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Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, s'est exprimé ce dimanche dans son fief de Tourcoing, lors d'un rassemblement organisé pour marquer sa rentrée politique.

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Transcription
00:00 Alors, vrai ou faux, les classes populaires de notre pays
00:03 ne se sentent pas vraiment considérées
00:05 ni assez représentées.
00:07 Elles ont l'impression de ne compter pour pas grand-chose,
00:10 de subir l'ironie et parfois, je l'ai dit, le mépris.
00:14 Alors, certains observateurs m'ont déjà fait remarquer
00:17 que ce sentiment d'injustice, d'inéquité, de ressentiment
00:20 et parfois de colère n'était pas fondé.
00:23 Notre pays, il est vrai, ça a été rappelé cet après-midi,
00:27 tu l'as rappelé encore, Renaud, et merci de tes propos,
00:30 depuis les grandes lois républicaines,
00:31 est le seul à garantir le droit à l'éducation gratuite
00:34 et pour tous, et la santé gratuite et pour tous,
00:39 le seul à dépenser autant d'argent public
00:41 pour son système social dans tous les pays occidentaux.
00:45 Mais, mesdames, messieurs, un sentiment,
00:46 même lorsqu'il ne correspond pas à la vérité des chiffres
00:49 ou à la rationnée du réel, ne se méprise pas,
00:53 ne se rejette pas d'un revers la main
00:55 et ne peut faire pas l'objet de moqueries,
00:57 surtout de la part de ceux qui n'appartiennent pas
00:59 aux mêmes difficultés sociales.
01:01 Un sentiment, c'est comme en amour, en amitié,
01:03 ça se respecte et ça se prend au sérieux.
01:07 Il faut respecter et prendre au sérieux le sentiment
01:10 qu'ont les employés, les ouvriers, les artisans,
01:12 les commerçants et les fonctionnaires
01:14 qui se sentent parfois découragés
01:15 devant le mal qu'ils se donnent au travail
01:18 et à une rémunération trop faible.
01:20 Il faut respecter et prendre au sérieux
01:22 le sentiment de toutes ces femmes seules
01:25 qui élèvent courageusement leurs enfants
01:27 et qui sont de plus en plus nombreuses dans nos sociétés,
01:30 notamment dans les catégories les plus populaires,
01:33 celles qu'on appelle publiquement les familles monoparentales.
01:36 Elles sont débordées, débordées par la vie,
01:39 dans l'insécurité, y compris vis-à-vis de leur ex-conjoint,
01:43 peu rémunérées,
01:44 dans des professions éreintantes et essentielles,
01:47 auxiliaires de vie, assistantes maternelles,
01:50 infirmières, femmes de ménage,
01:52 employés communals ou salariés.
01:55 Il faut respecter et prendre au sérieux le sentiment
01:57 qu'ont les parents des quartiers populaires
01:59 dont les enfants vont dans les écoles
02:00 où la mixité sociale s'est largement affaiblie,
02:04 où les difficultés des parents s'additionnent
02:05 aux difficultés des autres parents
02:07 et où l'égalité des chances existe difficilement
02:10 car le déterminisme social y est beaucoup trop fort.
02:13 Et il faut respecter et prendre au sérieux
02:15 le sentiment que la population exprime
02:17 lorsqu'elle souhaite davantage d'autorité,
02:20 de présence de la police, d'une immigration plus contrôlée
02:24 et d'une laïcité plus respectée.
02:27 Il faut respecter et comprendre le sentiment
02:28 que les aléas de la vie, le manque de médecins,
02:31 la canicule dans les logements HLM,
02:34 le prix de l'essence, les maladies dues à la pollution
02:38 fait que les aléas climatiques sont aujourd'hui, en premier,
02:43 touchés par ceux qui habitent dans les quartiers populaires,
02:48 ceux qui ne connaissent pas, comme la jeunesse de France,
02:50 toujours un avenir meilleur demain.
02:53 Ces sentiments vécus et répétés poussent souvent au désespoir,
02:57 à la contestation, à la perte de confiance
03:00 dans notre démocratie et au vote populiste qui promet tout.
03:04 Dire cela, ce n'est pas critiquer.
03:08 Ce n'est pas non plus imaginer un quelconque calcul personnel.
03:13 Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire,
03:16 comme le disait Jaurès, Agnès, je te cite après toi.
03:20 La fidélité et la loyauté,
03:21 ça ne veut pas simplement se taire pour plaire,
03:26 alors que parfois, on pense un petit peu différemment.
03:30 Quelle drôle de loyauté et de fidélité,
03:31 celle qui consisterait à ne pas soumettre au débat
03:34 les convictions et les pistes d'amélioration
03:35 auxquelles on croit pour le bien collectif,
03:37 pour son pays, pour son équipe.
03:40 Et quand on a la chance, comme de nombreux élus ici,
03:42 de croiser tous les jours des habitants des quartiers populaires
03:46 qui nous demandent de faire entendre leur message à Paris.
03:49 Comment rester sourds à toutes ces lettres
03:51 glissées dans les déplacements, à tous ces messages,
03:54 à tous ces propos tenus dans les réunions
03:57 par des habitants que l'on rencontre
03:59 et qui nous disent qu'ils ont besoin de nous ?

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