons commercialisés par l'enseigne et qu'elle ne fabrique pas elle-même,
52:51 désormais, la marque procède aussi à des tests ADN.
52:55 Elle prévoit d'en faire six en cette année.
52:58 Des tests qui vont lui coûter plusieurs dizaines de milliers d'euros.
53:02 Une petite partie de ce coût, environ 7 à 8 centimes, sera répercutée sur le prix de vente des produits.
53:10 Des plats préparés un peu plus cher, mais au final, l'enseigne l'espère des clients qui seront enfin rassurés.
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