Invitée sur le plateau de CNEWS, Céline Pina s'est exprimée sur la rentrée politique de la NUPES et des déclarations de Jean-Luc Mélenchon sur Gérald Darmanin.
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00:00 -Oui, cette rentrée sera décidément celle du déshonneur
00:03 pour une partie de la NUPES.
00:05 On a ainsi appris, grâce à Europe Écologie, Les Verts,
00:08 grâce à son soutien à Médine,
00:10 qu'une parole antisémite était acceptable
00:13 si elle était stupide ou inculte,
00:15 et rien n'interdit de cumuler les deux options.
00:18 Le parti a même fait un triomphe à Médine,
00:21 qui a soigneusement évité de discuter
00:23 de la dimension antisémite de son tweet
00:26 pour se présenter en victime d'une France raciste
00:29 et proche de l'extrême droite.
00:31 Et maintenant, on a le dirigeant du parti leader de la gauche,
00:35 Jean-Luc Mélenchon,
00:36 qui lui fait carrément démarrer l'extrême droite au macronisme.
00:40 L'extrême droite, pour Jean-Luc Mélenchon,
00:42 c'est le fascisme et la dictature.
00:44 La France n'a plus de force de l'ordre,
00:46 mais sous la coupe d'une milice aux ordres de Gérard Darmanin.
00:50 -Vous êtes sûre de ne pas trop exagérer ?
00:52 On vous connaît très piquante lors de vos analyses,
00:55 mais ce n'est pas une exagération ?
00:58 -Alors, je vais vous laisser en juger sur pièce, finalement.
01:01 C'est encore ce qu'il y a de plus honnête.
01:03 Je vais vous lire le verbatim exact des propos de Jean-Luc Mélenchon
01:07 à propos de Gérard Darmanin.
01:09 "Le candidat commun de l'espace idéologique
01:12 "que représente l'urbanisme français,
01:14 "la jonction de la droite et de l'extrême droite,
01:16 "c'est M. Darmanin.
01:18 "C'est un homme qui dispose d'une audience
01:20 "sur plus de 100 000 personnes, dont il est ministre,
01:23 "et qui ont manifesté une manière d'être et de penser
01:26 "que tout le monde connaît et qui est la police du pays.
01:29 "Ce n'est pas rien tout ça.
01:31 "Il n'y a que les naïfs pour croire que cela n'arrive qu'aux autres.
01:34 "On doit tenir compte, comprendre le danger
01:37 "et comprendre le personnage."
01:39 Il se trouve que les mots ont un sens,
01:42 et ce que vient de dire Jean-Luc Mélenchon
01:44 est profondément scandaleux et inacceptable.
01:47 Ca rentre complètement dans la définition de factieux.
01:50 En effet, ce type de rhétorique
01:53 nie toute légitimité aux institutions
01:55 et elle fait de la police la milice du pouvoir.
01:58 C'est donc un appel à l'insurrection.
02:00 Si la police est une milice,
02:02 alors toute intervention de sa part est illégitime.
02:05 Elle n'est plus un outil destiné au maintien de l'ordre
02:08 ou à la protection des citoyens.
02:10 Elle est une force d'oppression à laquelle il est normal de répliquer.
02:14 Attaquer des commissariats devient alors un acte de libération
02:17 du territoire, et vouloir attaquer et tuer des miliciens,
02:21 c'est finalement un acte citoyen, voire un geste héroïque.
02:25 Voilà ce que libère ce genre de rhétorique,
02:27 le ressentiment et la haine.
02:29 Et ne nous voilons pas la face.
02:31 Le problème, c'est que le public auquel s'adresse
02:34 Jean-Luc Mélenchon, en tout cas une partie de ce public,
02:37 peut passer à l'acte. Il l'a montré au mois de juillet.
02:40 Donc ce discours s'inscrit complètement
02:43 dans la logique de communication de LFI,
02:45 qui fait des policiers des cibles,
02:48 qui défend les violences et les pillages
02:50 au nom de la justice sociale,
02:52 et qui désigne les policiers comme ontologiquement racistes
02:56 et, ici, fascistes.
02:57 -Vous évoquiez aussi l'extension du domaine de l'extrême droite,
03:01 puisque Jean-Luc Mélenchon l'a fait démarrer
03:03 juste après le Parti socialiste.
03:05 -Oui, il dit exactement ceci en s'adressant à ses militants.
03:09 "Vous devez vous préparer au choc avec une ligne de front
03:13 "qui s'étend de l'extrême droite jusqu'au macronisme,
03:16 "d'un seul fil avec autant de nuances
03:19 "que l'on peut en trouver dans la grisaille,
03:21 "mais au total, c'est la même couleur et la même grisaille."
