Erwan Barillot : «Aujourd'hui, il n'y aurait pas d'affaires s'il n'y avait pas de LBD»

  • l’année dernière
L'écrivain Erwan Barillot revient sur la colère des policiers. Certains ont repris un service «à minima» et laissent leur LBD au placard. Il affirme : «Aujourd'hui, il n'y aurait pas d'affaires s'il n'y avait pas de LBD».
Transcript
00:00 Erwan Barriot, effectivement, on voit que c'est une solution qui est trouvée à court terme.
00:03 Ils ne vont pas pouvoir toujours se dire "on fait le minimum".
00:06 Bien sûr, ils assurent la sécurité autant qu'ils le peuvent.
00:08 Mais comme le disait Raphaël, la crise de la police, elle est profonde
00:11 et ils n'ont pas de réponse au plus haut de l'État.
00:14 Leur ras-le-bol, les démissions déjà qui sont existantes.
00:18 Et on entendait Rudy Mana hier dire qu'il y en allait avoir de plus en plus.
00:21 Ça, c'est un sujet de fond qu'il va falloir traiter.
00:23 On ne va pas pouvoir se dire "on fait comme ça des petites solutions,
00:26 un peu bout de ficelle au fur et à mesure".
00:27 C'est un sujet de fond, effectivement,
00:28 puisque aujourd'hui, la police est le réceptacle de toutes les colères,
00:32 de toutes les frustrations, de toutes les fractures de la société,
00:35 de toutes les tensions aussi.
00:36 Et on lui demande en quelque sorte d'écoper avec une tasse à café
00:40 le Titanic qui est en train de couler.
00:42 Donc, c'est une situation qui est ingérable.
00:44 On peut comprendre, effectivement, moi, je n'aime pas parler de grogne.
00:47 Je préfère parler de colère ou de révolte ou de fronde des policiers,
00:51 mais pas de grogne, parce que la grogne, c'est quelque chose qui est irréfléchi.
00:55 Là, c'est une colère qui a des causes très profondes.
01:01 Après, effectivement, il faut savoir, comme disait Maurice Torres,
01:06 arrêter une grève.
01:07 Là, il faut savoir arrêter une fronde.
01:09 Je trouve que pour le LBD, c'est effectivement une arme non létale,
01:13 mais c'est une arme très dangereuse qui peut avoir des conséquences graves.
01:16 On l'a vu récemment avec Eddy, mais même avec les Gilets jaunes.
01:20 On a vu toutes les conséquences pour les personnes touchées
01:23 que ça pouvait avoir le LBD.
01:25 On ne voit pas aujourd'hui en quoi elle serait justifiée.
01:28 Moi, je pense qu'aujourd'hui, il faut de l'apaisement.
01:30 Il faut revenir à des solutions.
01:31 Je sais que...
01:32 - Mais si, en face à des individus violents...
01:34 - C'est ça, mais le LBD ne peut pas être la solution.
01:38 Le LBD ne peut pas être la solution.
01:39 Il y a d'autres moyens qui existent pour interpeller les individus
01:42 que le LBD, qui est une arme anti-émeute,
01:46 qui, effectivement, n'a pas fait ses preuves.
01:48 Et à chaque fois qu'elle est utilisée, ça crée des drames.
01:50 Donc, on voit bien qu'aujourd'hui, il n'y aurait pas d'affaires
01:53 s'il n'y avait pas de LBD.
01:54 Les policiers auraient procédé à d'autres moyens,
01:57 mais pas avec cette arme de défense qui est extrêmement dangereuse.
02:00 Donc, moi, je pense qu'il faut, effectivement,
02:02 raison garder dans les deux cas.
02:04 Aujourd'hui, le mouvement des policiers,
02:06 on voit bien qu'il y a plusieurs tendances.
02:08 Il y a une frange radicale qui est très minoritaire,
02:11 qui est jusqu'au boutiste,
02:13 qui a même échangé sur une boucle de messagerie
02:15 l'adresse du juge qui avait procédé à la détention provisoire du policier.
02:20 Mais cette frange-là, c'est une toute petite minorité.
02:22 - Oui, elle est très minoritaire.
02:23 - Très, très minoritaire.
02:25 Et on a la frange raisonnable des policiers,
02:27 qui est très majoritaire,
02:29 qui, elle, demande simplement plus de soutien,
02:32 plus de confiance et plus de moyens.
02:34 Et maintenant, il faut le leur accorder.
02:35 Et je suis certain que la situation peut revenir,
02:39 non pas au calme, parce qu'évidemment,
02:41 il y a encore beaucoup de choses à régler,
02:42 mais en tout cas, à une forme de retour à la normale.
02:46 (Générique)

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