La guerre en Irak a sûrement été l’une des plus grosses erreurs stratégiques des Etats-Unis au cours des trois dernières décennies.
Le principal obstacle à l’Iran, ça a longtemps été Saddam Hussein. En le renversant, la Maison blanche fait par la même occasion un très beau cadeau à Téhéran: elle lui laisse le champ libre pour accélérer son expansion régionale.
L’Irak est de plus en plus sous influence de l’Iran.
Sauf qu’on pense que cette influence, elle va bientôt ralentir. Pourquoi ? Quel est le rôle va jouer, Muqtada Al-Sadr, le nouvel as de la politique irakienne ?
Le principal obstacle à l’Iran, ça a longtemps été Saddam Hussein. En le renversant, la Maison blanche fait par la même occasion un très beau cadeau à Téhéran: elle lui laisse le champ libre pour accélérer son expansion régionale.
L’Irak est de plus en plus sous influence de l’Iran.
Sauf qu’on pense que cette influence, elle va bientôt ralentir. Pourquoi ? Quel est le rôle va jouer, Muqtada Al-Sadr, le nouvel as de la politique irakienne ?
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00:00 Une fois n'est pas coutume, on préface cette vidéo en te proposant d'aller regarder celle-ci
00:03 où on fait le bilan sur les 20 ans de l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis.
00:07 Ça t'aidera à mieux comprendre certains trucs qu'on dit dans cette vidéo.
00:10 Tiens, on te met le lien dans l'angle.
00:11 Du coup, j'en profite aussi pour t'inviter à t'abonner, à partager et à lâcher un like
00:15 pour être sûr de ne rien louper à l'avenir.
00:17 On te sort deux vidéos par semaine, donc ça fait pas mal de contenu à mater.
00:21 Allez maestro, lance l'intro !
00:22 [Générique]
00:34 La guerre en Irak a sûrement été l'une des plus grosses erreurs stratégiques des Etats-Unis
00:39 au cours des trois dernières décennies.
00:40 On le sait, les quatre menaces principales des USA, ce sont la Chine, la Russie, la Corée du Nord et l'Iran.
00:46 Or, l'Iran, c'est l'une des deux premières puissances du Moyen-Orient, l'autre étant l'Arabie Saoudite.
00:51 L'Iran, c'est un pays qui compte 90 millions d'habitants, mais surtout qui est très, mais alors très riche en hydrocarbures.
00:57 C'est le pays avec les deuxième plus grande réserve de gaz naturel au monde
01:02 et les quatrième plus grande réserve de pétrole.
01:04 En plus, aujourd'hui, l'Iran est en passe de devenir une puissance nucléaire.
01:08 Or, le principal obstacle à l'Iran, ça a longtemps été Saddam Hussein.
01:12 [Générique]
01:16 Alors oui, sous Saddam, l'Irak était une dictature brutale.
01:19 Mais c'était un régime profondément opposé à la révolution islamique des ayatollahs.
01:24 Et il y a tout juste 20 ans, les USA, à la tête d'une coalition, mais sans l'aval du Conseil de sécurité des Nations Unies,
01:30 envahissent l'Irak.
01:31 Le prétexte que Saddam Hussein disposerait d'un arsenal d'armes de destruction massive, d'armes chimiques dont on ne trouvera aucune trace.
01:38 En renversant Saddam Hussein, la Maison Blanche fait, par la même occasion, un très beau cadeau à Téhéran.
01:42 Elle lui laisse le champ libre pour accélérer son expansion régionale.
01:46 Ça peut vous paraître incroyable que Washington n'ait pas prévu le coup. On en reparlera plus tard.
01:51 Bref, à l'époque déjà, on voyait circuler ce genre de memes.
01:54 C'est simplet, mais n'empêche que ça s'applique bien au cas irakien.
01:57 Parce que même si elle est dysfonctionnelle, aujourd'hui, il y a bien une démocratie irakienne.
02:02 Il y a quelques éléments d'autoritarisme, mais dans l'ensemble, ça passe.
02:06 En revanche, qui c'est qui est au pouvoir ?
