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Samedi soir à Limoges, deux jeunes circulant à scooter sont morts après être entrés en collision avec une autre voiture. Ils essayaient de fuir un contrôle de police et s'étaient engagés dans une course poursuite. Le parquet a ouvert deux enquêtes, l'une pour refus d'obtempérer et l'autre pour homicide involontaire.

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00:00 On retourne sur le plateau de première édition. Un nouveau refus d'obtempérer au cœur de l'actualité.
00:04 Samedi soir, deux jeunes de 17 et 23 ans sont morts à Limoges après avoir percuté un véhicule en tentant d'échapper à un contrôle routier.
00:11 Sept minutes pour comprendre ce matin comment faire pour renouer le dialogue avec les jeunes.
00:15 Et on en parle avec Robert Montoury. Bonjour, vous êtes délégué syndical Une Sape Police.
00:26 Abel Boyer sur ce plateau, vous êtes président de la plateforme citoyenne. Tous unis.
00:32 Et on va tout de suite rejoindre Frédéric Fernandez, notre envoyé spécial à Limoges.
00:38 Que s'est-il passé, Frédéric, samedi soir, quand les deux jeunes ont voulu fuir un contrôle de police ?
00:45 Eh bien, écoutez, les choses ont commencé vers 22h50 lorsque les deux jeunes, qui sont sur un scooter de type T-Max,
00:53 sont arrêtés à un feu rouge et refusent le contrôle d'identité que demandent les policiers de là-bas.
00:58 À ce moment-là, le scooter démarre à toute vitesse. Puis les policiers tentent de le rattraper, le perdent de vue à deux reprises.
01:05 Il faut dire que le scooter grille de nombreux feux rouges, prend un rond-point même à contre-sens.
01:10 Et puis, lorsque les policiers l'ont perdu de vue pour la seconde fois, ils aperçoivent au loin un panache de fumée,
01:15 signe que l'accident vient de se produire. L'accident donc entre le scooter qui était en fuite, mais aussi un véhicule.
01:21 Ce véhicule qui, lui, s'est engagé sur le carrefour lorsque le feu était vert, mais le scooter lui s'est engagé alors que le feu était rouge.
01:27 Le conducteur est décédé sur le coup, le conducteur du scooter. Il faut aussi ajouter que le passager lui est décédé des suites de ses blessures à l'hôpital.
01:34 Ce qu'on peut également vous dire, c'est que des débordements ont eu lieu suite à cet accident. Et donc, le maire a décidé de renforcer le dispositif de police.
01:42 Je vous propose de l'écouter.
01:44 Vous avez 130 policiers de plus de déployés, plus les roulements de policiers. Nous sommes en période de vacances.
01:51 Donc, il est logique que nous ayons des policiers qui soient en vacances, que ce soit policiers municipaux ou policiers nationaux,
01:57 qui viendront, qui seront complétés, qui sont la base du dispositif et qui seront complétés par ceux qui ont été envoyés en renfort,
02:07 le gendarme mobile et CRS 8, qui est spécialisé dans le maintien de l'ordre.
02:12 Il faut également ajouter qu'aujourd'hui, deux enquêtes sont ouvertes, l'une pour refus d'obtempérer aggravé et l'autre pour homicide involontaire.
02:20 Frédéric Fernandez avec Dorine Jarnias à Limoges. Robert Monturi, ce qui frappe dans ces affaires qui se répètent dans l'actualité, c'est l'âge.
02:28 L'âge des conducteurs, l'âge des passagers, l'âge des victimes dans ces revues d'obtempérer. Est-ce que vous aussi, vous constatez cette tendance dans votre travail au quotidien ?
02:36 Oui, bien sûr. On a de plus en plus de conducteurs jeunes qui ne sont pas titulaires du permis, qui montent sur des engins.
02:43 Là, on parle d'un T-Max. Ce sont quand même des scooters qui sont extrêmement rapides, qui sont très puissants.
02:47 On peut imaginer que même si le jeune homme était peut-être un petit peu doué avec un guidon, il n'avait pas les connaissances et l'expérience nécessaires pour maîtriser sa machine.
02:57 Il n'était peut-être même pas titulaire du permis de conduire. Et l'enquête le dira peut-être sous l'emprise aussi de toxiques.
03:03 A Belboyer, est-ce qu'ils se rendent compte, ces jeunes, du risque qu'ils prennent ?
03:08 Je ne pense pas. Sinon, ils ne les prendraient pas. Donc, on voit qu'il y a une inconscience qui est marquée parce que nous voyons qu'il y a une société de plus en plus violente.
03:15 Les trafics de drogue, malheureusement, prolifèrent sur certains territoires. Et puis, il y a l'attrait de l'argent facile, ce qui fait que vous avez malheureusement une part minoritaire,
03:24 mais une part qui existe quand même, de ces jeunes qui tombent dans cette vie de délinquants parce qu'il ne faut pas avoir peur de mettre les mots.
03:30 C'est aussi notre travail en tant que médiateur sur le terrain parce que nous sommes passionnés par la jeunesse, mais nous sommes passionnés par la réussite de leur citoyenneté.
03:38 Et justement, comment vous expliquez que ces jeunes-là, d'un coup, ils tombent dedans comme ça ? Quels sont les facteurs que vous avez identifiés ?
