• l’année dernière
Avec l'été caniculaire qu'on a connu s'est posé une nouvelle fois la question de la ressource en eau dans notre département.
L'hiver a été très sec. Les orages du mois de mai ont fait un peu de bien. Mais depuis juin, de nouveau, peu ou pas de pluies.
On a donc fait le point ce matin sur la situation avec des gens qui descendent sous nos pieds pour sonder l'état des sources et des nappes souterraines.
C'est l'association LARZAC EXPLO, une association de recherche en milieu souterrain.
Elle vient d'effectuer de très récents relevés et les nouvelles ne sont pas très bonnes.
Jean Camplo, un des membres fondateurs de LARZAC EXPLO était notre invité ce lundi matin dans le 6/9.

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Transcription
00:00 Notez bien, pour cette nouvelle saison, le rendez-vous où les érotés prennent la parole et débattent,
00:05 c'est à 8h moins 10 du lundi au vendredi sur France Bleu Héros.
00:09 Alors c'est la question du jour qu'on vous pose ce matin.
00:17 Cet été, est-ce que vous avez fait encore plus attention à votre consommation d'eau ?
00:21 Est-ce que vous avez adopté certains gestes permettant d'économiser l'eau ?
00:24 On veut savoir ce que vous en pensez, on veut savoir ce que vous avez fait.
00:27 Pour cela, vous nous appelez au 04 67 58 6000.
00:30 Vous pouvez aussi réagir via notre appli ici ou via la page Facebook.
00:33 Laissez des petits commentaires comme certains ont pu le faire.
00:35 Vous allez pouvoir prendre la parole évidemment.
00:37 Ce matin, nous recevons Jean Camplot, Guillaume Rouland.
00:40 Bonjour Jean Camplot.
00:41 Bonjour.
00:42 Vous êtes un des fondateurs de l'association Larzac Explos.
00:45 Alors ce n'est pas une association de spéléologues, même s'il y a des spéléos dans l'association,
00:50 mais c'est une association de recherche en milieu souterrain, c'est ça ?
00:53 C'est ça, tout à fait.
00:54 Alors, on n'est pas un club de spéléologie.
00:56 C'est-à-dire qu'en fait, l'association n'est pas affiliée à la Fédération Française de Spéléologie.
01:00 Mais par contre, nous qui sommes membres de Larzac Explos, on est affilié à la Fédération quand même.
01:06 Donc c'est nos proches cousins.
01:07 Mais par contre, notre mission à nous, du moins les objectifs qu'on s'est fixés,
01:11 avec la communauté de communes Lodévoie et Larzac, puisqu'on travaille dans le cœur des Rho,
01:15 en fait c'est la recherche en milieu souterrain et notamment autour de l'eau.
01:20 Donc vous êtes en première ligne pour voir, évaluer, estimer, faire un diagnostic de l'état de la ressource en eau.
01:27 En première ligne.
01:28 En tout cas dans ce secteur-là.
01:29 Oui, dans ce secteur-là, parce que l'Ero c'est vaste, donc nous on se cantonne autour de Lodève,
01:33 de la ville de Lodève.
01:34 Après, sur le plateau du Larzac, puisque c'est là qu'il y a le plus de cavités en milieu karstique.
01:40 Alors le milieu karstique c'est quoi ?
01:41 En fait, c'est tout simplement le calcaire.
01:45 En fait, le plateau du Larzac, c'est un plateau karstique.
01:48 C'est tout ce qui a un rapport avec la circulation des eaux souterraines.
01:51 Donc on est en première ligne en effet.
01:52 Et pourquoi l'état de ce secteur-là, je dirais, est important pour ce qui concerne le diagnostic
01:59 qu'on peut faire de la ressource en eau dans notre département ? Expliquez-nous.
02:02 Le cœur des Rho dépend pratiquement à 90% de la ressource calcaire.
02:09 C'est-à-dire qu'en fait...
02:10 Grande partie de l'eau qu'on consomme dans le cœur des Rho,
02:13 et même peut-être ici jusqu'au sud un peu du département ?
02:15 Oui, même Montpellier, puisque Montpellier est relié à la source d'Ulès,
02:18 qui est une source karstique, donc qui est liée au calcaire.
02:21 Donc à partir de là, le cœur des Rho, il est en tension cet été par rapport au manque d'eau,
02:29 au manque de pluie géométrique.
02:30 Alors, ce n'est pas catastrophique dans le sens où grâce aux pluies hivernales ou automnales,
02:35 le karst se recharge, c'est-à-dire que...
02:36 On n'a pas eu beaucoup de pluie cet hiver ?
02:38 Non, on n'a pas eu.
02:39 On constate sous terre une sécheresse qu'on a pratiquement de mémoire d'homme jamais vue.
02:45 Alors, qu'en est-il précisément ? Expliquez-nous Jean-Complot.
02:48 Vous avez fait, je crois, dans le courant du mois d'août, une exploration à Larzac Explos,
02:53 notamment au niveau de l'Avenue du Cochon.
02:56 Vous dites en deux mots l'Avenue du Cochon ?