02:08 Bah, les chiites. Les mêmes qui dirigent l'Iran.
02:10 Enfin, pas exactement les mêmes, mais presque.
02:12 Vous vous rappelez du général Qassem Soleimani, le commandant de la force Al-Qods ?
02:16 C'est l'unité d'élite des gardiens de la Révolution en Iran.
02:19 Soleimani se baladait tranquillou en Irak pour organiser des milices chiites à travers le pays
02:24 et déstabiliser le régime en place.
02:26 Jusqu'à l'attaque coordonnée contre une base militaire US et l'ambassade US à Bagdad.
02:31 En réponse, Trump donne l'ordre d'abattre Qassem Soleimani.
02:34 Dans la foulée, un drone états-unien bombarde sa position et le tue.
02:38 Aujourd'hui, le lieu de son assassinat est devenu un lieu de pèlerinage.
02:42 Les débris de l'attaque du drone US qui a tué Qassem Soleimani
02:46 et Abu Mahdi al-Mohandes en Irak l'année dernière
02:49 sont à présent un monument commémoratif sur la route de l'aéroport de Bagdad.
02:54 Bon, niveau bon goût, on n'y est pas encore. Mais qu'importe.
02:56 Ce qu'on voulait souligner, c'est qu'à mesure que l'Iran se rapproche de la bombe atomique,
02:59 il devient de plus en plus menaçant.
03:02 Et l'Irak, lui, est de plus en plus sous influence de l'Iran.
03:04 Or, il faut pas négliger son importance.
03:06 C'est quand même le 4e principal exportateur de pétrole au monde
03:10 et le 2e au sein de l'OPEP.
03:12 Sauf qu'aujourd'hui, le vent est en train de tourner.
03:14 Et ça pourrait être à l'avantage des Etats-Unis.
03:17 Donc, pourquoi est-ce qu'on pense que l'influence iranienne sur l'Irak est en perte de vitesse ?
03:21 Quel est le rôle que va jouer ce nouvel as de la politique irakienne que vous voyez à l'écran ?
03:24 On va tout raconter. Mais d'abord, on commence par le chapitre "Histoire".
03:38 Faut faire un retour sur 3 éléments clés.
03:41 Le premier, c'est qu'au sein de l'islam, il y a un schisme entre 2 courants.
03:45 Enfin, en vrai, il y en a plus que 2.
03:46 Mais les 2 principaux, ce sont les sunnites et les chiites.
03:49 Or, ces 2 branches principales se font de la guerre depuis l'an 632,
03:52 lorsqu'ils devaient choisir qui succéderait à Mahomet.
03:55 Bon, aujourd'hui, environ 80% des musulmans dans le monde sont sunnites.
03:58 Sauf que la République islamique d'Iran, c'est l'un des rares pays à majorité chiite.
04:02 En fait, 65% de sa population est chiite, alors que 30% est sunnite.
04:07 C'est presque la même chose en Irak.
04:09 Mais sous Saddam Hussein, l'Irak était gouverné par une élite sunnite.
04:12 D'ailleurs, ça, c'était le 2ème élément clé.
04:14 Enfin, pour la dernière notion clé, faut regarder une carte.
04:17 L'Iran et l'Irak avaient beau être voisins, ils s'entendaient, mais alors pas du tout.
04:21 Ça fait plusieurs décennies que le socialisme arabe
04:24 alimente la rhétorique nationaliste irakienne,
04:26 qui rejetait la domination de la religion.
04:28 Au début des années 80, les revendications territoriales irakiennes
04:31 ont précipité les 2 pays dans une guerre meurtrière.
04:35 Saddam Hussein ayant décidé d'envahir l'Iran avec le soutien implicite,
04:39 dans un premier temps, de l'Occident.
04:40 L'Iran résiste, puis riposte, et le conflit s'éternise.
04:43 Faut attendre 8 ans pour qu'il arrive à son terme.
04:45 En plus, ça n'a servi à rien. Les frontières sont restées les mêmes.
04:48 Par contre, la guerre a quand même causé la mort de 1,2 millions de personnes,
04:53 dont au moins 100 000 civils.