03:43 En général, il y a une détresse sociale, il y a des difficultés et puis il y a l'attrait de l'argent facile. Aujourd'hui, on se retrouve avec beaucoup de jeunes.
03:50 Lorsque vous leur demandez quel est votre objectif de vie, ils vous répondent « je veux faire de l'argent ».
03:53 Donc il y a malheureusement des exemples fallacieux sur le terrain qui leur proposent des chemins qui ne sont pas bons et beaucoup tombent d'abord par naïveté,
04:01 puis après il y a une sorte de maladresse, voire de corruption intellectuelle qui s'installe en eux.
04:06 Robert Montoury, quand vous vous apprêtez à faire un contrôle et que vous voyez qu'à priori, les personnes que vous allez contrôler paraissent très jeunes,
04:15 est-ce que vous prenez des précautions particulières ?
04:19 C'est justement parce que quelquefois ils sont très jeunes que ça peut motiver les policiers à exercer un contrôle, ne serait-ce que pour savoir s'ils sont en âge de monter sur l'engin et s'ils sont titulaires du permis.
04:32 Évidemment, c'est ce que j'ai pu vous dire hier sur un refus d'obtempérer. C'est quand même une poussée d'adrénaline importante pour un fonctionnaire de police.
04:41 La première fois où vous mettez un gyrophare pour essayer de rattraper quelqu'un et vous ne savez pas pourquoi il prend la fuite,
04:46 vous pouvez avoir envie, quelles que soient les circonstances, de le rattraper et très vite, ce qu'il faut, c'est arriver à évaluer le danger pour nous-mêmes,
04:55 évaluer le danger pour la personne et savoir cesser la poursuite, pas la chasse parce que je n'aime pas ce terme, mais la poursuite du véhicule après avoir annoncé la fuite.
05:05 Effectivement, si on est face à un conducteur qui est relativement jeune, faut-il encore s'en rendre compte, parce que ce n'est pas forcément évident au travers d'un pare-brise ou d'un casque ?
05:14 On peut considérer qu'il peut se mettre en danger encore plus facilement qu'un conducteur expérimenté.
05:21 Abel Boyy, c'est vrai que vous intervenez très régulièrement auprès des jeunes, notamment dans certains quartiers.
05:27 Pour les sensibiliser, avec quel discours ? Qu'est-ce que vous leur dites concrètement et est-ce que ça marche ?
05:33 Ça marche. Après, je ne vous dirai pas que 100 % des jeunes vont à leur vie transformer, mais nous organisons beaucoup parmi nos interventions des dialogues police jeunesse.
05:39 Ça ressemble à quoi ?
05:41 C'est-à-dire qu'on leur crée du dialogue, c'est-à-dire que nous venons avec des policiers et nous échangeons.
05:44 Nous demandons aux jeunes quels sont leurs ressentis, leurs expériences, et nous avons face à nous tout type de jeunes.
05:49 Des jeunes qui ont eu des expériences positives, d'autres qui ont eu des expériences négatives avec la police.
05:53 Et il y a une chose que peut-être la société néglige, c'est l'appétence qu'ont ces jeunes à vouloir échanger avec la police.
05:58 Ils se disent quoi ?
06:00 Justement, les jeunes peuvent exprimer ce qu'ils ressentent sur le terrain.
06:04 Des fois, il y a des choses très véhémentes, mais nous voulons que ces jeunes parlent justement comme ils parlent entre eux.
06:10 C'est-à-dire qu'on n'hésite pas à leur permettre de dire même des mots grossiers, parce qu'on a besoin qu'ils puissent vider leur sac, pour pouvoir aussi installer un climat de confiance.
06:18 Ensuite, les policiers qui sont là, sont là pour corriger, sont là pour reconnaître lorsqu'il y a des choses à reconnaître,
06:23 et surtout leur faire comprendre qu'il ne faut pas avoir peur de la police et que le dialogue est possible sur le terrain.
06:28 Robert Monturi, c'est important selon vous ce dialogue ?
06:32 Oui, malheureusement, ça revient à chaque fois quand on parle d'accidentalité routière.
06:37 On dit toujours que ça manque de prévention, mais ne serait-ce que de dire à ces jeunes qu'il n'est pas nécessairement besoin d'avoir commis une infraction
06:46 pour qu'un policier ait le droit de vous demander de vous arrêter et que vous ayez l'obligation de le faire.
06:51 On entend souvent « moi je n'ai rien fait, pourquoi tu m'arrêtes, tu m'embêtes ? »
06:54 Non, la commission d'une infraction préalable n'est pas nécessaire.
06:58 Il suffirait simplement de leur expliquer que c'est le travail, c'est pour leur sécurité, c'est pour éviter qu'ils aient un accident ou qu'ils en commettent un,
07:05 et ce n'est pas uniquement pour les empêcher de faire des tours en scooter dans le quartier.
07:09 On est là pour la sécurité de tout le monde et on voit bien encore que sur cet accident,
07:14 on a un père de famille et son enfant qui auraient pu succomber et être gravement blessés.
07:20 La prévention plus que jamais, merci Robert Monturi d'avoir été avec nous.
07:24 Merci aussi à vous Abel Boyer pour votre initiative.

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