03:25 C'est extrêmement explicite.
03:27 Ceci dit, on ne pourra pas reprocher à Jean-Luc Mélenchon
03:30 de faire dans la subtilité,
03:32 mais on a l'impression qu'en matière de déconnexion avec le réel,
03:35 lui aussi atteint des sommets.
03:37 Ce type de rhétorique guerrière, en fait,
03:40 sert souvent à marquer l'inanité des propositions
03:43 et le manque de consistance du projet politique.
03:46 On fait autant plus le gorille
03:48 que, dans le fond, on n'a rien à dire et rien à proposer.
03:51 Donc, quand on n'a rien à proposer,
03:53 on peut toujours bâtir une stratégie de conquête du pouvoir
03:56 sur la dénonciation.
03:58 Faute de solution, on propose des coupables à l'inché.
04:01 Et c'est vrai, en politique, ça fonctionne.
04:04 Ce n'est pas une mauvaise stratégie,
04:06 mais ça signifie aussi qu'on est sorti de la démocratie
04:09 et que la politique redevient violente et dangereuse.
04:12 C'est une trahison de l'humanisme
04:14 et c'est une profession de foi antidémocrate
04:17 et un effondrement moral.
04:18 -C'est aussi d'une hypocrisie sans borne, pour vous.
04:22 -Oui, d'abord, parce que Jean-Luc utilise le terme "extrême droite"
04:25 comme l'insulte suprême.
04:27 Il l'utilise, d'ailleurs, comme le fait Emmanuel Macron
04:30 quand il se retrouve en période d'élection.
04:33 Il l'utilise comme il s'est cristallisé
04:35 dans l'inconscient collectif,
04:37 en lien avec la Seconde Guerre mondiale.
04:39 La référence à l'extrême droite,
04:41 ça ne renvoie pas à l'échiquier politique actuel.
04:44 Cela renvoie pas du tout à la droite réactionnaire,
04:48 mais à l'héritage de la collaboration,
04:51 à la complicité du crime contre l'humanité
04:53 commis par les nazis.
04:54 L'extrême droite en France est une façon polie
04:57 d'accuser les gens d'être fascistes ou néo-nazis.
05:01 Le premier problème est que si quelqu'un est en train
05:04 de s'allier à d'authentiques soutiens des nazis,
05:07 c'est Jean-Luc Mélenchon.
05:09 La dérivée islamo-gauchiste l'a beaucoup rapprochée
05:12 des frères musulmans, qui, eux, étaient de fait
05:14 les alliés des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
05:18 Il reprend le revendication politique des islamistes,
05:21 le port du voile vendu comme une liberté,
05:23 la tentative de criminaliser tout discours sur l'islam
05:26 à travers l'accusation d'islamophobie,
05:28 le discours de persécution des musulmans,
05:31 la référence au racisme systémique, etc.
05:33 Mais il reprend aussi leur discours
05:35 sur la corruption des institutions
05:37 et leur illégitimité,
05:38 et sur la délégitimation des forces de l'ordre.
05:41 Il faut dire que les objectifs de ces deux forces
05:44 sont semblables,
05:46 mais il faut semer le chaos pour faire tomber le système.
05:49 -Vous trouvez qu'il ressemble de plus en plus à Jean-Marie Le Pen.
05:52 -Oui, en fait, quand je le voyais déambuler sur scène,
05:55 la rage au ventre et presque la bave aux lèvres,
05:58 parce qu'il dégage une vraie violence dans ses paroles,
06:01 mais comme dans sa gestuelle et dans son attitude,
06:04 je revoyais, en fait, les images de Jean-Marie Le Pen
06:07 qu'on nous montrait au JT,
06:10 notamment quand il fait ses jeux de mots extrêmement choquants,
06:13 "Four crématoire", etc.
06:15 Et on le voyait, lui aussi, arpenter la scène,
06:19 haranguer la foule, il était ivre de lui-même.
06:21 C'était souvent à ce moment-là
06:23 que le maximum de débordements avait lieu.
06:26 Sauf que... Et il essayait aussi
06:28 de réveiller le ressentiment de son auditoire,
06:30 sauf qu'en règle générale, on sifflait vite la fin de la récré,
06:34 et personne ne lui trouvait d'excuses.
06:36 -Vous remarquez qu'il reproche à Gérald Darmanin
06:39 des propos conformes à ceux qu'il avait tenus en 1991.