04:54 Le comble de l'horreur, c'est que l'origine irakienne
04:57 a utilisé des armes chimiques contre les populations kurdes,
04:59 et bien sûr contre l'armée iranienne,
05:01 sans que la communauté internationale s'en émeuve
05:03 et ne condamne fermement cet acte.
05:05 Bon, et à part le bilan humain, il y a aussi le bilan économique.
05:09 Les 2 pays étaient au bord de la faillite.
05:11 Bref, en 90, l'Irak envoyait un autre de ses voisins, le Koweït,
05:15 parce qu'il ne veut pas lui rembourser ses dettes
05:17 accumulées durant la guerre contre l'Iran.
05:19 C'était le début de la première guerre du Golfe.
05:21 L'armée US, à la tête d'une coalition des Nations Unies,
05:23 débarque en Irak, mais s'arrête aux portes de Bagdad,
05:26 pour éviter la chute de Saddam Hussein,
05:28 le seul qui était en mesure de tenir le pays.
05:30 La 2ème guerre du Golfe, c'est en 2003.
05:32 Par contre, cette fois-ci, l'objectif des USA
05:34 était bien de détruire le régime irakien
05:36 et de renverser Saddam Hussein.
05:38 Au regard du droit international, l'invasion était illégale.
05:41 D'ailleurs, elle aura causé la mort de centaines de milliers d'innocents.
05:44 Et c'est là qu'entre en scène l'un des personnages principaux
05:46 de l'Irak moderne, Mouktada al-Sadr.
05:48 C'est le fils d'un grand ayatollah, Mohammed Sadeq al-Sadr.
05:55 Le père était une autorité religieuse très respectée
05:58 par les chiites d'Irak, condamné à vivre
06:00 dans l'ombre de l'élite dirigeante sunnite.
06:02 Cet ayatollah fit face au régime
06:04 et devint très populaire auprès de la minorité chiite
06:06 en abordant les questions économiques et sociétales qui les affectaient.
06:09 Considérant qu'il devenait une menace,
06:11 Saddam Hussein le fit assassiner en 99.
06:13 Comme les chiites composaient le premier groupe d'opposition au régime en place,
06:20 ils ont décidé de se venger en coopérant avec les Etats-Unis
06:24 pour organiser la succession de Saddam Hussein.
06:26 Sauf Mouktada al-Sadr, qui considérait les USA
06:29 comme une menace d'une toute autre nature.
06:31 Pour lui, s'aller aux USA contre les sunnites,
06:33 ça revenait à choisir entre la peste et le choléra.
06:36 Or, comme Mouktada al-Sadr bénéficiait de l'aura de son père,
06:39 le grand ayatollah,
06:40 les chiites lui ont facilement accordé leur confiance.
06:42 Il incarne alors un symbole de résistance contre l'envahisseur.
06:46 Il devient l'un des leaders du mouvement insurrectionnel irakien,
06:49 très enraciné dans le centre et le sud du pays,
06:52 mais aussi à Bagdad, la capitale,
06:54 et notamment dans un de ses quartiers,
06:55 Al-Zahra, aujourd'hui connu sous le nom de Sadr City.
06:58 Donc, pour lutter contre l'envahisseur étasunien,
07:01 Mouktada al-Sadr forme une milice,
07:03 l'armée al-Mahdi,
07:04 qui sera active entre 2003 et 2008.
07:06 Elle lui confère un tel prestige
07:08 qu'il finit par devenir l'un des hommes politiques
07:10 les plus influents du Nouvel Irak.
07:12 Sauf que, comme on vous l'avait raconté dans l'autre vidéo,
07:15 les Etats-Unis ont quand même réussi à mettre en place
07:17 un régime irakien pseudo-démocratique.
07:19 Or, comme la plupart des Irakiens sont chiites,
07:21 forcément que la classe dirigeante
07:23 reflète le courant islamique majoritaire.
07:25 C'est pour ça que l'ayatollah irakien Ali al-Sistani
07:28 a appelé les divers partis chiites à s'unir
07:31 et à présenter une liste commune
07:32 aux premières élections libres du pays.
