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00:00 Ton mari vient de recevoir son congé.
00:07 Il fallait bien que ça arrive un jour.
00:11 Je voudrais que tu n'aies pas de chagrin.
00:13 Dans dix ans, on se rendra compte que j'avais raison.
00:20 Et dans cinquante ans, encore plus.
00:25 Le communiqué doit être bref.
00:45 Il n'y a rien d'autre à dire que ceci.
00:47 Je cesse d'exercer mes fonctions de président de la République.
00:52 Cette décision prend effet aujourd'hui à midi.
00:56 Non, ni téléphone, ni visite.
01:00 Qu'on me laisse en paix.
01:02 Je vous en prie.
01:20 Je vous en prie.
01:40 Je vous en prie.
02:02 Je vous en prie.
02:24 Je vous en prie.
02:50 Je vous en prie.
03:00 Voici le texte.
03:02 Je cesse d'exercer mes fonctions de président de la République.
03:06 Cette décision prend effet aujourd'hui à midi.
03:08 Depuis midi, monsieur Alain Poher, le président du Sénat,
03:11 exerce provisoirement les fonctions de président de la République.
03:14 À 20h, il y a de nombreuses réactions en France
03:17 après le départ du général de Gaulle,
03:19 le président Nixon...
03:20 Quant au ministre, ils se sont retrouvés ce matin
03:22 à l'hôtel Matignon pour un conseil de cabinet.
03:24 Monsieur Couvre-de-Murville a lu aux journalistes la lettre d'enquête...
03:27 ...dans la France, au nom au référendum,
03:29 sur la régionalisation et sur la réforme du Sénat...
03:31 ...des personnalités qui seront candidates
03:33 à la présidence de la République,
03:35 déjà un certain nombre de déclarations ont été prononcées.
03:38 Ainsi, monsieur Valéry Giscard d'Estaing...
03:40 ...avait une communication à la presse...
03:42 Eh bien voilà.
03:52 C'est fini.
03:54 Je n'éprouve que honte et tristesse, mon général.
03:58 Il y a au moins une centaine de journalistes à la grille.
04:04 Ils perdent leur temps, je ne les verrai pas.
04:07 Je n'interviendrai pas sur quoi que ce soit.
04:10 Les Français souhaiteraient peut-être que...
04:12 Je leur parle une dernière fois ?
04:14 Il n'y a plus rien à dire. Qui a dit non ?
04:17 Vous prendrez toutes les dispositions dont nous avons parlé, n'est-ce pas ?
04:23 Et j'insiste sur le fait que je refuse...
04:26 ...tout traitement prévu pour les anciens présidents,
04:29 y compris pour le Conseil constitutionnel.
04:32 Tout sera fait, mon général.
04:35 [Couinement de chats]
04:37 [Couinement de chats]
04:39 [Couinement de chats]
04:42 Ah, mais...
04:45 Il pourrait vous en dire plus que moi sur mes mémoires.
04:49 C'est lui qui en est le veilleur.
04:52 Oh, avez-vous remarqué qu'à chaque fois qu'il y a un chat dans une maison,
04:55 il est le seul à se tenir au courant de tout ?
04:58 Churchill avait un chat...
05:01 ...qu'il appelait Nelson.
05:03 Tous les soirs, comme un directeur de cabinet,
05:07 il lui faisait le compte-rendu de la journée.
05:10 Il lui parlait des affaires en cours.
05:13 Et un jour, Churchill me dit...
05:15 "J'ai l'impression que je ne lui apprends rien."
05:18 Il sait déjà.
05:20 Moi, je ne vous apporte aucune nouvelle du monde
05:25 où rien ne se fait...
05:27 ...que de médiocres.
05:32 La grandeur n'existe plus.
05:34 Certains s'en réjouissent.
05:36 Oui, ce sont ceux qui confondent la grandeur et le faste,
05:40 qui n'y voient que du théâtre.
05:42 La grandeur, c'est la solitude, l'austérité, l'indépendance.
05:46 Toute votre vie l'a prouvé.
05:48 À Londres, en 40, il fallait nous définir.
05:53 Venus de partout, si différents,
05:57 on me posait la question...
05:59 "Qui sommes-nous ? Des exilés ?
06:02 "Des combattants d'une quelconque légion ?"
06:06 Alors j'ai dit...
06:08 "Nous sommes la France."
06:11 J'ai osé.
06:13 Parce que c'était vrai.
06:16 -Qui parlera pour elle à présent ?
06:19 -Le risque, désormais, c'est que la France
06:22 ait à sa tête des hommes habiles,
06:25 intelligents, cultivés,
06:28 et même parfois honnêtes,
06:31 mais qui ne croient pas suffisamment en elle
06:34 ou ne l'aiment pas assez.
06:37 S'ils sont persuadés que la France
06:40 n'est plus capable de tenir sa place,
06:43 de diriger son destin,
06:46 alors commenceront les renoncements.
06:49 Et ça sera fini,
06:52 de notre indépendance et de notre souveraineté.
06:57 -Que nous reste-t-il, mon général ?
07:01 -Je vois venir un temps
07:04 où l'homme se satisfera
07:07 de n'être qu'une marchandise,
07:10 fière de se suffire à lui-même,
07:13 sans ressentir le besoin
07:16 de quelque chose de plus grand.
07:19 -Le jour s'en va.
07:22 -La nuit ne m'effraie pas.
07:26 En juin 40,
07:29 Georges Mandel m'a dit
07:32 qu'il fallait aimer la nuit
07:35 parce qu'elle était porteuse de lumière.
07:38 Vous et moi connaissons cela.
07:41 -Ce peut être la vraie définition de la résistance.
07:45 La nuit, l'automne dévoué à la nuit,
07:49 tout à coup,
07:52 se poursuit vers l'ombre
07:56 et devient l'azur.
07:59 -Magnifique poète.
08:02 -Pierre Jean Jouve,
08:05 il lui a suffi de vous entendre prononcer la France
08:09 pour savoir ce qu'était l'espérance.
08:13 -Ah non, malheureux.
08:16 Demain, il fera jour,
08:19 demain, il fera jour.
08:23 Au revoir, mon cher
08:38 et si grand ami.
08:41 -Général,
08:46 avoir pu vous aider a été la fierté de ma vie.
08:50 Il est encore davantage
08:53 face aux néos.
08:56 ...
09:25 ...
09:54 ...
10:08 -Française, français,
10:11 le général de Gaulle est mort.
10:14 La France est veuve.
10:18 En 1940,
10:22 de Gaulle a sauvé l'honneur.
10:25 En 1944,
10:28 il nous a conduit à la libération
10:31 et à la victoire.
10:34 Que dans l'âme nationale,
10:37 de Gaulle vive éternellement.
10:41 -Tout est à faire, madame.
10:46 -Qu'il ne reste rien, Yvonne,
10:51 surtout pas de reliques.
10:54 Rien.
10:57 ...
11:26 ...
11:52 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]