06:43 -Oui, parce que la colère de Jean-Luc Mélenchon
06:46 a été déclenchée par des propos tenus par Gérald Darmanin
06:49 et rapportés par La Voix du Nord,
06:51 où il parle d'une possible victoire de Marine Le Pen
06:54 et invite pour l'éviter à s'intéresser
06:56 au sort des classes populaires.
06:58 Et ce qu'il dit, c'est que si le parti présidentiel
07:02 ne s'appuie que sur les gagnants de la mondialisation
07:05 et les élus des centres-villes, il ne fera pas 51 % des voix.
07:08 Du coup, le ministre se pose comme un rempart
07:11 contre l'extrême droite.
07:13 Le premier problème, c'est que tous les adversaires de Marine Le Pen
07:16 veulent se poser en rempart contre l'extrême droite,
07:19 et ils le font tous parce qu'ils n'ont pas de proposition à faire
07:23 ni de chemin à montrer pour la France.
07:25 Donc, leur sale acte de campagne,
07:27 c'est de dénoncer le retour de la bête immonde
07:30 et de prêter à tous leurs adversaires
07:32 le potentiel ventre fécond.
07:34 -Vous constatez que cela fonctionne de moins en moins.
07:37 -En fait, dans une politique
07:39 qui se terminerait en syndrome du castor,
07:43 où on demanderait simplement aux électeurs de faire barrage,
07:46 le premier problème, c'est que tout le monde est sur cette logique,
07:49 il devient compliqué de se distinguer,
07:52 d'être efficace dans la captation des voix.
07:54 Le deuxième problème, c'est que l'extrême gauche,
07:57 à force de renvoyer tout le monde à l'extrême droite,
08:00 a affaibli sa capacité à être une véritable source
08:03 de délégitimation.
08:04 Quand vous dites que tout ça,
08:06 ça va quasiment de Macron à Éric Zemmour,
08:10 c'est très peu convaincant.
08:13 Le deuxième problème, c'est que l'adversaire principal,
08:16 c'est le RN, et que le RN d'aujourd'hui
08:18 n'est pas le Front national d'hier.
08:20 Autrement dit, le parti peut être qualifié
08:22 de réactionnaire, de conservateur,
08:24 mais on n'y trouve plus les appels à la violence,
08:27 la volonté de déstabiliser les institutions
08:30 ou la dimension factieuse, qui, on vient de le voir,
08:33 apparaît de plus en plus au grand jour à la LFI.
08:35 Le RN n'a pas non plus des alliés encombrants aussi visibles
08:39 et aussi encombrants que sont les islamistes
08:42 et les racialistes, dont les racialistes,
08:44 ce sont les gens qui vous expliquent
08:46 qu'ils sont antiracistes, mais qui réduisent chacun
08:49 à leur couleur de l'or.
08:50 -Cela se traduit dans les sondages.
08:52 -Oui. On a posé la question aux Français
08:54 pour savoir quelle était la personnalité politique
08:58 la plus dangereuse pour la démocratie.
09:00 C'est Jean-Luc Mélenchon,
09:02 qui est arrivé avant Marine Le Pen.
09:04 Ca fait trois sondages que ça arrive.
09:06 Le dernier sondage, c'était un sondage IFOP fiducial,
09:09 en date du 17 juin 2023.
09:12 21 % des sondés estimaient que le RN était un danger
09:15 pour la démocratie, contre 28 % pour LFI.
09:19 30 % des sondés pensaient que le RN était capable de gouverner.
09:24 Pour LFI, il n'était plus que 13 %
09:26 à donner une réponse positive.
09:29 L'image du RN et de Marine Le Pen se notabilise
09:32 quand la réputation de LFI, elle, empire de plus en plus.
09:36 Donc, ce qu'on voit, c'est que la stratégie
09:38 de l'intention, de l'appel au soulèvement,
09:41 de l'attaque des institutions,
09:43 qui a pour vocation de faire main basse sur la colère du peuple,
09:46 derrière tout ça, il y a le vieux rêve
09:49 de transformer un peuple révolté en un peuple révolutionnaire.
09:52 Pour l'instant, ce fantasme n'est pas un levier politique.
09:56 En fait, il aurait même tendance à marginaliser
09:59 cette gauche médine à un point, aujourd'hui,
10:02 que quel que soit le politique interrogé,
10:05 quel que soit le camp,
10:06 et notamment tous les politiques de gauche,
10:09 quand vous discutez avec eux en off,
10:11 ils vous disent que dans le cas d'un second tour Le Pen-Mélenchon,
10:15 Le Pen serait largement élu.
10:17 [Musique]
10:19 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]