07:34 C'est comme ça que s'est formée l'Alliance irakienne unifiée
07:37 qui remporte les élections de 2005,
07:39 à laquelle al-Sadr fils à la tête du mouvement sadriste
07:43 a d'ailleurs refusé de participer
07:44 pour protester contre l'organisation du scrutin par les USA.
07:47 Quoi qu'il en soit, les tensions internes au sein de la formation
07:53 ont fini par causer sa perte.
07:55 La formation se désintègre en 2007.
07:58 Or, la vacance de pouvoir a joué en faveur
08:00 du premier ministre Nouri al-Maliki.
08:02 Exilé un temps en Iran,
08:03 il est parvenu à lever des fonds
08:05 pour soutenir le mouvement d'opposition islamiste
08:07 à Saddam Hussein.
08:08 Puis, al-Maliki est devenu premier ministre,
08:11 poste qui lui a permis de devenir encore plus populaire
08:13 du fait de son bon bilan en matière de sécurité.
08:15 En vrai, celle-ci était assurée par l'armée états-unienne et ses alliés.
08:19 Bref, en parallèle, très pragmatique,
08:26 Mouktada al-Sadr accordait ou retirait son soutien
08:29 et donc celui de son parti, le mouvement sadriste,
08:32 aux acteurs de la politique irakienne.
08:33 Son idéologie reposait sur deux composantes,
08:36 l'islam chiite et le nationalisme irakien,
08:39 d'où son opposition de longue date à toute forme d'ingérence extérieure,
08:42 que ce soit de la part des Etats-Unis comme de celle de l'Iran.
08:45 Bon, les troupes US ont fini par se retirer en décembre 2011.
08:48 Mais en 2014, une nouvelle menace surgit
08:51 et se répand comme une traînée de poudre.
08:56 Daesh, l'organisation état-islamique, a mis le régime irakien en échec.
09:00 Ces islamistes radicaux ont étendu leur califat jusqu'à Fallujah,
09:04 à tout juste 69 km de Bagdad.
09:07 Face à l'incapacité de l'armée irakienne à les défendre,
09:09 des diverses factions chiites ont formé leur propre milice paramilitaire.
09:13 Évidemment, Mouktada al-Sadr annonce la reformation de sa milice,
09:18 l'armée al-Mahdi, qui avait été dissoute en 2008
09:21 au profit d'une nouvelle milice, la Brigade du Jour Promis.
09:24 S'en est suivie une guerre de 3 ans contre Daesh,
09:26 qui s'est soldée par la victoire des USA et des milices paramilitaires chiites.
09:30 Or, ces milices, soutenues par l'Iran, on le rappelle,
09:33 elles sont restées actives après le conflit.
09:35 Mouktada al-Sadr profita de son rayonnement
09:38 pour former une opposition politique au gouvernement irakien.
09:41 Une stratégie payante, vu que le mouvement sadriste qu'il dirigeait
09:44 est devenu le principal groupe d'opposition au Parlement.
09:47 Alors, comment est-ce qu'il s'y est pris ?
09:49 Chapitre suivant.
09:49 *Musique*
09:54 "Sésame, ouvre-toi !"
09:56 *Musique*
09:59 L'adoption du modèle démocratique par la société irakienne,
10:02 il n'a pas vraiment marché.
10:03 En 2018, le taux de participation aux élections législatives était de 44,5%.
10:10 Mais contrairement à ses rivaux, Mouktada al-Sadr a connu un état de grâce
10:14 au sein de la minorité chiite.
10:15 Il a même réussi à gagner des voix.
10:17 Donc forcément, il est devenu omniprésent dans la vie politique du pays.
10:21 D'ailleurs, il a même réussi à obtenir, dans le cadre de négociations parlementaires,
10:25 des emplois dans la fonction publique pour ses partisans.
10:28 Ses mesures clientélistes étaient très appréciées par son électorat
10:31 et ont énormément contribué à son gain de popularité.
10:34 Mouktada al-Sadr a achevé sa mue de simple chef de guerre,
10:37 il est passé maître dans l'art subtil de la politique.
