• il y a 2 ans

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Lucille de Villers.
00:01 - Bonsoir, Lucille. - Bonsoir, Emmanuel.
00:06 Bonsoir à tous.
00:07 Alors, pourquoi dit-on que si le front stagne,
00:09 c'est en partie d'abord à cause des fortifications russes ?
00:12 Eh bien, parce que depuis deux mois,
00:14 l'Ukraine bute sur les lignes de défense russes.
00:17 Entre la précédente contre-offensive de l'automne 2022 et aujourd'hui,
00:21 Moscou a eu le temps de consolider les 1 000 km du front.
00:25 Vous voyez les fortifications ici en jaune.
00:28 Les premières lignes ne se situent qu'à 3 ou 4 km du front.
00:32 Et le plus grand obstacle des Ukrainiens, ce sont les mines,
00:36 car aujourd'hui, elles jongent toutes les premières lignes de défense russes.
00:40 D'abord, dans la première ligne du dispositif,
00:43 la zone de couverture.
00:44 Elles sont éparpillées un peu partout,
00:46 au milieu des fossés anti-véhicules, des dispositifs anti-chars
00:50 et des tranchées.
00:51 Même chose dans la seconde ligne de défense principale.
00:55 Sur ce point, le ministre de la Défense russe est catégorique.
00:59 L'Ukraine est aujourd'hui le pays le plus miné au monde.
01:03 Il va même jusqu'à dire que ses troupes
01:06 trouvent jusqu'à 5 mines par mètre carré dans certaines parties du front,
01:11 qu'elles soient antipersonnelles pour cibler les fantassins
01:14 ou anti-chars pour détruire les véhicules.
01:16 Ces images que vous allez voir témoignent
01:19 de la difficulté sur le front.
01:20 Regardez, on distingue six soldats ukrainiens
01:23 à l'intérieur de leur véhicule.
01:25 L'homme qui se tient debout ouvre le feu.
01:27 La menace semble importante quand, tout à coup,
01:29 vous l'avez vu, une explosion.
01:31 Les soldats se retrouvent coincés au milieu de cette boule de feu,
01:35 puis d'un nuage de fumée.
01:36 Le véhicule a roulé sur une mine.
01:38 Les fantassins, cette fois, à l'intérieur, ont de la chance.
01:41 Ils s'en ressortent indennes.
01:43 Et des vidéos comme celle-ci, il y en a des centaines.
01:46 D'après le journal Le Monde,
01:47 qui reprend les informations d'États-majors occidentaux,
01:51 quelques 170 000 km² seraient aujourd'hui minés
01:54 près de deux fois la surface du Portugal
01:57 et huit fois la superficie de la Belgique.
01:59 Et en plus d'être extrêmement nombreuses,
02:01 bien sûr, ces mines sont disposées de façon à optimiser les dégâts.
02:05 Oui, seule une mine antipersonnelle peut effectivement endommager
02:08 un véhicule blindé de 100 kg,
02:10 mais les dégâts ne sont pas forcément significatifs.
02:13 Ce que l'armée russe fait le plus souvent,
02:15 c'est qu'elle les enterre à proximité des mines anti-chars.
02:20 Les effets sont alors démultipliés.
02:22 S'ils venaient à rouler dessus,
02:24 alors les fantassins et leurs véhicules
02:26 auraient peu de chances de s'en sortir.
02:28 L'armée russe a aussi pour habitude
02:30 de lancer ses mines depuis des lances-roquettes.
02:33 Vous en voyez un ici à l'œuvre.
02:36 Elles sont alors libérées en grappes,
02:38 parfois plusieurs centaines en un seul tir.
02:41 C'est particulièrement efficace pour en disperser un peu partout
02:45 et ainsi polluer une zone très large.
02:48 Il existe aussi les mines antipersonnelles à fragmentation,
02:52 tirées depuis les missiles.
02:53 Vous en voyez un schéma ici.
02:55 Chacune est dotée d'un parachute qui lui permet d'atterrir au sol.
03:00 Une fois déclenchée par les mouvements,
03:02 par les capteurs de mouvements,
03:03 la mine bondit dans les airs à hauteur de poitrine
03:06 et tire alors plus de 100 fragments,
03:08 paraît-il, tranchants comme des rasoirs.
03:11 Précisons que seules les ONG affirment
03:13 que la Russie en fait usage actuellement.
03:15 Alors pourquoi est-il aussi difficile
03:18 pour les Ukrainiens de franchir ces tapis de mines ?
03:20 Première raison, les fantassins qui déminent directement au sol
03:24 sont ciblés par l'artillerie russe.
03:26 Nous sommes ici en caméra embarquée avec un soldat ukrainien.
03:29 Grâce à son détecteur de métaux, il repère une mine,
03:32 il l'inspecte avec son tisonnier,
03:35 il identifie un fil, le coupe,
03:39 puis ensuite il désactive le fusible.
03:41 C'est une manœuvre difficile,
03:43 encore plus sans appui feu,
03:45 censée protéger les troupes au sol,
03:48 ce que pourrait apporter une force aérienne.
03:50 Kiev en réclame d'ailleurs depuis des mois.
03:53 La situation est telle qu'un démineur
03:55 interrogé par le journal britannique The Guardian
03:57 raconte qu'il commence à déminer au crépuscule
04:01 pour éviter l'artillerie ennemie.
04:03 Autre explication, le manque d'armes de déminage.
04:06 Le ministre de la Défense ukrainien affirme
04:09 "Nous avons des démineurs qualifiés et des équipements modernes,
04:13 mais ils sont extrêmement insuffisants."
04:16 Ces équipements modernes dont il parle, les voici.
04:18 Des missiles antimissiles, des missiles antimines, par exemple,
04:22 lancés avec cette corde contenant une charge explosive.
04:26 Vous en voyez un à l'œuvre ici.
04:28 Autre procédé, ce véhicule blindé de transport de troupes,
04:32 Stryker, c'est un modèle américain,
04:34 et celui-ci a la particularité
04:36 d'être équipé d'un système antimine.
04:38 L'Ukraine en a reçu 20 de ce type.
04:42 Depuis un mois, Kiev dispose également
04:44 d'un nouveau moyen de déminage,
04:45 les très controversées bombes à sous-munitions.
04:48 Une fois tirée avant de s'écraser sur sa cible,
04:51 l'obus s'ouvre en vol et libère une centaine de petites bombes
04:55 sur une surface de plus de 20 000 m2,
04:58 l'équivalent de trois terrains de football.
05:01 Visiblement, cela n'est pas suffisant.
05:03 Un médecin de Dnipro, sur le front de Kerson,
05:05 interrogé par le Guardian, affirme qu'au sein de son hôpital,
05:08 il reçoit entre 50 et 100 soldats par jour,
05:12 les mines étant la deuxième cause de leurs blessures
05:15 après l'artillerie.
05:17 Autre explication, d'après le journal Le Monde,
05:19 les Ukrainiens disent avoir été peu préparés par leurs alliés.
05:23 En matière de déminage, il s'agit le plus souvent
05:26 de préparation au combat urbain
05:28 contre un ennemi insurrectionnel,
05:30 ce qui ne correspond pas à ce dont ont besoin les Ukrainiens.
05:33 Si l'Ukraine est le pays le plus miné au monde,
05:36 alors la problématique du nettoyage du champ de bataille
05:38 se posera pour des décennies,
05:40 qu'il s'agisse de mines ou même d'obus
05:43 qui n'ont pas encore explosé.
05:44 Merci beaucoup, Lucille, pour ces précisions.
05:47 D'abord, il y a l'ampleur.

Recommandations