02:58 Alors, l'Avenue du Cochon, il est situé à Saint-Pierre-de-la-Fage, sur le côté du Larzac.
03:00 Il a la particularité d'être relié à deux bassins hydro-géologiques,
03:04 c'est-à-dire deux grandes sources, côté Saint-Etienne-de-Gourgace vers l'Eau d'Ève et côté Vallée de la Visse.
03:10 Donc, cet avenue-là, il est très important parce que justement,
03:13 les circulations d'eau vont à deux endroits différents.
03:16 Comme vous le savez, la Visse, c'est un affluent de l'héros.
03:19 Donc, à partir de là, on a pu observer des choses un peu inquiétantes.
03:25 Alors, qui nous arrange à nous, spéléologues ?
03:27 Oui, parce que du coup, comme il y a moins d'eau, ça vous permet d'aller plus explorer.
03:30 On peut aller plus loin, mais par contre, au niveau de la nappe, en gros, c'est un peu compliqué là-dessus.
03:37 Alors, les chiffres, les codes sont les suivantes.
03:39 Vous dites que, par rapport à ce que vous avez observé,
03:42 les observations, vous en faites tous les combien à peu près ?
03:44 On en fait tous les week-ends.
03:46 En tout cas, pour ce qui concerne la veine du cochon, au mois de février, l'eau était à -214 mètres.
03:51 Et au mois d'août, elle était à -237.
03:54 Ça veut dire que le niveau a baissé de 23 mètres.
03:57 Tout à fait. En fait, c'est un siphon terminal.
04:00 On travaille aussi avec une autre association qui s'appelle Céladon, qui est basée à Bayargues,
04:05 et qui est une association spécialisée dans la plongée souterraine.
04:08 C'est Franck Vasseur qui s'en occupe.
04:10 Et lui, il est venu pour plonger ce siphon.
04:12 Et quand on est arrivé avec les bouteilles, il n'y avait plus d'eau.
04:14 On l'avait vérifié en février à -214.
04:18 Et en fait, quand on est arrivé, il était à la profondeur...
04:22 Ça veut dire qu'en l'espace de 5 mois, 6 mois, 5 mois, ça a baissé de 23 mètres.
04:26 Même mieux, parce qu'on a amené les bouteilles, parce qu'on fait ça en plusieurs fois,
04:29 parce que c'est très loin, très long, très lent, c'est une qualité qui est longue.
04:33 On a amené les bouteilles au mois de juillet, on avait fait une petite expédition au mois de juillet.
04:38 On a vu le niveau d'eau baisser de 4 mètres encore.
04:41 Avant d'accueillir une première auditrice, Jean Camplot, -237, c'est une cote qui était déjà référencée ou c'est un record ?
04:47 Non, la vingt était connue jusqu'à -214.
04:50 Et Franck Vasseur a plongé ce siphon...
04:52 Donc c'est la première fois que l'eau est aussi bas ?
04:55 Oui, de mémoire d'homme, de spéléologue, c'était pas connu à cette profondeur-là.
04:59 Les premiers explorateurs avaient découvert le siphon dans les années 80.
05:03 Il était à la profondeur qu'on avait vue en février à -214.
05:07 Nous on a dit "bon ben c'est bon, il est là le siphon" et quand on est arrivé, il était bien plus bas.
05:11 Et comme Franck Vasseur a plongé, il a plongé jusqu'à 270 mètres de profondeur.
05:14 Donc une cote d'alerte a clairement été franchie cet été ?
05:17 Oui, le quart, on dit qu'il se vide.
05:19 Ce qui nous incite évidemment à vous poser une question importante ce matin.
05:22 Oui, cet été, est-ce que vous avez fait encore plus attention à votre consommation d'eau ?
05:26 Est-ce que vous avez adopté certains gestes permettant d'économiser l'eau ?
05:29 Alors vous pouvez bien sûr donner votre avis sur l'appli ici ou via la page Facebook.
05:33 On a eu plein de messages, il y a par exemple Sébastien qui dit "dans le canton d'Olonzac,
05:37 ça fait plusieurs jours qu'ils nous ont coupé l'eau, donc pas d'arrossage le soir et en attente une fois".
05:41 C'était l'eau courante entre 8h et 17h30.
05:44 Donc voilà, il y a aussi Geneviève qui nous dit "pas d'économie chez nous,
05:48 deux fuites d'eau à l'intérieur, résultat gros dépassement des mètres cubes et tout remettre à neuf,
05:53 sinon les eaux de rinçage, les légumes servent aux plantes".
05:56 Vous pouvez réagir vous aussi sur la page Facebook ou en nous appelant évidemment au 0467 58 6000
06:02 et nous dire ce que vous en pensez, ce que vous avez pu faire.
06:04 Il y a par exemple Zara qui est avec nous ce matin.
06:06 Bonjour Zara, vous êtes de Béziers, bienvenue.
06:08 Bonjour messieurs, dames, bonjour.
06:10 On vous écoute Zara.
06:12 Je vous appelle parce que moi j'ai 81 ans et quand j'étais petite, j'avais à peu près 5 ans,
06:20 je suis née à l'Algérie française.
06:23 Alors on n'avait pas d'eau.