10:40 Or, en parallèle, la société irakienne cheminait doucement
10:43 vers la paix et la reconstruction du pays.
10:45 La zone verte de Bagdad rouvre au public après 16 ans.
10:50 La zone verte, c'était la seule zone de Bagdad où l'on était en sécurité.
10:54 C'est là-bas que se trouvaient les ambassades occidentales,
10:56 dont celles des USA, mais aussi toutes les institutions gouvernementales.
10:59 Cette zone était encerclée en permanence par des véhicules blindés
11:02 et les accès y étaient extrêmement sécurisés.
11:05 Donc, que la zone soit à nouveau accessible librement
11:07 est une excellente nouvelle pour la société irakienne.
11:10 C'est le signe que le pays est à nouveau en paix.
11:13 Bon, ben, c'en est une de bonnes nouvelles. Cool.
11:15 On absorbe, on apprécie. Et dans 3 secondes, on continue.
11:18 Parce que c'est loin d'être parfait.
11:19 C'est mieux, beaucoup mieux, mais il reste du chemin.
11:22 L'Irak est un pays riche en pétrole, on l'a déjà dit en début de vidéo.
11:25 Sauf que les bénéfices tirés de la vente de jus de dinosaure,
11:28 la population civile, elle, n'en a jamais profité.
11:31 C'est assez évident quand on regarde le budget du gouvernement irakien.
11:35 Le budget irakien est d'environ 90 milliards de dollars.
11:42 Le grand morceau en bleu foncé.
11:43 Vous avez les salaires et les retraites de la fonction publique.
11:46 Ce qui est assez normal vu que c'est un régime clientéliste.
11:48 En revanche, pas d'amélioration à court terme du niveau de vie des Irakiens.
11:52 Parce que si tu rajoutes les dépenses en capital,
11:54 il reste plus grand chose pour investir dans la modernisation des infrastructures irakiennes.
11:59 C'est précisément l'énergie qui nécessite le plus d'investissement.
12:05 Alors que les réserves de gaz irakiennes sont 5 fois plus importantes
12:09 que celles du sultanat d'Oman, sa production est 4 fois inférieure.
12:13 L'industrie pétrolière irakienne est tellement à la ramasse
12:15 que sa production ne couvre que la moitié des besoins du pays.
12:19 Et le comble du gaspillage, l'Irak torche la plus grosse partie de son gaz naturel.
12:23 Parce qu'il ne dispose pas des infrastructures nécessaires pour le capter et l'exploiter.
12:28 Ce qui d'ailleurs arrange bien un de ses pays voisins.
12:30 En fait, le régime des Ayatollahs, il est sous sanctions occidentales.
12:39 Donc, il a du mal à exporter son gaz ou son pétrole.
12:42 A l'exception de l'Irak, vu que le gaz iranien lui permet de couvrir
12:46 pas moins d'un tiers de sa production électrique.
12:48 Donc, quand l'Iran ferme les vannes, l'Irak doit faire face à des coupures de courant massives.
12:53 Or, la sécurité énergétique est un des facteurs clés dans le développement économique d'un pays.
12:57 Et ça, les Irakiens du peuple, ils le savent aussi.
12:59 Ils sont indignés de voir comment les fonds publics servent à financer le régime iranien des Ayatollahs
13:04 plutôt que la modernisation des infrastructures irakiennes.
13:11 En 2022, le secteur pétrolier avait quand même dégagé 115 milliards de dollars de revenus.
13:16 Donc, c'est pas comme s'ils avaient pas les moyens de faire mieux.
13:18 Et pourtant, ils font pire.
13:19 Les emplois fictifs sont très populaires en Irak.
13:28 Des milliers de postes fantômes, mais qui sont rémunérés avec des salaires
13:32 en monnaie sonnante et trébuchante.
13:33 On estime que 10% des emplois publics en Irak sont fictifs.
13:37 Alors oui, le pays a beaucoup progressé.
13:39 Mais la corruption s'est substituée à la violence.
13:42 L'Irak a tellement de pétrole que techniquement, son revenu par habitant équivaut à celui de la Jordanie.
13:47 Mais la redistribution des richesses est si mal foutue,
13:50 les inégalités si criantes, les services publics si dysfonctionnels
13:53 et les coupures de courants si régulières.
13:56 Alors pourquoi est-ce qu'on s'en inquiète tant ?
13:58 Mais gros, c'est exactement pour cette raison que les talibans sont revenus au pouvoir en Afghanistan.
14:03 Les afghans en pouvaient plus de la corruption et des services publics qui n'en foutaient pas une.
14:07 Alors, est-ce que dans le cas de l'Irak, ça serait possible ?
14:09 Chapitre suivant.
14:10 Dès 2019, le pouvoir irakien fait face aux premières grandes manifestations démocratiques du pays.
14:26 Les Irakiens, ils scandaient des slogans anticorruption
14:29 et ils réclamaient des services publics plus efficaces.
14:31 Faut croire qu'ils ont été entendus parce qu'ils ont quand même obtenu la démission du Premier ministre.
14:36 Ce qui n'a pas empêché le régime irakien de mobiliser les forces de sécurité
14:39 pour réprimer les manifestants avec brutalité.
14:42 Sauf que les milices chiites, toujours présentes et actives dans le pays,
14:45 ne rendent pas de compte à l'état irakien mais à l'Iran.
14:48 C'était à ces milices que le général iranien Qassem Soleimani rendait visite quand il fut assassiné.
14:52 En 2021, la nouvelle vague de soulèvements populaires
14:55 et la répression par le régime irakien qui s'en suivit
14:57 a ravagé la coalition de l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki, soutenue par l'Iran.
15:02 Pour sa part, Al-Sadr a annoncé que le mouvement sadriste n'accorderait son soutien qu'à un gouvernement autonome,
15:08 libre de toute influence extérieure et notamment celle de l'Iran.
15:13 Le pouvoir part et pour les Irakiens.
15:15 Et pour cela, il avait besoin d'alliés de poids.
15:17 Un soutien qu'il trouva chez Massoud Barzani, le chef du parti démocratique du Kurdistan,
15:21 et Mohamed al-Halboussi, le chef du parti du progrès, d'idéologie sunnite mais pour un état laïque.
15:27 Voilà comment al-Halboussi a décrit les rangs de négociation avec Al-Sadr.
15:31 "Les temps de l'ingérence étrangère dans la formation de gouvernements irakiens est révolu.
15:36 Et aujourd'hui, les montagnes et les déserts d'Irak se dirigent vers l'honorable Najaf
15:41 pour des discussions sur un gouvernement irakien pour un monde national, ni oriental, ni occidental.
15:46 Mohamed al-Halboussi."
15:48 Najaf, c'est une ville à 160 km de Bagdad.
15:50 Et surtout, c'est le centre de gravité du pouvoir chiite en Irak.
15:54 En plus, ni à l'Est, ni à l'Ouest est la formule préférée d'Al-Sadr pour décrire son projet politique.
16:00 Sa vision de l'été irakien moderne.
16:02 C'est un slogan nationaliste irakien qui s'oppose directement à l'influence iranienne et étasunienne.
16:10 Par contre, il défend l'idée d'un Irak dirigé par une élite chiite mais avec le soutien des sunnites et des kurdes.
16:16 Sauf que tout ça, ça n'arrange pas l'Iran.
16:18 D'où ce genre de gros titre.
16:19 "L'Iran fait pression sur les dirigeants kourdes et sunnites d'Irak pour briser l'alliance de Sadr."
16:26 Mais les ayatollahs ne se sont pas contentés de papoter avec les alliés d'Al-Sadr.
16:29 Les gardiens de la révolution ont aussi lancé des frappes de missiles de précision et de drones sur le Kurdistan irakien.
16:35 La cour suprême d'Irak, elle, veut interdire les exportations de pétrole depuis la région autonome du Kurdistan irakien
16:42 pour la priver de sa principale source de revenus.
16:45 Quant aux milices chiites, elles se sont attaquées aux organisations sunnites.