06:26 À l'Algérie, on n'avait pas d'eau.
06:28 Il vient par exemple à 6h du matin, à 8h il n'y a plus d'eau.
06:33 Et à l'âge de 5 ans, je m'en vais dans un ruisseau dans la nature,
06:39 on va chercher des bidons pour les ramasser, pour les mettre dans les bassines, dans les jarres,
06:45 et pour qu'on se lave.
06:47 Vous faisiez ça tous les jours Zara, pour aller chercher l'eau ?
06:50 Tous les jours, tous les jours, tous les jours de notre vie,
06:54 jusqu'à ce que je sois arrivée en France.
06:57 Et ici en France, on a la richesse, la plus belle richesse, c'est l'eau.
07:03 Et quand je trouve les gens qui rentrent dans la salle de bain et ne se savonnent même pas,
07:10 et qui laissent l'eau coller pendant 12h, moi je suis malade.
07:15 Je suis malade et quand je vois les gens pour laver un verre,
07:19 ils laissent coller l'eau comme ça, et moi je ne peux pas.
07:23 Moi je lave ma vaisselle dans à peu près un litre et demi d'eau, le savon,
07:28 et après je jette ça, et après je rentre un petit peu,
07:33 enlever le savon des assiettes, et je récupère l'eau,
07:37 pour laver le parterre, pour laver autre chose.
07:40 Oui, plusieurs utilisations de l'eau.
07:42 Merci Zara de nous avoir appelé pour témoigner, c'est intéressant ce qu'elle dit Zara Jean-Campelot,
07:47 parce qu'on nous dit qu'avec le réchauffement climatique,
07:49 dans 20 ou 30 ans on aura un peu le climat de l'Algérie,
07:52 donc de ce que Zara a connu quand elle, tous les jours, faisait 1 km à pied pour aller chercher de l'eau.
07:57 C'est pour ça que notre rôle à nous, spéléologues, du moins dans le maillon dans lequel on est,
08:02 le petit maillon que l'on est, c'est de faire remonter l'information,
08:05 et l'amener, nous c'est pour la communauté de communes,
08:08 en plus ici dans le département de l'Aéro, on a quand même la chance inouïe d'avoir un service hydrogéologiste,
08:12 qui est assez rare en France, donc avec un hydrogéologue agréé,
08:16 qui s'occupe justement de l'aménagement de ces futures sources, ou des sources en cours.
08:22 Jean-Campelot, juste avant que vous arriviez, on a aussi entendu Marie-Françoise,
08:25 qui était avec nous tout à l'heure, et qui elle aussi fait attention à l'eau, on peut la réécouter Marie-Françoise.
08:29 On a fait de notre mieux pour réduire les consommations, les moucheurs sur les robinets,
08:34 globaliser les lessives, tant de linge que de machines à laver,
08:41 on a essayé, on a essayé, on a réduit les douches aussi,
08:45 même s'il faisait très chaud, on restait pas une heure dessous.
08:48 Nous, on le savait encore, les enfants, c'est plus compliqué à leur faire comprendre, mais on y arrive.
08:54 Marie-Françoise, allez au taquet.
08:56 82% de ceux qui ont répondu à notre sondage ce matin,
09:00 sondage sur "est-ce que vous avez décidé de faire des économies d'eau cet été",
09:04 82%, un peu plus d'une centaine de nos auditeurs, répondent "oui".
09:08 Ça vous rassure ? Ça veut dire qu'on est en train de prendre conscience, Jean-Campelot, de l'importance de l'eau ?
09:13 Oui, c'est rassurant, de toute façon, on le sait, l'eau, sans eau, il n'y a pas de vie.
09:18 Donc voilà, bien sûr que c'est important que les gens prennent conscience de ça,
09:21 et notre rôle, c'est justement de sensibiliser le grand public, de l'œil souterrain,
09:26 en disant "les rivières que vous connaissez, elles sont aussi sous terre",
09:29 et nous, on est là pour amener un petit peu notre expertise, notre regard.
09:33 Vous avez l'intention de replonger quand, au niveau de la veine du cochon ?
09:37 Je vais sous terre dans deux heures, donc dans deux heures, on sera sous terre.
09:41 D'accord, vous nous tenez au courant par rapport à les...
09:43 On rappelle, -237 mètres.
09:46 -237 mètres pour la partie immergée, pour la partie noyée, -260 mètres.
09:50 Un chiffre absolument jamais atteint, donc tenez-nous au courant,
09:52 et on donnera des nouvelles de la veine du cochon à nos auditeurs ici, dans le 6/9.
09:56 Merci.
09:57 Merci Jean Campelot, cofondateur de l'association Larzac Explos, d'être venu dans le 6/9 ce matin.
10:02 Merci.
10:03 Et vous pouvez réécouter donc, bah voilà, toute cette interview en allant sur francebleu.fr,
10:07 et puis vous pouvez aussi continuer à donner votre avis sur la page Facebook de France Bleu Héro,
10:11 vous pouvez laisser par exemple un petit commentaire sans aucun souci.
10:14 Il est 7h56, voici Francis Cabrel, la robe et l'échelle, avant les infos de 8h00.

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