16:48 Des milices chiites qui agissent violemment et en toute impunité dans des zones à majorité sunnites.
16:53 Face à l'escalade des tensions, Mouktada Al-Sadr essaya de déclencher des élections anticipées
16:58 en demandant à tous ses députés de démissionner.
17:01 Sauf qu'il s'est tiré une balle dans le pied.
17:03 Les sièges vides qui avaient été laissés par le mouvement sadriste
17:09 furent rapidement occupés par des représentants de partis pro-iraniens.
17:13 Le parlement forma alors un nouveau gouvernement avec à sa tête Mohammed Shia Al-Soudani,
17:18 un ancien ministre de l'équipe d'Al-Maliki.
17:20 Et Vincey, le mouvement sadriste, organisa des manifestations à Bagdad
17:24 qui conduirent à de violents affrontements avec les milices chiites pro-iraniennes.
17:28 L'Irak était au bord de la guerre civile.
17:30 Pour calmer le jeu, Mouktada Al-Sadr ordonna alors à ses partisans de battre en retraite.
17:35 Et puis, faut pas négliger la pression exercée par l'Iran.
17:41 Elle affecte aussi le domaine religieux.
17:42 L'un des éléments centraux de l'islam chiite, c'est le concept de marja.
17:46 Un marja, c'est une sorte d'autorité suprême, des grands ayatollahs, et en plus il y en a plusieurs.
17:51 Or, chaque musulman chiite doit avoir un marja,
17:54 un chef spirituel qu'il doit suivre sans hésiter, sans poser de questions.
17:58 Mohamed Al-Sadr, le père de Mouktada, était un marja, mais pas son fils.
18:02 Donc, en 1980, quand le robe de Mouktada a été assassiné,
18:05 ses adeptes ont été contraints de suivre un autre chef spirituel.
18:09 Ils se sont alors tournés vers l'ayatollah Al-Haïri.
18:12 Or, celui-ci, il a fait une déclaration très, très limite.
18:23 Déjà, l'événement est exceptionnel.
18:25 Comme pour le pape Benoît XVI chez les cathos,
18:27 c'est la première fois qu'un marja prend sa retraite.
18:30 Normalement, c'est un poste à vie.
18:32 Mais surtout, il invite ses fidèles à suivre la parole de l'ayatollah Khamenei,
18:36 le guide suprême de la révolution islamique iranienne.
18:38 C'est très probablement une manœuvre de Téhéran
18:41 pour renforcer son influence sur les chiites irakiens,
18:43 et pour saper celle de Mouktada Al-Sadr.
18:46 Mais les partisans du mouvement sadriste lui sont restés fidèles.
18:49 La tentative de subversion iranienne a échoué.
18:52 Le nationalisme irakien, qui fait passer l'intérêt politique au-dessus du religieux,
18:56 s'en est trouvé renforcé.
18:58 De toute évidence, Mouktada Al-Sadr n'est pas l'allié idéal des États-Unis.
19:02 Mais compte tenu de l'état de la scène politique irakienne et de l'ingérence iranienne,
19:06 c'est peut-être bien la moins pire des solutions.
19:08 Un Irak fort, dirigé par une coalition de chiites, de sunnites et de kurdes,
19:12 et qui s'oppose à la domination iranienne,
19:15 permet à Washington de recentrer son attention sur d'autres menaces,
19:18 comme la Russie ou la Chine.
19:20 En tout cas, il est clair que les USA ont fait une énorme erreur stratégique.
19:24 Eux qui voulaient encercler l'Iran en instaurant des régimes alliés en Afghanistan et en Irak,
19:29 ils ont surtout ouvert la voie à une expansion iranienne.
19:32 Maintenant, à toi.
19:33 A ton avis, quel est l'avenir de la démocratie irakienne ?
19:35 Mouktada Al-Sadr est-il réellement la moins pire des solutions ?
19:39 Fais-nous savoir ce que tu en penses dans les commentaires.
19:40 Lâche un like, abonne-toi et partage si la vidéo t'a plu.
19:43 Et à bientôt pour plus d'actu international sur Diplo.
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